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sukh.e; depuis un ctn i...n t- mps. il c’aJocba;: a^sez
copieuse,rent à la bOKsi-on.il aurait dit hier qu’il n’irait
plus travailler chez M.Vandam.dohî il ôtait l’employé.
Il avait l’iüteution en effet de fonder un bureau de,
placement.
Hier matin vers 7 h. en sautant de son lit, probable-
ment, et sans même passer de vêlement. Couvreur se
pendait à l’aide d’une corde de store. Sa femme, qui
ôtait au marché,revint pour prendre sa bourse qu’elle
avait oubliée ; ou juge Ue sa poiguante surprise quand
elle aperçut le ca svre encore chaud de son mari.
Couvreur était âgé de 40 ans environ.
accident. — Hier vers4 heures de l’après-midi Mm°
Panier-Fondu, de Jumet, sortant des magasins Jean
not-Boëns et Cie, fut renversée par une charrette atte-
lée d’un cheval qui tournait le coin de la place d’un
trot rapide.
Mm® Panier fut jetée sous la charrette dont une roue
lui passa sur le milieu du corps. L’émotion fut grande
un moment parmi ceux qui étaient présents. Mais heu-
reusement le véhicule, appartenant à un marchand de
beurre de Courcelles, n’était pas bien lourd et la vic-
time en fut quitte pour des contusions sans gravité.
Transportée chez MM. Jeannot-Boëos, elie y fut l’ob-
jet d9 foins empressés.
ta monomanie du suicide s’emparerait-elle de la
jeunesse de Nimes?
A quinze jours d’intrevalle un jeune homme de dix
sept ans et ud autre de quinze ans se sont suicidés a
l’aide d’armes à feu.
C’était samedi le tour d’une jeune fille de seize ans,
qui a tenté de s’empoisonner eu absorbant une forte
infusion de plantes vénéneuses.
Malgré les soins du médecin, l’état de cette jeune
fille est fort grave et laisse peu d’espoir de la sauver.
ue chapitre des accidents.—La page la plus triste
du compte-rendu des opérations du chemin de fer
pour l’exercice 1881 n’est pas celle où la plus grande
perte d’argent est signalée, mais bien celle qui ren-
seigne le nombre d’accidents dont les personnes ont
étè'victimes.
L’une des annexes de ce travail met en regard,
pour les principales exploitations da l’Ëurope, le nom-
bre de voyageurs victimes d’accidents de trains, celui
des voyageurs transportés et celui des voyageurs-
kilomètre.
Sauf les chemins de 1er du Royaume-Uni, où le
nombre cie voyageurs victimes d’accidents de trains
est de 1949, pour les deux années 1880 et 1881, et les
lignes prussiennes dépendant de la direction de Mag-
debourg, où ce nombre est de 51, c’est le réseau de
l’Etat belge qui a fait le plus graad nombre de vic-
times.
Le rapport fait observer que ce n’est pas d’après le
nombre absolu de victimes que I on peut juger du
deg'e de sécurité d’une exploitation; qu’il faut, néces-
saire tient, tenircompte, non-seulement du développe
ment du réseau, mais encore de l’importance du trafic,
c’est-a dire du nombre de voyageurs kilomètre. « Il
serait même rationnel, ajoute-t-il, d’avoir égard aussi
au mouvement des trains de marchandises; mais on
voit que, abstraction faite de ce dernier élement qui
n’a pu être renseigné, les résultats obtenus sur les
chemins de fer belges sont plus satisfaisants que sur
bon nombre d’autres exploitations. »
Sur bon nombre II n’en est pas moins vrai que le
nombre d’accidents survenus aux personnes est très
considérable Tandis qu’en 1880 il n’y eut que 28 vic-
times, dont 15 blessés et 13 contusion nés, on renseigne
pour 1881, 2 tués, 19 blessés et 39 contusionnés.
Plus triste encore est le relevé des divers accidents
survenus, en dehors de tout accident de trains, â des
voyageurs, à dès agents de l’administration, à des
agènts des entrepreneurs de l’administration, et enfin
aux personnes étrangères à l'administration.
Abstraction faite des victimes d’accidents de trains,
on voit que 196 personnes ont ôté tuées, 266 blessées
et 209 contusionnées, soit en tout67l victime^
Pour ce qui concerne les voyageurs,un granu nombre
de victimes ont été blessées ou contusionnées par la
fermeture des portières, et le cas des voyageurs tom-
bant ou sautant d’un train en marche, en pleine voie,
s’ast présenté aussi très fréquemment.
Parmi les agents de l’administration on remarque
principalement : Les agents atteints par dus véhicules
en mouvement, tandis qu’ils circulaient dans les voies
ou à proximité pour i exécution de leur service ; les
gardes tombés ou blessés en passant d'une voiture à
l’autre, en ouvrant ou en refermant une portière, ou
en seheurtant à des obstacles fixes : les agents atteints
dans les stations lors des opérations de chargement,
île déchargement oude transbordemer-t des marchan-
dises ; enfin les agents atteints tandis qu’ils circulaient
sans nécessité dans les voies.
« Cette énumération, dit le rapport, suffit pour
montrer que la plupart de ces accidents sont unique-
ment le résultat de l’imprudence deceux a qui ils sont,
survenus. Quelques-uns d’entre eux pourraient, peut-
être. être évites, si l’on parvenait a découvrir un
moyen simple et pratique de faire l’accrochage et le
décrochage des wagons, sans devoir s’engager entre
les buttoirs. »
Quant aux autres accidents, l’administration ne voit
guère la possibilité de prendre aucune mesure directe
pour les prévenir. Elle ne peut qu’engager le personne!
en général â ne pas s’exposer inutilement, à se confor-
mer scrupuleusement, pour l’exécution de certaines
opérations dangereuses, aux instruciions qui les ré-
gissent et à réprimer sévèrement toutes les impru-
dences dûment constatées comme aussi tout defaut
de surveillance. (Etoile.)
ua rage. — Le 4 courant est mort de la rage un
homme de 72 ans qui avait été admis à l’hôpital dre
Anglais, dans le service de M. le- docteur OoÜa d.
Depuis une quinzaine de jours, il était indisposé, et
depuis deux jours seulement la maladie avait pris un
caractère aiga ; tous les symptômes de la rage se dé
clarèrent, et cet homme mourut après d6s angôisses
terribles.
C’est la suite d’une morsure le chien faite au mois
d’octobre. {Mevsé).
grand incendie, deux victimes. — On écrit de
Mouscron : Vendredi, vers 5 heures de l’aprôs-midi. un
violant incendie a réduit en cendres l’usine de papiers
peints de M. Ernest Van Hee-Verdievel, située en
pleine rue da la Station.
En quelques minutes, l’usine était devenue un im-
mense brasier, duquel s’échappaient de longues flam-
mèches sous lesquelles disparaissaient à certains mo-
ments les toitores des maisons voisines. Eh un peu
plus d'une heure, tout fut consommé. Les quatre
grandes murailles seules sont demeurées droites, me-
naçant à chaque instant de s’effondrer.
()a ignore jusqù’ici les causes de l’incendie.
On suppose qu’un cha bon ardent a dù tomber sur le
papier qu’on avait mis sécher.
Il a fallu tout le courage, toute la bravoure des habi-
tants pour sauver les maisons avoisinantes et parti-
culièrement les ateliers de M. Van Hee, où .était remi-
sée une grande quantité de barils de pétrole, et if s
magasin* de M. Leronge, bondés de papier.
A 10 heures, la servante da M Vau'Hee, s’engageant
dans b s décombres, s’est trouvée tout a coup eu pré-
sence de deux cadavres eut ôrement carbonisés L’an
est celui d’une jeune femme enceinte, l’autre celui
d’une jeune fille
Cet deux malheureuses avaient réussi, de prime
abord, à fuir avec leurs quarante camarades, quand,
se rappelant qu’elles avaient oublié leurs i-flots, elles
sont retournées les chercher. C’est alors, que la fumée
les a suffoquées et qu’elles ont péri dans le désastre.
Les nertes subies par M. Van Hee sont immenses et
l o i affirme que l’assurance ne les couvre qu’en partie.
Une vingtaine de familles seront sans travail, a la
suite de cet incendie.
encore un krach.— Il n’était bruit, ayant-hisr soir,
data le quartier de la Clniugsée-d'Antin, ». Paris, que
do la disparition du directeur d’un grand établisse-
ment financier, M CharlesDaval,directeur delaSociété
française financière, établie 18, rue de la Chaussée-
d’Antin. Duval, ancien officier en retraite et chevalier
de la Légion d’honneur, dirigeait cette institution de-
puis son origine. La Société française financière, au
dfout, avait été instituée au capital de 1 million
500.000 francs.
Afin d’assurer le placement des titres émis par eet
établissement, son directeur fonda un organe spécial,
le Journal des Tirages financiers, dont le prix d'abon-
nement était de trois francs’.. Bientôt ia Société fran-
çaise financière éleva son capital au chiffre de six
millions cinq cent mille franes, puis à vingt-cinq mil-
lions, chiffre, qui s’étale encore aujourd'hui, eu carac-
tères flamboyants, au premier étage de l’immeuble de
la Chaussée d’Antin.
M. Daval avait conservé des relations avec un grand
nombre d’anciens camarades de régiment dont il
S était chargé de placer les économies. D’antre part,
afin d’assurer l’accroissement de sa clientèle, il déci-
dait l’année dernière qne le prix de ^abonnement à
son journal serait réduit à un franc. Les faits répon-
dirent pendant quelque temps à ses prévisions. Le
chiffre des affaires augmenta sensiblement ; cependant
la dernière émission, celle des titres des Tuileries da
Bourgogne, avait à peu près échoué. Le krach de i’an-
n'e dernière avait, du reste, eu pour effet d’affaiblir
considérablement la confiance da public dans les nou-
velles affaires lancées.
Samedi matin, M. Duval annonça à ses employés
que le conseil d’administration leur donnait congé, à
l’occasion des obsèques do M. Gambetta. Grand fut
l’étonnement de ceux-ci, lorsqu’on se présentant hier
mutin aux bureaux de la Chaussée d’Anüa, ils trouvè-
rent porte close. M. Duval et, les administrateurs
s’étaient éclinsés. On conçoit l’émotion produite par un
fait d une aussi grave importance. M. Taylor, commis-
saire de police, fut prévenu La porte fut ouverte. On
fit ouvrir le coffre fort. Il était vide.
Hier matin, la nouvelle de la disparition de M. Do-
val et des trois administrateurs de la Société fran-
çaise financière avait jeté l’émoi dans le monde finan-
cier. Dans le vestibule de hôtel, un grand nombre de
personnes au visage consterné, stationnent et natu-
rellement commentent cet événement dans les termes
les plus ind'gnes.
M. Hue a été nommé hier liquidateur judiciaire.
ua rouicE du bureau judiciaire de la capitale vient
d’arrêter un sieur C.oune, Isidore, ff. de chef garde de
l’Etat, belge, à Namêehe (Namur).
Cet individu, qui était surveillé de près, a été pris
dans un restaurant des environs de la Grand’Place, au
moment où il offrait une montre efi vente.
Couae est prévenu d’avoir, à la gare de Bruxelles
î ( '.liée-Vertel, enlevé 9.5 montres d un wagon plomb*.
iiii bi i ai 11 J <■ * t e • S:ü -Piê-,-e,i<K|'.m<,vHU8 ?avom qu • 1 s
Uiocirtb pie vouaient Anne source illicite, u •.•etis? ati
a se charger de les vendre, moyennant certaines con-
ditions. Un garde, du nom de V..., de l’Etat belge
egalement, s’est aussi chargé de la vente des montres,
ignorant que celles ci lussent volées.
Coune, pris, comme nous le disons plus haut, au
moment où il mettait l’une des montres en vente, par
deux agents judiciaires, a été invité a passer au
bureau, d’où, malgré ses dénégations, il a été éeroué
aux Petits-Carmes.
Quant à B... et à V. ., ils ont été relaxés.
une anecdote du Chirivari sur Gambetta :
Il y a quatre ans Gambetta venait d’être élu prési-
dât de la Chambre des députés, et il préparait la fête
ou’il a donnée, à cette occasion, dans le palais du quai
d’Orsay.
Le matin du grand jour, le salon d’honneur était en-
vahi par une escouade de charpentiers, sciant,clouant,
ajustant le plancher du théâtre sur lequel on devait
jouer la comédie.
Leur coutre maître, qui était sorti un instant, ren-
tre, et, après avoir consciencieusement reniflé, pousse
un cri d’hoFreur :
— On a fumé !... Si je savais quel est l’animal qui
s’est permis. . .
— C’est moi ! dit un personnage blotti dans l’embra-
sure d’une fenêtre, et de sa voix la plus méridionale,
•voix si connue des députés rappelés à Tordre.
— Ah ! monsieur le président, fait le contre-maître
tout confus, croyez quo si-j’avais su... je ne... Dans
tous les cas, ce n’est pas vous que j’ai voulu traiter
d’animal.
— Il suffit, il suffit, reprit Gambetta. Mais dites-moi
maintenant : que serait-il arrivé”» celui de vos ouvriers
qui aurait fumé?
— Il eût été à l’amende d’une demi-journée.
— Puisque c’est le tarif, et que ma journée à moi est
de deux cents francs, voilà cinq louis que vous boirez
à ma santé!
un forcené. — Il y a quelques jours, un nommé
Frédérics......, qui habitait avec sa mère àClichy,
abandonnait le domicile maternel et venait loger dans
un garni de Paris.
Il travailla assez assidûment la première semaine,
mais se lia bientôt avec un ivrogne et ne tarda pas à
abandonner tout travail pour suivre son nouveuu
compagnon.
N’ayant pas d’argent à sa disposition, il était à plu-
sieurs reprises venu en demander à sa mère qui, en
lui en donnant lundi dernier, lui avait, déclaré que
c’était pour la dernière lois,qu’il étai t assez grand pour
gagner sa vie et qu’il devait travailler.
Hier soir. S..., qui était ivre, se rendit chez sa
mère qui, le voyant dans eut état, voulut, pour éviter
toute explication, sortir de sa chambre ; ruais ce for-
cené la teirassa et, la saisissant à la gorge, chercha à
l’étrangler.
La pauvre femme ne pouvait crier et allait sans
doute succomber, quand un voisin, qui avait entendu
le bruit de la chute du corps, pénétra dans la chambre
et, se jetant sur S..., parvint à faire lâcher prise à
l’ivrogne.
Arrêté par des gardiens de la paix, cet individu a dû
être porié au poîte, d’où, après ict irrogatoire, il a été
envoyé au Dépôt.
un vou ancien. — Nous lisons dans Y Indépendant
Rémois : On se rappelle qu’un colis renfermant
130,000 Ir , mis au chemin de for par un banquier de
notre ville* s’est trouvé égaré ou plutôt qu’il fut volé.
C’était une perte pour le chemin cl 3 fer, non pour le
banquier, personne trop prudente pour expédier une
telle somme sans précaution.
Nous allons dire ce qu’il en advint. Le banquier en
question envoie à époques échelonnées et périodiques,
a une sucrerie, des remises d’espèces importantes.
Cette périodicité et l’importance des remises avaient
été remarquées à Paris par l’employé du chemin de
fer charge des transits. Celui-ci attendit à fin décembre
pour tenter le coup, estimant que l’envoi pouvait, à
cette époque, être plus important qu’à aucune autre
de l’année.
En effet le groupe en transit arriva, l’employé le
porta au bordereau et partit pour le remettre au che-
min de fer d’Orléans. Il avait eu la précaution de com-
ploter ce larcin avec la femme qui vivait avec lui, le
sorte que, sitôt qu’il eut quitté la gare, il donna 120,000
a cette femme qui prit immédiatement le chemin de
fer pour l’Ailemagne et gai da pour lui 5,0Û0:francs à
tout événement et pour lui servir à aller la rejoindre.
La femme partit. Arrivée à Avrieourt, il y a visite
de douane et ia forte somma composée cl i petites cou-
pures formait un passablement gros ballot qu’il fallut
exhiber aux gabelous. Ceux-ci furent très étonnés de
cette contrebande insolite, mais n’ayant pas d’ordres
à cet égard, ils durent laisser passer cette femme et
son précieux ballot.
Toutefois ils prirent deux précautions : là première,
d’informer la police de Pans, et la seconde de faire
filer la voyageuse qui s’arrêta a Sanebnmk. Elle
n’était pas là depuis deux heures que le télégraphe ré-
pondait par un ordre d’arrêt et l’on saisit ia voleuse
encore nantie de 119,500 francs. Quant à l’employé
auteur de ce détournement, on n’a pas encore pu le
saisir, mais on est sur se3 traces, et il n’échappera
probablement pas à la justice.
triste accident. — ün lit dans la Revue de la
Marne ;
Jeudi, vers onz3 heures du matin, un triste accident
est arrivé à Ville sur-Tourbe.
Des chasseurs faisaient une battue aux sangliers
dans les bois de Ville, lorsqu’on vint les prévenir
qu’une troupe de cinq sangliers était réfugiée* dans un
petit bosquet situé en piaine.
Aussitôt les chasseurs entourent le bois et les tra-
queurs entrent dans l’enceinte afin do pousser le
gibier.
An moment où les cinq sangliers veulent sortir du
bois, plusieurs coups de fusil ralentissent et une bête
noire est tuée. Mais en même temps des cris do dé-
tresse se font entendre, poussés par les deux malheu-
renx traqueurs qui viennent d’être atteints.
L’un d'eux, le fils Cendre, âgé de dix-huit ans, a le
bras traversé, mais sa blessure n’offre aucun danger.
Quant à l’autre, nommé Legris, âgé de quarante
an1, marié et père de famille, il a le bras droit fra-
cassé.
On a dû faire l’amputation.
LE crime DE tours. — Nous lisons dans la Petite
France le récit d’uu crime commis dans les environs
de Tours :
Hier matio, vers 6 1/2 heures, une charrette traver-
sait lentement la bourg de Saint-Martin le Beau.
Cette voiture avait des allures singulières, et les
personnes qui l’aperçurent les premières virent bien
vite qu’il se passait quelque chose d’insolito.
Le cheval allait de côté et d’autre, suivant cepen-
dant toujours une route dont il paraissait avoir l’ha-
bitude.
A la sortie da bourg, le sieur Capillon-Bessé, qui se
rendait à son travail, se décida à réveiller le conduc-
teur, dissimulé, à cause du froid, eroyait-on, sous les
sacs en toile.
— Votre cheval est presque dételé ! cria-t-il.
Pas de réponse. Alors Capillôn souleva les sacs en
toile et poussa un cri d’épouvante.
Aux premiors lueurs du jour. Capillôn avait aperçu
un homme étendu, sans vie, le crâne horriblement
fracassé.
Il appela au secours et plusieurs personnes accou-
rurent.'
Il n'y eut, pas la moindre doute parmi lés assistants;
on se trouvait en présence d’un assassinat.
La victime fat bien vite reconnue, car on avait l'ha-
bitude de la voip snr cette route; c’était ia sieur
Aubry, messager de Biéré à Tours.
Le malheureux avait été assommé avec un instru-
ment contondant, un énorme bâton probablement.
La blessure est horrible à voir ; la tête est entière-
ment fendue : l’assassin a dû frapper à plusieurs re-
prises avec une violence inouïe.
M. le docteur Jouard, médecin à St-Martin-lo-Beau,
fat appelé ; mais tout secours était inutile, Aubry
était mort.
La voiture était tout ensanglantée, le sang avait
formé sous le cadavre une mare énorme qui s’écoulait
goutte à goutte, laissant sur la route une trace sinis-
tre.
Où l’infortuné messager avait-il été frapné ? Il fot
facile de s’en rendre compte eu suivant Ta* trace du
ssng. .
On remonta jusqu’à un endroit a??ez désert, éloigné
de toute habitation, entre Biéré etDiorres, où la trace
da-sang s’arrêtait.
C’est là très probablement que le malheureux Aubry
a été frappé
Aubry était parti de chez lui à quatre heures et de-
mie. Il avait dû, par conséquent, se trouver à l’endroit
où l’assassin était embusque vers cinq heures et demie.
C’est.'donc vers cette heure que le crime a dû être
commis.
Le mobile du crime est évidemment le vol. Les pre-
mières investigations ont permis da découvrir que les
poches d’Aubry avaient été retournées.
Le jour était-, du reste, bieù choisi. Les samedis,
jours de marché à Tours, la messager de Biéré est très
souvent porteur de somim-s assez fortes.
L’opinion générale est que le coupable ne saurait
être un étranger. On pense, en effet,, avec quelque sem-
blant de raùon. que l’assassin devait être au courant
des habitudes d’Aubry.
La justice est arrivée ; elle a commencé ses investi-
gations.
L’impression produite par ce crime est très vive à
Biéré et dans toute la contrée.
On se l’appelle qu’un crime identique fut commis le
29 janvier 1879, presque au même endroit, sur la per-
sonne du sieur Auprinee, frère d’un autre messager de
Biéré.
Ce crime resta impuni, et l’on se demande avec
anxiété s’ii en sera de même cette fois.
tremblement de terre. — La soirée du dimanche
31 décembre a été signalée dans nos contrées, dit le
Havre, par ua tremblement de terre trè3 caracté-
risé.
Vers six heures quarante minutes environ, dit le
Messager Buiois, une secousse violenta s’ost fait sen-
tir simultanément au Tréport et à Eu.
Dans un grand nombre de maisons, une forte oscil-
lation, accompagnée d’un bruit sourd, est venue sur-
prendre et effrayer les habitants-, dont plusieurs te
sont précipités hors de leui’3 appariements, croyant à
quelque catastrophe.
A la même heure, une secousse, qui paraît encore
avoir été plu? accentué*, «e faisait sentir à huit kilo
- r’ -os ■’ : -a v L> -1 E - du o»ot ’ <5 Aol'.
A 8 -ïi:.u-.ii . '• • ■ .-.-lilla • vioi,mi
: -1 .quel- 1 - O■, — agiter les üiuub OS ut Jieul
b.oi i- : e-l, amis eu émoi une grande parue de ia
population.
Nombre de personnes sortaient de leur maison,
croyant que quelque bâtiment ou quelque mur s’était
effondré dans le voisinage.
Au môme moment, un fait semblable se produisait
dans ia commune de Dargnies, canton de Gamaches, à
4 kilomêtes de Bétbenconrt.
Ce tremblement de terre, se produisant au même
instant, à une distance de 8 kilomètres, sans que les
communes intermédiaires aient rien éprouvé de sem-
blable, est assez remarquable. Dans les deux cas, la
direction dn phénomène était parallèle et s’inclinait
du nord-est au sud-est. '■
Lettres, sciences et arts.
La correspondance inédite de Mm® Lafarge.—
La mort récente de M® Lachaud, le cé’èbre avocat
français, ayant remis à la mémoire le nom de
Mma Lafarge, M. Jules Claretie donne dans le Temps
des fragments de la correspondance que la célèbre
empoisonneuse entretenait du fond de sa prison
avec les amis dévoués qu’elle avait conservés.
Quelques mots d’&bord pour rappeler les faits ;
En l’an mil hait cent quarante,
Lafarge est mort d’arsenic.
Plus traîtresse qu’un aspic,
Son épouse séduisante
Ua beau jour l’empoisonna,
C’qni fait qu’on la condamna!
Ainsi chantait il y a quarante-deux ans, sur l’air
classique de Fualdès, une complainte inspirée à
quelque poète naïf, — ou à quelque plaisant ironi-
que, — par le drame ténébreux du Glandier. Pouch
Lafarge, était empoisonné. Le pays accusait sa
femme, la Parisienne.Marie Capelle, dame Lafarge,
niait jugée à Tulle. Le procès attirait tellement
l’attention, qu’il laissait dans l’ombre l’affaire du
prince Louis Napoléon, accusé du crime de haute
trahison. La cour d’assises de Tulle éclipsait la
Chambre des pairs. On ne parlait que de Mra* La-
farge. M8 Lachaud devenait célèbre en peu de jours
pour l'avoir défendue. Orfila déclarait qu’elle était
coupable : il avait trouvé Tarsenic dans les entrailles
f’e Lafarge, et Raspail déclarait qu’il en trouverait,
lui, des traces d’arsenic jusque dans le fauteuil du
président.
Marie Capelle, enfin, était condamnée. Captivité
éternelle qui devait être changée en détention de
dix ans. L’opinion se passionnait. — Est-elle ou
n’est-elle pas coupable ? Oa a évoqué le fantôme de
Mrae Lafarge à propos de Gabrielle Fenayrou. L’in-
térêt que rencontrait Marie Capelle était autre-
ment puissant et contrasté que la curiosité éveillée
par l’héroïne de l’affaire du Pecq.
Marie est un problème.
disait, imprimé au-dessous d’un portrait lithogra-
phié, un quatrain plus que médiocre, mais qui
donne bien le ton des impressions du moment :
Marie est un problème,
ün Taçènse, on l’absout.
On la maudit, on Taimè.
Démon, ange. Elle est tout.
Anicfit Bourgeois écrivait un drame, la Dame
de Saint Tropez. pour prouver par une saisis-
sante mise en scène que Mm® Lafarge n'était point
coupable. Marie Capelle lui brodait alors, du fond
de sa prison, un fauteuil en tapisserie et le lui en-
voyait, avec ses effusions — ce qui faisait dire à
Dennrry : « J'aime mieux ses tapisseries qne ses
pâtisseries. » C’était, en effet, dans des pâtés qu’elle
avait, disait-on, mis l’arsenic qui avait tué La-
farge.
Bref. Marie Capelle fut un problème pour le
monde. La publication par son grand-oncle, M.
Collard, du livre intitulé : Heures de prison, n’a
pas fait cesser les hésitations. De quelle espèce
était l'âme de cette femme ?
11 vient de m’être permis, dit M. Claretie, par la
veuve u’un homme remarquable, orateur éloquent,
historien profond, patriote éprouvé, Babaud-Lari-
bière, de prendre connaissance d’une correspon-
dance inédite de Marie Capelle avec cet écrivain
qui la défendit dans les épreuves, et, la poussant à
écrire, adoucit pour elle les lourds ennuis de la
prison. Babaud-Laribière avait fondé un journal,
l Indépendant, où, dans la Charente, il combattait
le bon combat. Il donna à Mra9 Lafarge l’idée d’é-
crire. Elle prit ia plume et, dans Y Indépendant,
signa du pseudonyme de « Daniel Léo » des articles
de littérature ou de politique sociale qui furent
remarqués.
Il est à observer que M. Babaud-Laribière por-
tait le préuom de Léonide.
Toujours est-il que c’est cette collaboration qui
donna lieu entre la prisonnière'et le directeur de
Y Indépendant à une longue correspondance.
*• 11 y aurait à établir entre cette malheureuse
condamnée et i’admirable femme, alors acclamée,
George Sand, de curieux rapprochements. Qu’on
lise les deux Correspondances Sauf dans tes let-
tres, d’un calme superbe, où la jeune femme chez
George Sand fait pressentir l’aïeule vénérée, la
bonne dame des paysans de Nohant, c’est le même
choc d’idées, le même trouble, les mêmes lectures,
parfois la même phraséologie.
« Mais toutes les préfaces du monde ne valent
pas les citations. »
Voici la lettre qu’écrit Mme Lafarge à M. Babaud-
Laribière, après sa condamnation :
Voire lettre ne me dit pas où je puis aller vous
porter mon souvenir. M. Bae, quo j’interroge, reste
muet et je né sais quel petit coin recèle un da mes plus
chers dévouements. Ma pensée vous garde bien près
de moi ; cependant, monsieur, j’ai peur que l’oubli ne
vous désapprenne la pauvre Marie, j’ai peur que, me
voyant silencieuse, vous me croyiez ingrate, j’ai peur
de tout, et an hasard-je vous adresse quelques lignes à
Confolens, où vous place un imperceptible avis de ma
mémoire.
J’ai horriblement souffert lorsque je fus restée seule,
après que mes am s, que ma famille eurent emporté la
meilleure moitié de moi-même, que je pus mesurer
l’abîme sans m’appuyer sur ceux que j’aimais. Je crus
mourir, trouver enfin le repos_ Mais la vie revint
avec les larmes et la prière, i! fallut reprendre sa
croix et recommencer avec la douleur, là calomnie.
Oh ! pardonnez-moi cette larme que je viens mêler à
votre douce réunion de famillo. qu'un baiser de
votre mère efface le mirage qu’ella a mis sur votre
front ; ne pensez qu’au bien que vous m’avez fait, et
votre amie, vous voyant- si noble et si bon, vous paye
par un regard d’approbation et d'orgueil. Votre ’ettre
m’avait un peu fortifiée, celle publiée par M. Raspail
a fait renaître quelques espérances, mais tout en admi-
rant ses nobles et touchantes paroles, ses savantes
affirmations eontre le verdict de la science inhomani-
sée do M. Orfila, j'ai été peinée de quelques paroles
amères contre Mr Paillet. Peut-être son plaidoyer
pouvait avoir plus d’entraînement, mais non plus' de
logique, de force, de loyauté. Quand, appuyant mon
innocence sur mon honneur, il jura que j’étais victime,
qu’il croyait en moi, mon cœur lui promit une éternelle
reconnaissance, car il y avait plus que de l’éloquence,
il y avait une conviction.
Depuis son départ, il ne m’oublie pas, il m’écrit qu’il
va publier un exposé dés faits pour la cour de cassa-
tion ; des démarches trop importantes pour que je ies
confie à la poste lni ont donné le meilleur résultat. Il
fait plus qu’espérer.
D cu veuille endormir toute prévention, surtout
toute politique, dans ces belles intelligences ! Qu’il
daigne réunir ces deux puissances de la parole et de
la science pour en former la Providence de la pauvre
calomniée.
Adieu, monsieur, préservez-moi bien do l'oubli; je
ne vis plus que de la vie da cœur, et toute résignation
me vient de mes chers croyants.
MARIE.
Un instant Marin Capel le eut un fol espoir. Dénis,
le contre mai ire de Glandier, qui l’avait accusé,
venait d’être arrêté et elle voyait là la preuve pos-
sibln de son innocence. Voici ce qu’elle écrivait de
Montpellier, où elle était détenue alors :
8 novembre 1844.
Denis est accusé do vol et d’abus de couflance ! Il
serajogéle8 novembre! Ob! mon ami, quelle nou-
vel'e ! Ma réhabilitation, la vérité sont la sous des
verrous en face du remords ! Une bonne pensée et je
pourrais être sauvée, un magistrat intelligent et
homme de cœur, et les antécédents de Denis étant
loyalement scrutés, on y verrait le faux témoi-
gnage !...
Mon procès serait cassé, je serais libre! Mon Dieu!...
Pitié ! pitié !... En un même jour, une lettre de Paris
m’apprend que Clavô est de retour, que Denis est en
prison, — qu’ainsi providentiellement se trouvent
réunies l’énigme de mon honneur et l’énigme de ma
vie ! Je suis foile, folio de désespoir, car mes verrous
m’enserrent; je ne pais agir ; je ne puis même tendre
les mains vers ceux qui m'ont perdue et qui pourraient
me sauver ! Je suis folle de joie ; car Dieu est grand,
car je suis innocente, car, à défaut de puissance et de
fortune, le talisman de la vérité est à moi !...
Toute sa joie devait tomber bien vite. Denis fut
acquitté.
Ajoutons, pour l’instruction de nos lecteurs, que
ce Denis avait fréquemment fabriqué de fausses
traites pour le compte de son patron, peu délicat
lui-mêine. et dont les affaires étaient très embar-
rassées. Après le procès,deux conseillers de la cour
royale ont attentivement examiné l’affaire et con-
clu que les soupçons auraient plus légitimement
atteint Denis Barbier que Mme Lafarge. Il avait
aidé Lafarga à commettre ses fourberies j si -
relui ci était découvert, il partageait son«ort; i’
-- c de I) .is nuit ire • n uëm t m
que Lafarge, et ii y était au secret. N;avait-t-ii pas
pu apporter le poison au moment même de l’envoi
du gâteau ? Lorsque Lafarge est rentré,on a constaté
que la caisse avait déjà été ouverte, et de3 témoios
ont rapporté qu’aprôs sa mort, Denis s’était écrié :
Maintenant je serai le maître !
Mma Lafarge, grâciée après douze ans de captivité,
fut transportée mourante aux bains d’Ursat, où
eue expira peu da mois aprè3.
Indépendamment de sa correspondance, on a
d’elle les Heures de prison, dont nous avons parlé
— un petit volume empreint d’une mélancolie et
d’une résignation profondes — et un drame resté
manuscrit, intitulé Une femme perdue.
le passage de vénüs. — Résultats généraux
des observations. — Les missions astronomiques
qui se sont répandues sur la surface de notre pla-
nète pour observer le passage de Vénus du 6 dé-
cembre dernier ont été généralement favorisées
par un ciel plus clément qu’on ne l’avait d’abord
espéré. En Floride, le colonel Perrier et ses com-
pagnons ont pu observer le passage tout entier,
depuis l’entrée de Vénus sur ie Soleil, jusqu’à ia
sortie, prendre toutes les mesures micrométriques
nécessaires et obtenir le chiffre remarquable de
600 photographies du Soleil. Du Mexique, M. Bou-
quet de la Grye télégraphie de même que sa mis-
sion a remporté un succès complet, et qu’on n’a
pas pris moins de 340 bonnes photographies du
disque solaire pendant le passage. D’Algérie,
M. Janssen écrit qu’il a observé le passage par un
ciel très pur, qu’il a étudié l’atmosphère de Vénus,
spécialement pour savoir si eüe contient de la
vapeur d’eau et qu’i1 a obtenu de grandes photo-
graphie? solaires de 30 centimètres de diamètre.
De ia Martinique, M. Tisserand, moin heureux,
annonce que le premier contact intérieur a pu être
seul bien observé. Nuages ensuite. En Patagonie,
au contraire, c’est la fin du passage qui a pu être
étudiée par M. Perrotin.
L’empereur du Brésil a observé lui-même le pas-
sage à l’observatoire de Rio-Janeiro.
A Buenos-Ayres, MM. Beuf et Perrin ont fait
d’excellentes observations.
D’autre part, les télégrammes de Melbourne nous
ont appris que I observation du même phénomène
a parfaitement réussi ; le ciel était très clair et l’on
a pris vingt-trois photographies échelonnées le
long de la durée du passage de la planète de-
vant le Soleil. A Harvard, plus de 800 mesures
héliométriques ont été faites, ainsi que des ob-
servations spectroscopiques. On nous écrit aussi
de Philadelphie que ies observations ont réus-
si, que les deux premiers contacts ont paru en
avance de quelques secondes ; qu’au moment du
deuxième contact un large faisceau de lumière, af-
fectant la forme d’une corne, a jailli du Soleil au-
tour de ia planète sans l’envelopper d’un cercle, et
que le même phénomène a été visible au troisième
contact.
Les expéditions anglaises ont donné en général
d’excellents résultats. Nos collègues dOutre-
Manche avaient choisi, pour stations, Madagascar,
ie Cap de Bomse-E'pénnce, la Jamaïque, les Bar-
bades et Bermude, combinées pour observer avec le
plus grand intervalle d’espace possible, les instants
précis de i’entréo et de la sortie de la planète de-
vant le Soleil.
On estime que l^i différence du temps noté entre
les stations opposées est d’environ 700 secondes et
que les observations britanniques seules suffiraient
pour vérifier la distance du Soleil avec une approxi-
mation de 300,000 milles aDgiais ; c’est-à-dire de
382,000 kilomètres, ce qui est une fort belle approxi-
mation pour la distance dont il s’agit, cette «is-
tance étant comme on le sait, 148 millions de kilo-
mètres.
M. Langley, directeur de l’Observatoire d’Alle-
gheny (Pensylvanie), a fait les curieuses observa-
tions suivantes :
« Lorsque la planète fat entrée de presque la
moitié de son diamètre sur ie disque solaire, on put
apercevoir son contour extérieur tracé par une
légère auréole lumineuse; de plus, on put aperce-
voir une traînée do lumière s’allongeant 8ur une
longueur de près de 30 degrés de la circonférence
de la planète, et s’étendant, dans l’intérieur de son
disque, depuis sa périphérie jusque vers un quart
de rayon. Cette lumière a été vue par moi à travers
le grand équatorial muni d’un oculaire polarisant
dont lepouvoir grossissant était de 244. J’ai estimé
son angle de position à 178°. «
Dans ie même temps M. Kecler, observant avec
une lunette de 2 1/4 pouces seulement d’ouverture
et un grossissement da soixante-dix fois, aperçut la
même iumière et estima sa position à 168®. L’angle
de position de la planète elle-même sur le disque
solaire était approximativement de 147° ; il en ré-
sulte que cette lumière énigmatique se trouvait au
bout d’une ligne menée du centre du Soleil au cen-
tre cfe Venus
L’observation â été répétée plusieurs fois pen-
dant sept ou huit minutes, maigre les nuages.
Quelle que puisse être son interprétation, cette
observation est certaine en elle-même. Il semble
qu’il n’y ait aucune analogie entre cette tache
brillante bien définie et particulièrement disposée
avec les petites taches centrales que plusieurs
observateurs ont remarquées sur Mercure et Vénus
lorsqu’ils étaient en plein sur le disque scolaire.
On discutera prochainement toutes les observa-
tions.
En France, le ciel est resté généralementcouvert
pendant la journée du 6 décembre, comme ii l’est,
du reste, depuis tant de semaines. A Paris, il nous
a été absolument impossible de distinguer même la
place du Soleil, et les instruments préparés à l’ob-
servatoire de Paris ainsi que celui de Meudon pour
l’observation du passage ont dû rester inoccupés du
commencement à ia fin. Pour compléter notre désap-
pointement, cette capricieuse atmosphère s’est iro-
niquement éclaircie, aussitôt après le coucher du
soleil, et, dès cinq heures et demie, on pouvait voir
brûler au ciel Jupiter, Saturne, ies Pléiades et la
plupart des constéMat’ionB.
‘ Quoique le cieTfût à peu près couvert cette jour-
née-lù sur la France entière, l’Angleterre, la Bel-
gique, l’Allemagne, i’Autriche, l’Itaiie et TE 'pagne,
d’heureuses éclaircies ont pu' permettre à quelques
fe'•vents de constater la présence de Vénus sur le
Soleil, et d’assister à ce rarissime spectacle, qui ne
se renouvellera plas m aintenant qu’en Tan 2004, le
8 juin, de cinq heures à onze heures du matin.
Ainsi, tandis que MM. Tüollon et Gouy, les
savants et habiles observateurs de Nice, s’étaient
rendus en Espagne, à Avila.où ils n’ont absolument
rien pu voir, à Nice même, le ciel s’est montré
assez favorable pour permettre à nos correspon-
dants d’observer l’entrée de Vénus et tout le com-
mencement du pststige.
Le jour même, M. Brun nous télégraphiait :
« Légers stratus, à i ouest. Néanmoins, observé las
contacts et une partie du passage. » Le lendemain,
M. Paul Garnier nous adressait une description
complète du phénomène.
A Orléans, et dans presque tout l’Orléanais, tout
le monde a pu observer le phénomène, grâce à une
éclaircie fort étendue. A Orgères, le docteur Les-
carbault a suivi ie passage depuis 2 h. 9 m. jusqu’à
3 h. 12 m., à l’aida de sa lunette de 5 pouces (135
millimètres), armée d’un grossissant de 250Le
bord du Soleil était ondulant. Lorsque Vénus fut
avancée d’un peu moins de son diamètre, son bord
projeté sur le Soleil parut faiblement frangé, sur le
contour de l’arc engagé, d’une auréole large de
quelques secondes. Quand les trois quarts du dia-
mètre fui ent engagés sur le disque solaire, la frange
lumineuse, d’un jaune grisâtre, faisait le tour com-
plet du cercle noir, même sur le contour extérieur
au Soleil, où elle était encore plus lumineuse. Ce
phénomène persista jusqu’après l’entrée complète.
Je l’attribuecomme vous à i'atmosphère de Vénus. »
A Rome, MM. Tacchini et Millosevich, favorisés
par une heureuse éclaircie, ont obtenu d’excel-
lentes observations.M. Tacchini est parvenu à voir
arriver laplanèteendcho’s du Soleil,surles pointes
aiguës des flammes ctr unosphériques de l’astre ra-
dieux. Peu après le premier contact, M. Millose-
vich s’aperçut le premier de l’atmosphère de Vénus.
A l’aide du spretro^cope, les observateurs ont con-
staté l’absorption produite dans le spectre solaire
par cette atmosphère.
A Palerme, M. Cacciatore a vu l’auréo’e de l’at-
mosphère de Venus en dehors du disque solaire, au
moment de Centrée.et pendant le passage.M. Ricco
a observé, au spectroscope, que cette atmosphère
donnait naissance à une faible raie d’absorption.
A l’Observatoire d’Alger, M. Trépied a fait l’ob-
servation spectroscopique des bords de la planète
dans le but spécial de constater si l’on pourrait re-
marquer quelqu’abiorption élective produite par
l’atmosphère de la pianète ; il déclare qu’il n’a ab-
solument pu rien découvrir. Toutes les lignes du
spectre solaire observées se prolongeaient parfai-
tement nettes, quelquefois très affaiblies, mais tou-
jours de même intensité dans toute leur longueur
jusqu’au bord de Vénus.
Cette observation est en contradiction remar-
quable avec celle de MM. Tacchini et Millosevich
à Rome, ainsi qu’avec celle de M. Ricco à Palerme.
I E • résumé, les observations ont dansé d> bons I
\ -reU .Ui-ifoo les «urerère «prere ■•inenting.-
b n favori ■. -
Outre la vérification de la distance la Soieiî,
elles auront fourni à la science cet autre résultat
non moins intéressant au point de vus de l’astro-
nomie physique, de confirmer l’existence de Y at-
mosphère de Vénus, déjà certifiée par un grand
nombre d’observations antérieures.
Lors du dernier passage (8 décembre 1874), on
avait pu estimer la densité de cette atmosphère,
qui paraît presque deux fois plus épaisse que celle
qne nous respirons, et semble composée des mêmes
gaz que la nôtre. Nos lecteurs savent que la pianète
Vénus a presque exactement les mêmes dimensions
que la Terre, et que sa principale différence avec
notre patrie consiste en ce que ses années sont plus
rapides et ses saisons plus marquées. Mais il semble
que nous pourrions fort bien habiter cette terre
voisine sans y être trop dépaysés. C’est peut-être
là que nous ferons de l’astronomie iors du prochain
passage : le 8 juin 2004.
(Voltaire.) Camille Flammarion.
Voyages et missions. — La Société de géographie
française a reçu les renseignements géographiques
suivants, qu’elle communique aux journaux de
Paris :
« D’après des nouvelles transmises par M. Le-
doulx, consul de France à Zanzibar, M. Giraud,
enseigne de vaisseau de la marine française, allait,
fin décembre, commencer le voyage qu il a projeté
dans l’intérieur de l’Afrique. Il sa serait déjà mis
en route, s’il avait reçu à temps le bateau qu’il a
commandé en Angleterre est qui n’était pas encore
arrivé. Notre compatriote avait employé ce loisir
forcé à l’étude des langues du pays et à de petites
excursions préparatoires.
» C’est du reste ainsi que s’est préparé le docteur
Fisher qui vient de partir de Zanzibar, se proposant
de visiter la redoutable tribu des Massai dont la
réputation de férocité est telle que l’explorateur
n’a pu trouver de porteur sur la côte, et qu’U a dû,
pour réussir à se faire accompagner, organiser une
opération commerciale à laquelle il a intéressé la
plupart des 600 personnes qui ont consenti à le
suivre. Une Société commerciale de Hambourg a
mis une somme de 15,800 marks à la disposition du
docteur Fisher qui consacre en outre à ce voyage
ses ressources personnelles. Il a passé cinq ans à
Zanzibar, étudiant les langues du pays et préparant
l’exploration hardie qu’il va entreprendre.
» Un autre voyageur, le lieutenant allemand
Hissman, parti de Saiat-Paul-de-Loanda sur la côte
occidentale, venait de traverser l’Afrique de l’ouest
à Test.
* Tandis que les membres de la mission envoyée
par le comité allemand de l’Association internatio-
nale africaine pour fonder une station entre Tabora
et Karéma recueillaient des collections d’histoire
naturelle et des informations ethnographiques qui
présentent, paraît-il, beaucoup d’intérêt, le chef de
la station française de TOusaraga, M. le capitaine
Bloyet, ne restait pas inactif : ïl travaillait avec
ardeur à ia triangulation du territoire qui envi-
ronne la station, et il adressait au consulat de Zan-
zibar trois caisses de collections diverses, destinées
au comité français de l’Association internationale
africaine. Cesobjets ont dû être dirigés sur laFrance
dans les premiers jours de décembre.
» Le ministre de l’instruction publique avait en-
voyé un chronomètre pour être transmis à M. Hore
comme témoignage de gratitude du gouvernement
de la République pour les soins empressés dont ce
missionnaire anglais avait entouré l’infortuné abbé
Debaize à ses derniers moments. Ce don a été remis
entre les mains du consul d’Angleterre à Zanzibar ;
l’acte courtois du gouvernement français constate
une fois de plu3 la solidarité existant, sans distinc-
tion de culte ni de nationalité, entre les personnes
généreuses et dévouées qui se consacrent à la dé-
couverte et à la civilisation de l’Afrique.
» Deux stations météorologiques nouvelles ont
été, dans ces derniers temps, établies dans le sud
de la Russie : l’une à Mesène (Europe), l’autre à
Beresow (Asie). La position géographique de ces
deux stations situées à l’ouest et à l’est de l’Oural
et en dehors d8 l’action du Gulf-Stream leur donne
une importance particulière ; de là en effet nous
viennent, ainsi que le mande le colonel Venukoff,
ces vents froids et secs qui de temps en temps
gèlent le surface de l’Europe jusque sur les bords
du Rhin et souvent même plus loin encore à
l’Ouest. »
Chronique judiciaire.
AFFAIRE CAUTEREELS.
Les débats de l’odieux abus de confiance, commis
par le curé d’Hemixem, Cautereeis, se sont terminés
hier devant la 3® chambre correctionnelle de notre
tribunal. Comme nous l’avons déjà annoncé, le pré-
venu faisait defaut, ce qui n’a pas empêché que tous
les témoins ont été entendus, et que l’instruction
s’est faite entièrement, ce dont nous ne pouvons
assez féliciter notre honorable vice-présiden , |M.
Ch. Liebrechts, qui a insi donné au noufo.t-ux
public qui se pressait dans le prétoire, l’occasion
d’apprécier les faits et les gestes de ce person-
nage, digne émule du chanoine Bernard et autres.
La malheureuse veuve Sobry s’etait portée partie
civile. M® Van Calster, en termes indignés, a flétri
la conduite du saint homme qui n’avait pas icraint
d abuser de son ministère pour déterminer la veuve
Sobry à lui confier tout son avoir et avait même
poussé l’audace jusqu’à récèler dans le tabernacie
de l’église les valeurs qu’il avait volées à cette
infortunée ! Plusieurs témoins, entre autres le ser-
rurier auquel il avait fait fracturer la cassette
renfermant i’argent, ensuite une série de créan-
ciers sont venus témoigner contre cet | individu
qui avait jugé prudent de mettre entre lui jet
la justice l’immensité des mers. M. ie sùbsti-
tutde Munter, occupant lesiège du ministère public,
s’est rallié ccomplètement a la partie civile, et a
demandé une sévère et rigoureuse application de
la loi, d’autant plus sévère que le prévenu avait
jusqu’à ce jour fait preuve d’une effronterie et «’un
cynisme réellement inouïs.
Le tribunal a condamné le sieur Cautereels au
maximum de la peina, soit à 5 années de prison
et à l’interdiction pendant 5 années de ses droits
civiques, de plus à restituer à la veuve Sobry la
somme volée de 13,000 francset2000 francs de dom-
mages-intérêts. La contrainte par corps a été fixée
à 6 mois et l’arrestation immédiate a été ordonnée.
Espérons que ce dangereux personnage ne jouira
pas longtemps de l'impunité qu’il s’est assurée, et
que nous le verrons revenir bientôt en compagnie
d’une soi-disante cousine, qui, paraît-il, nelequitte
pas, pour répondre devant notre tribunal du vol
commis par lui au préjudice de la fabrique d’église
d’Hemixem, affaire en ce moment en instruction.
Dans son audience de ce jour, le tr ibunal correc-
tionnel d’Anvers a condamné à 3 mois d’emprison-
nement, du chef d’abus de confiance le sieur Phi 1.
Pot, courtier en marchandises, demeurant Marché
aux Bœufs.
Le procès des anarchistes.a commencé hier au tribu-
nal correctionnel de Lyon.
Au premier rang de la partie réservée au public
sont la princesse Kropotkine, Mme" Gauthier et Ana-
niefl.
Le prince Kropotkine se retourne fréquemment et
échange avec la princesse des signes et des sourires.
Apres la lecture de la citation et de l’appel des
témoins, il a été procédé à l'interrogatoire des inculpés.
Bordât déclare qu’il fait partie de ia fédération ré-
volutionnaire depuis le congrès du Havre de 1876. Il
a, ajoute-t-il, rempli par intérim les fonctions de se-
crétaire-rédacteur de l'Etendard révolutionnaire,
mais il n’a jamais connu le chef da la fédération. Il
s’est trouvé en relations avec E. Reclus pour rédiger
le manifeste révolutionnaire qui donnait le programme
du parti anarchiste.
Il affirme ensuite que l’explosion du Théâtre-Belle-
cour n’est, pas le fait des anarchistes, et dit en termi-
nant, qu'il est autant l’ennemi de l’Etat que l’ennemi
de Dieu.
Bernard reconnaît avoir pris ia parole dans diffé-
rents congrès et réunions et avoir toujours demandé
énergiquement la fondation d’un parti socialiste révo-
lutionnaire. Il avou > également, que les lettres saisies
chez lui étaient de M. E. Reclus et du prince Kropot-
kine.
Gauthier déclare qu’il a fondé les groupes anar-
chistes du Panthéon et du 19® arrondissement et donne
des explications sur la formation de ces groupes. Il
revendique toute la responsabilité de sa propagande
et de ses écrits.
Champal reconnaît, avoir été administrateur du Droit
social et avoir assisté à de nombreuses réunions pu-
bliques ou privées.
Tressaud conteste que nous soyons sous un régime
républicain ; il déclare que la propagation des idées
anacbartistes doit être faite par tous les moyens pos-
sibles, même par une révolution violente. Il ajoute
qu’il était, à Marseille placeur du Révolté. L’incaipé
parle avec énergie et d’un accent convaincu.
La séance est suspendue à 2 heures 30 minutes.
L’audience est reprise à trois heures.
Le prévenu Martin reconnaît appartenir au groupe
dit des « Indignés » de Vienne (Isère).T l a correspondu
avec les journaux et les groupes socialistes au nom
des anarchistes de Vienne. Il a eu à Vienne une entre-
vue avec Kropotkine, en ootobre 1881, et un peu plus
tard, avec Reclus.
Zuida a fait partie du groupe dès « Indignés » de
V:o.-:ne, ai» 8 ui.> fout, s relations avec les anar-
cui i, .i . ville.-, oi-'ine.- L a présidé une réunion à
V irene. mais il n’a pas entendu ce que disaient les ora-
teurs (sic).
Farges est entré dans le groupe des « Indignés »
pour y étudier les questions sociales et la réalisation
des améliorations du sort des travailleurs, pacifique-
ment ou même violemment. Il est allé à Genève où il
étudia particulièrement la question des matières ex-
plosibles.
Genet était aussi membre du cercle des Indignés,
qu’il prenait, dit-il, pour un simpie cabinet de lecture.
Il fut délégué au Congrès de Lyon en 1878, et signa
plusieurs Adresses au gioupe révolutionnaire de
Vienne. Genet, a répondu presque constamment par
des réticences et d’une façon évasive.
Huser a assisté à des réunions anarchistes et a fait
une propagande active.Il est allé à Vienne au nom des
meneurs lyonnais pour y chercher de la dynamite, sui-
vant leurs instructions ; mais il refuse d’indiquer les
noms de ceux qui l’y envoyèrent. L’inculpé se recon-
naît aussi être l’auteur ô’nn placard appelant le peuple
a la vengeance,après les premières arrestations d’anar-
chistes.
Dupoizat déclare qu’il s’est occupé de la création de
la chambre syndicale des travailleurs de Montceâu-les-
Mines. Il avoue également avoir assisté an Congrès de
Saint Etienne. Il était au Magny, prés de Montcean
le dépositaire du Droit social, mais il nie être l’auteur
des communications faites à Y Etendard révolution-
naire, malgré les déclarations des experts en écriture
de Lyon et de Paris.
1 II reçut Bordât chez lui à l’époque des troubles de
Montceau, et on trouva chez lui une liste de souscrip-
tions au profit de Bordât. Ce prévenu sera défendu par
M° Laguerre.
Le procureur de la république lit une longue lettre
de Peillon à Bernard, où il donne des détails sur la
situation des socialistes et des anarchistes à Lyon et
sur le progrès des idées révolutionnaires.
L’audience est renvoyée au lendemain.
(Par voie télégraphique).
Lyon, 9 janvier.
Interrogatoire du prince Kropotkine. Il réoond avec
assurance qu’il a toujours travaillé à la consolidation
du parti anarchiste «t à la diffusion des idées anar-
chistes Il dénie a un tribunal français le droit d'exa-
miner ses actes à l'étranger II avoue qu’il a coopéré
â la création d’une association internationale de tra-
vailleurs et dit que quand un parti est placé dans l’al-
ternative ou de disparaître ou d’employer la dynamite,
il emploie la dynamite.
Il ajoute : « Vous avez applaudi Vera Zassoulitch en
France. » Le président et le ministère publie pro-
testent. Ils disent que l'acte de Vera Zassoulitch fut
un assassinat.
Le prince Kropotkine réplique que Vera fut acquittée
par le jury.
Le prince reconnaît qu’il a été chargé de représenter
la Fédération lyonnaise au congrès de Loudres, mais
il nie avoir parlé en son nom. Il dit qu'il a été expulsé
de la Suisse sur la demande de la Russie pour avoir
protesté contre la pendaison de Sophie Perowskaia,
complice de l’assassinat du Czar.
Le président lit deux lettres du prince Kropotkine
adressées de Thonon à Pejol, tisseur, à Lyon, en date
du 9 novembre 1881. Le prince y annonçait un voyage
à Paris et à Londres et l’infontion de s’arrêter à Lyon
et à Saint-Etienne pour y faire la connaissance d’amis
politiques et y causer dès intérêts du parti anarchiste.
L’accusé reconnaît également avoir prêché les idées
anarchistes dans une réunion à Lyon.
Le président lni reproche d’avoir violé l'hospitalité
française. Le prince Kropotkine dit qu’il ne le croit
pas. Il ajoute qu’il instruisait la peuple. Il reconnaît
avoir été à Vienne voir d’autres anarchistes, entre
autres Elisée Reclus, avec qui ii s’était entretenu, et
il avoue qu’il est allé faire une conférence à Saint-
Etienne devant 250 oüvriers.
Le président lit plusieurs lettres prouvant l’exis-
tence de relations entre Kropotkine et divers anar-
chistes de la région de Lyon. L’interrogatoire est
terminé â 4 h. 10.
acta sanctorum. — La cour d’assises de Chalon-
sur-Saône vient déjuger l’affaire de l’abbé Cholou,
curé des Guerreaux, pour suivi pour attentats à la
pudeur.
Après de longs débats, le saint homme a été con-
damné à cinq ans de prison.
Kféerologie.
Le 2 janvier est décédé à Anvers, à l’âge de 48
ans, un de nos artistes le3 plus estimés : Egide
François Leemans. Ses funérailles ont été célébrées
au milieu d’un concours nombreux de camarades
et d’amis. Le discours que le président de ia Sec-
tion des Arts plastiques du Cercle Artistique a
prononcé sur sa tomb9, résume la carrière du re-
gretté Leemans :
Messieurs,
Lorsque vous avez appris la mort si inattendue de
François Leemans, votre émotion aura été aussi
grande que la mienne. Nous le savions souffrant, mais
rien ne pouvait faire prévoir une catastrophe si pré-
cipitée. Il y a quelques jours, il était encore parmi
nous. D’aucuns l’ont vu et entretenu dans la matinée
même du jour fatal.
Quitter la vie lorsqu’aprôs avoir consacré tonte son
existence à l’étude, au moment où Ton prévoit que
tous ces arides travaux, ces labeurs incessants, ces
peines et ces découragements inhérents aux débuts de
la carrière d’artiste, la récompense est ià qui nous-at-
tend : lorsqu’à côte de soi ou a sa vieille mère que l’on
chérit autant qu’elle vous aime, dont on est le bon-
heur, la vie, le seul espoir, que dis-je, le seul soutien,
cette pensée si elle n’est pins cruelle que la mort même,
doit la rendre encore pins effroyable. C’est le sort qui
était reservé à notre malheureux ooliôgue. ,
Vous apprécierez Messieurs, que préoccupé de ces
douloureuses pensées, je dois faire un effort sur moi-
même pour me rappeler que ce n’est pas l’amitié ou
les sentiments de l’homme qui doivent seuls dicter mes
paroles ; Président de? artistes, en attendant que la
postérité juge, et avant que cette tombe se ferme à
jamais, je dois évoquer le souvenir de l’artiste.
Egide François Leemans Daquit à Anvers en 1839.
Il était le fils de Leemans, le restaurateur de notre
Musée, que tous les élèves fréquentant notre Acadé-
mie à cette époque ont si bien connu. — Elevé par son
père afin de pouvoir l’aider dans ses travaux et pour-
suivre la même carrière, il dut, l’abandonner après la
mort presque subite de ce dernier.
Ce travail qui consiste à restaurer, à retoucher les
œuvres des grands maîtres l’avait de bonne heure ini-
tié aux mystères de tous les procédés au moyen
desquels on finit par reproduire l’aspect de chacun
d’eux.
Il était encore tout jeune qu’il imitait à s’y tromper
les clairs de lune de Van der Neer, qui déjà était son
maître de p édilection.
La fréquenta; ion des ateliers de Jacobs et surtout da
Leys (qui Técoutait volontiers rappeler les apprécia-
tio'n du père Leemans sur les différent? systèmes da
préparations de couleurs, d’huile ou de vernis dont
devaient sa servir, suppose-t-on, les anciens maîtres),
fit naître en lui un sentiment artistique qui le poussa à
avoir sou originalité propre, en un mot a être lui.
Un voyage qu’il fit sur les bords du Waal et de la
Meuse, de Nimêgue à Dordrecht, décida du genrs
qu’il adopta définitivement. A chaque pas dans ce pays
si mélancoliquement poétique, on croit.revoir dans la
nature les œuvres des grands artistes qui ont cultivé
ce genre — surtout par les nuits brumeuses, lors-
qu’entre des nuages lourds et opaques, J a lune glisse
un de ses rayons fantastiques, d’une scintillation ar-
gentée et qui fait miroiter ia profondeur des eaux,que
sur la rive on distingua vaguement dans la pénombre la
silhouette de ees châteaux mystérieux, restes de la
féodalité et parmi lesquels s’élève encore haut et ter-
rible l’historique castel de Loewèstyne, habitation de
Hugo de Groot ; estompées dans le fond les tours car-
rées de Bommel et de Rosiem, et la nature vous aura
rendu une œuvre splendide de Van der Neer, devant
laquelle l’imagination de Leemans dut rester confon-
due.
L’impression qu’il en ressentit fut même telle que
dans les années qui suivirent, il produisit dans ce
genre un grand nombre de tableaux qui lui valurent
de vrais succès dans les différentes Expositions;
Plus tard l’impression poétique que lui avait laissée
la nature hollandaise, il la ressentit de nouveau à la
vue des canauxsi pittoresques de Gand et d’Anvers.—
Ce furent ses dernières inspirations qui lui méritèrent
ses plus francs succès, et tout dernièrement lui firent
obtenir au Salon d’Anvers la médaille d’or et l’honneur
de voir figurer une de ses œuvres au Musée moderne
d’Anvers. — Un grand nombre de ses toiles, toutes du
même genre, ornent les cabinets de nos principaux
amateurs.
Entretemps, U exécuta avec un de ses collègues le
grand Diorama de Lourdes, dont il peignit le paysage
avec une véritable maestria.
Tout présageait enfin le plus brillant avenir, mais
une maladie horrible le minait ; il la dominait cepen-
dant par la volonté du travail et son énergique persé-
vérance à rester dans la lutte avec ses collègues ; la
mort seule l’empêcha d’achever son œuvre.
Et maintenant. Messieurs, que j’ai rempli mon de-
voir, en retraçant en peu de mots la carrière dé l’ar-
tiste, l’ami, le collègue, dans une dernière pensée de
douleur et de regret, ne peut exprimer les sentiments
cruels dont nous avons tous été affectés par la mort de
Le imans, qu’en les résumant dans cette expression
qui caractérise la séparation éternelle : Adieu ! et
reposez en paix !
Adieu, ami ! adieu, cher collègue, adieu I
ConvoceUons et inforinaîIonB.
SOCIÉTÉ COMMERCIAUE, INDUSTRIELLE ET MARITIME.
— chambre arbitrale des pétroles. — Jeudi 11 janvier
1883. séance obligatoire, à 2 heures de relevée, dans la
grande salle de la Bourse.
chambre arbitrale des vins.— Jeudi il janvier 1883,
séance obligatoire, à 2 1/2 heures de relevée, dans la
grande salle de la Bourse.
Section des laines. — Séance vendredi 12 janvier
1883, à 2 heures de relevée, dans la grande salle de la
Bourse. |