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LE PRE
Journal Politique, Commercial. Maritime, Littéraire et Artistique.
•AT. — O’Amvkhs peur Malines et Bruxelles a 5.25, 6.35, 7.40 F.,
3.15 F-, 3.33, 4.40.5.50, 6.50 F., 8.25 F., 8.55, 10.15 F. - Lierre
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PAIEMENT PAH ANTICIPATION.
CHEMIN US FER DE Xi’KTAT.
9.15 B., 9.50,10.60 F., 12.15,1.15 B., 3.B a., o.«, *.*v. u.«u, v,.^, . .
5.30, 7.12,9.33, 11,1.50,5.21, 8.28. - Tonnende et Gand 5.25 R., 5.30, 9.50,12.15, 3.33,4.45 F., 8.55. -
Aient (par Termànde) 5.30, 9.50,12.15, 3.33, 8.55 : (par Bruxelles) 5.30, 9.15 F., 10.50 F., 12.15,
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Atii (par Bruxelles-Nord) 5.25, 10.50 F., 12.15, 3.33, 6.50 F. - Bruges, Ostende (par Malines)
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50,12.15, 3.33, 4.45 :
(par Bruxellesj s'.SSe’ilO,
aai, Lille 5.25,9.50, 12.15, 3.Ï
mont, Liège et Verviers 5.25, 9.15 F., 9.50, 12.15, 4.45, 6.50, 8.55 (Jusqu’à Louvain;
i.30, 9.50, 12.15. 4.45, 6.50. — Spa 5.30, 9.15 F., 9.50, 12.15. — Allemagne 5.2a
1.45 m.}, 9.15 (botte 8.30’., 1.50 .boite 1.05J, 4.45 (botte 4.10), 10.15 (beîto 9.30. - De
»------• ,7) 7.18, 8.03 F., 9.16 F., 9.51, 10.50, 12.43, 2.30 F., 3.45, 4.34,
D’Anvers pour Boom 6.45,11.10,5.10,10.20. — De Boom pour
— Louvain, Tirlemont
10 F. - Landen 5.30,9.50,12.15. 4.45, 6.50.
/levée de la botte 1.45 m.), 9.15 (botte 8.30, -.
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Place «la Musée, Anvers.
CHEMIN DK FER GRAND CENTRAL BELGB.
D’Anvkrs pour Lierre 5.30, 7.12, 9.33. 11.00, 1.50. 5.15, 8.28. — Aerséüet, Louvain, Dlest,
Hasselt 7.12, 9.33,1.50, 5.15. — Maastricht et Aix-Ia-ChapoUe 7.12,9.33,1.50,5.15. — Roosendaal,
Breda,Dordreciu, Rotterdam,7.20 9.05 F., 10.25, 2.30 (Jusqu’à Roosendaal), 3,41 F., 6.45. — Ottig-
nies, Lodelfnsart. Charleroi, Bercée, Walcourt, Marienbourg, Vireux et au-delà 7.12, 9.33 (Jusqu'à
Waleourt), 1.50, 5.15 (Jusqu’à Lodelinsart). — Hérenthals, Turnhout et Tilbourg 5.30, Il (Jusau *
Turnhout), 5.15.
CHEMIN DE FER DU PAYS DK WAAS.
D’Anvers pour Gand (Tête de Flandre) 7.15, 8.50 F., 10.55, 2.05, 3.50 B.. 7.15. — De Glnii nour
Anvers 4.30, 7.05, 9.25 F., 10.50, 2.20. 5.25 F.. 7.05. ’ P
BATEAUX A VAPEUR.
D Anvers (départs du Veer dam) pour Tamisa 8.30, matin, 3.15 h. soir. — D’Anvers pour
Boom 1 et 3 h. soir. — De Tamiss pour Anvers 7.30 et 10.30 h. matin. — De Boom pour
Anvers fl.30 h. matin. *
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HOLLANDE, M. H. NUSH RT VAN DllMAR
A Rotterdam, et tous les directeurs a, postes
dn royaume.
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Street, Strand, et A, Madriok, 13, T*»ut««k,
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Annsases la petite ligne..... Fr 0 25
Reclames (fin du journal) la ligne. 0.75
Faits divers, la ligne....... . 1 _
Rubrique Anvers, la ligne.... . *,50
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«Par™ Lafittk * C«, Place de la Bourse
_•?* Le' annonces sont mesurées au ligna
»*«lrc. — Les titres te paient d’après l’espar«
gu ils occupent. On ne neut garantir les dates
d.'insertion*.
listes électorales.
réclamations des cléricaux.
Les électeurs qui auraient regu de la part
des cléricaux une demande de radiation d©
leur nom des listes électorales, sont instam-
ment priés de faire remettre cette pièce an
bureau de l’Association Libérale et Consti-
tutionnelle d’Anvers, Place Verte, 31, au
premier.
RÉSUMÉ POLITIQUE
Une dépêche de Bordeaux rtou»donne des détail?
sur un discours du général de Rochebouet ; én
recevant ie maire de cette ville, il aurait dit que
les bruits sur l'affaire de Limoges ne sont pas
S Los ordres qu’il a donnés sont la répétition de
ceux qui avaient déjà été donnés en prévision île
troubles possibles. Iis étaient purement delensiis.
L’ex-raiiistre de la. guerre a ajouté qu ii ne sp
laisserait jamais entraîner dans la voie de .*11 éga-
lité. •• Je u’ai pas songé plus que vous, a-t-il uit, a
.faire un coup d'Etat pour qui que ce soit, vous sa-
• vez ce que je pense des bonapartistes, vous savez
«tomme moi.qu'un coup d’Etat serait impossible.
.Jamais le maréchal et son cabinet uont songe R
• faire un cofrp iTT-Itat, Au «foutfairc, les membres du
fabinet ont. conseille au maréchal de former un mi-
nistère pris dans lamajorité du Parleme.nl'. «
On ne comprend réeriement pas l obstination du
gouvmmemeut à ne pas éclairer l’opinion publique
en donnant le texte des ordres transmis ; il serait si.
simj/le de dévoiler une bonne fois les coupables ma-
chinations de l’ordre moral. Est-ce parce que le
général Borel a transmis, le 8 décembre, l’ordre
de consigner toutes les troupes de la garnison de
Paris? . , . .
Il y a un temps d’arrêt dans les négociations: je
peuple anglais eu profite pour organiser des mani-
festations dans le sens de la paix ou de la guerre,
selon l’opinion whig ou torie des organisateurs.
Après Manchester, la citadelle gladstonierine, voici
venir Birmingham et Leeds, tandis qu'nn meeting
à Trafalgar Square a envojé une députation belli-
queuse à lord Beaconsfield. Le premier n’a pas
reçu la députation. .
Nous avons quelques détails ail sujet de la déci-
sion prise par le conseil des ministres à Constanti-
nople. .
Ce serait l’ambassadeur d’Autriche-Hongrie qui
aurait fait la proposition, au nom des puissances
neutres, de suspendre les hostilités ; l'armistice
.serait d’un mois, de manière à permettre des négo-
ciations sérieuses en vue de la paix. On s’attend à
«e que la Turquie fasse cette proposition directe-
ment à la Russie ; à Berlin, «m pense que ce sera
sur ta base de l'itti possidetis, e’est-à-dire de la
situation actuelle des armées belligérantes.
Sotfi
Mills çéogr. (15-10°)
T Nous avons aujourd'hui l’explication de la dé-
pêche russe qui nous a appris le passagedes Balkans
par l’armée russe. Elle nous arrive par un corres-
pondant du Times. C’est par le défilé de Baba
Konak, un des sentiers de i’Eti’Dpol Balkan, que
Ses avant-postes russes ont réussi St- gagner la route
de Sofia. Ils ont pris le sentier qut part de Waa-
tchetch, sous Orkhanie vers Baba Konak et Ka-
mirli, à l’est de Sofia. L’avant-gardle russe s’est
frayée un chemin pareet étroit sentier Où elie a fait
passer non-seulement de la cavalerie, m.us encore
plusieurs pièces de 9. Il lui a fallu trois jours pour
gagner la plaine et les villages. A peine avait-elle
(accompli cette œuvre de patiente persévérance
iqu’elie s’est jetée sur les Turcs et a pu envoyer
la cavalerie par la route de Sofia, sans que renneini
pût l’arrêter. Les Russes ont ainsi interrompu les
communications entre Sofia et l’armée turque qui
occupe les positions de Kamirli et Arab Konak.
ESPAGNE..—! “ Quelle famille, bon Dieu ! quelle
famille! » L’ancienne rosière du Pape, l’ex-reine
Isabelle a reçu dernièrement, avec force embras-
sades, son cher parent don Carlos. Or, le roj
Alphonse qui est Le fils d’Isabelle, «Hait en délies.
(1*5) Feuilleton «lu l'Héci rski h.
SONIA
IltfrVRV «RÉVILLE.
XVII
(Suite).
Sa mère lui a (dressa un geste de bénédiction, le
traîneau s’ébrai ida, franchit lentement la porte et
vola sur la neigtîi molle comme une blanche toison.
L’église disparut derrière lui, puis la grand*
porte à claire-votie que les Jufantsaocourus tenaient
ouverte sur son passage.
Bons poussa un soupir et se rrtt°urna pour voir
encore son domarâe... le rideau a>»eigele lui dé-
robait ; il n’aperçut qu’une masse ■>, risâirajjuielle-
rnenie s'évanouit au bout de quelque nas.
Mais au détour du chemin, prèsdu jf»o sapins,
une petite forme sombre se dessinait à d.trans-
statue par les blancs flocons am ^
tétait Sonia, qui, debout au milieu de la
Lnrfîlt+âilgn6 au-coclier '^arrêter. Un petit , ‘!cijh
sur la tèie, un mince patelot sur son corns arel, V*
tant, un paquet, noué dans un mouchoir nassé àt
son bras, elfe attendait là depuis une' ZJ™*Lz
tesse avec son cousin Carlos et il a naturellement
pris de fort mauvaise part la réception que sa mère
a ménagée à son cousin ; la mauvaise humeur du
fils s’est exhalée en articles [fort acerbes des offi-
cieux madrilènes. La reine Isabelle a répondu,
dans le Figaro, moniteur officiel des rosières ;
elle ne veut pas se constituer juge des difficul-
tés qui ont amené un refroidissement entre les
deux dons, Carlos et Alphonse; l'un est son fils,
l’autre son parent, et son cœur est ouvert à tous
deux!
Les feuilles ministérielles de Madrid n’ont pas
été émues par un si beau langage. 11 a déjà été
question de supprimer la pension que touche la
reine-mère sur le trésor depuis la restauration
d’Alphonse XII. D'autres rumeurs parlent de sa
mise en interdiction. Enfin, M. Waddington pour-
rait tuen vire, saisi d'une demande d’expulsion
contre certain personnage de son intimité.
Entretemps, le roi Alphonse doit se marier; la
mère ne sera donc pas de la noce! Le père, don
François d’Assises est en Angleterre et ne répond
plus aux lettres que lui adresse son fils ; il ne sera
pas non plus à la noce. - Quelle' famille, bon Dieu!
quelle famille! »
La guerre d’Orient,
L. Angleterre et la Russie.
Le journal russe de Bruxelles, le Nord, com-
mente les nominations récentes dans le personnel
.diplomatique anglais. Voici un extrait de son arti-
cle ; mai grc la grande modération de laiigage, on
peut voir jusqu’à quel point les relations sont ten-
dues entre le cabinet de Sl-Jaines et le cabinet de
St-Pétersbôurg :
- S’il est vrai en thèse générale qu'en politique
ce qui est inutile est nuisible, plus que jamais peut-
être cette maxime trouve son application dans le
cas présent. Quel que soit le caractère réel de
l’acte diplomatique que le cabinet anglais vient
d’accomplir, quelques précautions qu’il ait prises
pour en préciser la nature exacte vis-à-vis de la
Turquie aussi hien que de la Russie, il est presque
inévitable qui1 les Turcs y voient la préface cer-
taine d’une alliance de l’Angleterre avec l'Em-
pire ottoman. Et c'est en ce moment même que
ia feuille officielle de Londres publie les décrets
qui nomment M. Layard definitivement am-
bassadeur à Constantinople, et sir Henry Elliot, am-
bassadeur à Vienne, — M. Layard, qui n’a cessé
d’encourager la Porte à la résistance, sir Henry
Elliot dont on connaît le turcophilisme, et dont la
nomination à Vienne ne manquera pas d’être inter-
prétée par tous les amis de la cause turque, — à
tort, nous en avons ia ferme conviction, '- comme
l’indice d’une alliance entre l’Angleterre et l’Au-
triche en faveur de la Turquie.
•• Ces nominations sont tout au moins «l’un
à-propos contestable dans les circonstances ac-
tuelles. Nous ne demandons pas mieux que de croire
(jue l’Angleterre, qui a été jusqu’ici derrière la
Turquie pour la soutenir, né se met pas aujour-
d'hui devant elle pour la couvrir. Mais en présence
des faits que nous venons de mentionner et de bien
d’autres encore, on aura de la pfeine, à Constanti-
nople, à renoncer à cette opinion. Il serait d’autant
plus regrettable qu'on lit naître de nouvelles illu-
sions dans le monde politique ottoman,, qu’actuelle-
mqnt, à en croire le correspondant i\u. Temps, on
y paraît animé de dispositions réellement paci-
fiques et couchantes. Mais pour que nés disposi-
tions triomphent définitivement et aboutissent à ia
conclusion de la paix, il faut qu’à Londres le cou-
rant représenté par lord Derby et le marquis de
Salisbury ne soit plus tenu en échec, comme il
semble l’être encore à l’heure qu’il est, par celui
que personnifie le triumvirat de lord Beeieonsfield,
AI. Layard et sir Henry Elliot.
.*> Nous disions l’autre jour qu’il convient, dans
l’attitude que la Russie a à prendre à l’égard de la
médiation anglaise, de ménager les susceptibilités
légitime!*1 de l’Angleterre, tout en ne lui laissant pas
ignorer qu’b bn Russie ne se laissera détourner à
aucun prix Ju Lut essentiel qu’elle poursuit dans la
guerre actue«'le- En parlant ainsi, nous avions
moins en vue le cabinet de Londres — qui a avant
tout à faire la prt'uve 1ue son initiative vise réel-
lement la paix et Don la guerre —, que cette
portion considérable’ et distinguée du public
anglais qui a sympathisé dès le début avec
l'entreprise de la Russie, qui l’a encouragée
même a l’heure des revers, et qui lui a fourni ainsi
un appui moraL auquel un peuple doit être parti-
culièrement sensible lorsqu’il est au diapason ac-
tuel du peuple russe. La Russie doit certainement
de la reconnaissance à cèttô partiede la nation an-
glaise, et il s’aget de la lui témoigner, en évitant
soigneusement tuurt ce qui pourrait là placer entre
ses sympathies jiour l’œuvre russe, d’û£« part, et
son point d'honneur patriotique, d’autre pà?'L C’est
là mieux que de la politique habile, c’est de .là po-
litique droite et généreuse.
depuis une heure peutv
J.FaSdSapSrn,“t etému *> h «M* •
77. Maître, emmenez-moi, je vous en m-i« fil 1 »
PeEUee'flxafÆ veux‘nr1!’ j? Serai bien so’umise -
ma tre essavact E Profonds sur ceux de soi »
S prière } antdele Persuader par l’instance d e
~ '?? feÇai tout ce que vous voudrez Je ne m e
querellerai avec personne, -je suis toute nrète I
partir .vous voyez, emmenez-moi ! < déplacement, - disait Armianof.
ipas’ -non enfant, tu le sais bier i- 1 Après avoir passé une partie de la nuit à mettre
retourne vite à a maison, il fait froid. ’ ! sefuapiers et ses livresenordre, verslematin, Boris
maitre’ flt-e,le 4’une voix dolente J e ! s'accorda un peu de repos. A dix heures, il sortit,
ferai tout ce que vous avez dit. ^ J ® ! achet i cUez un bijoutier deuxanneauxde fiançailles
ment Boris'8’ Je temruèllerai, répondit joyeuse i- . et-é’en alla à J’église du Bienheureiix-Tassili où
»ent Bons. J 17 ^ Lydie lui avait promis de le retrouver ee jour-la.
— Bien vrai?
— Bien vrai ! — si tu le désires toujours,.ajouta
le jeune homme, qui. comptait bien voir cette fan-
taisie passer avec le teuips.
Les mains glaoées et roidies de l’enfant s’avan-
cèrent pour saisir la. main de Boris, qui se pencha
vers elle et l’erabras =ta sur ses cheveux poudrés de
neige fine.
Elle se retira pour laisser passer le traîneau.
— Au revoir, criaJSoris en se retournam.
— Dieu vous garde 1 repondit-elle.
Le traîneau reprit sa course ; mais jusqu’au pro-
chain détour, Bons, en se retournant- de temps en
temps, put apercevoir à travers la neige moins
épaisse la forme sombre de l’orpheline debout où il
l’avait laissée.
Pendant qu’il poursuivait sa route vers Moscou,
Sonia retournait au logis.
— D’où sors-tu ? lui dit ffâclia en l’apercevant.
On t’aj assez cherchée ! et le» maître qui est parti
sans que tu lui aies souhaité -un bon voyage !
— J’ai vu le maître, et nous nous’ sommes lit
adieu, répondit la petite.
— Où cela ?
— Sur la route.
— Tu ne pouvais pas prendre congé de lui ici,
comme une chrétienne ?
Sonia ne répondit rien, baissa la tête et prit son
ouvrage. L’une après l’autre, toutes les femmes de
service lui adressèrent le même reproche sans
ébranler son calme.
— Mais est-elle drôle ! dit au moment «le souper
la blanchisseuse, son ennemie. Elie qui vous saute
toujours à la figure comme un petit coq, elle est
douce comme un agneau, ce soir.
Sonia se taisait : tous les regards se tournèrent
vers elle.
— Pourquoi ne te fâclies-tu pas ? répéta la blan-
chistóitse.
— lie maitre me l’a défendu, répondit Sonia.
Dès ce jour.ellen’opposa que le silence aux taqui-
neries les plus malicieuses. Du reste, dans cette
maison bénie, personne n’avait l’âme méchante, et
la, paix régna bientôt autour de la tristesse patiente
et résignée de madame Grébof.
Eu arrivant à Moscou, le vendredi soir, Boris
trouva chez lui la réponse du prince. On l’attendait,
il n’avait qu’à partir au plus vite, le lendemain
même, si faire se pouvait. Cette lettre contenait en
outré un mandat considérable « pour les frais de
Les mouvements militaires.
Nous trouvons dans l’agence russe la dépêcha
suivante :
Saint-Pétersbourg, 31 décembre.
Le grand-duc télégraphie de Bogot, le 29 décembre :
« Par un froid et un vent exessifs, à travers des sen-
tiers que la glace rendait impraticables, en creusant
des chemins nouveaux, en portant sur les épaules des
canons de calibre nu 9, les troupes formant l’avant,
garde de notre armée de l’Ouest, se sont emparées des
passages des Balkans, entre Arabkonak et Sonliia.
Notre cavalerie occupe déjà la chaussée qui mène à
cette dernière place. L’ennemi a été surpris.
» Nos pertes sont de cinq blessés seulement dans le
régiment de Preobrajensky et la cavalerie cosaque.
Le seul fait qu’il a fallu trois jours pour faire le trajet
de Vratza à Niegoscheo et à leliar donne une idée de
la difficulté que présente le passage des Balkans.
•> Sur le front oriental, c’est-à-dire du côté dü Lom.
les Turcs paraissent être partout retirés ne laissant
que de faibles détachements. No» troupes ont .«perçu
l'infanterie turque détruisant Jovâtchifiik et. ont
trouvé Yianar en flammes. Partout les rivières char-
rient des glaçons qui emportent les ponts.
- Le 24, après une lutte fort vive, les Sertas se Sont
emparés dAkpalanka et ont chassé les Turcs
d’Alescovatz en s’emparant 'de trois canons. Les
pertes des Serbes ont été minimes, car, grâce au
Drouillard, ils ont réussi à passer la Nichavà sans être
aperçus des Turcs et tourner les positions de l'en-
nemi' -
Ainsi la route «le Sophia est occupée par les Rus-
ses. En quel point? C'est ce que la dépêche ne «lit
pas et ce que la suite seulement nous apprendra
d’une manière plus précise. Un télégramme adres-
sé le :ii de Bucharést à l’agence Havas est plus ex-
plicite, il l’est peut-être trop, car il annonce que les
Russes cernent Sophia, nouvelle «qui nous semble
prématurée.
Les prisonniers de Plevna arrivent dans la capi-
tale roumaine. Ils sont mal vêtus, dit la Gazette
de Moscou, et souffrent beaucoup du froid. Offi-
ciers et soldats partagent avec eux ce qu'ils ont.
i A Antivari, des pourparlers avaient été entrepris
pour la reddition de la citadelle ; mais le.comman-
dant Selim-Bey ayant prétendu emmener à Scutari
ses troupes, ses armes et ses canons, le bombarde-
ment a été repris par les Monténégrins.
Belgrade, lr<l janvier, 5 h. 10, soir.
Une attaque des Turcs contre Mali-Zvornik a été
repoussée.
O» croit dune les cercles bien informés que la
Skouptchina, qui sera convoquée incessamment, ne
siégera pas à Kragujevatz, comme d’habitude, mais à
Kiouchevatz, ancienne capitale du royaume serbe,
ville située non loin de la frontière de laViéfile-Serbfe.
Ali-Riza-Pacha et Selïm-Bey, officiers «fétat-major
récemment arrivés de Constantinople, Organisent à la
l/ûte la levée en masse des musulmans dans le vüayet
de Kossovo. Leurs points de concentration sont: Piiz-
ren, Pristina, Novi-Razar, Sîenitza.
Les quatre corps d’armée serbes comptent, ensemble
94,0i)0 soldats avec 306 canons, dont 91,000 avec 66
pièces de^campagne, gardent ia frontière de la Drina.
Les autres 70,000 avec 240 canons se trouvent déjà sur
le territoire'turc en Bulgarie et dans la Vieille-Serbie:
On annonce «l’Asie que le général tioris Melikoff
revient àTiflis et que le général Heytnann a pris
Le commandement en chef «les troupe! «levant Erz.e-
roum. Le froid est grand, et l’on ne yense pas que
les Russes, qui souffrent beaucoup, soient en état
de rien tenter pour le moment. La population mu-
sulmane estégalement très éprouvée. Ismaïl-Paciia,
promu à la dignité et aux foneti«>ns de mucjiir du
4* corpsrM’efforce «l’alléger la misère publique et
de régulariser le commerce des vivres.
Les discours adrésséS an Roi l’oecasi<*f»du
nouvel an ne contiennent guère de saillant
que ces paroles de M. le baron d’Anethan,vice-
président du Sénat : « Fidèles à notre passé,
-> aimons la liberté, mais à cet amour joignons
n le respect du principe d’autorité. Lorsque
-, ce respect existe, il maintient la liberté
» dans «le justes limites ; lorsque ce respect
» fait défaut, non seulement la cause de lor-
» dre, mais celle de laliberté même court de
n graves dangers. Pour les conjurer, il im-
» porte que par toutes les influencés, tant
» spirituelles que temporelles, chacune dans
» sa sphère, ce respect du principe d’autorité
« soit entretenu et fortifié dans les pôpula-
r tiens. »
C’est dire au clergé : occupez-vous de ce qui
vous regarde et ne sortez pas de votre église.
Tel serait, en effet, le meilleur moyen de ra-
mener le calme dans les esprits et de sauver
la liberté des dangers qui la menacent. En
donnant l’exemple du respect de l’autorité ci-
vile, au lieu de la dénigrer par ses actes et
tians ses sermons, le clergé rendrait service
au pays. Par malheur, nous n’osons plus es-
pérer que les conseils de M. d’Anethan soient
Le cœur lui battait bien fort lorsqu’il entra sous
les voûtes ; ce moment précédait-il vraiment une
séparation suprême ? ïl se disait avoc incrédulité
que ce n’était pas possible, car l’esprit se refuse par-
fois à admettre certaines choses, même devant
l’évidence, et semble reculer devant la douleur.
D’ailleurs, l’anneau qu’il allait mettre au doigt
de Lydie serait entre eux un lien de toutes les
heures; ne le verrait-elle pas constamment, cet an-
neau qui lui parlerait de son fiancé?
XVIII
L’office du matin s’achevait pourtant, et Lydie
ne paraissait pas. Dévoré d’impatience, Boris sor-
tit deux ou trois Ibis pour examiner la place; il
explora ensuite l’église dans ses recoins les plus
obscurs, — rien non plus.
Les chantres sortirent, puis le prêtre; quelques
rares fidèles se dispersèrent peu à peu, enfin le
bedeau vint souffler les cierges.laissant brûler seu-
lement devant chaque image la lampe qui ne doit
jamais s’éteindre; on allait fermer.
Boris sortitlentement, lecteur saturé d’amertume
et d’angoisse.
F Ne l’a-t-on pas surprise, empêchée de sortir!
N’est-elle pas malade? •> Telles avaient été ses
craintes; puis l’idée que cette entrevue qui lui
avait échappé était irréparable, qu’il ne verrait
plus Lydie qu’au retour, le frappa aussi douloureu-
mentque s’il n’avait jamais pensé aux adieux.
Il se dit alors qu'elle lui avait peut-être écrit,
que la lettre l'attendait sans doute chez lui, et il
courut jusqu’à sa demeure.
L’aspect de sa chambre était triste, comme tou-
jours au moment «l'un départ. Les meubles hors de
leur place, les livres épars ça et là, quelques vête-
ments de rebut, un verre de thé à moitié vide, des
papiers sur le plancher, enfin le désordre d’un ap-
partement où l’on ne doit plus dormir, tout cela lui
fit une impression funèbre; il lui sembla qu’on allait
emporter un mort, et que ce mort c’était lui, ense-
veli dans son désespoir comme dans les plis d’un
suaire.
Il interrogea la femme qui le servait, puis la pro-
priétaire de son garni ; personne n’était venu, ou
n’avait rien apporté.
Boris s'assit sur une valise, se prit la tète dans
les mains et se demanda ce qu'il allait faire.
— Je ne puis partij’ sans l’avoir revue, se dit-il
résolùment ; je vais aller sous ses fenêtj'es, et si
bien qu'on l’ait enfermée, elle trouvera le moyen de
me faire un signe ou de m’envoyer un mot.
Il s’habillait pour partir quand le facteur sonna,
Boris se précipita vers lui, et lui arracha presque
la lettre qu'il tenait, H s’enferma à double tour et
suivis. La discipline cléricale' a aujourd’hui
des exigences incompatibles avec les tradi-
t-ions.constitutionnelles dont s’inspire le vice-
président du Sénai. La lutte à outrance est,
devenue un mot d’ordre et, les prêtres qiui
refusent d’y obéir sont tenus en suspicion par
l’épiscopat!
M. Thibaut, président de la Chambre, est
enchanté de tout, ce qui se passe ; son discours
reflète cette satisfaction béate; tels ne sont
pas celui de M. Cfaicova, président du Conseil
des mines, qui regrette de ne pou voir, consta-
ter une amélioration notable dans la situation
économique de nos établissements houillors
et de nos usines métallurgiques, ni celui
de M. Bruylant, président du tribunal de
commerce de Bruxelles, fort alarmé de la si-
tuation languissante du commerce, de la pa-
ralysie de l’industrie et de l’état critique des
affaires en général. La quiétude de M. Thi •
baut prouve assez qu’il n’est pas plus en com-
munion de sentiments quen communion
d’idées avec la nation. Cette constatation n’a,
du reste, rien qui puisse étonner.
Le Journal cCAnvers continue la publica-
tion des enquêtes électorales, si désespérant
que le résultat en soit pour ses amis.
Ceux-ci n’épargnent point les frais cepen-
dant, Ils citent témoin sur témoin et ils cher-
chent à se couvrir de leurs dépenses en faisant
condamner les témoins défaillants, alors même
que leur témoignage est absolument inutile.
C’est ainsi qu’après avoir entendu un homme
dont la parole ne pont être mise en doute, M.
le courtier Solvay, déclarer que son fils gagne
dans ses bureaux 3500 francs, les demandeurs
exigent la condamnation de Mrae Solvay, qui
ne comparait pas, à 75 francs de dommages-
intérêts, comme si le témoignage d’une dame,
étrangère aux affaires, était necessaire pour
corroborer celui de son mari, chef de la mai-
son. De pareils procédés sont hautement im-
moraux.
L’arrêt de la cour d’appel de Gand en ma-
tière électorale, concernant le quintuplement
de la valeur locative pour l’évaluation du mo-
bilier va être déféré à la Cour de cassation’.
Nous en publierons le texte demain.
Le pourvoi sera soutenu par MM. Victor
Jacobs et Woeste, députés de la droite. ,
L'Echo de Bruges vient de disparaître, tué par
la pratique du droit de réponse, employé contre
cette feuille de choux cléricale par le Willems-
fonds, depuis environ une année,
ün joli détail, rapporté par un journal brugeois :
L'Écho de Bruges était condamné, il y a quel-
que temps, à plus de mille francs d’ainenile pour
refus «l’insertion de réponses. Or, jeudi dernier,
une affaire intentée à ce journal étant appelée à
l’audience du tribunal de Bruges, les débats révé-
lèrent que cette somme de mille francs venait d’être
réduite à 100 f'r. par M. le ministre de la justice.
N'est-ce pas ravissant.?». Les vicaires condamnés
pour avoir corrompu l'enfonce sont placés dans des
prisons garnies, où rien-de ce qui embellit l’exis-
leuce ne.leur est refusé.- Si ces mêmes vicaires
publient des articles diffamatoires et se refrisent à
insérer les explications «le leurs victimes, la justice
ne peut faire autrement que de les condamner ;
mais, le gouvernement est toujours là et, paternel-
lement, il réduit la condamnation des bachi-bou-
zouks «lu clergé au dixième.
Tels sont les arrangements que l’on peut, prendre
avec le Ciel, sous le régime du bon plaisir.
(Journal de (rand.)
Nous avons consacré dernièrement quelques
lignes à exprimer le désir de voir conserver
et même restaurer le bâtiment communal ap-
pelé la Tour Bleue, désir partagé, nous eu
avons la conviction, par tous ceux qui ont, à
un titre quelconque, le culte des souvenirs et
qui, d'autre part, tiennent à ne pas priver
leur ville d’un élément qui ajoute à son aspect
pittoresque. D’honorabies correspondanisnous
ont écrit pour défendre une idée tout opposée
et pour réclamer la démolition de la Tour
Bleue en faveur de l’amélioration dela voirie.
Nous ne pensions pas, en écrivant notre pre-
mier article, soulever une longue discussion ;
mais nous sommes tout disposé à laisser le
ouvrit l’enveloppe en tremblant; la lettre était
datée de la veille au soir.
“ Cher Boris, écrivait Lydie, je vais au bal, je ne
rentrerai pas avant quatre ou cinq heures du matin,
et tu comprends bien que je ne pourrai pas me lever
demain pour aller à lVglise; outre que je serai trôs-
fotiguée, on trouverait bien singulier de me voir
sortir de si bonne heure. Je ne pourrai donc pas te
dire adieu, ce quime fait beaucoup de peine; je te
souhaite un bon voyage et beaucoup de bonheur. •»
Ici la jeune fille avait dû réfléchir, car un large
intervalle séparait ces mots de la ligne suivante.
» Mon cher Boris, continuait-elle, j’espère que
tout te réussira et que tu seras très-heureux ; je me
souviendrai toute ma vie des beaux jours que nom?
avons passés à la campagne, et je te prie de ne pas
les oublier pendant que tu seras à l’étranger. Ecris-
nfoj ce que tu feras, et pense à
Ta Lydie, m
Celle lettre tomba des mains de Boris, qui la
laissa sur le sol.
•• Elle est allée au bal, elle n’a pas pu trouver un
prétexte, et je ne la verrai plus, se disait-il, pendant
que son cœur devenait dur et froid comme lapierre.
Elle dormait, et moi, je me consumais de rage a l’at-
tendre... Elle ne m’aime pas!
Il marchait fiévreusement dans sa chambre, heur-
tant çàet là les dbjets épars avec une sorte de con-
tentement. féroce. Il se faisait mal aux angles des
meubles, ses mains étaient engourdies des chocs
qu elles essuyaient dans ses mouvements désordon-
nés,—il ne le sentait pas, ou, plutôt, la douleur
lui était agréable, elle le distrayait un instant de
l’horrible torture qui le «lécliirait.
— Eh bien, partons, dit-il enfin tout haut. Ii re-
garda sa montre, l’heure du -train était passée. Je
partirai demain, pensa-t-il, et d’ici là je l’aurai re-
vue.
Ü mit ses affàires en ordre, annonça qu’il passe-
rait encore cette nuit à Moscou et sortit, résolu à
ne pas rentrer sans avoir vu Lyjlie ou sans être as-
sure de lavoir.
La nuit vient vite au mois «le décembre; un froid
brouillard commençait à tomber sur la ville assom-
brie : sans se presser, les allumeurs passaient d’un
réverbère à l’autre, et peu à peu Ta brume f éclai-
rait de lointaüies clartés.
Boris releva le col de castor de son paletot,
enfonça son bonnet de fourrure sur ses yeux, et alla
se poster devant la maison qu’habitait‘Lydie.
Une heure, puis deux heures s’écoulèrent sans
que*pien vint favoriser son entreprise c’était le
ijjoment du.repas, on dînait dans les salles à man-
ger bien closes des différents étages. Boris n’avait
pas faim, il ne sentait plus rien ; les veux fixés sur
la porte cochère, il attendait... quoi ? Ce qui vien-
pour et le contre se produire dans nos co-
lonnes. -
Voilà du moins un débat destiné à n’engen-
drer aucune inimitié et à l’issue duquel vain-
queurs et vaincus pourront s’en aller bras
dessus bras dessous.
Voulant laisser aujourd’hui, d’une manière
très large, la parole à nos contradicteur:
nous n’entrerons pas dans le fond du débat et
nous nous bornons à présenter deux observa-
tions sur le contenu cle leurs lettres.
Ils se trompent, d’après nous, en affirmant
que la voirie serait meilleure et plus belle, la
Tour Bleue avant disparu. M. Beyaert, au
sein «lu Conseil communal de Bruxelles, a eu
foceasion dé signaler l’écueil que présente
l’abus de la ligue droite, et nous recommandons
son discours à nos contradicteurs. On ne peut
toujours éviter la ligne droite, et dans nos
grandes cités modernes c’est parfois un mal
nécessaire; mais du moins qu’on en évite les
inconvénients là où c’est possible et, à plus
forte raison,facile! Unecertainesinnositéaans
los rues et des saillants prononcés dans le jeu
des façades contribuent, d’ailleurs, puissam-
ment au cachet pittoresque d’une ville. Quant
à la facilité de circulation, elle sera tout aussi
grande au moyen des nombreuses voies de
communication qui rayonnent autour de la
Tour Bleue que si l’on enlève ce bâtiment.
La seconde observation que nous avons à
faire se rapporte au reproche qu’adressent nos
correspondants à la Tour Bleue de n’être pas
suffisamment une construction artistique. Ils
oublient, nous semble-t-il, qu’elle répond à
son caractère et que pour un spécimen du
13n,e siècle elle n’est pas tant à dédaigner. Que
diraient-ils d’un gouvernement égyptien qui
voudrait démolir les pyramides sous prétexte
que leur forme n’a rien d’artistique et qu’on
pourrait retirer de leur masse de précieux
matériaux de construction. Est-ce qu’il y a
une forme artistique si exceptionnelle dans'les
murs cyclopéeens dont les derniers vestiges
sont entrenus aujourd’hui avec soin? Et, pour
pousser plus loin encore cet ordre d’idées, faut-
il recommander de détruire et de disperser,
comme constructions inutiles, les dolmens, tu-
mulus,menhirs,etc. que l’oii trouve encore dans
quelques pays ? •
Ces deux observations faites nous n’insis-
tons pas, pour le moment, sur les raisons fon-
dâmçntales qui plaident en faveur du main-
tien de la Tour Bleue, et nous laissons la.
parole à nos contradicteurs. Au surplus nous
sommes d’accord avec eux pour déclarer qu’il
est hautement désirable que l’on réédifie sur
une de nos grandes places publiques l’an-
cienne Porte de Borgerhout, et c’est là une
question que nous ne perdrons pas de vue.
Voici leurs lettres :
Monsieur le Rédacteur du Précurseur,
lJermeltez-moi de vous présenter quelques observa-
tions au sujet de la Tour bleue dont vous avez derniè-
rement préconisé le maintien et que l’un de vos
abonnés, dans votre numéro du 24 décembre, recom-
mande de la manière la plits pressante. On invoque
contre la démolition de cc bâtiment le culte du passé,
les souvenirs historiques, un spécimen de l’ancienne
architecture militaire et son innocuité au point de vue
de la circulation. On ajoute qu’eu le restaurant et en
le rétablissant dans son état primitif ü deviendrait un
embellissement de nos boulevards.
Je suis aussi partisan que qui qt*e ce soit du culte
du passé quand il peut s’exercer sur des objets mar-
quants par leur coté artistique ou historique. Il np
manque pas à Anvers d’édilices réunissant ces eondi-
tioiis, nos nombreuses églises, l’hôtel-de-ville, le Steen,
l’ancienne boucherie et tant d’autres monuments sont
dans cette catégorie. En est-il de même de la Tour
bléue USous le rapport architectural elle ne présente
aucun type distinet, elle n’a pas même d’homogénéité
dans les formes, aucune élégance, rien de ce qui fait
qu’on s’y arrête autrement que pour en détourner les
yeux, elle ne rappelle aucun événement historique
important, et si en 1549 l’administration communale
y a: installé un cours de chirurgie on pourra dire
dans le siècle prochain, Avec le même à propos que
dans ce siècle ci : elle en a foit usage pour y remiser
les décors et les costumes de théâtre. Il ne s’attache à
ce monument d’autre souvenir historique que celui
d’avoir foit partie d’une ancienne enceinte fortifiée,
mais si l’on tient absolument à conserver un spécimen
rappelant cette dernière, que ne réédifle-t-on quelque
pari l’ancienne, porte de Borgerhout, dont toutes les
pierres ont été conservées et. numérotées en vue d’une
reconstruction. Celle-là au moins a un cachet artis-
tique et architectural bien marqués et elle a en outra
le mérite de rappeler un évènement glorieux dans nos
annales, la victoire remportée par les bourgeois d’ In-
vers sur les troupes du dùc d’Alençon. Notre Tour bleue
n a aucun de ces mérites. On voudrait la rétablir dans
son état primitif mais sauf quelques fenêtres et une
porte, qui ont été murées, elle est dans son état, pri-
mitif. Le rétablissement de ces ouvertures en rendra ii-
il l’aspect moins laid? et si on veut, l'embellir parce
qu’on reconnaît que ce bâtiment ne peut être conservé
dans l’état où il se trouve, ne risque-t-ou pas d'en
faire tout autre chose et de lui ôter son caractère
original ï
Il riy a, selen moi, aucune analogie entre les portes
St-Denis et St-Martin à Paris et notre Tour bleue,
celles-là servent de passage à la circulation, celle-ri
au contraire est destinée à l’obstruer tôt ou tard, car
le - Canal sale - par sa largeur et les nouvelles habi-
tations qu’on ne manquera pas d’y construire devieu-
dra une de nos belles rues qui devra êfcre prolongée
en même largeur jusqu'à la placedeMeir,formant ainsi
une grande artère de communication entre leeentre de
1 ancienne ville et les nouveaux boulevards Dans
cette transformation, qui se fera tôt ou tard, la Tour
Bleue sera un obstacle que l’on sera forcé de faire dis-
paraître. A quelque point de vue que je me place je
ne vois aucune raison plausible pour le maintien de
ce batiment, qui, à proximité de la nouvelle Banque
nationale, l’un des plus beaux édifices du pavs, dépare
encore davantage nos beaux boulevards, et si, comme
je l’espère, le Conseil communal décide sa suppression
je pense que loin d’en, éprouver du regret la popula-
tion d’Anvers en sera très satisfaite. ,
Recevez, etc. tx de «os vnoxxiN.
Monsieur, -
J'ai lu avec étonnement dans votre journal deux
articles concernant la massive construction que l'on
nomme la Tour-Bleue, et cela dans le but d’engager
le Conseil communal à la conserver, à l’embellir, c’est-
à-dire à ouvrir des portes et fenêtres, enfin en faire
un monument que l’on compare pompeusement à la-
porte St-Martin ou St-Denis de Paris. Votre vieil abon-
né assure même que la Tour-Bleue fera l’ornement de-
l’avenue des Arts et de ses aboutissants.
Je ne comprends pas pourquoi, ni par quelles in-
fluences, Messieurs les archéologues, qui d’abord
ont avoué eux-mêmes que la Tour-Bleue n’offrait
aucun attrait historique digne de fixer l’attention,
aient aujourd’hui complètement changé d’opinion, il
me semble que malgré les transformations ci-dessus
mentionnées la toiture seule de la Tour-Bleue offrira
toujours l’aspect d’un affreux éteignoir. Et s’il y avait
lieu de conserver à la postérité un monument digne
de figurer parmi nos.belles constructions modernes et
qui aurait en même temps rappelé un souvenir histo-
rique vraiment intéressant, pour l’histoire d’Anvers,
c était l’ancienne Porte de Borgerhout, avant tout,
qu’il fallait choisir, réédifier, embellir, et placer sur
l’une de nos places publiques.
Tous les voisins de la Tour Bleue ont demandé à
qu’on la fasse disparaître. Je crois que les habitants
dn Canal Sale partagent cet avis. Et moi, Monsieur le
rédacteur je serais le plus heureux des mortels,si, par
la publication; que vous voudrez bien donner, je’l'es-
père, à cette lettre, je pourrais contribuer à la démo-
lition de la Tour Bleue.
Agréez je vous prie, Monsieur, l’assurance de ma
parfaite considération,
drait à son secours, quoi que ce pût être.
Après une longue attente , il vit enfin paraîtra
Dounia, la femme de chambre de Lvdie ; elle avait
l’air fort affairé ; il l’arrêta par le bras si brusque-
•ment qu’elle poussa un petit cri.
— Tais-toi, lui dit-il, c’est moi, Grébof. Que fait
ta maîtresse '(
— Elle va en soirée, et je cours chercher sa
pèlerine chez la hlanchisseu.se ; je n’ai pas le temps
de causer, répondit rudement la soubrette en con-
tinuant son chemin.
— Il faut que je la ' vole, entends-tu ? reprit !«
jeune homme, profitant d’un endroit éclairé dans
la rue pour.lui mettre dans la main un billet rose d«
dix roubles, tout ouvert.
Dounia prit le billet, murmura un merci très-
poli, et, tout en continuant à marcher, elle se mit
à réfléchir.
*** Quand partez-vous ? d«manda-t-ellc.
-- Demain par le train-poste.
— Nous irons vous dire adieu au chemin «Je fer,
reprit soudain l’ingénieuse Dounia, illuminée par
la lueur du billet rose ; il y a beaucoup de monde
dans les grandes salles, on n’est pas remarqué.
— C’est bien, répondit Boris subitement calmé.
Mais je te préviens que si vous ne venez pas, je ne
partirai pas, et ce sera à recommencer : je ne quit-
terai pas Moscou sans avóirvumadèmöisélle Lydie,
quand je devrais aller la voir chez ses parenfs. ejj
plein jour. Comment va-t-elle ? '
— Ah ! monsieur, elle a eu bien mal à la tète j
toute la journée, dit, Dounia «l’un ton patelin; hier
on l’a emmenée au bal malgré elle, — elle a beau-
coup pleuré en pensaqt qu’elle ne pouvait pas vous
voir. Elle va être bien contente.
Boris sentit fondre le glaçon que depuis le matin
il avait à la place du cœur.
— Elle a pleuré ? répéta-t-il.
Toute la journée, monsieur... Voici la blan-
chisseuse. t enez «le bonne heure au chemin de ter,
nous y serons une heure d'avance; Bonsoir.
Klledisparutsou3]aported’uneinaison,el, Boris,
le cœur tout plein d’espérances, tout gonflé de
remords de ce qu’jl nomma ii: son injustice, renira
chez lui, mangea une côtelette de bon appétit et
dormit douze heures.
Revenue au logis, Dounia, pendant qu’elle U coif-
fai L raconta à sa jeune maîtresse la répeouvre
quelle venait de faire, — sans lui parler du billet
«le dix roubles, naturellement, — et insista sur
l’accompiissement de la promesse relative au lende-
main.
— Pourquoi as-tu promis cela l fit Lydie en rou-
gissant ; c'est toi qui m’as conseillé hier de ne pas
revoir Boris Ivanoviteh, et ce soir tu arranges une
entrevue...
— Mais, mademoiselle,répondit l'astucieuse s«)Uf
Volontaires de 1830. — Croix commémorative.
CIRCULAIRE A MM. LES GOUVERNEURS.
. Bruxelles, le 31 décembre 187;
Monsieur le gouverneur.
Le gouvernement est décidé à instituer, dès main
tenant et sans attendre la célébration du ?À* annive
«aire de notre régéiération politique, une croix com-
mémorative destinée aux volontaires de 1830 qui n’ont
pas été décorés de la croix de Fer.
nnVM.!?w-ll-/80rt#bi:’e 1833,^servait la croix de Fer
pour les faits d armes éclatants et les services signalés
La commission des recompenses chargée de désrtneri
les citoyens qui avaient mérité cette distinction èÀir
composée d hommes d un patriotisme éprouve c’éta t
neu de temps après la révolution, c’est-à-dire à mie
époque où fi était tarife de vérifier les faite et de côn-
lf eur 1es tltre? de chacun des combattants
L importance des services individuels ne saurait plus
KBssraar,eut
lais commuât reconnaître la qualité de volontaire ?
brette, il dit qu’il ne quittera pas Moscou sans vous
avoir revue, qu il viendrait ici en plein jour ' Ame
un pareil fou, il faut bien «îéder quelque chose pour
avoir la paix.
— Comme il m'aime ! fit Lydie pensive
Les grands ombrages de là campagne' lui reve-
naient à la mémoire avec les baisers ardents et
1 adoration passionnée de Boris.
— Eh bien, pour le récompenser, faites ce qu'il
vous demande, «ht Dounia en riant d’un rire gi\W
sœr. pendant qu elle plantait le dernier bouton «le
rose dans les cheveux de Lydie.
Celle-ci garda le silence un moment.
— Ce n'est pas bien, ce que nous faisons fof.pira
ensuite ; nous le trompons, et s’il l’^DUrenàit“
— Puisqu fi s'en va, comment voulez-vous "nu il
Sï comme vous,
perdrait trois ou quatre ans à attendre Ûn ,mùvro
etudiant, tandis qu elle peut épouser tout de sn'it«
tes tout de suite que vous ne l’aimez plus
et qu on va vous marier, et puis vous verrez quel
beau diable fera votre amoureux ! Si vous avez te
courage «Je lui «lire franchement les choses vous
en serez débarrassée tout de suite; - sefilefnent
dans .-a rage, il est capable de vous tuer Si vous
saviez comme il m’a secouée en m'arrêtant dans la
rue ! J en ai le bras tout bleu !
Lydie continuait à rouler le bout de ses rubans
entre ses doigts indécis. aus
Au Leu que si vous dites| comme lui mainte-
nant, continua Dounja d’une voix insinuante, iis'en
ira et vous laissera tranquille; vous cesserez tout
doucement de lui écrire, il ne s’en apercevra pas
tant; et puis vous direz que vous avez «léménagé, ou
U importe quoi ; — enfin, nous trouverons bien;
moyen de nous débarrasser «1e lui sans le faire crier..
Allons, mademoiselle, mettez votre pèlerine et de-
pocaoPï-nojis, car votremaman va être prête. Vorri
pleurez? A uus allez avoir les yeux rouges!
■— Mais, Dounia, cela lui fera de la peine dit foi-
bfement Lydie; il m’aime tant, et je vais l’abandon-
- Voulez-vous l’épousser, voua enfuir d’ici sans:
trousseau ni argent, avec la malédiction de votre
maman, et aller «euieurer en compagnie des loups-
dan? sa cachette de GrebovafEcrivez-luiun mot il
voua aura bientôt enlevée, et vous aurez le rerte de
votre vie pour vous en mordre les doigis! Vous ne
voulez pas? Quel dommage!.
[A continuer):
Les Etate-u ms
Brésil et Indes
Passe da
Rabs-Kouak
Sionatut |