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1878.
N° 12.
4e ANNEE.
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L’ÉMULATION
PUBLICATION MENSUELLE DE LA SOCIÉTÉ CENTRALE
D’ARCHITECTURE
DE BELGIQUE
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— 73 —
Bruxelles, Décembre 1878.
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SOMMAIRE
L’Exposition universelle de Paris (fin). B. A. — Causerie
d’Architecture. — Académie royale de Belgique, séance
publique du 25 septembre 1878, discours de M. Portaels.
— Théâtre de la Monnaie, chauffage et ventilation. —
Concours de Rome: règlement (fin).—Œuvres publiées.
— Faits divers. — Concours.
L’Exposition universelle de Paris, (Fin.)
IV
ARCHITECTURE
Dans les nombreuses études des architectes
anglais, écossais et irlandais, nous constatons sur-
tout le soin et la science apportés dans la conception
des projets d’édifices d’utilité publique, tels que les
hôpitaux, les halles, les municipalités et les écoles.
Au nombre de ces projets nous remarquons les
Bâtiments pour cours d’histoire naturelle, par
C.-F. Hayward ; les écoles de Fowey, Saint-Yves
et Plymouth, par S. Trevail; les bureaux de police,
à Manchester, par T. Warthington ; la municipa-
lité de Card if, par J. et T. SEward ; les écoles
construites pour la Compagnie des marchands
tailleurs, par I’anson, et les nouvelles salles d’exa-
men de l’Université d’Oxford, par T.-G. Jackson;
enfin les halles, à Londres, par H. Jones.
Nous citerons encore quelques types, très-inté-
ressants, de maisons particulières, par J. Steven-
son et J. Saint-Aubyn.
En somme, l’exposition d’architecture de la
Grande-Bretagne est extrêmement remarquable et
l’ensemble des œuvres exposées démontre des études
consciencieuses tant au point de vue de la techni-
que qu’au point de vue du caractère et du style.
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Les Etats-Unis n’ont pas, à proprement parler,
d’école d architecture ; nous retrouvons dans les
quelques œuvres exposées le caractère architectural
des compositions des artistes anglais.
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La NorvÉge n’est représentée que par les des-
sins de M. l’architecte H. Throp-Meyer, pour les
constructions, si intéressantes, du Champ de Mars
et du Trocadéro. Il en est de même de la Suède,
qui n’a envoyé qu un projet d’école polytechnique,
par l’architecte J. Smedberg, de Malmœ, projet qui
a d’étonnantes similitudes avec un projet du même
édifice que nous verrons en Suisse.
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* *
L’Italie, terre classique des arts, si brillamment
représentée au Champ de Mars par les œuvres de
ses peintres et de ses sculpteurs, a envoyé une
trentaine d’études, projets, relevés et restaurations.
Citons d’abord le professeur G. Calderini, de Pé-
rouse, pour ses projets et ses dessins d’édifices
exécutés. Cet architecte expose les dessins d’un
projet de théâtre pour Odessa, assez étudié, mais
les dessins sont bien pâles. Il en est de même des
rendus du nouveau palais de ministère des finan-
ces; plan classique d’une régularité désespérante;
façades de style classique insignifiantes; dessins
pâles. Dans le projet de théâtre, nous remarquons
cependant le sentiment des grandes lignes et la
simplicité ingénieuse dans la distribution qui pèche
cependant par la grande importance des vestibules.
De Luigi Balbi nous citerons des relevés de
fragments d architecture rendus par des dessins
d’un faire très-habile.
De P. Tincolini, nous avons un projet de grande
poste aux lettres, conçu pour un concours ouvert
à Paris il y a quelques années. Le plan de forme
rectangulaire allongée terminée par deux pavillons
en aile, est très-simple et sa donnée classique. La
rotonde du vestibule des guichets est accusée en
élévation par une coupole peu élevée. Belle vue
pittoresque, dessins au lavis très-habiles.
C. Mele a envoyé un projet de Grand édifice
industriel. Plan classique d’une forme très-serrée,
mais dont les dispositions générales paraissent un
peu sacrifiées à l’aspect classique du plan. Il ne se
compose que de salles énormes et de galeries enve-
loppant huit cours intérieures. Les façades rappel-
lent les chalets allemands.
Tous les visiteurs auront remarqué la façade
italienne de la Rue des Nations; c’est l’œuvre de
l’architecte J. Basile, de Païenne. Cette composi-
tion, assez bizarre et de peu de caractère, est traitée
dans un style composé de classique et de renais-
sance italienne. La disposition des grands éléments
et surtout leur coloration donnent à cette façade
l’aspect des objets en bois découpé.
Le chevalier Marc Treves, ex-inspecteur des
travaux du Louvre et architecte à Florence, expose
un projet de façade pour le Dôme de Firenza. C’est
une composition savante, de style gothique, mais
de ce gothique singulier et caractéristique qui
appartient à cette partie de l’Italie. Beaux dessins
au lavis coloré dans la manière de l’école française
d’architecture.
P. Tincolini, de Florence, que nous avons cité
ci-dessus, a encore exposé un projet d’escalier pour
un palais royal, traité dans le style de Saint-Pierre
à Rome, paraît énorme et cependant étriqué.
Le chevalier C. Ferrario expose un projet de
restauration de la façade du célèbre Dôme de Milan.
Beaux dessins au lavis en trois tons, quelque peu
papillotants, mais franchement enlevés.
Guglielmo Calderini, de Pérouse, ingénieur
civil au ministère de l’intérieur, dont nous avons
parlé déjà à propos d’un projet de théâtre, expose
encore un projet de façade, dôme de Florence.
Inspiré de Viollet-le-Duc, coloration brutale, des-
sins minutieux; manque de sentiment.
Bien qu’il y ait dans l’exposition italienne de fort
beaux dessins, des projets très-savants, nous ne
pouvons pas dire qu elle soit extrêmement intéres-
sante; les idées nouvelles, l’originalité font défaut
et le faire du dessin nous paraît emprunté à l’école
française.
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L’Espagne est représentée par un ensemble très-
intéressant de quatorze projets, parmi lesquels nous
citerons : les projets d’église,de MM. Ramon Tenas,
Aladron y Mendiri et Rumen y Garint, très-
étudiés et assez habilement rendus. Un projet
d’Exposition des Beaux-Arts, par Ravanal y Fari-
nas ; le Palais de justice de Burgos et un monument
destiné à Quintana, par J. Sacaribar, et enfin un
monument commémoratif de la guerre d’A frique,
par A. Robissa y Rabassa. Ces projets sont rendus
par de bons dessins.
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En Hongrie, parmi une cinquantaine de projets
et d’études, nous remarquons un projet de bazar,
par G. Freund ; un mausolée (maquette), par
C. Gerster ; un projet de restauration de l’église
catholique de Ungvar, par F. Lukse, très-intéres-
sant ; un projet de restauration, très-étudié, pour
la cathédrale de Buda-Pest, par F. Schulck; un
fort beau projet de bains, par F. Pfoff, couronné
par la Société des Ingénieurs et Architectes hon-
grois.
Enfin, différents projets de MM. Koch, Rau-
scher, Steindl, Sartos, Hauszmann et Horvath.
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L’école autrichienne d’architecture est bien
représentée; les projets et études sont nombreux
et, parmi les œuvres exposées, il en est d’un grand
mérite; nous ne pouvons les citer toutes, et nous
nous voyons forcés de nous en tenir aux plus
importantes.
M. Aloys Wurm expose deux maisons, un palais,
un bâtiment pour une Société d’horticulture et
deux hôtels de ville. Le projet d’hôtel de ville pour
Hambourg est une œuvre très-sérieuse : le plan est
classique ; les coupes, très-étudiées, contiennent
quelques motifs très-heureux. La façade, dont l’en-
semble rappelle la Renaissance (genre François Ier),
est d’un beau caractère; les dessins sont habile-
ment rendus, la façade notamment (aquarelle très-
solide). L’auteur paraît, dans certains éléments,
avoir été préoccupé par un souvenir trop vif de
l’Opéra de Paris.
L. Abel a exposé plusieurs projets, parmi les-
quels nous citerons les intérieurs du palais du
comte Choteck, dessins et aquarelles très-habiles, et
un projet de serres chaudes très-original.
De M. A. Wielemans nous citerons une perspec-
tive de l’extérieur et de la cour d’honneur du palais
de justice de Vienne, et notamment le grand esca-
lier.
M. le baron de Hasenauer a exposé son deuxième
projet pour les musées I. et R. de Vienne. Œuvre
très-étudiée, d’un beau caractère et rendue par des
dessins magnifiques. Nous citerons surtout une
superbe vue pittoresque.
J. Mocker expose un projet de chapelle funé-
raire d’un grand caractère, rendu par un dessin à
la plume, rehaussé par un lavis coloré (aquarelle
très-belle, quoique un peu lourde à force d’être
travaillée).
F. Neumann a exposé an projet pour un hôtel de
ville à Essen. Renaissance française presque pure.
Beaux dessins an lavis coloré.
Le chevalier H. de Ferstel, professeur à l’école
polytechnique de Vienne, a exposé les dessins de
l’Université de ladite capitale. Le plan, très-ingé-
nieux au point de vue de la distribution des locaux
et des communications, est splendide d’effet. Façade
classique très-sobre, mais non dépourvue de carac-
tère. Beaux dessins, parmi lesquels de splendides
aquarelles (vues perspectives).
Le chevalier I. de Hausen a exposé les dessins
de l’Académie des Beaux-Arts, du nouveau Parle-
ment et de la nouvelle Bourse de Vienne, ainsi que
ceux de l’Académie des sciences à Athènes. Ces
œuvres sont traitées dans un style, composé de
classique et de renaissance italienne, d’une grande
richesse. Les dessins sont très-habilement rendus.
A propos de la nouvelle Bourse, nous devons à
la vérité de dire quelle rappelle beaucoup l’Opéra
de Paris.
L’hôtel de ville de Vienne, rendu par de magni-
fiques dessins de l’architecte du gouvernement, le
professeur F. Schmid, est l’une des œuvres impor-
tantes du salon autrichien. La façade, traitée dans
un beau style gothique, a beaucoup de caractère ;
elle est cependant un peu froide et les lignes hori-
zontales y sont trop nombreuses et surtout trop
accusées pour une composition de style ogival. Les
pavillons extrêmes manquent de pureté au point
de vue du style.
L’exposition autrichienne d’architecture est réel-
lement brillante ; les artistes qui y sont représentés
montrent dans leurs œuvres une grande science
architecturale et une connaissance profonde de
toutes les ressources du dessin, de la perspective et
de l’aquarelle dans l’exécution des rendus.
La salon autrichien est l’un des plus beaux de
l’exposition.
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La Russie a exposé peu d’œuvres de ses archi-
tectes ; généralement, lorsqu’il s’agit d’édifices
importants, la composition et le dessin rappellent
singulièrement l’école autrichienne. Dans la sec- |