Full text |
ÇV. g.) AiWMS, Mardi £ JAMVIER 1838.
--------
• • •’■.• • '
(TroMèrne Anné
! ’ntwmi'l ---—y^-yj
ON S’ABONNE
UMJJ
JOURNAL POLITIQUE, COMMERCIAL, MARITIME
EDITION DU SOIR.
A Anvers, auhureau du
Précurseur, rue des Fagots,
u. 2095 , où se trouve une
boite aux lettres et où doi-
vent s’adresser touslesavis.
Eu Belgique zt dl'etran-
ger, chez tous les directeurs
des postes.
Pour toute la Hollande
ebfz Th. Lejeune Libraire
Edit&ur à laHaye.
A Paris , à l’office-Cor-
reepondance de Lepelletier-
Bourgain et compag» , rue
Rotre-Dame des Victoires,
N. i8,ouou reçoit aussi les
anuouees.
PAIX. — r.IBSETÉ.
A3CÎÏN3SEENT.
Par an . . . 60 fr«
» Q mois . . 30
» 3 * 15
Pv-'Dn Ll er’.ciQoa.
Par o mois . . 18 f#
poua l’étrangj-.r.
Par 3 mois . 20 fr,
JLXNO&GHa.
ET LITTÉRAIRE.
as centimes la ligne.
7.a ({uatriùme page con-
•&cr«a aux aunoqces , es
efliohée à la bourse d* Anvet
et A la bourse des prinoi
paies villes de coramer*
paooH^.
2 Janvier.
BULLETIN POLITIQUE.
Nous n’avons aucune nouvelle extérieure bien importante à consi-
gner aujourd’hui dans notre bulletin.
Les affaires d’Allemagne et celles d’Orient méritent seules quelque
attention ; aussi reproduisons-nous à ce sujet les lignes suivantes qui
donnent un résumé exact de l’état des choses.
Toutes les nouvelles d’Allemagne confirment que le nouveau cabinet ne
Hanovre n’a pas reculé devant l’emploi de la force lors des troubles qui ont
eu lieu à Goettingue et à Osnabrück. C’est le roi lui-même qui a donné les
ordres formels à eet égard.
A Osnabrück, l’opinion publique s’est prononcée contre le manifeste royal
avec plus d’énergie que partout ailleurs. Il paraîtrait même que les désordres
dans cette ville n’ont été occasionnés que par l’arrestation du bourguemestre
Stouve. Il y a eu uu attroupement pour mettre en liberté ce fonctionnaire;
mais l’intervention de la force armée a rétabli l’ordre. M. Stouve était l’un
des membres les plus influons de la dernière assemblée des états. Lui seul osa
prendre la parole lors de la dissolution de l’assemblée, après l’arrivée du roi
Ernest, au mois de juillet. Déjà à cette époque on voulait l’arrêter.
On sait que le bourgmestre et le conseil municipal de la ville de Stade ont
signé, à l'occasion de la prestation de foi et hommage, une protestation dans
laquelle on remarque le passage suivant : « Nous aurions volontiers rempli
notre devoir de sujets, si notre conscience n’en eut pas été blessée. En effet,
S. M. a jugé à propos d’abroger la loi fondamentale à laquelle nous avons
prêté serment; et, comme nous ne pouvons nous convaincre de la validité des
argumens invoqués à l’appui de l’abrogation de la constitution de 1833, et que,
d’ailleurs, la vie est insupportable sans la tranquillilé de conscience, nous
n'avons pu signer l’acte de foi et hommage sans faire des réserves expresses.
Ainsi, nous déclarons hautement, et d’accord avec le vœu des représentai de
la bourgeoisie, que nous nous réservons, quand l’importante question sera
mise en discussion suivant les formes légales, de coopérer de tous nos efforts
pour faire rétablir la loi fondamentale. »
Le gouvernement du roi Ernest n’évitera certainement pas nn embarras de
nature fort singulière; c’est de se trouver vis-à-vis d’une masse qui ne lui
obéit que par force, et en face de fonctionnaires qui ne le reconnaissent qu’a-
vec de réserves mentales fort significatives.
Le plus grand nombre des avocats de Stade n’a signé l’acte de foi et hom-
mage qu’avee des réserves formelles. Quant à l’autorité supérieure, on ignore
quel parti elle prendra. Son hésitation, du reste, témoigne assez de sa répu-
gnance à sanctionnerja violence des mesures royales.
La ville de Kiel avait envoyé à Gœltingueune députation pour complimen-
ter ies sept professeurs signataires de la protestation contre le manifeste du
roi Ernest. Voici maintenant la ville de Schleswig, également en Holstein,
qui leur a voté une adresse, parmi les signataires de laquelle on remarque des
hommes detoutesles professions, des avocats, des médecins, des membres du
tribunal d’appel, ainsi que le comte de Moltke, président defia.première as-
semblée de Schleswig.
Des lettres de Constantinople du 6 annoncent que le premier acte de Reschid-
bey, comme reis-effendi, a été de faire reconnaître le royaume de Belgique
par la Porte. Reschid entamera bientôt la question du tarif. On attend des
changemens ministériels pour le commencement du bairam. Sayd-pacha quit-
te le ministère pour une place dans le palais. C’est lui que le vieux séraskier,
Khosref, avait choisi comme rival de Mustapha et pour gendre du sultan. Mais
celui-ci est maintenant assuré de l’incapacité du jeune Sayd.
Le sultan a donné l’ordre de renouveler le caftan du prophète, qui se trou-
ve détérioré, à cause du long règne de Mahmoud. Ce caftan ou manteau fut
laissé par Mahomet à ses successeurs ; quand le califat eût cessé, il passa aux
mains des sultans ; bien que depuis un si long espace de temps, il ait subi tant
de réparations qu’il ne reste pas probablement un morceau de l’étoffe primi-
tive, ce manteau est toujours vénéré comme celui du prophète, et conservé
FEUILLETON.
LESjDEUX SŒURS JUMELLES.
• x.
AU BAI.
Les salons splendides du comte de Saint-Maurice étaient pleins de lumière
et de bruit, de fashionables et de grandes dames ; c'était un bal, mais un bal
comme on en donnait alors à la cour (1829), où le luxe étalait tous ses presti-
ges, éblouissant avec ses mille (lambeaux qui se reflétaient à l’infini dans tou-
tes les glaces d’alentour, ses tentures aux couleurs brillantes, aux franges d’or,
ses parfums et sa musique, et ses femmes toutes de soie, de gaze et de pier-
reries. Et je dois l'avouer, cependant, je fis peu attention, ce soir là, aux sym-
phonies vibrantes de l'orchestre, à la richesse des costumes, à la légèreté des
danseuses. Deux jeunes filles s’étaient emparées de mou imagination , absor-
baient toutes mes pensées, et m’attiraient à elles par une sympathie si irrésis-
tible, que je passai plusieurs heures à leurs côtés dans une extatique contem-
plation, comme un peintre devant son chef-d’œuvre. Oh ! mais aussi. com-
bien elles donnaient à rêver, ces deux têtes mobiles, originales et gracieuses ;
puis elles étaient si conformes en tout, les jeunes filles , d’une ressemblance
si parfaite, qu’on ne pouvait les distinguer l'une de l’autre, et que l’œil ma-
ternel lui-même s’y trompait souvent. Elles étaient sœurs, et sœurs jumelles.
Laure et Clarisse d’Hervigny avaient un peu moins de seize ans, et c’était
plaisir de les voir, ces enfans précoces, souriant d’aise, s’épanouissant à la vie,
s’ouvrant à la passion avec toute la naïveté de leur âme ; quelquefois seule-
ment elles se livraient à la joie avec trop d'abandon et d’entraînement et l'on
eût dit alors que, sous l'influence fatale de quelque sombre et mystérieuse
pensée, elles cherchaient à précipiter leur existence, à dépenser beaucoup de
jours en peu d’heures, à vivre vite Enfans !. ah ! combien il y avait de
femmes prés d’elles, dans ce bal, qui s’épuisaient en efforts pour retarder de
quelques mois la marche des aimées ; qui, le matin même, avaient pâli peut-
être en apercevant sur léur tête un premier cheveu blanc, et qui cachaient
avec sollicitude leur première ride sous une rose ?.. Soins inutiles ! peine
perdue! sur le chemin où nous marchons il est impossible d’enrayer; à mesure
que l’on avance on va plus vite; il faut vieillir, c’est une loi qui vous épouvante
je le sais, grandes et belles dames qui avez entendu sonner vos trente ans ;
mais elle est irrévocable et fatale. Vous vieillissez déjà 1...
Laure et Clarisse, nées ensemble, avaieut toujours vécu ensemble ; elles
avaient grandi sous les mêmes caresses de mère, il y avait autant de ressem-
blance dans leur caractère que dans leurs traits ; leurs goûts se trouvaient tou-
jours les mêmes ; elles se suspreuaient souvent ayant les mêmes pensées ;
c’étaient deux âmes d'une nature identique, deux existences liées l’une à l’au-
tre par une chaîne invisible et mystérieuse ; c’étaient, comme le dit si bien de
Baizac, deux fleurs à peine séparées de leur tige, rafraîchies par la même
brise, éclairées parle même rajon de soleil.
Jeunes et belles, riches et heureuses, elles s’abandonnaient à toutes les
joies du présent avec candeur et sans arrière-pensée , et si elles songeaient
parfois à l'avenir, c’était pour l’habiller à leur fantaisie, le couvrir d’ün man-
teau de pourpre; alors, à travers un prisme enchanteur, elles se voyaient dans
les aimées qui devaient suivre, plus jeunes et plus belles, plus riches et plus
heureuses encore.
Àb ! vous faites bien, jeunes filles ! laissez vous entraîner ainsi à l’iliusiofi ;
l'illusion fait voir en beau toutes les choses de la vio, change en fleurs tout ce
qu elle touche. — Vous seriez trop fortunés, amans et poètes, si elle pouvait
durer long-temps, et ne s’évanouissait point au moindre souffle, comme une
bulle d’azur !....
■mm» i m « ■ ni tm
religieusement comme un signe traditionnel. Celui que le sultan fait préparer
est d’une grande magnificence, et sera exposé de suite après sa confection.
Une chaloupe turque, armée en guerre , est partie pour Alexandrie pour
porter des dépêches à Mehemet-Ali. Elles ont pour objet défaire au pacha
des représentations sur le système de monopole, dont tous les cabinets, et sur-
tout celui de Londres- se plaignent hautement.
L’escadre de l’amiral Gallois est toujours mouillée prés deSmyrue ; elle paraît
destinée à y faire une longue station. 11 est vrai que la Porte s’inquiète un
peu de cette détermination ; elle a demandé des explications auxquelles l'ami-
ral Roussin a répondu convenablement.
M. Bailly, chargé par le gouvernement français d'activer nos relations avec
le Levant au moyen des bateaux à vapeur, est arrivé à Smyrne ; il visitera
toutes les stations pour consulter les négocians.
Achmet-Bey, fils du dernier bey de Tunis, a été , à la demande des Tuni-
siens, nommé bey de la proviuca : le diplôme lui f ira expédié par le contre-
amiral Osmanbey.
Rien de nouveau de la France, si non l’avis, que contrordre a été
donne dit-oa aux troupes qui se concentraient vers notre frontière.
DES DOCKS.
L’établissement de docks, tels qu’il en existe en Angleterre et prin-
cipalement à Liverpool, est d’une si haute tnSuence sur la prospérité
des villes de commerce, que si une chose noos étonne, c’est que des
docks ne soient pas établis sur le même modèle dans toutes les villes
qui aspirent à une prospérité commerciale.
« L’avantage des docks, a dit un écrivain anglais, ne consiste pis
seulement à donner un abri assuré aux navires, à les préserver des
atteintes de la malveillance, et à fournir à leurs cargaisons des ma-
gasins convenablement disposés pour les recevoir. Entre les mains
des spéculateurs,les docks sont devenus un instrument d’échange très
efficace,et qui accroît la circulation d’une manière étonnante. Aussitôt
qu’une marchandise est entrée dans les magasins des docks , l’ad-
ministration fournit au déposant un certificat ou warrant qui at-
teste la nature, la qualitéet l’importance desmarchandises déposées.
Ce titre est transmissible par voie d'endossement ; le propiétaire
peut l’échanger contre de l’argent où le déposer en garantie d’un
prêt. L’endossement prouve le fait de la vente , eu sorte que sans
avoir besoin de prendre livraison de la marchandise, sans la dé-
placer , sans s’exposer à payer le moindre droit ,et sans être obligé
de la soigner et delà surveiller, elle circule de main en main comme
une simple valeur de portefeuille ; et, le capital qu’elle représente
peut être immédiatement consacré à de nouvelles opérations. Ces
avantages réunis sont si considérables que l’on ne conçoit pas com-
ment , après une expérience de près de cent cinquante années, l’ex-
emple de Liverpool n’a pas été suivi par toutes les nations commer-
çantes de l’Europe.
Il y a en effet près d’un siècle et demi que le premier dock a été
établi*, car la date de son origine remonte àl’année 1698. Liverpool
en possède aujourd’hui vingt-cinq, et l’on peut dire que c’est à ces
établissements qu’elle doit presque toute sa fortune commerciale.
Avant 1700, le port de Liverpool n’était que très peu fréquenté, il le
fut de plus en plus, à mesure que les docks se multiplièrent et ac-
quirent une plus grande importance. Les tableaux suivants indique-
ront la progression de ce développement.
———a—■—■MOTamir.mirjMigEaEawBi^BBexwaigi.1 xicummma rags
Durant toute la nuit, le bal les emporta dans son tourbillon ; elles étaient
là, joyeuses et rayonnantes comme deux reines.etmoi je demeurai captif sous
le charme poétique de leur présence,les suivant de l’œü ou m’énivrant de leurs
paroles, jusqu’à ce que le jour naissant vint faire pâlir la lumière de nos bou-
gies et mettre fin à nos plaisirs, jusqu’à ce qu’ii îallût se dire adieu ; adieu I
mot fatal qui est le dénoûment obligé de tous les accidens de la vie ; adieu I
mot funèbre qui vient tout d’un coup et brutalement vous arracher aux dou-
ceurs idéales de vos méditations, pour vous rappeler aux tristesses de la vio
réelle ; eh bien oui 1 alors, puisqu’il le faut, adieu, mes deux jeunes filles;
adieu, mes deux sœurs ; adieu, mes deux rêves! je ne vous reverrai peut-être
plus ; le hasard qui nous avait réuni ce soir nous séparera peut-être toujours.
Dans ce tourbillon qu’on appelle Paris, il arrive si souvent que l’on ne sa ren-
contre qu’une fois.
Je devais les revoir.
II.
QUELQUES MOIS APRÈS.
Nous étions au mois de juin ; la matinée était douce, odorante, et j’étais sorti
de Paris.la grande ville aux rues infectes, toutes noires de boue et de pluie,et
qu’on a la bonhomie de se représenter.dans son enthousiasme provincial, tou-
jours dans une riche parure, toujours belle, toujours parfumée. Je promenais
dans la campagne, respirant l’odeur du jeune feuillage, et mon œil, pour la
première fois depuis long-temps en face d’un large horizon.se reposait à l’aise
sur ce tapis bariolé de belles couleurs, cette brillante mosaïque. — Les eaux,
les moissons, les arbres, la mousse, les fleurs. Un air frais et pur gonflait ma
poitrine, un sentiment de bien-être inondait mon âme ; j’allais au hasard, et
je me trouvais presque tout d’un coup et sans y songer devant une maison ri-
che et de bon goût, élégante avec simplicité. J’entrai comme par instinct dans
l’avenue. Une femme se promenait, un livre à la main ; je lavis s’avancer vers
moi, j’allai vers elle ; je reconnus la vicomtesse d’Hervigny.
Mes souvenirs revinrent en foule.
— Madame, lui dis-je , après un salut respectueux et quelques mots sur le
vague sentiment de curiosité qui me procurait sa rencontre : — ce n’est point
la première fois que j’ai l’honneur de vous voir ; je me souviens avoir assisté,
il y a quelques mois, à un bal chez le comte de Saint-Maurice, où vous étiez...
avec vos deux filles...
— Je n’ai point oublié ce bal, me répondit-elle, toute émue à ce souvenir;
ça été leur dernière fête, monsieur.
Je la regardai avec étonnement ; j’avais cru comprendre, je tressaillis.
— Je n’ai point eu le malheur de les perdre, ajouta-t-elle avec un senti-
ment profond de tristesse maternelle, et si vous voulez les voir, monsieur...
— Je la suivis.
Dans un riche et silencieux appartement où pénétrait une odeur embaumée
de géranium et d’acacia, avec quelques rayons du soleil à travers les fentes
des persiennes hermétiquement closes, sur un sofa de velours noir, étaient
assises, l’une près de l’autre, deux femmes vêtues de blanc et immobiles. Nous
entrâmes ; elles ne changèrent point d’attitude.
— Les voilà, me dit M°>e d’Hervigny; et elle pleurait.
— Oui, elles étaient là, Laure et Clarisse, ces deux enfans que j’avais vues
sljeunes, si fraîches etsi rieuses, avec leursyeux si noirs qui brillaient comme
des topazes,et que j’avais peine à reconnaître, hélas i en les retrouvant pâles,
f roides comme du marbre avec un regard d’une fixité horrible.
— Ch ! que nous sommes faibles et petits ! Voyez 1 que sont-elles devenues,
ces jeunes filles! C’étaient deux types gracieux de beauté et d’intelligence,elles
portaient en elles un luxe de sève et de vie, une richesse de pensées que l'on
croyait inépuisables; et il a suffi de quelques jours à la maladie pour briser
leurs eorps et dévorer leur raison !... Qu’est-ce donc qu’une créature humaine,
ô mon Dieu ?... Laure et Clarisse étaient devenues folles.
Tableau des princtpctuic cocks et bessfres avec la date do leur construct»
Georges dock,
Craen’s bassin,
I'. nswick dock,
C: ’house dock,
P-ince’s bassin,
Queen’s dock,
Dock n° 3,
Lick n° |,
Tableau du
Nombre Tonnage
des navires entrés. des navires.
1738
1738
1738
1755
£755
1783
1738
1783
Limées.
1760
1800
1830
1834
1835
1836
Brunswick dock,
Princes’ dock,
Clareocs dock,
Dock n» 2,
Canniugdock,
Half lide bassin.
Half lide dock,
Georges bassin,
mouvement progressif dît port.
1614
1816
1630
1830
1332
1832
1832
1832
1,245
4,746
11,214
13,444
13,941
14,959
B
44,080
1,411,964
1,692,870
1,783,426
4,947,613
des s
Liv. eiorl.
»
»
»
»
O
ratai
Jts perças.
2,830
23,379
151 S29
191,729
293,637
221,993
On voit par là combien cette progression est constante et rapide.
En 1700, c’est-à-dire lors de la construction de son premier ucck,
Liverpool ne possédait que80 navires, jaugeant ensemble 4,600
tonneaux. De 1700 à 1753 trois nouveaux docks s'établirent, et en
1?51, Liverpool possédait déjà 220 navires, jaugeant 19,168 ton-
neaux : son port eu recevait 1,371 : et le nombre augmente 'ans la
même proportion que celui des docks : il y avait, en 1836,2a docks
ou bassins, et le port de Liverpool recevait U,959 navires!
Ce sont des faits dont nous livrons l’appréciation aux esprits at-
tentifs et intelligents. Nous pensons qu i! ne serait uas impossible
d’en tirer à Anvers un enseignement profitable, et s’il en est ainsi,
les avantages qui en résultent sont trop grands, pour uue i’en a’en
fasse pas un objet d’études et d’efforts. “
ÉTATS-UNIS. *
ï! circule à Londres une correspondance que l’on dit être due à la
plume d’un membre du gouvernement de Washington, et qui est peut-
être de M.Van Buren lui-même.Cette lettre porte;«Nous pouvons voir
actuellement, ce que les métaphysiciens allemands et francais aiment à
appeler un grand mouvement d’humanité. Dans la plupart des provinces,
le peuple s’est plus ou moins affranchi du joug de l’aristocratie ecclé-
siastique , et de celui d’une aristocratie militaire ou féodale ; il reste
encore une grande tâche à remplir : il faut s'affranchir de l’aris-
tocratie du papier-monnaie. Supposer que cette tâche ne sera pas
remplie, cest supposer que la marche progressive des choses qui
s’est ouverte avec la réforme doit devenir rétrograde.
Cependant, ii sera nécessaire, pour atteindre le but, de passer par
de rudçs épreuves et de grandes souffrances. La physionomie du pays
depuis quatre ou cinq ans est très triste. Il est douteux que ia majeure
partie des banques veuille reprendre les paiemens en numéraire, et
celles qui ïe voudraient ne le pourraient pas. La majorité des législa-
tures d’état favorisera plutôt les intérêts des corporations que ceux des
peuples. Le gouvernement des Etats-Unis pourra seul arrêter le mal:
qu’il fasse son devoir, et tout ira bien.
EGYPTE. — Caire , 28 novembre*
Le bateau à vapeur Hugh-Lindsay est arrivé à Suez le 17 courant,
venant de Bombay, après une traversée de vingt-trois jours. Le roi
Mais ce n’était point chez elles cette folie violente, furibonde, sans frein,
avec des grincemens de dents et de blasphèmes; cette folie qui brisa sas liens,
se démène, bave, mord ; c’était an contraire une folie paisible, terne e‘, morne*
sans éclat et sans paroxisme, toujours silencieuse et abattue, comme uns âme
en peme qui se débat sous le poids d’une éternelle douleur.
— Mes filles, leur dit M“>= d’Hervigny, c’est un ami qui vient vous voir.
Elles restèrent immobiles et muettes, e! plus d’une heure s’était ecoulée,
que je les contemplais encore dans cette attitude, écoutant leur mère qui me
racontait les tristesses de leur existence.
— Elles sont toujours maladives, comme vous !e voyez, me dit-elle ; c’est
comme une longue agonie. Elles semblent ne reconnaître personne, pas même
leur mère, elles n’entendent pas; la musique, ia plus harmonieuse, les laisse
indifférentes et froides, elles qui l’aimaient tant autrefois ; i! n’y a que les par-
fums qui puissent leur causer encore une légère et agréable impression. Elles
ne parlent jamais devant nous, mais elles chantent quelquefois. Ecoutez ceci:
il est des jours où leur sombre mélancolie semble avoir disparu, leurs visages
sont presque joyeux , elles se regardent en souriànt, et ces jours-là, de mo-
ment à autre, elles se prennent à chanter; jamais leur Yoixn’aété russi douce,
aussi pure, aussi musicale ; elles chantent les motifs les plus heureusement
trouvés, et qu’on n’a jamais entendus ; on les écouterait toujours; mais hélas!
l’illusion est de courte durée ; elle retombent bientôt dansleui état habituel
d’abattement et de torpeur.
Les paroles de M”' d’Hervigny firent naître en mon esprit bien des pensées
étranges et mélancoliques. Nous causâmes long-temps encore, et quand je pris
congé d’eüe, elle me lit promettra de revenir ; j’ai tenu parole. Mais en la
quittant, quand, pour donner quelques consolations à cettô pauvre mère , jo
lui dis que tout espoir n’était point perdu, que les secours da l’art éiaieat bien
puissans, que ses filles étaient bien jeunes encore..,..
Incurables ! me répondit-elle avec un sourire profondément empreint
d’amertume, et deux larmes coulaient le long do ses joues amaigries.
ni.
ICI !
Il est doux de mourir quand on souffre !... quand fi :i’ost pins de bonheur
pour une âme sur la terre , et que Dieu lui dit ; « Viens à moi ! * (3h I elle
doit s’élancer vers lui avec enthousiasme, en criant : « Merci »
Hier, en visitant !a longue galerie du Louvre où sont étalées toutes les pro-
ductions de nos artistes, je m’arrêtai quoique temps avec un mélancolique
plaisir devant un tableau qui rs présentait le convoi d’une jeune fille.Et je me
rappelai alors qu’il y avait trois mois, jour pour jour, j’avais vu sortir de Té-
glisse d’Auteuil, vers trois heures de l'après-midi, un cortège de jeunes filles
vêtues de blanc, qui s’avançaient vers le cimetière , et précédaient deux cer-
cueils portés par les huit plus jeunes d’entre elles, sur chacun desquels était
déposée une couronne de roses... Des pensées bien tristes, des souvenirs bien
douloureux sc présentèrent alors àmen esprit. Jerentraichez moi, et j’écrivis
ce que vous venez de lire.
Et maintenant, ô mes amis ! si jamais vous allez à Auteuil, visitez le cime-
tière du village. — A gauche, près de la porto d’entrée, s’élève une tombe
toujours entourés de verdure, toujours couverte de fleurs nouvelles, toujours
parée ; - c’est une mère qui s’est chargée de ce soin ; — et Sur celte tombe
sont gravés ces mots ;
ICI REPOSENT
LA^RE ET CLARISSE D’HERVIGNY,
iOERS JUMELLES, MORTES A VINGT ANS.
UNE LARME ET UNE PRIÈRE. |