Full text |
AiWEItS
Mardi fi 7 OMi'e
( üultlèpaer
1848
On s'abonne: a Amera aa borean
du PRECURSEUR, Bourse Anglaise
N.o 1040; en Belgique et à l'étranger
chez tous les Directeurs des Poster
JOURNAL POLITIQUE.
COMMERCIAL, MARITIME ET LITTÉRAIRE.
PAIX, — LIBERTÉ. — PROGRÈS.
Abonnement par trimestre
pour Anvers, 15 francs; pour la Pro-
T1 oce, USfrs.; pourl'étranger,!20frs.
Insertions 25 centimes la ligne.
Réclames 50 » »
Octobre.
XiKS fêtes nu ta octobre.
Nous nous sommes associé de grand cœur aux fêles qui
viennent de solenniser à Anvers la jonction de notre port à
Cologne. Cette conquête de l’industrie et du commerce, cette
conquête de la civilisation sur le passé, de la fraternité inter-
nationale sur le vieil antagonisme des peuples, méritait à notre
sens d'être célébrée avec cet éclat dont on a trop souvent en-
touré des fêtes officielles, où le gouvernement se réjouit tout
seul d’événements qui ne touchent pas les peuples et les lais-
sent dans une parfaite indifférence. C’était la fête des intérêts
matériels, c’était le pain assuré au travail, la prospérité pro-
mise au commerce, la fraternité garantie à deux nations voi-
sines.
Entre nations comme parmi les individus, les antipathies et
la guerre naissent de i'isolement, les sympathies et la paix des
communications. La fête d’Anvers le présage; elle a fait plus :
elle l’a prouvé. Aussi toutes les âmes étaient véritablement
unies en un chœur universel d’actions de grâces plus agréables
au Maître des destinées humaines, que tant de te Deum prodi-
gués après des victoires ensanglantées. A cette fête on pouvait
constater l'enthousiasme impossible à décrire; on voyait rouler
les flots de populations empressées.... car ces lieux communs de
l’obséquiosité officielle, devenus ridicules par l’abus, ont trou-
vé en celte circonstance une juste application; elles rendent
exactement les impressions de tous ceux qui ont assisté à la
fête. Puissent-ils ne jamais l’oublier! Puissent de pareilles
fêtes se renouveler souvent !
Les détails suivants compléteront ceux déjà donnés sur la
cérémonie de la pose de la première pierre de la porte monu-
mentale, dite du Rhin, à l'entrée du quai de l’Entrepôt là où le
chemin de fer pénètre dans la ville :
M. Masui, directeur des chemins de fer, a donné lecture de
l’inscription gravée sur la plaque d’inauguration. Celte plaque
et plusieurs médailles ont été renfermées dans une boite ùe
palissandre, fermée à clef par M.Teichman, inspecteur-général
du corps des ponts et chaussées. La clef a été remise à M. le
ministre des travaux publics. M. Teichman a déposé la boite
dans une pierre déjà fixée et creusée au ciseau. La boite a été
recouverte d’une feuille de plomb et d’uue plaque d’étain que
l’on a soudée à la pierre. M. le bourgmestre a remis alors à M.
le ministre des travaux publics une truelle et un maillet d'ar-
gent. M. le ministre a invité M. le baron d’Arnhim, ministre de
Prusse, à commencer la cérémonie. M. le baron d’Arnhim a pris
la truelle et a étendu autour de la plaque d’étain du mortier
qui lui était présenté par M. l'ingénieur de la province dans un
baquet de palissandre. MM. les ministres des travaux publics,
de Gerlach, président supérieur des provinces rhénanes, le gou-
verneur de la province, le bourgmestre de Cologne, celui d’Aix-
la-Chapelle, l’inspecteur-général des ponts et chaussées et le
bourgmestre d’Anvers ont tour à tour accompli la même œuvre.
La pierres été placée sur la boite et les mêmes personnages
dans l'ordre indiqué ont fixé la pierre eu frappant un coup de
maillet à chaque angle et à son centre.
Pareille cérémonie a eu lieu pour la pose de la première
pierre des vastes hangars qui formeront laslation commerciale.
On sait que cet agrandissement de l’Entrepôt a été réclamé par
les besoins nouveaux du commerce. Maintenant, pour donner
une idée des travaux déjà en cours d’exécution, il suffira de
dire que les magasins clos des bâtiments actuels représentent
une surface de 26 mille mètres, et que les nouveaux bâtiments
en construction auront une surface de magasins de 48 mille
mètres. L’entrepôt d’Anvers aura donc une étendue de 74 mille
mètres de magasins, divisés sans doute en une série d’étages,
mais tous clos, fermés avec portes et fenêtres. Eu outre, dans
les nouveaux bâtiments, l’emploi judicieux de la fonte éloignera
les craintes d’incendie, en même temps qu’elle permettra de
charger davantage les magasins, de sorte que l’entrepôt achevé
pourra recevoir quatre fois plus de marchandises qu’il n’en
contient aujourd'hui.
Les hangars qui vont maintenant être construits sont un com-
plément destiné à donner de grandes facilités au commerce et
à préserver les marchandises de beaucoup de détériorations et
de menus frais. 11 y en aura trois distincts et séparés, l’un de
4,4i)0 mètres de superficie en réserve pour les marchandises
arrivant en transit direct; un autre de 3,000 mètres environ re-
cevra les marchandises qui doivent passer immédiatement en
vente publique ou entrer directement dans la consommation ;
le troisième, qui n’aura pas moins de 12 mille mètres ou plus
d’un hectare, sera affecté au mouvement du commerce intérieur,
pourles marchandisesàréexpédier, pourcellesà embarquer,etc.
JUSTICE DISTRIBUTIVE. — M. CIE. ROGIER.
Nous serions trop heureux de proclamer que tout le monde
a fait son devoir à Anvers. Le peuple a bien prouvé par son atti-
tude combien il avait l’intelligence de ce qui se passait ; la fête
a été brillante et animée. Les discours prononcés étincelaient
de pensées brillantes, d’idées ingénieuses; les sentiments nobles
et généreux y dominaient. M. le bourgmestre d’Anvers, M. le
gouverneur de la province, M. le ministre des travaux publics
se sont livrés à des aperçus larges et exacts sur l’avenir de nos
relations avec l’Allemagne — l’influence bienfaisante de nos che-
mins de fer,choses appréciées d’avance par le public, mais dont
on aimaità voir l’expression sortir de bouches officielles. Enfin,
M. le bourgmestre de Cologne s’est montré noblement recon-
naissant de notre accueil hospitalier et ses paroles, nous en
sommes sûr, sont l’écho fidèle des sentiments de ses compatrio-
tes à l’égard de la Belgique.
Malheureusement, l’esprit de parti est traîtreusement parve-
nu à se faire jour parmi ces manifestations où il devait rester
étranger. Un nom qui était dans toutes les bouches, un nom
qui était dans tous les cœurs reconnaissants du bieu fait à la Bel-
gique et à la cité, le nom de M. Charles Rogier n’a pas été pro-
noncé par les orateurs officiels.
M. Le Grelle s’est contenté de l’honorer en termes généraux;
M. le bourgmestre de Cologne s’est cru sans doute obligé par
politesse à la même réserve. Quant à M. Deschamps, ministre
actuel des travaux publics, cet Améric après un autre Colomb,
il s’est posé, sans façon, comme le continuateur de l’ouvrage
de ses prédécesseurs. Le passé de l’œuvre promulguée en 1834
sous le contre-seing de M. Rogier, réalisée par la puissance de
sa volonté persistante, éclairée, dévouée, n’a pas été désigné
autrement dans le discours de M. Deschamps. Cet homme
d’Etat, nouvellement converti à la néo-conciliation, croit-il
avoir hérité de la pensée et des actes de son avant-dernier
prédécesseur, comme il a hérité de son porte-feuille? Quant
au prédécesseur immédiat de M. Deschamps, on sait de quoi
lui est redevable l'administration du chemin de fer. En ce
temps-là, elle était déplorable : les bévues sans nombre scan-
dalisaient les employés, irritaient le public, endommageaient
les intérêts de tous; le journal semi-officiel du temps ne lui
épargnait pas ses critiques et refusait d’insérer les propres
élucubrations laudatives de M. Demaizières. Cette feuille s’en
vante aujourd’hui et presque toute la presse retentit encore de
plaintes amères. Cependant par ces expressions, mes prédéces-
seurs, M. Deschamps n'a pas craint de confoudre MM. Rogier
et Demaizières dans un môme éloge.
Donc un toast n’avait pas été porté au créateur du chemin de
fer belge. M. Capitaine a dignement réparé cette scandaleuse
omission : quelques paroles concises, écoutées avec une reli-
gieuse attention, ont accompagné un toast auquel tout le monde
a adhéré avec enthousiasme. La réponse de M. Rogier a été telle
qu’on devait l'attendre de sou caractère, c'est-à-dire franche,
sans amertume et dépouillée de toute fausse modestie. Getoast
a dignement couronné le banquet.
Mais les habiles gens qui nous dirigent n’ont pas voulu com-
prendre une leçon donnée si à propos par le représentant du
commerce liégeois et l’élite de la population anversoise. LeMo-
niteur n’a pas rendu compte de l’incident peut-être le plus
remarquable de la fête ; au sujet de M. Rogier, ses colonnes ont
été muettes comme l’avait été le discours du ministre. Ce pro-
cédé nous le livrons aux méditations du lecteur tel qu’il se
présente. — Il n’est pas besoin de le commenter davantage pour
faire ressortir que l’ingratitude est un des moyens employés par
nos gouvernants pour atteindre leur conciliation mensongère.
Celte ingratitude atteindra une plus grande publicité que celle
que le Moniteur pourrait ajouter au nom de Charles Rogier; elle
atteindra cependant la publicité comme ce nom, mais jamais
elle ne deviendra populaire.
L’oubli prémédité dont M. Charles Rogier a été l’objet, à l’oc-
casion de l’inauguration du chemin de fer d’Anvers à Cologne,
rentre dans le domaine des choses qui révoltent le cœur de tant
dont l’équité est la première loi. Voici de quelle manière l'Ob-
servateur envisage la question que nous venons de traiter :
« Au moment où notre chemin de fer s’achève, il est impossible de ne
pas songer à l’étrange fatalité qui semble s’élre atlacliée au sort des
deux hommes dont les noms sont le plus étroitement attachés à cette
magnifique entreprise. L’un, vient de mourir misérablement, loin de
sa pairie, et son cadavre, perdu dansles profondeursde l’Océan, a servi
de pâture aux monstres marins, il est mort, sans avoirappris la tardive
justice qu’un sentiment de remords plutôt peut-être qu’un sentiment
d’équité lui a fait obtenir; il est mort, sans avoir pu achever, sans même
avoir pu voir achever par d’autres le chemin de fer dont il a donné les
plans; il est mort sans connaître le sort de cette grande entreprise,
sans savoir si sa pensée lui survivrait, si quelque obstacle n’en empêche-
rait pas la réalisation. L’autre, celui qui eut l’honneur de contresigner
la loi du 1" mai‘1834, celui qui arracha aux chambres cette grande ré-
solution, on sait quelle a été sa destinée; éloigné du pouvoir sous pré-
texte que sa présence dans le ministère était un sujet d'irritation géné-
rale, que n’a-t-on pas fait pour l’arracher de son banc de député, pour
le refouler dans la vie privée, pour lui enlever jusqu’au dernier litre
qui lui reste de tous ceux qu’il avait conquis par sou patriotisme et ses
services !
On n’oserait exclure des fêles du chemin de fer le ministre qui en fit
décréter la construction; sa qualité de député, à défaut d’au ire titre,suf-
firait pour l’y faire admettre; mais il semble qu’on l’y accueille à contre-
cœur, qu’on l’y regarde d’un œiljaloux ; si l’on propose un toast en son
honneur, soyez sur que l’auteur de la motion n’est pas un homme du
pouvoir; est-ce que des ministres, des fonctionnaires oseraient boire à
sa santé? ils auraient peur de se compromettre! Attendez donc qu’il
soit mort, lui aussi; alors on pourra lui rendre justice sans danger; les
éloges qu’on lui refuse aujourd’hui, on les lui accordera avec empresse-
ment quand il ne pourra plus les entendre, quand iis ne pourront plus
blesser les susceptibilités d’un parti.
Au banquet de la Bourse d’Anvers, un honorable membre de la cham-
brede commerce de Liège, M. Capitaine, a porté un toast à M. Kogier;
il n’a pas voulu que la fête du chemin de fer se passât sans qu’un juste
hommage ne fût rendu au ministre de 18-54 ; la proposition de M. Capi-
taine a été accueillie avec enthousiasme par la plupart des convives,
tant Belges qu’Allemands, et sa chaleureuse allocution a été couverte
d’applaudissements......Le lendemain le moniteur, en rendant compte
des fêtes d’Anvers, a passé sous silence le toast de M. Capitaine ; quelle
petitesse ! La feuille officielle a tout vu, tout entendu, tout dit, excepté
l’épisode concernant M. Kogier. Combien de pareilles’mesquineries sont
indignes d’un minisire, d’un homme de cœur ! S’il s’agissait de 31. Des-
maisières ou de quelque autre capacité de cet acabit, le Moniteur n’au-
rait garde de se taire ; il ajouterait des éloges de son cru, plutôt que de
rien retrancher des détails de l’ovation. Mais c’est M. Rogier qu’on ho-
nore, qu’on félicite : le Moniteur est muet.
Tandis que Simons, sacrifié à de basses jalousies, réduit à aller cher-
cher du travail sous un ciel étranger, périlsans laisser à sa famille d’au-
tre fortune qu’un nom honorable; — tandis que Rogier, le créateur des
chemins de fer dont la Prusse et la Belgique célèbrent l’achèvement,
expie dans la disgrâce l’impardonnable tort d’avoir fait respecter l’in-
dépendance du pouvoir civil, d’avoir imprimé une impulsion nouvelle
à l’enseignement public; — M. Desmaisières, comblé d’honneurs, ap-
pelé au gouvernement de la première province du pays, parcourt la
Flandre, au bruit des fanfares, et voit des arcs de triomphe s’élever
pour lui aux portes des villes.
L’exil pour Simons ;
L’ostracisme pour Rogier ;
Des arcs de triomphe pour un Desmaisières ;
Voilà comment un parti qui se dit le parti national et moral par ex-
cellence, pratique la jusLice distributive. »
D’AAVEKS A COEOG.HE. — 3rae JOURKÊE.
Aix-la-Chapelle, dimanche, à 11 heures du malin.
Un convoi spécial vient de partir de la station de celte ville pour al-
ler rencontrer à Gœl le convoi d’honneur, qui a dû partir ce matin à 9
heures et demie de Liège. C’est là qu'aura lieu l’entrevue des autorités
d’Aix-la-Chapelle avec les autorités belges. Un brillant pavillon a été éle-
vé pour cet objet sur une pelouse, auprès du gigantesque viaduc qui
unit en cet endroit les deux montagnes aux pieds desquelles la Gueule
roule sur un lit de rochers ses flots mugissantes, et qui rappelle on ne
peut mieux les ouvrages les plus hardis de nos temps modernes.
Après l’échange des salutations internationales, le convoi allemand et
le convoi belge reviendront à Aix-la-Chapelle. La station du chemin de
fer de celle ville dont les constructions sont remarquables par leur élé-
gante simplicité, a été décorée spécialement pour cette occasion. Des
guirlandes de chêne, entremêlées de camélias et de dahlias, formées en
colonettes, et en couronnes, etc , ornent te fronton de l’intérieur de la
station. Cette décoration est d’une fraîcheur et d’un hou goût qui éclip-
sent les sapins de nos fêtes publiques.
Dans la salle dAittente, une collation froide a été servie sur une table
oblongue qui occupe tout un côté de la salle.On dit que la régence a fait
les choses avec parcimonie, mais si j’en juge par le nombre et le choix
des mets et des desserts, la régenceaixoise a été calomniée. D’ailleurs,
elle n’a pas eu la prétention de donner un banquet splendide, et le léger
déjeûner qu’elle offre aux autorités belges est un accessoire fort gra-
cieux du vin d’honneur.
Le double convoi ne s’arrêtera qu’une heure environ à Aix-la-Chapelle;
il continuera sa marche, vers une heure, pour Cologne, où tout se pré-
pare, me dit-on de tout côtés, pour une fête des plus brillantes.
Il paraît que l alfluence des visileurs est très considérable à Cologne
et qu’on avait déjà de la peine hier à trouvera se loger, bien que la ville
soit très grande ainsi que le nombre des hôteis et autres établissements
publics du même genre.
......J’entends le canon gronder et je cours à l’endroit où il tonne
pour m’enquérir. On me dit que c’est le convoi d’honneur belge qui ar-
rive. Je mets ma lettre à la poste et vous écrirai ce soir de Cologne.
Le convoi d'honneur a dû arriver à Cologne, le 15, vers
quatre heures de l’après-midi. Ce n’est qu’aujourd’hui que nous
recevrons les premiers détails des fêtes auxquelles nos compa-
triotes sont allés prêter leur concours.
La garanlied’un minimum d'intérêt à accorder par l’Etataux
entreprises d’utilité publique est une idée si simple et si heu-
reuse, que tout le monde est tombé immédiatement d'accord
sur l’urgence de sa prompte application. Cependant il en a été
à peine question à la chambre, malgré les vives instances de la
presse. C’est une idée qui devrait marcher toute seule; car elle
a le privilège d’offrir à la fois au capitaliste la sécurité d’une
rente sur l’Etat et la certitude d’un dividende dans un temps
donné, dividende que ne donne jamais l’Etat, quelque avanta-
geux que puisse être le parti qu’il tire des cùpitaux empruntés.
A la suite d’un examen de travaux de la session prochaine,
l’Eclair revient eu ces termes sur cette question :
a Ne s’occupera-t-on pas sérieusement d’une loi autorisant l’Etat à
garantir un minirnun d’intérêt dans les entreprises d’utilité générale,
telles que construction de canaux et de chemins de fer ? 11 est peut-être
dangereux de consacrer un principe et d’en abandonner ensuite l'ap-
plication plus ou moins arbitraire à une administration qui n’aurait pas
toujours la force de résister aux sollicitations privées; on fera bien de
décider dans ce cas que le pouvoir législatif devrait intervenir pour
sanctionner toutes les transactions, il serait d’un haut intérêt de pou-
voir dès cette année commencer par un essai, en choisissant parmi les
chemins de fer et les canaux à ouvrir, celui qui s’adresse le plus aux
intérêts généraux. De celle façon, nous marcherions de pair avec plu-
sieurs états voisins qui ont déjà admis le principe et procèdent en ce
moment même à l’application. »
ALLEHAGKE.
Coblence, 13 octobre. — La direction du chemin de fer rhénan ayant
fait partir hier, à 5 heures de relevée, le convoi d’honneur de Cologne
pour Anvers dont le départ avait été fixé ce matin, il a élé impossible
au président supérieur de la province rhénane de faire partie de ce con-
voi, et il se mit avec un vif regret dans la nécessité de ne pas assister
aux solennités qui auront lieu à l'occasion de l’inauguration du chemin
de fer beige-rhénan. {Gazette de flfiin et Moselle.)
BnESL.ut, 9 octobre. — Nous venons de recevoir la triste nouvelle que
la foudre est tombée hier à Bernstadt et a déterminé un incendie qui u
dévoré une grande partie de la ville. (Gazette de Silésie.)
Tkieste, 2S septembre. — Les relations commerciales de plus en plus
fréquentes entre notre port et la partie septentrionale de la monarchie
sont à présent singulièrement facilitées par rétablissement de trans-
ports accélérés entre Vienne et Trieste, créé par le marquis de Mira-
mont et le vicomte d’Arcet. La concession donqeaux fondateurs un pri-
vilège exclusif, à condition que ce mode de transport soit reconnu utile
au commerce.
Une commission est chargée de faire une enquête sévère à nos doua-
nes ainsi qu’au port libre de Venise sur l’introdùçtion des cotonnades
anglaises. On sait que l’importation des cotonnades en Autriche est pro-
hibée, à l’exception des tulles, et encore l’entrée n’en est-elle permise
qu’en détail pourles particuliers, sur la vue de certificats, et sont-elles
soumise* à des droits fort élevés. Cependant, les tableaux d’exportâliOu
de l’Angleterre fournissent la preuve qu'il arrive ici et à Venise des
quantités considérables de cotonnades, e! c’est ainsique dans les 5 der-
nières années, il serait entré plus de 22 millions de yards de calicots im-
primés et plus de 34 millions de yards de tissus blancs.
L’enquête a prouvé que ces marchandises déclarées en transit, ont
été livrées à la consommation dans le pays même.
(Gazelle général de Prusse.)
ESPAGAE.
Nous recevons aujourd'hui copie d’une lettre adressée au lieutenant-
général don Sanz, par les membres del'ayuntamentos qui se trouvaient
réunis le 4 à Barcelone ; voici cette lettre :
e Excellence, nous avons une nouvelle déception à enregistrer, Bar-
celone, celte magnifique cité, admirée et enviée des étrangers, a de
nouveau vu éclater dans son sein les projectiles vomis par les machines
destructives dont l'ennemi lui-même, n’avait pas osé faire usage à une
époque peu éloignée de nous. Si voire excellence a pris la mesure d'in-
cendier et de bombarder notre cité importante pour la réduireà l’obéis-
sance envers le gouvernement de Madrid, il est impossible qu’un hom-
me de votre talent n’ait compris que le bombardement de 1852 a miné
par sa base le gouvernement d’Espartero, il est impossible que vous
avez perdu de vue que le caractère d’un grand peuple ne cède qu’aux
armes de la raison eL de la justice. Il im|>orte que V. E. sache bien que
si Barcelone rempli de décombres à la suite d’un bombardement lâche-
ment exécuté, présente matériellement un spectacle triste etaflligèârit,
il offre moralement un tableau bien différent. Le désespoir et la soif de
la vengeance se peignent sur la figure des habitants ; chaque projectile
qui tombe sur nos maisons engendre de nouveaux soldats, et la conti-
nuation du bombardement électrise et inspiré lin nouvel enthousiasme,
à ceux qui prennent les armes; ils forcent les gens indifférents à s’ar-
mer et rend ainsi de la civilisation ceux qui d’aborden étaient les enne-
mis. Mais laissons de côté les considérations politiques et allons droit
au but. Notre qualité de représentants d’un si grand peuple, nous au-
torise à vous parler avec la franchise d’hommes qui ne reculent pas de-
vant l’accomplissement de leur devoir; nous vous déclarons en consé-
quence : 1° Qu’en ordonnant ce terrible bombardement, qui a déjà fait
plus de mal que celui de 1842, sans faire aucune sommation ni envoyer
un avertissement aux autorités elaux représentants des nations étran-
gères, vous avez violé le droit des gens, foulé aux pieds les lois divines
et humaines, méconnu l’humanité et les liens sociaux.
Après avoir donné mille preuves de valeur et d’héroïsme, vous avez
fait un aeteque l’histoire stygmatisera du nom de barbarie et de lâcheté
que signifient en effet, ces hostilités dirigées d’un point qui ne peut-
être attaqué, sur une population entière, si ce n’est de la barbarie et
de la lâcheté. Pourquoi incendier des maisons de personnes absentes
et peut-être amies de votre causé? pourquoi confondre les vieillards, les
femmes et les enfants dans cet acte de barbarie? Quel est leur crime?
Quel est celui des infirmes et des aliénés? Pesez tout cela dans la ba-
lance de la justice et dites si nos plaintes sont injustes, si les qualifica-
tions que le devoir et la raison nous ont fait donner à votre conduite,
ne sont pas justes, quelqu’amères qu’elles soient ?
Sans être militaires, nous savons que la guerre fournit des moyens
plus nobles, moins désastreux et moins stériles de faire valoir uneca use.
Que V E. écoute enfin la protestation solennelle que notre devoir nous
porte à vous adresserai) milieu du bruit terrible du canon. Quelque
soit le résultat de la grande question qui s'agite, investis de caractères
de conseillers et représentants du peuple Barcelonais, nous vous ren-
dons responsables devant le tribunal de Dieu et des hommes, des mal-
heurs qui sont arrivés et arriveront à cette ville et à ses habitants,par
l’emploi des moyens odieux que vous avez adoptés dans ces derniers
jours. (Suivent les signatures). |