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f,c Fr^ciirseisr
«
AWF.UN , SG JANVIER.
3 !|2 heures. — Au montent de mettre sous presse, le courrier de
France n’est pas encore arrivé.
C’est aujourd'hui qu’a lieu l’expertise annuelle des bestiaux gras.
La médaille pour le bœuf le plus pesant a été remportée par les en-
fants Paridaens; celle pour le plus gras par M. De Borger. La médaille
pour le veau gras par les enfants Paridaens, celle du porc par le sieur
Van Lommen et celle du mouton parle sieur Suetens ; voilà deux an-
nées de suite que ce dernier remporte la médaille pour le mouton gras.
L’expertise du concours particulier entre les bouchers dont les
bœufs à défaut du poids slipulé,ne sont pas admis au concours général,
a eu lieu hier soir.Le prix a été décerné au boucher üelauw, rue Haute
en cetteiville; il consiste en une fort belle médaille en vermeil,parfaite-
ment bien exécutée par M. Vanderhulst, bijoutier.
— M. Van Hulst, avocat, connu dans le monde littéraire par diffé-
rentes publications très estimables, vient d’acquérir ta propriété de la
Remue belge, qu’il va continuer sous le titre de Revue de Liètje. Les ta-
lents du directeur et ses relations sont des garanties de succès pour sa
publication, dont le premier numéro paraîtra à la fin de ce mois.
— On écrit de Liège, 24 janvier :
Par son arrêté de ce jour, M. le gouverneur de la province de Liège a
ordonné l’ouverture des barrières placées sur toutes les routes dans
cette province à dater d’aujourd’hui mercredi, 24 du courant, à midi.
— On écrit de la même ville, 23 janvier :
Aujourd’hui a été plaidée devant la cour de Liège, chambre des ap-
pels correctionnels l’affaire Neef contre le ministère public. — La pro-
nonciation de l’arrêt est remise à huitaine.
Un malheur est arrivé hier à la houilière du Val-Benoit. Un ouvrier, le
sieur Wathieu, âgé de 27 ans, a été écrasé par la chute d’une pierre, au
momentoù il se livrait à ses travaux. M. le médecin Defooz, appelé par
l’administration de {la houillière pour donner ses soins à un autre ou-
vrier blessé, a constaté que les os du bassin avaient été broyés.Instruit
de ce fatal accident, M. le commissaire en chef Kirsch, accompagné de
M. le docteur Vaust s’est immédiatement rendu sur les lieux, pour pro-
cédera une enquête.
— On écrit d’Ostende, 25 janvier :
On nous assure positivement que le brick belge Eugène, de Bruges,
capitaine Van Groenendael, vient d’être affrété par la compagnie belge
décolonisation, pour faire un voyage d’Ostende à Sanlo-Thomas.
— On écrit de Garni, 25 janvier:
Liévin van Doorn, boulanger à Poesele, a été condamné aujourd’hui
par le tribunal correctionnel de cette ville, à 2 années d’emprisonne-
ment et 425 fr. d’amende.comme convaincu d’avoir mélangé du cuivre
à la fabrication de son pain. Le tribunal a ordonné en outre que le bou-
langer sera privé de sa patente pendant la durée de son emprisonne-
ment, et que le jugement sera affiché et publié aux frais du condamné.
— La Gazette générale de Prusse, rendant compte d’un concert vocal
et instrumental qui a été donné, le 19, à la salle de concerts du théâtre
royal de Berlin, prodigue les éloges les plus flatteurs à M. Servais, pre-
mier violoncelle de S. M. le roi des Belges. Gel artiste, dit-elle, tant par
la beauté de ses touchantes compositions, que par l’admirable perfec-
tion de son jeu, a ravi, dans tou te la force du terme, le public nombreux
qui assistait à ce concert.
— On écrit de Berlin, 15 janvier : « Le général Prim, devenu si célè-
bre en Espagne, est Allemand d’origine ; il est né à Tankenmunde sur
l’Elbe. Il se nommait autrefois Preus. Il a servi en qualité de sergent-
major dans la garnison de Postdam. »
— Suivant une ordonnance impériale, il n’y aura plus désormais à
St.-Pélersbourg que la direction des théâtres impériaux et le club de
la noblesse qui serait autorisés à donner des bals masqués. Cela sera sé-
vèrement interdit aux autres clubs et sociétés privées qui en donnaient
jusqu’ici et y faisaient d’importantes recettes.
— Il résulte d’un document publié par le Mining Journalde Londres,
que le nombre des individus qui perdent annuellement la vie dans les
Mines, par suite d’accidents s’élève en moyenne à plus de 2000 dans la
Grande-Bretagne, sans y compter un certain nombre de cas où des
Mineurs, sont morts des suites de leurs blessures. Dans le district de
l’intérieur sur 1122 morts d’ouvriers employés dans les houillères; il y
en a 610 qui ont été le résultat d’accidents. Aussi le Mining Journal,
demande à grands cris que le parlement nomme une commission d’en-
quête pour rechercher les causes de ces nombreux accidents.
— On mande de Londres:
« Il vient d’être procédé à la vente de nombreux autographes de di-
vers souverains, et notamment des rois Henri VU, Henri VIII, Charles-
Henri de Navarre, Henri II, Henri IV de France, François !*>, Cathe-
rine de Médicis, Louis XIII, Louis XIV, Louis XV, les papes Léon X,
Innocent XI, le grand Frédéric, Charles-Quint ; sir P. Madden, repré-
sentant le muséum d’Angleterre, était présent et il a acheté beaucoup
de lettres. Beaucoup de ces pièces curieuses ne se sont pas vendues au-
delà d’une livre sterling.
La facilité avec laquelle les montagnards du Caucase, se procurent
des armes et munitions, a motivé de la part de la liussie la remise d’une
note à la Porte sur l’inobservation, de; la convention des détroits.
On écrit de la Frontière occidentale de laRussieà la Gazette de Rhin-
et-Moselle, 8 janvier :
« Le gouvernement russe a, dit-on, adressé des remontrances à la
Porte touchant l’inobservation du traité des Dardanelles, et a appelé
l’attention du divan sur la négligence sans doute calculée des fonction-
naires publics qui laisseraient passer des vaisseaux chargés d’armes et
de munitions de guerre,sans légitimation du lieu de destination, ceque
ce traité défend expressément. Onassure que la concentration des trou-
pes russes dans les gouvernements du sud. a pourobjet d’appuyer cette
demande, mais cela ne parait guère probable. »
— Le mot du logogriphe que nous avons publié hier, est hiver où
l’on trouve hier, rive, ver et vie.
Les travaux pour le chemin de fer de Paris à la frontière de Belgique
sont poursuivis, malgré l’hiver, avec une grande activité, depuis Paris
jusqu’à la limite du département de Seine-et-Oise; mais c’est à St-Denis
que les chantiers les plus importants se trouvent. Depuis la route de la
Révolte jusqu’au ru d’Epinay il faut que le chemin franchisse un inex-
tricable réseau de roules, de chemins, de forlitications,de canaux et de
rivières Ce ne sera que ponts, ponceaux et remblais ; néanmoins, par
suite de la grande activité qui exisle,ces travaux sont très avancés, et,
dans le cours de la campagne 1844, on pourra sans aucun doute poser
les rails.
Nous avons des nouvelles de Santo-Thomas, en date du 12 novembre
dernier, par des rapports du R. P. Walle. Ces rapports donnent les as-
surances les plus satisfaisantes sur l’état sanitaire et sur la situation
morale des colons ; l’union la plus parfaite règne parmi eux. Le R. P.
Walle déclare que les colons sont contents, que la colonie est à même
d’attendre tranquillement le nouveau directeur colonial, et que la Bel-
gique ne sera pas trompée dans son attente. Les travaux sont poussés
avec activité et l’on espérait avoir terminé, pour la fin de décembre,
un nombre suffisant d'habitations pour loger cent familles nouvelles
Un conseil de prud’hommes a été institué pour juger les différends,
les infractions au réglement et appliquer des pénalités, s’il y' a lieu. Le
navire la Pille de Bruxelles a dû quitter Santo-Thomas dans les pre-
miers jours de décembre dernier, avec un plein chargement d’indigo,
de bois de tnahuny (acajou) et d’autres productions du pays.
On écrit de Berlin, 20 janvier, à la Gazette do Cologne :
Quoique les délibérations du congrès douanier de Berlin n’aient pas
encore abouti à une conclusion définitive, et que même quelques mem-
bres de cette assemble ne se trouvent pas ici en ce moment, on peutce-
pendant considérer comme certaine que les modifications (dont on a
déjà parlé) au tarif du Zollverein auront lieu. Mais au lieu de frapper le
quintal de fer anglais brut d’un droit d’entrée de 15 silbergross, on ne
le soumettra qu’à un droit de 10 silbergross. On peut aussi regarder
comme positif que les droits d’entrée sur le fer en barres seront en mê-
me temps augmentés de 1 thaler 15 silbergross par quintal. Nous don-
nerions celte nouvelle d’une manière beaucoup plus positive, si nous
ne savions que, dans ces matières, des modifications sont toujours pos-
sibles, tant qu’on n’a pas la signature du dernier des contractants.
On lit dans la Gazette de Mons :
Ainsi que nous en avions pris l’engagement, nous avons remis entre
les mains de M. le ministre de lajjuslice, et la lettre de iM. Fournier, et
toutes les pièces relatives au mauvais gré . qui nous avaient été adres-
sées. Nous avons fait cette démarche, parce que nos adversaires nous y
ont contraints, et nous sommes loin de nous en repentir. D’une part,
cela nous épargnera les injuresdequelques journaux, et d’un autre côté
le chef du département de la justice, mieux éclairé qu’il ne l’a été jus-
qu’à ce jour, saura apprécier l’œuvre et les intentions de chacun.
Nous pouvons au reste dire, dès aujourd’hui, que nous l’avons trouvé
bien résolu à extirper jusqu’à la dernière racine du mauvais gré, si cela
est possible, comme nous n’en doutons pas. Non seulement il a donné
les instructions les plus strictes au parquet de Tournai, mais il s’est
entendu avec son collègue, M. le ministre de la guerre, et les brigades
de gendarmerie vont être renforcées dans tous les cantons où règne la
haine de cens. Un crédit spécial sera demandé à cet effet, et nous som-
mes bien convaincus d’avance qu’il sera accordé d’une voix unanime.
Si M. d’Anethan, par ses efforts, arrive à éteindre ce fléau, il aura
marqué son passage au ministère de la justice par un de ces actes qui
font honorer la mémoire des hommes.
lie Sxiî *ïss lloi, ma Théâtre-Royal de Bruxelles.
L’admirable fête! Que de luxe, de richesse, et d’élégance, et de bon
goût ! Mais comment donner une idée de ces merveilles à qui n’a pu les
voir ?
Bruxelles gardera un délicieux et ineffaçable souvenir de la soirée du
'24 janvier. Le fameux bal travesti donné par le roi Guillaume dans la
même salle, il y a quelque vingt ans, et dont la magnificence semblait
défier tonte comparaison, a été surpassé en éclat et en splendeur. Ja-
mais, la capitale de la Belgique n’assista à pareille fête.
Depuis plus d’un mois les apprêts du bal de mercredi formaient le
sujet de toutes les conversations. Tout Bruxedes aurait voulu être de
l’Harmonie et de la Philharmonie. Que de démarches, de sollicitations
et d’instances de la part des personnes étrangères à ces sociétés, pour
obtenir la faveur d’une invitation exceptionnelle ! On cite de hauts per-
sonnages. habitués des balsde la cour, qui se sont vainement livrés dans
ce but aux sollicitations les plus actives, et on rapporte que des person-
nes se sont fait recevoir membres de nos deux grandes sociétés lyriques,
tout exprès pour assister à la magnifique fête du 24.
Dès quatre heures de l’après-midi a commencé le mouvement des voi-
tures. La place de la Monnaie et les rues voisines étaient encombréesde
monde ; toutes les fenêtres étaient garnies de curieux ; de nombreux
détachements d’infanterie et de cavalerie étaient chargés de contenir
la foule et de maintenir l’ordre dans la marche des voitures ; toute la
pojice municipale était sur pied ; la façade de la salle de la Monnaie était
brillamment illuminée ; d’immenses files de voilures s'étendaient dans
les rues d’alentour, et se prolongeaient fort avant dans les autres quar-
tiers de la ville. Jamais on ne vil plus de mouvement dansRruxelles.
Vers les 7 heures et demie ont été ouvertes les portes de la salle.
Grâce aux dispositions prises, le mouvement des voitures s’est opéré
avec facilité, avec rapidité et sans le moindre accident ; on avait craint
des retards, des délais, lesappréhensions ont été heureusement déçues;
en moins d’une heure, la galerie, les loges et le parquet ontété remplis,
sans qu'il y ait eu confusion ou embarras.
Les membres de la société royale de la Grande-Harmonie et ceux de
la Société Philharmonique avaient accès au théâtre par des entrées par-
ticulières, les uns par la rue des Princes, les autres par une des portes
latérales de la façade. A chaque entrée étaient placés des commissaires
des sociétés et des aides de-camp des généraux pour recevoir les invi-
tés.
En arrivant sous le vestibule, une première surprise attendait les in-
vités ; ce n était plus ces murailles enfumées, ces dalles et ces degrés
peu soignés, c’était une salle aux parois de stuc, dont la coquette blan-
cheur reflétait un brillant éclairage qui se répétait dans des glaces de
grande dimension, placées dans le pourtour. Un tapis moelleux s’éten-
dait sur les dalles du vestibule, suivait les escaliers latéraux et se pro-
longeait dans tous les corridors ; des vases de fleurs formant haies ou
pyramides accompagnaient les rampesou s’entassaientdans les recoins;
des lustres en cassolettes, aux branches fixées aux parois à courte dis-
tance et chargées de bougies, donnaient cet éclairage àgiorno qui ajoute
tant à lasplendeurdes fêtes.
Arrivé au corridor des premières loges au centre, on pénétrait dans
la salle par la loge du fond, transformée en un passage, de l’extrémité
duquel descendait un large escalier. De ce point, l’aspect de la salle était
magnifique; 35 lustres de cristal au gaz ou aux bougies, appendus à la
voûte, projetaient leur éclatante lumière. Deux grands candélabres à
trois étages de bougies étaient placés sur les côtés de l’escalier. La ga-
lerie, les trois rangs de loges, deux rangées de bancs disposés en am-
phithéâtre toutautour du parquet étaient remplis de dames, parées des
plus élégantes et des plus exquises toilettes; la foule envahissait le reste
du parquet. C’était un curieux spectacle que celui qu’offrait cette mul-
titude de têtes, ces groupe* pressés d’hommes et de dames qui s’agi-
taient dans cette vaste enceinte.
Le pourtour del’appui de la galerieétaitrecourertd’un tapis à fleurs;
la peinture de l’intérieur et du devant des loges avait été restaurée, le
quatrième rang de loges était supprimé , on l’avait remplacé par une
décoration à découpures , représentant un massif de verdure d'où s’é-
chappaient, de distance en distance, de vrais et beaux camélias, des li-
las, des plantes rares en toute saison , rares surtout en celle-ci et que
l’on avait réunies à profusion. Des branches chargées de bougies éclai-
raient tout autour cette partie de la salle.
Des loges du premier rang avaient été réservées pour MM.les ministres
du roi, ei pour MM. les membres du corps diplomatique. On y remar-
quait MM. les ministres des affaires étrangères, de la justice, de l’inté-
rieur, des finances, des travaux publics, Alesd. la comtesse Goblet, la
baronne d’Anethan, Nothomb et Descamps, M. Liedts, président delà
chambre, et son épouse ; MM. le marquisde Rumigny, ambassadeur de
France; le comte üieLrichstein, ministre d’Autriche et son épouse ; le
baron d’Arnim, ministre de Prusse et son épouse; le chevalier deCoop-
mans, chargé d’affaires de Danemarck ; le baron de Wahrendorff, char-
gé d’affaires de Suède et Norwége ; le chevalier de Quadrado, chargé
d’affaires d’Espagne ; le chevalier de Barbosa, chargé d’affaires du Por-
tugal; M. Waller, secrétaire de la légation de la Grande-Bretagne, etc.
Le roi et la reine sont arrivés à neuf heures ; ils ont été reçus à leur
entrée sous le vestibule par M. le bourgmestre de Bruxelles, des officiers
généraux etles présidents des sociétés de la Grande-Harmonie etPhil-
harinonique. Ils étaient accompagnés du comte d’Arschot, grand-maré-
chal du palais, le comte d'Hane de Steenhuyze, grand-écuyer* M»>« la
comtesse de Mérode, dame d’honneur, MM. .Vau Praet, ministre de la
maison du roi, Conway intendant de la listé civile, M«« les baronnes
d'Hoogvorst et de Stassart, dames du palais.
LL. MM. se sont rendues d’abord sous la galerie latérale du côté de la
rue de la reine. L'art du décorateur avait fait de celte partie de l'édifice
une des merveilles de ce palais enchanté. Une tapisserie à fond clair re-
vêtait les deux parois ; les intervailles des piliers extérieurs étaient or-
nés de draperies flottantes etconlenaient de hautes piramides de fleurs ;
trente lustres a cassolettes,quatre vingt-deux branches à huit bougies,
éclairaient cette galerie dont les dalles s'étaient recouvertes d’un im-
mense tapis. Des glaces placées aux extrémités prolongeaient indéfini-
ment celte belle salle qui, se contournant à gauche, offrait une longue
file de tables chargées de rafraîchissements de tout genre et près des-
quelles se tenaient la livrée et les officiers de bouche.
Après avoir visité cette galerie, LL. MM. traversent le corridor des
premières loges et entrent dans la salle par le passage du fond. En ce
moment, le coup d’œil est magnifique. L’assemblée tout entière est de-
bout et attend en silence l’arrivée du roi et de la reine. LL. MM. parais-
sent au haut du grand escalier qui conduit dans la salle, et elles s’ar-
rêtent sur le palier, frappées de la magnificence du spectacle qui s’offre
à leurs yeux charmés. Les applaudissements, les bravos, les cris de vive
le roi! vive la reine ! partent de toutes parts. Le roi et la reine parais-
sent heureux de l’accueil si sympathique qui leur est fait; la satisfaction
la plus vive respire sur leur physionomie.
Après être restés assez longtemps sur les marches supérieures du
grand escalier, le roi et la reine, précédés de plusieurs officiers d’or-
donnance, descendent dans la salle ; la foule immense qui s’y presse,
s’ouvre pour leur laisser un passage. A près a voir fait le tour de la salle et
avoir adressé la parole à plusieurs personnes, le roi et la reine vont
prendre place dans leur loge et le bal commence.Mais comment danser
au milieu d’une foule aussi compacte ! Un peu de bonne voionté a suffi
pour aplanir la difficulté qui avait paru insurmontable; la foule s’est un
peu pressée pour laisser de la place aux danseurs; un certain nombre
d’assistants ont parcouru les corridors et la galerie intérieure,et les dan-
seurs ont pu se livrer au plaisir qu’ils s’étaient promis. Tout le parquet
de la salle, comme le reste du plancher dans toutes les parties du théâ-
tre. était recouvert d’un lapis.
L’orchestre de la danse était placé au fond de la scène, dans une loge
construite exprès. Un autre orchestre, qui exécutait des morceaux de
musique dans l’intervalle des danses, était invisible à tous les yeux ; il
s’était réfugié aux quatrièmes loges, derrière le massif de verdure dont
nous avons parlé.
A 11 heures, LL. MM., accompagnées d'un grand nombre de dames,
se sont rendues dans le foyer,transformé en splendide salle de banquet.
Les murailles stucguées de cette salle, les draperies dont elle était ornée,
les spirales de verdure qui entouraient les colonnes des extrémités, la
grande table chargée de toutes les fantaisies pittoresques que l’art du
maître d’hôtel du Roi, cet heureux rival de Carême, a créées pour celte
occasion, tout étaitde bon goût, d’une disposition charmante, d'un or-
dre merveilleux.
Après le souper. LL. MM. sont rentrées dans leur loge , et la salle du
banquet a été de nouveau remplie par une foule de dames qui s’y sont
succédé. Le souper des hommes a eu lieu après celui des dames.
On admirait aux premières loges la magnifique toilette de la duchesse
d’Arenberg ; elle était littéralement éblouissante de diamants. Leroi
s’est rendu dans la loge de la duchesse et s’est longtemps entretenu
avec elle.
Les danses ont longtemps continué. LL.MM. se sont retirées vers une
heure et demie; en quittant la salle elles ont été de nouveau saluées par
des acclamations longtemps prolongées.
La fêle du 24 janvier n’a pas seulement été une délicieuse soirée pour
les personnes qui ont eu le plaisir d’y assister ; elle aété en même temps
un immense bienfait pour le commerce de detail ; les marchands de la
ville en ont largement profité;des centaines de millefrancsont été ab-
sorbées par les apprêts du bal. Sous ce rapport, on peut dire que la
journée du 24 janvier a été une fête pour la ville entière.
Le bal du roi fera époque ; impossible de rien imaginer de plus beau,
de plus splendide ; l’aspect de la salle de la Monnaie avait quelque chose
de magique ; on eût dit d’une scène de féérie;c’est une fête toute royale,
nous pourrions dire toute impériale, qui a été offerte à la bourgeoisie
de Bruxelles.Une femme d’esprit disait en sortant du théâtre : Doréna-
vant, on ne citera plus le bal de Gustave, on citera le bal de Léopold. »
M . Schuster, architecte du roi, a été chargé de l’ordonnance archi-
tecturale de la fête.
Les décorations ont été exécutées par M. Tasson, peintre; M. Leva,
tapissier, a dirigé la pose et l’arrangement, des draperies. On travaillait
encore à toutes les dispositions mercredi à 5 heures du soir; à 6 heures
et demie, Ie3 portes étaient ouvertes, et !e théâtre était transformé en
un magnifique palais.
Les soixante faisans qui ont été servis à la fête royale du Grand
Théâtre, sont un cadeau du prince Albertau roi des Belges.
— On lit dans le Journal de la Belgique :
L’entrée du public s’est effectuée sans encombre et n’a point duré
aussi longtemps que l’on s'y attendait, un grand nombre de cavaliers et
de dames ayant pris le parti d’arriver à pied, couverts de manteaux et
de fourrures; d' .utres invités s’étaient fait conduire dès le commence-
ment del’après midi dans quelque maison du voisinage, pour y atten-
dre l’heure de l’ouverture des portes.
Telles dames ont même disposé des appartements d'amies ou de con-
naissances pour y faire leur toilette de bal ; ainsi huit dames se sont ha-
billées dans une même maison de la Place de la Monnaie. Ces embarras,
ces inconvénients de déplacement rentrent d’ailleurs dans les tribula-
tions inséparables d'une pareille fête. Nous savons, par exemple, que
mainte invitée a été dans l’obligation de se faire coiffer la veille au soir,
ou hier dès 7 heures du matin, pour ne pas devoir se passer du ministère
de nos coiffeurs à la mode.
Le nombre des invitations, remises â la Grande-Harmonie, s’élève
à............................................................. 1,740
A la Philharmonie............................................ 1,250
Au corps diplomatique, aux ministres, au conseil communal,
à la Société Philantropique, aux fonctionnaires et aux employés
du palais....................................................... S60
Total.................. 3,350
Dans ce nombre les hommes et les dames se trouvaient à peu près en
nombre égal.
Les toilettes des dames étaient généralement belles ; il y en avait beau-
coup de très distinguées et fort peu de médiocres. Nous n’exagerons
donc certes pas en évaluant à 100 fr. la dépense faite par chacune des
1,675damesà l’occasion delà fêle du roi. fr. 167,500
Chaque cavalier a déboursé au moins, tant pour costumes
que pour frais de voiture, etc., 25 fr. 41,875
En comprenant les achats de mobilier, la liste civile n’a
pas dû dépenser moins de 120,000
Total fr. 529,375
La somme que le roi a fait mettre en circulation, en grande partie du
moins, au profit dès classes ouvrières, est donc au minimum de 529,000 fr.
Ce n’est pas là un des moindres résultats de la fête si remarquable du '24.
Le nombre de bougies qui, outre le gaz, éclairaient le théâtre, s’éle-
vait à 4.000(1.335 livres) ; 8000 arbustes ou pots de fleurs avaient été
loués à 11 jardiniers différents; 360 hommes et 95 femmes étaient ad-
joints pour le service, à la livrée de la cour.
Société Griîériile
pour favoriser l'industrie nationale.
La direction a l’honneur d’informer le public que, d'après Part. 5 du
plan de l’emprunt de fr. 5,500,000, contracté par là ville de Bruxelles,
d’après l’autorisation royale en date du 20 août 1832, il a été procédé
publiquement, le 25 de ce mois, à une heure de relevée, au local occupé
parles bureaux de la Société, Montagne des Douze-Apôtres,par-devant
le notaire G.-H. Annez et témoins, en présence d’un des membres de la
régence de la ville et d’un des directeurs de la Société Générale, au
douzième tirage des obligations qui auront droit au remboursement et
aux primes mentionnées dans le dit plan, et que ce tirage a eu le résul-
tat suivant, savoir :
Au n° 1515 est échu une primede fr. 7500.
» i> 577 )
• ” 2605 I Chacun une prime de fr. 1500.
. » 3438 !
Les 175 numéros suivants seront remboursés au pair.
5 170
36 196
48 203
56 209
57 228
61 247
81 273
84 293
96 314
113 334
116 345
117 550
128 556
139 560
376 623
580 644
387 647
412 665
415 673
443 680
460 692
472 710
486 712
489 745
539 755
580 763
585 764
590 812
145 361 612 823
827
850
853
878
906
918
933
953
961
971
977
1008
1073
1120
1123
1162
1166
1252
1324
1344
1577
1388
1412
1431
1452
1454
1456
1479
1501
1517
1542
1565
1579
1584
1694
1709
1755
1769
1774
1796
1804
1813
1814
1815
1822
1858
1865
1891
1956
1965
1989
1994
2033
2068
2082
2083
2153
2158
2162
2178
2232
2233
2277
2285
2289
2301
2527
2357
2590
2450
2464
2489
2517
2529
2731
27C5
2776
2793
2794
2806
2825
2832
2860
2878
2892
2907
2925
2999
3020
5036
3048
3064
3070
5107
3115
3122
3129
3144
3210
3275
5280
5293
5294
3342
5544
3330
3388
3417
3451
5454
3452
5458
3488
3491
3499
Au n. 2943 est échu une prime de 2250.
Les obligations remboursables et les primes acquises aux obligations
ci-dessus désignées sont payablesà dater du D juillet prochain, soit à
Paris chez MM. de Rothschild-frères, soit au trésor de la Société-Géné-
rale, conformément à l’art. 6 du plan de l'emprunt.
Bruxelles, le 25 janvier 1844.
TSIÉATSSE VAÏSÏiÉ'S’SÏS.
SBasqaé * E'aré et Travesti.
Donné par la Société Véjutif.xxe . le dimanche 28 janvier.
La direction a l’honneur d’informer les Messieurs qui désirent être
admis au dit Bal, de s’adresser d’avance au Café des dits, Place du
Spectacle, où ils pourrontse faire inscrire sur le registre dessociétaires.
La rétribution est de 2 frs.. une carte de Dame comprise.
Le jour du bal on pourra également se faire inscrire le soir à la porte;
mais alors la rétribution sera de 2 francs pour une carte de cavalier seu-
lement. . .
La direction délivrera des cartes supplémentaires de Dames, moyen-
nant rétribution de 1 franc par carte.
’lTiîïéâtr®
Aujourd’hui vendredi, 26janvier, Rei.ache, pour les répétitions géné-
rales de Zampa.— Cette représentation sera rendue à MU. les abonnés.
Avis
L’administration a l’honnenrde prévenir MM. les abonnés et le public,
qu’elle espère que ce Relâche sera le dernier de l’année, attendu qu’elle
travaille à compléter la troupe pour la semaine prochaine.
Dimanche. 28 janvier : ZAMPA, opéra-comique en 3 actes, dans le-
quel M. Albert remplira le rôle de Zampa. — Les deux Précepteurs,
vaudeville en un acte.
PART if? COMMIS R CI AME.
Pinte d'Anvers du SS janvier.
BOIS DE TEINTURE. —Env. 25,000 kil. campêchecoupe St-Doroingue
ont été .réalisés sans variation de prix.
CAFE. — Les ventes citées aujourd'hui comportent env. 400 balles
Brésil verdâtre et 550 balles d» triage à divers prix.
CHANVRE. — On a fait 38 balles d’Italie à un prix non cité.
COTON. — Nous n’avons à noter aujourd’hui que 50 balles Surate, à
prix inconnu.
CUIRS.—Depuis quelques jours on a réalisé env.2500 secs et 1000 sal.
de Buénos-Ayres et Montevideo et 1500 Rio-Grande secs à divers prix
suivant poids et qualités.
SUCRE BRUT. — Il s’est fait 170 caisses Havane blond de f. 12 à 13 5i8
pavillon étranger.
MARCHÉS.
Coaivnin, 26 janvier. _ .
Grauxs, graines et huiles : Froment fr. 18 96, 18-66, 18-57; seigle
11-25,10-96, 10-66; sarrasin 10-66; avoine 7-00, 6-48, 5-96; orge d’hiver
11-55, 11-25,10-96;graine de colza 21-33, de trèfle 0-73 par![2 kilo; huile
de colza 61-02, de lin 60-54, de chanvre 61-90.
Asiiaterdam, 25 janvier.
Sucres : La vente publique de 398 fut. Surinam, tenue hier au soir
s'est terminée de f. 16 5[4 à 25 1|4.
Civerpool, 23 janvier.
Cotons : Comme hier, les opérations ont été peu animée ; on a coté
de 3 à 4000 balles, desquelles 400 d» Amérique pour la spéculation. —
Voici comment se subdivisent les ventes : 400 balles Egypte de 7 à 8 1|2
d„ 100 d° Pernam 6 1;2 d., 200 d» Surate 5 5|4 d. et le restant Amérique
de 5 à 6 1(4 d.
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