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1849» — M.° 8
AWVERS , Samedi 8 Jamiler
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On s’abonne : & Anvers an bnreao
du PllÊCUKSEUR, Bourse Anglaise»
N .o 1040 ; en Belgique et à l’étranger
chez tous les Directeurs des Postes.
JOURNAL POLITIQUE,
COMMERCIAL, MARITIME ET
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LITTÉRAIRE.
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vince, 18 frs.; pour l'£irauger< 20 ir.
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P Aï %. ~ LIBERTÉ. — FROÇR&&.
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8 Janvier.
îî'UÎSE BABiASTCE V®.YSYïEÜS€I.ÎUi.
On s’est beaucoup occupé eu Belgique de la régularisation
du meilleur système d’une balance commerciale.Ce grand pro-
blème est encore à résoudre, car chaque jour les recherches
continuent. Nos économistes diffèrent essentiellement sur le
mode d’établir : les uns croient le trouver dans l’excédant
des importations sur les exportations ; les autres, et le nom-
bre eu est considérable il faut l’avouer, est d’un avis absolu-
ment contraire, c’est-à-dire qu’ils ne veulent voir la véritable
balance du commerce d’un pays que dans l’excédant des expor-
tations sur les importations.
La question est assez grave, surtout dans ce moment, pour
mériter un examen approfondi, une discussion étendue et con-
sciencieuse. Nous sommes à la veille d’entrer dans des débats
qui intéresseront tout le pays à cause de leur haute importance:
il ne s’agira de rien moins que de la découverte du meilleur
système commercial pour la Belgique. Ce sera, nous le croyons
au moins, une lutte décisive entre deux principes bien opposés :
la liberté commerciale et les droits différentiels. Une fois le dé-
bat engagé, nous nous promettons bien d'apporter le tribut de
nos faibles lumières dans la discussion de cette grave question;
quanta présent, nous ne voulons encore rien préjuger, mais
nous nous contenterons de produire ici un exemple frappant
des variations de la balance du commerce, et des résultats
qu’elles ont enfantés dans l’espace de 20 ans.
Le tableau suivant donne la somme des importations et des
exportations dans les ports de l’Union Américaine, depuis 1821
jusques et y compris l’année 1841, c’est-à-dire une période
marquée pour l'Union par les vicissitudes ies plus compliquées
de la fortune publique.
COMMERCE DES ETATS-UNIS.
Importations et Exportations. — 1821 à 1841 (*)•
1821. . .
1822. . .
1825. . .
1824. . .
1825. . .
1820. . .
1827. . .
1828. . .
1829. . .
1830. . .
1831. . .
1832. . .
1833. . .
1834. . .
1835. . .
1830. . .
1837. . .
1838. . .
1839. . .
1840. . .
1841. . .
IMPORTATIONS.
D. 62,585,724
83.24.1,541
77,579,207
80.549.007
90,510,075
84,074,477
79,484,U08
88,509,824
74,492.527
70,870,920
103,191,124
101,029,200
108.118,311
120,521,332
149.895,742
189,980,055
140,980,217
113,717,404
102,092,132
104,805,891
107,141.519
EXPORTATIONS.
D. 04,974,382
74,100,281
74.590,050
75,980,057
99,535,388
77,595,522
82,324,827
72.264.080
72.358.081
73,849,508
81,510,585
77,170,943
90,140,433
81,024,162
121,093.557
127,003.010
117,419,470
108,486,016
121,023,400
131,571.950
132,085,940
D. 2,205,215,405 D. 1,957,344,784
ANNEES.
Comme on le voit, il va là un excédant des importations sur
les exportations de 247,870,619 dollars. Il en résulte évidem-
ment que la balance commerciale aux Etats-Unis est établie sur
la plus grande somme possible d’importations et non surun ré-
sultat équivalant d’exportations comme les partisans des droits
différentiels voudraient établir la leur.
Un autre fait qui découle encore de ces chiffres, c’est que de
l’autre côté de l’Atlantique, cette prétendue balance du com-
merce est bien différemment interprétée qu’elle ne l’est généra-
lement en Belgique où l’on veut toujours en arriver là : que
l'exportation doit primer l'importation pour pouvoir constater
la prospérité d’un Etat.
Les Américains qui ne sont pas cependant de mauvais logi-
ciens en fait d’affaires commerciales, sont d’un tout autre avis.
Us établissent même par des preuves irrécusables que les an-
nées où ils ont vu le chiffre des exportations de produits na-
tionaux excéder celui des importations de produits étrangers,
que ces années ont été précisément celles-là où la gêne publi-
que s’est montrée la plus intense. En effet, 1821, 1825, 1827,
1830 se sont signalées par des embarras financiers plus ou
moins grands, et aussi la somme des exportations a été la plus
forte. Jetons un regard sur les années 1840 et 1841 et nous
verrons les exportations se présenter avec un excédant considé-
rable sur les importations ; mais on n’a pas oublié, sans doute,
la crise financière qui, pendant cette période , a pesé sur les
Etats de l’Union et causé tant de dépression sur les affaires.
Si nous tournons la médaille et en ne prenant acte que desa-
veux des Américains eux-mêmes, la prospérité du commerce et
l’aisance générale sont venus couronner les années remarquables
par un excédant d’importations.
Que conclure de là? et que deviennent les éternelles décla-
mations de ceux qui veulent introduire en Belgique un régime
qui, selon leurs calculs , devrait avoir pour résultat de vendre
beaucoup sans acheter grand’chose?
Les Etats-Unis se sont ressentis d’un malaise général chaque
fois que les importations se trouvaient réduites, parce qu’alors
la consommation des produits étrangers était nécessairement
restreinte par la gêne individuelle de la population; puis pour
faire face aux dettes contractées à l’étranger, il fallait forcément
écouler les produits nationaux à quelque prix que ce fût. On
en a tiré la conséquence là-bas que les pays qui importent le
Elus sont les plus favorisés de la fortune, et qu’ils consomment
eaucoup parce qu'ils en ont les moyens , et qu’ils en ont les
moyens parce qu’ils sont en quelque sorte des pays capitalistes.
Qu’au contraire, ceux qui exportent davantage sont les plus
pauvres et par conséquent ne peuvent pas consommer autant
que leur rivaux ; les prolétaires y sont en outre obligés de se
défaire promptement du produit de leur travail pour que les
moyens de subsistance ne leur fassent pas défaut.
Nous ne savons si ce raisonnement sera assez concluant pour
O II ne sera pas inutile de rappeler ici que l’année commerciale finit
au 30 septembre. „
les apôtres des droits différentiels ; ils ne manqueront pas, au
reste, d’arguments pour y répondre, car ils ont découvert le
secret de ne jamais s’avouer battus. Mais nous les défions de se
tirer avec honneur du dilemme que l’Amérique leur pose.
KOUVJKIdLES BSE IDA CMISE.
On fit dans l’Ocerlande-Bombay, du 1er décembre '•
Par l’arrivée du paquebot le Mor, qui est entré le 24 de ce mois dans
notre port, nous avons reçu des nouvelles de Macao, qui vont jusqu’au
9 octobre, et des détails sur les mouvements des troupes de l’expédi-
tion chinoise jusqu’au 14 septembre, époque à laquelle l’escadre estfar-
rivée au 17e degré de latitude au nord entre Ningpo et Chusan. Amoy a
été pris le 28 août ; voici comment le plénipotentiaire Pottinger rend
compte de ces importants événements.
Circulaire adressée aux sujets de S. iM. britannique en Chine.
Le plénipotentiaire de S. M. a la haute satisfaction d’annoncer que la
ville d’Amoy, avec sa longue et formidable ligne de batteries, sa flotte
de bateaux d’artillerie et de jonques de guerre et ses 500 canons est tom-
bée en notre pouvoir le 26 du courant après une courte mais désespérée
résistance de la part des Chinois, grâces aux forces de terre et de mer
commandées par l’amiral Williams Parker et le major Hugh-Gaugh.
Ce brillant fait d’armes a été obtenu sans que nous ayons éprouvé de
grandes pertes; toutes les fortifications ont été démantelées et détrui-
tes, les canons eneloués, d’immenses magasins pleins ue munitions sont
en notre pouvoir.
Nous nous occupons d’établir un détachement de troupes dans la pe-
tite île de iioolangsu qui est séparée delà ville d’Amoy par un petit canal.
Nous laisserons dans le port d’Amoy quelques navires, le reste de l’ex-
pédition va s’acheminer vers le Nord : ainsi tout est disposé pour que
les vaisseaux anglais et autres qui aborderont sur ces côtes, y trouvent
une ample sécurité.
Le gouvernement chinois s’était persuadé qu’il avait rendu Amoy im-
prenable. mais il a été cruellement trompé dans son attente, mal-
gré la présence du vice-roi des provinces de Chekeung et de Fokien
qui, entouré d’nn grand nombre d’officiers de haut rang, suivait les
détails du siège, des hauteurs voisines. Amoy a été pris en 4 heures.
Dieu sauve la reine ! .
A bord du Blenheim, 51 août, dans le port d’Amoy.
Henri Pottinger.
EîiïPTE.
Alexandrie, 24 décembre. — Les dernières lettres de Beyrouth, en
date du 8 de ce mois, nous apprennent enfin que les Anglaisont évacué
la Syrie le 4 décembre; les troupes qui y restaient encore et le matériel
se sont embarqués sur un vaisseau de la marine britannique. La Syrie
est toujours livrée à une excessive agitation. Les chrétiens ont eu quel-
ques avantages sur les Druses; mais les revers inouïs qui les ont accablés
les empêcheront pendant long-temps de reprendre leur énergie, d’au-
tant plus que le gouvernement turc les persécute à outrance. Un mon-
tagnard chrétien qui avait, par mégarde, sans aucune intention offen-
sive, déchargé son arme dans la compagnie, a été saisi et a péri sous le
bâton. Il est faux que le patriarche maronite se soit jeté, comme on l’a-
vait prétendu, dans les bras des Anglais.
Les nouvelles du Caire sont toujours sans intérêt. Le pacha était en
route pour retourner à Alexandrie. Le nouveau tarif de la douane et la
réduction du cours de monnaie de Constantinople sur notre place, ont
introduit le désordre dans nos affaires; cependant l’administration ne
s’est pas décidée à recommencer ses ventes. Un grand nombre denavi-
res chôment dans le port et les frêts vont toujours en déclinant.
Notre ville d’Alexandrie s’embellit chaque jour. Le gouvernement
s’occupe soigneusement d’assainir les quartiers, on aligne les routes;
les soldats sont emiiloyés à ces utiles travaux. Aussi aurons-nous bien-
tôt de belles promenades; on s’occupe même de macadamiser la ville à
partir du palais de S. A. à Raz-ePTin. Ibrahim-Paclja s’occupe beaucoup
de l’amélioration du sort des Fellahs.
Les lettres et les journaux des Indes vous apprendront d’importantes
nouvelles de la Chine. Vous verrez que les Anglais poursuivent vigou-
reusement leurs hoslilités contre les Chinois. La trêve a été rompue à
Canton ; cette ville a dû encore être bloquée ; Amoy a été pris, Chusan
est occupé, les troupes britanniques ont brûlé une foule de villages sur
les bords de la rive de Canton ; Wongtong a été détruit, c’était la seule
fortification qui restât encore débout près du Bogue. A l’heure que je
vous écris, Pékin est très probablement tombé au pouvoir des Anglais.
ESPASSE.
Madrid, 50 décembre. — Hier le bruit a couru dans plusieurs cercles
ordinairement bien informés, que l’ambassadeur français et toutes les
personnes qui l’accompagnent se disposaient à quitter eette capitale
d’un moment à l'autre, pour retourner à Paris. La grave question sur
les lettres de créance resterait en ce cas sans solution, et le brusque dé-
part de l’ambassadeur donnerait fieu à des craintes sérieuses.
(Correo nacional.j
— On écrit de Bilbao que le duc de Castro Terreno a été acquitté dans
le procès qu’il a subi sous la prévention d’avoir participé aux événe-
ments d’octobre. Il est en roule pour Madrid. (El Castelluno.)
— Notre correspondant de Vittoria nous mande que le gouvernement
a enfin compris toute l’iniquité et l’inopportunité du régime de terreur
que l’on faisait peser sur la population. Le capitaine général marquis
de Rodil a visité les prisons le jour de Noël, et il a fait mettre en liberté
plusieurs prisonniers qui gémissaient dans les cachots. (El 6orresp.)
FBASCE.
Paris, 6 janvier. — La commission de l’adresse se réunit aujourd’hui
pour entendre les ministres. Elle doit demander d’amples communica-
tions au sujet de la convention du 15 juillet et du traité concernant le
droit de visite. Eileexigera aussi, dit-on, des explications complètes sur
le projet de traité de commerce qu’il est question de conclure avec la
Belgique. (Constitutionnel.)
— Un lit ce matin dans la Gazette des Tribunaux :
c Par suite de l’instruction supplémentaire à laquelle s’est livrée la
commission d’instruction de la cour des pairs, un ordre a été transmis
à Doullens pour ramener à Paris ies trois condamnés, Dufour, Petit et
Malle!.
ii II paraît que cette instruction se terminera par un non fieu ou par
un renvoi devant les tribunaux ordinaires, et que de nouveaux débats
ne s’ouvriront pas devant la cour des pairs.
i> On a annoncé que les trois condamnés à mort avaient obtenu une
commutation de peine; aucune ordonnance de commutation n’a encore
été signée.»
11 est vrai que l’ordonnance de commutation n’est pas signée, mais
les trois condamnés à mort ont reçu, dès le 28 du mois dernier, l’assu-
rance positive qu’ils ne seraient pas conduits sur l’échafaud, s’ils se dé-
cidaient à révélera la justice tout ce qu’ils pouvaient savoir sur le com-
plot et sur la société secrète dont ils faisaient partie.
On sait que depuis ce moment J ust Brazier et Colombier ont fait quel-
ques révélations qui ont motivé l’arrestation de plusieurs individus ;
mais on ne comprend pas le motif qui peut retarder pendant si long-
temps la signature de l’ordonnance royale. ^
— Hier est parti du ministèredes affaires étrangères un courrier pour
Madrid, porteur de dépêches pourM. de Salvandy. « On croit, dit le
Journal des Débats, que notre ambassadeur ne quittera pas Madrid.»
— La Banque de France vient de publier son bilan arrêté au 27 dé-
cembre 184). ,
Elle avait en caisse à cette époque f. 290,473,755-53 en espèces et
1,564.261 07 en effets échus. Les effets de commerce s’élevaient à
157,014,480 77. ■
Les billets en circulation (non compris ceux de comoloirs) étaient de
222,849.000 fr. et il y avait 835,700 fr. do billets à ordre.’
Les opérations du deuxième semestre offrent un bénéfice de
4,434,071 74.Pendant ce semestre la banque a escompté pour 489.404,400
frs. d’effets de commerce qui ont produit, 2,958,019.72.
— On écrit de Monaco que le nouveau souverain, S. A. S Flores-
tan 1<y, a débuté par abolir, à lu grande joie de ses sujets, le monopole
du pain et du vermicelle, des tabacs et du sel. Ou annonce, en outre, un
changement de cabinet ainsi qu'une révolution ministérielle complète.
M. de Ville-Rey, président du conseil du feu prince, est remplacé dans
ces fonctions parM. Partouneaux, ancien sous-préfol sous la Restaura-
tion, et fils du lieutenant.-'généralde ce nom. M. Partouneaux réunira à
ses attributions celles de gouverneur-général de la principauté et ti’uZ-
ter geo de Floreslan 1*, pendant sa pérégrination en France et ailleurs'.
On ne dit point tflie le nouveau prince de Monaco afl encore révoqué on
changé son ambassadeur à Paris. Nous nous rappelons qnesôùs la res-
tauration ces importantes fonctions étaient remplies par M. Chalas.l’un
de nos plus joyeux et de nos plus spirituels feuilletonistes, qui s’en ac-
quittait avec une rare habileté diplomatique et avec une désintéresse-
ment plus rare encore,-car il se contentait de 1200 fr. d’appointements,
y compris les frais de représentation.
bulletin de la Bourse. — Le mouvement de hausse paraissait être
calmé, et la rente a été incertaine pendant toute la durée de la bourse.
Les spéculateurs commençaient à faire quelque attention à la rupture
des relations diplomatiques entre la France et la Russie.
Les cours sont restés cependant aux mêmes prix qu’à la bourse
d’hier. Le 3 p. c. a varié de 78-05 à 78-55 et il reste à 70-00. Le 5 p. ç. a
fait 117-55 et 117-43, ilresleà 117-50. L’emprunt a été coté toute la bour-
se à 79-05 et 79. On a coté le 5 p. c. belge à 72-40, l’emprunt de 1840 à
loî 3|4 et la Banque de Belgique à 750.
La rente adived’Espagne était offerte à 25 1)2, et la passive à 5 5[4.
Un négrier chassé par un bâtiment de guerre pourra-t-il faire en sé-
curité son abominable trafic, en hissant simplement un pavillon améri-
cain qui rendrait son pont inviolable ? Tel est l’argument qu’on oppose
aux justes protestations du gouvernementdesEtats-Unis conlreledroit
de visite. Cet argument n’est que spécieux. Quelle est la nation qui
voudrait, par exemple, accorder le droit de visite, en ce qui concerne
ses bâtiments de guerre, ses bâtiments portan t flamme ? Dira-t-on pour
cela qu’un négrier chassé par un bâtiment de guerre anglais pourrait
continuer son abominable trafic, eu hissant une flamme française et un
pavillon français ?
Le droit de s’assurer de la nationalité d’un bâtiment n’est contesté
par aucune nation, du moins nous ne le pensons pas; mais il s’arrête et
doit s’arrêter là. Le droit de visite va plus loin, il consiste à ouvrir les
panneaux du navire, et à s’assurer delà nature des marchandises qui
sont à bord. C’est ce droit dont l’Angleterre a toujours abusé et abusera
toujours; les Etats-Unis le savent par expérience et n’exposeront plus
leur marine marchande aux avanies qui ont amené la guerre de 1812.
(Globe.)
IL» <-S Sa Kssssie.
Des bruits assez singuliers sont répandus depuis hier sur l’ordredonné
à 51. C. Péi ier et sur l'article publié parle Moniteur parisien. Ou prétend
que M. Guizot n’en a rien su et qu'il n’a connu l’indisposition de la léga-
tion française que par l’article de la feuille du soir.
— S’il faut en croire les bruits répandus ce matin, 51. de Kisseleff au-
rait réclamé du ministre un démenti officiel donné à l’article du Moni-
teur parisien. 51. Guizot, tout en déclarant que ce journal n’était pas
sous la dépendance-du ministère, aurait refusé de faire insérer un arti-
clo dans la Messager des Chambres. Mais on serait convenu d’un terme
moyen, et ce serait le Journal des Débats qui aurait élé chargé de révo-
quer en douteles expressions du Moniteur parisien. Voici ce que dit le
Journal des Débats :
k Nous avons donné hier, sans y attacher une grande importance,
l’explication fournie par un journal du soir sur les motifs qui auraient
déterminé l’absencedu chargé d affaires de Russie àladernièreaudrêhcè
royale du 1« janvier. Nous n’avons pas cru, nous ne croyons pas encore
que cette explication fût officielle.
» Que 51. de Pubien, ambassadeur de Russie à la cour de France, ait
été rappelé à Saint-Pétersbourg parce qu’en saqualitéde doyen du corps
diplomatique il était exposé à haranguer, le premier jour de i’an, le Rôi
de la révolution de juillet : cela est fort probable. Que M. de KisSelèff,
son remplaçant, ait éprouvéce même jour une indisposition par ordre;
cela est encore possible; et des procédés de ce genre n’ont rien qui
doive étonner de la part de l’Empereur de Russie. L’Empereur Nicolas
nous a fait une habitude de sou mauvais vouloir puéril et de sa diploma-
tie boudeuse et tracassière. Le refus de concourir, par ses agents officiels,
aux hommages que la France aime à rendre au Roi Louis-Philippe, est
donc quelqueehose de très ordinaire et de très naturel de sa part.
» Mais ce que nous ne savons pas etee que nous ne croyons pas, c’est
que le gouvernement français ait songé à bouder l’Empereur parrépré-
sailles, et que son agent à Saint-Pétersbourg ait reçu l’ordre d’être ma-
lade le jour de la fête de Sa Majesté russe. Nous ne comprendrions pas
une pareille guerre entre deux puissantes nations. Si la France se trou-
vait blessée par les procédés du cabinet russe, elle rappellerait ses
agents, comme c’est son droit et son devoir. Mais deux grands gouver-
nements ne luttent pas ainsi de taquinerieet de malveillance; ne voulant
pas se faire la guerre à coups de canon, ils ne se livrent pas une bataille
d’étiquette et ne se battent pasà coups de bouderies ridicules etimpuis-
santes. Gela ne serait pas sérieux ; cela ne serait pas digne de la France.
Nous ajoutons que cela serait aussi indigne de la Russie,qui est un puis-
sant peuple, et qui n’a pas épousé sans doute les petites passions et les
colères mesquines de son souverain.
» Nous comprenons les ombrages que la révolution de juillet a pu
exciter en Europe. Nous concevons l’effroi cju’un changement de dy-
nastie devait inspirer à l’empereur Nicolas; et nous ne lui demandions
du premier coup ni confiance ni sympathie. Mais le tempsa marché. La
Prusse, l’Autriche, l’Angleterre, tonLes les puissances ont tour à tour
témoigné et témoignent à chaque oci&sîbn la haute et sympathique
confiance qu elles accordent à notre gouvernement età notre roi. Seul
l’empereur de Russie persisterait dans une malveillance puérile et per-
sonnelle; seul il refuserait de reconnaître les services que notre gou-
vernement a rendus à la cause de l’ordre monarchique et de là paix
générale ; seul il protesterait par un éloignement systématique, et, au-
jourd’hui, par ses bouderies officielles, contre notre glorieuse et inévi-
table révolution '
» Mais plus nous regrettons de voirie chef d’un vaste empire engagé
dans une pareille voie, plus nous devons refuser de l’y suivre. Si, ce
que nous ne croyons pas, des relations avec le cabinet russe n’étaient
plus possibles sur le pied d'un bon accord et d’une courtoisie réciproque,
la France, nous le répétons, n’a qu’une chose à faire : c’est de cesser
toutes relations officielles. Une grande nation comme la nôtre peut mé-
priser des procédés pareils à eeuxqu’on impuleà l’Empereur deRussie;
mais elle ne doit pas les imiter. Sicile ne pouvait vivre en bonne intelli-
gence avec un cabinet rival ou prévenu, une rupture ouverte lui vou-
drait mieux qu’une diplomatie envenimée. Si au lieu d’ôtre des messa-
gers de paix et de bon vouloir, vos agents à l’étranger n’étaient que tes
chargés d’affaires de vos susceptibilités et de vos rancunes, il vaudrait
mieux les rappeler. La rupture n’est pas la guerre, tandis que de mau-
vaises relations compromettent incessamment la paix que nous vou-
lons, la paix honorable, la paix durable, également assurée contre les
emportemeuts des peuples et contre les fantaisies des rois absolus ! »
Bruxelles , H janvier. — Avant-hier, le Roi a reçu le cardinal-arche-
vêque de Slalines.
— Hier, S. 51. a travaillé avec le ministre de ta justice, et a reçu 51. le
baron de Stassart, 51. Mercier, membrede la chambre des représentants,
et 51. Mali, consul de Belgique à New-York.
— Les études de Gisclle ou ies H’iltis; sont poussées avec activité; |