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mercredi X Janvier.
1879
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Mercredi 8 Janvier.
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S>AX*M8* A3 ANTICIPAMUIS
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Prix lia Numéro î 15 centimes.
Journal Politique, Commercial, Maritime, Littéraire et Artistique,
CHEMIN DS PHR DR L'Sf AT. — D'Akvbm peur Mallate et Bruxelles à 5.25,6.35,7.40 E.,
e IS B ,9.80,10 90 11.16,1.15 S; 3.15 B., 3.35.1.45, 5.55,6.» 2., 9.00 B., 9.05,10.15 È. — Ter-
moads et àwrt J$5, 9ÆÔ, |.35, 4^45 £.,_&<». - Aloit (par TermondeJ 5.25, 9.50, 12.12,
Mi^T
5.^S, é.^. Ô-SO! ---y- Tiiirr-TA'îïï«? ■< >i "»,#1. — Louvain, Tirlemént, Liigé
ivain 10 È. — Landen 5.30, 9.SÖ,
_ gee 5.25, 5.50 B., (leva® de la
boîte 1 45m 1 915 TMia SM, 4.45(boîte4.10), 10.15 (boite 9.30). — De Brüxsllbs pour An-
wèàfcn.TAV7 18, 8 03 B., 9.16JL.9.51.10.50, 1Ï.43. 2.30 S., 3.40, 4.34 5.39 £.,0.30,8,05
^LlaNE*?)’ANVERS A BOOM, — D’Anvers pour Boom 6.43,11.19,8,10,10.®
Anvers 5.15, 9.20, 3 10, 8.45.
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D’ANTHBâ pour Lierre 5.45, 7.10,
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MstislibSaîs, VirSus et pu-delà 7.10, 9.30 (juscra'A Walocurt). 1.45.5.15 (îflàqu à Ledeunsart).—
Heren thaïs. Ternhoat et. ‘FUboufs! 7.10,10.55 Ijuaq-rà Turnhout), 5.15.
PAY8 DB WAAS. - D’Anvers pour Garni 7.15, 8.50 S., 10,55, 8,05,3.50 5., 7.15,4. -De
Gand pour Anvers 4.30,7.05, 9.25 E., 10.B0,2.20,5.25 S., 7.05.
LIGNE D’ANVERS A CONTICH. — D’Awkrs (Sud} pour Hoboken, Wilryek, Viens-Dieu ot
Contich 5.10,9.30 b. matin, 3.15, 7 et 8.49 h. soir. m
BATEAUX A VAPEUR. — U’Anvers (départ* du Vesrdam) pour Tamise 8.30, _«t 3.15 U. #.
— B’Aôver» pou» ’Htm .1 et 3.15 b. s. — De Tamise pour Anvers 7.30 «t 10.30 a. m. — De
Boom pour Anvers 8.30 matin.
BRUXELLES, OffiM â* Publions, m «* ta
Madeleine.
hollande, m. h. Njjsh es Van tnrtut,
à Rotterdam, et tous Us «rsetsurs de porte*
du royaume.
paris, Havas, Lima, Eullik «njo»,
Plaee de la Bourse, 8.
LONDRES, DSLBT, DATTES BV O* 1, 2«S1
Street, Strand. et A. Maîwîos, 1*, T«vi**«h,
Row, Gevent Garde?.
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Fosr les anaor.ee* d« la France s'adresse*' s
MM. Kavàü, LxnrrB 4 U», Plaee de .a Lesrse,
8 Par1*, et à MM. G. JL. Daube Sl C*. 81, rao (m
Faubourg Jiontatartre, Paris.
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«xüre. - Les titre? S* paient d après Je^aeit
qu'il* occupons. On «.* Prt« germa» w* dote»
glntcriions.
RÉSUMÉ POLITIQUE.
France. — La nouvelle politique du cabinet. —
L'Agence Havas annonce officieusement que la dé-
cision du cabinet vest prise et qu’il formulera au
début de la session prochaine, un programme mi-
nistériel. Hier encore, le conseil des ministres s’est
réuni.
Eu attendant, le garde des sceaux procède à des
remaniements partiels dans le personnel de la
magistrature ; on annonçait hier pour aujourd’hui
ou demain l’insertion à l’officiel d’une trentaine de
nominations ; plusieurs magistrats frappés par le
56 mai seront replacés dans leurs ressorts primitifs
ou recevront de l’avancement.
Le bureau du Sénat.— Les bureaux des gauches
du Sénat se sont réunis hier soir chez M. Calmon.
Ou s'est occupé du renouvellement du bureau du
Sénat.
On a décidé de convoquer les sénateurs républi-
cains à une réunion plénière qui aura lieu lundi
prochain 13 janvier à Paris et dans laquelle en
arrêtera les choix.
Tous les renseignements donnés à ce sujet jus-
qu’ici sont dénués de fondement.
Ce qu’il y a seulement de certain, c’est que M. le
duc d’Audi'ffret-Pasquiersera remplacé par un pré-
sident de gauche. On donnera trois vice-présidents
à la gauche et un à la droite ; quatre secrétaires à
la gauche et deux à la droite, et les trois ques-
teurs éïa gauche.
T'unis. — En réponse aux demandes qui lui ont
été faites par le gouvernement français, le bev de
Tnni* a déclaré qu’il était prêt à envoyer à Paris
un cie ses aides de camp pour donner des explica-
tions.
Le gouvernement français ne pouvant se conten-
ter d’une semblable satisfaction et maintenant inté-
gralement ses demandes primitives, a fait remettre
au gouvernement tunisien une note dans laquelle il
les réitère d’une façon comminatoire et réclame ;
3 'exécution immédiate par le gouvernement tuni- |
sien des trois mesures suivantes :
Excuses au consul de France, destitution de trois
fonctionnaires désignés, enquêtes sur les contesta- ;
tions existant entre les autorités tunisiennes et
M. de Sancey au sujet de l’explication du contrat
passé entre elles et lui.
Afghanistan. — Le correspondant du Xetc-
York-Hcrald et le général Kauffniann. — On
trouvera plus loin une déoèche du correspondant
du New- York-Herald à Taschkend, dépêche que
l’abondance des matières ne nous a pas permis d in-
sérer hier. Ls commandant en chef du Turkestan
russe a parlé avec la désinvolture qu’on lui connaît,
depuis certain speech fameux que le cabinet de St-
Pètersbourg dut démentir il y a quelques mois. La
presse anglaise se livre à de nombreux commen-
taires.
L’opinion attribuée au général Kaufîman que les
succès anglais sont peu importants et ont été ac-
compagnés d'échecs soigneusement cachés au pu-
blic cause un vif mécontentement.
Le Morning Post croit imaginaires les largesses
anglaises aux Afghans mentionnées par fo,«yr#»- •
;n .—muit? ave,.* que i émir est
à Mâzariclîeriif, près de l’Oxus, sollicitant son ad-
mission sur le territoire russe et prèt’*>,désavouer
Yakoob s'il traite avec ies Anglais.
La fuite de Shere AIL — Une deuxième dépêche
du même correspondant américain donne des détails
circonstanciés sur la lujte de l’émir. Shere-Ali a
quitté Caboul à la tête de grandes forces, mais il
parait que la désertion a réduit considérablement
même sa garde.
Orient. — /Traité russo-turc. — Le sultan a
donné l’ordre d'entamer des négociations régulières
i condition que 1a. Russie consente à réduire con-
sidérablement l’indemnité de guerre. De son coté,
la Russie réclame catégoriquement la rem ise de
Podgoritza aux Monténégrins comme condition
préalable de l’évacuation du territoire turc par ses
trompes.
"Elle veut faire insérer dans son traité particulier
avec la Turquie une clause à cet effet.
Traité turco-serbe. — Ce n’est pas avec la Rus-
sie seulement que la Turquie a encore à conclure
un traité de paix, en dehors du traité général de
Berlin. Elle doit négocier aussi un instrument de
paix spécial et définitif avec la Serbie. Une dépêche
assure que le Sultan, en recevant l’envoyé que le
prince a accrédité à Constantinople, lui a annoncé
que le grand-vizir allait être invité à s’occuper
immédiatement de cette négociation et à la con-
duire promptement à une conclusion.
Chypre. — Le bruit court à Londres que le gou-
vernement anglais, qui est simple fermier, de
Chypre, veut devenir propriétaire en titre et
acheter l’ile pour 4 millions sterling. Ce bruit est
mentionné dans un télégramme du Manchester
Courier.
Allemagne. — Révision du tarif douanier. —
On écrit de Berlin à la Gazette de Cologne que,
dans la répartition des travaux de la commission de
révision du tarif douanier aux sous-commissions, on
s'est arrangé de façon A n’attribuer aux membres
libre-échangistes que l’examen de questions tout à
tait secondaires.
Le même journal publie une dépêche de Berne,
0 janvier, disant que le gouvernement de l'empire
allemand a dénoncé le traité de commerce avec la
Suisse pour la fin de l’année 1879.
Un journal de Silésie annonce comme un fait
certain que le chancelier de l’empire veut faire une
question de cabinet de l'adoption du nouveau pro-
jet concernant les impôts et droits de douane.
Si cette nouvelle est vraie , elle prouve que le
chancelier de l'empire lui-même ne considère pas
l’adoption de son projet Comme assurée.
Etats-Unis. — La polygamie. — Depuis que le
gouvernement de Washington a soumis à son auto-
rité la colonie moriüone du grand lac Salé, le
Congrès est saisi d’un projet de loi prohibant la
polygamie ; mais des protestations se sont élevées
et l’affaire a été déférée à la Cour suprême, qui
vient de décider que le Congrès a le droit de légi-
férer en cette matière.
Pays-Bas. — Mariage du Roi. — Ou trouvera
plus loin des détails sur le mariage du rci de Hol-
lande avec la princesse de Waldeck-Pyrmont.
de la gauche, 11 y a plus de deux ans. Et quand
le Journal de Bruxelles prétend que le cabinet
de M. Frère a subi une pression, il oublie que
M. Frère a des premiers protesté avec éner-
gie contre la tactique de nos adversaires qui
consistait à livTer au clergé les écoles publi-
ques. Sur cette question le parti libéral est
unanime et cette unanimité est le fruit de la
politique même des évêques. L’Eglise a dé-
claré la guerre à l’Etat ; l’Etat se défend et les
libéraux le soutiennent. Voilà la vérité en
deux mots.
S''eullle(on cita Prsoursbi».
LE PORTRAIT
A J.-J. HENNER.
Maurice errait lentement au hasard, sous l’épais
couvert de la forêt. La pluie avait cessé, mais, de
feuille en feuille, les gouttes d’eau roulaient encore
avec le léger bruit d’une source presque tarie dans
son bassin à demi rempli.et au loin, la sombre allée
s’ouvrait sur une clairière toute mouillée, d’un vert
profondet d’une douceur exquise. Les troncs étaient
trè3 noirs, los branches plus noires encore, et la
grande masse des châtaigniers au-dessus de la tête
du jeune peintre semblait la haute voûte d’une ca-
thédrale. à l'heure tout est sombre dans les
églises, où les vitraux coloriés jettent dans l’obscu-
rité des lueurs si vives et sl mystérieuses qu’on les
croirait éclairés par un brasier extérieur.
Maurice aimait l’heure où le jour baisse, après la
pluie, quand le soleil ne s’est pas montré, etqu’une
teinte grise embrasse tous les objets, confondant
leurs contours, adoucissant leurs angles ajoutant
a toutes les formes une rondeur délicieuse etmolie.
II marchait sans se presser, découvrant à chaque
instant dans la forêt connue une beauté qu’il ne
connaissait pas encore, et pénétré jusqu’au fond de
lui même de cette tendre admiration pour la nature
qui est une part du génie.
Ayant atteint la clairière, il regarda autour de
lui. L’herbe était verte et brillante, les feuilles dé-
licates des arbustes, reluisant sous l’eau qui les
avait lavées, formaient un réseau fln comme de la
dentelle sur le fond noir de la grande forêt qui re-
prenait au-delà. Il s’arrêta pour mieux voir,mieux
observer, mieux respirer 1 impression de cette fo-
rêt mouillée, plus pénétrante, plus humaine pour
ainsi dire dans ces grandes ombres, qu'en plein
soleil, sous toutes les magnificences du jour.
Une forme mignonne et svelte se détacha sur le
feuillage délicat des bouleaux; elle s’approcha d’ua
pas souple, sans voir Maurice qui la regardait,
aussi immobiie.qu’un.tronc de châtaignier. Adeùx
« Lo cabinet de M. Frère a obtempéré aux
exigences de la fraction radicale desoh parti. »
Cest par ces lignes que le Journal de
Bruxelles commence son réquisitoire cohire le
ministre de l’instruction publique. Chaque
feuille cléricale nous apporte le sien. Leur
thème, on le devine, n’est autre que la desti-
tution des abbés. De si bons directeurs, si
instruits, si intègres, si distingués, si dociles,
si dévoués à l’enseignement de l’Etat ! Com-
ment a-t-oft ëU le cœur de les renvoyer à leur
abbaye ! Ne sont-ils donc pluscitoyens depuis
qu’ils ont reçu les ordres ? Leur robe les prive-
t-elle des droits inscrits dahS la Constitution ?
Et patat; et patata.
Ces jérémiades nous prouvent une fois de
plus que les Ecoles normales étaient devenues
les succursales des séminaires.Elles servaient
à former de bons cléricaux, prêts à donner la
main, dans les villages,aux prêtres politiques
qui dirigent le mouvement électoral. La loi
autorise les inspecteurs diocésains à pénétrer,
quand il leur plaît, dans les écoles. Ils trou-
vaient, à Lierre, à Nivelles et à Mons, des
collègues disposés à recevoir leurs avis et à
s’y conformer. Les écoles de l’Etat leüï étaient
soumises tout autant quô les écoles épisco-
pales. Pourquoi leür auraient-ils été hostiles?
Aujourd’hui, elles échappent à leur domina-
tion. Attendons-nous à les voir battre en
brèche,, au même titre que les établissements
communaux créés sans i'autorisatioa de i’ar-
chevéque de Malines. Ce sera une campagne
en règle, violente et acharnée. Les disciples
de M. Périn diront que li’enseignement de
l’Etat, depuis le départ. s h w - --•s- i
q Mfô uauWai : iisappmeront de toutes leurs
forces la Commission des Ecoles chrétiennes
qui n’a osé s’intituler Commission des Écoles
catholiquesy bien quelle soit présidée par
l’Evêque de Gand.tanton a abusé du manteau
catholique pour abriter une foule d’entre-
prises moins religieuses les unes que les
autres. Ils auront trouvé un moyen nouveau
de subsidier les couvents qui pullulent et ont
besoin d’augmenter leurs revenus. Les
étrennes à Leon XIII ne sont pas bien abon
dantes. Le Bien Public arrive péniblement à
fr. 10,000, le Jouimal d'Anvers a fr. 8,000. Il
est temps de faire jaillir une source nouvelle
de recettes !
La défense des droits des citoyeas-abbés est
une entrée en matière. Bientôt on battra mon
naie sur leur dos!
Cette défense est d’ailleurs d’autant plus
facile que personne ne s’est attaqué aux abbés,
en tant que professeurs.Ils enseignent bien ou
ils enseignent mal : là n’est pas le point du
débat, La mesure prise par le cabinet n’a
aucun caractère personnel. Elle est une sim-
f le application au principe de la laïcité de
enseignement public. L’Etat veut avoir dans
l’école l’autorité effective que la loi lui accorde.
Les abbé$ sont soumis à une autorité supé-
rieure à leurs yeux et contraire à celle de
l’Etat. Ils sont citoyens, il est vrai, mais ils
ont une autre qualité qui leur impose l’obli-
gation d’interpréter nos lois, non d’après
1 esprit de laConstitution mais d’après l’esprit
du Syllabus. La dernière lettre pontificale le
constate de nouveau. Quelle sécurité la pré-
sence de pareils citoyens à la tête de l’ensei-
gnement officiel peut-elle donner au gouver-
nement ?
Le remplacement des abbés, loin d’avoir
été une exigence de la fraction radicale de
notre parti, a été réclamé sur tous les bancs
pas de lui, la fillette l’aperçut, tressaillit, et quel
ques brindilles tombèrent du fagot qu’elle portait
sur la tète.
— Vous m’avez fait peur, dit-elle en souriant; et
ses grands yeux noirs brillèrent gaiment sous ses
cheveux blonds, emmêlés.
Il la regardait sans répondra. Une harmonie
complète, impossible à rendre avec des mots,
régnait entre cette forme élégante, ce visage riant,
le Teuillage découpé de la clairière et la couleur
du paysage.
— Reste là, dit le jeune homme, je vais faire ton
portrait.
Elle voulut écarter les cheveux qui tombaient
sur son visage, il la retint du geste.
— Reste comme tu es.
Il s’assît sur une pierre et esquissa rapidement
la silhouette et les traits de son jeune modèle.
C’était une paysanne, mais fine et grêle comme
le sont ces fillettes avant leur développement com
plet, souvent tardif. Les yeux étaient déjà ceux
d’une femme ; le sourire était encore celui d'une
enfant.
— Quel âge as-tu ? demanda le peintre tout en
travaillant.
— Seize ans bientôt.
— Déjà i Je t’ai vue toute petite il y a trois ans.
— J’étais bien petite, dit-elle avec un beau rire
hardi et franc comme un moineau, mais j’ai grandi
vite, et à la Saint-Jean, j'aurai des amoureux.
— Pourquoi à la St-Jean î fit le jeune homme en
s’arrêtant pour la regarder.
— Parce qu'il en faut un pour danser autour du
feu de joie.
Déjà ! Ce front pur, ces yeux innocents, cette
bouche enfantine, tout cela allait être profané à la
galanterie lourdaude d'un rustre ! Maurice sentit
une vague jalousie le poindre au cœur.
— Veux-tu de moi pour amoureux? dit-il en
reprenant son œuvre.
— O! vous, vous êtes un monsieur, moi, je suis
une paysanne; les honnêtes filles n’écoutent pas
les messieurs.
C’est le code de l’honnêteté villageoise; le jeune
homme ne répondit rien.
— Je n’y vois plus ; veux-tn revenir demain, ici
un peu plus tôt ?
— Pour mon portrait ?
— Oui.
— Je reviendrai. Bonsoir, monsieur.
Elle reprit son fagot et s’en alla, dans l'ombre
Dans six îhôis commencera le travail de la révi-
sion des listes électorales qui devront servir aux
élections législatives de 1880. .
Laissera-t-on aux députations permanentes le
soin de procéder à cette révision et de juger eu
premier degré, comme elles le font actuellement*
sur les contestations électorales?
Ce serait une faute, à notre avis. La juridiction
des députations permanentes constitue, dans nos
irovinces cléricales, une véritable prime à là fraude..
Les cléricaux font des électeurs frauduleux par
centaines et par centaines; ils en peuvent faire
autant qu’ils veuleht, certains d’avance que les ad-
ministrations communales cléricales, à leur dévo-
tion, les inscriront sur les listes. C'est aux libéraux
alors qu’incombe la charge d’introduire des récla-
mations contre tous ces électeurs frauduleux. Et
devant qui ces réclamations 4pivent-elles être
introduites?
Devant les députations permanentes ! On sait
d’avance le sort que de tels juges réservent à cet
réclamations ; elles sont régulièrement repoussées
en dépit du droit, en dépit de la justice, en dépis
des faits les mieux établis. '’**
Que reste-t-il à faire aux libéraux ? A aller en
appel ; c’est là seulement qu’ils trouveront des
' es.
lais qu’on veuille bien réfléchir à toutes les
formalités qu’il a fallu remplir, à toutes les peines
qu’il a fallu se donner pour arriver devant ces
uges, et on se convaincra facilement, qu’un cer-
;aih nombre au moins des réclamations libérales
auront dû nécessairement sombrer avant d’arriver
à la cour d’appel. Dans quelques centaines, dans
quelques milliers de procès de ce genre, il est abso-
lument impossible qu’un certain nombre ne soient
entachés de quelque vice de formé et n’aboutissent
en appel à ce résultat que l’appelant sera déclaré
non-recevable.
Les cléricaux spéculent sur ce résultat. Et cette
perspective n’est certes pas de nature à les arrêter
dans leurs tentatives de fraudes. Ils sont assurés
d’avance qu’un certain nombre d’entre elles réussi-
ront.
Mais Cette spéculation honteuse n’est possible
que par cette conviction, vérifiée par les faits, que
les députations permanentes se feront complices de
cette fraude, en admettant, les yeux fermés, toutes
les réclamations cléricales et rejetteront toutes
Les faits sont là pour établir si les députons
méritent oui ou non cette accusation. Et ce? Laits
ont une éloquence qui a eu le don de convaincre
jusqu’aux plus chauds amis de ces mêmes députa-
tions.
Ce n’est pas un ministère libéral, en effet, qui a
proposé de mettre fin à ce scandale, en destituant
ies députations permanentes de leur juridiction
électorale! C’est le ministère de M. Malou lui-
mème ! En présence des révélations qui se pro-
duisaient tous les jours sur la manière dont les
députations comprenaient et remplissaient leurs
devoirs déjugés; en présence de ces milliers d’ar-
rêts des Cours d’appel, réformant les décisions des
députations et, par le nombre même de ces réfor-
mations, leur infligeant une véritable flétrissure,
M. Malou n’a pas osé prendre la défense déjugés
aussi indignes des fonctions qu’ils remplissaient et
il s’e8tvu contraint d’apporter lui-même à la Cbam-
bre un projet de loi qui enlevait aux Députations
leur juridiction électorale.
Nous savons bien que par une de ces tentatives-
audacieuses etétourdiesdontila donné tantd’exem-
ples, M. Malou proposait, par le même projet, d’en-
lever la connaissance des causes électorales en
degré d’appel, aux Cours d’appel. Mais cette partie
de son projet était absolument indéfendable ; il lui
eût été impossible de la justifier, et nous avons pu
en toute sécurité le défier de la faire jamais voter.
Il n’en est pas moins vrai que la disposition du
projet qui enlevait aux Députations leur juridic-
tion électorale était exellente; qu’elle était, à
l’époque où le projet de M. Malou a été déposé, re-
connue indispensable et urgente par l’opposition
comme par le ministère, et qu’on ne comprendrait
pas comment, dans ces circonstances le ministère
libéral pourrait ne pas la reprendre.
Mais si l’on enlève la connaissance des affaires
électorales en premier degré aux Députations per-
manentes, à qui la donnera-t-on ?
La question ne nous embarrasse Jguère. Puis-
qu’on a donné la connaissance de ces affaires en
second degré aux cours d’appel, pourquoi ne la
donnerait-on pas, en premier degré, aux tribunaux
de première instance ? Le pouvoir judiciaire, par
les garanties d’impartialité qu’il offre, est tout na-
turellement indiqué pour trancher les questions de
ce genre. On l’a reconnu pour les cours d’appel ;
il n’y a aucune raison pour ne pas le reconnaître
également, pour les tribunaux de première in-
stance;
Et si l’on craint pour ces tribunaux un trop
grand surcroît de besogne, qu’on fasse encore à
leur égard ce qu’on a fait pour alléger la besogne
des cours d’appel. On a permis à celles-ci de se
fractionner en sections de trois conseillers ; pour-
quoi ne donnerait-on pas la connaissance en pre-
mier degré des causes électorales, à un seul juge ?
Le fait même que ce juge serait seul, et aurait à
porter toute, la responsabilité de ses décisions, se-
rait une nouvelle garantie d’impartialité.
Que l’on en charge, au reste, un juge ou trois
juges, là n’est pas le côté important de la question.
L’essentiel est de substituer des juges à des com-
plices de la fraude et cela ne sera obtenu que par
la destitution des Députations permanentes.
(.Flandre libérale).
Trois arrêts intéressants viennent , d’être rendus
par des Chambres de la cour d’appel de Bruxelles,
dans la question de la validité des déclarations sup-
plémentaires de contributions, pour l’obtention
du cens électoral. Ils sont contradictoires ; l’un
admet comme valable la déclaration d'un foyer
faite avant le 31 août ; les deux autres décident
que le mobilier ne pouvait faire l’objet d’une décla-
ration supplétive après l’acceptation de la taxe par
le fisc. ,
Le premier arrêt énonce les considérants géné-
raux suivante ;
« Attendu qu’il résulte des articles 19 et 54, § 2, de la
îoi du 28juiu 1822 que le droit est dû pour chaque
fover existant dans la maison, d'aprôï leur nombre,
et'd’autre part, que les objets imposables qui sont en
usage à l’époque du lw janvier de chaque année
doivent être déclarés et considérés comme base de la
cotisation ;
- Attendu que l’appelant n’invoque aucun texte de
loi qui défende aux contribuables de faire, au cours
de Tannée, une déclaration supplétive, à raison delà
troisième base de la contribution personnelle, qu’il
prétend vainement que, pour constituer le cens élec-
toral, les déclarations de contributions personnelles
ne sont admissibles que pour autant qu’elles aient été
faites avant l’expiration du premier trimestre, et par
suite, que les déclarations ne sont pas susceptibles
d’être augmentées, dés le moment qu’elles ont été
acceptées par le fisc ;
» Attendu que le § 3 de l’article 54 de la loi du 28 juin
1822 dont argumente l’appelant, est exclusivement re-
latif aux objets imposables qui seraient acquis posté-
rieusoment à la remise de la déclaration, mais avant
l’expiraion du premier trimestre;
» Attendu que cettè disposition n’est pas applicable
aux foyers; . , ,
» Qu en ce qui concerne le nombre des foyers, la
déclaration supplétive est au contraire formellement
exigée après le 31 mars, puisque aux termes de la loi
précitée (art. 87), le contribuable est exposé à des pour-
suites correctionnelles s’il est reconnu que le nombre
des foyers est plus élevé que celui déclaré;
» Attendu que l’administration, a d’ailleurs, la mis-
slon de coutrôler l’exactitude et la sincérité du décla-
rant, et qu’en cas d’omission ou d’insuffisanee. elle est
*^fctorg€<9 U© <î ôlt!6ô'lo» «l^ôtS bUUluio l’inopAt
(art. 63 et 79 même loi). »
Comme il n’est pas méconnu que trois foyers, c’est-
à-dire un de plus que le nombre déclaré au commen-
cement de l’année, existaient au ir janvier 1878 dans
l'habitation de l’intimé, la cour déclare que la déclara-
tion supplétive est valable au point de vue électoral,
et maintient l’intimé sur la liste des électeurs.
Le second arrêt raye des listes un électeur qui avait
obtenu le cens, en profitant de la faculté du quintuple-
ment pour augmenter de 1,188 fr. la valeur qu’il avait
primitivement assignée à son mobilier ; il avait fait
cette déclaration supplémentaire le 25 avril 1878.
- Attendu, dit l’arrêt, que sa déclaration a été con-
trôlée et acceptée par le fisc, ainsi que le prouve
l’avertissement extrait qui lui a été délivré le 1er mars
1878;
» Attendu que l’art. 54 de la loi du 28 juin 1822
n'astreint les contribuables à faire des déclarations
supplémentaires pour leur mobilier que pour autant
qui! s'agisse d’objets acquis postérieurement à la
remise de leur déclaration, mais avant l’expiration du
premier trimestre ;
» Attendu que cette disposition parait susceptible
d’être appliquée analogiquement au cas où des objets
imposés au début de l’année acquièrent avant la fin du
premier trimestre une augmentation d’impôt;
p Mais attendu que l’intimé n’a jamais prétendu et
Be prétend pas que ses meubles ont éprouvé dans l’in-
tervalle du lw janvier au l,r avril un accroissement de
valeur quelconque ;
» Attendu qu il s’est borné à substituer au mode
d’évaluation qu’il avait d’abord adopté, et sur pied
duquel le fisc l’avait cotisé, un autre mode d’évalna-
tion, savoir le procédé du quintuplement, et qu’il a
ainsi majoré sa cote d’impôt sans y être contraint par
une nécessite légale.
» Attendu qu’ü se prévaut vainement do ce que le
fisc l’a, au mois de septembre 1878, taxé sur pied de sa
déclaration supplétive et a ainsi reconnu l’exactitude
de sa nouvelle évaluation ;
» Attendu que les art. 79 et 82 de la loi du 28 juin
1822 qui autorise le bourgmestre et le contrôleur à taire
procéder à des recensements et à des expertises pour
contrôler l’exactitude des déclarations des contribua-
bles, sont étrangers au cas où ceux-ci prennent pour
base de l'évaluation de leur mobilier le quintuple de
la valeur locative de leur habitation ;
déjà épaisse, sous la voûte des châtaigniers noirs.
Maurice retourna chez lui en rêvant de la fillette
aux cheveux blonds. Il l’avait vue souvent .toujours
regardée, mais en artiste. Il lui semblait maintenant
la voir avec des yeux d’amant jaloux. La nuit et le
lendemain lui semblèrent long, et bien avant l’heure
il était dans la clairière.
Il avait travaillé seul et quand la jeune fille arri-
va, un peu en retard, — déjà coquette, — elle fut
toute surprise.
— C'est moi ! dit-elle. Vous me le donnerez f
— Non, — je t'en ferai un tout petit pour toi.
— Et celui-là, qu’est-ce que vous en ferez ?
— Il ira à Paris, on le mettra dans un grand ca-
dre, on le suspendra dans un beau salon, et tout le
monde viendra le regarder.
— Ah 1 oui, je sais — à l’Exposition.
— Tu connais cela ?
— Il y a chez nous des messieurs peintres qui
travaillent pour l’Exposition, comme ils disent,
mais on n’avait jamais fait mon portrait.
Le jour baissait doucement, comme la veille,
Maurice retrouva les tons doux et fins qu! l’avaient
charmé, et l'œuvre avança de cent coudées vers la
postérité.
Il la revit encore plusieurs fois, sous le jour ta-
misé de l’atelier ; il se complut à faire de cette
œuvre la meilleure. Déjà célèbre, il n’avait plus
besoin de chercher à se taire un nom, et cependant
il était sûr que cette toile mettrait le sceau à sa
renommée.
Quand il en fut tout à fait content, l’hiver était
venu, — et Maurice aimait son petit modèle.
Il l'aimait trop pour le lui dire, trop pour ternir
cette fleur des prés dont il ne pouvait faire sa
femme, mais assez pour souffrir à la pensée de la
quitter. Elle n’avait rien de ce qui assure le bon-
heur d’une vie — ni la profondeur du sentiment,ni
ledévouement qui fait tout oublier, ni la passion
qui excuse tout ; c’était une jolie fleur des champs,
un peu vaniteuse, un peu coquette, sans grands
défauts et sans grandes vertus. Maurice savait
qu’elle ne pouvait lui appartenir, et cependant il
adorait la 1 igné charmante de ce corps à peine formé
que les plis de la bure enveloppaient chastement sans
pouvoir le déguiser. Il aimait ces yeux profonds,
cette bouche riante, les cheveux blonds, toujours en
désordre, le petit mouchoir noué de travers sur la
poitrine. — il aimait tout, et c’est avec feine qu’il
partit. On part toujours avec peine quand on n’es-
père rien pour le retour. U est « darde laisser
» Attendu que dans l’espèce il s'agit uniquement, de
décider si l’intimé a pu légalement recourir au qum-
tuplement. après avoir fait régler par un procédé dif-
férent le chiffre de sa dette fiscale ;
» Attendu qu’il résulte des considérations déduites
plus haut que cette dette a été définitivement réglée
sur pied de sa déclaration primitive et que l’impôt sup-
lémentaire auquel il a été taxé en vertu de sa seconde
déclaration doit être considéré comme un impôt pavé
volontairement pour acquérir indûment le droit- élec-
toral ;
» Par ces motifs, etc. »
Le troisième arrêt raye également des listes un
électeur qui, le 30 août 1878, a déclaré deux fenê-
tres en plus, et un troisième foyer.
. - En droit.
» Attendu que pour établir légalement la contrlbu
tion personnelle on ce qui concerne les portes, les
fenêtres et les foyers objets du litige actuef, le contri-
buable peut à sou choix, ou déclarer le nombre de ces
objets imposables que renferme son habitation, ou bien
procéder par experts au dénombrement ou recense-
ment de ces objets, ou enfin s'en rapporter pour ees
deux bases d’impôt, comme pour la valeur locative et
lo mobilier, à la cotisation admise pour l’année précé-
dente, à moins qu’il n’ait été fait aux bâtiments de son
habitation des changements notables qui en auraient
augmenté la valeur ;
- Attendu que si, après avoir suivi les deux pre-
miers de ces modes de procéder, il survient pendant
l’année une augmentation des bases de l’impôt, ce
cas est rézlé par la loi du 28-juin 1822, tandis que le
contribuable quia choisi le troisième mode a, par
une espèce de forfait, un droit acquis au statu
quo de 1 année antérieure et, nonobstant une sem-
blable augmentation desdites bases, il reste affran-
chi de toute déclaration et cotisation supplémen-
taire, ainsi que de toute visite, vérification, exper-
tise, dénombrement et poursuite , aussi longtemps
qu’il n’a pas fait de changements notables aux bâti-
ments de son habitation ;
» Attendu que cette modification radicale du sys-
tème fiscal de la loi du 28 juin 1822 a été d’abord ad-
mise; pour 1831 par le décret du Congrès national du
28 décembre 1830, art 5, et pour 1832 par la loi du 29
décembre 1831, art. 4, puis consacrée définitivement
par la loi dit 30 décembre 1832, art. 7, et les autres lois
budgétaires. ,
«Attendu qu’en présence des termes exprès et
généraux de ces articles, il ne peut y avoir de doute
sur l’interprétation qui vient d’y être donnée, et qu’en
tous cas, cette interprétation devient évidente lorsque
l’on se rappelle les circonstances qui donnèrent lieu
à ces dispositions et que l’on recourt aux travaux
législatifs qui en ont précédé l’adoption. »
L’arrêt cite un discours de M. Coghen, adminis-
trateur des finances en 1830, le rapport de la com-
mission du budget pour 1831, et un discours du
rapporteur, M. Fallon, disant que l’article dont il
s’agit a été conçu dans la pensée « de délivrer les
contribuables soumis à l’impôt personnel des for-
malités vexatoires. «
» Attendu,continue-t-il,qu’en vue de prévenir les abus
de nature à compromettre la sincérité des élections,
les art. 48, 2* alinéa de la loi du 9 juillet 1877 et 5 de la
loi du 26 août 1878 spécifient, au point de vue électoral,
les délais dans lesquels les déclarations cotisées pour-
ront compter aux contribuables pour la formation de
leur cens; que la législation n’a pas voulu par là modi-
fier au point de vuo fiscal les lois d’impôt, et notam-
ment pas ontanUn atteinte au tempérament ra-
tionnel accordé aux contribuables pour rendre sbus
certaine condition leurs cotisations fixes, permanentes
et irrévocables. «
En fait l’arrêt dit que l’intimé, dans sa déclara-
tion du 2 janvier s'est référé à sa cotisation de
l’année précédente pour les portes, fenêtres et
foyers et qu’il a été dûment et définitivement coti-
se pour 1878 au même taux qu’il l’avait été de |ces
chefs pour 1877, qu’il n’est ni articulé au procès
que depuis sa déclaration cotisée en 1877 l’intimé a
fait aux bâtiments et habitations des changements
notables qui en auraient augmenté la valeur.
-, Par ces motifs, etc.
La direction du Moniteur belge publie l’avis
suivant :
On peut s’abonner, dans tous les bureaux de poste
du pays, au Compte rendu analytique des dis-
cussions de la Chambre.
Le prix d’abonnement à cette publication est
d’UN franc pour le restant de la session actuelle.
Les souscripteurs sont priés d’adresser leur de-
mande aux percepteurs des postes de leur localité,
avant le 20 janvier courant, et de faire connaître
s’ils désirent recevoir soit le texte français, soit
le texte flamand de ce compte rendu.
On écrit de Bruxelles à la Meuse :
« Les journaux ont annoncé tout récemment, sur la
foi d’uno rumeur depuis longtemps répandue, que M.
Willemaers, actuellement juge d’instruction à Bru-
xelles, allait être appelé au poste de procureur du Roi
devenu vacant par suite de la Domination de M. Hcy-
vaert aux fonctions de gouverneur de la Flandre-
occidentale.
» On annonce aujourd’hui, comme très probable, la
nomination de M. Willemaers en qualité d’administra-
teur de la sûreté publique, M. Berden, de son côté,
serait appelé à succéder, en qualité de secrétaire
général du ministère do Injustice, à M. Putzeys, qui
prendrait sa retraite. » ■
On écrit de Bruxelles au Journal de Lfége:
p On fait courir certains bruits sur les prochaines
nominations de gouverneurs. Voici les bruits que j®
crois le mieux fondés, mais que,je suis foin dé garan-
tir.
» On désigne M. Van Becelaer, commissaire de l’ar-
rondissement de Bruxelles, comme futur gouverneur
du Brabant. D’autres prétendent que M. Heyvaert se-
rait appelé à ce poste et remplacé a Bruges par M. Van
Becelaer. . - »
Messageries Yan Gencl à C°.
Ausûjet'des réclamations dont nous nous sommes
fait l’interprète dans notre numéro du 4 janvier,
nous avons reçu de la direction do3 Messageries
Van Gend et O des explications très satisfaisantes.
L’enquête à laquelle nous faisions allusion a eu
lieu bien que portant sur des faits qui ne concer-
naient qu’indirectement MM. Van Gend et C8, et
elle a établi que ces derniers ont été étrangers aux
négligences dont on s’était plaint.
C’est donc à tort que nous pensions que la direc-
tion de ces Messageries n’était pas intervenue en
temps utile.
Quant au retard dans la remise d’un colis expé-
dié d’Anvers à Dolhain, il tient à ce que le destina-
taire doit faire retirer lui-même le colis au bureau
de Verviers.lesMessageriesVan Gend &Cle, chargées
du service pour toute la Belgique, ne pouvant avoir
une agence jusque dans les moindres communes.
Le colis se trouvait dès le 23 décembre à la dis-
position du destinataire au bureau restant de Ver-
viers.
Enfin, pour ce qui concerne les remboursements,
les Messageries n’inscrivent jamais les noms des
payeurs, parce que cela serait contraire au désir
de presque toutes les personnes qui font opérer des
remboursements. Cette inscription permettrait,
on effet, à tel ou tel industriel ou commerçant,
d'avoir des indices sur les rapports d’un concurrent
avec des clients dans le même genre d’affaires» et
réciproquement. .
Toutefois les messageries Van Gend & C° ne s’op-
posent pas à cette inscription quand elle leur est
demandée expressément.
C’est donc tout-à-fait en faveur du public quêtes
dispositions ont été prises et s’appliquait.
Postes, - Avis.
Le départ du steamer Swttzerland, de la ligne
directe a’Anvers à New-York, est fixé au 14 jan-
vier, à 7 1/2 heures du matin.
La dernière levée de la boite au bureau central.
Place Verte, aura lieu à 6 heures 15 m. du matin.
Ckrnipag1’ des Docks-Entrepôts & magasins généraux
D’ANVERS.
h r Existant au 1" décembre
S i I Entrées en décembre . .
§•2 ) Sorties en décembre . .
derrière soi un morceau de sa vie, dont rien ne doit
subsister. •
Il emportait sa toile cependant, et c’est devant
elle qu’il passa les meilleures heures de l’hiver,
perfectionnant sans cesse une œuvre déjà parfaite.
Le tableau fut admiré ; la critique, unanime dans
son enthousiasme, déclara que de tels visages ne
pouvaient exister, sinon dans le cerveau du poète
ou l’imagination du peintre. Maurice écouta tout
en souriant, et garda pour lui seul le secret du
doux visage qui l’avait inspiré.
On lui fit des offres brillantes pour son tableau ;
jamais on n’avait proposé de lui payer si cher une
de ses œuvres ; il refusa aussi de le laisser repro-
duire. Puisqu’il ne devait jamais posséder de son
modèle quel’imagé, il entendait qu’il lui restât à
lui seul.
L’automne s’avançait quand il retourna au vil-
lage : les feux de la Saint-Jean avaient vu deux
fois tournoyer les rondes joyeuses, depuis qu’il
avait peint le portrait, et quand il pensait à la
jeune fille, c’était avec un sourire un peu triste,
se demandant lequel des rustauds du [village avait
su fixer son choix.
Son premier pèlerinage à l'arrivée fut pour la
forêt de châtaigniers; au jour baissant, — la nuit
vient vite au commencement d’octobre, — il par-
courut la longue allée; —mais elle n’était plus
noire ; un rayon ambré la traversait encore, et
semblait s’ètre fixé sur chaque feuille tremblante
au rameau ou frissonnante sous ses pieds. Avec
l’odeur des feuilles mortes tout un monde de
regrets, de souvenirs, d’amertumes montait vers
lui, remuant une indicible tristresse, un dégoût
plus complet de tout ce qu'il avait cherché jus-
qu’alors. Arrivé à la clairière, il s’assit à l’endroit
même où dix-huit mois auparavant il avait esquissé
l’étude qui maintenant avait mis le comble à sa
renommée. Cette pierre froide semblait le railler
ironiquement de tout ce qu’il avait éprouvé.
— Une paysanne, — une coquette! la belle af-
faire 1 E!lemsaurait aimé si je l’avais voulu. Bien
d’autres ont aimé des peintres et les ont suivis à
Paris, puis ont disparu dans l’écume de la grande
ville sans charger de chaînes celui qui les avait
initiées à l’art, à la vie intellectuelle... Insensé
celui qui sacrifie à des chimères les biens réels de
ce monde; l’amour d’une belle fille, — lagloire que
donne le talent, — la fortune qu’apporte le succès 1
Tandis qu’il reniait ainsi les dieux de sa jeunesse,
il vit venir à lui, dans 1» sentier connu, la fi lette
. kil. 37,414,505
. « 6,881,343
. » 7,989,641
â ” t Existant au l*r janvier 1878. . . » 36,806,207
178 warrants en circulation représentant, d'après
taxation des courtiers ou polices d’assurances, un®
somme de............................fr. 15,609,557.48
La valeur des quantités sorties est de » 2,013,097.68
Soit le montant d6s 178 warrants. . fr. 13,596,459.80
Pr l’administrateur ff008 de
directeur-gérant, Anvers, le lr janvier.
Le sous-directeur, L’Administe-Président,
JULES VANHOOREBEKE. VICTOR LYNEX.
Commerce, finances, marine, etc.
Société Commerciale, Industrielle et Maritime
d’Anvers.
Assemblée générale du 30 décembre 1878.
La séance est ouverte à 8 1/2 heures, sous la prési-
dence de M. A Cateaux.
Ordre du jour :
1° Rapport du Comité central sur les travaux de là-
Société pendant Vexercice écoulé.
m. c. KE8TELOOT, secrétaire, donne lecture de ce
rapport.
2® Exposé de la situation financière^
st. m. PAUWEL8, trésorier, présente le compte des
reeette3 et dépenses pour l’exercice 1878.
3° Election de six membres du comité central en
remplacement de MM. Jules-Van Beylen, Randaxhe.
Ballv, Fassbender, Franck et Ad. Verspreeuwen, non-
réélîgibles, et Demblon. démissionnaire.
Sont élus : MM. Good, H. Ludwig, P. Uoels, C. Sano,
H. Van de Vin et M. C. willaert.
La séance est levée à 10 heures.
Actes officiels.
colonie de gueel. — Un arrêté ministériel, en date
du 31 décembre 1878, approuve le règlement de l'infir-
merie de la colonie de Gheel.
administration des chemins de fer de l’état. —
Par arrêté royal, en date du 31 décembre 1878, il a été
créé à Borgernout un bureau de station, rangé dans la
3* classe.
d’autrefois, grandie, devenue femme en un mot.
Elle n’était pas seule ; un rustaud marchait auprès
d’elle eu la tenant par le petit doigt : beau gas,
d’ailleurs, solide et bieu bâti, richement mis pour
un paysan. Il se penchait vers elle, et de temps en
temps essuyait avec ses lèvres une larme sur la
joue de la jeune fille.
En voyant Maurice, ils s'arrêtèrent confus et
surpris. ,
— Voilà pourquoi, pensait-il, j ai respecté cette
fleur ! , .
Et il prenait en pitié sa sottise, lorsque la jeune
fille lui adressa la parole :
— On ne veut pas nous marier, monsieur, dit-
elle, la voix pleine de sanglots. Je suis pauvre, il a
du bien, et sa mère ne veut pas de moi pour bru ;
elle parie de le déshériter.
— Et vous ne voulez pas, vous deux, qu'on le
déshérite, n’est-ce pas ? fit Maurice ironiquement.
— Dame! répondit le garçon, il faut bien vivre!
— C’est trop juste! Je vous plains, mes enfante.
Ils s’éloignèrent ; Maurice, resté seul, se prit la
tête dans les mains et pensa longuement.
La chimère était envolée, — rien ne restait de la
svelte fillette dans cette paysanne toujours belle,
mais bien près de devenir une vulgaire matrone.
— Ainsi de nos rêves ! dit-il en se levant ; le plus
sûr qui en reste est de faire un peu de bien.
Il écrivit à Paris le soir même, et quelques jours
après se présenta dans la maison de la jeune fille.
— J’ai vendu ton portrait, lui dit-il en présence
de la mère stupéfaite, il m’a été payé très cher,
c’est toute une fortune. Je te l'apporte afin que tu
puisses épouser ton amoureux...
Henry Gréville.
LE GARDE FORESTIER
Imité du Boschwachter de Victor delà montagne.
Le matin vient de poindre à l’orient vermeil.
Chaque brin de gazen étincelle au soleil.
Les arbres entassés, épais, )etés sans nombre,
Avec les leux du ciel enchevêtrent leur ombre.
Sarles talus, dans les fossés,
Tiges droites, corps élancés.
Les fleurs délicates se lèvent,
S’étirent, se parfument, rêvent,
Se penchent et d’un air mutin
. . Disent bonjour au gai matin. ■ .
Et le bouvreuil dressant, au bord du md, la tête,
Bat de l’aile et bredouille un compliment de fête.
Et l'homme? Il dort. Pourtant, voici quelque rêveur
Un artiste sans douté aujourd’hui plein d ardeur
Qui veut, au saut du lit, surprendre la nature
Levant d’un pied rosé la sombre couverture î
Non. C'est un paysan, grand et bien découplé,
Les traits rudes mais beaux, l’œil noir, le teint hâlê
Fesant paraître brun l'incarnat de sa joue.
Il doit venir de loin, à ne voir que la boue
Que ses guêtres de cuir portent jusqu’aux jarrets.
Et prise en traversant los bois et les guérets.
Sa olouse de drap vert en route s’est mouillée •
Aux brumes tamisant leurs pleurs sur la feuille*.
Dans les sentiers ombreux, il s’enfonce à pas lents.
Son fusil trahirait des instincts violents.
Mais il a l’air si bon, qu’entre ses mains cette arme
A l’écureuil craintif donne â peine l’alarme.
Il revient ce passant d’une ronde de nuit,
Des carrefours lointains et des halliers sans bruit.
Voués aux braconniers dont la balle menace
Autant que les chevreuils, le cœur des gardes-chasse.
Il est de ces derniers. Cependant sans trembler
Comme la nuit de veille est lente a s’écouler.
De préférence il bat les routes les moins sûres.
Où pour l’affût nocturne ont poussé les ramures.
Entre dans les fourrés, les buissons mal famés,
Qu’évitent des chasseurs en nombre et bien armés.
Il n’a, lui, qu'un fusil d’un système incommode;
Mais son courage aussi vaut une arme à la mode.
Ainsi le surprend l'aube, ainsi, depuis vingt ans,
Passent les nuits d’automne etles nuits de printemps.
Il songe à peine au ciel quand celui-ci a’azure,
Au nid qui se réveille,au frêlon qui suzure.
Aux parfums, aux rayons,
Aux fleurs, aux papillons.
Il retourne, absorbé. C'est qu'au fond de son être
Repose un doux penser, facile à reconnaître
A ce regard humide, ineffable et joyeux.
Effluve de bonheur, illuminant les yeux!
Car, là bas, où l’on voit au dessus du feuillage
Monter en flocons bleus, comme un léger nuage,
Est le toit, le foyer, Tasüe qu'il chérit.
Enguirlandé de pampre, auquel l’été' sourit.
An dedans c’est l’amour qui règne pour 1a vie,
ji. travaille, se cacne, et vamsnte on
Jne blonde compagne, une ange qui l’attend.
A. dans le frais berceau sommeille un bébé rose,
La. dans le frais’bêrceau sommeille un t
Et là, dans un fauteuil, vieille mais non morose
Est l’aïeule, ta mère: homme trois lois heureux.
Heureux de ces dangers que tu braves pour eux !
Une allouette monté en trillant dans la nue.
Les moineaux sur le toit annoncent sa venue.
Son chien iappe à la porte et gratto pour entrer, -
Et lui presso le pas, il ouvre, Il peut serrer
Sur sa mâle poitrine un enfant, une femme.
Une mère ! — L’Eden est chez lui, dans son âme !
Anvers, 17 décembre.
G. EexhcUp.
4T
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