Full text |
ivois pa
5 m.dci
fialiu.
ti. 15 m. i
tin et 4 I
30 m. di
35 m.
!T OSTEN
h. du
3h. 35
(M. 0.)
ANVERS , Dimanche O JIITIER 1SJI9.
(Quatrième Aimée.)
Oïî E'ABOIJNE
4 Anvers, au Bureau du
(curseur, rue des Fa-
lsN° 1095, où Sc trouve
e boite aux lettres et ou
vent s’adresser tous les
a Belgique et àl’étran-
, chez tous les dircc-
rs des postes.
\ Paris, à l’Office-tor-
pondance de Lepelle-
-Bourgoin et comp.e,
Notre-Dame-des-Vic.
„1res N° 18.
PRECURSEUR
JOURNAL POLITIQUE, COMMERCIAL, MARITIME ET LITTÉRAIRE.
.ncessam
(24)
portugai
iartir ver
(18)
je Pheni
nenf.
(19)
iis Aryo
lient.
1019
incessam
itteveen
(11)
,E. — Li
ms, poui
['Anvers
245)
;« J lias
t.
(1246)
dge Nef1
nment
234)
PAIX.
LIBERTE.
PROGRÈS.
abouhekem.
Par An....... 60 fr.
» 6 mois...... 30
H 3 » ...... 15
FOUR LA BELGIQUE.
Par 3 mois.... 18 fr,
PO UH L'ÉTRANGER.
Par 3 mois... 20 fr.
ANNONCES.
25 centimes la ligne.
Laquatrièmepage, con
sacrée aux annonces es
affichée à la bourse d’An
vers et à la bourse de
principales villes de com
merce.
6 J AD VIER.
4in5m.! PROJET D’ADRESSE I)E LA CHAMBRE
dumal® ' DES DÉPUTÉS..
05 m. Nqus avons publié hier un bulletin extraordinaire,
h.ism. i „tenant [e projet d’adresse de la chambre des dépu-
m- ' sde France, en réponse au discours du trône. Ce
«, et 51 «ument est d’un très grand intérêt dans lescircon-
itices actuelles , et, craignant que la feuille déta-
xe que nous avons fait distribuer hier soir n’ait pas
{remise à tous nos abonnés,avec toutel’exactitudedé-
, Quint able, nous croyons devoir le reproduire aujour-
v pou liui dans le corpf même de notre journal. (voir sous
. rubrique de Paris.)
m) °° Le langage de ce projet d'adresse est-il favorable à
Clothilde Belgique ? Telle est bien certainement la première
lassagen ose que l’on cherchera à connaître. Voici la phrase
„ lative à nos affaires :
-Caymax
(1179) " Vôtre majesté espère que les conferences reprises
t.ônçfres’dônncfçtuiin nouveau gage alu repos de l’Eu-
pë ét a l'indépendance de là Belgiqùe. Nous faisons
s Vœux sincères pour ce peuple auquel nous lieëlroi-
tvires ment la conformité des principes et des intérêts. La
RISAR ambre attend l'issue des n'égociàlions. i>
ILY. Certainement,il y a là un témoignage de sympathie
ecfacuii )ur nos intérêts , et ce témoignage ne pouvait man-
jsentc pi jei- de se manifester, filais est-ce là une démonslra-
Le bric m te]|e qUe qUeiques personnes semblaient l’attendre
la chambre française ? A parler franchement, nous
le pensons pas, et nous sommes persuadés que l'on
pérait plus. Si l’pn compare cette phrase, à quel-
les autres de celles qui sont comprises dans ce pro-
t d’adresse,,otip$e peut s’empêcher de reconnaître
elle est pâle et faible. Le langage est, par exemple,
len-autrehient éhèfgîque Idfstfn'il s’agit d’Ancône, et
ine (tune simple mesure financière, la conversion.
Bm nôus parait évident que 1 intention de la chambre
'sani ança'éê n’est nullement de faire de la question HÓF
ige Deu ‘idôiBelge uflf qùeslion capitale , que le gouverne-
ment. (!) uiRjfliM'a à'cet égard J(Mit«»!taM.itnde +et fou sait déjà
4se Ann miles son{ ,jos intentions du gouvernement. Le dis-
— mrs d’ouverEÖfè, ét’èê’ ÇJtft&jfessë à la chambre
aige Ere s pairs ne peuverrt laïssfef ■ iróefégard le moindre
>ur parti JirtèV ‘ T ' - •
En sôtqme le projet (t’adresse de la chambre des
ni tés oijéïs paraît très belliqueux contre le ministère,
ais contre leministère seulement.
Francfort, 29 décembre. — Il se confirme entière-
lerit que l’exécution du traité modifié du 15 novembre
Sôl a été retardée. Ce retard a été obtenu des autres
aissaficespar les efforts du cabinet français. On apprend
)e. dans ces ilernicrs temps, l’ambassadeur francais à
rlin, comte Bresson, a eu avec le ministre des affaires
rangères , SL de Werther, de fréquentes confié fonces
latives à l’affaire hollando-belge. Comme la Prusse est
ipelée à avoir une coopération militaire réelle dans
xécution des 24 articles, on comprend facilement que
gouvernement français, qui n’est pas animé de senti-
bnots Buts moins pacifiques que ceux des autres grandes
îissances, soit entré particulièrement en négociations
«c te gouvernement prussien.
RS.
Bernard
llini.
\sellc via
140
125
16 3,4
5 I[i6
105 7[8
77 -U
R.
59 Spc
80
56
35 7/8
36 >/4
11 97'/.
12 05
55 '5/i6
35 ,'/,«
10
{• .r-y , ---
' NOUVELLES
D’ALLEMAGNE.
On n’emploira pas, quant à présent, la force des ar-
mes contre la Belgique ; cela est certain, quoique le
correspondant de Francfort du Handelsblad ait encore
écrit à ce journal, sous la date du 21, qu’il pouvait as-
surer, d’une source qui méritait la confiance la plus
entière, qu’on réunissait sur les frontières de Belgique
un corps d’armée prussien. On veut laisser à la Belgique
le temps de se rendre à la raison.
— La Gazette d'Etat de Prusse annonce officiellement
la nomination de M.dc Ruppenlhal au poste de conseil-
ler supérieur intime de justice et do directeur de la
division dù fiiinislèrc de la justice concernant l’adminis-
tration de la justice dans la province du Rhin.
Vienne, 20 décembre. — Nous apprenons de Goertz
que le duc de Bordeaux ira incessamment à Venise où il
passera quelques semaines, et qu’il se rendra ensuite à
llome et à Naples.
ANGLETERRE.
Londres, 3 Janvier. — La marquise de Brcadalbane
doit succéder à lady Durham comme dame de lacharu-
bre à coucher de S. M. (Mqrning-Chrôntclç.)
— On a reçu l’ordre de Brighlon au palais de Buc-
kingham, de préparer ce palais pour la réception deS.
M. , qui arrivera le 8 de ce mois. (.1 lorning-Post.)
— Nous regrettons de devoir annoncer que la prin-
cesse de Capoue a été fortement malade à Sall-Hill. Le
docteur Holland a été mandé on toute hâte. (Idem.)
— Les nouvelles reçues du Canada par le gouverne-
ment, sont datées de Toronto le 4 décembre. Elles ne
contiennent aucune nouvelle importante, si ce n est que
la cour martiale à Kingston avait prononcé son jugement
Contre le général polonais Von Schullz. Il a été condamné
à mort, et les dépêches annoncent que cette sentence
sera mise à exécution sans délai. Les autres procédures
n’étaienl pas terminées au départ des dépêches.
(Courier.)
— Un meeting de l’Union politique de Manchester, a
eu lieu en celte ville, à l’effet de former un comité pro-
visoire pour veiller sur les intérêts du révérend M. Ste-
phens, à propos des récentes persécutions, et aussi à
l’effet de considérer si un meeting des classes ouvrières,
annoncé pour mercredi, aurait lieu ce jour-là, ou serait
remis à jeudi, quand le résultat du nouvel interrogatoire
de M. Stephens serait connu. M. Feargus O’Comiur, qui
était arrivé le jour même de Londres, assistait au mee-
ting. '
-Plusieurs discours ont été prononcés. Le dernier ora-
teur, M. Oaster, a terminé en faisant entendre que si
mal arrivait à M. Stephens, un jour de terrible liquida-
tion arriverait.
Le révérend M. Stephens a été à Manchester toute
la journée ; mais il n’a pas assisté au meeting. Depuis
qu’il a été mis en liberté sous caution, il a prêché dans
sa chapelle d’Ashlon devant un public nombreux. Des
meetings, à l’effet d’exprimer de la sympathie à M. Ste-
phens et la résolution de ses amis de le soutenir, ont
également eu lieu à Bradford et à Rochdale. (Idem.)
ESPAGNE.
Des frontières de la Navarre, le. 30 décembre.
Après avoir été passée en revue par le eomte de Luchana,
la division delà Ribera, forte de 14 bataillons et de 7 esca-
drons, a pris la route de Pampelune, où elle est arrivée il y a
quelques jours. (Sentinelle dos Pyrénées du 1er janvier.)
— Le baron de Meer n'a pu profiter de sa victoire et se
porter sur Berga ; le défaut de vivres a arreté sa marche.
Feuilleton du Précurseur.
LE CHEVALIER DE CHABERT.
la petite maison de campagne que le chevalier de Chabert
ait louée de la marquise Studly en 1778 pour s’y retirer ,
sait-il, sur scs vieux jours , bien qu’il n’eût guère plus de
ente ans, était située au pied même du château de Windsor,
)nt l’irrégulier profil se dessinait hardiment sur le ciel avec
terrasses, ses remparts et ses bâtiments de différents âges,
s petite maison avait l'air de narguer le vieux château ; car
le aussi, pareille au caslel en miniature que possédait IIo-
ice Walpoole (*), elle avait une apparence toute féodale.
Et d’abord, baignée par la Tamise qui lui apportait chaque
afin au lever de l’aurore les senteurs du parc, les voix de
chapelle et le son de la musique guerrière des régiments,
le eût été éveillée par le seul ramage de ses trois girouettes
itriarchales sifflantes au vent avec un murmure chcvaleres-
»e Un petit donjon aux parois de mousse et de lierre, une
ilerie donnant sur la campagne de Richemond, un pont-
vis à grosses chaînes, et surtout trois citadelles à créneaux
tints, complétaient à l'oeil du curieux cet ensemble de pré-
mtions gothiques. Celte sorte d’édifice moitié pastoral et
initié guerrier, cédé par la marquise Studly au chevalier de
habert pour un bail de Irois années, avait au dehors toute
mine d'un château-fort ; mais l’intérieur en rachetait la
izarrerie. Ainsi, malgré le respect dû aux modes anglaises
«ors, tout le dedans de la petite maison était dans le style
is appartements de Louis XV ; partout des trumeaux, des
jrcelaines. des laques, des flambeaux à bras. Les fauteuils,
Cés de moutons et de fables de La Fontaine en tapisserie,
raient l'air d'être arrivés de Trianon ou de Versailles l’avanl-
«lle; les paravents seuls auraient pu rappeler au chevalier
■ux qu’il laissait à Paris dans sou hôtel de la rue Saint-Ho-
té. Toutes tes petites délicatesses dues au génie des ébé-
Res et des maîtres tapissiers avaient été mises en réquisi-
jn, pour meubler cette demeure anglaise, par la vieille
hquise Studly, qui, avant tout, raffolait de la porcelaine.
[') Strawborry-HUI.
La marquise Studly, propriétaire de cette charmante de-
meure où elle n'était pas allée depuis deux ans, donnait alors
le ton dans le quartier de Porlland-Place à Londres, et n’avait
pas le loisir d’habiter Windsor qu’elle trouvait trop bourgeois
pour elle. La cour, préoccupée d’intérêts graves, visitait fort
peu Windsor ; et puis imaginez qu’il fallait tant de prépara-
tions à la marquise Studly pour qu’elle pût aborder , selon
elle raisonnablement, ce qu’elle appelait le grand jour 1 Elle
passait sa vie dans les cosmétiques, les fards, les pommades.
La rotondité aristocratique de la marquise l'avait fait devenir
en peu de temps le synonyme de la Tour de Londres ; quand
elle entrait par malheur avec ses paniers, qui la gonflaienten-
core davantage, dans une loge d’opéra, personnen’osait affron-
ter avec elle les honneurs de la première banquette. Sa per-
ruque à boucles noires et luisantes était d’ordinaire surmontée
de deux grandes plumes, l’une verte et l'autre rose, qui s’en-
trebaisaient amoureusement sur sa tête, comme deux ramiers.
Sesjoues constamment rubicondes laissaient à peine par leur
ambitieuse ampleur une place â son nez aplati comme un
schelling au milieu de sa figure. Scs épaules avaient l'air d'une
vraie montre de dentelles; elle portait des pélerines incon-
cevables de tours et de retours. Opulente et sédentaire, cette
énorme marquise ressemblait de plus aux chiens carlins ;
elle était gâtée à force d’embonpoint et de bonheur.
Le chevalier de Chabert n’avait pas vu une seule fois sa
propriétaire. Quand il loua sa maison à Windsor, il ne de-
manda que l'intendant de lady Studly ; il avait hâte d'en finir
comme s’il allait faire une folie. En effet, la marquise ne lui
en avait cédé la possession que sur le pied de mille livres ster-
ling par an.
La première saison que le chevalier passa à Windsor fut
vraiment une saison miraculeuse. Il y installa toussesamours
de Paris, tout ce qui faisait à Paris la vie des gentilshommes
d’alors. Il eut bien soin, le digne chevalier, dés qu'il fût arri-
vé à Londres, de prendre la vie au rebours des Anglais ou des
anglomanes ; cela lui réussit et le fit remarquer. Ainsi il dé-
clara le vin d’Oporto un vin déplorable et d'un gros rouge,
disait-il ; il but à grand'peine du Madère et du Xerés. En re-
vanche, â tous les dîners imaginables il fit raison et même
défi (challenge) avec le vin de Bordeaux, la liqueur de mada-
me Amphoux, le Moulin-à-Vcnt et le vin de Champagne. Le
dimanche, il y avait une file de voitures depuis le parc de
Londres jusqu'à ce petit jardin de Windsor; c'étaient les
conviés de Chabert.
L'hiver est trop avancé pour qu’il puisse maintenant faire
cette expédition; elle est remise au printemps.
(Phare de Bayonno.)
— Deux bricks, qu’on suppose contrebandiers, et qui sont
montés, dit-on, par des échappés du bagnede Malilla, ont été
attaqués en vue de Barcelone par un bâtiment du service
des douanes. Après un combat de quelques instants, dans le-
quel le navire douanier a eu deux hommes tués et dix blessés,
les contrebandiers ont abandonné leur adversaire criblé de
boulets, et ont gagné le large.
Deux bricks français croisent pour les surveiller ( Idem. )
Madrid, 28 décembre. — Le journal officiel d'hier a pu-
blié les deux décrets royaux par lesquels les généraux Alaix et
Van Halen sont à la recommandation d’Espartero nommés
lieutenants-généraux.
La chambre des députés s’est occupée dans la séance du 27
de la contribution de guerre.
FRANCE. — Paris, 4 janvier.
CHRONIQUE EX BBUSTS B St SALON.
projet d’adresse. — On commençait hier soir à s’oc-
cuper du projet d’adresse qu’on savait avoir été adopté
dans la matinée à une majorité de 6 voix contre trois.
Où sait ç|ué la commission était composée de 5 minis-
tériels et de 3 membTes de la coalition. Ainsi l’on voit
que chacun a maintenu constamment son drapeau. Mais
on ne s’attendait pas à la nouvelle position que M. Du-
pin a prise dans l’adresse. Il a déclaré cl le Journal des
Débats l’avoue lui-même, que le ministère était désor-
mais absolument impossible.
Nous rappellerons ici les elogesque le journal de M.
Berlin décernait, il y a bien peu de jours, à M. Dupin,
lorsqu’il était question de la présidence de la chambre
des députés ; il déclarait alors que c’était le seul hom-
me qui sût bien diriger les débats de la chambre. Il
est malheureux qu’il n’ait pas prévu la future conduite
de son candidat.
Du reste, le ministère ne renonce pas encore à af-
fronter la discussion. Il se félicite même, par l’organe
du Journal des Débats, de la position où t’adresse va
mettre le cabinet. La discussion sera franche et sérieuse,
et c’était ce qu’il désirait. -
.On a connu hier soir aux Tuileries la rédaction du
projet d’adresse, et celte nouvelle y a produit beaucoup
de sensation, quoique M. Mole cherchât encore à faire
bonne contenance. Le roi a chargé un du ses aides-de-
camp de demander M. Dupin qui est venu aussitôt au
cabinet des Tuileries. S. M. a demandé au président de 1
la chambre dans quel sens il croyait que le cabinet de-
vrait être reconstitué, puisque l’on en voulait tant à ce
pauvre ministère du 15 avril, et que lui-mème s’était
décidé à lui tourner le das. M Dupin aurait, dit-on, ré-
pondu avec sa franchise ordinaire que la difficulté de
composer un ministère nouveau n’empêchait pas le ca-
binet existant d’être impossible dans les circonstances
actuelles.
On a déjà commencé ce malin à faire circuler quel-
ques listes de ministères. On doit bien penser qu’au-
cune d’elles ne peut cire exacte, ce ne sont que des
suppositions. Dans quelques-unes on voit figurer plu-
sieurs ministres du cabinet actuel, et nous croyons
pouvoir assurer qu’aucun des membres de la coalition
ne voudra en entrantauxaffaires accepter pour collègue
un membre quelconque du ministère du 13 avril. C’est
M. Thiers qui sert de base à toutes les combinaisons.
Ou parle de M. Soult ou de M. le maréchal Valéepour
le ministère de la guerre, mais des personnes bien in-
formées affirment que M. Soult ne veut pas rentrer aux
affaires et qu’il est question de le nommer grand chan-
celier de la Légion-d’Honneur, en remplacement de M.
Quant à ses amis, le chevalier, bien convaincu qu'il n'y en
a que tant que l'on se grise avec eux, que l’on joue, que l'on
intrigue ou que l’on cause, les choisit tous dans la classe des
hommes spirituels, amusants et profondément dissipés. Il dî-
na tour-â-tour avec des gensde lettres, des peintres.des grands
seigneurs, des roués, des boxeurs et des actrices. Le cheva-
lier avait une voix charmante; il peignait le portrait délicieu-
sement. C’était une curieuse nature de jeune homme, singu-
lièrement froid et poli quand il n’était pas embarbouillé par
le vin de Constance ou de Champagne, tumultueux et tapa-
geur à l’excès quand il s'était mis en tête de s’étourdir avec
Bacchussur ses revers de fortune, ses dettes et son malheur
au jeu. Né de façon â pouvoir aborder les meilleures charges
à la cour, etmcine à y faire figure, allié â M. le duo d'Uzès et
fils d’un ancien surintendant, il s’était jeté dans la dissipation
plutôt par amour et par goût que par étourdissement et par
calcul. Le chevalier de Chabert avait dédaigné de trop bonne
heure la réputation d'homme appliqué pour y recourir ensui-
te. Enfin une affaire des plus bizarres avait mis le sceau à
cette jeunesse romanesque ; Chabert, à moitié gris, s’était
battu un soir à Paris, pour une beauté inconnue, sous les ré-
verbères de l’Opéra. Comme il maniait fort bien l’épée, il
avait tué du premier coup son rival, colonel au service de Po-
logne. Cependant le masque, qui était le sujet du duel, ne
s’était pas montré au chevalier. Etait-ce par convenance, éti-
quette de grande dame, par crainte des propos, des libelles
ou des chansons, ou par une modestie exagérée et une secrele
défiance de ses charmes ? Le chevalier n’en avait rien su, il
lui avait étéimpossible de découvrir autre chose que le nom
de son domino; cette femme se nommait madame Samuel.
Le chevalier avait cru voir dans ce nom bourgeois une véri-
table supercherie. Le cocher de la dame, cédant à l'appât
d'une coufidcncequi se terminaitpar un louis, avait jeté à
Chabert ce nom perfide ou peut-être ce pseudonyme , en lou-
chant ses chevauxsous le péristyle pendant que le guet venait
arrêter le vainqueur.
En ce temps-là les lettres de cachet, dont il s’est fait abus
sous tant de règnes passés et dans tant de vaudevilles actuels,
avaient cours énergiquement. Chabert fut donc pris, car les
parents du mort intervinrent, et il laissa commuer avec d'au-
tant plus de résignation sa peine en un exil à l'élrangar que
celte expatriation de cinq.années le mettait à l’abri de nom-
breuses poursuitesjudiciaires. Il abandonna son argenterie
et scs montres de Bâillon à ses créanciers les plus affamés, re-
le maréchal Gérard. MM. Humann, Passy et Ducbàtel ,
auraient déjà reçu quelques ouvertures et ne seraient
pas éloignés d’accepier un portefeuille dans la nouvelle
combinaison qui aurait M. Thiers pour président.
déclaration de m. Dupin. — On lit dans le Jo((ma/ des
Débats-.ha projet d’adresse,a été adopté hier par la
commission de la chambre des Députés à la majorité de
dix voix contre trois. M. Dupin a exprimé son opinion
par écrit. Il déclare que le ministère actuel cçt désprr
mais absolument impossible.
Nous l'avouons, un pareil langage dépasse tont ce que
nous pouvions attendre, même de M. le président Pupôf-
Dans notre surprise, sous le coup du Sentiment qc«
nous éprouvons, nous ne ferons surcette conduite aueup
commentaire.
— Voici comment le Messager rend compte ce spir
de ce qui s'est passé dans le sein de la coinmissiqp de
i l’adresse.
« Aussitôt après le vote des différents paragraphes,
M. Dupin, qui, en sa qualité de président, ff'avait pas
cru devoir prendre part à la délibération a fait la décla-
ration suivante : u Je ne veux pas quel’on poisse peu-
’> sur que je cherche à m’envelopper dan9 une inviola-
» bilité surnoise, où j’ai mis par écrit mon opinion sur
>> l’adresse ; je vais tous eu donner lecture. »
^ « Voici à peu près le sens des paroles prononcéespar
J’ai toujours pensé que l’administration actuelle
” était insuffisante, et j’ai fait dans le temps tout ce qui
” dépendait de moi pour provoquer une modification
« que je regardais comme nécessaire ; mais ce qui était
» praticable à une époque ne l’èsl plus aujourd’hui, et
» dans mon opinion le cabinet est désormais absolu-
n ment impossible. Il est impossible :
» 1“ l’arce qu’il ne couvre pas suffisamment la
royauté ;
:• 2" Parce qu’il n’est pas à la hauteur des difficultés
de la situation ;
« Parce qu'il est incapable de fonder une majorité
» dans une Chambre divisée en deux parties égales,
» Telle est en substance mon opinion sur l’adminis-
« (ration actuelle. Quant à mon sentiment particulier
» sur les points de l’adresse qui touchent A des ques-
■> lions de politique étrangère, je me réserve de l’ex-
)> primer plus tard en temps et lieu. i> Le récit de ce
que nous venons de rapporter a produit une vive sensa-
tion dans la salle des conférences, où se trouvaient réu-
nis uii très grand nombre de députés. »
la princesse marie. — On lit dans le Moniteur pari-
sten : L’amélioration qui s’était manifestée dans la santé
de la princesse Marie, duchcssede Wurtemberg, nes’est
malheureusement pas soutenue. Ce malin LL. MM. ont
reçu des nouvelles inquiétantes qui ne permettent pas
que la réception annoncée pour ce soir aux 'Tuilerie s ait
lieu. Dans la journée, des billets d’avis ont ctérép; ndus
dans Paris, afin d’éviter un déplacement inutile aux
personnes qui devaient y assister.
Espérons encore que la Providence épargnera à la
famille royale la cruelle épreuve dont ces nouvelles
sembleraient être le présage, et qu’elle conservera à la
France une princesse si accomplie et si digne de son
affection !
affaire gisqlet. — Le jury a déclaré le Messager
coupable de diffamation envers M.Gisquel,fonctionnaire
public, et non coupable sur le fait de diffamation rela-
tif à la vie privée.
La cour, après cinq minutes de délibération, a ap-
pliqué le minimun de la peine (100 francs d’amende).
commanda les autres à quelques amis qui n’eurent garde de
les paver, et s on fut d'abord à La Haye et à Cologne. En-
nuyé de sonséjourdans ces deux villes, il choisit Londres Trois
ans après cette aventure.
u.
Ce matin-là, il pouvait être huit heures, et Chabert, qui
avait mal dormi par suite d'une perte considérable au jeu. se
promenait en robe de chambre à ramage dans le parc de la
marquise Studley Les rosiers sauvages. le genct et l’églan-
tier en belles touffes , ornements indispensables des maisons
de plaisance en Angleterre , parfumaient le clos ; le panache
vert de la fougère surmonté de l’aigrette de la digitale en
pleine fleur se balançait sur une pelouse unie. Quelques bes-
tiaux paissaient sur les flancs seigneuriaux de Windsor et le
bruit agreste de leurs clochettes interrompait seul le silence
de cette solitude. La journée s’annonçait suave et douce. C'é-
tait une merveille que ce parc ainsi orné de statues et de
hauts mélèses, si beau et si attrayant encore malgré le mau-
vais goût de ses citadelles et de son golhisé. Le chevalier ne
s’arrêta pas cependant à ce spectacle; il prit le chcm n de
Windsor et demanda bientôt au concierge de lui mon trer les
tableaux.
Il y avait long-temps qu’il n’avait goûté la belle et bonne
peinture. Il y n de ces instants où l'aine la plus dissipée se
remet de ses agitations à la vue du bon et du beau. Windsor
valait mieux alors comme exhibition qu’il ne vaut à l'heure,
qu'il est ; Georges 111 en faisait restaurer les vastes sades.
Le chevalier s'arréin devant un grand tableau de Judith por-
tant la tête d'Holopherne ; cette figure était de.Carlo Dolce.
L’héroïne était jeune et jolie; elle avait cet air humain qui
plaît chez les femmes ; on voyait qu'elle avait tranché la tête
d’Holopherne seulement par religion. c?r elle n’osait rega nier
ce qu’elle venait de faire.
» Voilà une femme comme mon domino, murmura Çha-
berl ; il n eu si peur de voir du sang , le. gentil masq(ie,(<ju'il
s’est enfui ! »
Il regarda encore le long du mur une suite de portraits :
pour la plupart c'étaient des beautés de la co,ut de Çbarlç^lL
« Les charmantes visages et les séduisants costumes , sn
disait le chevalier ; il y avaikplaisic à être, peintre de la çnitr
en ce temps-là, et amoureux surtout ! »
S'abandonnant au charme de sa rêverie. Chabert parcourut
le musée . puis le parc . puis la terrasso ; jamais pçut.-êMeJl
1 1
|