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L’avocat alla donc chez le commissaire, qui lui tint à peu près ce langage:
— Monsieur, je dois vous avertir que vous êtes sous la surveillance de la
police.
— Je viens pour acheté*1 des terres...
— Je le sais parfaitement. Vous deviez arriver ici il y a trois jours : qu’a-
vez-vous fait en chemin ?
— Je ne suis parti de Naples que trois jours aorôs avoir reçu mon passe-
port
— Ceci me paraît suspect. Je vous engage à bien prendre garde à vous,
à choisit' les gens à qui vous parlerez, à éviter les cafés, à...
— Je vais repartir immédiatement pour Naples.
— Non, monsieur ; vous resterez ici, et vous y ferez vos affaires...
— Mais oïl ne peut faire d’aftaires sans parler aux gens ; pour les choisir,
il faut les connaître ; or, j’arrive h peine, et je ne puis deviner...
— J’avais prévu cette objection. Voici un homme à moi, chancelier de
police d’un commerce fort agréable, qui se fera une tête de vous piloter
dans, notre ville ; il ne vous quittera pas,
■— À la bonne heure ! "
L’avocat alla donc à l’auberge où il devait descendre, 11 y trouva un fonc-
tionnaire public.
— C’est vous qui êtes M. X.., ?
— C’est moi-même.
— Le sous-intendant (sous-préfet) vous prie de vous rendre chez lui.
L’avocat alla donc chez le sous intendant qui lui offrit une chaise cl lui dit:
— Monsieur, je me fais un devoir de vous annoncer que vous êtes sous
la surveillance de l’administration.
— Je m’y attendais, monsieur. J’ai déjà à ma droite le chancelier que
voici; veuillez lui adjoindre un de vos hommes, que vous placerez h ma
gaueh.8, et cette escorte ne manquera pas de faciliter les acquisitions terri-
toriales que je viens faire dans votre district.
L’avocat retourna à l’auberge. I! y trouva un prêtre qui l’attendait.
— C’est vous qui êtes M. X...?
C’est moi-même.
— Monseigneur l’évêque vous conjure de vouloir bien le favoriser de
votre visite.
L’avocat alla donc chez l’évêque qui lui donna sa bénédiction et lui dit :
— Mon fils, j’ai la joie de vous prévenir...
— Que je suis sous la surveillance du clergé?
— Comment le savez-vous ?
— Je m’en doutais. Je sais ce qu’il me reste à faire.
Le même jour, à la nuit tombante, l’avocat remonta en voiture et revint
à Naples, au grand galop, comme un homme qui a l’administration, la
police et le clergé à ses trousses. M. le comte Ludolf n’aura pas de terres
dans le district des Angelo de’Lombardi.
Cette anecdote, même dans ses détails et ses dialogues, est d’une stricto
vérité. •
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Jri RUSSE.
Une correspondance nous communique le texte de la dépêche
prussienne du 20 mai. Voici la traduction de ce document :
Dépêche de S. Exc. le baron de Manteuffel, à M. de Steffens,
chargé d'affaires de Prusse, à Copenhague.
Berlin, 20 mai.
A diverses reprises, comme vous savez, les Cours de Berlin et de Vienne
ont fait remarquer au cabinet de Copenhague qu’afin de régler les affaires
constitutionnelles des duchés de Holstein et de Lauenbourg, il était avant
tout nécessaire d’en tendre'd’abord l’avis des Etats sur les modifications des
anciennes institutions constitutionnelles et de leur offrir de cette manière
I occasion d’exposer leurs griefs et leurs propositions.
Dans ce but il a été proposé, notamment dans les derniers jours de mars,
de convoquer aussitôt que possible les Etats en session extraordinaire.
En réponse à celle proposition il nous a été communiqué firM. de
Bror,'à(iorff la dépêche ci-jointe de Copenhague, en date du -13 mai.
Nous y avons vu avec satisfaction que le gouvernement danois, à la suite
de la reconstitution du ministère, a pris la résolution d’entrer dans la voie
qui lui a été recommandée, et nous le félicitons sincèrement d’avoir adopté
une mesure qui paraît commandée non-seulement par son propre intérêt,
mais encore par ses obligations envers lesduchés etenvers laConfédération.
La dépêche contient la promesse de convoquer les Etats provingfâux de
Holstein, au mois d’août au plus tard, et de soumettre à leur examen cons-
titutionnel le projet révisé d’une constitution pour les affaires spéciales des
duchés.
. U est en outre promis que ce projet renfermera notamment les disposi-
tions destinées à régler d’une manière plus précise l’étendue des affaires
spéciales du Holstein.
Enfin on a donné l’assurance positive — à laquelle nous, attachons une
importance toute particulière — qu’on mettra l’assemblée des Etats pleine-
ment en mesure de se prononcer, en toute liberté, sur la délimitation de la
compétence des Etats.
U n’appert pas, il est vrai, de ces déclarations jusqu’à quel point le gou-
vernement danois est disposé b satisfaire matériellement et complètement
aux obligations, contractées par les promesses faites en 1831 et 1832 envers
les duchés et la Confédération. Sous ce rapport, il faudra sans doute atten-
dre 1 issus des prochaines négociations avec les Etats, et bien que nous
ayons confiance dans la sagesse et la justice de S. M. le roi de Danemark,
tous les droits qui résultent de la Constitution des duchés.et des promessés
lattes en 1851 et 1832, lors des négociations engagées avec la Prusse et
1 Autriche, devront être sauvegardés et résérvés. .
Si, conformément aux assurances données, on offre aux Etats l’occasion
de se prononceren toute liberté sur leurs droits et prétentions, et d’exposer
convenablement leurs griefs et leurs vœux, on aura trouvé la base conve-
nable pour les négociations ultérieures, et ouvert à l’arrangement delà
question constitutionnelle la voie que les cabinets de Berlin et de Vienne
ont cru dès l’abord devoir recommander avec insistance.
Dansmeet état de choses, et de concert avec la Cour impériale d’Autriche,
nous n’avons point de motif, pour le moment, de porter cette affaire de-
vant la Diète fédérale.
La. dépêche de Copenhague, il est vrai, ne parle que d’une proposition à
taire aux Etats du Holstein relativement aux seules affaires spéciales du
duché. 11 n’est pas fait mention expresse et particulière de la Constitution
pour les affaires communes de la monarchie danoise. Nous nous croyons
néanmoins autorisés à admettre, qu’en assurant aux Etats le droit de dis-
cuter librement la définition de la compétence des Etats, on leur accordera
également la liberté de faire entendre les réclamations et les propositions
qui ont trait à la position qu’il s’agit d’assurer aux duchés et à leurs repré-
sentants dans la Constitution commune, et de faire valoir leurs droits déri-
vant des promesses qui leur ont été faites en 1852, non-seulement par
rapport à la réorganisation des Constilulions spéciales, mais aussi bien et
autant en ce qui concerne l’entrée des duchés dans la Constitution générale
de la monarchie. '
Car, d’une part, ainsi que nous l’avons toujours fait remarquer, c’est un
fait incontestable, que c’est précisément la constitution pour les affaires
communes de la monarchie qui modifie de la manière la plus essentielle
l’ancienne constitution des duchés , et qu’en conséquence, et en vertu des
assurances données, les Etats ont le droit constitutionnel d’être entendus
sur les modifications de la constitution dont il est question. D’autre part,
il résulte également de cette, connexité entre la constitution générale et
l’ancienne constitution des duchés, ainsi que de la modification apportée à
la compétence des Etats par la constitution commune, qu’on ne saurait
exclure des délibérations ayant pour objet la définition de la compétence
des Etats, l’examen des rapports de cette question avec la constitution
commune.
Enfin, si la dépêche du 15 mai ne fait pas une mention particulière du
duché de Lauenbourg, cela provient sans doute de ce que les négociations
ont déjà été entamées avec les Etats du Lauenbourg. Nous ne douions en
aucune façon que le gouvernement danois ne voudra pas accorder moins
de droits aux Etats du Lauenbourg qu’à ceux du Holstein. .
Vous ôies chargé, Monsieur, de donner au gouvernement danois con-
naissance de la teneur de la présente dépêche.
Si, contre toute attente, l’interprétation que nous avons donnée aux
déclarations du cabinet de Copenhague ne répondait pas à ses intentions,
nous croyons pouvoir en attendre des explications ultérieures, et nous
aurions à examiner alors jusqu’à quel point les circonstances pourraient
nous obliger à déférer finalement cette affaire U la Diète.
Je vois, par votre dernier rapport, que par suite du changement intervenu
dans la situation politique du Danemark, vous n’ayez point fait part au
ministère danois de ma dépêche du 10 mai, par laquelle je vous ai informé
de la résolution qu’avaient prise les Cours de Berlin et de Vienne, de faire
de celte affaire l’objet d’une communication à la Diète. Vous êtes invité à
donner subsidiairement lecture confidentielle de cette dépêche à M,le minis-
tre Michelsen, afin que M. le ministre puisse s’assurer que nous espérons
toujours que le gouvernement danois ne restera pas sourd à nos conseils
amicaux.
Agréez, etc. Signé ; manteuffel
ASBLEÏEKKE.
Londres, 6 juin.
Le parlement a repris ses travaux sérieux.
Deux questions ont tenu une grande partie de la séance, le traité relatif
au remboursement immédiat des droits du Sund, et la continuation des
votes sur le budget de l’armée.
La part de l’Angleterre dans la question du Sund, après des explications
satisfaisantes du chancelier de l’échiquier sur l’état des finances, a élé
acceptée, et les 1,125,206 livres sterling (28,130,150 fr.), ont été volé sans
opposition.
Quant au vote du budget de l’armée, on a fait remarquer avec raison
l’augmentation du budget, dit de la paix; on s’est étonné de la facilité
avec laquelle le gouvernement augmentait ses moyens défensifs ici.
Comme dans le vote sur le budget de la marine, lord Palmerston est venu
réclamer s'a part de responsabilité, et, comme toujours, il a fait miroiter aux
yeux de la chambre le danger d’être exposé, sans défense, à l’invasion
étrangère, cette observation a suffi à désarmer les critiques.
Nous nous permettons de relever ces assertions, à cause de l’étrange
coïncidence que révêlenfcde jour en jour les efforts diplomatiques de l’An-
gleterre pour se rallier aux vieilles monarchies du continent,et les dépenses
gigantesques pour tenir son armée intérieure sur un pied plus élevé , pour
augmenter le chiffre et la force de ses flottes, pour armer ses côtes de forti-
fications importantes. Jamais l’Angleterre n’avait fait autant d’efforts que
ceux qu’elle déploie depuis deux et trois années.
L’avertissement est bon à donner.
11 y a eu ce soir conseil des ministres à la résidence officielle de lord
Palmerston, Downing-slreet. »
BOURSE DE LONDRES DU 6 JUIN.
La bourse est très ferme et maintient son augmentation sur les prix
fermes d’hier.
Le 5 0/o consolidés qui hier soir avaient fermé à 91 5/16 7/16 a ouvert ce
matin à 94 3/8 1/2 à terme et a monté à 94 1/2 3/8 ; au comptant, on fait
93 7/8 à 94 1/8 ; 3 0/0 réduits 92 1/2 ; 3 0/0 nouveau 92 5/7 7/8.
Bills de l’échiquier (mars) 1 shil. escompte à 3 shil. prime ; dito (juin)
2 shil. escompte. .
Fonds étrangers inanimés mais fermes. On a coté 4 1/2 0/0 be'ges 97 ;
espagnols, dette passive, 5 1/2 ; dito (bons de comité) 6 3/4 7/8 ; 4 1/2 russes
97 1/4 ; 6 0/o turcs 94 3/4 95 ; 4 0/0 dito 101 1/2 3/4.
Les chemins de fer sont calmes. On n’a pas coté une seule ligne belge.
— Lignes françaises : Lyon 58 1/2 ; Midi 29 1/2. -
ÏHAÏSCB.
{Correspondance particulière du précurseur.)
Paris, 6 juin.
Dans le Jura, ce sont MM. Edouard Dalloz et le comte de Toulongcon qui
sont les candidats du gouvernement. M. E, Dalloz est député sortant ; quant
à M. de Toulongeon il a été sous-préfet de Dôle.
Dans la Drôme, les candidats du gouvernement sont MM. Sapey, Monier
de la Sizerane et Morin. Ce dernier, qui se présente dans la 2“® circons-
cription, se trouve avoir un concurrent, c’est M. Montier, avocat, ancien
maire de Crest.
Dans le Lot et Garonne, MM. Henri Noubel. Charles Lafiite et Gustave de
Hichemond, tous'lrois députés sortants,sont lescandidatsdugouvernement.
Dans le Tarn, ses candidats, également tous députés, sortants sont MM.
Gisciar, Cavayon-Latour, le général baron de Gorsse.
Dans la Manche, ce sont aussi les députés sortants qui sont présentés
par le gouvernemen!, voici leurs noms : MM. le général Mesltn, le confie de
Kergolay, Brohyeret Hervé de St.-Germain.
Au Havre, les deux candidats du gouvernement sont MM. de Labedoyère
et Ancel, députés sortants.
Dans l’Aube, les candidats du gouvernement sont M. de Maupas père,
député sortant, el M.Joseph Moreau, membre du Conseil général de l’Aube.
Dans la Haute-Vienne, où M. Martin (de Compreignac) se présentait dans
la 2e circonscription, ce candidat vient de se retirer en présence de la can-
didature gouvernementale de M. Calley St-Paul, banquier à Paris. — Un
autre candidat dans la 2« circonscription de la Vienne, M. Bonnin, s’csl éga-
lement retiré en présence de M. Caliey St-Paul.
Dans la Corse, les candidats du gouvernement sonlM. Severin Abatu.cci,
député sortant, et le baron Mariani. — Ce dernier a publié, en même temps,
que sa circulaire, une lettre de l’Empereur en date du 9 mai 1837, laquelle
est ainsi conçue :
« Mon cher commandant,
» Le ministre de l’intérieur a dû vous dire que j’avais décidé que vous
» seriez en Corse le candidat du gouvernement. Vous pouvez donc le pro-
» clamer hautement,car je serai très heureux que la confiance des électeurs
» vous amène à la Chambre. Croyez à tous mes sentimens d’amitié.
» NAPOLÉON. »
M. le baron Mariani s’est fait tout spécialement recommander en Corse
par le docteur Conneau, médécin de l’empereur lequel a adressé à ce sujet
à M. Horace Sébastiani qui habite Bastia,une lettre rendue publique et dont
la première phrase est ainsi conçue :
« Mon cher Oncle ,
» M. Mariani se présente aux élections.pour le Corps législatif, non seu-
» lemenl comme te candidat du gouvernement, mais comme celui de l’em -
» pereur.n
Si je Gouîigfie ces mots candidat du gouvernement et candidat de L’empe-
reur; c’est que ces qualifications peuvent-constituer une sorte de différence
si, comme par exemple on me l’assure, M. David , aide de camp du prince
Napoleon qui se présente dans la 3e circonscription de la Gironde (Bagas et
la Riolle) s’intitule candidat de l’empereur en opposition au colonel Thirion
gouverneur de St-Cloud, qui estle candidat du gouvernement. — Quoiqu’il
en soit, une lettre de Bordeaux qui vient de m’être communiquée annonce
que M. David, l’aide de camp du prince Napoléon , a élé invité à retirer sa
candidature.
Les candidats du Siècle continuent à rester à l’état de mythes. Ce n’est
pas faute d’en parler cependant ; mais les propos en pareille matière ne
prouvent rien, ou plutôt quand ils durent si longtemps sans aboutir, ne
méritent plus confiance.
La Reine Horlensc qui devait être désarmé à Cherbourg au retour de
l’excursion du grand-duc Constantin, est au contraire par suite d’ordres du
ministre de ia marine, l’objet de préparatifs comme si elle devait faire un
voyage dans le Nord. Il se dit qu’elle doit servir au prince Napoléon qui se
proposerait de visiter le golfe de Finlande et St-Pétersbourg.
Des lettres de Vienne en annonçant que les élections sont commencées
en Moldavie, prétendent que ces élections sont défavorables à l’union des
principautés. Notez toutefois que c’est de Vienne qu’arrivent ces nouvelles.
Le bal qui devait avoir lieu hier à St-Cloud a été remis à aujourd’hui pour
satisfaire à quelques convenances personnelles du roi de Bavière.
Bien que le Journal des chemins de fer annonce formellement ce malin
la réunion pour le 10 septembre des actionnaires de la caisse de chemins de
fer, afin de recevoir ia démission de M. Mirés, on prétend à la bourse qu’il
y a encore bien du temps d’ici au 10 septembre, ce qui permet d’espérer
queM. Mirés aura changé de résolution pour cette époque.
On racontait hier au Sénat le mot suivant de l’un des principaux fonc-
tionnaires de l’Etat qui, après avoir soumis à un auguste personnage la
liste des anciens députés par ordre alphabétique de départements et voyant
que le hant personnage en question avait mis une croix devant les noms
de ceux qui ne devaient pas avoir l’appui du gouvernement, s’écria à l’as-
pect du nom de M. de Montalembert, qui figurait le premier parmi les éli-
minés : Au moins il y a un dédommagement pour M. de Montalembert, car
le voilà à la tête des croisés.
Les Dames Capitaines, opéra-comique, de MM. Mellegoille et Reber, joué
avant-hiej- pour la première fois au théâtre de l’Opéra-Comique, a assez
bien réussi. Le poème est joli, il se eompose d’épisodes empruntés à l’his-
toire de la Fronde, et la musique toujours grâcieuso contient quelques
belles mélodies.
Dépêche télégraphique.
Paris, dimanche, 7 juin.
Le Moniteur publie une dépêche du maréchal Randon, en date du 31
mai, portant ce qui suit :
» Tout va bien.
» Le temps est beau.
! » Les ambulances sont presque vides.
» J’occupe maintenant Souck-el-Arba, importante position dominant le
pays.
» Les Beni-Mahmoud ont fait leur soumission. »
On annonce le mariage de M. Mercier, ministre plénipotentiaire de
France en Grèce, avec M118 de Lostende.
— On parle pour !e prochain banquet d’essais d’hippophagie : un filet
dechevaletun pot-au-feu de cheval seraient confiés aux soins éclairés de
Chevet. Le peuple a une répugnance extrême pour ia chair de cheval ; si
l’on veut la lui faire accepter , il faut commencer par faire du cheval un
mets de luxe et le servir sur la table des riches.
— Le Moniteur universel contient une correspondance de
Livourne, du B juin, portant ce qui suit :
« L’archiduc Maximilien s’embarque aujourd’hui pour Lisbonne et l’An-
glelerre, sur la frégate autrichienne l'Elisabeth, mouillée depuis le 30 mai
dans le nouveau port.
» On attend ici, demain, S. M. le roi-de Saxe, qui se rend à Florence. »
— Lundi dernier, une brillante compagnie s’était réunie à Aubervilliers,
chez un célèbre équarrisseur. La célébrité>e fourre partout aujourd’hui,
même dans les écorcheries. On voyait dans cet horrible abattoir de la noble
race chevaline toute la fine fleur de l’épi parisien: des sporlmen, des hom-
mes du monde et quelques grands seigneurs moscovites.
II s’agissait de faire sur de pauvres chevaux l’essai de la balle explosible,
inventée tout dernièrement par l’armurier Devisme. Cette balle, non plus
comme l’ancienne, mais longue de dix centimètres, estle plus terrible de
tous les engins meurtriers connus jusqu’à ce jour. Elle est surtout destinée
à la chasse au lion et à l’éléphant. Quand elle a pénétré dans le corps de
l’animal, elle éclate, déchire les tissus et asphyxie instantanément la vic-
time par le gax oxyde de carbone, qui se développe pendant la conflagra-
tion de la poudre.
Cinq chevaux, victimes désignées de l’épreuve, étaient là, broyant quel-
ques branches arrachées à une maigre haie, en attendant la mort. Un che-
val est séparé des autres ; on le vise, et la noble bête, frappée au poitrail,
tombe en arrière en lançant par la bouche une fumée de poudre. Ainsi des
autres, sauf un seul cheval qui, plus mince d’encolure, est traversé par ia
balle, laquelle va faire explosion contre la muraille. L’épreuve a complè-
tement réussi, et l’élégante compagnie convoquée au spectacle de ces cinq
hécatombes se dispersait enchantée et rentrait à Paris pour courir à d’au-
tres frivolités.
Il reste à savoir maintenant si cette balle explosible, qui tuera instanta-
nément les lions, les éléphans, les hippopotames, tous les mastodontes des
forêts, ne sera pas impuissante contre les plus gros monstres marins.
La chasse à la baleine qu’on appelle improprement une pêche, est un des
exercices les plus dangereux et les plus meurtriers. Les pirogues envoyées
pour le lancement du harpon sont souvent culbutées par les soubresauts
du monstre, et il n’est pas de navire qui revienne à la fin de la campagne
avec son équipage au grand complet : le livre du bord constate toujours'
quelques victimes.
M. Deyisme veut donc se rendre compte de l’effet que produirait sa balle
dans le corps d’une baleine, et il se propose d’aller au Havre ces jours-ci,
en compagnie d’uue sorte de commission composée de savans et de curieux
pour tenter son expérience. Le malheur est que les énormes cétacés, qui
se tiennent dans les parages des mers lointaines, ne se promènent jamais
vers nos côtes, et il n’est pas présumable que ces monstres, pourchassés
par le harpon des baleiniers, se dérangeront de leurs habitudes pour fa-
ciliter l’expérience du savant armurier. Aussi M. Devisme n’a-t-il pas comp-
té sur la bonne volonté des baleines.
Le monstre sera figuré par un gigantesque mannequin en osier rempli
d’étoupeset recouvert d’uue épaisse couche de suif. Pour que l’expérience
soit victorieuse, il faut que la balle, traversant la couche du suif d’un pied
d’épaisseur, arrive au centre du mannequin et mettre le feu à l’étoupe en
faisant explosion. Si l’étoupe s’enflamme, le problème est résolu, et la
chasse à la baleine n’offrira pas plus de danger désormais que la chasse au
lièvre ou au chevreuil. Une balle lancée à distance, et la baleine éclate
comme un canon trop chargé.
ROURSE DE PARIS DU 6 JUIN.
Les demandes se sont un peu ralenties aujourd’hui. On sait que le same-
di, surtout à cette époque de chaleurs et de villégiature, n’est pas ie jour
choisi d’ordinaire par les spéculateurs pour engager des opérations. Iis
sont plutôt portés à liquider celles de la semaine, et c’est ainsi que les
cours ont généralement plus de faiblesse le samedi.
Le 3 0/0 a cependant conservé à peu près les cours acquit hier. C’est là
un résultat dont l’importance ne saurait être méconnue. Il a fermé à terme
à 69.30, avec5c.de baisse, et n’a guère au surplus été coté à d’aùlres
cours. Il a fait au plus haut 69.35 et au plus bas69 25.
Les fonds anglais se maintiennent à leurs cours précédents. Les deux
cotes d’aujourd’hui sont venues sans changement à 94 5/8. La situation.du
marché de Londres est des plus favorables.
Au comptant la rente 3 0/0 s’est tenue sans changement à 69.20.
La rente 4 1/2 était ferme de 91 80 à 91 90. La banque de France est restée
stationnaire à 4500. Le comptoir d’escompte était ferme à 697 50. Le crédit
mobilier était lourd et a fléchi à 1192 50.
Le marché des chemins de, fer a jété satisfaisant. Plusieurs lignes ont ob-
tenu de légères améliorations. De ce nombre sont le Lyon, qui a monté de
5 à 14 fr., le Grand-Central de 3 75 à 623 75, le midi ancien de 6 25 et le
Midi nouveau de5fr. à 755..
^ L’Orléans a fléchi de 5 fr. à-1455. Le Nord est resté stationnaire à 970;
l’Est ancien a fléchi de 7 59 à 755, et l’Est nouveau de 5 fr. à 722 50. Le
Béziers est resté calme à 505, l’Ouest à 773, les chemins autrichiens à 673.
On a négocié les'chemins Lombards à 628.75, les romains à 567.50, les
Russes à 515. La caisse des chemins de fer a été cotée à 450, les' port de
Marseille à 165, les Omnibus de Londres à 95, les Eaux à 210, les voitures à
65, les Rivoli à 100 fr.
Fonds étrangers : La dette extérieure d’Espagne arrive et ferme au
cours de 42 ; il y a baisse de 1/8 sur la dette intérieure à 58 7/8. Le différé
s’est amélioré de 1/8 à 23 1/2. Une hausse de 1/2 0/0 a eu heu sur l’emprunt
romain à 86 1/2 ; la rente de Naples est à 113.50. — On a négocié sans
changement sur les préeédens cours le 4 1/2 0/0 belge à 96 1/2 et l’Emprunt
Piémontais à 91.25. Les chemins de fer russes ont été faits à 515 en hausse
I de 2.50.
i '
BOURSE D’AMSTERDAM DU 6 JUIN.
Rien de notable dans les fonds nationaux ou étrangers. Les actions de la
Société de Commerce se sont placées de nouveau à des cours en hausse.
Dette active 2 1/2 0/0 63 11/16, 3/4 ; d» 5 0/0 76 ; eert. 4 0/0 96 1/8 ; Société
de Commerce 153 1/4, 134 ; Esp. 1 1/4 0/0 25 1/16; d» inlér. 38 1/16,1/8;
Métall. 5 0/0 76 5/16 ; d° nouv. 1854.87 15/16, 88; Venezuela 84 3/4; Gre-
nade 2 1/3 0/0 22 3/8.
Bruxelles, 6 juin.
On assure que ie clergé de l’église de Notre-Dame de la Chapelle à Bruxel-
les a reçu l’invitation de ne pas faire au dehors la procession annuelle de
la Trinité qui devait sortir demain dimanche,
— Jeudi soir, un malheur est arrivé dans la station dil chemin de fer de
Luxembourg. Le sous-chef de station, M. F. Tandei, a eu les deux jambes
écrasées sous les roues d’une locomotive. Transporté à l’hôpital Saint-Jean,
le blessé y a succombé, après avoir subi une doubleampulation. M. Tandei
n’élail âgé que de 21 ans.
— Un accident est arrivé à la fête de Tervueren : M. le sénateur de Dor-
dolot a eu le bras cassé par un coup de pied de cheval ; M. le baron Seutin
et M. Graux, chirurgiens de l’hôpital Saint-Pierre, lui ont remis le bras
presque à l’instant.
observatoire royal de BRuxEjLLF.s, 6 juin à midi. (14e jour delà
lune.) — Baromètre observé 762"™08 ; Thermomètre centigrade du
baromètre 19°9 ; température centigrade del’air 27n4; id. maximum depuis
hier midi 27°4 id. minimum depuis hier, midi 13u9 ; eau tombée 0""»00;
vent S-O.
«VERS, 7 J ris
La chaleur est excessive aujourd’hui. A midi le thermo-
mètre marquait 25° Rhéaumur. Vent S.
— Nous apprenons que le tirage au sort de la magnifique
tombola du Carde artistique , littéraire et scientifique est fixé au
jeudi 18 de ce mois. On sait que des billets pour participer au
tirage pourront être pris, au local du Cercle, jusqu’au dernier
jour.
— La petite kermesse d’Anvers a commencé aujourd’hui. Elle
paraît avoir attiré un assez grand nombre d’étrangers, qui vien-
nent prendre part aux différents concours ouverts par les socié-
tés de l’arc, de l’arbalète ou d’autres jeux.
— Aujourd’hui sont arrivés les steamers Pilot, de Hambourg,
Neptune, de Londres, avec la cargaison transbordée du Léo, et
le Télégraphe, également de Londres.
Le Dolphin et le Emarald-Isle sont partis, le premier pour
Londres et le second pour Hull.
— Un trois-mâts américain, le North America, venant de
Callao, montait la rivière à midi remorqué par deux bateaux à
vapeur.
— Hier soir les vérificateurs de l’administration de la douane
du port d’Anvers ont offert un banquet au Pannenhuis, à St -
Willcbrord, à deux de leurs collègues, MM. Sacré et de Brou-
were, à l’occasion du 23° anniversaire de leur résidence à
Anvers en qualité de vérificateurs. La fête s’est prolongée assez
tard et la plus franche cordialité n’a pas cessé d’y présider.
— Un enfant de dix ans, un petit garçon, a été écrasé hier
par un chariot aux environs du bassin et blessé grièvement.
— Ce matin 32 nouvelles publications de mariage ont été
affichées à l’hôtel-de-ville.
— Les habitants du Rempart St-George , aux environs de la
Poterne, se plaignent du mauvais état dans lequel on continue
de laisser la voie publique dans cette rue. Elle est difficilement
praticable, surtout pour les voitures , lorsqu’il fait sec, et une
fois qu’il a plu deux jours, il n’y a presque plus moyen d’y pas-
ser. Rs prient encore une fois ceux que la chose concerne de
porter leur attention sur ce point.
— On a commencé, il y a quelques jours, le dallage des gale-
ries de la Bourse Ce dallage simule un damier. — Mais pour-
quoi donc rétrécir la perspective par ce malheureux cordon qui
règne, on ne sait trop pourquoi, tout autour du damier et qui est
d’autant plus mauvais goût, qu’il est formé à l’aide de vieilles
dalles retaillées dimensions irrégulières et qu’ainsi aucun
des joints ne correspond exactement au dessin ; c’est d’un dé-
testable effet. — Pourquoi aussi ce cordon plus large du côté
du mur que du côté de la cour, ce qui fait que le centre du des-
sin du damier ne correspond plus au centre de la galerie. —
Comme les travaux ne sont que peu avancés, nous engageons
l’autorité communale à aller s’assurer de la mauvaise besogne
que l’on fait et à la faire redresser pendant qu’il en est temps
encore. — Ce cordon rétrécit inutilement les galeries. Il y a du
côté de la cour une clôture naturelle, c’est la dalle delà marche
supérieure; aucun autre cordon n’est nécessaire, et en tous cas
il faut proscrire l’usage des vieilles dalles.
— Par arrêté royal du 30 avril il est accordé à Joseph Vande-
sype, matelot de troisième classe dans la marine royale, une
pension annuelle et viagère de deux cent cinquante francs
(fr. 230), qui prendra cours le 1er mai 1851.
— On nous écrit de Calmpthout: «Le premier convoi du che-1
min de fer, nous a amené, hier samedi, plusieurs agronomes
de la Flandre et du Brabant; des membres de la Société Cen-
trale d’agriculture de Bruxelles, des fonctionnaires supérieurs
du département de l’intérieur, etc. Malgré les fortes chaleurs,
ces messieurs ont parcouru les défrichements, pendant plus de
six heures et tous se sont engagés à revenir visiter de nouveau,
dans quelques semaines, ces intéressantes cultures, dont, dans
leur opinion, les bruyères encore incultes de Calmpthout, sont
également susceptibles.
Le nouveau système de rigolage pour la plantation du sapin
a été, à côté du Houblon, l’objet d’un nouvel examen de la part
de M. Ronberg, spécialement délégué, ad hoc, par M. le mi-
nistre de l’intérieur. Ses incontestables avantages ont été recon-
nus par tous les visiteurs. L’un d’eux a déclaré que ses sapi-
nières, entre Wavre et Bruxelles, qui coûtent plus de deux
mille francs l’hectare, ne sont pas plus belles que celles des
dunes de Putte.
— Un phénomène étrange s’est passé à Zwolle (Hollande).
Il a gelé si fortement pendant les nuits du 1er et du 2 juin que
plusieurs champs converts de pommes de terre sont devenus
noirs. Le blé sarrasin a également beaucoup souffert et devra
être de nouveau semé en plusieurs endroits.
— La punition du fouet vient d’être infligée à un caporal de
l’armée anglaise. Le DailgNews rapporte de la manière suivante
les circonstances et la cause de ce châtiment :
« En exécution d’un ordre donné à la garnison et qui a été
publié dimanche soir à Woolwich, tous les officiers, sous-offi-
ciers et caporaux du 12e bataillon et un officier, ainsi que vingt
sous-officiers et soldats de chaque bataillon d’artillerie h cheval
et des batteries de campagne, ont été mis sous les armes dans
le manége, hier, à sept heures du matin, pour assister à la pu-
nition du caporal d’artillerie Jean Cook, faisant partie de la 5e
compagnie du 12° bataillon. Cet homme a été convaincu d’avoir
volé un mouchoir de poche. Ce mouchoir a été trouvé chez une
femme de la ville qui a attesté par serment qu’il lui avait été
donné par le prisonnier. Le caporal Cook a reçu cinquante coups
de fouet. »
— On écrit de Berne, le 4 juin :
« Les plus récentes nouvelles du Hauenstein ne laissent plus
aucun doute que tous les malheureux enfermés à la suite de
l’accident du 29 mai n’aient -succombé. Le percement des dé-
combres est opéré, mais n’a révélé jusqu’à présent que le
silence des tombeaux. On ne peut pénétrer dans l’arrière tunnel
qu’avec de grandes précautions, pour ne pas s’exposer à faire
de nouvelles victimes, l’air étant complètement vicié, tant par
le gaz du charbon que sans doute par les 54 cadavres. »
Une dépêche télégraphique , datée de Berne le 5 juin, et qui
nous est communiquée par l’agence Havas,annonce que l’on n’a
plus pu retirer que des cadavres du tunnel d’Hauenstein.
— L’hôtel d’Orléans, à Sacramento, dit YEcho du Pacifique,
publié en Californie, est éclairé par le gaz extrait du bois. Le
journal américain affirme que la lumière en est brillante et d’une
nuance agréable. Les inventeurs prétendent que l’appareil pour
la production de ce gaz est de la plus grande simplicité et ne
coûte que le tiers de celui qui est employé pour extraire le gaz
du charbon de terre; qu’ils tirent d’une livre de bois plus de
gaz qu’ils n’en pourraient extraire d’une livre de charbon de
terre. Ils ajoutent qu’après la distillation, il leur reste un excel-
lent charbon de bois et d’autres résidus utiles, dont la vente
paie une grande partie des frais d’extraction du gaz. S’il en est
ainsi, ce nouveau procédé d’éclairage sera sans doute bientôt
appliqué dans les villes de l’intérieur, sur tous les points nom-
breux où abondent les pins résineux.
— Un journal de Philadelphie nous fournit les données sta-
tistiques suivantes sur le commerce des fruits et légumes con-
servés en cette ville :
« Dans les douze mois de 1856, nous n’avons pas exporté moins de 100,000
livres de cerises ; 50,000 quarts de fraises, 20,000 pots de pêches ; 30,000
de tomates ; 15,000 boisseaux de prunes ; 500 baril--, de coings; 150,000
d’anauas ; 5,000 boisseaux de groseilles ; 10,000 de maïs, haricots,
etc.; 1,500 de conserves au vinaigre, telles que concombres, oignons,
betteraves et fruits verts ; 100,000 barils de viande hachée et 50,000
de bœuf frais et autres ; enfin 120.000 pots d’huîire conservées, le
tout s’élevant à un chiffre d’un million de dollars environ. Dans
cette énumération ne sont pas comprises les huîtres que nous livrons à uns
consommation immédiate et qui sont une branche distincte de notre
commerce.
» Pour nous procurer les matériaux nécessaires, nous avons de3 agens
qui explorent tous les marchés et fout leura achats aux prix les plus élevés.
Nos acquisitions en verres de toutes formes se montent à 10,000 liv. st.,
sur lesquels il faut établir une perte de 10 0/0 pour le bris.
» La fabrication se fait à la vapeur, et le nombre de nos ouvriers ne se
moule pas à moins de 500 ajoutez, pour les autres frais, 50,000 dollars de
vinaigre, 20,000 pour achats de pots, boîtes, vases, etc. ; tenez compte dos
fruits avariés par le Iransport, et vous verrez que nos bénéfices n’atteigaent
pas plus de 12 p.c., la moitié seulement de l’intérêt du commerce. Nous
faisions autrefois pour la Californie de vastes exportations , mais elles ont
tombé parce que ce pays, couvert de jardins abondans par ses nouveaux
colons, est à même de se fournir de légumes et de fruits. Il nous reste l’A-
mérique, tout entière, le sud et l’ouest, le Mexique, Cuba, et surtout les
Antilles, où nos productions se vendent à des prix très élevés et obtiennent
ja préférence sur toutes les autres. »
Les Antilles !... Que d'émotions n’a pas fait naîtra en chacun de nous le
nom seul de cette transatlantique contrée !... Ciel splendide, végétation
luxuriante, atmosphère parfumée, frais ombrages sous les palmiers, les
banians et les tamarins, délicieuses tôles de eréôies souriant aux fenêtres à
travers les vanilliers en fleurs, terre où pleuvent les millions, où abondent
les oncles millionnaires, etc., etc., voilà, quand on a vingt ans, ce que
signifie ce mot magique : les Antilles !... Mais quand, après avoir cédé au
désir de visiter cet archipel fortuné, on arrive à la Guadeloupe, à la Marti-
nique ou dans quelque autre île du voisinage, le désenchantement ne tarde
pas à succéder à l’illusion : d’abord les oncles américains n’existent plus
qu’à l’état fossile, ensuite les millions vous fout presque toujours défaut, et
si les torrides splendeurs du pays répondent à ce que vous en avez rêvé, il
y a auprès de cola des inconvénients sans nombre qui en modifient singu-
lièrement le charme.. .
En effet, ce ciel si pur, si chaud de tons, vous brûle au point de vous ô'.er
toute énergie, et si les bosquets parfumés vous invitent à vous reposer,
gardez-vous bien d’en rien faire, car là, feuilles, fleurs, et jusqu’au moindre
bnn d’herbe, tout peut servir de retraite à quelque ennemi mortel : sprpens
fer-de-lanee dans les champs de cannes, serpens coralis dans les buissons,
miliepattes dans les roches, scorpions partout, mémo dans les habitations
et jusque dans votre lit si vous n’y prenez garde, il faut toujours être sur le
qui vive. Combien, au milieu de tous ces poisons multiformes, ne regretle-
t-on pas cette vieille Europe, ses champs de sain-foin et ses pelouses
constellées de pâquerettes ! *
Arrivé de France depuis plusieurs mois, M. Félix D. ., employé en qua-
lité de comptable sur une plantation des environs de St.-Pierre (Martinique),
savait parfaitement tout ce que nous venons de dire surles dangers qu’offre
le pays, et se-croyait suffisamment prémuni ; mais il faut prendre garde à
tant de choses dans ces régions tropicales, qu’il y a toujours des cas im-
prévus pour les étrangers. 4 '
Le 15 avril au soir, le jeune homme, séduit par la beauté du ciel, eut la
fantaisie d’aller faire un tour du côté des mornc3 voisins pour y attraper des
scarabées et des lucioles dont il faisait collection. Il se mit donc en roule
sur les neuf heures, en compagnie d’un nègre de l’habitation. Mais celui-ci,
qui aurait mieux aimé dormir que de s’occuper d’histoiro naturelle à
pareille heure, s’arrangea de façon à perdre de vue le promeneur et s’en
revint faire son somme.
Quoique n’ayant pas son guide, le collectionneur n’en continua pas moins
son excursion, et il s’en allait butinant à droite et à gauche, lorsqu’il fit la
rencontre d’une vingtaine de crabes marchant de compagnie. Enchanté
d’une pareille trouvaille, le voyageur eu prend quelques-unes qu’il fait
cuire sur place et qu’il mange séance tenante, après quoi il se remet en
route. Mais il était à peine à quelques portées do fusil du lieu où il avait
fait sa collation, que ses membres s’alourdissent tellement qu’il se serait
couché là s’il n’avait craint d’être dévoré par les fourmis, qui, en moins
d’une heure, quand elles s’y mettent, vous transforment un homme en
squelette; il prit donc le parti de regagner l’habitation et d’aller se coucher
aussi.
Le lendemain, à l’heure du déjeûner, le planteur, ne voyant pas arriver
M. D... pensa bien qu’il dormait afin do se remettre de son excursion
nocturne, et ne s’enquiéta pas davantage. Après ie repas cependant, il lui
prend la fantaisie d’aller éveiller le commis, et il est tout surpris de le
trouver en train de vomir et en proie à de violentes douleurs d’entrailles.
« Qu’avez-vous donc Y lui demande le propriétaire. — J’ai mangé quelques
crabes hier au soir, répondit le malade avec effort, et j’ai attrapé une in-
digestion. » Dès lors on se mit à lui faire force thé, pensant que cola ne
serait rien; mais le soir mémo il était mort.
On présume que les crustacés mangés par le jeune homme étaient des
crabes de terre, qui se nourissenl souvent de pommes de maneenillier,
poison Irès violent pour l’homme, et si le rusé nègre s’était trouvé là au
moment de lu capture,il aurait appris au pauvre garçon que l’on doit, avant
de les manger, faire jeûner ces animaux, comme nous faisons pour les
escargots,afin de leur faire éjecter les substances vénéneuses qu’ils peuvent
avoir absorbées.
-------nnagiri»'---
IIoiutfiCMlêaare.
L’exposition mensuelle de la société d’horticulture qui a eu lieu ce midi
au Jardin Botanique, a attiré beaucoup de monde.
L’orangerie, remplie de mille belles plantes, représentait l’aspect d un
immense bouquet.Parmi les jolies fleurs qui y étaient exposées, nous avons
surtout admiré la belle collection de Pétunias de M. De Beuelœr. Les n°s 70,
71, 72, 73, 74, 79 attiraient surtout l’attention, les uns, par ia grandeur des
fleurs, les autres par les vives couleurs. Nous ne pouvons que féliciter M.
De Beucker du succès que, en général, ses fleurs obtiennent à chaque expo-
sition. Nous avons remarqué également la collection d'Achimèties de M.
Janssens-De Ilarven et les Dracœna Paniculata de M. Charles Gilles. Une
collection de Renoncules et de Galcéolaires était exposée par M. Somers-
N’oublions pas de mentionner deux Orchidées : le Sobratia macrantha et
l'Odontoglossum haslalum ; la belle végétation de cos plantes et 1 inombra-
ble quantité de fleurs que porte cette dernière, témoignent une tois de plus
du zèle et du talent de M. II. Sebus, jardinier en chef du Jardin Botanique,
qui les avait exposées. ”•
Lettres, Sciences et Arts.
La commission directrice pour la prochaine exposition nationale des
beaux-arts, vient d’être constituée par arrêté de M. le ministre de l’intérieur.
Voici les noms des membres qui la composent :
M. le comte de Beaufort, inspecteur général des beaux-arts, président ;
M. Foatainas, échevin de la ville de Bruxelles, vice-président; M. le comte
de Liedekerke, membre de Chambre des Représentants ; M. Balat, archi-
tecte ; M. Dekeyzer, directeur de l’Académie royale des beaux-arts d An-
vers ; M. Madou, peintre ; Materne, secrétaire au département des affaires
étrangères ; M. Navez, directeur de l’Académie royale des beaux-arts
de Bruxelles ; M. Schubert, dessinateur : M. Simonis, statuaire ; M. Yander
Beien, directeur de la division des lettres, des sciences et des beaux-arts,
au ministère de l’intérieur ; M. L. Wiener, graveur en médailles.
M. V. Stienon, secrétaire des Musées royaux de peinture et de sculpture,
est attaché à la commission en qualité de chef de bureau et d agent
comptable.
L’ouverture de l’exposition reste fixée au ir septembre.
, Chronique juillclaîrc.
L’affaire Van Hove, dont nous avons rendu compte, s’est terminée
hier. Le jury avait 320 questions à résoudre, après deux heures de délibé-
ration il a rendu un verdict négatif sur toutes les questions. En consé-
quence, Mm* Van Hove et M. Van Overstraetcn ont clé mis sur-Ie champ en
liberté. .
L’audience, commencée à 8 heures et demie, s’esl terminée à 1 heure.
— Le tribunal correctionnel de Bruxelles avait condamné à 7 mois de
prison les individus qui avaient essayé,il y a quelque lemps,de briser la sta-
tue du Roi érigée sur la place communale rt’Ixeüesjsur l’appel à minima (lu
ministère public, la cour d’appel vient d’élever la peine à 2 années de
prison.
— On écrit de Berlin : « Un jeune homme, né sujet prussien et dont in
famille habite encore Berlin, quitta cette ville, encore enfant, pour aller se
fixer en Angleterre,où, plus tard,il se fit admettre dans la secte des quakers.
» L’autorité militaire ayant appris qu’il était venu à Berlin pour affaires
de famille, le somme (attendu qu’il n’avait pas satisfait à la loi du recrute-
ment) de comparaître devant elle pour être incorporé dans un régiment de
l’armée prussienne. .
» Notre jeune homme se rendit à la sommation qui lui était faite, en fai-
fant observer que sa religion lui interdisait absolument de porter des armes
et plus sévèrement encore d’en faire usage. Cos raisons n’ayant pas paru
concluantes, on l’inscrivit d’office sur ia matricule d’une compagnie en gar-
nison à Spandau,el on lui transmit l’ordre de rejoindre son corps sans délai.
» Il se rendit à Spandau, et voulut renouvoler ses représentations ; mais,
pour toute réponse, on lui endossa, malgré lui, l’uniforme-militaire,puis ou
lui présenta un sabre et un fusil. Ce fut alors qu’il opposa une résistance
invincible, déclarant qu’il se laisserait plutôt hacher en morceaux que de
se soumettre à cette exigence.
» Traduit pour ce fait devant un tribunal militaire, il vient d’ôlre con-
damné à quinze années de travaux forcés. Ou espère que le recours en
grâce qu’on se propose d’adresser en sa faveur à S. M. le roi, fera obtenir
au jeune quaker, sinon sa libération complète, au moins la remise d’une
forte partie de sa peine. »
— Le tribunal correctionnel de Bruxelles s’est occupé pendant toute
l’audience d’hier qui s’est prolongée jusqu’à cinq heures, de la prévention
d’attentat aux mœurs mise à charge de M. le baron de Woelmont.
M. Mestdagh, substitut du procureur du roi, a soutenu la prévention.
La défense à été présentée par MM. Bosquet et Vervoorl, avocats delà
cour de cassation.
Le tribunal après une très longue délibération en chambre du conseil,!
‘rendu un jugement qui acquitte le prévenu.
fcifartnaknase eeiumereiRle et industrielle
• i-
PRIX DES FERS ET DES CHARBONS EN BEUGIQUE.
On écrit de Gharleroy :
Métallurgie : Toujours même situation. 1! n’y a plus de fonte affinage à
vendre en France. Elle y revient à fr. 15.50 les (5/0 kilo et on la produit s
les lieux à fr. 10, grâce à la libre sortie des minerais oligistes. La ton
moulage subit l’effet de la crise qui frappe ia fonte affinage Les fers m» ‘
c’nands seuls vont encore assez bien et ia bonne fabrication résiste a
baisse.
Minerais : Il a été fait !a semaine dernière, en oligistes, un mareno «
25 millions de francs pour l’AIiemague. _ . Iinn
Charbons : Affaires calmes. Les exploitants ont restreint la reproaucuv
de manière à rester en dessous de la demande. tion
Coke : On cote fr. 22 50 pour hauts-fourneaux, mais pour une opéra ^
importante, on cède à fr. 22. Nous connaissons un fort marché à ce taux,
dernière adjudication pour compte de l’Etat, coke lavé, a eu lieu' à m
pour la ligue de Namur et à fr. 29 pour la ligne de Bruxelles 30 million
kil. de briquettes ont élé adjugées à la maison de Haynin, fils, à Gosse st)f
au prix de fr. 13 75. Ce prix est si bas qu’ou s’attend à ce qu’il îcüuc
les prix des charbons.
Prêt : Pas de changement. (Voir notre dernière chronique.) |