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4M VERS, Dimanche 7 Juin
Vm^«deuxïèm6 année*
Tout ce qui concerne La
Rédaction ou CAdminis-
tration s'adresse aux pro-
priétaires du Précurseur,
KM. DEWEVER FRÈRES,
rue de l'Amman, l.
PRE CUR
ABONNEMENTS-
(Au bureau du Précurseur «î
c.hc2 tous les directeurs des
Postes.) Pour Anvers frs. 12.50
par trimestre. Pour tout le rest*
ae la Belgique, franc de part,
15. Pour ia Hollande fr. 17;
l Angleterre frs. 15; la Franc®
fr. 23 ; l’Allemagne fr. 18 ; les
Etats-Unis, le Brésil, les Indes,
etc. fr. 27.50.
! KSEBI IONS. - 25 cent, la !ign..
KÉGLAmES, - KO centimes.
fHE*l*8t FER. ~ DÉPARTS D'ANVERS-. Pour Msliigs et Bruxelles,» S-Si, 0 S. 10, 1.50 S., 4-SO, £.
8-15.-lierre, 7-13, U.30, 4.30. - Term. et Gand, 6-30, 10, 2-50 J?, 4.30. — Alost (par TermondeJ 6-30,
10-3.50 a., 4.30. idem par Brux. 10,4.30.-Lokeren par MalmesS.30,10, 2.50 E., 4.30,-Nraove, Graram.,
Leesmes, Atli, pa; Termon le 10, 2.50 E., 4.30. ld. par Brux. 10,4.30.-Brug. et Ost. 6.30, 10, 2.50E., 4.30.
- Court.,Mouse., Lille 6.30, 10, 2 50 F,.. 4.30.-Tournai fl.30,10 par Gand,3.50 R.par Atli,4.30 pur Garni-
-Calais 6.30,10,2 50 E., 4-30.-Louv.. fivl., Liûue,Verv.. 6..-.0, 9 E., 10, 4.30,(7 Tirlem.) 8.15 R.-Landen,
6.30, 9 E., 10, 4-S?.—Aix-U-Ch ,Colog.,(J-30 Aix)9E., 10,8.l5.E.-G!aifi>.IDu5S.,Cref., Ruhr.,9S.,(Q,8.15E,
Journal
laiitiie
PAIX, - LIBERTÉ, - PR08RÉS,
et littéraire.
HûLLANDO-BELGE. — D'Anvers pour Breda et Rotterdam, 7.45, 12.20, 5.25, — Id. pour Roosendael, 3.40
soir. - De Breda pour Anvers et Rotterdam, 6.50, 12.35, 3.10. - De Rotterdam pour Breda, 10, 2.35. -
De Rotterdam pour Anvers, 12.45 nuit, 10h. matin, 2.35.
PAYS DE WA ES. - D’Aavers nar Keveren, St-Nicolas,Rokeren et Gand. 6 00. 8-30 10.30, 2.KO 4.30. 7, —
Qaud, Loieren, St-Niçolas, Bemen, Anvers 5.50,. 9.00,10 20, 2 30, 4.20,7.40.
50. 7, — Bi
7 Juin.
BULLETIN POLITIQUE.
Le Journal des Débats prend en main la cause de la Belgique et il la
défend avec zèle et avee talent. Il s’élève conlre les assertions du Consli
tulionnel que nous avons combattues hier et que son attachement pour les
institutions parlementaires ne lui permet pas de passer sous silence.
Evidemment M. Granier de Cassagnac a beaucoup exagéré les faits et c’est
ce qu’on ne saurait tolérer. C’est avec cette énergie que le Journal des
débals répond à M. Granier de Cassagnac ; il lui parle avec cette autorité
Puis, il déclare que les crises, comme celle que nous venons de traverser
ne sont nullement mortelles pour un gouvernement constitutionnel. I
est vrai que la funeste expérience que la France en a eue en 1848 n’est
pas faite pour rassurer la Belgique ; mais voilà deux siècles que l’An-
gleterre passe par ces épreuves et elle n’en est ni moins forte, ni moins
prospère. Le régime parlementaire est asseî enraciné en Belgique pour ré-
sister à cette seboîisse et tout porte à croire par conséquent que les sinis-
trés prophéties de M. Granier de Cassagnac ne se réaliseront pas. Tel est
en résumé le sens des observations présentées par le Journal des Débats ;
-son opinion a bien plus de poids que celle de la feuille impériale et si
nous mettons à côté l’une de l’âütre ces deux appréciations, nous serons
flattés d’avoir mérité le blâme de l’un, puisque nous avons pour nous dé-
dommager les sympath es et les paro'es encourageantes de l’autre.
Nous regrettons beaucoup aussi de ne pouvoir reproduire aujourd’hui
dans toute son étendue, un artiêle remarquable publié par le Siècle. Il
étudie le catholicisme en Belgique ; il déduit ce que nous appelons le parti
catholique et ses tendances. Cet article est vrai, ce qui a lieu de nous
étonner de la part d’un journal français ; car , la plupart sont peu
initiés à-notre politique et à notre histoire. Le Siècle dit avec raison que le
parti catholique est chez nous une excroissance du catholicisme ; or, une
excroissance sur un arbre est pour cet arbre un élément de mort. Le journal
français reconnaît que ce parti a conquis chez nous depuis 1830 des posi-
tions formidables et qu’il essaie d’atteindre le monopole en s’emparant de
l’enseignement et de la chanté. Legrand tort du parti catholique, qui n’est
après tout qu’un parti politique, c’est de confondre les destinées de la reli-
gion, qui sont inaccessibles aux influences des partis, avec les siennes. Plus
sage et plus chrétien, le parti libéral a toujours distingué la religion catho-
lique du parti catholique et il a osé s’attaquer à eelut-ci sans atteindre
celle-là, en la respectant au contraire et en travaillant utilement à sa
défense et à sa glorification.—N’est-ce pas travailler pour l’intérêt de la
religion que de l’isoler des ambitions vulgaires et des plans machiavéliques
do ceux qui s’en disent les amis ? Le Siècle a une expression pour qualifier
cotte alliance d’un parti avec une religion : le parti est à la religion un
parasite qui la ruine.
Puis il fait une éloquente définition de la religion ; il la place à des hau-
leurs innaccessibles, bien plus haut que ne sauraient monter les préten-
tions de ceux qui se disent ses amis. La religion est placée bien plus haut
que le prêtre ; celui-ci ne se maintient réellement au niveau de sa position
que lorsqu’il ne quitte pas l’ombre du sanctuaire, cette ombre qui le protège
et qui le revet do son prestige. Le temps n’est plus où les prêtres portent
la religion dans un pli de leur robe. La religionnesedéplace pas, immuable
qu’elle est dans sa sphère inaccessible.Lorsqu’il descend dans l’arènepolitique,
le prêtre n’est plus le prétre,c’est un citoyen comme un autre,que je respecte
moins qu’un autre cependant parce qu’il déroge à sa dignité et qu’il pro-
fane son caractère.— Il résulte de toute cela que les défaites du clergé dans
le domaine politique ne sont pas des défaites pour la religion.
Le Siècle termine cet article remarquable qui doit être suivi d’un autre
sur le même sujet, par ces paroles éloquentes: « Laissons douc;de côté ces
déclamations, et soyons convaincus que Dieu n’est pas un fétiche qui soit à
la disposition d’un parti quelconque; Dieu est là où brille un sentiment
généreux, une aspiration vers tout ce qui est vrai, bon, juste et beau ; et le
parti libéral belge peut revendiquer Dieu aujourd’hui avec plus de raison
qu’il ne l’aurait revendiqué bier, car il a agi dans le sens de la liberté et de
\a justice. »
, Les Chambres anglaises continuent leurs travaux sansincidentremarqua-
ble. Le bill relatif à la dotation de la princesse royale adopté en troisième
lecture par la Chambre des Communes, p été apporté hier à la Chambre des
lords. La première épreuve n’a donné lieu à aucune observation. Lord
Brougharn, qui n’avail pas assisté au commencement de la discussion sur
le bill concernant le divorce, a combattu plusieurs des dispositions qu’il
contient. Le noble iord s’est élevé surtout contre la clause qui défend à la
femme de se remarier lorsque le divorce a été prononcé pour conversation
criminelle — On sait qu’en France, lorsque le divorce faisait pariie'du
code, la loi interdisait seulement à l’époux coupable la faculté de se rema-
wr avec son complice. Lord Redesdale, s’appuyant sur des textes de l’Eeri-
toe sainte, a répondu à lord Brougharn, dont la proposition a été écartée
pirte Chambre.
A la Chambre des Communes, dans la séance d’avant-hier, le bill pro-
posé par le gouvernement pour le rachat au prix de 1,125,000 £ des péages
du Sund perçus par le Danemark, a été adopté sans scrutin.
Une dépêche de Marseille donne des nouvelles de Perse. Malgré les me-
sures rigoureuses prises et quoique plusieurs soldats des régiments indi-
gnes de l’armée anglaise aient été fusillés, de nouveaux actes d’insubordi-
nation se sont produits dans ces régiments. .
La dépêche ajoute que legénéral Outram a décidé que les troupes britan-
niques resteront trois mois à Buschire et à Mohommorah. L'Indépendance
belge a mal lu la dépêche en question. Au lieu du mot décidé, elle a lu
décédé et dans son bulletin télégraphique d’aujourd'hui, elle annonce sans
plus de façon que le général Outram est mort.
Le maréchal Castellane a reçu de l’empereur Napoléon la mission de
tenir complimenter à Genève, où elle est en ce moment, l’impératrice
douairière de Russie. L’impératrice, avec une grâce charmante, a prié le
maréchal de témoigner à l’empereur Napoléon toute sa reconnaissance de
lavoir envoyé complimenter, et ses remerciements d’avoir choisi le maré-
chal Cette mission, dit le correspondant du Nord, d’un envoyé, aussi«haut
placé, de l’empereur des Français, a produit à Genève et dans tout le pays,
le meilleur effet. Elle fait heureusement contraste avec la conduite des
magistrats de cette petite république qui ne daignent pas paraître s’aper-
cevoir que leurs murs renferment une auguste souveraine, en faisant res-
sortir la délicate courtoisie de l’empereur Napoléon.
On écrit de Milan que l’archiduc Ferdinand-Maximilien s’est rendu le 28
mai dans les Légations, pour saluer Sa Sainteté Pie IX, au nom de l’empe-
reur françois-Joseph. Le départ de S. A. I. pour Lisbonne, l’Angleterre et
a Belgique a eu lieu le 1er juin. Le prince s’est embarqué à Livourne. Au
nombre des patriciens milanais qui accompagneront l’archiduc à Bruxelles,
ou auront lieu les fêtes de son mariage avec la princesse Charlotte, fille
ou Roi Léopold, on cite le duc Melzi et le comte R. Borroméo.
U conclusion d’un concordat entre la cour de Naples et le Saint-Siège ’
est aujourd’hui certaine. Le texte même de cette convention n’est pas
encore connu et l’on pense qu’il est destiné à rester secret. Mais quatre
ordonnances royales , datées de Caserte le 18 mai, et autant de circu-
laires de M. Scorza , directeur du département des affaires ecclésiastiques
0‘de l’instruction publique, viennent de mettre en vigueur les disposi-
'ons arrêtées entre les deux Cours. On peut les résumer en quelques mots :
tfh, d’une part, en tout ce qui concerne l’administration des biens ecclé-
sisst/ques et des établissements charitables, la substitution complète du
cergé et de la juridiction ecclésiastique au pouvoir civil el N la juridiction
iique ; c’est, d’autre part, le rétablissement en faveur du clergé de quel-
les privilèges depuis longtemps abolis.
On peut juger par ce que le clergé fait dans les pays où il domine,"de ce
Wu ferait en Belgique et partout, si on ne parvenait à opposer une bar-
r|Cre à ses envahissements.
Suivant l’exemple qu’ont donné les conseils communaux de
Bruxelles et de beaucoup d’autres villes, celui d’Anvers est
appelé maintenant à voter une adresse au Roi, pour demander
■e retrait du projet de loi sur la bienfaisance, ou, pour parler
Ns exactement, sur la pauvreté exploitée au profit des cou-
Vents: Car ce serait certainement l’effet de cette loi, si elle était
sanctionnée, mise en vigueur. ■
Peut-être, dans les premiers temps, pour tranquilliser l’opi-
®,0a publique et l’endormir n’userait-on qu’avec une prudente
reserve des moyens de captation qu’elle fournit; peut-être
™eme affecterait-on une sorte de grandeur ci’àme, pour mieux
“■ssimuler ses desseins ; mais le jour ne tarderait pas à venir
ou
on ne garderait plus au'^n ménagement. C’est la ligne de
conduite que les Jésuites o™toujours dû suivre et ils servent
modèles à la plupart des corporations religieuses. Dans le
jrincipe, ils sont pleins de modestie, ils dédaignent les biens
e ce monde. Ainsi, nous en avons vu quelques-uns, trois ou
quatre, il y a vingt ans, habiter une espèce de grenier à Anvers,
juen de plus pauvre que cette pauvre demeure; rien de plus
omble que ces pauvres diables. On leur eût fait l’aumône, par
Pwe commisération Voyez ce qu’étaient en réalité ces hommes
Hhe l’on était presque tenté de plaindre, et qui ne s’étaient con-
1nes dans ce coin obscur que pour tisser une de ces toiles que
te araignées sont si habiles à faire pour attraper les mouches.
^Rjourd’hui, ce sont de nombreuses cl vastes maisons qu’ils
coupent. Ils possèdent des richesses considérables et qui s’ac-
cusent chaque jour. D’où proviennent-elles? par quels
^Çyens les ont-ils acquises? c’esî leur secret, et il est impé-
la ligne
Cet exemple que nous citons doit servir à faire comprendre
que, dans cette question, ce n’est pas seulement du danger ac-
tuel qu’il faut se préoccuper, mais aussi et surtout des dangers
futurs. Si la loi Malou-Nothomb, comme c’est indubitable, doit
avoir pour effet, d’augmenter et le nombre et la fortune des
couvents ; si, d’un autre côté, il a suffi de vingt années aux Jé-
suites et à d’autres corporations du même genre, pour pulluler,
comme ils l’ont fait, que serait-ce donc si le champ leur était
rendu plus libre encore et plus facilement exploitable en Belgi-
que ? Nous avons déjà près de mille couvents, nous ne dirons
pas plus ou moins pauvres, mais plus ou moins riches. Nous ne
tarderions pas à en avoir trois ou quatre cents de plus. Rien
ne pousse et ne grandit plus vite qu’un couvent, lorsque la terre
est bonne et qu’elle a été préparée par une main habile.
Cette perspective est effrayante, pour les villes principale-
ment; elles sont, en effet, presque condamnées à payer tous les
ans une somme relativement considérable, pour venir au se-
cours des pauvres. Comme il n’y a peut-être pas dix couvents
sur cent qui n’aient une part quelconque de ce que l’on appelle
les dons charitables; comme ils appliquent ceux-ci à leur pro-
pre usage, il est clair que plus il y aura de couvents, plus les
charges des villes s’accroîtront et deviendront lourdes, parce
que le nombre des pauvres à secourir doit fatalement augmen-
ter plutôt que diminuer dans tout pays où il y a surabondance
de congrégations absorbant une partie de ce qui reviendrait aux
indigents, si elles n’existaient pas.
Dans tous les temps et partout, il en a été ainsi. Les villes
ont constamment été victimes de cet état de choses. Nous en
avons de mémorables exemples en Belgique, au XVIe siècle;
nous voyons le Magistrat d'Ypres, obligé de demander et de
faire opérer des réformes, dans l’intérêt, non seulement de;s
pauvres, mais de la ville elle-même dont les ressources étaient
absorbées, alors que celles des couvents s’accroissaient. Plus
tard, c’est le Magistrat de Bruxelles, puis le Magistrat d’Anvers
qui adressent au souverain des réclamations,pour qu’il soit mis
un frein aux abus exorbitants, intolérables, commis sous le
voile de la chanté catholique par les corporations religieuses.
Pendant plus de trois siècles, ce spectacle a été donné à nos
ancêtres. Les magistrats des villes sont toujours intervenus, au
grand contentement du peuple, dans la question de la bienfai-
sance, pour la réglementer, pour mettre obstacle aux abus, et,
de nos jours, on ne voudrait pas que les conseils communaux,
tuteurs des intérêts des villes, en même temps que de ceux des
pauvres, élevassent la voix, dans une question de cet ordre,
aussi importante que celle qui s’agite? mais c’est un devoir,
pour eux ; ils ne font que suivre l’exemple des Magistrats de
l’ancien temps.
Nous espérons bien que le Conseil Communal le comprendra,
et qu’il sera unanime à voter l’adresse au Boi. Ce sera un très
rand service qu’il rendra aux pauvres, aux familles, et . . .
la ville dont il épargnera les deniers.
Manifestations dans les provinces.
Le conseil communal de Leuze, dans sa séance du 5, a voté
une adresse à S. M. Voici ce document:
« Sire !
» Le conseil communal de la ville de Leuze (Hainaui), a l’honneur de
venir déposer, au pied du Trône, l’hommage de son profond respect et de
sa vive et bien sincère reconnaissance, pour tous les éminents- services,
qué, pendant le cours de son règne, Votre Majesté a rendus à notre patrie,
et notamment encore dans une circonstance toute récente.
» Le conseil communal, Sire, a foi pleine et entière en la sagesse du Roi!
Aussi a-t.-il la certitude qu’il sera pris des mesures,qui, en achevant de faire
disparaître tout sujet d’inquiétude et d’irritation, assureront à notre chère
Belgique, le calme, l’ordre et la paix dont elle est si digne, ainsi que le dé-
veloppement régulier descs belles institutions.
» Le conseil prie Votre Majesté de vouloir agréer l’expression de ses
sentiments de fidélité et d’inaltérable dévouement. »
Deux membres du conseil communal de Liège qui n’assistaient pas à la
séance de mercredi dernier, ont déclaré qu’ils adhéraient pleinement à
l’adresse votée par le conseil L’unanimité est donc acquise à ce vole im-
portant.
On écrit de Malines, 6 juin :
« Si des manifestations n’ont pas eu lieu en notre ville, cela n’exprime
pas sa sympathie pour la loi des couvents, car notre député libéral, l’ho-
norable M. de Perceval, a remercié une députation de la bonne bourgeoisie
qui s’était rendue chez lui, dans le but de lui offrir une sérénade; c’est donc
à son intelligence et à sa sagesse que l’on doit la tranquillité dont noire
ville jouit; car il est à supposer que si une ovation avait été faile à notre
député libéral, les deux députés catholiques auraient eu une manifestation
contraire.
» Le conseil communal se réunit ce soir, à 4 heures;il est question qu’une
adresse sera votée afin d’obtenir du Roi le retrait de la loi et la dissolution
des Chambres. »
On lit dans le Journal de Bruges, du S juin :
Le conseil communal de Bruges est convoqué d’urgence pour ce soir, à
effet de voter une adresse au roi dans le sens de celles qui ont été en-
voyées par les villes de Bruxelles, de Liège,!de Gand, de Mons, de Louvain.
Nous n’attendions pas moins de l’initiative du collège, et nous sommes per-
suadés que le conseil s’associera avec empressement à cette manifestation
constitutionnelle, dont le but est de remercier le chef de l’Etat de la mesure
provisoire qu’il a prise, pour calmer l’irritation du pays, justement alarmé
par les actes d’un parti qui veut ramener les abus d’un passé déplorable, et
pour le supplierd’en appelerà la nation qui seule peut trancher la question.
On écrit de Gand, 8 juin :
M. Delehaye a fait convoquer deux bataillons de la garde civique pour
cet après-midi, à l’heurè fixée pour ia réunion du Conseil communal. —
Que M. Delehaye se rassure. Quel que soit le mépris des habitants de Gand
pour ses opinions, ils respectent sa personne. Nous sommes assurés que
nos amis, jjar leur attitude calme et digne, sauront prouver que les pré-
cautions que M. Delehaye prend pour sa personne, étaient inutiles et ne
constituent qu’une marque de méfiance imméritée du caractère gantois.
On lit dans Y Impartial de Bruges :
La loi des couvents reçoit décidément le même accueil dans les rangs
miiilaires que dans la société civile, A toutes les stations, au passage de
chaque convoi qui transporte les miliciens rappelés à leurs régiments, on
entend les cris de Vive le roi! Vivent les libéraux ! A bas la calotte!
A bas les couvents.
Hier, le dernier convoi en destination d’Ostende transportait des mili-
ciens pour Nieuport et Ostende. Quand le train fut arrivé dans noire station,
on entendit un cri général, poussé avec vigueur et ensemble : Vivent les
libéraux ! A bas la calolle [ On fit ensuite un refrain de ces cris, qui furent
chantés jusqu’au départ du convoi de notre station. La même manifestation
avait eu lieu à chaque halte.
Léè journaux cléricaux deviennent décidément enragés. En
parlant de quelques carreaux de vitre brisés à Anvers et à
Bruxelles, la Patrie de Bruges, l’organe avoué de Mgr Malou,
s’écrie :
« Jamais les révolutionnaires les plus exaltés n’ont fait davantage. »
Aies entendre, on a mis la Belgique à feu et à sang. Il est à
désirer, comme le fait remarquer l'Observateur, que les adminis-
trations communales des localités où des désordres ont éclaté,
publient le plus tôtpossible lerelevé desdégâls commis.On pourra
ainsi apprécier par des chiffres, la portée de « ces émeutes. »
La rage do ia presse cléricale est à son comble, sa charité éclate dans tout
ce qu’elle a de noble et de désintéressé ; c’est à croire vraiment qu’elle
était directement intéressé dans la question et que, se classant parmi les
pauvres, une part des riches héritages qu’on convoitait lui avait été pro-
mise. Aussi, comme elle laisse couler avec son encré les flots de fiel qui la
débordent! quel iuxe d’épithôte-s choisies ! toute la gamme des injures
connues y passe et le vocabulaire des halles s’étale orgueilleusement dans
les pieuses colonnes du Journal de Bruxelles, du Bien, public ei de la Pairie.
« La canaille libérale a eu ia capitale pour proie, » disait dernièrement
la Patrie.
« La dissolution des chambres serait à la fois une faiblesse, une lâcheté,
une faute, un crime, » écrit le Journal de Bruxelles',
Voici comment l’évêque de Gand intime ses ordres à la royauté par son
moniteur le Bien Public. Cet arrêté est en même temps un ordre du jour
à i’armée, conçu en un style aussi burlesque qu’incorrect:
« Fort de la légalité, et la constitution tout entière dans le coeur, le gou-
vernement maintiendra, avec une inébranlable persistance, la loi sur la
charité.
» Elle sera votée, aux chambres, par l’unanimité des hommes d’ordre,
» Elle sera exécutée dans toute sa teneur.
» L’émeute n’obtiendra rien, ne recevra rien, rien que la flétrissure de
l’indignation publique ;
» Rien, que le salaire du mépris public.
» Que si elle osait de nouveau lever sa tête hideuse, et se jeter sur la
propriété et les lois,
» Des légions bien unies d’amis de la constitution et de la légalité, ré-
pondraient avec énergie aux brutales sommations des révolutionnaires.
» La justice belge les frapperait de tout le poids de sa puissance. »
Enfin la Patrie, l’ésume aux lèvres, s’écriait hier :
« Les catholiques sont naturellement patients; mais lorsqu’on les met à
» bout, ils savent repousser l’injustice et la violence avec une énergie que
» la Providence a toujours bénie.
» Non, nous ne serons pas les esclaves des loges;
» Non, nous ne subirons pas le joug des sociétés secrètes ;
» Non, nous ne courberons pas la tête sous l’équerre et la truelle.
» Si l’on veut annihiler nos droits, dévaster nos biens, nos couvents, nos
» églises, nous saurons les défendre avec une énergie que le fanatisme
» sauvage des loges ne lassera jamais. »
I' ne faut pas demander comment la peur talonne ces apôtres de la mo-
dération, de la conciliation pour qu’ils jettent de pareils cris de détresse 1
Ils en appellent à la Providence qui les a toujours bénis. Son intervention
en leur faveur, est très problématique, car s’ils ont longtemps torturé, rôti,
brûlé, massacré en son nom, ils en ont été cruellement punis. Nous croyons
qu’un appel au pays, bien qu’il soit plus mondain, serait plus urgent et plus
à propos; mais il parait que le parti craint l’arrêt de la nation sur lequel on
ne pourrait pas équivoquer comme sur celui de la Providence, et qui aurait
l’inconvénient d’être plus prompt et plus clair. — Oubliant qu’on doitren-
dre à César ce qui appartient à César, il menace de ne pas se soumettre au
jugement qui interviendra si, comme tout le fait préjuger, il lui est défavo-
rable, cette opposition n’est pas nouvelle.
Pour soutenir des droits que le ciel autorise
Abime tout plutôt, c'est l'esprit de l'Eglise.
Mais la résistance, puissante naguère, n’est plus à craindre, aujourd’hui
que nas populations connaissent leurs droits et qu’elles savent que leur
devoir envers la religion ne va pas jusqu’à renverser des institutions ché-
ries, briser un trône respecté, pour assouvir l’esprit de domination et la
cupidité de ses ministres.
On laissera les vaincus de'la théocratie exhaler leur rage, elle est natu-
relle : ils ont cru cueillir la pomme d’or dans le jardin de la charité et le
dragon populaire leur en a fermé l’entrée. (Journal de Br'uges.)
On lit dans le Moniteur :
Des journaux étrangers imputent au représentant de la Belgique à Con-
stantinople « des menées en faveur de l’union des Principautés Danubien-
« nes et de la candidature d’un Prince Belge. »
« C’est là, ajoute-t-on, une intervention maladroite de la part d’un Etat
» qui doit tenir à conserver sa neutralité. »
Cette intervention serait, non-seulement une maladresse,mais une viola-
tion des traités.
Le gouvernement belge ne s’en est pas rendu coupable.
Voici ce que le ministre des affaires étrangères écrivait à notre agent à
Constantinople, le 8 août 1856 :
« Bruxelles, le 8 août 1856.
» Monsieur le ministre résident,
» Je vous ai entretenu, il y a très peu de temps, de la création d’un
coneulat belge en Moldavie et d’un autre en Servie.
» Mon intention est d’apporter la plus sévère circonspection dans le
choix de nos agents en Turquie. Je regarderais donc comme' une chose
utile que vous vous rendissiez de voire personne à Varna, à Galatz, et même
à Bucharest, où vous pourriez conférer avec M. Poumay. Mais, dans les
circonstances actuelles, votre voyage ne donnerait-il lieu à aucune suppo-
sition politique? Ne conviendrait-il pas de l’ajourner jusqu’au réglement
définitif des affaires des Principautés!? Si, tout bien pesé, cesconsidérations
ne vous semblent pas créer d’obstacles sérieux à votre projcl, vous pouvez
l’exécut r. Il ne peut s’agir, bien entendu, que d’une excursion rapide,
restreinte dans des limites également étroites quant aux frais et quant à
la durée.
« Agréez, etc. . » Vte Vilain xmi. »
Le ministre résident à Constantinople mit fin à tous les doutes par une
dépêche du 25 août, ainsi conçue :
« Monsieur ie vicomte,
» J’ai appris avec plaisir par la dépêche du i4 juillet dernier que Votre
Excellence approuve l’idée, tout en ajournant son exécution, d’une inspec-
tion des consulats dans l’empire ottoman, car c’est, selon moi, la seule
manière de les amener à rendre des services réels.
r » Depuis m’est parvenue la dépêche du 8 de ce mois n° 80, par laquelle
Votre Excellence m’autorise à faire une course rapide à Varua, Gaialz et
Bucharest. Je crois toujours que ce voyage est indispensable, M. le vicomte,
pour choisir en pleine connaissance de cause les personnes auxquelles on
peut confier des fonctions consulaires, mais ne serait-il pas convenable de
l’allonger un peu pour visiter encore Andrinople, Belgrade et Jassy, trois
points également importants, où il serait désirable d’avoir des vice-consu-
lats? C’est une question que je crois devoir poser à Votre Excellence.
«Quant à la situation des Principautés et aux commentaires que ce
voyage, dans les circonstances actuelles, pourrait provoquer, je ne puis
répondre de ce qui peut passer par la tête ou la plume des milles corres-
pondants de journaux qui parcourent la Turquie, mais rien ne me sera plus
aisé que de me mettre parfaitement en règle avec mes collègues de Con-
stantinople, partant avec les consuls des différentes puissances que je ren-
contrerai sur mon chemin.Du reste,s’il fallait attendre le règlement définitif
des affaires Moldo-Valaques, ce serait attendre indéfiniment.
» Agréez, etc.
(Signé.) blondeer van cuelebroeck. »
Il nous reste ù dire un mot de la prétendue candidature d’un prince
belge. M. Poumay, notre consul à Bucharest, ayant fait connaître, sous la
date du 25 mars, que, parmi les personnages éminents sur lesquels s’élait
portée l’attention des populations Roumaines (il en cite quatre), figurait un
de nos princes, le ministre des affaires étrangères lui répondit, le 8 avril,
dansles termes suivants :
« M. le consul,
» J’ai pris connaissance avec un véritable intérêt, des détails que ren-
ferme votre rapport du 25 mars, n°3I9. J’approuve complètement la ré-
serve dans laquelle vous vous êtes renfermé, à propos des insinuations
dont vous me rendez compte. Je vous prie de vouloir bien, à l’avenir, dé-
clarer haut, et toutes les fois que l’occasion s’en présentera, que la Belgi-
que n’a, en aucune façon, l’intention de s’immiscer dans la question des
Principautés Danubiennes. Elle n’a cessé de prouver jusqu’à ce jour, qu’elle
avait la conscience de son rôle de puissance essentiellement neutre; elle
ne compte point se départir de cette attitude. Neutre pendant la guerre,
elle entend aussi le rester après la paix. Vous voudrez bien également
donner à entendre que S. A. R. ie comte de Flandre n’a jamais songé à la
position que, d’après votre rapport, quelques personnes semblent vouloir
lui attribuer.
» Agréez, etc. » (Signé) Vte Vilain XUII. »
Pour le moment, nous bornerons notre réponse à la reproduction de ces
pièces officielles.
La réunion du congrès international de statistique (3° session), qui de-
vait avoir lieu à Vienne dans le courant de septembre, a été fixée de com-
mun accord entre les comités d’organisation de Paris, de Vienne, de Bruxel-
les, au 31 août de cette année, afin que les membres de ce congrès, qui se
réunira dans la capitale de la monarehie autrichienne, puissent assister au
congrès international de bienfaisance (2e session) oui se tiendra à Francfort,
le 14 septembre.
Assurances Maritimes.
On se préoccupe aux Etats-Unis, d’un fait assez grave pour les assureurs.
Les lois américaines permettent de changer assez facilement les noms des
navires. Il en résulté que des personnages de mauvaise foi ont fait changer
à l’étranger les noms de vieux navires usés, et les ont.présentés, sous cette
nouvelle étiquette, comme d’excellents bâtiments tout neufs, faisant ainsi
couvrir des risques dont on n’aurait pas voulu auparavant payer des primes
fort au-dessoùs de celles qu’il était juste d’acquitter.
Le comité des assureurs de New-York insiste avec raison pour que tous
ces changements de nom soient publiés dans les journaux et principale-
ment dans le Shipping and Commercial List, qui paraît à New-York. C’est
aux négocians qui reçoivent des produits américains et aux assu-
reurs auxquels on proposerait des risques de cette nature à se tenir en
garde contre un abus que nous regrettons d’avoir à signaler, mais qui, de
l’aveu du Shipping List, s’est pratiqué- sur une assez large échelle.
Ordre de Léopold.
Un arrêté royal du 2 juin porte :
Voulant donner au général-major Louis Ducorron, commandant la pro-
vince de Hainaut, admis à faire valoir ses droits à la pension de retraite,
uiie marque de Notre bienveillance, en récompense des services qu’il a
rendus au pays, pendant sa longue et honorable carrière militaire ;
Le général-major Louis Ducorron, commandant la province de Hainaut,
est nommé commandeur de l’Ordre de Léopold.
Un arrêté du 31 mai :
Voulant donner au capitaine de Ie classe Pierre François Taminiau , du
régiment des carabiniers,-une marque de Notre bienveillance pour ses bons
services et le zèle et le dévouement dont il a toujours donné des preuves.
Le capitaine de Ie classe Pierre François Taminiau, du régiment des
carabiniers, est nommé chevalier de l’Ordre de opo •
Banque Nationale,
Par arrêté royal du 8 juin ;
Sont nommés agents de la Banque Nationale :
A Ypres, en remplacement du sieur E. Ponsman , en congé illimité, le
sieur Félix Vandenpeereboom, actuellement agent à Audenarde ;
A Audenarde, en remplacement dudit sieur Vandenpeereboom , le sieur
Alexandre Wauters.
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BTOUVEIaliES ©ES SSESES ET IÎE &.A CIIIJVE. „
{Par OVERLAND-MAIL.)
Le Times publie dans sa 2« édition, la dépêche télégraphique suivante
de Marseille :
Des nouvelles d’Alexandrie du 30 mai annoncent que le Jura devait quit-
ter ce port le même jour avec la malle des Indes, de la Chine et de l’Aus-
tralie.
La Nubia était arrivée à Suez à minuit ie 28 mai. L'Européen était arrivé
deux heures plus tard avec 48,000 livres (1,200,000 fr.) d’espèces de Mel-
bourne et 50 passagers. -
Les dales apportées par la Nubia sont : Ceylon , 43 mai ; Bombay, 12 ;
Madras, 9; et Calcutta, 4 ; — Hong-Kong, 25 avril.
La force expéditionnaire devait rester en Perse trois mois encore après la
ratification du iraité de paix.
Une dépêche télégraphique arrivée à Bombay de Herat, dit que le 5e ré-
giment de cavalerie du Bengale était en révolte ouverte. Quelques officiers
et soldats avaient été tués et blessés.
Le bruit courait à Calcutta qu’une correspondance avait été trouvée entre
les mains d’un officier indigène du 34° régiment d’infanterie du Bengale,
prouvant l’existence d’une conspiration pour organiser une insurrection
générale de l’armée toute entière.
La mission anglaise en Affgbanistan était arrivée à Candahor.
Au sujet de la ligne proietée du chemin de fer de Colombo à Kandy, on
avait reçu de bonnes nouvelles.
Il n’y a pas eu de nouvelles opérations sur la rivière de Canton. On dit
qu’Yeh est gêné par le manque d’argent.
On espère que le Kaleigh sera relevé.
A Foo-Chow-Foo on éprouvait quelques inquiétudes par suite de nou-
velles de troubles et de la présence des insurgés dans le pays qui produi-
sent le thé.
Les avis de l’Australie sont du 15 avril de Melbourne, 41 avril de Sydney
et 24 avril de Ring George Sound.
L'Oneida devait partir de Sydney le 1> mai pour l’Angleterre. La. Sim ta
devait partir pour Suez avec les malles destinées pour i'Oneida.
Quatre des sept membres du cabinet O’Shanassa ont seuls obtenu un siège
à l’assemblée législative et on parlait d’une vote de non confiance.
PEÏSSSE.
On écrit du camp de Mohammerah, en Perse, à la date du 20
avril, à un journal anglais : 1
Aucun fait nouveau ici à signaler depuis le retour de l’expédition d’Ah-
waz. On mande des districts de Shuster et de Dizful que l’armée persane
se trouve dans une situation lamentable. Après sa fuite honteuse à l’appa-
rition de trois petits bateaux à vapeur, elle se retira è Dizful, non sans être
pillée à chaque pas par des hordes d’Arabes maraudeurs. A peine les
troupes du shah occupaient-elles cet endroit, que le shahzadah reçut un
message urgent des employés du gouvernement à Shuster, dans lequel on
lui représentait que les scheiks elles citadins, prêts à se révolter, les mas-
sacreraient infailliblement s’ils ne recevaient de prompts secours.En consé-
quence,le shahzadah partit aussitôt pour Shuster avee plusieurs régiments ;
mais leur position est assez précaire, car on dit que le peuple conspire
avec les Bekbtiari pour les expulser de la ville.
Toute l’armée persane est dépourvue de tentes et presque de vivres. Le
shanzadah voudrait battre en retraite sur Ispahan, mais il n’ose traverser
les montagnes qui l’en sépare à cause de l’attitude hostile des Bukhtiari et
des Segwends. Son fils lui-même s’ôtait mis en marche, il y a quelque
temps, pour se rendre dans l’intérieur du pays, mais la crainte des* tribus
sauvages des montagnes l’a décidé à demeurer où il est aujourd’hui. Il est
probable que si nous pouvions nous rendre à Shuster, toute l’armée per-
sane se rendrait à discrétion plutôt quelle fuir ou do se frayer un chemin
jusqu’à Ispahan.
Si nous avions appris la conclusion de la paix quelques jours plus lard,nos
troupes auraient campé dans un pays plus saiubre, vers Shuster. En ce
moment nous ne pouvons rien faire, ne connaissant par le résultat des
négociations. Heureusement il a fait assez froid jusqu’à ce jour, et les
troupes ont joui d’une nonne santé, mais les chaleurs viennent et elles
décimeront nos hommes s’ils ne quittent bientôt Mohammerah.
On rassemble, au prix des plus grands efforts, des matériaux de construc-
tion pour élever des- huttes à Bushire, où on logera, je suppose, quelques
troupes jusqu’à l’observation complète des termes du traité.
Un jeune midshipman, nommé Bireh, du sloop Falkland, mouillé à Mar-
ghil, près deBassorah, s’est noyé hier en se baignant dans une crique.Nous
avons différents accidents de cc geure à déplorer, survenus dans le Karoon,
devant Mohammorah, où le courant est si rapide, que la plupart des mal-
heureux qui y tombent périssent.
Le 21 avril, le shahzadah a envoyé un courrier à notre commandant, sir
James Outram, pour demander s’il est vrai que la paix ait été concilie à
Paris.
Sir Outram est dans une position très-perplexe. On le contraint à loger
ses troupes à Bushire, en dépit d’un climat qui ne tardera pas à nous être
fatal. Deux aides de camp du général se sont rendus à Sablah, situé à douze
milles plus haut sur le Karoon, où les soldats anglais vont avoir incessam-
ment des hultes en terre pour se défendre contre le soleil et les maladies.
Si le ministère anglais avait laissé les négociations entre nos mains, nous
aurions obtenu une paix plus avantageuse. En attendant, nous resterons
probablement ici jusqu’au mois de juin, époque à laquelle les Persans
doivent évacuer l’Afghanistan et la mission anglaise rentrer à Téhéran.
ITAME.
Naples, 2 juin.
Ou nie que la torture soit infligée à Naples : voici un fait récent, tiré
d’un procès-verbal officiel. Il ne s’agit plus de politiques, mais de voleurs.
Les bandes de filous se multipliaent de jour en jour dans la ville et par fout
le royaume. Les prévenus persistaient dans leurs dénégations; la justice
manquait de preuves. Que fit alors le préfet de police? Il transmit au com-
missaire, M. le chevalier d’Ëspagnolis, une nouvelle instruction; le com-
missaire recourut aux sévices. Les bastonnades commencèrent au quartier
de la Vicaria, et se répétèrent dans les prisons degli Approvali, au Castel
Capuano. Tous les patients s’avouèrent coupables, et la culpabilité de
quelques-uns fut constatée par les perquisitions et les trouvailles qu’ame-
nèrent leurs aveux. Mais beaucoup d’autres éiaient innocents, en dépit de
leurs confessions forcées, et durent cependant subir, non-seulement une
peine imméritée, mais un supplice illégal, la torture n’étaut pas autorisée
par les codes napolitains.
Lorsque le commissaire infligeait la torture aux prévenus qui niaient les
imputations dirigées contre eux, il se .servait d’un mot atroce. Il disait à ses
hommes : « Adminislrez-leur le vomitif. »
Toutes les procédures une fois réunies, on voulut les résumer en un seul
jugement devant la grand’cour criminelle de Naples, convoquée en cour
spéciale. Elle çut pour juge délégué le vice-présideut Pagliara ; pour pré-
sident, le chevalier Gabriele; M. Casella siégeait au banc du ministère pu-
blic. Devant cette cour, tous les accusés reprirent la négative. Le nommé
Pasquale Scarpati montra dans les débats publics un bras littéralement
disloqué par la torture. Il demanda formellement la constatation des tour-
ments qu’il avait subis; il exigeait une expertise solennelle. Celle justice
lui fut refusée par la cour.
Dans le cours des débats, deux témoins à charge soutinrent aussi l’em-
ploi des sévices : eux-mêmes les avaient soufferts comme prévenus; ils
s’étalent alors déclarés coupables, mais on aurait reconnu leur innocence
par les révélations des autres prévenus. Les frères Majone, de San-Sébas-
tiano di Poliena, confirmèrent, comme témoins oculaires, la torture infligée
à Scarpati. Enfin les débats rendirent publique une scène douloureuse qui
avait eu lieu pendant ces barbaries. La mère et la femme d’un autre accusé.
Carminé Majetta, avaient été vues sur la petite place où sont les fontaines
de la Vicaria, sous les murs de la prison. Elles entendaient les hurlements
du patient. Ce fut une grande pitié que la douleur de ces pauvres femmes.
Enfin, toutes ces tortures furent à le! point vérifiées dans ce procès, que
la grand’cour annula eu quelque sorte les confessions, et renvoya comme
innocens ceux-là môme qui, sous le bâton, s’étaient dits criminels. Furent
ainsi acquittés : Gaetano Gianpaolino, Pasquale Galluccio, Giosuè Onoralo,
Santolo Scognamigho, Vincenzo Cerrone, Giuseppq Borrelii. On retint ce-
pendant en prison ceux dont les aveux avaient été confirmés par les per-
quisitions judiciaires.
Ces acquittements ont été hautement désapprouvés par la pouvoir, et le
ministère a demandé copie du procès-verbal aussitôt qu’il aura été rédigé.
Voilà comme on traite les voleurs : c’est officiel et public à présent. Qr,
d’autres débats aussi officiels ef aussi publics ont prouvé que le crime
d’opposition politique est traité avec bien plus de rigueur que ie vol et l’as-
sassinat. On amnistie les meurtriers, mais l’on ne pardonne pas aux consti-
tutionnels. Donc l’inquisition est rétablie à Naples.
Un petit mot sur les aménités de la police, et la facilité ds vivre en ce
pays éiyséen. Le roi de Naples a pour confident M. le comte Ludolf, dont
le fils est ministre à Rome., Le comte a toute la faveur et le crédit dont peut
jouir un homme à la cour, en cet an de grâce 4857. Il crut donc qu’il lin
était loisible de s’acheter des terres à San-Angelo de’Lortibardi : c’est un
district dans la province d’Avellino. Aussi chargea-t-il son avocat de traiter
celte affaire et de se rendre à cet effet sur les lieux.
L’avocat demanda son passeport. Il faut vous dire, qu’un Napolitain ne
peut sans passeport s’éloigner de cinq lieues de la capitale. (Et il y a des
étrangers qui rêvent un réseau Ile chemins de fer dans le royaume !) Le
passeport fut refusé. .
Notre avocat (je ne le nomme point, pour ne pas le compromettre) alla
donc se plaindre au comte Ludolf du refus de la police. Le comte se plai-
gnit à son tour à qui de droit, et l’avocat partit, no r sans peiné. A peine
arrivé à San-Angelo deLombardi, en descendant de voiture, il tomba dans
les mains d’un gendarme.
— C’est vous qui êtes M.X...?
— C’est moi même.
— Le commissaire de police vous requiert de passer immédiatemrnt
chez lui. |