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L’ÉMULATION.
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seigneur portant une armure recouverte d’un manteau ajouré,
aux fines broderies rehaussées d’écussons et d’autres armoi-
ries. L’épée est en bandoulière retenue par une banderole
finement sculptée représentant des pierreries et des ciselures
de toute beauté.
Cette statue est celle qui reposait sur le mausolée de Robert
de Ligne, prince de Barbençon. Ce mausolée était placé sous
la tribune où se trouvaient les orgues à trois claviers.
L’autre découverte a été faite par M. Naveau dans la salle
même où a été placé la statue.
C’est une pierre tombale d’un grand mérite archéologique,
en marbre blanc, bien conservée, d'un mètre carré. L’inscrip-
tion suivante y a été relevée :
Extra hic extant et quievit corpus Rmi Præsulis Roberti, episcopi
Leodiensis 68, qui primus in orbe christiano festum Corporis Christi
celebrandum. Indixit. Dein. Claram. Wallem. Delatum. Cum. Fuisset.
Olim. episcopus Ligonensis. Obit 17nokal novembris, anno Domini 1247.
Cette pierre tombale est celle de Robert, prince-évêque de
Liége.
BEAUX-ARTS
Le Prix de Rome pour la sculpture
Le concours est ouvert, en 1897, à la sculpture. Tout
artiste belge ou naturalisé peut être admis à concourir, s’il
n’a pas atteint l’âge de 31 ans, le 31 décembre. Le lauréat
reçoit, pendant quatre années consécutives, une pension de
voyage de 5,000 francs, pour compléter ses études à l’étran-
ger.
Outre le grand prix, il peut être décerné un second prix et
une mention honorable. Le second prix consiste en une
médaille d’or de la valeur de 3oo francs ; il peut être accordé
en partage ainsi que la mention honorable.
Le nombre des concurrents pour le prix est limité à six.
Ce chiffre pourra toutefois être plus élevé si, à la suite de
l’épreuve préparatoire, deux ou plusieurs concurrents ayant
le même nombre de points occupaient la sixième place. Quel
que soit le nombre des concurrents qui se présentent, il y
aura une épreuve préparatoire.
L’épreuve préparatoire consistera : en une tête d’expres-
sion de grandeur naturelle, une esquisse, composition ou
ébauche, et une figure en pied de 1 mètre de hauteur. Les
concurrents auront deux jours pour la tête d’expression,
quatre pour l’esquisse et dix pour la figure.
Dans le cas où aucun des concurrents ne serait jugé capa-
ble, le jury pourra déclarer qu’il n’y a pas lieu de procéder à
l’épreuve définitive. Le concours préparatoire s’ouvrira à
l’Académie royale des Beaux-Arts d’Anvers, le jeudi
4 mars 1897, à 11 heures du matin.
NÉCROLOGIE
Notre Société vient de faire une nouvelle et irréparable
perte.
M. Félix Laureys, architecte, chevalier de l’Ordre de Léo-
pold, professeur à l’Académie royale des Beaux-Arts et à
l’Ecole industrielle de Bruxelles, membre de l’Académie
royale de Belgique, membre d’honneur de la Société Cen-
trale d’Architecture, est décédé le 13 février dans sa77e année.
Nous publions ci-dessous le discours que notre président,
M. V. Dumortier, a prononcé à ses funérailles qui ont eu
lieu le 18 du même mois :
« Messieurs,
« C’est au nom de la Société Centrale d’Architecture, au
« nom de tous nos confrères, que nous saluons la dépouille
« mortelle du regretté Félix Laureys, que nous venons rendre
« un suprême hommage à l’artiste, au Maitre respecté, qui fût
« le professeur de plusieurs générations d’architectes.
« Né à Ostende le 10 avril 1820, de parents peu fortunés,
« Félix Laureys dut songer de bonne heure à subvenir seul
« à ses besoins.
« Après quelques études rudimentaires dans une école de
« village, il fût envoyé tout jeune encore à Bruges, comme
« apprenti menuisier.
« Privé de soins, de la tendresse maternelle, l’enfant y
« mena une existence des plus dures.
« Cette pénible période de sa vie, qu’il aimait cependant à
« rappeler, laissa en lui des traces profondes, et lui donna cet
« abord un peu rude, déconcertant qui, on s’en apercevait
« rapidement, cachait un cœur d’or, une âme d’artiste.
* *
« L’apprenti menuisier avait un idéal : il voulait devenir
« architecte, comme son oncle, Tilman Suys ; aussi recher-
« chait-il toutes les occasions de compléter ses connaissances,
« hélas, fort insuffisantes !
« Il entra bientôt à l’Académie des Beaux-Arts, et se mit
« bravement à apprendre seul, en empruntant aux nuits le
« temps qui lui manquait le jour, l’histoire, la géographie,
« les langues modernes qu’il s'assimilait avec une remar-
« quable facilité ; ses progrès rapides l’enhardirent, au point
« qu’il se lança dans l’étude des langues mortes et cette éru-
« dition, ignorée du grand nombre, fit plus tard l’étonne-
« ment de ses intimes.
« Il passa dans ce labeur incroyable les années que bien
« d’autres consacrent au plaisir; il parvint ainsi à se faire
« admettre successivement aux Académies de Gand, d’Anvers
« et de Bruxelles.
« En 1849, l’apprenti menuisier obtenait le prix de Rome!
« Son rêve se réalisait, il devenait architecte !
« Aussi avec quel enthousiasme, partageant généreusement
« sa pension avec un de ses intimes qui devint son compa-
ti gnon de voyage, parcourût-il alors la France, l'Espagne,
« l'Italie ; celle-ci lui resta si chère que chaque année il y
« retournait s’abreuver, disait-il, aux sources pures du grand
« art et revivre pendant quelques semaines, de ses belles
« années de primus, les meilleures de son existence.
« L’Académie conserve de lui, des rapports les plus inté-
« ressants, les plus délirants, sur les merveilles artistiques de
« l’Italie et il n’était point de plus influente recommandation
« auprès du professeur ou de l’académicien qu’un peu d’en-
« thousiasme pour le pays du soleil.
« A soixante-dix ans, il entreprend encore en compagnie
« d’un de ses élèves, prix de Rome comme lui 1), un long
« voyage en Grèce et en Orient dont i1 rapporte des docu-
« ments précieux destinés à un ouvrage sur les ordres grecs,
« qu’il laisse inachevé et qui, dans sa pensée, devait complé-
« ter sa série de modèles d’architecture classique dont l’usage
« est devenu général dans toutes les écoles d’art du pays.
* *
« D’une modestie innée, qui parfois touchait à la timidité,
« toujours préoccupé de l’enseignement qui l’attirait et l’ab-
« sorbait, Laureys ne rechercha ni les faveurs ni les com-
« mandes officielles ; c’est à peine s’il laisse quelques monu-
« ments : la restauration du château de Wynendael, la
« succursale de la Banque Nationale, à Tournai, une église
« et un hospice en Hollande, quelques habitations, l’agran-
« dissement de la gare du Nord et la gare d’Ostende, sa ville
« natale, dans laquelle cet enthousiaste du classique fit
« preuve qu’il n’ignorait pas les beautés de l'art ogival.
« Aussi, c’est à un âge déjà fort avancé qu’il reçut la croix
« de chevalier de l’Ordre de Léopold, récompense que d’au-
« tres, moins méritants parfois, n’attendent pas pendant
« d’aussi nombreuses années.
« Tel fût, Messieurs, l’artiste honorable et universellement
« respecté. En rappelant ici ses qualités qu’il nous eût empê-
« ché, lui vivant, de proclamer, nous avons voulu remplir
« un triste mais impérieux devoir.
« Puissent ces sincères paroles apporter quelque soulage-
« ment à la douleur de ses parents et de ses nombreux
« amis. »
CONSERVATION DES MONUMENTS
La restauration du Château des Comtes, à Gand
(Suite et fin)
Une réponse à cet article ne se fît pas attendre; elle émane
de M. J. De Waele, architecte chargé de la restauration, et
a paru dans l'Art moderne du 6 décembre dernier.
Nous en extrayons les points suivants, en réponse directe .
aux observations de M. L. A. :
« — D’abord, le Château n’a pas cette subtilité de moyens
défensifs dont parle l’auteur de l’article. C’est une construction
qui a, au contraire, un caractère de simplicité et de rudesse,
voire même une rusticité d'exécution, qui exclut les « petits pro-
cédés de détail ».
— On ne procède en aucune façon, dans cette reconstitu-
tion, par des projets préconçus, puisque les plans ne s’élabo-
rent qu’au fur et à mesure des dégagements, et que l’on se
borne momentanément à l’enceinte dont « la forme est assez
bien définie », au dire de votre correspondant. Dès lors,
l’exemple de Pierrefonds, qu’il cite, n’est pas applicable à
notre Château.
— Le donjon n’est pas en cause, et le jour où l’on en pro-
duira les plans, ceux-ci s’appuyeront sur des témoins irrécu-
sables.
— Aucune résolution n’est prise au sujet de la cour haute
ni du bâtiment arbitrairement appelé « Chapelle ». Celui-ci
n’est pas même dégagé complètement.
— Tous les niveaux ont été déterminés et rapportés à la
cote d’Ostende. Ils sont indiqués sur les murs, et le niveau de"
la Lieve aux deux étiages est affiché en permanence à l’entrée.
— Là où le mur d’enceinte est restauré, ou va l’être, les
(1) Notre confrère Dewulf, actuellement architecte de la ville de
Bruges. |