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1834. — X* 314.
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LE
Chsi
l ' «« BW i> K PAKTS O'A.WEUS : Pour Mali n. et Kruxcil. k 6-35. 9-40 Expres, II,
D8CD1D CB Per. 2,so, 4-15, 7. 8-50. — Terni, et Gand, 6-55, 11, 2-50 R, t-!5, 7. — Alost,
nniff Ont (i 35, H. 2-50 E., 4-15. — Court., Mouse., Tourn. et Lille, 0-7(5, U, 4-15.—Cal.,
i il 4-i:>. — L-miy., 6-55. 11,2.50, 7, 8-50 R. — Tirl., 0 35, 9-40ff., 11, 2-50,7, 8 50 R. -
,‘n(t st-Trond ei ll.tss., 0-35, H,2 50.—Lié*e, 0 33 9-40 E., 11,2-50,8-50, Ver*.. Aix-la-
CbapV,Col.,0-35,9-40 E, 2-50,8 50 E.— Glaubach, Dusseldorf, Crefeld, Kuhrort, 9-40 E.
\U~rr, . D’Anvers nar Keveren, St-Nieolas L •koren et Gand, 6 50,9-00, 1 >, 3, 6.—
S u8 Wü05 • De Gand, 0-20, 9-10, il, 2-15,5 50.
Pays
. D'Anvers pour Breda, (Ju lenbosch, 7.7(0, 9.45, fi Oudcnbosch et Etlen),
• 5.'0. — De Breda. 6.05, 9-10 d’Etten, 11-50.5.10.
Â1VTERS, Vendredi 10 novembre.
Dix-Neuvieme aimée.
in mrwiTri
*RECUlt»
Journal Politique, Commercial, Maritime el Lilléraire.
PAIX. - LIBERTÉ. — PROGRÈS.
s
Tout ce qui concerne la Rédaction ou l'Administration s'adresse aux
Propriétaires dit PRECURSEUR, MM. Dewever Frères .rue de l'Amman,
N° 1236.
Alïinnpmpnt? (,Au F’"’**" d» Précurseur et chez tous les Directeurs des Postes.Pour Anvers
iiuuuuüUio.no. fr. H-’iOpar trimestre. Pour tout le reste delà Belgique, franc de pnrl le.
CS. Pour la Hollande fr. |7: I Angleterre, fr. lu ; la France, fr. 22 ; l’Allemagne, fr. tfci • ’les
Ftats-Unis, le Brésil. Iph Indes, ete.,fr.27-50.
On s'abonne à L'jndre* cher. M. W. Thomas 10. Catherino Street, strand, et chea M. E. Du-
mouri* r, 5Tt oks Court CDancery lane. x '
ns. 25 «"intimes ta lijrne. —Kspt.»uf$i, 50 centimes.
10 Novembre.
BULLETIN POLITIQUE.
Le Moniteur français est complètement muet aujourd'hui sur les
affaires d’Orient. 11 paraît certain, d’après les dépêches privées, que
le 2 l’assaut n’avait pas été livré, ce qui, du reste, n’a rien d’étonnant
si comme l’annonçaient les dernières nouvelles, les français ne sont
entrés que le 27 dans une tranchée à 400 mètres de la place. 11 faut
ordinairement que l’on soit arrivé à 50 mètres d’une place pour faire
nn assaut. Or, on a vu avec combien de peine avancent les travaux de
tranchée, qui sont exécutés dans un terrain crayeux et rocheux. Le 2
novembre,au surplus, n’élaitque le 23e jour de tranchée et un siège
régulier peut se prolonger jusqu’à 40 jours
Quelques dépêches publiées par les journaux anglais répètent avec
des variantes des faits déjà connus.«Tout allait lentement,maisbien,»
dit une dépêche de lialaclava du 26, publiée par le Times. Deux dé-
pêches, données par le Daily News et par le Morniny Advertiser,
prétendent, la première, que le général Liprandi gênait le flanc de
l’armée assiégeante ; la deuxième, que le prince Menschikoff attend
de nouveaux renforts de Pcrecop, et qu’à leur arrivée il prendra l’of-
fensive.
Lesarmées alliées sont, de leur côté, incessamment renforcées. De
nouvelles troupes sont expédiées de Constantinople. Les journaux
anglais annoncent que de nouveaux régimens ont reçu l’ordre de par-
tir de Malte, et il est question d’envoyer d’Angleterre même des ren-
forts notables à la cavalerie britannique.
L’armée assiégeante se compose maintenant de 60,0fl0 français dont
30,000 hommes de cavalerie, de 30,000 anglais et de 14,000 turcs ; elle
recevra avant la fin de novembre plus de 20,000 hommes de renforts
de France, 12,000 turcs,égyliens et 15 ou 20,000 anglais. On aura donc
une armée de 130 à 160,000 hommes, dont un tiers suffira grandement
pour continuer s’il le faut le bombardement de Sébastopol, tandis que
le reste pourra poursuivre les troupes russes et leur livrer bataille.
Un conseil des ministres, convoqué par lord Aberdeen à la suite de
dépêches non publiées de lord Raglan,et qui a dû se réunir hier jeudi,
préoccupe le public anglais, impatient d’apprendre la solution des
opérations du siège et qui voit dans cette réunion extraordinaire et
précipitée des membres du gouvernement, l’indice de complications
sérieuses et imprévues. On se dit que si lord Raglan n’avait envoyé que
de bonnes nouvelles, lord Aberdeen n’aurait pas convoqué ses col-
lègues. Un journal de Londres annonce même comme positive une
prochaine visite de lord Palmerston à l’empereur , à Paris, pour
s’entendre avec lui sur les nouvelles mesures à prendre, alin d’activer
la solution des affaires d’Orient. On aurait perdu tout espoir d’amener
le czar à des idées de paix, même après la perte île la Crimée,
et par suite, il s’agirait de faire entrer la politique anglo-fran-
çaise dans une voie plus belliqueuse que par le passé. Telles sont en
substance les bruits qui préoccupent l’opinion publique en Angleterre
el qui pèsent en ce moment sur la tenue des fonds publics.
Les dernières dépêches russes ayant annonce que les artilleurs
russes étaient abattus par les chasseurs, dès qu'ils se montraient
aux embrasures, nous croyons qu’il n’est pas sans intérêt de dire
quelques mots de la carabine à tige dont il est, d’ailleurs, si souvent
parlé depuis l’ouverture de la campagne de Crimée. Cette carabine,
adoptée en 1846, est à canon rayé ayant sur la face intérieure du bou-
ton de culasse une tige autour de laquelle se répartit la charge de
poudre et sur laquelle la balle est forcée, au moyen d’une baguette
évidée en cône creux. La balle est eylindro-conique ; sur le canon est
placée une hausse graduée pour viser jusqu’à mille mètres. Un tireur
exercé' louche le but une fois sur deux à trois eent mètres.
La Gazette de Londres publie une dépêche de l’amiral Napier, datée
du Duc de H'eUington, en vue de Haro Sund,ie 21 octobre,par laquelle
il annonce qu’à partir de ce jour il a levé te biocus établi sur les ports
clivants : archipel d’Aland, Nystad, Ryarneborg, Christiansladt, Wara,
lies Walgrund, Petil-Carleby, Jacobstadt, Grand-Carleby, Lotto, Kala-
joki, Braheslad, Uicaborg, lie Carie, Zjoljestila, Kami, et les ports
russes intermédiaires jusqu’à Ncdcr-Tornea.
D’après les dernières correspondances d’Allemagne, le gouverne-
ment autrichien se serait déclaré d’accord avec la Prusse sur l’ajourne-
ment de la délibération ultérieure de la diète germanique au sujet de
la position à prendre par les états allemands, dans la question de la
guerre, jusqu’à l’arrivée de la réponse de St-Pétcrsbourg sur la
dernière dépêche prussienne.
Les nouvelles de Stockholm (Suède) du 2 novembre, annoncent
que les propositions soumises à la dièteausujet de la construction d’un
chemin de fer et de l’augmentation du petit crédit jusqu'à 2 1/2
millions de lhalers banco, ont été adoptées le lr novembre par l’Etat
de la noblesse et par celui du clergé.
I.e télégraphe électrique a apporté, à Paris, le discours prononcé le
8 par la reine d’Espagne, à l’ouverture des Cortès. C’est le Moniteur
Français qui en a eu la primeur et auquel nous l’empruntons, en fesant
remarquer qu’il doit y avoir erreur ou omission dans le premier para-
graphe, dont une phrase est complètement inintelligible. Au reste,
comme tous les documens de ce genre, il ne contient que des généra-
litéset des banalités ; il n’indique d’une manière précise ni les bases
de la constitution.ni même aucune réforme de détail.La reine remercie
le peuple « de son admirable conduite. » Elle respecte comme elle res-
pectera toujours les droits et la liberté de ianation Les représentons
du pays « combleront l’abîme des luttes et.des discordes. »
Le discours sc termine par un appel à l’union et à l’oubli. « Peut-
etre nous sommes-nous tous trompés. Désormais, efforçons-nous
tous de réussir. Faites en sorte que l’Europe admire encore une fois le
FEUILLETON DU PRECURSEUR.
Les Tirailleurs dû Mexique. '
(The rifle rangers.)
Traduit lit l'anglais du eapiiaine MAYNE RËiû.
C II A P IT R E LXIV ET DE R N 1ER. — Au Eevoir.
Peu de temps après l’aventure qui fait l’objet des chapitres précé-
dents, et qui guérit pour quelque temps mon pauvre ami Taplin de sa
passion pour les points de vue, les Ri/Ic Rangers reçurent l’ordre de
retourner à Jalapa.
ffjayley était complètement rétabli, et j’eus la joie de retrouver sa
société qui m’est si chère à tant de titres. Mais ni la présence de cet
ami, ni les sourires hospitaliers des belles Jalapenas, ne suffisaient à
me vendre heureux. Mes pensées, mes désirs, mes regrels étaient ail-
leurs; ils étaient auprès de la Guadeloupe que je commençais à crain-
ur® (|e ne plus jamais revoir.
Le sort, toutefois, avait décidé que cette consolation tant enviée, ne
me serait pas ravie.
Un jour ijue j’étais attablé devant un verre de vin d’Espagne, avec
Gjaylcy et quelques joyeux camarades, à la fonda dos diligences, l’hô-
j!y principal de Jalapa, le petit Jack vint mystérieusement me toucher
'épaule, et murmura à mon oreille :
~ Capitaine, il y a là un Mexicain qui vous demande.
— Qui cela ? dcmandai-ie, quelque lieu impatienté de ce dérange-
ment.
~ Ç est Je frère, répondit Jack toujours à voix basse.
~ ['c hère ! Quel frère ?
J~ l-e frère des jeunes demoiselles, capitaine.
Je me levai si brusquement que dans ma précipitation je renvoi
Fh?ra*ect Quelques verres qui sc trouvaient devant moi.
j™; Prenez, donc garde ! que diable a-t-il? s’écrièrent une dizaine
s’indignant à Funisson.
— Messieurs, veuillez m’excuser, dis-je, je sors un moment...
)u--..ie ..
j ~~ "'ep, bien, allez ! me crièrent mes compagnons, tout intrigués
P? ljui pouvait m’obliger à les quitter si précipitamment.
^instant après j’étais dans Yante-satu, embrassant Narcisso.
__ bt vous êtes tous ici ? Depuis quand ?
m„i “"Puis hier, capitaine. J’étais venu à la ville pour vous voir,
— p.nîa *3é impossible de vous trouver.
_ « famille va bien ? Tout le monde ?
avn„ ,T-caPitaine. Papa espère que vous viendrez le voir ce soir,
~ le,lieutenant et l’autre officier,
yy autre officier ! qui cela, Narcisso ?
vmT„ !iense que c’est ce gros rouge qui vous accompagnait lors de
'°be première visite à la Virgen.
ÏCn A1'; le major! uni, oui, il viendra. Mais qu’êtes-vous donc de-
v j’, arc|sso, depuis notre.dernière rencontre?
(la‘ns j® sommes allés à Onzava. Mon père a des plantations de tabac
énnm. ^"virons,et il a l’habitude de les visiter tous les ans vers cette
vos
fait la
pris
é'pomi > »nvirons,et d a l’habitude do les visiter tous les ans vers c
sûklai°' ^°US avons été bien étonnés capitaine, d’apprendre par
routeHuc vous av‘07- été fait prisonnier et que vous avez fai
RUelaup eAnou®’ No*ls savions bien que les guérilleros avaient pris
hnr.L n , ,'éricains, ma's nous étions à cent lieues de songer à vous,
lül‘imbajji nous l'avions deviné!
V***: 'oir notre n° du 8 novembre.
’ ''Production de celte traduction est interdite.)
tableau consolant d’une reine qui, sans hésiter, s'est jetée dans les
bras de son peuple, et d’un peuple qui, tout en assurant ses libertés,
répond à l’appel de sa reine connue le plus brave, le plus noble et le
plus chevaleresque de tous les peuples. »
Aucun des projets de loi que les cortôs auront à discuter n’est indi-
qué dans le discours.
Les correspondances de Madrid du 5 annoncent que les jésuites du
couvent de Loyola viennent de recevoir Tordre de partir pour Ma-
jorque.
Dépêches télégraphiques.
Londres, 10 novembre, au matin.
Consolidés 94 lj8 ; 3 0[0 différée 18 1 [4. .
Séance de la Chambre.
La Chambre des Représentants a continué hier la vérifi-
cation des pouvoirs des députés qui ont été nommés au mois
de juin. Elle a successivement approuvé les élections d’Ar-
lon, de Roulers, de Thielt et d’Ypres.
Un rapport a été présenté sur celles de Bastogne, où des
contestations se sont élevées sur la validité des suffrages
donnés à M.Lamblin, qui l’a emporté sur M. d’Hoffsehmidt.
Les conclusions tendent à maintenir le résultat. La discus-
sion aura lieu aujourd’hui.
Un autre rapport a été lu par M. Charles Rousselle, sur
l’élection de Marche. Cette pièce a dû être renvoyée tt la
commission, parce que l’on s’était borné ù relater des faitè
sans rien conclure.
C’est aujourd’hui seulement que M. de Nayer soumettra
son rapport à la Chambre, sur les cas de nullité qu’ont pro-
duits les pétitionnaires d’Anvers, contre l’élection de M.
Dcllafaille.
L'Emancipation annonce que ce rapport eoncluera à l’ad-
mission de M. Dcllafaille.
Sénat.
Le Sénat a discuté hier et adopté à une très grande ma-
jorité le projet d’adresse, en réponsemu discours de la Cou-
ronne.
Dès le commencement de la séance, M. Van Schoor a
interpellé le ministère sur des mesures d’expulsion qui ont
été prises contre quelques réfugiés politiques etnotam-,
ment contre le colonel Charras. MM. les ministres de la
justice et des affaires étrangères ne sont entrés à cet égard
dans aucune explication bien précise. Us se sont renfer-
més dans l’obligation qu’ils croient avoir et dont ils sont
juges, d’intc lire le séjour de la Belgique aux étrangers
dont la présence pourrait être de quelque inconvénient sé-
rieux pour le pays, en certaines circonstances. M. de
Brouckere a affirmé que ce n’est à l’instigation d’aucun
gouvernement étranger que les permis de séjour accordés
tt dos réfugiés politiques avaient été retirés à quelques-uns
d’entre eux, mais uniquement dans un intérêt public.
Cet incident n’a pas eu de suite, et l’assemblée a abordé
la discussion des paragraphes du projet d’adresse. Il n’y
en aguères qu’un seul qui ait donné lieu à des observa-
tions sérieuses, c’est celui a qui a trait à l’enseignement.
Tl se trouve singulièrement modifié dans le travail delà
commission. Voici comment l’a rédigé M. d’Anethan :
«L’instruction,.coin me le (lit avec une si haute raison Votre Majesté,
est un grand intérêt social ; de l’instruction dépend en effet l’avenir
de lu jeunesse, c’est à dire l’avenir du pays. Toutes les lois qui règlent
cet important objet, peuvent maintenant recevoir une exécution con-
forme à tcur esprit, grâce aux mesures sages et. conciliantes qui ont été
adoptées H qui ont déjà obtenu l’approbation des Chambres.
» La loi sur l’organisaiion du jury d’examen pour l’enseignement
supérieur sera accueillie par le Sénat, si elle favorise le développe-
ment des études et maintient intact le principe de ta liberté <tensei-
gnement. »
Ces paroles ont une portée sur laquelle il n’est pas per-
mis de se méprendre et que n’avaient nullement celles qui
se trouvaient dans le discours prononcé par le Roi. Aussi,
M. le ministre de l’intérieur lui-même a-t-il cru devoir pré-
venir l’assemblée contre le caractère trop absolu que M.
d’Anethan attribuait à l’approbation du réglement d’Anvers
jiar les Chambres. ï! a dit que le gouvernement n’y voyait
aucune obligation pour personne; qu’il entendait laisser
aux communes toute leur liberté, au clergé toute la sienne,
et garder pour lui-même celle qui lui revient. De sorte que,
selon lui, tout arrangement, qu’il soit semblable à celui
d’Anvers, ou qu’il en diffère, demeure un acte isolé. Cette
question se présenterait ainsi sous un nouvel aspect.
M. Van Schoor a insisté de nouveau, pour qu’il fût ins-
crit dans les réglements à établir que l’instruction reli-
— Mais comment sc faisait-il que vous fussiez avec la guérilla ?
— Ah ! voilà : Papa avait quelques objets précieux à transporter; il
s’est associé avec quelques familles du voisinage, et a payé un certain
tribut au colonel Genobio pour nous envoyer une escorte. Il y a tant
de voleurs dans le pays !
— Je crois bien ! mais dites-moi, Narcisso, d’où m’est venu ceci.
Et je lui montrai le couteau retrouvé sur le cadavre de l’espion
mexicain tué à la Virgen.
— Je n’en sais rien, capitaine. Je suis honteux de devoir vous
avouer que je l’ai perdu le jour même où vous me l’aviez donné.
— Ce n’est rien. Reprencz-le, et dites à votre père que nous irons
le voir tout à l’heure.
— Je vais vous indiquer le chemin, capitaine. Notre maison est là-
bas.
Et le jeune homme me désigna du doigt une maison d’aristocrati-
que apparence, dont les tourelles blanches dominaient un petit bois,
à un mille environ de la ville.
— Je la trouverai sans peine.
— Adieu, donc, capitaine ; nous vous attendons avec une vive im-
patience, faites-vite ! Ilasla ta Sarde!
Et, sur ce, le jeune homme disparut dans la direction de la hacienda
paternelle.
Je rentrai pour faire paît à Clayley decette bonne nouvelle inatten-
due, et saisissant ie premier prétexte venu, nous laissâmes nos
compagnons achever la fête sans nous, et nous sortîmes pour courir
où nous appelait l’amour, où nous poussait l’impatience.
Le soleil descendait lentement derrière les sierros d’Atocho ; au
moment de monter à cheval, je me rappelai la promesse que j’avais
faite d’emmener le major Blossom. Clayley qui n’avait pas grande
sympathie pour le gros jurcur, voulait le laisser, se faisant fort de
donner à notre ancien ami de très convenables excuses pour justifier
son absence ; niais l'idée nous vint que le major Blossom pourrait nous
être fort utile pour occuper l’attention de don Cosmé et de sa femme
tandis que nous serions occupés ailleurs. Cette idee lit changer immé-
diatement la tactique du lieutenant et nous courûmes à la tente de
Blossom pour le prévenir.
Nous n’eûmes par grand’peincà le persuader de nous accompagner,
dès qu’il sût où il s’agissait de le conduire. Il n’avait pas oublié 1e fa-
buleux dîner de la Virgen. Hercule fut bientôt sellé et bridé, et nous
partîmes tous trois au galop pour la maison de nos amis.
Nous suivîmes la route bordée de pins touffus et de haies fleuries
qui conduisait à la hacienda, une des plus coquettes résidences de
campagne que j’aie vue de ma vie. Nous arrivions à temps pour voir
ie soleil couchant dorer de ses rayons empourprés cette belle nature
toujours verte ; et, ce qui réjouit bien davantage l’esprit positif du
bon major, nous arrivions à temps pour prendre part à un somptueux
festin préparé à notre honneur.
Comme je l’avais prévu, le major nous fut d’un grand secours pen-
dant cette visite. En sa qualité (ie quartier-maître, il avait eu l’occa-
sion d'apprendre quelques bouts de conversations espagnoles , et en
savait assez pour causer avec don Cosmé des qualités de son vin , de
ses gâteaux et de scs fruits, tandis que Clayley et moi nous emmenions
Lupe et Luz dans la verandah pour admirer le clair de lure. L’astre
blafard, on s’en doute bien, n’était qu’un prétexte pour amener une
promenade dans les jardins. Il y avait là une tonnelle couverte d’oran-
gers dont l’ombrage énivranl semblait fait pour cacher les entretiens
d’amour. Nous y fûmes bientôt. Quelle soirée ! quelle nuit ! Je ne
l'oublierai de ma vie.
Une nappe do lumière argentée ruisselait sur nos têtes; l’air était
plein de senteurs voluptueuses; les grappes blanches de l’oranger se
balançaient au souffle de la nuit, et mariaient leur odeur suave au
parfum plus pénétrant des iris de marais, posées au bout de leurs lan-
ces vertes comme des papillons d’azur.
j’étais ravi, transporté; je trouvai des accents émus et d'une élo-
quence persuasive. Lupe, dont la forme élégante et pure se détachait
sur le fond sombre de la tonnelle comme une statue d’albâtre , posait
nonchalamment son bras moite et froid sur le mien.
Le rossignol lançait dans le feuillage les notes ailées et étincelantes
de sa cavaline amoureuse. Nous l’écoutions sans parler, oubliant les
périls passés, les périls futurs, tout entiers à notre passion.
gieuse serait donnée aux élèves des cultes dissidents, tout SiMe de compter sur eux, attendu qu’ils auraient à grand-
aussi bien qu’aux enfants catholiques. Il a soutenu égale- pe ne de quoi se suffire à eux-mêmes,
ment, d’accord avec M. Piercot et contrairement à l’idée • Sous ce rapport aussi le"gouvernement s’est chargé de
de M. d’Anethan, que les Chambres, en approuvant le prin- ‘ leur prouver qu’ils se livraient, comme à plaisir, à des exa-
cipe de la convention d’Anvers, n’avaient pas posé un acte 1 gérations que les fait s étaient loin de jusülier. Il a publié
sur lequel tout un système pût être érigé. | les renseignements que venaient de iui adresser trois de
Les autres paragraphes n’ont donné lieu àaucuns débats, j ses agents consulaires, bien placés pour pouvoir apprécier
M. Grenier-Lefebvre a été nommé deuxième vice-prési- | en pleine connaissance de cause la véritable situation des
dent, en remplacement de M. de Renesse. Le Sénat s’est i récoltes dans l’Amérique du Nord. Un d’eux réside à New-
ojourné indéfiniment.
Nous avons parlé hier d’une pétition adressée d’Anvers il
la Chambre des Représentants, pour demander l’annulation
du scrutin de ballotage qui a amené l’élection de M. Della-
l'aille.
Ce que demandent les pétitionnaires, ce n’est point
comme on aurait pu le supposer à tort, un nouveau ballo-
tage, mais une élection entièrement nouvelle, pour le cin-
quième député d’Anvers.
Qnoslioii des denrées.
Il est dit, dans le discours du roi, que le gouvernement
proposera aux Chambres les mesures qu’il jugera propres
à améliorer la situation alimentaire du pays.
%, Ces mesures, quelles sont-elles ? Formeront-elles un en-
semble ou seront-elles prises isolément ? Seront-elles tou-
tes immédiates ou successives ? C’est ce que l’on ne sait
pas encore. On ignore également quel en sera le caractère.
Le cabinet ne s’est pas expliqué jusqu’à ce jour à ce sujet.
Toutefois la conduite qu’il a tenue dans ces derniers temps
permet de penser qu’il ne cédera point aux obsessions des
prohibitionnistes.
Il a pris soin, en effet, de publier lui-même des docu-
ments officiels qui renversent leurs raisonnements et ré-
duisent à néant leurs assertions.
Ils prétendaient que l’exportation du blé indigène devait
amener la famine en Belgique. Il n’a eu besoin, pour mon-
trer dans quelle erreur ils versaient et combien ils avaient
tort de jeter si inopportunément l’inquiétude dans l’esprit
crédule du peuple, que de mettre sous les yeux de tout le
monde les tableaux comparatifs de l’importation et de l’ex-
portation des grains. Us constatent clair comme le jour,
sans qu’il soit permis de le contester, que la Belgique n’a
cessé de recevoir beaucoup plus de céréales étrangères
qu’elle n’en a fourni des siennes à l’étranger. Les protec-
tionnistes ne peuvent le nier. Auesi ne le tentent-ils pas,
mais ils objectent que s’il eu a été ainsi jusqu’à présent,
rien ne nous garantit que le mouvement commercial s’opé-
rera dans le même sens, et qu’il pourrait arriver qu’au lieu
d’importer plus de grains que nous n’en exportons, nous
en livrions plus aux autres pays qu’ils ne nous en enver-
ra ieni.
Iis ont un genre de probabilités et de possibilités qui
leur est particulier et qu’ils emploient, quand ils sont à
bout de ressources. Ainsi, dans le parti auquel ils appar-
tiennent généralement, il y a des gens impuissants à trou-
ver quelquechose de plausiblecoutre les hommes politiques
qui ne sont pas de leur bord : à quel expédient ont-ils re-
cours? — Us avouent ce qu’ils ne peuvent nier; ils ne mé-
connaissent. ni les qualités de leurs adversaires, ni les ser-
vices qu’ils ont rendus. Ils sebornentàles amoindrir autant
qu’il dépend d’eux, puis iis viennent vous dire : ils ont
marché dans la bonne voie, nous en convenons ; mais qui
nous garantit qu’ils n’en changeront pas? c’est un argument
absurde, il est vrai, mais il ne s’en est pas moins produit
plus d’une fois, à Anvers même, dans ces derniers temps.
L’objection des protectionnistes est donc dénuée de
tout fondement et les faits qui se succèdent prouvent jus-
qu’à la dernière évidence qu’il n’est pas raisonnable do
supposer même que jamais, dans notre pays, l’exportation
puisse dépasser, ni même égaler à beaucoup près, l’impor-
tation des céréales. Le tableau que nous avons reproduit
hier, d’après le Moniteur, eti fait foi. Ainsi, du 21 au 31
octobre il a été importé plus de cinq millions de kil. de
froment, il n’e t a été exporté qu’environ six cent mille. Ces
chiffres appliqués aux dix premiers mois de l’année se
retrouvent dans les mêmes proportions. On voit donc bien
que les craintes manifestées à ce sujet sont sans motif,
purement chimériques.
Les protectionnistes prétendaient aussi que, les récoltes
ayant été très défectueuses aux Etats-Unis, il était impos-
ork; un autre, à ümcinnati; le troisième, àPhiladelphied !
Or, ils sont tous trois d’accord sur ce point essentiel,qu
les craintes conçues il y a quelques mois, ne se sont heu-
reusement pas réalisées et que la production du blé et du
maïs, aux Etats-Unis, sans être aussi abondante que dans
les bonnes années, l’a été néanmoins assez, pour offrir un
excédant disponible, en faveur des pays étrangers. Ainsi,
cette ressource que l’on disait fermée à l’Europe, lui est au
contraire ouverle.
En publiant ces divers documents, qui tous concourent à
démontrer l’erreur des prohibitionnistes, le gouvernement
ne peut,selon nous,avoir eu pour but uniqueque de rassurer
les populations toujours promptes à se laisser alarmer.Nous
y voyons en outre un indice qui nous porte à croire, ce dont
nous ne saurions trop le féliciter, s’il en est ainsi, que sa
résolution est de ne point empêcher la sortie des denrées,
et qu’il procédera plutôt par voie de dégrèvement à l’impor-
tation. Nous avons l’espoir que ce sera sa ligne de conduite,
et, en ce cas, nous appellerons sou attention sur le bétail
qui paie encore à l’entrée un droit qui devrait cire aboli,
en présence du prix excessif, presque inabordable de la
viande de boucherie.
M. le baron d’Anethan, rapporteur de la commission do
l’adresse, a donné lecture du projet de la commission du
Sénat en réponse au discours du Trône.
Voici le texte de ce document ;
« Sire,
« La neutralité, assurée à la Belgique par des traités européens, la
garantit dos calamités de la guerre qui atteignent ou menacent d'au-
tres pays. En continuant à remplir loyalement les devoirs que cctle
neutralité lui impose, la Belgique en conservera les bienfaits, et jtisti-
fiera de plus en plus la confiance et les sympathies qu’elle a su con-
quérir chez toutes les puissances.
» L'instruction, comme le dit avec une si haute raison Votre Ma-
jesté, est un grand intérêt social; de l’instruction dépenden effet re-
venir de la jeunesse, c’est-à-dire l’avenir du pays. Toutes les lois qui
•règlent eet important objet, peuvent maintenant recevoir une exécu-
tion conforme à leur'esjirii, grâce aux mesures sages et conciliantes
qui ont été adoptées clqui ont déjà obtenu l’approbation des Chambres.
« La loi sur l’organisation du jury d’examen pour renseignement
supérieur sera accueillie par te Sénat, si elle favorise ie développement
des é'tudes et. maintient intact le principe de la liberté d’enseignement.
» Les arts, les sciences ét les lettres font d'incontestables progrès ;
l’industrie et l’agriculture se développent, la Belgique peut s’enor-
gueillir de celte heureuse situation.
» Pourquoi faut-il qu'au milieu de ccs éléments de prospérité nous
ayons à constater la gêne que cause aux populations ouvrières le prix
excessif de tontes les denrées alimentaires ? I.e Sénat partage la dou-
leur que Votre Majesté éprouve à ce sujet ; il mettra la sollicitude la
plus vive cl la plus active dans les mesures qui lui seront proposées
dans le but d’améliorer celte position ; il lie doute pas que les per-
sonnes aisées, en multipliant les ressources du travail, ne viennent
en aide à leurs compatriotes malheureux.
» Le sénat apprend avec salisfaclion que notre commerce extérieur
suit une marche ascendante; les traités conclus pour lui donner un
nouvel clan, seront l’objet de son examen le plus attentif.
» Le sénat recevra avec intérêt communication des projets relatifs
à l'organisation judiciaire, au notariat et au code pénal ; il comprend
la nécessité de mettre toutes les branches de la législation en harmo-
nie avec nos institutions actuelles.
» Les nombreux chemins de fer terminés ou en voie d'exécution
fourniront au pays d’incontestables avantages. Le sénat apprend avec
une vive.satisfaction que l’augmentation progressive du produit cte
l'exploitation de nos voies ferrées et de plusieurs autres branches du
revenu public permet de ne pas recourir à de nouveaux impôts.
« Le compte des deux opérations relatives à l’emprunt et à la démo-
nétisation des pièces d’or sera examiné par le sénat avec l’attention
que réclament ces objets importants.
« L’armée se distingue par son instruction el par sa discipline.
Elle est, ainsi que la garde civique, animée du plus ardent patriotisme.
On peut compter avec confiance sur ces deux éléments de la force
nationale pour lé maintien de l’ordre et pour la défense de la patrie.
« Le Sénat est heureux de reconnaître avec Votre Majesté que l’in-
dépendance du pays s’ost affermie, el il n’hésite pas à proclamer que
ce résultat doit être en grande partie attribuée à la sagesse du Roi.
« Cette sagesse, qui est pour la Belgique un gage .de sécurité, per-
met d’envisager l’avenir sans inquiétude et d’espérer que les difficultés
de la situation actuelle seront conjurées ou vaincues.
« Pour atteindre ce but et assurer â la Belgique une existence co -
rne et prospère, le gouvernement de Votre Majesté peut compter sui
le Sénat qui lui assure son patriotique concours.
(1) Voir le Précurseur du 7 novembre.
Il était tard quand nous prîmes congé de r.os amis, avec la promesse
formelle de nous voir le lendemain, toutes nos soirées se passèrent
bientôt chez Don Cosmé, puis bientôt après nos journées entières.Ccla
dura ainsi jusqu’à ce que le colonel reçut l’ordre du départ.
Ce fut une nouvelle désastreuse pour nous et nos amis. La veille du
départ, je pris don Cosmé à part et je lui déclarai sans ambages mon
intention formelle d’éjiouser sa fille. J’ajoutai que mon ami, moins
initié que moi à ia langue du pays, me chargeait de lui servir d’inter-
médiaire, pour demander, de son côté, la main de la charmante Luz.
Don Cosmé accueillit cette double demande sans étonnement ; il s’y
attendait D'un ton moitié sérieux, moitié riant, il me dit ;
— C’est bon, capitaine, nous en parierons quand la guerre sera
terminée.
Le (ligne vieillard ne se souciait pas, el à bon droit, de donner à scs
filles des maris d’une existence aussi problématique que la nôtre et
qui pouvaient fort bien les laisser veuves le lendemain même de leur
mariage.-
La guerre finie, nous avions sa promesse en échange de la nôtre.
Nous nous quittâmes dans ces dispositions pour courir de nouveau
la chance des batailles.
Nous partîmes pour1 les plateaux élevés de la Cordillière des Andes;
nous traversâmes les plaines torrides du l’eroté, les torrents glacés
du Rio-Erio, les crêtes neigeuses du Ropocatepcc; et, enfin, après bien
des marches et contremarches, aussi longues que pénibles, nos baïon-
nettes brillèrent sur les bords du lac Rezcoco.
Là, se livra la grande, la décisive bataille. Collision meurtrière s’il
en fut! Nous savions qu’il n’y avait de salut pour nous que dans la
victoire. La retraite était impossible. Aussi nos armées firent-elles des
prodiges de valeur et d’héroïsme, et, après des efforts surhumains,
couronnés de succès, l’étendard étoiæ flotta sur l’antique cité des
Aztèques.
Nous étions vainqueurs.
Ni moi, ni mon ann ne pûmes prendre part aux réjouissances. Une
décharge de mousqueterie nous renversa l’un à côté de l’autre. Heu-
reusement que nous n’avions ni blessure grave, ni fracture, et quel-
ques jours d’ambulance suffirent pour nous remettre entièrement.
La guerre était terminée. C’était le moment de songer à nos projets.
Nous passions, Clayley et moi, nos journées à cheval sur la route de
Jalapa, guettant l’arrivée de la grande carriole de famille qui devait
amener, selon leur promesse, Don Cosinô et ses enfants.
Elle arriva enfin, traînée par douze mules, et déposa son précieux
fardeau dans un palais de la Galle Capuchinas.
Quelques instants après, nous y pénétrions, à notre tour, en grand
uniforme, et..
Huit jours après un double mariage se célébrait dans la petite
chapelle de, San Bernardo.
Il est un vieux couvent — Santa Catarina — le plus riche couvent
du Mexique, le plus riche peut être du monde entier. Là végètent dans
l’obscurité mortelle du cloître de belles el radieuses créatures, riches
et nobles., faites pour toutes les joies, tous les bonheurs du monde, et
qui se condamnent volontairement à une réclusion sans espoir.
Pour elles il n'est pins de soleil, plus de tlcurs, plus d’amour ! Les
trois plus belles choses qui soient au monde!
Une semaine environ après mon mariage, je me présentai à la grille
de ce eouvent, et privilège rare pour ceux de mon sexe, — je fus in-
troduit. Un triste et poignant spectacle m’y attendait. Pauvre Marie
de Merced ! Elle était là ! Belle encore et séduisante sous sa guimpe
blanche, plus belle de sa douleur muette et plus résignée qu’elle ne
l’avait été aux jours de ses plus grandes joies.
Puisse Dieu veiller sur elle, cl agréer son humble sacrifice en
échange de ses fautes; son repentir en échange do ses erreurs. .
Je retournai à New-Orléans versla lin de l’année 1848.
Un matin, que je me promenais sur le Levee avec ma femme, j en-
tendis une voix bien connue qui disait derrière moi :
— Mais, regarde donc, Raoul ! le diable m’emporte ! C’est le capi-
taine . .
Je me retournai et me trouvai face à face avec Raoul et le bravo
Lincoln, lis avaient quitté le service et se préparaient à faire latmppe
dans les montagnes Rocheuses.
Je n’ai pas à décrire le mutuel plaisir de notre rencontre.Ma femme,
que j’avais fréquemment entretenue du récit de nos aventures, s’v
associa de grand cœur.
Je m’informai de Chane. L’Irlandais,après le licenciement des com-
pagnies expéditionnaires, était entré clans un régiment régulier, où il
était, à ce que me dit Lincoln, le premier sergent de sa compagnie.
Je ne voulus pas permettre à mes anciens compagnons d’armes, de
me quitter, sans emporter un souvenir de moi. Ils nous accompa-
gnèrent à notre hôtel, où je les forçai d’accepter quelques présents.
Je donnai à Raoul mes.pistolets-revolvers, espérant bien n’avoir jdus
l’occasion d’en faire personnellement usage ; et au chasseur je lis le
cadeau qu’il appréciait et estimait le plus en ce monde, ma fameuse
zund-nadel allemande, présent du major,- qui depuis, j’en suis con-
vaincu, a dépeuplé les montagnes rocheuses d'un assez bon nombre
d'ours gris.
Quelques jours jdus tard, je reçus la visite du major Twing, qui se
disposait à partir avec quelques autres officiers de notre corps expédi-
tionnaire, pour les garnisons frontières du Texas. J’appris de lui que
Blossom, en récompense de sa belle conduite à l’affaire de La Virgen,
avait reçu le brevet de colonel et qu’il avait obtenu la direction d’un
office du département de la guerre à Washington.
J’allais déposer la plume, ami lecteur, en vous remerciant d’avoir
bien voulu suivre jusqu’ici la narration prolixe et décousue de mes
aventures, quand ie petit Jack me présenta une lettre portant le tim-
bre de Vera-Gruz. Elle était datée de La Virgen, lr novembre 1819.
Elle se terminait ainsi :
« Vous avez fait une sottise de quitter le Mexique, et jamais vous
ne trouverez ailleurs la moitié du bonheur dont vous auriez pu jouir
ici. Vous ne reconnaîtriez plus le rancho; il a subi une transformation
complète, de même que les champs qui l’environnent. Je les ai débar-
rassés de toutes les plantes parasites, dont la végétation saüvage et
inculte les déparait. J’y ai semé du grain et je compte bien d’ici à
l'année prochaine en obtenir une centaine de boisseaux. J’ai an= ;
des plantations de colon ; il doit être aussi lion ici qu’à la Louisiar.. ,
et enfin j’ai un petit coin où je cultive la vanille. Vous auriez plaisir a
voir tous les petits embellissements que j’ai réalites. La petite Lu/,
prend à lous mes travaux une part aelive et intelligente. Enfin, mon
cliqr Haller, je suis l’homme le plus heureux de la création.
» J’ai dîné hier avec notre vieil ami Ccnobio,qui ne me reconnaissait
plus. Il aurait fallu voir la mine qu’il a fait quand je lui ai appris, au
dessert, avec qui il venait de trinquer. J’ai cru qu’il allait être frappé
d’apoplexie. C’est nu bon diable au demeurant, et un joyeux convive,
malgré son genre de vie peu orthodoxe.
„ A propos de vieilles connaissances, vous avez dû apprendre sans
doute que le révérend père Jarama a été fusillé. 11 s’était ligué avec
Parédcs contre le gouvernement ; on s’est emparé de lui à Queretaro,
avec une douzaine des siens, çà été l’affaire de douze balles el de
douze secondes. .
» Et maintenant, mon cher, un dernier mot. Nous désirons lous
vous revoir. La maison de Jalapa est toute prête, et Doua Joaquina
vous i’ofiVe, elle est pleine d’impatience de vous revoir.
» Don Cosmé aussi, qui avait, paraît-il, une prédilection particulière
pour Lupe, désire vous revoir ; et meme le vieux Ccnobio, qui n'a pas
encore pu comprendre comment, sans couteaux, et les mains liées,
nous sommes parvenus à faire un trou dans sa muraille. Luz ne de-
mande que d’embrasser Lupe, et meurt aussi d’envie de vous revoir.
Et eiiiin, moi-même, mon cher, j’en serais enchanté.
» Ainsi donc ne retardez plus votre retour et venez tout de suite.
» Bien à vous, « Edouard clayley. »
Et vous, ami lec teur, désirez-vous aussi me revoir ? Je l’espère, sans
trop y compter.
FIN.
Traduit par O. Sgbarb. |