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UE PRfiCIlftSKUlt Mtitüctlî 8 Janvier 1819
ce ballet, qui faitencore courir tout Paris, sera donné, pourla première
fois, au bénéfice de M11* Julian.
— M. Duffeyte a donné au théâtre de Bruges une représentation de
Guillaume Tell-, il a obtenu beaucoup de succès ; on l’a rappelé à deux
reprises.
— Le Roi vient d’abandonner au musée de Courtrai les lotsjqui sont
échus à la liste civile, dans la vente par actions des objets de l’exposition
qui a eu lieu dernièrement à Courtrai. Ces objets sont :
1» La vente du dernier Bijou, par Bellcmans ; le Chasseur au XV1L*
siède, par Roelands ; 5° Vue prise près de Bruxelles, par Schoofs; 4° Le-
vrette en terre cuite;S' Louis de Male, par Cloet.
— La haute cour militaire a prononcé dans sa séance d’hier, sonarrêt
dans l’affaire du sous-lieutenant ollieier-payeur Vanderbloclt, du 5* ré-
giment d’artillerie en garnison à Tournay.
La cour a réformé le jugement du conseil de guerre du Hainaut, qui
avait acquitté le prévenu et a déclaré qu'il est prouvé que le nommé
Vanderbiocka soustrait frauduleusement, au préjudice de l'Etal, des
fonds qui se trouvaient déposés dans la cuisse du capitaine quartier-
maître Verhoeven; elle l’a condamné de ce chef, par application des ar-
ticles 200, 52, paragraphe 1" du code pénal militaire, à la cassation, et
comme tel inhabile à occuper par la suite aucune charge civile ou mili-
taire,et aux frais du procès.
— les cartes de visite. — Les artistes se distinguent à Bruxelles,
cette année, pour les cartes de visite. Nous avons vu celles de plusieurs
peintres, qui sont de véritables chefs-d’œuvre : M»» Geels a peint d'ad-
mirables figures de femmes sur les siennes ; M. Paul Dulreich a peint, à
l’huile, de charmantes marines eide fort jolis paysages.
Plusieurs de nos grands seigneurs ont fait graver, non plus leurs ar-
mes, mais une vue de leurs châteaux, et nous avons vu jusqu'à des car-
tes sans nom, portant des portraits très ressemblants de leurs proprié-
taires.
I,'année prochaine ce dernier procédé sera de mode puisqu'il ne faut
plus qu’une seconde pour faire faire sou portrait par le Daguerrotype.
I l'anal.) -
AMVEKS , 8 JTVWIDIt.
Ce soir la société à.’Archimède, à l’occasion delà distribution des prix
•ux élèves lauréats, donnera un bal à la Grande-Maison aux Gaufres.
Voici les élèves qui ont obtenu les prix :
Géométrie. I" prix, J-J. Scheépers;
£• a J.-Smits.
Algèbre. 1" prix. J.-M. Kondian;
2' a J.-B.-P. Smits.
ARiTHuÉTiqiE. 1" prix, J.-B.-P. Smits;
2* » J. Leuaerts.
— Quand nous connaîtrons les sommes payées par le gouvernement
i MM. les membres de la commission linière, pour démarches, voyages,
enquêtes, indemnités et frais d’impression, nous saurons au juste ce
qui en reviendra au pays et ce que nos tisserands y auront gagné.(lynx)
— On mande de Vienne, cl décembre, à la Gazette de Cologne :
Un duel au pistolet vient d’avoir lieu ici en Ire le prince de Lichnovvsky,
connu par la part qu'il a prise à la dernière guerre en Espagne et par
les mémoires qu'il a publiés à ce sujet, et le chevalier M... autrefois at-
taché à la légation espagnole. Ou assure que l'un des combattants est
grièvement blessé.
— Ce Cathotico Directory de 1842. publie la statistique suivante de
l’église catholique dans la Grande-Bretagne :
En Angleterre et dans le pays de Galles il y a 487 églises et chapelles;
en Ecosse 69, outre 21 stations où le service divin est célébré. Totafinon
compris l’Irlande) 550.
Dan< l’Angleterre proprement dite, on compte huit collèges catholi-
ques, et en Écosse vingt, total 28. Le nombre des monastères est de 3.
L’Angleterre possède 624 prêtres missionnaires y couipi is ceux qui
n’ont pas de résidence fixe. L Ecosse en possède 86. total 7 K).
Le Lancasbire est la province d'Angleterre où le catholicisme a fait le
plus de progrès depuis quelques années. Cette contrée compte à elle
seule 92 églises et 155 prêtres. Ensuite viennent le district de Londres,
le district du centre et le Vorkshire. Pour l'Ecosse,ce sont l luverness-
hire et le Canffshire, où le catholicisme est le plus répandu.
L’industrie belge.
M. Ramon de la Sagra, qui se trouvait dernièrement à Bruxelles pour
étudier l'Exposition de nos produits industriels, vient d’adresser au
Gorresponsal, de Madrid, une lettre où il parle de notre Exposition en
particulier, et de la Belgique en général, de la manière la plus flatteuse.
U reconnaît que l'élévation des droits dont notre industrielinière a été
frappée provient d'une erreur, dont il s’accuse lui-même avec la plus
courtoise humilité :
“ Après avoir, dit-il, visité la Belgique en 1838 sous un point de vue
différent (les établissements pénitentiaires, de bienfaisance et d’instruc-
tion publique), ce second voyage renouvelait mes rapports d'amitié et
mes sympathies naturelles avec un peuple qui, indépendamment de
mille souvenirs espagnols, offre tant d'analogie avec nous sous ie rap-
port. du caractère et des sentiments. Mes nombreux amis ont accueilli
avec joie ma nouvelle visite; mais lorsqu'ils eurent appris que le but
principal de ma mission était d'étudier l’industrie manufacturière de leur
pays, ils n’ont pas tardé à me manifester leur opinion sur la sévérité
inattendue avec laquelle nos derniers tarifs tendaient à détruire le
commerce déjà exigu que la Belgique fait avec l'Espagne.
» Ces plaintes m'ont été renouvelées ensuite par les ministres de l'il-
lustre roi Léopold, par S. M. elle-même, par tous les fonctionnaires des
administrations industrielles et commerciales,et enfin pendant le cours
denton voyage par les fabricants que j’ai eu occasion de voir. J'avoue
qu en entendantees plaintes, je fus surpris et même embarrassé poury
répondre. Membre de la commission de révision des tarifs, j'étais in-
struit des discussions étendues qui avaient précédé nos délibérations.
J’étais certain des intentions favorables de tous les membres de la com-
mission pour les intérêts d’un peuple notre ancien ami, et dont l’indus-
Ine, notamment dans la branche des toiles fines, n'avait pas de rivale
ni de concurrence préférée par nous sur les marchés de la Péninsule.
Je ne tardai pas à m’apercevoir que la cause du mal occasionné à l'in-
dustrie linière et à ses produits n’était pas l’effet du droit imposé, mais
des évaluations exagérées données aux fabricats. et en conséquence je
dus avouer nia faute par suite de renseignements insuffisants. «
Puis M. Ramon delà Sagra ajoute :
« C’est donc sans intention, sans motif, sans objet que l'Espagne a
fermé ses ports au commerce belge; elle fait ainsi une blessure protônde
a l amie, à l’alliée qui lui convient le mieux; elle prive en même temps
1 agriculture nationale d’un marché où ses produits, dirigés avec pru-
n aCC ^ar *a vo‘e direcle' trouveraient un débouché assuré en échange
d objets manufacturésquenous pouvons apprécier depuis long-temps, et
d autres nouveautés que nous tirons sans avantage des autres pays.
« L’étude de l’exposition belge et mes rapports avec de hauts fonction-
naires très instruits dans les questions que j’examinai, m’ont fait con-
naître I erreur commise en Espague et à laquelle j’ai moi-même parti-
cipé.»
On le voit, il est difficile de trouver un rapport plus bienveillant pour
notre industrie. Les Flandres peuvent donc regarder comme à peu près
certain que la mesure qu’elles ont redoutée, et dont elles n'ont pas souf-
fert encore, sera définitivement prorogée.
Cliemiiui <fe fer Hrlgrs.
Le Hainaut vient aussi d’être visité par le chemin de fer; il le sera à
la fois sur trois directions différentes, sur Mons, Tournay, Charleroy
ses trois chefs-lieux, mais seulement du nord au midi et presque sans
raccordement. De Charleroy à Mons le détour sera bien {'rand, et de
Mons vers Tournay on n’aura que les routes ordinaires. Pourtant il se-
rait utile de relier entr’elles ces deux parties delà province, si différen-
tes par leur industrie, leurs produits, leur commerce; ce serait un nou-
veau moyen de transport pour la houille et le fer versies Flandres où
grâce au chemin de fer, les exploitants de Liège font une concurrencé
quelquefois impossible à soutenir; de même les produits des Flandres
les toiles, les cotons, trouveraient par la un moyeu d’écoulement vers
Mons et Namur.
On pourrait encore rattacher à ce projet une grande pensée de politi-
que intérieure; en effet, à une époque où l’on cherche à resserrer les
liens qui unissent toutes les parties de la Belgique, on doit accueillir
avee faveur celte voie de rapprochement entre les pays de Mons et
Charleroy, et tes contrées flamandes de Courtray et Gand. Qu’on jette
les yeux sur la carte des chemins de fer belges, une lacune s offre d’a-
bord, les populations méridionales de la Belgique semblent se tendre la
jnain et vouloir se rejoindre ; Courtray et Tournay d'un coté, Charleroy
et Mons de l’autre; il ne reste qu’une petite distance entre les deux ex-
trémités.
. C’est cette distance qu’on voudrait voir disparaître à l’aide d’unesec-
tion de chemin de fer qui de Tournay se dirigerait vers Mons.Cette idée
n est pas sans antécédents, déjà des études sérieuses ont été faites ; le
projet de ce railway semble bien conçu et répondreaux besoins des po-
pulations. D'après le plan que nous avons vu, nous allons indiquer le
parcours du railway projeté et les principaux points qu’il loucherait.
I arlanL de Tournay à l’endroit où aboutit le chemin de 1er de Cour-
lray, il suit d abord la droite de la route d’Ath;rejoint à Barry par la
grande route qui traverse le Borinage.il arrive à Leuze après avoir pris
la gauche de la fouted’Ath qu'il couserve.imsuivanUecoursde la Gen-
dre jusqu’au village de Ligne;de là il se dirige en ligne droite vers Ath;
il y aboiilit à la porte de Mons où les glacis des fortifications offriraient
un vaste emplacement à la station. La il prend de suite la gauche de la
route de Mons et la suit jusqu'à Jurbise en traversant Brugetette, la pe-
tite ville de Lens, et laissant sur la droite la ville de Chièvres Ainsi dans
un parcours d’environ 7 lieues, au milieu d'un pays plat etd'une popu-
lation riche et agglomérée, ce chemin de fer, en rapprochant Mons et
Tournay, traverserait trois villes et plusieurs bourgs et villages tloris-
sunls.
Ou croit que non-seulement cette ligne couvrirait les frais d’établisse-
ment, mais que mèineelle rapporterait des bénéfices. Si on ne la jugeait
pas assez importante pour y employer le système de larges voies, pour-
quoi ne se se servirait-on pas du système à voies étroites de M. l’ingé-
nieur de Ridder, lequel parait être inveiné lont exprès pour rattacher
aux grandes artères du chemin de fer toutes les localités secondaires.il
réalise une économie notable dans les frais d’acquisition de terrains, des
ouvrages d art, des matériaux, et du combustible.
Ou ignore si, même dans ces conditions île succès, il entrera dans l'in-
tention du gouvernement de faire exécuLer celte ligne par l'état; mais
en aucun cas il n’y peut rester indifférent, car eest un complément de
sa grande entreprise. Qu’il provoque celle construction, qu’il propose
aux tou.minus intéressées de faire des saeriûcesjellcs n’hésiteront sans
doute pas à se les imposer : ce mode a élé tenté en France, et il a été
adopté avec empressement par des villes importantes.
On a accueilli avec faveur le projet d’un chemin de fer de Gand à An-
vers par le pays de VVaes ; celui dont nous venons de parler présente
non moins d’éléments de prospérité, car les intéréts du midi de la Bel-
gique y sonL engagés. (Journal de Bruxelles.)
Nous publions aujourd'hui la sixième feuille de Tablettes,
couteoanl la suite de 1’Aventurier.
Variétés.
QUATRE COMÉDIENS EN OMNIBUS.
(HISTORIQUE.)
Montés dans un omnibus, où nous n’étions encore que onze person-
nes. la première figure que mes yeux rencontrèrent, fut celle de Lu-
blache ! ce chanteur colossal, dans l’acception du mot.
Peu d'instants après, l'omnibus s’arrêta pour laisser monter un
homme énorme, dont la rotondité ne le cède en rien à celle de Lablache:
c'était Joannis, artiste du Théâtre Français, qui a déjà donné des preu-
ves d’un vrai talent dans l’emploi des financiers. Les physionomies des
voyageurs commençaient à se rembrunir, et l'on se disait : s’il nous ar-
rive encore un homme de celte force, nous serons complets avant d’avoir
atteint le nombre 10.
La voiture s’était à peine ébranlée, qu’une voix gutturale et nazil-
larde criait à tue-tèle : Conducteur, conducteur, arrêtez!!!... Nous por-
tons tous spontanément les yeux vers la portière, et nous voyons...
ô douleur! nue masse informe ornée d’une béquille et d’une paire de
lunettes!! c était Lepeinlre jeune, du vaudeville. Ce fut, non pas une
tuile, ni une pierre de taille, mais bien une maison qui nous tomba sur
la tète!!! Heureusement, cette terreur ne fut pas de longue durée, car
la physionomie bonne.spiiTluelleet gaie de ce délicieux Lepeinlre. et le
souvenir des rires ébouriffants qu’il provoque au théâtre, désarmèrent
tout le monde, et chacun prit son parti.
Le conducteur lit sonner autant de coups qu’il y avait de personnes
dans l’omnibus, et chacun donna six sous, à l'exception de Lepeinlre
jeune pourtant, qui n’avait que quatre sous, et qui s’en fit préterdeux
par son bon ami Klein, du Gymnase. Ce bon Klein, qui est, comme on
sait, l'homme le plus maigre de Paris, du reste charmant acteur, bon
camarade, et assez mauvais horloger, était blotti dans un coin, près du
conducteur, où il avait, entre autres désagréments, celui de recevoir
un vent glacial par la petite fenêtre dont le carreau était cassé, et de se
Sentir marcher sur les pieds par ceux qui enlraient dans la voilure.
Mais il est si bon, si poli, que quand une dame lui écrasait un cor, en lui
demandant pardon, Klein léponduit toujours : faises, madame, il n’y a
pas de mal, au contraire!!!...
Lablache, Lepeintre, Joannis et Klein, les quatre collègues, les trois
plus gros et le plus maigre, s’étaient fait mille compliments, et avaient
échangé de bonnes poignées de mains; tout le inonde était enchanté
de se trouver en aussi aimable compagnie, et l’on espérait arriver à la
Madeleine avec le nombre 13, car il manquait encore trois personnes
pour compléter l’omnibus. Arrivée au boulevard du Temple, la voilure
s’arrête tout-à-coup, et le conducteur crie de toutes ses forces : Serrez-
tous, messieurs, il y a encore trois places ! ! ! Aussitôt, trois hommes,
dont un commis-marchand un lili et un maître charpentier,montèrent,
et après avoir parcouru l’omnibus en tout sens.furent forcés de descen-
dre, ne trouvant pas à placer seulement la main dans la voiture, tant les
voyageurs étaient fortement sénés les unsconlre les autres : on devine
que Lablache,Lepeintre et Joannis envahissaient six places àeux trois.
Il y a encore trois places, il fout qn'elles se trouvent, dit le conduc-
teur... Impossible, dit Lepeintre, qui était pourpre : Je me pelotonne,
je me fais petit autant que je peux, mais pas moyen. — Zé souis comme
aune sardine, s'écria Lablache... El moi comme une main de papier sous
presse, répondit Joannis. — Je vous assure quee’est à n’y pus tenir, dit
Klein d’un air piteux...
Messieurs, j’en suis bien fàclié, reprit le conducteur, mais il faut que
vous fassiez tiois places, ou que les trois plus gros paient double. —
C'est une horreur, cria Lepeinlre, qui n’était pas en fonds.—C’est oune
farce, dit Lablache. — La police est bien mal faileà Paris, dit Klein. —
Je m’en plaindrai a mou commissaire royal qui est journaliste, dit Joan-
nis.—Allons, messieurs, descendez, ou payez, reprit le conducteur. Al-
lons, payons... Lablache fouilla dans toutes ses poches, et cria tout-
à-coup : Suntu-Muria1 zai oublié ma bourse, ze nai piou lé sous.—Tiens,
ni moi. dit Joannis; ni moi, dit Lepeinlre. Oh! toi, tu n’en fuis jamais
d’autres, lui répondit Klein...
Allons, dépêchons, descendez à l’instant, ou payez, —Mais cependant...
Descendez, sacrebleu... Un instant, un instant, que diable ! on vous
paiera, dit Klein, en poussant un soupir comme un homme destiné à
être victime dans celte a venture,et compta dix-huit sous au conducteur;
de sorte, que l’homme le plus maigre de France paya pour les trois plus
gros du globe. Ux flâneur.
UNE LUNE DE MIEL A PABIS.
Dans la matinée de dimanche dernier, le commissaire de police du
quartier Montorgueil, M. Yver, était requis pour constater un vol coin
mis dans la soirée de la veille avec les circonstances les plus étranges.
Un jeune hommedont la l'amiileoccupedansun des principales villes de
France une position honora ble,VietorC.., s’était marié dans les i «joursde
la semaine dernière avec une jeune personne dont il était vivement épris,
mais qui ne pouvait lui apporter en dot que ses grâces, une éducation
parfaite et un esprit distingué. La famille Victor G..., aussi longtemps
que cela lui avait été possible, s'était opposée à ce mariage qui devait
détruire tous les projets d’avenir qu'elle avait formés pour le jeune
homme; mais celui-ci, aussitôt après avoir atteint 25 ans, avait fait
usage des droits que la loi consacre, et c'était après les sommations res-
pectueuses et l'accomplissement des autres actes et formalités prélimi-
naires que Victor venait d’accomplir Pacte le plusgravede lavie sociale:
le mariage civil et religieux.
La famille du jeune V ictor, on le pense bien, n’avait voulu parlieiper
en rien aux frais indispensables qu’entraînait le résolution du jeune
homme et comme ou ne se marie pas à Paris sans dépenser beaucoup
d’argent, Victor avait dû recourir tout à la fois aux usuriers, aux amis,
et surtout au crédit que ne manquent jamais d’accorder, même d'offrir
les marchands, quand deux jeunes gens entrent en ménage.
Durant les trois ou quatre premiers jours de la lune de miel, Victor tout
à son bonheur, ne s'inquiéta guère des dettes qu'il venait de contrac-
ter ; sa femme était charmante, de toutes parts on lui eu faisait compli-
ment, et c'était pour la parer, pour l’embellir encore qu’il avait eu re-
cours à l’emprunt : coinmeiit eût-il pu avoir quelque regret ?
Le cinquième jour,un créancier qui avait dû être payé comptant vint
poliment rappeler sa petite note; Victor le remit au lendemain, puis à
quelques jours, et ainsi tit-il pour tous les autres qui se présentèrent
successivement, qui d’un air doucereux, qui la mine sévère.qui Pair in-
quiet. Dece moment, le nouveau marié devint tout morose; sa jeune
femme étonnée de ce subit changement, le questionna, l’observa avec
inquiétude; puis finissant par croire que le bonheur . comme disent les
romanciers, devient plusinlime et acquiert une plus grande force eu se
concentrant, elle se résigna à laisser son mari éfre heureux, à sa ma-
nière, pourvu toutefois qu’il l’accompagnât à lu promenade, eu visites
et au spectacle.
Lejeune couple dont, à le voir, chacun eût envié le bonheur, occupait
un petit mais conforlableapparlement rue NoIre-Dame-de-Hecouvrance,
tout proche du boulevard Bonne-Nouvelle. Sur le même pallier demeu-
raient une dame âgée et sa demoiselle, avec lesquelles la nouvelle ma-
riée avait tout d’abord fait eonnaissance-et n’avait pas tardé même à se
lier assez intimement. Une partie île-spectacle avait élé projetée, et sa-
medi il fut convenu que toutes tfbis elles iraient à POpéra-Comique, et
que Victor ne pouvant passér la soirée entière avec elles, parce que,
dit-il, il avait un important rendez-vous d’affaires, les accompagnerait
jusqu'à l’entrée, deviendrait les reprendre à la sortie du spectacle.
Gomme il avait été projeté il fut fait : à sept heures, la jeune dame
C... MmeD... et sa demoiselle arrivèrent au théâtre de l'Opéra-Comi-
que, conduites par le mari de la première. Après s’être excusé d'être
contraint de les quitter, et témoignant un vif déplaisir de ne pouvoir
assister au spectacle, Victor se relira au moment où les trois dames pé-
nétraient sous le périslyle. A la sortie.il se trouva exact au rendez-vous
qu’il avait donné au même endroit pour les ramener à la maison; et
comme sa jeune femme lui faisait remarquer avec inquiétude qu’il pa-
raissait agité, qu’il était pâle distrait, il rejeta sur le froid, sur la fati-
gue d'une soirée d’affaires et de courses le trouble qu'il cherchait en vain
à maîtriser.
Arrivés rue Nolre-Dame-de-Recouvrance et une fois l’escalier de la
maison gravi , on se sépara sur le pallier. A peine D... et sa tille
étaient-elles rentrées dans leur appartement qu'elles reconnurent à
l’état des meubles . au désordre qui se manifestait de toutes parts,
qu’un vol venait d’être commis en leur absence. M»" D. .courant aus-
sitôt à son secrétaire, constata que la serrure en avait été forcée et
qu’une somme de douze cents francs . renfermée dans un des tiroirs,
avait été enlevée. Des bijous . diveis objets précieux, une limbaleen
argent, etc., avaient été dérobés également dans d'autres meubles.
Quel pouvait être l’auteur de ce vol ? Mme D... et sa fille, pour éclair-
cir à cet égard les soupçons qu’elles avaient conçus, interrogèrent le
portier et apprirent de lui qu'aucun étranger ne s’était présenté dans la
soiiée, el que le jeune M.Victor seul était plusieurs fois entré et sorti,
tandis qu elles étaient au spectacle avec sa femme.
Cette seule circonstance n’eùt assurément pas suffi pour décider les
deux daines à accuser du crime dont elles se trouvaient victimes un voi-
sin avec lequel elles avaient eu des relations sinon intimes, du moins
fréquentes; mais d’autres indices furent recueillis, et une déclaration
faite devant le commissaire de police, M. Yver, éveilla à juste titre la sol-
licitude de i • magistrat.
Victor, ai rété sous prévention de vol commis de nuit dans une mai-
son habitée à l’aide de fausses clés et d’effraction, a avoué en manifes-
tant un proiond repentir. Il paraîtrait qu’il ne jouit pas par intervalles
de la plénitude desa raison et que ce serait sous l’iufluenee d'une hallu-
cination fébrile qu’il aurait commis ce vol si grave. Uns chute qu’il au-
rait faite antérieurement, du troisième étage d'une maison qu'il habi-
tait avec scs parents, el I impression produite sur son esprit par une
tentative d’assassinat à laquelle il n’aurait échappé que par miracle et
où il aurait reçu deux coups de poignard, auraient réagi d’une façon
déplorable sur'ses facultés intellectuelles, el il y aurait tel moment de
la journée où il n’aurait passou libre arbitre et serait privé de lu con-
science des actions qu’il commettrait.
Quoiqu’il en soit du plus ou moins de réalité de ses allégations, ou
plutôt dece système de défense, Victor a élé écrouéà la Force.
(Gazette des Tribunaux.)
Actes Officiels*.
ÉCOLES DE NAVIGATION D’ANVERS ET D’OSTESDE. — NOUVEAU RÉGLEMENT.
LÉOPOLD, roi des Belges,
A tons présents et à venir salut.
Vu la loi du budget du département de l’intérieur, portant au chap.
XIV, art. I". la somme nécessaire pour subvenir aux frais des écoles de
navigation instituées par les soins du gouvernement à Anvers et à Os-
tende ;
Revu l’arrêté organique du 17 octobre 1835;
Voulant, dans l’intérêt du commerce et de la navigation, introduire
dansles dispositions de ce réglement les améliorations que l’expérience
a indiquées ;
Dur le rapport de notre minisire de l'intérieur,
Nous avons arrêté et arrêtons :
DISPOSITIONS PRÉLIMINAIRES.
A dater du !" janvier 1842. les dispositions de notre arrêté du 17 oc-
tobre 1835, relatif aux écoles de navigation d’Anvers et d Osteude, seront
remplacées par les dispositions suivantes :
section première. — Admission des élèves.
Art. 1". L’admission des élèves a lieu dans la première quinzaine du
mois d’oclobre et du mois de mars de chaque année.
Il n’est fait d’exception à cette règle que par une disposition spéciale
et suffisamment inolivée du conseil d’administration de l'école. Toute-
fois les marins sont en tout temps pendant leur séjour à terre admis à
suivre les leçons de l’école.
Art. 2. L'iiiscriplion se fait au secrétariat de l'école, les élèves qui se
présentent doiv ent posséder les notions élémentaires de Tarilhmélique
et être munis des traités de navigation adoptés pour l'enseignement.
Les élèves qui n’ont pas les moyens de se procurer ees traités peuveul
être autorisés à se servir des livres appartenant à l’école.
section n. — Enseignement.
Art. 3. Les leçons se donnent l’année entière, les dimanches et fêtes
exceptés, pendant cinq heures au moins par jour, en deux fois, et à des
heures à fixer par le conseil d'administration de l’école.
Néanmoins le ministre de l’intérieur peut accorderdes vacances.
Les heures des leçons sont fixées, de manière à ce qu’il soit possible
aux élèves de fréquenter les écoles, athénées ou colléges et surtout d’y
suivre les cours relut ifs aux connaissances spéciales ou supplémentaires,
exigées ci-après pur les programmes des examens.
Art. 4. L’enseignement est gratuit.
Art.5.Les leçons d’application et depralique se donnent tous lesansà
bord d un navire de commerce; l'époque et la durée de ce cours spécial
seront fixées par l’admiuistration de l'école.
section m. — Matière de l’enseignement.
Art. 6. L’enseignement comprend les matières énumérées ci-après S
Arithmétique. Les nombres entiers, les fractions ordinaires, les frac-
tions décimales, les proportions et les logarithmes
Géométrie : La théorie des parallèles, la similitude des triangles, la me-
sure des angles et celle des surfaces.
Trigonométrie : Trigonométrie rectiligne et sphérique; résolution
des triangles recliligues et sphériques pour tous les cas qui se présen-
tent en navigation ; explication, usage des tables, construction des
échelles.
S père : Les globes céleste et terrestre, les cercles qui y sont repré-
sentés.
Astronomie nautique : Les astres, leurs mouvements ; calculs des lu-
naisons, des marées; soluiiou des problèmes relatifs à la navigation,
construction et usage des intsrumenls; vérification de leur précision;
explication, usage des tables.
• t navigation : construction et usage des instruments, dérive, sillage;
réduction, d’après les différentes méthodes conques, des routes de na-
vigation ; construction des cartes marines; solution des questions qui
s’y rapportent; relèvements astronomiques, détermination de la longi-
tude à la mer, par les distances de la lune au soleil, aux étoiles et aux
planètes, montres marines; application . préément, manœuvres.
Art. 7. L’enseignement comprend encore :
A. Les principales dispositions du livre II du code de commerce;
B. Le calcul de capacité de navires quelconques;
C. Cubage de colis;
D. La composition du tonneau pour toute espèce de marchandise;
E. La connaissance de l’arrimage:
F. La théorie de la manœuvre d'un navire, d’après les principes d’un
auteur à désigner par l’administration de chaque école;
G. Le dessin linéaire appliqué à la science nautique.
Toutefois à Anvers, où il existe des cours publics et gratuits dedessin,
celte branche d'enseignement ne sera donnée qu'uulant que l’adminis-
tration de l’école le jugera convenable.
section iv. — Concours.
Art. 8. Il y a chaque année un concours entre les élèves de chaque
école.
Ces concours sont publics.
Si le premier ou les deux premiers de chaque école se sont distinguée
par des progrès remarquables, ils reçoivent, à titre d’encouragement,
une médaille en or, ou à leur choix un instrument nautique d'une va-
leur équivalente. .
Le nom du lauréat et la date du concours sont gravés surl’mstrumenl
ou sur la médaille.
section v. — Examens.
Art. 9. Indépendamment des concours, des examens ont lieu pour les
personnes qui se destinent à la navigation.
Art. 10. Les concurrents qui satisfont aux conditions de l’un des pro-
grammes ci-après. obtiennent un certificat de capacité pour le grade
de capitaine, de premier et desecond lieutenant au long cours.de capi-
taine ou maître au grand ou au petit cabotage.
Ce certificat est délivré par le ministre de l'intérieur sur la déclaration
du jury.
section vi. — Programmes.
Art. 11. Les programmes sont arrêtés ainsi qu’il suit :
Programme des connaissances exigées de ceux qui, ayant navigue pen-
dant 18 mois, désirent obtenir Le grade de second Lieutenant (2-stuur-
man), au long cours, savoir : .
1» Arithmétique : Nombres entiers, fractions ordinaires, fractions dé-
cimales, proportions. usage des tables de logarithmes ;
2» Trigonométrie : Solution des triangles rectilignes et sphériques,
pour tous les cas qui se présentent en navigation;
5» Sphère ; Globes céleste el terrestre, cercles qui y sont représentés,
mesure des distances sur la sphère;
4" Hydrographie : Usage des cartes marines, calcul des distances et
de la réduction des routes, d'après les cartes rondes el plates, les tables
des latitudes croissantes et la trigonométrie, pointage des cartes mari-
nes en général, leur différence à l'égard du premier méridien; |