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L’ÉMULATION.
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niveaux ont été constatés par une commission. Le procès-
verbal de l'opération a été rédigé et signé par les membres.
Les deux voûtes du châtelet d’entrée ne constituent pas
un problème, puisque la voûte inférieure était de construc-
tion récente et devait servir à intercepter les infiltrations,
dont se plaignaient les ouvriers de fabrique et les habitants
de l’enclos.
Les nierions étaient bien couverts de pierres plates ;
quelques-unes sont encore en place.
Les meurtrières sont anciennes dans la plupart des
tours et ne peuvent donc être contestées.
Le monument, sous peine d’écroulement, ne pouvait
rester « indemme de toute restauration ». Les fonctionnaires
les plus éminents de l’administration des ponts et chaussées
l'ont constaté, et on ne peut méconnaître leur compétence à
cet égard.
— Pas une seule pierre ancienne n’est tombée depuis le
jour ou l’on a entamé les travaux, ce qui prouve que tous les
soins ont été apportés au dégagement et à l’étançonnage.
— Les ancrages ne pouvaient consolider les constructions
désagrégées, qu’on a dû restaurer.
— On n'a pas touché à l’inscription de Philippe d’Alsace,
et il n’est pas admissible qu’on puisse prêter à un homme
intelligent l'intention de gratter des parements anciens. Ceux-
ci ont subi un rejointage nécessaire, qui a laissé la patine de la
pierre même intacte.
L’aspect dont on déplore la perte, était un résultat de la
juxtaposition de maisons ayant laissé sur le mur d’enceinte,
employé comme mur mitoyen, les traces les plus singulières.
Cet aspect regretté est propre aux amas de constructions
croulantes, les plus vulgaires et les plus sordides, qu’on voit
encore, hélas! dans la plupart de nos vieilles villes.
N’y aurait-il donc plus à considérer que l’art du peintre...
et dans un monument, tout se résume-t-il en une question de
tons ?
Votre correspondant semble le croire......................»
Comme, au 13 décembre, M. L. A. revint à la charge sur
certains points, M. De Waele répondit (Art moderne, n° du
20 décembre) ce qui suit :
1° J’ai cru que par la constatation de l’existence des pierres
plates sur les merlons, cette question était écartée. Puisqu’il
n’en est point ainsi, j’ajouterai que les dos d’âne signalés
étaient obtenus par des teintes rouges superposées, qui
étaient venues remplacer les pierres plates effritées: ces der-
nières sont, du reste, conformes aux usages du temps, car on
peut poser les règles générales suivantes :
Les pierres de couverture des crénelages romains étaient
plates et saillantes; pendant le xiie et une grande partie du
xiiie siècle, elles restent plates, mais perdent leur saillie, qui
donnait prise aux grappins de l’assiégeant ; vers le xive siècle,
elles prennent des glacis, parfois couronnés d’un boudin ;
2° Les fouilles faites le long de la rue de la Monnaie et de
la place Sainte-Pharaïlde ont montré, à l’évidence, que le
mur était fondé sur berme ou en terre-plein ; tandis que le
déchaussement fait le long de la Lieve a fait constater l’exis-
tence d’un fossé. Comme il restait à fouiller la partie de l’en-
ceinte donnant sur la propriété démolie, il y a quelques
semaines, la question reste ouverte et ne pourra être résolue,
en parfaite connaissance de cause, que pendant l’exercice pro-
chain ;
3° Les meurtrières se terminant en pointe à l’intérieur
n’ont pas disparu, et la tour dans laquelle on les trouve
appartient à la partie non restaurée.
Du reste, ces meurtrières forment des niches avec ban-
quettes percées et sont évidemment établies à deux fins ;
elles peuvent donc être considérées comme exceptionnelles ;
4° Enfin, quant à la nécessité de tailler à pied d’œuvre les
pierres livrées à l’état brut sur le chantier, ceci est vrai d’une
façon absolue et le procédé préconisé devrait être adopté dans
toute restauration.
Cependant, le Château des Comtes souffre moins qu'un
autre monument des procédés en usage et ce pour la raison
suivante :
Les pierres qui doivent être employées à la restauration,
sont : les moellons de Tournai ; la pierre appareillée de
Tournai; un grès rose extrêmement dur. Le moellon arrive
à l’état brut; le grès est élevé à dimension, et ne pourrait
être traité autrement à pied d’œuvre qu’à la carrière ; de sorte
que la thèse émise n’est applicable ici qu’à la pierre appa-
reillée de Tournai.
Je crois avoir rencontré toutes les objections de mon hono-
rable contradicteur sur le terrain des faits ; c’est le seul sur
lequel je désire me placer.
Agréez, etc.
Enfin le Comité du Château des Comtes, de Gand, pris
à partie, nous adresse la note ci-jointe en réponse aux obser-
vations faites ; nous nous empressons de la mettre à la suite,
afin que le lecteur puisse, en connaissance de cause, juger le
débat.
« Depuis 1886, le Comité du Château des Comtes, s’est
efforcé de coopérer, en dehors de tout parti pris, à la solution
des questions multiples qu’ont soulevées successivement
l’acquisition et le dégagement du Château des Comtes à
Gand ainsi que sa restauration en cours d’exécution, laquelle
est limitée, quant à présent, à l’enceinte extérieure.
Récemment les travaux de cette restauration de l’enceinte,
confiés à M. l’architecte J. De Waele, ont été l’objet d’atta-
ques formulées avec une grande légèreté.
Aussi le Comité du Château des Comtes croit-il de son
devoir d’éclairer le public, autant qu’il est en son pouvoir, sur
la réalité des choses, afin de couper court aux légendes et aux
malentendus. C’est pourquoi il fait appel à la presse de tous
les partis, priant les journaux de bien vouloir lui accorder
l’appui de leur publicité hautement appréciée.
Le Comité juge indispensable de faire les constatations
suivantes :
1° La restauration de l’enceinte extérieure s'est bornée à la
réfection des parties que le temps et les hommes avaient
détruites, en copiant scrupuleusement les parties correspon-
dantes demeurées intactes à d’autres endroits du même mur
d’enceinte.
2° Cette restauration, qui s’imposait, vu le délabrement de
certaines parties de l'enceinte, notamment du côté de la place
Sainte-Pharaïlde, n’a été exécutée d’après les plans de M. De
Waele qu’après que ceux-ci eussent été étudiés et approuvés
par le Comité du Château des Comtes et par la Commission
royale des Monuments.
3° Cette restauration a été une réfection aussi conscien-
cieuse que sûre, tous les éléments se trouvant heureusement
conservés dans les parties de l’enceinte restées intactes, de
manière à donner les indications nécessaires pour les travaux
à exécuter ailleurs, ce qui a permis de ne rien baser sur des
hypothèses toujours sujettes à caution, quelles que soient la
science et la compétence de leurs auteurs.
4° Des hommes compétents en grand nombre ont pleine-
ment reconnu les mérites de cette restauration, réduite au
strict nécessaire et faisant valoir enfin un monument unique,
dont les voûtes lézardées, les tourelles ébréchées et dépenail-
lées, les murs troués et déchiquetés, indignement maculés par
toute sorte d’usages domestiques, n'offraient plus, à de cer-
tains endroits, que l’ombre de l’ancien castel, altier et gran-
diose, de nos comtes de Flandre du xiie et du xiiie siècles.
Aussi le Comité du Château des Comtes ne fait-il que
s’acquitter d’un devoir impérieux en revendiquant hautement
toute sa part de responsabilité dans les travaux de restauration
exécutés d’après les projets de M. De Waele, qui nous ont
rendu enfin, au moins partiellement, notre vieux château
relevé de ses ruines et lavé de ses souillures.
Le Comité est convaincu qu’il peut compter, à l’avenir
comme dans le passé, sur l’appui de l’opinion et des pouvoirs
publics pour poursuivre et mener à bonne fin l’œuvre entre-
prise, il y a dix ans, et qui, jusqu’ici a été couronnée d’un
plein succès, grâce à la collaboration empressée de toutes les
bonnes volontés.
Le Comité du Château des Comtes :
Baron A. de Maere, Président.
Comte A. de Limburg Stirum, Vice-Président.
Baron J. Bethune.
Chevalier E. de Nève de Roden.
Aug. Van Assche.
Ferd. Van Der Haeghen.
E. Varenbergh.
Julius Vuylsteke.
Paul Fredericq,
Arthur Verhaegen,{ Secrétaires.
Gand, le 3 novembre 1896.
La Poorters-Loge, à Bruges
La restauration du palais Gruuthuuse, à Bruges, n est pas
encore complètement achevée, qu’on vient de décider la res-
tauration d’un autre monument historique, la Poorters-Loge
ou ancienne Académie des Beaux-Arts. L’Etat s engage à
restaurer à ses frais le vieux monument, d’après les plans éla-
borés par M. De la Censerie. L’ancienne académie se trouve
sur la place Jean Van Eyck, dont la plupart des maisons ont
déjà été restaurées, et ou l’on remarque entre autres la jolie
façade du Tonlieu (perception des droits de place au marché).
La Poorters-Loge n’avait primitivement que le tiers de sa
largeur actuelle et servait au xive siècle de lieu de réunion
aux bourgeois. La société de joûte de l’Ours blanc y avait
son siège. L’ours (1417), son emblême, se trouve encore dans
la niche, au coin du bâtiment vis-à-vis de la rue Espagnole ;
on l’appelle le plus ancien bourgeois de Bruges.
Nul doute que notre talentueux confrère ne fasse de cette
restauration une œuvre aussi remarquable que la reconstitu-
tion du Gruuthuuse.
La collégiale de Sainte-Waudru, à Mons
On travaille activement à la belle collégiale de Sainte-
Waudru, à Mons.
On débarrasse à l’intérieur les murs du plafonnage et du
badigeon dont les parements en grès de petit appareil avaient
été recouverts au commencement du siècle, et ces beaux
matériaux mis à nu, s’harmonisent avec la structure monu-
mentale en pierre de taille de petit granit, dont elle adoucit
l’aspect.
On va placer un grand vitrail dans l'une des fenêtres du
transept; c’est l’ancienne verrière de cette fenêtre, dont il ne
restait que des débris, qui a été restaurée.
Ces travaux se font sous la direction de notre collabora-
teur, M. l’architecte J. Hubert. |