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Hardi H Janvier.
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aee <le la Bourse ; a y»1*»*®8’P" Strasbourg
1887. — Cinquante-deuxième année. — N° ü
Hardi H Janvier
PRÉCURSEUR
ANNONCES :
Journal Politique, Commercial, Maritime, Litteraire et Artistique.
CHEM. DE FER DE L’ETAT. — D’Art, pour Malines 5.40,3.39,4.20 s. - Pour Brux. 5.06,6.29,
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>r Brax.et Paris corresp. dir.). - 12.28, 1.10 E., 3.07 E., 4.20,4.37, 5.25 E., 5.52, 6.43 E., 8.25
. ,9.14,(10.17 B. corr. dir.Monset Paris)._ P* Termonde et Gand 5.42,6.58, 8rW, L 20,4.46,7.18
Boom: 9.53, 3.39, 9.14 par Mal. — Pour Alost (par Term.) 9.53, 3.39. 4.20 (par Brux.),
6.05, 6.29, 7.29, 9.10 E., 9.53, 10.50 E., 12.28,1.10 F.^3.07 ™ “ “ --------
vain5.05,5.40 E., 8.50 E., 9.10 E., 9.53, 11.42 E.
10.17 -- --- - ' ' ’ '
E.. 4.20, 5.54, 6.43 E. - Pour Lou-
, 5.40 B., 8.50 E., 9.10 E., 9.53, 11.42 F. par Brux., 1.10 F., 3.39j 4.37, 6.43 E., 9.13,
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Ostende (par Mal.) 9.53, 4.37 ; (par Brux.) 5.(5,6.29, 7.29, 9.53, 10.50 E., Î2.28,1.10 E., 3.07 E.,
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P. A. DELA MONTAGNE
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Fleuras, Lodelinsart, Charleroi 7.12, 9.30, 1.35,5.36. — Beraee, Walcourt, Marlenb., Viraux,
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LIGNE D’ANVERS-GLADBACH. — D’ANVERS pour Gheel, Moll, Neerpelt, Ruremonde,
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mois de novembre et décembre 18loet jnvier 1887. - O’IV'/siv o>ir Piam 3 n voir - -)o
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10 h. m. et 3.30 h. soir. — De Tamise pour Anvers 7.3) n. matin et 12.3J n. soir.
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(ville) 10.04,11.57 m.; 3.03, 6.31,9.01 s. - Départs le ruavaour (station) 8.07, 10, 11.58 m.;
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Lôs départs d’Anvers-porte de Turnhout ont lieu huit à dix minutes après les départs de
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■ S'il faut en croire les nouvelles de ce matin, 1 Eu-
rope serait à la veille d’incidents et do déclarations
de nature à faire avancer la solution de la question
bulgare et la connaissance de notre situation gene-
rale. M. Zankof, le chef des russophiles à Sofia, est
(-parti hier pour Constantinople, sur 1 invitation (lu
Suhan et sur celle de l’ambassadeur de Russie, M. de
• Æfélidof. Le brüit court que la Porte désire aboucher
Ù Zankof avec M. Voulkovitch, ministre de la ré
gence auprès de la Turquie, et amener ainsi une
intente entre les deux partis qui se combattent
en Bulgarie. Si la Russie s’associe à cette œuvre
de conciliation c’est qu’elle aura reçu probable-
ment de Sofia des gages d accommodement ou
Welle en aura donné. En. effet, le correspondant
viennois du Times annonce que le gouvernement de
Klpétersbourg s© dispose à abandonner la candida-
turc du prince de Mmgrélie et à lui substituer le
•rince George de Leuchtenberg, fils du duc Nicolas
et de la grande-duchesse Marie Nicolajewna de Rus-
sie, né en 1852,mari de la princesse Thérèse d’Oiden-
Bjjourg et officier dans l’armée russe. L’Autriche pa-
raît être moins opposée à ce prétendant qu’au précé-
dent, et en général la presse européenne signale une
'"-'détente dans les rapports des deux empires slaves.
On télégraphie de Berlin au Temps que dans la
[discussion du projet de loi militaire qui doit commen-
cer aujourd’hui au Reichstag, le gouvernement
laintiendra le principe du septennat.
11 est probable que le Reichstag sera dissous en cas
. de vote défavorable.
L’empereur Guillaume a eu hier une longue con-
êrence avec le prince de Bismarck.
Le correspondant du Times à Berlin dit qu’il faut,
li’attendre à ce que, dans le discours qu’il prononcera
' à l’occasion de la deuxième lecture de la loi militaire,
le prince de Bismarck mettra fin aux bruits d’alliance
"spéciale entre l’Allemagne et la Russie.
En Angleterre, la crise ministérielle parait être
Dujours au même point. Le parti conservateur fait,
Ëdit-on, de grands efforts pour décider lord Iddes-
cleigb à rester dans le cabinet, mais celui-ci est fer-
mement décidé à se retirer. La date de la réunion
du Conseil privé à Osborne a été encore une fois
feculée.
f On annonce que sir Henry Holland, conservateur,
a accepté le portefeuille des colonies.
|| Le Times fait remarquer qu’à la conférence qui
va se réunir chez lord Herschell il s’agira de !
^trouver un modus vivendi, non seulement entre !
les deux fractions du parti libéral, mais aussi entre j
^*es deux fractions et le groupe parneliiste, ce qui
onstitue un problème tout différent.
Le Times estime que les gladstoniens ne pourront
Bamais amener les libéraux dissidents et les Irlandais
feux concessions réciproques qui permettraient une
Sgentente, et que par conséquent la conférence est con-
"damnée à un échec certain.
Suivant une dépêche de Mandalay on date d’hier,
les rapports quotidiens établissent que, grâce au !
•uccès des colonnes qui cpèrent dans la Haute-Bir- '
manie, l’œuvre de pacification du pays fait des pro-
grès rapides.
Post-scriptum.
Berlin, Il janvier.
Dans la discussion du projet de loi militaire,
j M. de Moitke a déclaré que si jamais il fut un Etat
qui peut contribuer au maintien de la paix, c’est l’Al-
lemagnequi se trouve exclusivement sur la défensive.
1 A cette fin, elle doit être forte et prête à la guerre.
Si, dit-il, contre notre gré nous étions forcé à la
guerre nous saurions la faire. Si nous rejetons le
[projet, la guerre serait toute certaine,
j Le vote que le Parlement émettra aujourd'hui ne
[manquera pas de produire son effet à l’étranger.
1 Le gouvernement n’acceptera pas une aiiocation
! au budget pour une courte période.
les gouvernements européens ont compris, et
avec un ardeur infatigable ils se sont voués à
cette oeuvre de régénération. Seul, le gouver-
nement belge fait exception, seul, il s’est mis
en travers du grand courant qui, sous l’empire
d’une nécessité inéluctable, signale la fin de
ce siècle.
Partout les questions relatives à l’enseigne-
ment sont discutées avec passion ; on ne cesse
d’améliorer, de perfectionner les méthodes
existantes ; partout on fonde des ateliers
d’apprentissage et des écoles spéciales. En
partant de ce principe que' l’avenir appartient
aux peuples les plus instruits, et que tout
peuple qui faiblit dans la mêlée ou s’arrête
sur le chemin du progrès est un peuple perdu,
on déploie les efforts les plus énergiques,
non seulement pour maintenir les positions
acquises, mais pour faire des conquêtes nou-
velles et accroître sans cesse les ressources
nationales. La Belgique était en bon chemin,
elle donnait même l’exemple à d’autres Etats;
l’étranger ne tarissait pas d’élogessur l’œuvre
du cabinet libéral, et il venait en étudier de
près le mécanisme. Mats encore une fois les
catholiques sont arrives,et tout s’est effondré;
dans notre Parlement, quand un membre de
l’opposition soulève la question de l’instruction
publique, la majorité donne des signes d’im-
patienceet affecté de ricaner ; le gouvernement
secoue la tête, comme si l’on troublait les
sublimes idées qui encombrent son cerveau.
Quand un journal clérical consacre dix lignes
à la question.scolaire, c’est pour exiger qu’on
ferme les établissements qui ont survécu ou
pour demander la tête des instituteurs qui
restent. L’enseignement officiel n’est' plus
qu’un amas de ruines, qui n’ont pas même le
mérite d’attirer les touristes. Le diplôme,
chez le maître d’école, est considéré comme
un titre risible, et le patriotisme comme une
qualité grotesque. Enfin, l’étranger qui na-
guère prenait modèle sur nous, nous désigne
aujourd’hui au monde entier comme l’ilôte
ivre.
Voilà dans quels bas-fonds nous sommes
tombés en moins de trois ans d’administration
cléricale. En Belgique, en l’an de grâce 1887,
ce n’est pas la science que l’on protège, le
développement intellectuel et moral que l’on
encourage et stimule ; on honore officiellement
l’ignorance qui est la mère de tous les vices
et la source de tous les maux dont souffre la
société. Le gouvernement a pris pour devise
ce bel aphorisme de M. Victor Jacobs, que « la
liberté de l’ignorance est garantie parla Con-
stitution ».
Depuis de longues années, tous les peuples
[civilisés ont entrepris une vigoureuse cam-
pagne contre l’ignorance. Us ont rivalisé de
zèle dans ce tournoi pacifique, d’où l’homme
Sdoit sortir plus moral et mieux outillé pour
Kes durs combats de la vie. Dans la société
■knoderne, l'instruction est l’a?s triplex, le triple
•Jî airain dont pa le le poète. Le cabinet belge
(de 1878 s’était vaillamment lancé dans l’arêne,
[il avait fondé un système scolaire, dont toutes
ries parties s'ajustaient parfaitement, et qui
s'appliquait à tous es âges. Il allait couronner
sou œuvre en décrétant l’instruction obliga-
toire, lorsque les catholiques sont arrivés au
[pouvoir Aussitôt tout a changé; le magnifique
[édifice sorti du programme de 1878 a été oouie-
tversé de fond en comble. Il n’y a plus de sys-
tème, plus d'organisation, plusa’enchaînement
harmonique entre les divers degrés de l’ensei-
| gnement.et laBelgiqueestaujourd hui iaseule
j nation de l’Europe qui naît pas l’instruction
j obligatoire. Le gouvernement actuel ne s’est
pas contenté de se désintéresser de ce grand
service public.il adéclaré laguerre aux établis-
sements de l’Etat, et il donne ainsi au monde
un spectacle uxiique. U a méconnu le premier
de ses devoirs et préparé au pays un avenir
dont les patriotes gémissent. Son avènement,
a été un désastre pour la cause du progrès.
Comme le disait feu M. Paul Bert dans son
rapport sur le projet de loi concernant l'in-
struction obligatoire, « le raisonnement et
l’expérience sont d’accord pour démontrer
que la moralité et la richesse, parsuiie, le
bonheur des peuples, sont en rapport direct
avec le développement de l’instruction ».
L’instruction diminue la criminalité, qui est
en relation intime avec l’ignorance, comme
nous le prouvent les faits de tous les jours ;
un gouvernement moral a donc pour devoir
de la faire pénétrer dans toutes les classes de
la société; ayant charge d’âmes, il n’a pas le
droit de s’affranchir de cette mission de salut
public; responsable de l’ordre et gardien
de la paix, il n’a pas le droit d’abandonner
les bons citoyens, qui demandent à être
protégés contre les brutalités de l’ignorance
et les crimes qu’elle engendre. Ah point
de vue matériel, l’instruction est le plus sûr
remède contre le paupérisme et ses désolantes
conséquences; un gouvernement prévoyant,
ami du peuple et dévoué au progrès, a encore
pour devoir de l’imposer du haut en bas de
i échelle sociale, et ae lui donner la première
; place dans ses préoccupations patriotiques.
L instruction estla base detout l’édifice de pré-
voyance indispensable a l’homme; en ouvrant
son esprii à la lumière, elle lui fait comprendre
les merveilles de l’épargne, et le défend contre
iea folies des utopistes. Voilà ce que tous
L’organe des Indépendants à Bruxelles, Le
Progrès, répond à VEscaut, qui avait menacé
le catholique M. Nothomb de la colère de ses
électeurs, parce qu’il s’est déclare partisan du
service personnel :
M. Nothomb, faisant ce que M. d'Oultremont eût
dû se borner à faire, a commis le crim# d’opposer à
celui-ci un contre-projet en trois lignes, supprimant
le remplacement militaire, purement et simplement.
Qu’il soit anathème !
M. Nothomb à manqué de loyauté — (rien que
cela I) — Ses électeurs campinois s’en souviendront !
Il a violé son mandat !
L’honorable ministre d’Etat n’a pas besoin d’être
défendu contre ces intempérances. Ses convictions,
très anciennes, étaient notoires, même à Turnhout,
lorsque le corps électoral eut le bon esprit d’envoyer
à la Chambre, il y a quelque vingt ans, cet homme
distingué, démocrate convaincu, véritable indépen-
dant, lui aussi. Tant pis pour ceux qui ne courraient
plus aujourd’hui s’accommoder d’un représentant
coupable de ne mettre en poche, dans un intérêt de
clocher, l’opinion de toute sa vie. A eeux-là les can-
didatures de clocher sont ouvertes, et il reste des
muets à élire. Mais on verra où conduit ce beau sys-
tème de recrutement parlementaire par la voie ser-
viiedu mandat impératif, — et de quel mandat impé-
ratif ? — inspiré non point par des préoccupations
générales, mais par fégoNme étroit du petit nombre
à qui la Constitution délègue l’électorat !
Car on l’oublie trop, — il y a du droit là-dedans,
et grande est l’ignorance de la plupart de ceux qui
traitent si légèrement ce grave sujet : le député est
mandataire de ses électeurs à 42 francs, oui, sans
doute, — mais dans la même mesure où ces derniers
à leur tour représentent juridiquement la masse des
citoyens non censitaires.— de telle façon que chaque
élu, par une sorte de double degré, se trouve, en lin
de compte, mandataire non plus seulement de cir-
conscription, mais du pays tout entier. Que de fois
la classe dirigeante n’a-t-elle pas opposé cette triom-
phante objection aux revendications des déshérités
du droit de suffrage ! Représentés ? Mais vous l'êtes,
mes bons amis ; légalement le député de Turnh ut
ou d’ailleurs n’est il pas le représentant du peuple ?
Craignons qu’on ne nous retorque un jour notre
mépris actuel de ces principes élémentaires.
Ceci n'est pas du droit commercial. il est vrai,
messieurs de l'Escaut, mais c’est du Droit public.
Et c’est aussi, Dieu merci, de la morale et de la
dignité.
' A moins d’engagements formels et préalables sur
des questions précises pris devant l’électeur et devant
la conscience de l'élu, — (et dans ce cas c’est la con-
science qui est impérative, et non le mandat), — ce
joug qu’on prétend imposer est une spéculation
des uns, une abdication des autres. C'est un péril
pour la chose publique, c’est un abaissement des
mœurs politiques. Quoi! Soudain des événements
comme ceux de mars, à Charleroi et à Liège,
m'auront apporté leur enseignement formidable,
des réformes s'imposant à ma conviction, il y a péril
en la démeure,demain de nouveaux troubles peuvent
éclater... Voici que déjà la législature délibère, et
moi représentant de la nation je ne pourrai pas me
prononcer librement, spontanément? Je devrai re-
tourner à Roulers ou à Courtrai pour prendre
langue, ou remettre mon mandat aux quelques me-
neurs de l’association politique du terroir qui s’obsti-
neront à voir les choses dans un autre angle? Allons
donc ! Le jour où pareille façon de comprendre le
devoir parlementaire aurait force obligatoire, l’inté-
rêt national serait sacrifié, et l’on ne trouverait plus
que des intrigants ou des imbéciles pour briguer un
mandat ainsi réduit à la plus humiliante domesticité.
Le stern-wheel ” Ville de Bruxelles ”
au Congo.
Le chantier Cockerill vient de construire
un petit steamer à une seule roue derrière
(stern-wheel), qui a reçu le nom de Ville de
Bruxelles et qui est destiné à naviguer sur le
haut Congo ou ses affluents depuis Léopold-
ville jusqu’aux Stanley-Falls.
! Ce petit steamer a été commandé par l’Etat
du Congo.
j Etant donnée sa construction toute spéciale,
i nous croyons que la petite notice que nous
s publions ci-après ne manquera pas d’inté-
resser nos lecteurs. Ils verront en mêmetemps
que l’industrie nationale tire profit de nos re-
lations avec le Congo :
Ce petit bateau à vapeur est destiné à naviguer
sur le haut Congo. Les dimensions principales sont :
Longueur sur le pont.....................24m40
Largeur hors membres.....................5ra49
Profondeur de cale...................... lm22
La forme du bateau est celle d’un ponton à section
rectangulaire, ayant les extrémités relevées en plan
incliné, l’avant seul étant légèrement arrondi. Au-
dessus du pont principal, il y a un second pont, relié
avec le corps principal au moyen de montants en fer
eten bois. Ce second pont reçoit une superstructure
qui renferme tous les emménagements destinés aux
agents de l’Association et aux passagers. Ils se
composent : de la cabine du timonier située à l’avant,
d’une cuisine, d’un office, d’un salon commun et de
quatre cabines particulières avec couchettes. Toutes
les fenêtres sont munies d’écrans en fil de fer gal-
vanisé, à treillis serré, pour prévenir l’entrée des
moustiques. Les extrémités de la coque sont reliées
avec le corps principal au moyen dun système de
tirants en fer placés en diagonale, en vue de s’op-
poser à la flexion longitudinale du bai eau, qui est
construit très légèrement. La machine est placée à
l'arrière. Elle se compose de deux cylindres, un de
chaque bord,reposant sur une forte assise en bois Les
bielles qui sont très longues attaquent directement les
manivelles de l’arbre de la roue, placée en porte-à-
faux à l’arrière. L’arbre est supporté par des bras en
fer fixés à la coque.
Les chaudières du type locomotive sont placées
sur le pont à l'avant du bateau.Elles sont construites
en acier doux et timbrées à 10 atmosphères de pres-
sion.
Contrairement à ce qui se fait habituellement pour
des bateaux de ce genre construits pour être démon-
tés, expédiés au loin et remontés a leur lieu de des-
tination, la Ville de Bruxelles est entièrement en
bois. Il en résulte que la coque pèse un peu plus
qu’une coque semblable en acier. Mais à côlé de ce
désavantage, il y a des considérations qui militent
en faveur de l’emploi du bols. En effet il est toujours
plus facile de boucher une voie d’eau dans une coque
en bois, que dans une coque en métal, et on peut
aussi plus facilement dresser les indigènes au travail
du bois. On ne désespère même pas de construire, sur
les bords du Congo, des navires du type de la Ville de
Bruxelles, dont toutes les parties sont composées
de planches ou pièces droites d’un agencement facile.
On sait, du reste, que les forêls qui bordent les rives
du Congo ou de ses affluents renferment des essences
de bois propres à la construction des navires
et les chutes d'eau peuvent être utilisées pour l’éta-
blissement de scieries, à peu de frais. Il suffirait donc
d’envoyer à Leopoldville l’appareil moteur dont le
poids -ne représente que la 5me partie du poids total
du navire. On économiserait ainsi la majeure partie
des frais de transport qui constituent la plus forte
dépense d’une entreprise de ce genre.
Telles sont les iaées qui ont été préconisées en
faveur de l’emploi du bois. L’expérience montrera si
on était dans le vrai.
La' “Ville de Bruxelles» qui a été construite sur les
chantiers de la Société Cockerill à Hoboken, a fait
ses essais de vitesse le 31 décembre 1886, sur l’Es-
caut. On a marché pendant 3 heures à toute volée,
en maintenant facilement la pression de 9 à 10
atmosphères. Le combustible employé était du bois
plus ou moins mouillé, provenant des déchets ra-
massés dans le chantier. La vitesse moyenne mesu-
rée sur la base, avec et contre courant, a été de 8.15
nœuds ou environ 15 kilomètres à l’heure, ce qui est
très satisfaisant, eu égard à la forme équarrie de la
carène. La force développée sur les pistons a été
d’environ 60 chevaux pour 38 révolutions.
Toutes les parties de la enque sont fixées avec des
boulons en fer, en sorte que les opérations du démon-
tage et du remontage pourront se faire facilement.
On compte que le bateau pourra être démonté, em-
paqueté et embarqué à Anvers en 15 jours de temps
Quant aux chaudières et machines, on a construit
en vue de leur transport depuis Borna jusqu’à Léo-
poldville des chariots spéciaux en fer et acier très
légers. Enfin la coque est décomposée de manière à
ce que toutes ses parties pourront être transportées
à bras d’homme, en tenant compte de ce que la
charge par porteur ne doit pas dépasser 65 livres
anglaises.
On espère que le bateau sera rendu à Léopoldville
dans six à sept mois.
Prix du Boi de 25,000. — Concours des
années 1890,1891 et 1892.
Nous extrayons d’un arrêté royal paru ce
matin au Moniteur, les dispositions suivantes :
Art. 1er. Le prix à décerner en 1890 (concours ex-
clusivement belge) sera attribué au meilleur ouvrage
sur la question suivante :
Exposer les conditions économiques, industrielles
et- commerciales dans lesquelles se trouve placée
actuellement l’agriculture belge et rechercher, en
tenant spécialement compte des ressources natu-
relles du sol, de l'état des voies de communication,
de l'importance relative et de l’avenir probable des
marchés d’importation ou d’exportation, ainsi que du
voisinage des grandes villes étrangères et particu-
lièrement de Londres, quels seraient les perfection-
nements et les modifications de nature à rendre l’in-
dustrie agricole plus lucrative dans les diverses
régions de la Belgique. »
N. B. Il est entendu que dans le mot agriculture
sont compris tous les modes d’exploitation rurale
du sol, par conséquent la pomicullure et la sylvi-
culture, ainsi que la culture maraîchère, qui
parait appelée à prendre un grand développement.
Le prix à décerner en 1891 (concours exclusive-
ment belge) sera attribué au meilleur ouvrage indi-
quant la politique à suivre et les mayens pratiques à
employer pour développer les relations commer-
ciales de la Belgique, lui procurer l’accès des mar-
chés dont, l'exploitation aurait pour effet d’assurer la
prospérité de nos producteurs en même temps que
l’amélioration des conditions d’existence de nos
ouvriers industriels.
Le prix à décerner en 1892 (concours exclusive-
ment belge) sera attribué au meilleur ouvrage sur
la manière de procurer abondamment et au moindre
prix aux grandes villes et tout spécialement à l’ag-
glomération bruxelloise la meilleure qualité d’eau
potable, en tenant compte de l’augmentation prévue
du nombre des habitants.
Art. 2. Les ouvrages destinés à ces concours de-
vront être transmis respectivement au ministère de
l’agriculture, de l’industrie et des travaux publics,
avant le 1er janvier des années 1890, 1891 et 1892.
Chronique électorale.
Une élection communale a eu lieu, avant-hier, di-
manche, à Ensival.
M. Maigray, chef du parti socialiste dans la vallée
de la Vesdre, et M. Lambrette, clérical, ont été élus;
le premier par 239 et le second par 222 voix.
li y a ballottage entre MM. Malenpré et Warzée,
libéraux.
C’est la première fois qu’un clérical est élu dans
l’importante commune d’Ensival. dont M. W. Frère,
fils aîné de M. Frère-Orban, est bourgmestre depuis
de longues années.
Actes officiels.
Sont nommés membres de la commission médicale
provinciale et du comité provincial de salubrité pu-
blique, pour la période de 1887-1892, dans la province
d’Anvers :
MM. V. Desguin, docteur en médecine à Anvers;
J. B. Heylen, id. à Hérentbal* ; P. J. Lambrechts, id. à
Hoboken ; H. Schaeffer, kl. à Anvers ; G. C. Van de
Velde, pharma-ieii à Anvers ; Ed. Dele, médecin vété-
rinaire à Anvers.
Sont nommés : président. M. le d» J. B. Heylen
d’Hérenthnls; secrétaire, M. G. C. Van de Velde, phar-
macien à Anvers.
N'J C V hLLESJtTRAiN GiîREb.
AUTRICHE-HONGRIE.
La question des langues en Bohême.
La Diète de Prague a discuté, le 7 janvier, le pro-
jet de la commission pour l’agriculiure relatif à la
création d'écoles dVcoaomie domestique. Il s’est
élevé à ce sujet de vifs débats. Le docteur Gregr
(jeune-tchèque) a proposé du n’admettre dans ces
i coles que des élèves sachant la langue dans laquelle
on y donne l’enseignement.
Le docteur Rieger a dit que la nécessité d’ap-
prendre les deux langues parlées dans le pays suo-
sistera tant qu’il se parlera deux langues en Bohême,
que la motion de M. Gregr serait de nature à pro-
voquer la division du pays en deux parties. La
proposition du docteur Gregr a été repoussée à
l’unanimité moins 5 voix (celle des jeunes-tchèques),
et le projet tel que l’a présenté la commission a été
adopté.
Au Çesky Club, on étudie un projet de loi dont
voici les principaux points :
L’allemand et le tchèque sont placés sur le même
pied. Dans les écoles primaires, l’enseignement ne
pourra être donné que dans une des deux langues.
La seconde ne pourra commencer à être enseignée
facultativement qu’aux élèves ayant déjà fait cinq
classes. Dans les écoles secondaires de l’Etat, l’en-
seignement de la seconde langue du pays est obli-
gatoire. Dans les écoles secondaires, communales ou
privées, ce -ont les communes ou les directions
scolaires privées qui prononceront sur la; question
de renseignement de la seconde langue.
La presse de l’Opposition allemande est unanime
à déclarer qu’on ne saurait discuter un tel projet.
SUISSE.
La neige en Suisse.
La neige continue à tomber par violentes bour-
rasques; elle s’arrête pendant quelques heures, puis
elle recommence. Certaines parties de la Suisse en
ont une couche qui ne tardera pas à atteindre un
mètre. Dans la Suisse centrale, les Grisons, l’Ober-
laad, bien des hameaux, chalets, habitations isolées
sont coupés de toute communication avec les val-
lées. Avec le premier fœtin (vent du Sud), des dépla-
cements de masses de neige se produiront inévita-
blement. Déjà dès maintenant on signale la destruc-
tion de nombreuses étables des montagnes par des
masses éboulées : quelques bestiaux ont péri. Dans
les cantons de Schwyiz, Uri, Lucerne, il ya#u
quelques accidents causés par les avalanches ;
dimanche dernier, une de celles-ci a roulé entre
Silenen et Bristien dans le canton de Sdvwytz, juste
à l’heure où les populations sont sur la route, en
reiourdu culte qui a heu à l’église de Bristien. Ce
jour-là heureu-ement, pour une cause inattendue, le
prêtre avait èié empêché d'officier et les fidèles ren-
trèrent plus tôt chez eux, ce qui les sauva.
Dans le Jura, la masse de neige a désorganisé tous
les services ; les trains de Paris-Lausanne et Paris-
Berne subissent des reiards considérables sur le
parcours suisse, soit entre Pontarlier et Neuchâtel,
] soit entre Pontarlier et Vallorbes.
Samedi encore, 8 courant, ié courrier a manqué à
j Lausanne et à Berne, alors que par la ligne de l’Est
S id service se fait très régulièrement,
j Plusieurs localités du Jura bernois ont presque
j disparu sous la masse de neige. A Saignelégier, il
, y avait près de deux mètres de neige le 3 au matin,
t Les services postaux sont complètement désorga-
I nisés. On signale plusieurs accidents ; des gens sur-
| pris par la tourmente ont péri. Le maire d’une com-
j mu ne jurassienne a été trouvé mort dans la neige.
! A Berne, à Bienne, des accidents de ce genre sont
signalés. .
Chronique militaire,
On lit dans la Meuse :
On nous rapporte de source autorisée que des
ordres sont arrivés vendredi soir à la Fonderie de
cadons de Liège d’avoir à prendre des dispositions
pour l’évacuation éventuelle et immédiate du maté-
riel des établissements militaires de notre ville,
matériel qui serait dirigé sur Anvers.
... Tous les chefs de corps ont reçu des circulaires
du ministre: de la guerre les avertissant d’avoir à
prendre ies mesures pour le cas où une mobilisation
rapide serait nécessaire. Des commandes d’habille-
ments et de souliers vont être faites.
ROYAUME-UN!.
Les nationalistes Maltais.
Les journaux anglais annoncent que M. Mizzi,
chef <* du parti nationaliste maltais, » est arrivé à
Londres pour exposer au ministre des colonies les
demandés de ses adhérents. Il existe, en effet, des
nationalistes maltais ; leur cause a été soutenue l’an-
née passée dans les journaux anglais par le comte
Strickland délia Catena, et ils ne demandent rien
moins qu’une nouvelle Constitution pour leur île.
Les Maltais se plaignent de ce que leur Conseil
national, qui date de l’invasion des Normands et qui
était une Chambre librement élue par les Etats,
ait été transformé par les Anglais, au commence-
ment de ce siècle, en une assemblée administrative
où les fonctionnaires nommés par le gouvernement
l’emportent. Les nationalistes exigent sinon que l’on
revienne à l’ancien état de choses, du moins que le
nombre des conseillers élus soit supérieur à celui
des membres désignés, et, le comte Strickland a
élaberé tout un projet de Constitution d’après lequel
le Parlement de l’île devrait se composer de nuit
fonctionnaires, huit députés élus par les huit dis-
tricts, un prêtre élu par les chanoines, deux repré-
sentants des vingt-huit familles nobles, un membre
élu par les gros censitaires, plus les présidents de la
chambre de commerce, de l'ordre des avocats, de
celui des médecins ; trois représentants nommés par
les membres élus devraient former, avec sept fonc-
tionnaires, le pouvoir exécutif de l’ile, à l’égard du-
quel le gouverneur conserverait le droit de veto.
Ce sont là approximativement les demandes poli-
tiques des nationalistes ; au point de vue social, ils
désirent, en outre, que les Maltais, pour n’être pas
forcés d’émigrer sans cesse, soient admis dans les
équipages de la flotte de guerre et trouvent plus lar-
gement à .s’occuper dans les docks de la Valette ;
enfin, sur ce programme sérieux viennent se greffer
les exigences des vingt-huit familles nobles, qui ré-
clament tous leurs antiquss privilèges, se disputent
la préséance, ne veulent pas la céder aux hauts fonc-
tionnaires anglais et se plaignent de ce que ceux-ci
omettent de leur donner ies appellations honorifiques
auxquelles elles ont droit. On voit que les grieft
dont M. Mizzi s’est fait l’interprète sont nombreux et
que le ministre des colonies aura fort à faire pour le
contenter.
FRANCE
Un fils du prince Impérial.
Sous ce titre, qui serait avantageusement rem-
placé par le vieux cliché « Se non vero... », le
Figaro publie l’histoire que voici :
Au lendemain des obsèques du Prince impérial, le
bruit se répandit que le fils de Napoléon III setait ma-
rié secrètement avec une jeune Anglaise, et qu’un en-
fant était né de cette union. Certaines feuilles anglaises
se firent l’écho de ce bruit, qui trouva peu de créance
sur le continent.
Un mariage secret ne pourrait être pris au sérieux ;
la loi française qui formait le statut personnel du
Prince impérial n admet point ce genre d’union; la
clandestinité est une cause de nullité. Mai» ce bruit,
qu’avaient recueilli quelques feuilles parisiennes, ap
porta, un moment, une certaine inquiétude dans la
famille du prince Napoléon, devenu l’héritier éventuel
du trône impérial et le chef dé la maison.
Le prince Napoléon savait par expérience quels em-
barras avait causés à son pô; e l’union irrégulière que
celui-ci avait contractée à Baltimore, à l’insu de son
terrible frère, avec M11" Paterson.Ces embarras s’étaient
prolongés au delà de la mort du prince Jérôme, puisque
la princesse Mathilde et le prince Napoléon avaient
dû disputer aux Bonaparte-Paterson l’intégrité de
l’héritage paternel. Qu’arriverait-il s’il allait plaider
en Angleterre, afin de faire prononcer la nullité du
mariage du Prince impérial ? La procédure anglaise
est lente et coûteuse ; les hommes de lois, de l’autre
côté du détroit, ont des ressources inattendues pour
éterniser les procès. Il y avait réellement de quoi
donner à réfléchir.
Des recherchas furent faites pour découvrir la vérité,
et on acquit bientôt la preuve qu’il n’y avait là qu’un
racontar sans valeur : nulle part on ne trouva la trace
d’un mariage contracté par le Prince impérial.
Le bruit qui avaient couru avait pourtant une base
sérieuse : le Prince impérial laissait, en effet, un en-
fant ; mais cet enfant était le fruit d’une liaison toute
passagère.Le hasard m’a mis en rapport avec une dame
qui a beaucoup connu Dumont, le célébré coiffeur fran
oais qui a pour clientèle toute la fashion anglaise, et
fai pu recueillir sur cette amourette des détails assez
curieux.
Quand le Prince impérial, pour échapper aux ennuis
de l’existence monotone qu’on menait à Chislehurst,
venait à Londres, il descendait habituellement chez
Dumont, où il s’était fait installer une chambre. Cette
chambre existe encore ; les meubles qui la garnissaient
ont été religieusement respectés : un lit. une armoire,
une toilette, un fauteuil et quelques chaises, voilà quel
était le mobilier sommaire de ce modeste pied-à-terre.
— Vrai logemënt de sous-lieutenant, disait-il lui-même
en riant.
C’est là que le Prince impérial, laissant de côté toute
étiquette, recevait ses amis ; c’est là qu’il donnait ses
rendez vous; là aussi qu’il se faisait adresser ses lettres
particulières. 11 venait s’y habiller quand il avait à se
rendre à quelque diner ou à quelque soirée intime.
Dumont conserva encore, comme un souvenir précieux,
les dernières cravates portées par l’infortuné Prince
avant son départ pour lé Cap.
C’est dans une de ses excursions à Londres que le fils
de Napoléon III fit la rencontre d’une jeune fille qui,
comme la chose est fort commune en Angleterre, voya-
geait toute seule. Un de ces hasards, comme il en
arrive souvent en chemin de fer. permit aux deux
jeunes gens d’échanger quelques paroles.Ils se plurent,
ils se le dirent, et avant même que le prince fût arrivé
à la gare, la liaison était ébauchée.
Il ne faut pas croire cependant que les choses forent
poussées tout de suite aux dernières extrémités. La
jeune fille était fort modeste; le Prince était timide. Ce
fut pendant longtemps nn amour entre deux enfants
qui s’ignorent eux-mêmes et qui se contentent du plài-
sir quais éprouvent de se voir et de se trouver en-
semble.
Une circonstance qui mérite d’être notée, parce
qu’elle est caractéristique : Miss .. ignora toujours
qu’elle avait touché le cœur du fils de l’empereur Napo-
léon III. de l’héritier du trône Impérial. C’était un
amour en quelque sorte incognito. Le prince tenait à
farder le secret sur sa personnalité. Il avait pour cela
eux motifs : en premier lieu, il pouvait craindre qu’on
fit du bruit autour de cette liaison ; mais la grande
raison, c’est que l’impératrice le laissait manquer d’ar-
gent et qu’il n’avait pas le moyen de faire à sa maitresse
un sort digne de son rang et de sa haute naissance. Il se
faisait, passer pour un J-une homme ayant des goûts
fort modestes et des ressources très limitées.
Il est certain qu’à voir l’installation de la chambrette
qu’il occupait clwz Dumont, on n’aurait pu soupçonner
en lni l’héritier d’un des plus grands noms de notre
histoire.
Un jour, miss ... vit à l’étalage d’un marchand de
photographies le portrait du prince impérial. Elle fut
frappée de cette physionomie dont les moindres traits
lui rappelaient ceux de son amant anonyme. Elle lui en
fit la remarque. Lejeune prince rougit ; mais bientôt,
reprenant son sang-froid, il déclara que ce n’était pas
la première fois qu’on lui avait parlé de cette ressem-
blance, qui était, en effet, très singulière. L’incident
n’eut pas de suites.
Pourtant, au moment de partir pour le Zoulouland,
le prince faillit se trahir. Il était tout plein d» l’expé-
dition à laquelle on l’avait autorisé a prendre part.
L’esprit hanté par des rêves de gloire, il répétait sans
cesse à la jeune fille qu’avant peu elle entendrait parler
de lui. Mais quand il vint prendre congé de Miss il
se renferma ae nouveau dans le mystère dont il s’est
environné toute sa vie; il se contenta de lui annoncer
qu’il partait pour un voyage lointain, et que, lors-
qu’elle le reverrait, il aurait sans doute une position
plus brillante que celle qu’il avait pour le moment.
Cependant, la nouvelle de la mortda prince impérial
parvint en Angleterre, et du haut en bas de l’échelle
sociale, elle causa une émotion profonde. Un trait de
lumière traversa l’esprit de Miss Elle se rendit chez
Dumont ; là. elle acquit une triste conviction : c’est
qu’il y avait identité parfaite entre son jeune amant et
le jeune prince qui venait de périr d’une façon si tra-
gique. ^
Un enfant, un fils, était né de cette liaison. Mai» le
Prince impérial avait entouré ses amours d’un nuage
tellement impénétrable qu’en révélant sa maternité,
Miss., s’exposait à être aceusée d'être une simple in-
trigante. En Angleterre, les lois sont très sévères
quand il s’agit d’imputations de ce genre, bien que les
femmes soient entourées de plus de garanties protec-
trices qu’en France. Pour être admise à faire reconnaî-
tre une pareille paternité, il faut non seulement la
preuve, mais la preuve de la preuve. D’ailleurs, il
s’agissait, pour la jeune fille, de sortir du rôle d’abné-
gation et d’oubli de soi même qu’elle avait accepté
jusque là Elle considérait que c’était profaner son
amour que de réclamer pour son fils un appui quel-
conque de la part de la famille du jeune prince auquel
elle avait prodigué les trésors d’une affection désintô-
On dit pourtant qu’un jour, cédant à des obsessions
sans doute malveillantes. Miss... se présenta à Camden
Place avec son enfant et qu’elle fut éconduite par la
domesticité du château.
Quoi qu’il en soit, les journaux anglais s’occupèrent
pendant quelques jours de Miss... et de son fils. Et
puis, un silence profond s’est fait sur eux.
11 serait cependant intéressant de savoir ce qu’est
devenu ce fils du Prince impérial.
Le massacre de Haï-Ninh.
La malle anglaise a apporté de Hong-Kong quel-
ques détails sur les incidents qui ont précédé et
accompagné le guet-apens dans lequel ont péri des
membres de la commission de délimitation de la
frontière chinoise avec leur escorte :
M. Haïtce, membre de la commission, avait été
délégué par le président, M. Dillon, pour recevoir, à
Mon-Kaï, Teng, le président de la commission chi-
noise.
Le lieutenant Bohin, un des officiers topographes,
attaché à la commission depuis i’an dernier, raccom-
pagnait. Tous deux s’étaient installés dans Mon-Kaï,
dans une maison chinoise, avec une garde de s«pt ou
huit hommes. MM. Perrin, commis de résidence ;
Ferlay, surveillant des travaux du génie, se trou-
vaient dans la citadelle avec une vingtaine de chas-
seurs à pied et de miliciens. Telle était la situation
lorsque les pirates chinois assaillirent la citadelle
dans la nuit du 24 au 25. Peu après ils se portèrent
sur la maison de M. Haïtce, et, au matin, celui-ci et
sa garde l’évacuaient pour rallier la citadelle.
Rien, avant ce premier incident, ne laissait prévoir
qu’on courait le moindre danger à la frontière.
Les 25, 26 et 27, nouvelles attaques de nuit. Les
assaillants devenaient de plus en plus nombreux, et
parmi eux on reconnaissait, à leurs uniformes, beau-
coup de réguliers chinois. La petite troupe française
était dans une terrible position:pas dveau, les vivres
et les cartouches s’épuisaient.
Le 27 , à sept heures du matin, 1,500 Chinois et
Annamites se préparent à donner encore une fois
l’assaut. On se décida alors à se faire jour.
A sept heures et demie les défenseurs de la cita-
delle — vingt-trois hommes en tout — se dirigent
vers le sud de la citadelle.
Arrivée au confluent du Song-Tchac-Mang etd’ua
canal faisant communiquer cet arroyo avec la mer
— au poste de l’ancienne douane — la petiie troupe
se disperse, serrée de près par les Chinois, et se jatte
à la nage pour traverser un de ces arroyos.
M. Ferlay se noie pendant la traversée.
Ceux qui veulent se diriger sur Ha-Koï, et parmi
eux MM. Haïtce et Perrin, à peine sortis de l’eau,
tombent en partie sur une bande de pirates qui avait
déjà traversé l’arroyo. Ils sont entourés.
M. Perrin tombe percé de coups de lance et a la
têto coupée. M. Haïtce disparaît au milieu des Chi-
nois. On le voit au dernier moment essayer de se
brûler la cervelle, mais le revolver est mouillé et le
coup rate.
Mais qu’était devenu M. Bohin? Depuis le 20, il
travaillait sur le terrain, poursuivant sa mission
topographique. Dès les premières attaques, il est
averti par des lettres du Père Grandpierre, qui est
établi près de Haï-Ninh depuis longtemps, et cherche
à rallier M, Haïtce. Mais lui-même est attaqué, et ce
n’est que le 28 au matin qu’il peut rallier le village
annamite.
MM. Haïtce, Perrin et Ferlay, avec huit chasseurs
à pied et cinq miliciens, avaient été tués.
A Ha-Koï, sur le littoral et à une trentaine de ki-
lomètres dans le sud ouest de Haï-Ninh, oiï depuis
le mois de juillet il y a un poste commandé parle
lieutenant de Mac-Mahon, les pirates attaquaient
chaque jour le blockhaus qui servait d’abri à la pe-
tite garnison française. On sait que ce point a été
dégagé. Tels sont les premiers renseignements reçus
sur l’affaire d’Haï-Ninh par la voie anglaise.
BKLGIGFE.
Bruxelles, il janvier.
L’archiduc Rodolphe a fait, jeudi matin, avec «on
beau-frère, le prince Philippe de Saxe-Cobourg, l’ascen-
sion du Monte-Maggiore.
Au haut de la montagne, le » Touristen-Club » autri-
chien a fait construire un joli chalet, où les voyageurs
trouvent de quoi se réconforter, après l’ascension fatï-
gaute qu’ils ont exécutée.
Les princes sont arrivés à ce chalet au bout de trois
heures de marche dans la neige.
De cet abri, la vue s’étend sur l’Istrie et l’Adriatique,
spectacle grandiose s’il en fût.
L’archiduc Rodolphe a permis de donner le nom de sa
femme an chalet où il s’était reposé qaelques henres.
L’archiduchesse et la princesse de Saxe-Cobourg sont
restées à Abazzia, au pied du Monte-Maggiore ; elle*
craignaient un revirement dans la température.
Une descende du parquet a eu lieu, hier soir, à Saint-
Josse-ten-Noode au sujet d’actes immoraux dont se
serait rendu coupable un membre du clergé habitant
cette commune. MM. Servais et Ketels ont procédé à
l’interrogatoire de trois enfants, trois frères, pervertis
par ce misérable. Deux des enfants sont âgés de moins
de 14 ans. l’autre n’a pas 10 ans.
Les déclarations faites par les enfants ont été des pin»
catégoriques et établissent d’une façon certaine la cul-
pabilité de ce prêtre indigne. Une visite corporelle a
ôté faite sur les deux jeunes garçons par M. Lebrun,
médecin légiste.
L’instruction à charge de V..., M... et C.... les trois
jeune» malfaiteurs arrêtés par M. l'officier de polie#
Cravatte, de la 5« division, continue. M. l’adjoint Wou-
ters. de la police de Laeken, qui s’est occupé tout parti-
culièrement de cette affaire, est parvenu à découvrir
que les trois associés avaient volé, il y a quelque
temps, & un brasseur,une bourse coontenant 500 fs. Cet
a été consacré par les trois précoces bandits, à acheter
des costumes neufs et à payer des douceurs à leurs
dulcinées.
Tous trois habitaient Laeken où ils employaient 1#
temps qu’ils ne consacraient pas à « travailler » à ser-
vir de souteneurs à des filles.
V..., M... et G... sont les auteurs d’une vingtaine
de vols, commis dans les faubourgs de Bruxelles. Ils
avaient établi leur centre d’opérations à Etterbeek et
à Ixelles.
Pendant que l'officier de police de garde à la 5* divi-
sion procédait séparément au premier interrogatoire
des garnements, l’un d’eux. V..., avait été enfermé
dans le réduit qui sert de dépôt provisoire.
Il avait en poche une carte-correspondance. Avec une
épingle, le jeune voleur se piqua le bras et trempant la
pointe dans le filet de sang qui coulait de sa blessure,
il écrivit — on l’a su depuis — les mots suivants à sa
maîtresse : « Maria je suis arrêté, mais je tire mon plan.
» Ne sois pas inquiète. C’est celui avec son chapeau qui
» paiera tout. »
Un commissionnaire de place qui cuvait sa boisson
dans le même réduit, consentit, moyennant une rétri-
bution de l franc, à déposer cette carte dans une boite
aux lettres.
Les trois garnements avaient pour spécialité le vol as
tiroir. L’un d’eux, M..., n’était jamais en expédition
sans un panier recouvert d’un linge et dans lequel il
transportait des coiffures de rechange, des casquettes
destinées à remplacer, le coup fait, Tes chapeaux mous
que ces complices portaient d ordinaire.
Sous leur veston fermé, ils portaient un tablier re-
levé. L’affaire faite.ils changeaient de coiffure dans un»
rue voisine, laissaient retomber leur tablier et au lieu
des escarpes qui venaient de dévaliser un tiroir, on
apercevait troisjoyeux apprentis,s’en allant.bras dessus
bras dessous.ia casquette sur l’oreille,faire des courses
pour leurs patrons.
On a arrêté hier un sieur V.... demeurant rue du
Pépin, reconnu coupable d’avoir détourné environ
35,000 fr. au préjudice d’un grand négociant de la rue
Montagne-aux-Heri;es-Potagères, dont il était depuis
1879 le caissier-comptable.
C’est en vérifiant les livres pour l’inventaire de fin
d’année que le négociant a constaté les nombreux faux
en écriture dont l’infidèle employé avait dû se rendre
coupable pour masquer ses détournements. V... inter-
rogé par son patron a tout avoué. Il a déclaré l’avoir
volé depuis six ansetavoir détourné plus de 25,000fr.
Il a dépensé cet argent avec une maîtresse qu’il avait
installée dans un bel appartement de la chaussée
d’Ixelles. Cette femme a pu établir qu’elle ignorait la
açon dont V. se procurait l’argent qu’il lui donnait.
11 Janvier.
L'Opinion ayant accueilli une lettre dans laquelle
la société La Libre Pensée se livrait à des affirma-
tions tout au moins téméraires à propos d’abus qui
se seraient commis dans les hôpitaux d’Anvers sous
prétexte de cultes, l’honon ble M. P. C. De Bit
vient d’adresser au Président de ce cercle la lettre
suivante :
Anvers, ce 9 janvier 1887,
A Monsieur le Président de la -ociétô La Libre Pensée,
i Anvers,
Monsieur le Président,
Je lis dan» le dernier numéro du journal L'Opimffi
d« notre Tille, qu« dans sa deraière aswnabîée gêuér |