Full text |
ois in»
m.dfl r.
lin.
15m. r.
iet 4 b.
) m. d«
du m.
. 25 m.
t&— ■
30 de r,
i.5m.r.
i matin
5 m.
15m. r.
i m. du
et i b.
lurtut,
.(1214)
ne Clé-
rnibro.
215)
?t frau
s le 20
216)
iigeuii
lo 25
192)
im
rgeant
Noire,
blé en
ier( ou
ijrrora-
n xine,
pitfline
nat ira
o, cap.
rchan-
drait y
ona k
)ii aux
a riden
Hoirie,
5)
navire
litainc
de ce
jrande
ion» i
mrtier
'olut t
ino.
s Ma*
za i ne.
sser à
i)
o'/;» ,
osins.
r : L*
proie*
n de !
ïsiqus
acte»,
où ta |
r 1*50.
mpli"
if à I»
ranli»
a fait
s »eo-
360 à
32-50.
( J^T . t& & -Il ■ )
AiWEES, Jewîïi $© DECEMBRE i§«8.
(Quatrième Innée.)
051 S'ABONNE
A A'trsrs, au Bureau da
précurseur, rue des Fa-
gots N<> 1005, où se trouve
mie boite aux lettres et où
doivent s’adresser tous les
«vis.
En Belgique et à l’étran-
ger, chez tous les direc-
teurs des postes.
A Paris, à l'Office-Cor-
isspondance de Lepelle-
tier-Bourgoin et comp.',
rue Notre-Damc-des-Yic-
olres N° 18.
UECURSEUR
JOURNAL POLITIQUE, COMMERCIAL, MARITIME ET LITTÉRAIRE.
PAIX.
/LIBERTÉ.
PROGRÈS.
ABOKMMIVT
Par An....... 61) fr
» 6 mois..... 30
» 3 » ....... 15
POUR LA BELGIQUE.
Par 3mois..... 18 fr,
POUK L'ÉTRANGER.
Par 3 mois...20 fr.
ANNONCÉS.
25 centimes la ligne.
Laquatrième page, con*
sacrée aux annonces est
affichée à la bourse d’An-
gers et à la bourse de*
principales villes de com-
merce.
.WW* I.Tt..U«mB
20 Décembre.
AVIS ESSENTIEL.
A dater de ce jour jusqu’au 31 décembre, le PRluCUR-
SEUH sera envoyé IMMÉDIATEMENT et GRATUITEMENT
aux p?rsonnes qui s’abonneront pour le if'r Janvier 1839.
Le PRÉCURSEUR publiera avant le 8 janvier pro-
ihaiu et distribuera GRATUITEMENT à tous ses abonnés :
loL’Etat-Grénéral de la Marine Belge , au 3l décembre
(8Ô8, avec des détails infiniment plus complets que
tout ce quia été publié sur ce sujet jusqu’à ce jour,
î® Le Tableau mensuel et semestriel des importations,
exportations, etc. etc. au port d’Anvers.
•«En SUPPLÉMENTS, plusieurs feuilles dites TABLETTES
DU PRÉCURSEUR , lesquelles renfermeront la matière
de plusieurs volumes in 8°.
4,* Douze Nouvelles inédites et n’ayant par conséquent
paru dans aucun journal, soit du pays soit de la France
Ces Nouvelles, toutes d’auteurs favorablement connus :
Ï.A COMTESSE DE BU ADI, ERNEST FOU INET , PAUL DE ROCK,
LECOMTE DE MARLE, HENRY BERTHOUD, ERNEST LEGOUVÉ,
STEPHEN DELA MADELEINE, HIPPOLYTE LUCAS, OURRY, LA
COMTESSE DASII, PAUL VERBERIE , ET RENÉ DE PENNEBÉ ,
feront l’objet des prochains feuilletons.
N. E. Le prix de l’abonnement au PRÉCURSEUR ,
êEÜL JOURNAL D’ANVERS QUI PARAISSE TOUS LES JOURS
VAX9 EXCEPTION AUCUNE EST DE QUINZE FRANCS PAR
trimestre.
TACHONS DE vom LES CHOSES TELLES
QE’ELLES SONT. .
Si nous avons toujours gardé le silence sur les in-
actives que le Journal du Connu n e n'a jamais cessé
de lancer contre le Précurseur, depuis le premier jour
de l'apparition vie ce journal, c’est que nous avons su
nous identifier avec sa position, et tellement que. loin
de lui en porter rancune, nous avons poussé labon-
bmmie jusqu'à le plaindre de le voir ainsi supplanté
pelit-à-petil par une feuille qui ne s’est réellement
élevée qu’avec i intention île rendreau Commerce quel -
ques services que ne lui rendait pas celui qui, après
avoir emprunté son nom. semblait '.abandonner, le
décourager, et même le desservir en jetant au loin
l’alarme, comme s’il n’avait pas d’autre but que celui
d'éloigner les affaires d une place qui est située pour
en faire et qui en fera toujours en dépit de toutes les
révolu lions, en dépit de toutes les circonstances, et
finalement eu dépit de tous ceux à qui cela a le malheur
de déplaire.
Pour réussir. le Précurseur n’a eu besoin que de
faire connaître le but dans lequel il était créé. Malheu-
reusement, sur un terrain aussi rétréci que celui sur
lequel il a pris racine, celte réussite ne pouvait grandir
qu'aux dépens du Journal du Commerce qui toujours
seul, devait être lu bon gré ma! gré par ceux-là même
qui étaient fort loin d'en approuver les doctrines.
En pareille occurence, ia meilleure lactique à sui-
vre pour le Journal du Commerce devait être celle
Remployer son temps et ses peines à redoubler d'ef-
forts pour conserver sa clientelle, et non pas à dépré-
cier ce qu'il a continuellement cherché à imiter.
Et que de fois n’avons-nous pas été tentés de conseil-
ler au Journal du Commerce, si un conseil de notre
part avait pu ne pas être mal interprété, de parler
moins souvent du Précurseur, de mieux dissimuler
le dépit qu'il pouvait éprouver de voir tous les ans,
j 11 —mi , un.. . ...Hl— WH
vers cette époque-ci, que la liste de nos abonnés gros-
sissait aux dépens de la sienne; car ce dépit ne chan
géra pas l’état des choses, et le laisser percer est la plus
grossière des maladresses!
Par exemple, que signifie celte allocution adressée
à ses abonnés et qui se trouve dans le Journal du
Commerce d'hier :
« En nous trouvant à côté d’un confrère qui se
» vante de ce qu il ne fait pas. nous croyons pouvoir
» faire remarquer les sacrifices réels que nous faisons
» en nous procurant par voie extraordinaire le dis-
» cours de Guillaume, de Léopold et de Louis-Phi-
» lippe que nous avons publiés plusieurs heures avant
» les autres journaux, sans compter l'adresse de la
» chambre que nous avons fait paraître un jour avant
« eux. »
Ne faut il pas être repoussé dans ses derniers re- '
tranchements pour en venir à de pareilles extrémités!
Le Journal du Commerce voudrait-il par hasard
paraître ignorer que le mérite d'un journal commer-
cial ne consiste pas à faire le sacrilice extraordinaire
d’une paire de pigeons pour faire connaître quelques
minutes d'avance à ses concurrents un événement qui
était prévu et dont on connaissait l'heure, mais bien a
faire des sacrifices de tous les jours pour avoir des
correspondants à poste fixe qui fassent parvenir
des détails sur les événements imprévus et pouvant
survenir à toute heure?
TURQUIE.
Constantinople, 27 novembre.— I! se manifeste dans
notre capitale un intérêt tout particulier pour le diffé-
rend hollando-belge. Les Turcs, qui d’ordinaire font à
peine attention aux événements les plus importants .
soûl très curieux d’apprendre l’issue d’une affaire qui
concerne deux pays si éloignés d’eux. Il faut que Res-
chid-l’acha , le Richelieu de la Porte, ait écrit qu’il y
aura en Belgique une catastrophe qui pourrait se faire
ressentir à Constantinople même. Depuis ce moment ,
tous les articles des journaux étrangers , concernant la
Belgique, sont traduits avec beaucoup d’empressement
et de fidélité et remis au conseil des ministres.
— M. l’amiral Roussin a décidément signé le traité
de commerce conclu entre l'Angleterre et la Turquie.
Toute la flotte ottomane est rangée en ligne depuis Dol-
ma Baktchné jusqu’au Pont ; on n’a fait l’observation
qu’au moment où celle flotte, eu rentrant, atteignit la
pointe du sérail , la frégate anglaise mouillée dans le
port, arbora le pavillon du sultan et tira 21 coups de
canon, la frégate montée par le contre-amiral musulman
arbora le pavillon anglais et rendit le salut. Plusieurs
officiers appartenant à cette dernière nation doivent
aider le capilan-pacha dans l’érection de l’école de na-
vigation de Kassim-Paeha, et l’on assure que lord Pon-
sonby travaille à leur faire obtenir la direction de celle
école. La sortie du Bosphore ne lardera pas à être com-
plètement éclairée pendant la nuit; le fanal d’Europe à
feu tournant est déjà terminé, celui d’Asie le sera in-
cessamment. Il sera à feu fixe pour le distinguer du
premier. Quelques cas de peste se sont manifestes ;
mais grâce à l’efficacité des mesures du conseil sanitaire,
ils n’ont eu aucune suite fâcheuse.
pes françaises versies frontières de la Belgique, des
personnes bien informées croient plutôt à l'occupation de
la partie du territoire belge appartenant à la confédéra-
tion germanique par des troupes allemandes dont le
prince Emile de Hesse doit obtenir le commandement.
PORTUGAL.
Parie bateau à vapeur de Liverpool nous avons des
nouvelles de Lisbonne jusqu'au 7 de ce mots et d’Opor-
to jusqu’au 8.
Un dit que le gouvernement portugais est en proie
aux plus grands embarras financiers, en sorte que la
pension delà reine est arriérée de huit mois et qu’elle
a été forcée d’engager une partie de ses joyaux pour
couvrir les dépenses (lésa maison.
La session royale des cortèsdevait s’ouvrir le 8 de ce
mois et un grand nombre de membres des deux cham-
bres devaient y assister.
Le comte lias Antas. gouverneur-militaire d’Oporlo,
est un des nouveaux sénateurs élus ; mais il refuse de
se démettre de sou commandement, quoiqu’un succes-
seur ait été nomme dans la personne du baron Alco-
basa. afin de mettre le comte à même de s’acquitter de
ses devoirs parlementaires, Il parait que la cour redoute
tellement le gouverneur, qu’on lui permettra de con-
server son commandement et de s’absenter du sénat.
Lisbonne était neanmoins tranquille.
AUTRICHE.
Vienne. Il décembre. — Deux courriers sont atri-
vés dernièrement presque ensemble après minuit chez
le prince de Metlernich , qui les a réexpédiés au bout
de trois quarts d'heure. On croit que les dépêches, du
même contenu , étaient d’une haute importance. Il
parait , d'après ce qu’on a appris depuis, qu’un évène-
ment décisif dans les relations entre Angleterre et la
Russie était l’objet de ces communications.
Les affaires belge.» aussi occupent beaucoup notre
gouvernement; elles ont motivé plusieurs conférences
et l’envoi de courriers. Au lieu d’une marche des trou-
ESPAGAE.
( Correspondance par tien l iè re. )
Madrid, 11 décembre. — La réponse du nouveau président
du conseil, Ai. Perez de Castro, ne sera connue que le 16 on
ne doute pasde son acceptation. Les ministres se sont présen-
tés hier à la chambre des députés. Le général Alaïv, prési-
dent du conseil ad intérim a donné lecture du programme
ministériel dont la rédacl ion très brève se résume comme suit :
1° Le gouvernement ne négligera aucun moyen puur ter-
miner la guerre civile et donner la paix a l'Espagne. 2° Si
l’union des partis doit être la base sur laquelle le gouverne-
ment s'appuiera pour travailler à l’heureux résuttat, le mo-
ment est venu de réaliser les plans de conciliation générale.
3» Pour arriver à la réalisation de ces projets utiles, le gou-
vernement a besoin de compter sur la coopération cl l'appui
des deux chambres.
Telles sont les trois pensées fondamentales de la rédaction
du programme ministériel. Le ministre a ajouté en terminant,
que, dans le plus bref délai, il présenterait à la chambre des
projets de loi tendant à assurer les moyens de faire face aux
besoins 1rs plus urgents du pays
La tranquillité est heureusement rétablie dans l’Anda-
lousie grâce à l'énergie du comte de Cléonard.
V bicho de Aragnn publie le texte du mémoire adressé à
S. M par le comte de Lurhano à la date du G décembre,
relativement aux événements de Madrid et de Séville. Dans
celte pièce Esparlero rappelle les exécutions qu'il a été obligé
de faire pour maintenir la discipline dans son armée et il en-
gage la reine à déployer la même rigueur vis-à-vis les géné-
raux Cordova et Narvaoz.
Le supplément de YEcha de Araqon , du 13. contient en
outre la nouvelle suivante : « Nous recevons de Las Cinca-
villas la correspondance suivante en date du 11 décembre:
Un bulletin arrivé de Los, dans la soirée, annonce que le gé-
géral faclieux Marolo a été blessé cl fait prisonnier avec 150
cavaliers.
FRANCE. — Paris, 18 décembre.
CHRONIQUE EX BRUITS DZ SAtOS.
m. desages. — Al. Resages est arrivé hier à Paris,
porteur des dernières decisions delà conference de Lon-
dres, qui maintiennent dans son intégrité le traité des
24 articles, en ce qui concerne le territoire. Les hautes
puissances accordent à la Belgique, un sursis d’exécu-
tion jusqu’au 115 février.
Le Constitutionnel assure que que MAI.d’Ansembourg,
sénateur.et Smetz,député du Limbourg, arrivés à Paris,
demanderont à être entendus par les commissaires des
deux chambres, chargés de la rédaction en réponse au
discours de la couronne.
la princesse marie. — La triste nouvelle de la mort
de madame la duchesse de Wurtemberg ne s’est heu-
reusement pas confirmée. On a lieu d’espérer que sa
jeunesse et les soins qui l’entourent, triompheront de
la fatale maladie dont elle est atteinte.
/'.-A. J,es deux dernières depêches télégraphiques,
annoncent que la princesse était à quelques lieues de
Pise. dans un étal qui laissait malheureusement peu
d’espoir.
chambre des DÉPUTÉS. —Aujourd’hui la Chambre des
Députes s’est reunie pour procéder à la formation des
bureaux (sections) et à des vérifications de pouvoirs. De-
main elle procédera à l’élection de sort president, des
vice-présidents cl des secrétaires. L'altitude de la coa-
lition contre M. Dupin donne à cette opération un grand
intérêt.
affaire bei ge. — On a dit hier au soir dans quelque»
salons que, tandis que l’occupation du territoire qu’on
veut enlever aux Belges se ferait par les troupes de la
confédération germanique, la France occuperait la Bel-
gique. Nous ne nions pas que ccs idees ne puissent rou-
ler dans quelques têtes ; mais dans tout cela, il semble
qu’on ne tieiineaucuu compte ni de l’arn éenidescham-
bres belges, ni même des chambres françaises, qui ont
bien aussi leur mol à dire, ce semble, dans une telle af-
lairc; car tout affaiblissement pour la Itelgique est un
affaiblissement pour la France, il ne faut jamais l’ou-
blier.
- Un aide-de-camp du ministre de la guerre est
paiti ce matin en toute hâte pour Metz. Un assure que
l’autorité est alarmée des sympathies publiques que
rencontre la nationalité beige menacée par la Prusse.
Al. Lebon, ministre de Belgique , a eu ce fantin une
audience particulière du roi, eu présence dit président
du conseil. Les nouvelles de Londres en étaient la cause.
réunions. — Les députés du centre gauche se sont
réunis hier soir chez AL Ganneron ; ils étaient au nom-
bre de 80 à 90. S’il faut en croire ie Constitutionnel,
qui donne des détails sur cette réunion, il a été décidé
que AL Passy serait porté pour la présidence de ia
chambre par le centre gauche.
— Une autre réunion de députés a eu lieu chez AI.
Odilofi-Iiarrol ; elle se composait de 60 membres de la
chambre. I, es concurrent s serieux que la coalition oppose
a M. Dupin pour La présidence, sont MAI. Duehâlel et
Passy. La Presse prétend que celle deuxième candida-
ture seule est sérieuse.
courriers. — L’échange des courriers entre Paris et
Bruxelles n’a jamais été si fréquent. Il en est ar-ivélK,
depuis le comencemenl de ce mois, pour le cabinet des
’I uileries. Un en a expédié jusqu’à trois dans une seule
journée.
QUESTION BELOX,
Noiei l’opinion de quelques journaux français sur le
paragraphe du discours du roi ayant rapport à la Üei-
gique :
Le Commerce. — La Belgique, Ancône, l’Espagne sont
clairement et franchement abandonnées. Pour la Belgi-
que. on nous annonce la fin prochaine et pacifique de
la question, c’est-à-dire qu’elle est décidée au sein de
la conférence, ce que nous affirmons, et que, délaissée
par la France, on a la conviction que les Belges ne pen-
seront pas à résister. Quant à notre cabinet, son parti
est pris : il est avec la conference et pour la conférence,
et il eu fournit sa déclaration formelle dans ces paroles,
qu à ses yeux cette issue donne une nouvelle garantie
à l'indépendance de ta Itelgique et au repos de l'Europe.
Nuits ne demandons pas s’il y a dérision on aveuglement
dans une déclaration semblable; mais, quoi qu'il en soit,
il ne peut pas en exister de plus claire,
Journal des Débats. — Nous savons qu'on fera un
crime au ministère de n’avoir pas annoncé, dans le dis-
cours de la couronne, la solution définitive des affaires
de Belgique. Un dira qu’il n’a pas osé. Un l'accusera
d’avoir voulu gagner du temps. Quant à nous, nous le
louons hautement d’avoir obtenu ce delai, si c est en
effet à ses instances qu’on le doit. L’ajournement des
décisions de la conférence de I.ondres permettra aux
chambres françaises de mettre tout le poids de leur pa-
triotisme et de leur sagesse dans la balance de ces gra-
ves délibérations. Les chambres prendront parti dans
‘Is
‘1*
'J<*
’H I
■t*
=/*
7|8
'U
3/i
Feuilleton «la Fréeurscwr.
LA FAMINE.
Quand le matin, à l'heure où la nature n’est réveillée qu’à
"Un . à l’heure où le soleil va se lever, vous contemplez , du
“’ul du rocher presque inaccessible d'Elirenbreilstein, le
■M'1 qui coule majestueusement à vos pieds, entre deux rem-
P*rl« «Je verdure encore voilés de brumes, votre imagination
■une à errer dans le vaaue et le mystérieux de celte perspec-
ivc. Elle remonte le fleuve, tantôt resserré en re d'étroites
"mites, tantôt s'épanouissant comme un lac , ici réfléchissant
j"-riants paysages, là de sombres aspects, représentant ainsi,
tétas! le cours de la vie humaine. Puis la capricieuse fantaisie
!e Plull a se bercer dans les merveilleux échos des grottes de
«Urley, à écouter les éternels rugissements du trou de Bingen,
°|U£°,S barques ont disparu pour sortir en débris par le trou
"«Saint-Goar. à quaire lieues de distance. Puis voici qu’à
■ féveuse imagination succèdent des réalités presque aussi
“■'les; le soleil est sur l'horizon, et plus il monte plus il
soulève les rideaux de brume et les franges de vapeurs.
“es blanches maisons , les clochers d'ardoises . les vignobles ,
la fraiehe verdure desquels couve tant de feu, les nian-
J'siiX ondoyants des forêts, les ruines de ces nids formidables
«s«
■igles ou pluiôt des vautours du moyen-âge, tout apparaît
«an tour, graduellement, a mesure que les brouillards
éclaircissent ou se dissipent. De petites voiles se montrent
I ■D ''oinnio les ailes étendues des cygnes, sur les ondes dans
! ■quelles se mirent, de plus en plus distincts, les coteaux, les
Wliiid les rochers des deux rivas. Voyez-vous res barques
rlif <«.Laits<t V«ÿee--vous entrer dans la Moselle ce» im-
menses trains de bois formés des chênes séculaires arrachés
à la vénérable Forêt-Noire ? Entendez-vous l’Angélus ? il
monte vers vous de trois où quaire clochers de Coblenlz. de
celui de PfalTendorf, et du fond de la riante petite ville d’Eh-
rcnbreilslein. qui dort paisible a l'entrée de sa vallée, sous
son formidable arsenal, comme sommeille ou souril Naples
so'>s son menaçant cratère.
Et c'est ainsi que la pensée . revenue de ses vagabondes
promenades dans le mystérieux passé des souvenirs et des
traditions dont le Bhin est le merveilleux fleuve, la pensée se
tourne avec le regard vers les redoutables fortifications
d'Elirenbreilstein. Ce rocher, qui domine le vaste cours du
Rhin, semble avoir été destiné à être l'éternel protecteur de
ces calmes rivages Les Romains y avaient un cash uni sous
l’empereur Julien ; à la forteresse romaine ^uccéda un burg
teuton qu’habitèrent quelquefois les évêques de Trêves . et
qui tomba en ruines sous ces mêmes princes ecclésiastiques.
Puis il fut rétabli en 1160 . et l'électeur Jean . margrave de
Bade, le fit enfin réparer et aurandir. C’est dans cet état que
la forteresse eut à soutenir les canonnades de Marceau, ce
jeune héros qui a son tombeau près d’Ehrenbreilstein.
Celte place fut quatre fois assiégée, et te dernier blocus,
le plus terrible de tous, eut lieu pendant le congièsde Kastadt.
Vers la fin de 1798 la disetle commença à se déclarer dans la
forteresse, et un jour nébuleux de décembre le colonel Faber,
qui commandait le château, fut dans la nécessité d'annoncer
à la garnison réunie qu’elle allait avoir l'ennemi le plus ter-
rible à combattre, la faim. La distribution de viande devait
cesser, attendu qu’il n’y avait plus aucun bétail dans l'encein-
te du fort, et quant à la ration du pain, elle était réduite à
moitié. Celte déclaration, faite à la fin d'une de ccs lugubres
journées où le brumeux automne se mêle au sombre et rigou-
reux hiver, eut un effet doublement triste sur les soldais déjà
faligués par un long bloniseldeconlinuellessorties. Il fallait
en prendre son parli, et les calmes Allemands se résignèrent
avec leur sang-froid national, et aussi avec l’indifférence du
soldai qui ne souffre réellement que des angoisses présentes
et a le bonheur de ne prévoir ni pressentir l'avenir.
La loi de la nécessité fut donc mise a exécution, et de jour
en jour elle devint plus rigoureuse. La demi-livre de pain,
bien faible part pour un homme robuste et livré à de conti-
nuelles fatigues, tomba par degrés au quart, aux deux onces,
à I once, à quelques bouchées. Heureux encore qui. dans ces
extrémités, n'avait que soi à nourrir, mais beaucoup de sol-
dais ou dé sous-uflîciers avaient ou leurs femmes, ou des en-
fants adoptés sur le champ de bataille, ou quelques chiens fa-
voris qui lesavaienl suivis dans toutes leurs guerres, se tenant
entre leurs jambes pendant le feu et léchant les blessures de
leurs maîtres quand ils avaient été atteints. Déjà tous les
rats des fossés, des souterrains et des casemates avaient été
chassés et vendus au poids de l'or. Il n'y avait plus un seul
chat vivant dans la citadelle, et l'on s’élait livré une sorte de
bataille pour un moineau abattu d’un coup de fusil. Les fidè-
les chiens étaient donc bien menacés, cl déjà quelques hom-
mes avaient sacrifié leurs dévoués compagnons à l’implacable
volonté de la faim.
Geitrude, la vivandière, réduite à la ration comme les sol-
dais, car son fonds élail entièrement épuisé , avait une chien-
ne qu’elle aimait presque autant que sa fille,la petite Milclien,
au point qu'elle les appelait les deux sœurs. Voici pourquoi :
Gertrude ayant, quelques années auparavant. mis au monde
un enfant débile qui ne prenait que peu de lait et qui mourut
sur son sein, fut obligée , pour se délivrer du lait qu'elle
avait eo aboodaoce, de prendre pour nourrisson cotte jeune
chienne, nommée Krapp. qu'elle allaita pendant quelques
mois. Ce pelil animal la sauva de beaucoup de souffran-
ces. et, soit par reconnaissance soit qu'elle subit, même
à l'égard d'un animal, l'influence de ce sentiment, tout
autant physique que moral, qui fait qu'une mère s'atta-
che irrésistiblement davantage à l'enfant qu'elle a nourri,
Gertrude aima dès lors Krapp presque comme sa seconde fille.
AIiichen semblait partager cet attachement, et l'on eût dit
que la chienne y répondait avec une sorte de raison. San»
rien perdre de son dévoùnient dé noble brute, Krapp avait'
puisé dans le tait d'une femme celte in’elligence humaine qui
de l’instinct aimant fait l’affection tendre. Il y avait en vérité
entre Gertrude, M iichen et Krapp.quelquechosedeeette mys-
térieuse union qui cimente la communication du sang par lo
sein maternel: il y avait là amour de mère, de sœur, d'enfant.
Aussi Gertrude et Milchen se privaient d’une partie de leur
misérable ration pour nourrir Krapp, qui n’en mangeait pas
moins de bon appétit et sans ménagement; c’est laques#
creusait la profonde ligne de démarcation entre la béte et
l'homme.
Cette ehienne, aussi fine, aussi Intelligente que bonne, était
la favorite de tous les soldats qui jouaient arec elle et se plai-
saient à l'instruire en temps d'abondance; mais en temps do
misère, de disette, aux jours de la dévorante famine, ils ne
lui adressaient plus un geste, un mot caressant, et s’ils ia re-
gardaient, il y avait dans leurs yeux mornes quelque chose da
menaçant et d'avide qui faisait que Gerlrude et Milchen sc
jetaient bien vile devant leur pauvre Kiapp.
Quand les soldats revenaient de la cantine, où le tabac, la
suprême ressource des affamés, venait de manquer pour la
première fois, ie 15 janvier 1799. ils tombaient là. mornes,
abattus, sans force. Les poings crispés appliqués sur leurs gué
i
1 r
• i
»
; I
I
■ !
- |