Full text |
ILe PiV€Mâ;sesM%
u le ministre dh la guerre combat les motifs invoqués à l’appui des
conclusions de la section centrale.
Le chiffre de 5,530,530 fr. est mis aux voix et adopté.
Lechap. VI n’a pas d’amendemeut.
Chap. VII. — Dépenses imprévues, 100,000 fr.
Le ministre s’est rallié à 1 amendement adopté.
L’ensemble du budget est fixé à la somme de 42,078,786 fr. 35 c.
ji. de puydt demande si M. le ministre des affaires étrangères pense que
les circonstances politiques soient de nature à permettre de diminuer l'effec-
tif de l’armée de 3,000 hommes.
M. LE MINISTRE DE L’INTÉRIEUR ET DES AFFAIRES ÉTRANGERS déclare que
dans sa pensée cette diminution n’est pas convenable, qu’aussi il a volé con-
tre elle avec ses collègues.
Il est procédé à l’appel nominal. Résultat : 76 votants, 75 pour, 1 contre.
(M. de Puydt) s’est abstenu et il faut connaître qu’il désapprouve la diminu-
tion de l'armée.
Budget des voies et moyens. — Impôts.
Foncier. Principal, 15,879.327)
5 cent, addit. ord. dont 2 pour non valeurs, 793,967) 19)055,192
15 centimes addit. extraordinaire, 2,381,898)
m. le ministre des finances persiste à demander que la discussion s' éta-
blisse d’abord sur la loi d’abonnement des distilleries, car avec les 900,000 fr.
à produire en vertu de cette loi, nous pourrions peut-être nous contenter de 3
ou de 2 centimes additionnels. _
jg. le ministre des finances établit que, en supprimant les centimes addi-
tionnels et l’impôt sur les distilleries, il y aurait déficit de plusde 700,000 fr.;
car M. Dubus a oublié une somme de 300,000 fr. à déduire du produit du
chemin de fer. L’orateur regrette que la section centrale n’ait pas cru devoir
examiner chacun des articles de la loi d’abonnement, car c’est préjuger le
refus de la chambre. . .
m. gendebien regarde comme impossible de discuter quant à présent la loi
des abonnements. Il faut donc ajourner la loi ou la retirer. .
m. demonceau se rallie aux observations des préopinants et justifie les opé-
rations de la section centrale.
Sur les observations de M. II. de Brouckére, la chambre, apres avoir en-
tendu MM. Desmet, de Theux et Rodenbach, ajourne la loi d'abonnement des
distilleries. .
budget des voies et moyens. — Impôt foncier.
Principal, fr. 15,879,327. — Adopté.
5 cent, additionnels ordinaires, dont 2 pour non-
valeurs, 793,967. — Adopté.
15 cent, additionnels extraordinaires, 2,381,898.
La section centrale propose 1,587,932 fr. seulement.
m. le ministre des finances consent à réduire les cinq centimes addition-
nels extraordinaires à 2 c., ce qui produirait 519,506 fr., somme qui ne lais-
serait plus qu’un déficit de 100,000 fr. environ sur l’exercice 1838.
Ainsi les 12 c. additionnels extraordinaires produiraient à l’impôt foncier,
fr. 1,905,519; à l’impôt personnel, 902,400 ; à l'impôt de patentes, 309,120.
Il soutient que depuis 1830 l’impôt foncier a été réduit, et que les nouveaux
centimes additionnels ne remettront pas encore l’impôt au taux précédent.
Les 2 centimes demandés présentent une somme totale de 317,000 et quel-
ques centaines de francs.
Le chiffre de 1,904,519 fr (12 centimes additionnels extraordinaires) est
mis aux voix. L’appel nominal est demandé.
Résultat ; 79 votants; 35 pour, 54 contre.
Le chiffre est rejeté.
Le chiffre de la section centrale, 1,587,932 fr. est adopté.
Un grand nombre de chiffres sont ensuite votés sans discussion.
L’ensemble du budget est fixé à 94,571,676 francs. .
La chambre décrète l'urgence. 11 sera procédé immédiatement au vote de-
finitif du budget des voies et moyens.
m. dumortier demande que la chambre s'ajourue jusqu'au premier mardi
de février. _ t
m. le ministre des finances avoue qu’il a regardé comme utile d’accorder
un congé d'un mois à 5 semaines. Mais si le sénat modifiait quelques lois de
budgets, le président de la chambre aurait la bonté de convoquer la chambre
avant la fin du mois de,janvier.
La proposition de M. Dumortier est mise aux voix et adoptée; en consé-
quence la chambre décide qu’elle se réunira le premier mardi de février.
L’ordre du jour pour la rentrée de la chambre est mis en discussion.
m. de longree essaie de prononcer un discours écrit au milieu des récla-
mations de toute la chambre.
La chambre, pour ne pas être fatiguée de ce discours, en ordonne l’impres-
sion.
m. le ministre de l’intérieur propose de mettre à l’ordre du jour, pour
la rentrée, la loi des douanes. Demain les rapports seront distribués à MM.
tes députés à domicile.
Celte proposition est adoptée.
Le budget des voies et moyens est ensuite adopté à l’unanimité des membre»
présents, parappel nominal.
La séance est levée à quatre heures et un quart.
ACTES OFFICIELS.
Parmi les récompenses accordées pour actes de dévouement, nous remar-
quons les suivantes : Au sieur Vermeireu (Joseph), batelier à St.-Amand ,
pour avoir exposé sa vie, en retirant, le 12 avril dernier, de l’Escaut, une per-
sonne qui y était tombée, et péri sans son sécours , une médaille en vermeil
de la valeur de cinquante francs.
Au sieur Riemslag (César Constantin), à St.-Amand, pour avoir sauvé, le 20
juillet dernier, au péril de sa vie, une personne qui était en dangerde se noyer
dans l’Escaut, où elle était tombée, uue médaille en vermeil de la valeur de
cinquante francs ; .
Au sieur Germeyn (Michel), ouvrier dragueur à Anvers, pour avair retiré
sain et sauf, du bassin d'Anvers, un enfant qui y était tombé le 20 juillet der-
nier, et s’y serait noyé sans son secours, uue médaille eu argent de la valeur
de vingt-cinq francs.
Paiement des intérêts de cautionnement.
Le ministre des finances informe les personnes que la chose concerne :
1° Que le paiement des intérêts, pour le second semestre de 1837, des capi-
taux inscrits au registre général des cautlonnemens, sera ouvert au bureau
des directeurs du trésor dans les diverses province», à dater du 25 du mois
courant jusqu'au 25 mai prochain ;
2° Que le paiement ne pourra cependant être fait que sur l’exhibition du
titre d’inscription, dûment rèvétu du visa de la cour des comptes ;
3» Que le présent avis concerne également ceux des comptables qui ont
fourni leur cautionnement sous le gouvernement précédent en inscription ,
au grand iivre de la dette nationale active, établi à Amsterdam , et qui ont
déjà reçu leur acte d’inscription au registre provisoire de ces cautiounemens,
dûment visé par la cour des comptes.
COMMERCE.
BOUBIS O’ANVEHl, du 6 janvier.
L'actif espagnol a été forme à la Bourse de ce jour ouvert 19 3\4 et reste
19 7)8 arg. jusqu’au lü courant. Primes à un mois 20 °[0 gdont 1 0|0 papier.
Actions de la banque commerciale d'Anvers 105 1[2 argent. Brésiliens 70
et papier. Où a fait peu d’affaires.
PARTIE MARITIME.
SINISTRES,
(Correspondance particulière du, Precoeseub).
Elseneur, 30 décembre.
Le koff hollandais Helena, capit. Mengers, allant de Stettin à Bordeaux,
chargé de bois, a échoué hier au sud de ce port par «uite d'un coup de vent du
S.-O. On espère relever ce navire.
Falmouth, 2 janvier.
Un grand navire américain en détresse, a été vu le 26 décembre par le Star,
c. Smith, arrivé de Halifax à Falmouth en 13 jours. Le mauvais temps et la
grosse mer ne lui ont pas permis de communiquer avec ce navire.
— Le Concord, c. MiUimore,allant de la Nouvelle-Orléans à Llverpool, est
entré en relâche forcée le 26 novembre à £ey-West ayant échoué sur le toch
Conch.
MARCHES.
NOUVELLES DE MER.
BRUXELLES, 5 janvier. — Froment du pays, par hectol. fl. 9-2 à 8-6 ; id.
les 120 kil. par 1 ![2 hect. 13-10 à 12-14. Seigle 5-10 à 5-05. Orge 5-5 à 5
Avoine S-12 à 4-05. Graine de colza au comptant 44; id. sur janvier et février
4. Huile de lin au comptant 42. Tourteaux colza 79 ; id. de lin 123 à 125.
Le froment était un peu mieux tenu au marché de ce jour; le seigle et l’a-
voine étaient aux mêmes prix qu’aux précédents marchés ; l'orge était faible ;
les graines grasses offertes et sans affaires ; les tourteaux calmes.
L1VERPOOL, 2 janvier. — Les transactions en coton d’aujourd’hui sont
fort limitées et les détenteurs ont généralement été obligés de se soumettre à
une réduction. Il ne s'est traité qu'environ 800 halles dont la majeure partie
consistait en qualités des Etats-Unis. Lesprix payés roulent de 7 l(4 A S l(2 d.
HAVRE, 3 janvier. — COTONS. Comparaison des année» ci-après :
1837 Arriv.enl2m. 248859 b. Débouc.261359 b. Existant au 31 déc. 83000 b.
1888 — — 260286 — 233686 — — 45500
1835 — — 214509 — 217709 — — 18800
Prix comparés au 31 décembre. — Louisiane, Géorgie, Mobile Fernambouc,
Alabama, etc.
1837 90 115 90 110 180 150
1836 110 160 107 50 157 50 125 180
1835 100 160 90 147 50 150 170
sucres Martinique et Guadeloupe. — Comparaison des années ci-après :
1837 Arriy.cnl2m. 31752bq. Débouc. 42453bq.Existantau 31 déc. 800bq.
1836 — — 45827 — 42787 — — 11500
1835 — — 65548 — 58549 — — 9000
Prix comparés au 31 décembre.
(837 belle 4" 64 50 à 65 bonne 4° 62 à 75 bonne 4»ord. 60 à 75
1836 — 66 50 à 67 — 65 à 65 50 — 63 50AG4
1835 — 65 50 à 66 — 64 50 à 65 — 63
CAFÉS, Comparaison dos années ci-après ;
1837 Arr. en 12m. 18559000 1. Déb. 204490001. Exist. au 31 déc. 30250000 1.
1836
835
17726515 — 15171515
15440000 — 16820000 —
Provisions ou 31 décembre.
1837.
Haiti..................... 13000 sacs.
Cuba, Porto-Rico
Guayra.
Brésil .
Java, Sumatra ....
Bourbon » ............
Moka..................
Mar tinique et Guadeloupe.
758 sac».
200 sacs.
18000 sacs.
1836.
18000 sacs.
1 qt.
2400 sacs.
50 qts.
5 te.
230 bts.
508 sacs.
8000 sacs.
100 qts.
9000 sacs.
100 sacs.
48750000 —
23200000—
1835.
8000 sacs.
362 sacs.
3574 sacs.
6400 sacs.
100 sacs.
514 sacs.
33 sacs
242 te.
921 qts.
25 te. 223 te.
150 qts. 70 qts.
Coton. Il s'est traité aujourd’hui 75b. Géorgie c.s. 93, 61 b. d°l fr. 01,10
b, d° 1 02, 26 b. 1 f. 02,22 b. Louisiane 1 f. 04, 26 b. Virginie 95.
Huile. 46 fûts morue 39 f.
Poivre. 20 balles Cayenne léger 66 1|4.
Le coton reste dans la même position pour les prix, mais moins demandé.
Les indigos Bengale traités hier ont été payés 12 fr. 50 c. acq. L'huile de mo-
rue a fléchi.
ROUEN, 3 janvier. — Huile de colza, disponible en barils neufs 83, d° en
bques80, courant du mois 81, 2 premiers mois 81,4 premiers mois 80, 4der-
niers 85, 5 derniers 85.
Huile de lin 82, de morue 86. Huile d’olive surfine 165 , escompto 4 1(2.
Savon disponible 100 et 3 Op). S|6 disponible 6 35 à 6 40 la velte.
NANTES, 1er janvier. — Revue de la semaine. — La fin de l’année est en-
core venue paralyser les affaires, qui ont été aussi mortes que possible. Nos
approvisionnemens ne sont généralement pas très forts. La Bonne-Marie est
arrivée de Cayenne.
Sucue : Depuis l’achat de 7 à 800 b|ques des Antilles, que nous avons fait
connaître dans notre dernière revue, il ne s’est fait que des affaires fort insi-
gnifiantes ; les cours sont bien tenus avec quelque tendance à la hausse : le
prix demandé est de 63 f. ponr la bonne 4e. Les Bourbon, toujours sans affai-
res faute de marchandise convenable.
Café : Aucune affaire importante n’est venue à noire cannaissance; les prix
sont les mêmes. Des renforts sont prochainement attendus de l’Inde.
Cotons ; Les achats de cette semaine, ainsi que ceux faits à la semaine
dernière s’élèvent à environ 600 balles des Etats-Unis, avec une légère hausse
sur les anciens prix. Les existences ne sont pas fortes.
Plusieurs navires de notre port sont détenus dans divers ports anglais
depuis quelques jours, par suite des vents de S. O. et O. J". O. qui régnent
depuis quelque temps.
— Malgré que les vents aient passé au N. E. il n’y a aucune apparence de-
changement de temps , qui reste couvert et brumeux : la température est
douce pour la saison; hier.tes vents ont varié du S. au S.-E. avec forte brume.
(Correspondance particulière du précurseur.)
Le 23 novembre, un brick d’Amsterdam, portant le numéro 101 du col-
lége, allant à la Vera-Cruz, a été hélé en lat. 49° et long. 9° 30, par le Mosey,
arrivé à Whitby.
— La Margaretha , cap. Hendrickx , devait partir le 15 décembre , de la
Havane pour Rotterdam.
Cowes, 3 janvier.— Vent S.-O. Beau temps.
Arrivages. — La Galiote hollandaise Peter Ludovicus, c. W. J. Wilkens,
ven. de Dunkerque, sur lest, en dernier lieu de Portsmoulh, ail. à Liverpool,
relâchant par suite des vents contraires. Le brick anglais Dimond, c. Portail,
ven. de Kilchurch, ch. d’avoine, relâchant afin de recevoir ses ordres.
Départs. — Le brick hollandais Aventure, pour Rotterdam. La barque an-
glaise Ermeta, pour Londres, avant complété ses réparations.
Ramsgale, 3 janvier. V. S.-O.
Entré en relâche ; Poissie. allant à Barfleur.
Deal, 3 janvier. V. O.-S.-O. Grand frais.
Arrivés et partis pour leur destination : Williamand Jane, ven. de Rouen,
Herman, cap. Tbode, d'Anvers à New-York ; le trois-mâts-barque Canton,
cnp.Conklin, d’Amsterdam à Baltimore : 8 jours de mer. Le brick américain
Crondstadt, c. Hatcb, d’Amsterdam à Matanzas, 8 jours de mer.
Shoreham, 3janvier. V. O.-S.-O. Grand frais.
Arrivé : Union, cap. Pernuit, venant d’Honfleur.
Le navire Johanna, cap. Muivod, venant de Gothenbourg , sé trouve au
large de ce port.
Weymouth, 3 janvier. V. S.-O.
Le navire Harmonie, cap. Rooderkerk.a mis sous voiles pour Trieste, après
avoir complété ses réparations.
Dartmouth, 2 janvier. V. S.
Entré en relâche : Favorite, cap. Dark. allant de Swansea à Rouen.
Holyhead,31 décembre.
Entré en relâche : Marie Antoinette, cap. Brabander, pour Anvers.
2 janvier. V. S.
Persévérance, cap. Monnot, pour Ossende ; Clotilde, cap. Ocket, pour An-
vers, tous deux venant de Liverpool.
Guernesey, 1er Janvier.
Entré en relâche :1e 28 décembre, Minerva, cap. De la Mer, ail. de Cher-
bourg, aux Sables.
Whiby, 2 janvier.
Arrivé le 31 décembre, la Petite Fortune, cap. Joseph, venant de Dunker-
que.
Harwich, 2 janvier. Vent S.-S.-O,
Entré en rélàche : William, de Rotterdam à Londres.
Partis : Allert, c. Clark, allant à Rouen ; Susannah, c. Piper, pour Newcas-
tle ; Maria, c. Petersen, pour Hambourg.
Southwold, 2 janvier. Vent S.-S.-O.
Temps couvert et grand frais. — Entrés en relâche : Atlas, cap. Eske, de
Bjorneberg (Finlande) à un des ports de la Méditerrannée ; Neptunus, capit.
Jonge, de Harlingen pour la Havane. A 4 heures, les vents étaient tellement
forts de la partie du S.-S. ■()., que plusieurs navires ont appareillé pour le
mouillage de Lowestoft.
Nortdsbields, 1 janvier. — Vent S.-S.-O. au S.-Ö.
Arrivés : Nicolas, c. Louis, de Gravelines ; Pétrel, c. Waugh, d’Honfleur,
et Paragon, c. Brown, de Rouen.
Falmouth, 1 janvier. —Vent O.-S.-O. Beau temps.
Entré en relâche, la Fanny, ven. du Havre : probablement la Fanny, cap.
Brument, parti du Havre, le 29 du mois dernier, en destination de Cayenne.
Hier se trouvait au large de ce port, le Jessie , cap. Naclau, ali. de Ham-
bourg à Messine.
mouvement «tu JPort eTAnvers,
ARRIVAGE Dû 6 JANVIER.
Le schooner anglais Martha,c. Sharp, ven. du Havre, ch. de coton eteoirs.
DÉPARTS DU 6 JANVIER.
Le koff banovrien Joseph, cap. Rehboek, allant à Gênes, chargé.
» norwégien Brigitta, cap. Petersen, allant à St.-Ubes, sur lest.
» banovrien Jonge Jacob, c. Verlé, allant à l’aventure, »
Le schooner suédois Ulrica, c. Harioff, allant a Lisbonne, »
« Cette blessure-là, voyez-vous, dit-elle avec effort, en se tournant vers
tnoi, cette blessure-là m’a fait moins de mal ! »
• L'heure était venue de se séparer. Rosine témoigna le désir d’être seule.
Alfred, renfermé dans sa chambre, relisait sans cesse le nom qu’il avait tracé
sur son portefeuille et était en proie à une agitation violente. 11 ne se coucha
que fort avant dans la nuit.
» Dès le matin, la comtesse vint me trouver.
„ — Docteur, me dit-elle, vous avez échoué : je ne vous en veux pas. Tout
«eque la science et l’amitié réunies pouvaient faire, vous l’avez fait. L’idée
d’un reproche ne saurait entrer dans mon ame. Ainsi donc, une prière seule-
ment, laissez-moi joindre mes soins aux vôtres. Ce que je demande, c’est une
petite place entre vous et lui. Quand vous croirez que ma présence devra lui
être utile appelez-moi. Quand je serai de trop vous me renverrez. Mais du
moins j’abiterai la même maison, je respirai le même air que lui. Par pitié ,
n’exigez pas une seconde séparation.
» Je consentis à tout ce que voulut Rosine. Mais la première condition de
«on séjour au Mont-d’Or était d’accepter le nouveau baptême que la veille je
lui avait fait subir de mon autorité privée. Rosine de Marné devint Henriette
de Luzval.
• Notre existence prit à partir de ce jour une direction toute nouvelle, et la
maladie du comte revêtit un caractère de poésie vraiment admirable. Personne
au Mont-d’Or, ne se fût jamais avisé de prendre pour un fou ce beau jeune
homme au langage plein de mesure et de dignité. La société d'Henriette lui
était devenue indispensable, et il était tout le jour auprès d’elle. Henriette
elle-même, dont l’âme comprenait tous les sacrifices et tous les dévoûmens,
«'était créé un simulacre de bonheur : elle avait trouvé le moyen de se croire
heureuse » Voir Alfred, me disait-elle, l’entendr., le. suivie, rester son amie
et sa sœur, voilà ce que j’ambitionuc. Désormais, ce sera là toute ma vie ! *
» J’étais loin d’avoir la même assurance que la comtesse. Ce qu’elle voyait
avec sou amour, je le jugeais avec ma raison, et tout me faisait présager une
Crise imminente. Mes prévisions furent bientôt confirmées.
» Le comte voulut un jour me parler seul. Il m’entraîna au fond d une val-
lée et me pria de m’asseoir à ses côtés. Alors il me tendit la main et me dit :
« J’ai à vous faire une confidence. Vous seui et Dieu en serez les dépositai-
res. Tout ce qui me reste de jours à vivre dépendra de la décision quo je vais
prendre. Ecoutez-moi. »
» Je me rapprochai de lui. Il continua :
» Vous savez si j’ai aimé Rosine. Elle a occupé là une piace que nulle puis-
sance ne saurait lui ravir. Si j’ai tué l'épouse infidèle, la mémoire de l’amante
n’en vivra pas moins dans mon cœur. Rosine a été l’étoile de ma vie, et bien
W cette étoile se soit un peu obscurcie, je la verrai toujours planer sur ma
tête comme le signe perdu de ma félicité passée. Depuis sa mort, docteur (ce
souvenir est affreux), depuis sa mort, vous le savez, je me suis considéré comme
rayé du monde. La lumière du soleil me fatiguait, je ne me sentais plus vivre.
J’étais devenu également insensible aux jouissances et aux douleurs de cette
terre. Je marchais dans l’existence sans but et sans désirs, fermant l’œil et l’o-
reille à toutes les beautés et à.toutesles harmonies de la nature. Je croyais sin-
cèrement que cela durerait toujours ainsi, et que le roman de mon amour, com-
mencé par Rosine, devait finir avec Rosine. Eh bien, non ! un nouvel horizon
s’ouvre devant moi. Mes ailes veulent encore se déployer, mon cœur recom-
mence à battre. Mon Dieu ! j’avais pourtant juré qu’aucune femme ne rem-
placerait Rosine ; j’avais fait de mon culte pour elle une arche sainte à la-
quelle je m’étais bien promis de ne jamais toucher. Mais ce courage-là me
manque. Pour la première fois, le souvenir de Rosine est impuissant. Docteur,
ne me devinez vous pas?... J’aime Henriette de Luzral 1 »
» Je dissimulai de mon mieux ma surprise à celte étrange déclaration du
comte de Marné. J’essayai de modérer son exaltation et de lui présenter ce
projet sous un point de vue moins romanesque et plus posé. Il m'écouta avec
reconnaissance et fut enchanté des conseils que je lui donnai. Je parvins à
lui persuader que son mariage avec Henriette ne porterait aucun préjudice à
la mémoire de Rosine , et que ce second amour, loin de faire tort à sa pre-
mière passion , offrait au contraire avec elle des affinités de plus d’une sorte.
Je le quittai parfaitement bien disposé. Le cas était urgent. Jecourus chez le
curé, car j’avais surtout besoin de son ministère. Je lui racontai brièvement
le fait et lui demandai s’il voulait me seconder. « La science, lui dis-je, ciude
les difficultés quand elle ne peut les vaincre. C’est une maxime que je suis
forcé d'adopter aujourd’hui. Je n’ai pas su guérir la monomanie du comte de
Marné ; mais l’occasion se présente de donner à cette monomanie un carac-
tère officiel et raisonnable. Il se croit veut' et veut justement épouser sa
femme. Profitons bien vite de ce caprice, pour l’empêcher d’en avoir quelque
autre que la loi ne pourrait satisfaire. »
a Le curé, prêtre tolérant et exceilent homme d’ailleurs, hasarda quelques
objections. Remarier deux époux par ordonnance de médecin lui paraissait
uoe action répréhensible, sinon en elle-même, du moins aux yeux de la reli-
gion. Il passa une demi-journée à m'expliquer la sagesse des statuts de l’église
et de ce principe éternel : Non bis in unum. Pour lever ses scupules, je l’en-
gageai à consulter l’évêque de son diocèse. Il n’y manqua pas. Moi-même
j’allai le solliciter en personne, et au bout de huit jours le bon curé reçut du
siège épiscopal l’autorisation que nous souhaitions si ardemment.
b Ces huit jours furent un long siècle pour la comtesse. Je ne voulais lui
donuer un nouvel espoir que lorsque je serais en mesure de le réaliser. Elle
se désespérait de mon silence. Enfin quand tout fut bien arrêté, bien conclu,
je la pris à part et lui dis: « Choississez dans votre trousseau de mariée votre
plus belle robe, votre plus riche parure, Ce soir, ce sera fête ici, et en ce mo-
ment l’autel de l’église se décore et s’illumine pour vous. »
Elle ne me comprenait pas.
» —■ Allez, vous dis-je, allez mettre votre robe de noces. Un de vos noms
vous sera rendu tout à l’heure... non pasceluideRôsine... Rosine est morte...
mais vous serez encore une fois comtesse de Marné ! »
» lin effet, le soir même, Alfred de Marné, et Henriette de luzval reçurent
la bénédiction nuptiale à la chapelle du Mont-d’Or. Depuis cet étrange rap-
prochement, ils se sont définitivement fixés dans le Dauphiné. Alfred parle
plus rarement de Rosini el croit fermement avoir été marié deux fois. Hen-
riette ne le quitte jamais. Elle lui tient lieu de sœur, d’amante el de famille.
Elle voit bien que le bonheur de son mari est un rêve que la moindre impru-
dence pourrait dissiper, et elle fait sentinelle auprès de lui comme une mère
auprès de son enfant. Elle le berce doucement dans sa folie. C’est l’ange gar-
dien qui le préserve de toute atteinte mortelle : et quand une bouche indis-
crète s’ouvre par hasard pour dire devant lui un mot qui raminerait ses sou-
venirs, ou prononcer un nom qu’il ne doit plus entendre, elle s'écrie ayed
frayeur : « Prenez garde, il dort, ne le réveillez pas 1 s
Ainsi parla le docteur.
» Pendant ce récit, tant d’embarras avaient été suscités au couple chanteur
que les cavaliers en étaient encore à leur première mesure. Cette fois pour-
tant elle paraissait décidée à rompre en visière à tous les obstacles, et elle ar-
ticula ces trois mots, Dunque in son, avec une assurance remarquable. Nul
douto qu'elle eût poursuivi sur le même ton jusqu’à la fin. si dix heures n’eus-
sent sonné à l’horloge de la maison. Aux bains d’Uriage, c’est le signe de la
retraite. Chacun se retira. Moi. je cherchai de,s yeux le comte et la comtesse
de Marné. Ils étaient encore assis î’un auprès de l'autre. Leurs regards se con-
fondaient, et leurs mains étaient jointes.
» Qu’ils sont heureux, dis-je au docteur.
— Vous vous trompez, me répondit-il en hochant tristement la tête. Ils ne
sont complètement heureux ni l'un ni l’autre: le comte de Marné n'a point
oublié auprès de sa seconde femme le bonheur que lui a donné la première :
il regrette le passé. Quant à Henriette, elle ne se fait pas illusion: elle sait
qu’à l'avenir, quoi qu elle fasse , elle ne sera jamais que la seconde dans le
cœur d’Alfred... Croyez-moi... la pauvre femme souffre... Henriette est ja-
louse de Rosine ! » „
MOLE-GENTILHOMME |