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Staline sera invité, et qui devra régler son compte, une fois
pour. toutes, à l'odieuse tyrannie nazie. Cette conférence
de l'Atlantique a déchaïîné la fureur de la presse allemande,
. celle aussi des scribes stipendiés, délateurs professionnels et
maîtres chanteurs à la petite semaine, qui consentent, chez
nous, à remplir les colonnes des journaux, qu'ils ont volés
avec la complicité des Allemands. L'infâme Colin ne va-t-il
_pas jusqu à s'en prendre, à cette occasion, à l'infirmité de M.
. Roosevelt, ce mal sournois que le grand président domine
à force d'énergie, voire d'héroïsme ? Ces écœurants procédés
de polémique indiquent, avec éloquence, l'affreuse démence
dans laquelle l'effondrement de leurs rêves a plongé les valets
de l’envahisseur.
On conçoit, d'ailleurs, que les nazis soient déchaïînés. Les
événements de ces dernières semaines, si rassurants pour ceux
qui n'ont cessé de promouvoir le triomphe des démocraties,
constituent, pour le régime d'Hitler, autant d'avertissements,
e menaces, de profonds sujets d'inquiétude et d'angoisse.
Ce n'est point par l'effet d'un hasard que MM. Roosevelt
et Churchill se sont rencontrés en plein Atlantique. Depuis des
mois, la propagande allemande se targue d'avoir gagné la
bataille de l'Atlantique. Britanniques et Américains ne s'étaient
jusqu’à présent, donné la peine de répliquer aux vantardises de
Gœbbels. Ils se contentaient d'agir, et tandis qu'Hitler rêvait
de voler aux Anglais leur « Britannia, rule the waves», les
chantiers américains travaillaient à plein rendement pour com-
bler les brêches que la guerre sous-marine avait ouvertes dans
la flotte britannique.
_ Aujourd'hui, MM. Roosevelt et Churchill ont répondu à
Gœbbels. Pendant plusieurs jours, ils ont conféré, en plein
Atlantique, sous la protection des pavillons de l'Union Jack
et des Etats-Unis. Aucun sous-marin nazi n'a tenté de se glisser
parmi les navires de l’escorte des deux hommes d'Etat. Bien
plus, au retour de son symbolique voyage, M. Churchill a fait
escale en Islande, au moment même où l'Allemagne savait que
le «Prince of Wales» revenait vers l'Angleterre. Et il a
passé en revue, en plein Atlantique, un des plus formidables
convois de guerre qui aient franchi les océans.
_ La réussite de cette rencontre, à elle seule, constitue la plus
éloquente réfutation des sottes prétentions de la propagande
allemande,
UNE ERE NOUVELLE. .
Depuis qu'elle a conquis l'Europe, qu'a fait l'Allemagne nazie
pour promouvoir ce qu'elle appelle, en termes pompeux, un
Ordre Nouveau? Elle a asservi les peuples, étouffé chez eux
toute liberté, encouragé en les stipendiant, la plus basse ra-
caille de traîtres que l'Histoire ait connus, qu'ils s'appellent
Quisling ou Darlan, Mutsert ou Degrelle, Pavelitch ou Seyss-
Inquart. Elle a tenté, dans chaque pays, de détruire les insti-
tutions existantes, mais elle ne les a remplacées que par un
pouvoir despotique et incohérent, qui n'est même pas en me-
sure d'écarter de l'Europe le spectre de la famine. Hitler avait
eu cette chance étonnañte de disposer de l'Europe pour en
faire un champ d'expériences. Il aurait pu, pendant les quel-.
ques douze mois qui ont suivi l'écroulement de la France, ten-
ter un essai, dresser un plan, jeter les bases de cette fameuse
fédération européenne dont il nous a si souvent parlé en ter-
mes obscurs, mais dont jamais il n'est parvenu à nous définir
la structure ou l'organisation. Le bilan de ces douze mois de
ion hitlérienne sur l'Europe se traduit par le néant et
e chaos.
Les peuples opprimés n'ont pas tardé à comprendre ce qui
les attendrait, si jamais Hitler sortait vainqueur de la lutte
infernale où il s'est engagé. Ils savent qu'un triomphe nazi
ferait d'eux des protectorats d'esclaves placés sous la férule du
maître nazi et forcés d'obéir aux implacables impératifs du
régime hitlérien. La victoire du nazisme signifierait, brutale-
ment, la fin de l'Europe.
C'est pourquoi une immense espérance s’est levée dans tous
les cœurs le jour où, entraîné vers les pires expédients par sa
propre démence, le despote du Illme Reich s'est lancé sur
l'URSS. qui lui oppose une résistance inespérée. C'est pour-
quoi, dès ce jour-là, il a été permis aux peuples opprimés de se
forger une mentalité de vainqueurs.
LE TRAVAIL DES DEMOCRATIES
Car, au vide des doctrines hitlériennes, les démocraties
opposent, dès maintenant, un programme riche de promesses
constructives, Commentant les résultats de la Conférence de
l'Atlantique, M. Churchill a pu dire, le 24 août dernier :
« Cette conférence marque le moment où les nations de langue
anglaise ont pris en main les destinées des masses humaines
de tout le continent, pour les conduire hors des misères où les
ont plongées les dictatures, vers la voie de la liberté et de la
justice. » À quoi les porte-plumes d'Hitler rétorquent : « Le
voilà bien, l'impérialisme anglo-saxon que nous dénonçons de-
puis le début de notre croisade ». Car ces dégénérés et ces
vendus osent parler de guerre sainte pour camoufler leurs for-
faits !
Or, le régime nazi s'est bien gardé de nous communiquer
une version authentique des huit points qui constituent l'essen-
tiel de la déclaration Roosevelt-Churchill. Que disent-ils, ces
huit points? Que ni les Etats-Unis, ni la Grande-Bretagne ne
recherchent d'agrandissement territorial ou autre. Qu'ils ne
veulent pas de modification territoriale qui ne soit pas agréée.
par la volonté librement exprimée des peuples intéressés. Que
ces derniers choïisiront librement la forme de gouvernement
sous laquelle ils veulent vivre. Que tous les pays bénéficieront
de l'accès aux matières premières et de la participation au com- .
merce mondial. Que toutes les nations collaboreront étroite-
ment entre elles sur le plan économique. Que, grâce à la des-
truction de la tyrannie nazie, s'établira une paix qui permettra
aux nations de vivre en sécurité. Que la navigation sera libre.
Et enfin — « last not least > — que les puissances d’agres-
sion seront désarmées, car « ceux qui vivent par le glaive se le
verront arracher des mains ».
C'est dire qu'instruites par l'expérience, les grandes démo-
craties se garderont bien de retomber dans les erreurs de Ver-
sailles, Elles n'ambitionnent point — une fois Hitler disparu —
d'acculer l'Allemagne à une faillite qui ferait d'elle une révol-
tée, et accumulerait dans son sein de nouveaux motifs de dan-
gereuses rancœurs. Mais ils veulent que l'Allemagne soit ren-
due inoffensive, c'est-à-dire désarmée, pour que jamais plus
l'Europe et le monde ne connaissent à nouveau les horreurs
de la guerre totale chère à Hitler et aux aventuriers de sa
clique, L'Europe s'organisera alors sur un,plan nouveau et à la
base de ce plan s'inscrira la restauration de toutes les libertés
dont nous avons été brutalement spoliés. Et ici, ceux qui, bien
qu'ennemis d'Hitler, n'hésitent pas, maintenant encore, à van-
ter les bienfaits d’on ne sait quel régime semi-dictatorial,
verront leurs obscures espérances frustrées.
Le monde de demain s’inspirera d’une large et généreuse
tolérance, et surtout d’une vivifiante liberté. Des réformes s’ac-
compliront, certes, qui nous empêcheront de retomber dans les
errements du passé. Mais une plus juste répartition des ri-
chesses, une plus étroite collaboration économique permettront
à l'Europe et au monde de panser enfin les terribles blessures -
que la guerre leur aura portées.
Qu'un tel programme ne séduise pas les « collaboration-
nistes >» pour qui la guerre n'est qu'un moyen de revenir aux
époques les plus sombres de l’histoire, cela ne nous étonne
point, c'est dans la logique des choses. Mais à cette poignée
de traîtres s oppose dès maintenant la grande masse avide de
paix et de travail. Et celle-là a vu dans les déclarations Roose-
velt-Churchill mieux qu'une promesse, une splendide réalité
qui s'édifie lentement sur les champs de bataille d'aujourd'hui.
En pleine guerre, deux hommes représentant deux grandes
nations, deux hommes également chargés d'expérience et de
bonne volonté, se sont rencontrés, en plein Atlantique, dans le
but de sauver le monde des pires tourments qui l'accablent. Ils
lui apportent non pas une panacée, non pas ce fabuleux Ordre
Nouveau qui s'effondre dans les charniers; mais un plan ra-
tionnel et humain, basé sur la logique et la sagesse. Telle est
la profonde signification de cette Conférence de l'Atlantique
qui, parmi les peuples en guerre, a osé, passionnément, évoquer …
les splendeurs de la paix et appeler, avec une foi pleine d’ar-
deur, l'aurore des temps meilleurs.
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La guerre
. SUR LE FRONT RUSSE.
Les nouvelles du front russe continuent à être excellentes :
non seulement les Russes tiennent mais ils contre-attaquent
avec vigueur. ‘
Le secteur de Smolensk a été et reste le théâtre de combats
violents dont les Russes ont pris l'initiative et, pour la première
fois depuis que l'Allemagne est en guerre, les troupes de choc
de la Wehrmacht ont été obligées de battre en retraite. C'est
là un. fait capital dont on ne peut assez souligner l'importance.
Léiningrad n'est pas tombée. Si elle tombe nous savons que
les Allemands ne trouveront qu'une ville en cendres. Le Maré-
chal Vorochiloff l’a juré et nous savons qu'on peut avoir con-
fiance en son énergie d'acier.
En Ukraine la situation, un moment critique, se stabilise.
Le Général Hiver s'apprête à son tour à entrer en action.
Il nous avait promis de prendre son commandement au début.
obtobre au plus tard.
Attendons avec calme et confiance |
LE PACTE DE L'ATLANTIQUE.
Nous avions promis à nos lecteurs de leur donner, dans ce
numéro de «La Voix des Belges > un commentaire de ce
pacte. Nous tenons d'autre part, cette promesse.
Au moment de mettre sous presse nous recevons le texte
authentique et intégral de ce document capital. Le voici *
LE PRESIDENT DES ETATS-UNIS, ET M. CHUR-
CHILL, PREMIER MINISTRE, REPRESENTANT LE
GOUVERNEMENT DE SA MAJESTE BRITANNIQUE
DANS LE ROYAUME-UNI, sè frouvant réunis, estiment
bon de faire connaître certains principes communs de la poli-
tique nationale de leurs deux pays, principes sur lesquels ils
fondent leurs espoirs en un avenir meileur pour le monde.
1. — Leurs pays ne recherchent aucun agrandissement, ter-
ritorial ou autre.
2. — Ils ne désirent voir aucun changement territorial qui
ne serait pas conforme aux vœux librement exprimés des peu-
ples intéressés. |
3. — Ils respectent le droit qu'ont les peuples de’choisir la
forme de gouvernement sous laguelle ils vivront: et ils souhai-
tent Voir les droits souverains et le gouvernement autonome res-
taurés pour les peuples qui en ont été privés par la violence,
4, — Ils s'efforceront, tout ën respectant dûment leurs obli-
gations existantes, de faciliter à tous les Etats, grands ou pe-
tits, vaifiqueurs ou vaincus, la participation, sur le pied d'éga-
lité, au commerce mondial et l'accès aux matières premières
dont ils ont besoin pour leur prospérité économique.
5. — Ils désirent amener la plus complète collaboration entre
toutes les nations dans le domaine économique, en vue d'assu-
rer à tous de meilleures conditions de travail, le progrès éco-
nomique et la sécurité sociale. ‘
6. — Après la destruction définitive de la tyrannie nazie, ils
espèrent voir l'établissement d’une paix qui donnera à toutes
les nations le moyen de vivre en sécurité à l'intérieur de leurs
frontières, et qui assurera à tous les hommes sur tous les terri-
toires une vie à l'abri de la peur et du besoin.
7. — Une telle paix devra permettre à tous les hommes de
traverser librement les mers et les océans.
8. — Ils croient que toutes les nations du monde, pour des
raisons pratiques aussi bien que morales, doivent arriver à
abandonner l'usage de la force. Etant donné qu'aucune paix à
venir ne peut être maintenue si des armements terrestres, na-
vals ou aériens continuent d'être employés par des nations qui
menacent, ou peuvent menacer, de commettre des agressions
au delà de leurs frontières, ils croient, en attendant l'établisse-
ment d'un système plus vaste et permanent de sécurité générale,
ue le désarmement de telles nations est indispensable. Sem-
blablement, ils aideront et encourageront toutes autres me-
Sures pratiques permettant d'alléger pour les peuples pacifi-
ques le fardeau écrasant des armements.
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Ces messieurs de la Gestapo peuvent le constater: malgré
toutes les censures, tous les brouillages radiophoniques, la
vérité finit toujours par être connuel Que nos amis lecteurs
répandent largement le texte du pacte que nous leur fournis-
sons!
L'AMERIQUE PASSE AUX ACTES,
Deux faits d'une grande importance se sont passés dans ces
derniers quinze jours : ne
1.) L'incident du « Greer », ce destroyer américain qui, dans
des circonstances au sujet desquelles on n°
aucun éclaircissement, a eu un engagement armé avec un sub-
mersible allemand. Torpilles et grenades sous-marines furent
échangées. . à
Il y a un mois et demi nous avons prévu, ici même, qu'un
fait sembable devait, inévitablement, se produire.
Nous osons dire aujourd'hui que dans un délai plus ou
moins bref, l'Amérique par la force des choses se trouvera en
état de guerre avec l'Allemagne.
2.) La récente déclaration du Président Rooseveelt ne laisse
subsister aucun doute à cet égard: tout navire allemand ou
italien naviguant dans les eaux américaines sera coulé, À bon
entendeur, salut !
La Wilhemstrasse a volontiers accueilli cette déclaration
avec arrogance. La Kriegsmarine, jusqu'à présent, se montre
plus prudente. Pendant combien de temps parviendra-t-elle à
éviter la rencontre décisive? Telle est la question, la seule
queestion qui se pose aujourd'hui.
LE JAPON.
Rien à signaler. Plus impénétrable que jamais, l'attitude
japonaise.
Tiens, tiens, pourquoi donc, si les affaires de l'Axe allaient.
si bien...? <
Sait-on que 2.
- 1. — Saït-on que 54 garages de Bruxelles travaillent pour
l'occupant? Ils ont du fournir 30 p.c. de leur personnel pour
aller travailler en Allemagne et en Pologne. 1.080 mécaniciens
ont quitté Bruxelles entre le 1er et le 10 août dernier. Ces mal-
heureux se trouvent actuellement entre Minsk et Smolensk.
Certains d’entre eux ayant refusé d'aller aussi loin ont été ,
renvoyés en Belgique. Les garages qui les occupaient ont re-
fusé de les reprendre ! ;
2. — Sait-on qu'au ler avril 1941 l'occupant avait réqui-
sitionné en Belgique :
125.000 voitures sur un total de 225.000:
40.000 camions sur 75.000; : f
25.000 motos sur 60.000.
3. — Sait-on que le 2 septembre dernier 3 à 4.000 marins
sont arrivés à Anvers? Vers 17 h., 400 d'entre eux environ
sont passés, précédés de tambours avenue De Keyser en pous-
sant des cris séditieux. L a Wehrmacht dut intervenir violem-
ment pour rétablir l'ordre. ’
4, — Sait-on ces deux beaux exemples de fermeté donnés
par deux de nos directeurs d'ateliers de la S.N.C.F.B.? Tous
deux avaient été « sollicités » par l'occupant de lancer un ap-
pel à leurs ouvriers pour les engager à partir travailler en
. Allemagne. Tous deux refusèrent. Tous deux furent arrêtés
sur-le-champ.
Ces faits se sont passés le premier le lundi 18 août aux Bas-
Prés à Namur, le second à Salzinne le 26.
Toutes nos félicitations !!
Par contre nous aurons, en temps et lieu, deux mots à dire
au dénommé Corneille et au sous-Directeur D..., des ateliers
des Bas-Près, qui eux n’hésitèrent pas à faire l'impossible
pour satisfaire les moindres désirs de l'occupant.
5. — Sait-on que la Chambre Syndicale des Grands Maga-
sins vient d'informer ses membres que l'autorité occupante lui
a «suggéré» qu'il serait opportun qu'une ou plusieurs de
leurs vitrines soient affectées à l'exposition de cartes, tableaux,
etc., relatifs au déroulement des opérations à l'Est.
a voulu nous fournir .
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