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Le Précurseur.
(■î, attendu que la cour de Rome est profondément affligée, et se
I il ve blessée par la conduite tenue en vers l'archevêque. Selon tou-
t il les apparences cette affaire pourrait encore avoir des conséquences
f uf l fâcheuses.
' ALLEMAGNE.
[epu'S quelques jours on parle de dislocations qui auront lieu dans
’née prussienne. On dit que les régimens, stationnés dans les pro-
: es occidentales, notamment dans le duché de Saxe (pays entière-
it protestant), remplaceront plusieurs régimens du 7e etdu 8° corps
frméo, stationnés sur le Rhin. On fait ici plusieurs conjectures sur
motifs de ces nouvelles dispositions.
■ Un écrit de Dresde, 5 janvier :
Le père de S. JL, le prince Maximilien, qui depuis son retour de
f%irence a presque constamment été souffrant, est mort ce matin à 3
ires et demie. Il est né le 13 avril 1739, épousa en 1792 en premiè-
â noces, la princesse Caroline de Parme qui est morte en 1801, et en
en secondes noces, l’infante Louise de Parme. S. M. le roi, S.A.
I i princesse Louise et toute la famille royale sont profondément af-
f gés de ce décès, et les habitons de la capitale et de tout le pays y
jeûnent la plus vive part.
y
PRUSSE. — Berlin , 5 janvier.
, On ne sait encorejrien de positif sur le rappel de notre embassadeur
■ Rome: une foule de bruits contradictoires circulent à cet égard.
ÿmis peu on va mettre en circulation dans le public, au nom de l’état,
’Ainrxposé des affairesde Cologne, qui a circulé jusqu’à ce jour en manus-
crit lithographié parmi le fonctionnaires supérieurs. M. le docteur
Jim isen, conseiller intime , avait rédigé cét exposé avant son départ
pour Berlin.
-- M. le référendaire de Schmedding n’est pas mort; ce qui a pro-
bablement donné lieu au bruit qui s’est répandu du décès de cet an-
cien fonctionnaire, c’est la mort de son épouse.
J,es membres de la députation de la noblesse rhénane sont déjà par-
tis : ceux de la Wcslphalie sont toujours ici, mais ne tarderont pro-
bablement pas à le suivre , parce qu’il? commencent à voir que leur
séjour dans la capitale ne conduit à aucun résultat.
.Notre envoyé eu Belgique, le comte de Galen, est de retour au soin
de sa famille, à Munster.
--- «iiaiTnarwimiriii u ---------
ANGLETERRE. — Londres, 8 janvier.
Aussitôt que le parlement se rassemblera, toutes les dépêches de
)ôrd Gosford lui seront remises. Elles sont trop volumineuses pour être
publiées par la Gazette et d’ailleurs les convenances veulent qu’elles
dolent soumises au parlement avant de l’être au public.
— Les dernières nouvelles du Canada présentent la colonie comme
étant toujours dans le même état; l’insurrection s’étend, la répression
8 peu d'effet.
— Un commandement dans le Canada a été offert au major-général
sir Thomas Pcarson, anciennement colonel du 23'régiment.
On parle toujours de grands renforts de troupes à envoyer contre
li s insurgés. Un fait assez significatif, c’est que plusieurs officiers em-
ployés dans ces troupes ont donné leur démission.
— Au moment où tout parait devoir dépendre, dans le Canada , du
« iraclère et de la conduite de sir John Colhorne, invesli du comman-
dement supérieur, on ne lira pas sans intérêt l’extrait d’une lettre qui
.mus est adressée. Sir John Colborne a été secrétaire militaire de sir
John Moore en Espagne ; il a commandé avec une haute distinction le
b2”dans plusieurs batailles et affairestil était à Waterloo 11 est très es-
t.médu duc de Wellington, de l’armée, de tous, exceptéde lui-même.
C'est un mérite modeste ; et celui qui a montré tant de hardiesse sur
le champ de bataille, est timide dans un salon.
— Vendredi dernier , à 4 heures de l’après-midi, le brouillard est
devenu si épais à Londres que la circulation dans les rues était impos-
sible. Il est arrivé beaucoup d’accidens. A six heures les omnibus qui
se rencontraient et se heurtaient ont cessé de circuler, et les voilures
sont toutes rentrées, après avoir renversé et blessé un certain nombre
de personnes, assez imprudentes pour se trouver dans les rues.On avait
essuyé d’abord de les faire précéder et conduire par des enfants por-
tant des torches; mais ce procédé n'a pas réussi. Les voleurs ont ex-
ploité la circonstance ; l’impunité leur était acquise , ils se sauvaient
après avoir enlevé les montres ou arraché les chaînes aux citoyens hon-
nêtes perdu dans le brouillard. Les bateaux à vapeur de Gravescnd ,
de Greenwich et de Woolwich n’ont pas osé s’aventurer et faire leur
service habituel. Quelques personnes se sont noyées , n’ayant pas dis-
tingué à temps le voisinage delà Tamise dans laquelle elles sont tom-
bées.
— Le tableau des revenus de la Grande-Bretagne pendant l'année
finissant au 5 janvier 1838 , présente une différence en moins de
1,900,333 liv. st. sur les revenus de l’année 1836, 43,100,811 liv. st.
au lieu de 43,001,164 liv. , mais il faut remarquer que la différence
provient uniquement de la diminution des recettes pendant le 2° et 3*
trimestre.
ESPAGNE.
On Ht dans la Sentinelle ries Pyrénées , du 8 janvier : Le bruit court dans
notre ville, que la colonne Christine, sortie d’OIite le 29, dans la direction du
Carrescal , a été rencontrée et battue par une division carliste. L'un de ses
bataillons a été, dit-on, très maltraité. Le commandant de la Navarre, Garcia
a formé le blocus de Pampelune, avec 200 hommes seulement.
On s’étonne qu’une ville considérable, dans laquelle il y a une garnison do
5000 hommes se laisse bloquer par 200 hommes. Le général Espartero et tou-
tes les troupes s#us ses ordres sont cantonnées de Logrouo à Brtviesca. Le gé-
néral va se mettre à la poursuit^ de Basiolo Garcia qui vient de passer l’Ebre
au gué de Mendavia. La nouvelle qui avait été répandue sur la défaite des
carlistes devant l’Ebre. était fausse. Un caporal, déserteur de l’armée carliste,
l’avait inventée pour colorer sa désertion.
La divisiop qui a éclaté entre les carlistes se distingue aôiourd’hul par la
forme de leurs bérèts. Les blancs sont francs-maçons, les bleus sont juste-
milieu et les rouges purs royalistes.
doute du fameux sorcier Michaël Scott. Il avait trois esprits familiers : Prig,
Prim et Pritcher....
— Vous m’avez déjà parlé de Prig, Primat Pritcher, interrompit brusque-
ment le shérif... Vous m’avez dit leurs noms ennuyeux aussi souvent que j'ai
de dents dans la bouche...
— Votre interruption est grossière, dit l’étranger en donnant un coup de
poing sur la table; est-il possible de traiter ainsi cet honnête homme? Je veux
qu’il nous dise son conte en dépit de vous, l’eus:.iez-vous entendu déjà autant
de fois que vous avez de cheveux sur la tête.
— Non, non, maître..., interrompit avec douceur le maître d’école, racon-
tez-moi plutôt quelque chose de vous-même... Et puis après j'essaierai de me
rappeler quelque ancienne Légende plus digne d’un pareil auditoire.
— Je le veux bien, reprit le voyageur... quoique je ne sois pas un habile
Banrateur... Je vais vous compter une histoire véritable, consignée dans des
chroniques authentiques et qui renferme une leçon terrible contre le crime
de gloutonnerie. — Mon digne monsieur, continua-t-il en s'adressant au shé-
rif. vous pouvez avoir entendu dire qu'il existe dans le.comtéd'Angusun grand
nombre de cavernes sombres et profondes.
— Je le sais sans que vous me l'appreniez, interrompit le shérif, auquel
avait déplu tint d'abord le prologue du conteur...
— Eh bien ! poursuivit l’étranger, dans l'une de ces retraites demeurait un
homme qui après avoir dépensé tout ce qu’il avait à satisfaire ses goûts de
bonne chère et de gourmandise, fut forcé, avec sa femme et ses erifans, de
chercher un abri dans une caverne à laquelle les horribles scènes que je vais
raconter ont fait donner depuis le nom de Y Antre infernal. Ce misérable,
loin dj se repentir des maux qu’il avait attirés sur sa maison, regrettait cha-
que jour les bons repas qu’il ne pouvait plus faire ; au lieu de pleurer ses pé-
chés. il ne rêvait que cailles, perdrix ou faisant rôtissant au feu, oies en bro-
che. dinde aux petits oignons ; et l’objet le plus doux de ses pensées criminelles,
e'était (l’étranger s'exprima avec une sorte d'emphase qui fit trembler le gros
shérif), c'était, messieurs de belles tranches de saumon fumé, cuites sur le
gril ; et la chronique véritable qui nous a transmis celte histoire, nous ap-
prend que tel était la culte que cet homme vouait à celte idole de son ven-
tre qu'il n'en aurait pas partagé la plus mince tranche, eût-il pu. par ce léger
sacrifice, sauver les siens, ses amis, sa famille d’une entière destruction.
Or, il n'y avait pas de saumon fumé dans la caverne ; y en eut-il eu que le
feu aussi bien que le gril eussent manqué pour le faire cuire. Les herbes de
la terre Tonnaient tout l'assaisonnement qu’il fût possible au malheureux de
M procurer ; «t il u’avajl, pour étancher au soif, que l'eau claire d'uue source
FRANCE. — Paris, 9 janvier.
CHRONIQUE ET BRUITS BS litLOlï.
cbrdnique parlementaire. — On a distribué aujourd’hui aiurmem-
bres de la chambre des députés cinq brochures sur la question de la
conversion des renies. Un seul écrit de quatre pages , et fort insigni-
fiant , se prononce contre celle mesure. Les quatre autres, qui con-
tiennent des considérations plus ou moins développées , mais pour la
plupart dignes d’attention par la manière dont elles sont présentées,
sont de MM. A. Rabusson, Morel-Fatio , négociant, Alexis Ilamelin ,
et d’un négociant d’Alençon.
Parmi les autres documens distribués aujourd’hui à la chambre, on
remarque :
Le compte-rendu de la discussion des cortéfr'espagnoles sur le pa-
ragraphe de leur adresse relatif au traité de la quadruple alliance ,
précédé du texte de ce traité;
Des considérations sur la loi du 17 mai 1837, portant création d'un
fonds extraordinaire pour les revenus publics , par M. le duc de
Gaëte ;
Un Mémoire sur le moyen de faire face aux travaux d'utilité pu-
blique. et d'opérer simultanément la conversion des rentes, par l'em-
ploi des soldats aux grands travaux publics , et sur l’avenir des che-
mins de fer en France ;
Quelques mots sur la question polonaise.
LEGION d’iionnecr. — Il n’y a pas eu, au 1" de l’an, de promotion,
dans la Légion-d’Honneur pour l’année, et toutes celles qu’elle at-
tendait ont été, sauf trois ou quatre nominations exceptionnelles,
ajournées jusqu’à la fête du roi. Le grand nombre depromotions aux-
quelles a donné lieu récemment la glorieuse expédition de Constantine
est la cause ou le prétexte de cet ajournement. Mais les ministères et
les diverses administrations n’ont pas eu à se plaindre de la même ré-
serve et des mêmes scrupules, et bon nombre de décorations ont été
distribuées dans les bureaux ; il est vrai qu’on a agi, cette fois, avec
une mystérieuse prudence : on a, pour ainsi dire, imposé le silence
aux nouveaux chevaliers sur leur illustration. Mais celle condition de
modestie, cette clause d'humilité, n’ont pu être rigoureusement ob-
servées, et les échos de l’empire bureaucratique ont été moins discrets
que le Moniteur et les autres feuilles ministérielles. Il parait cepen-
dant que beaucoup plus de croix encore eussent été accordées si le ma-
réchal grand-chancelier n’eùt fait des représentation fort sages pour
défendre les intérêts de l'ordre et surtout sa considération, car un
seul ministre, celui qui a la prétention d’encourager les lettres, avait
proposé une liste de soixantë-quinze ou quatre-vingt personnages plus
ou moins lettres.
affaire d’baïti. — Le ministère, dans le discours de la couronne, a
déclaré que, sous la protection de notre marine, les envoyés du gou-
nement applaniraient les difficultés qui s’opposent à l’exécution des
engagement d’Haïti envers la France. Nous voulons croire à cette pro-
messe ; mais ce n’est pas pour la première fois qu’elle esl faite solen-
nellement, et jusqu’ici les résultats n’ont guère répondu aux espéran-
ces qu’on avait fait naître. Une discussion s’étant engagée à la chambre
des pairs sur le paragraphe de l’adresse qui se rapportait à l'affaire
d’Haïti, nous avons vu M. le président du conseil accepter avec l’as-
surance d’un homme parfaitement sùr de son fait et content de lui des
expressions qui autorisaient à 'penser que les deux commissaires du
gouvernement avaient mission d'exiger pour les intérêts et pour l’hon-
neur de la France une satisfaction complète. Nous avons, sur ce grave
sujet, quelques questions à adresser à M. le président du conseil et
quelques éclaircissemens à donner à la chambre. Nous n’y manquerons
pas demain. (Siècle.)
l* ministère devant la commission de l’adresse. — Ce matin à midi
la commission de l’adresse était réunie extraordinairement. Cette
réunion, contraire aux usages parlementaires, avait été sollicitée par
M. le président du conseil, dans le but de demander aux membres de
la commission une interprétation ou une explication du paragraphe de
l’adresse relatif à l’Espagne.
Le cabinet, par l’organe de M. Molé, a prié, la commission de lui
déclarer si elle entendit prescrire l’intervention au gouvernement. Il
a été répondu à cette communication étrange, que la commission en-
tendait recommander au pouvoir la pacification et le salut de l’Espag-
gne, et lui laisser, quand au surplus, la responsabilité et la liberté de
son action exécutive. Après ces déclarations réciproques, on s’est séparé
pour se rendre à la séance. Voilà (Imu: la pensée de la commission plus
claire, s’il est possible, et le ministère un peu plus embarrassé.
remise de lettres de crédit. — M. le comte de Kieltnansegge a re-
mis au roi les lettres qui l’accréditent auprès ne S. M. en qualité de
ministre résident de S. M. le roi de Hanovre.
bénéfice des JEDX. — Le bénéfice des jeux, pendant le mois de dé-
cembre, a été, dit-on, de plus d’un million.
désespoir. — Un ouvrier en bâtiment dont le costume annonçait
voisine. Il arriva, messieurs, qu’en rôdant une nuit dans les environs, il se trou-
va près d’une chaumière d’où sortaient des gémissemens et des cris de douleur.
Il regarda par la fenêtre et vit une femme pleurant sur un enfant mort, étendu
dans son berceau qu'il allait quitter pour son dernier lit, la fosse ducimelièro.
La pauvre femme était seule dans la chambre ; elle se tint long-temps pen-
chée sur le berceau de son enfant; puis, entrant dans la chambre du fond,
elle tomba à genoux, et se couvrant la tète de son tablier, elle reprit ses gé-
missemens et ses cris comme si son cœur allait être déchiré par la douleur.
Notre glouton vît toutes ces choses ; et lorsque ses yeux s'arrêtèrent sur l’en-
fant mort, si beau, si blanc, avec ses petites mains potelées, croisées sur sa
poitrine, le génie du mal suggéra à son esprit une pensée horrible. 11 résolut
aussitôt de voler le cadavre pour assouvir son appétit, et il le fit sur-le-champ.
— Le monstre! s’écria le maître d'école saisi d’horreur.
— Voyez-vous, continua l’étranger, en se tournant vers le shérif qui fré-
missait de rage en écoutant ce récit qui lui semblait une satire dirigée contre
lui-même, voyez-vous comme un vice mène à l’autre. La scélératesse du mi-
sérable ne s'arrêta pas là. ..Le goût de la chair humaine devint délicieux puur
son palais dépravé.. Pour le satisfaire, il se fit assassin, et avec l’aide de sa
familie, qu’il avait habituée à scs repas, il égorgea beaucoup d’enfnns, et
même des hommes et des femmes. La disparition de tant d’individus. dispari-
tion qui ne pouvait s’expliquer, donna l’éveil à tout le pays : on fit des recher-
ches ; tes montres furent trouvés dans leur caverne qui présenta tant de preu-
ves incontestables de leurs crimes, que les habitaus indignés demaadèrent
tous d'une voix qu’ils fussent brûlés sur le lieu même . théâtre de tant d'hor-
reurs. Un grand ;feu fut allumé, et le monstre, sa femme et ses enfans fu-
rent fun après l’autre jetés dans les flammes. La dernière était une fille, et
au moment où un homme dont le premier-né avait péri victime de cette
famille impie lui liait les mains, en lui faisant [d'amers reproches de ses
crimes, elle se retourna avec fureur. —Vous m’injuriez, s’écria-t-elle, comme
si j’avais commis un bien grand crimel Allez, croyez-m’en, si vous aviez goûté
de la chair palpitante d’homme ou de femme, vous la trouveriez si délicieuse
que vous ne uie défendriez plus d’en manger. — El en disant ces mots, elle
retira scs mains d’entre celles de l’homme, et lui appliquant un coup de poing
sur l’oreil’e juste comme cela...
Et l’étranger, ajoutant le geste à la parole , envoie au shérif un soulllet si
bien appliqué qu’il le renversa de son siège ; le shérif dans sa chute entraîna
la table, et avec elle la mesure d'étain contenant la bière, le flacon d'eau de-
vie, les plais et les assiettes qui se brisent avec un bruit épouvantable.
L'étranger se précipita à «ou secours, lui demandant mille pardons pour une
une misère profonde , s’est précipité des tours Notre-Dame hier , à
heures du soir. 11 a été brisé dans sa chùte.
température.— En attendant la gelée, qui viendra peut-être pour le
Midi comme elle nous arrive aujourd’hui à Paris, où nous avons le pre-
mier froid un peu sérieux de l’hiver, voici qu’on écrit de .Marseille, le
4 janvier, que dans l’avant-dernière nuit un orage, accompagné de
grêle, était venu fondre snr la ville avec un fracas terrible. Toutes les
rues s’étaient transformées en torrens.
CHAMBRE US3 DEPOTES. — Suite de la Séance du 8 janvier.
M. güizot Je demande la parole. (Vive sensation.)
M. de sade soutient que certains hommes se sont trop glorifiés d’avoir main-
tenu l’ordre en France ; cela n'était pas bien difficile, car tout le inonde vou-
lait l'ordre, mais dans le langage de ces hommes, maintenir c’est museler,
comme on n’a pas craint de le dire à la tribune.
une voix du centre. On a par é de museler le monstre de l'anarchie, cela
m'empêche personne de parler. (On rit).
M. de Sade développe une théorie de laquelle il résulte que, dans son opi-
nion, la chambre des députés est et doit être le grand régulateur du pays ; or,
comment le ministère pourrait-il se soutenir, placé pour ainsi dire en fair au
milieu de cette chambre et sans avoir en elle un point d'appui ?
m. le président du conseil. (Profond silence ) Messieurs, l’honorable M.
de Sade, avec la politesse et l'urbanité qui le caractérisent, nous a adressé
quelques reproches, a fait de notre conduite certaine critique qu’il nous est
impossible de laisser un instant sans réponse.
Il nous a demandé si nous aurions, dans cette session, une marche plusjdé-
cidée que dans la dernière ; il nous a dit que, dans la dernière session, nous
n avons su, ni renier le passé, ni dessiner l’avenir.
Je ne croyais pas, messieurs, que telle eût été notre ronduite, et qu’on pût
tirer de telles inductions, soit de ce que nous avons dit, soit de ce que nous
avons fait. Cette année, comme l'autre , nous avons des idées très arrêtées,
des principes qui ont été ceux de toute notre vie. u
On nous demande un programme : un gouvernement-prudent n’en a pas.
Je ne sais pas ce que c'estqu’nn programme de gouvernement. Je sais ceique
c'est que des principes de gouvernement, et nous eu avons d'invariables.[Ce*
principes, ce sont ceuxque nous avons professés.
Vous avez fait. nous dit-on, autre chose que vos devanciers. L’amnistie est
le point de départ d'une politique nouvelle.
Messieurs, il n’y a rien de pire que ces mots à sens vague, et derrière les-
quels les passions se rallient. Je demanderai à mon tour à l'honorable orateur
auquel je réponds, quel est sou programme. Serait-ce, par hasard, de faire de
l’amnistie précisément tout ce que nous voulons qu’elle ne suit pas? Je n hé-
site plus à le croire, s’il prétend que l'amnistie soit la condamnation du passé.
Le passé, messieurs je l'bonore! (Au centre Très bien! ) Je m'y suis asso-
cié de mon vote presque toujours, de ma parole quelquefois. (Nouvelle adhé-
sion au centre. ) Le passé a rendu d'immenses services au pays. Malheur à
moi si je venais à le condamner I
Quand à l’avenir, l'honorable M. de Sade nous demande aussi quel est nolra
système . et faute de répondre, il nous condamne à rester suspendus en l’air,
c’est-à-dire sans appui, et à n'avoir personne pour nous dans cette chambre.
Notre System a été et est encore peut-être trop hardi, messieurs, il est de
gouverner en dehors de toutes les opinions passionnées, de gouverner en de-
hors de tous les partis Nous avons cru qu'apres une révolution comme la
nôtre, après les luttes où tant d'hommes courageux ont sauvé le pays, un mo-
ment arrivait où la pacification devait être proclamée, où le signal devait en
être donné d'en haut. Voilà le véritable sens de l'amnistie, le seul qae nous
avouerons. Cette gronde mesure a été un appel à tous les gens de bien, à tou*
ceux qui aiment le pays avant tout. Nous leur avons dit; aidez-nous à pacifier
le pays, à rapprocher les esprits, à calmer les passions.
Voilà notre programme, s'il nous faut employer ce mot. Vous suffit-il ?
Nous n’en avons pas d'autre Nous avons cherché à faire rentrer notre patri*
tant éprouvée dans l’étal normal des sociétés.
L'abdication des partis, l’oubli de tous les souvenirs irritants nous paraissait
ouvrir la carrière à toutes les améliorations morales et matérielles dont la
France a besoin. (Très-bien ! )
Je ne croirai jamais, je l’avoue, qu'avec de’lels principes, de tels desseins ne
trouvent personne pour eux dans ce.tte Chambre. Je croirai, au contraire ,
qu’une telle profession de loi y trouvera beaucoup d’écho. C’est à cette Cham-
bre nouvelle, cette Chambre libre d'engagement, comme ledit votre adresse,
de nous dire si nous nous sommes trompés ; s’il enétait ainsi, messieurs, noua
emporterions avec nous soyez en sûrs, l'honneur de la tentative.
M. de Sade a fini son discours d'une manière plus positive et plus pratique;
il nous a dit : Mais voyons, il faut pour que nous vous connaissions, vous poser
des questions qui puissent servir entre nous de pierre de touche. Allez-vous
laisser intact cet arsenal de lois de répression dont notre législation est en-
combrée ? Messieurs, il a fort bien choisi entre nous l’épreuve. A nos yeux la
révision qu'il propose serait le commencement d’une véritable réaction. C'est
à quoi le minstère que j’ai l'honneur de présider, non-seulement ne se prêtera
pas, mais à quoi il s'opposera toujours. (Très-bien ! au rentre )
Permettez-moi de terminer par une simple réflexion. Il y a bien longtemp»
que beaucoup de gens invoquent l’amnistie ; il y a bien longtemps que l'on
rejette sur les hommes qui gouvernent la perpétuité de la lutte et qu'on leur
demande le signal de la pacification. Eh bien ! le signal a été donné, et, ici ja
demande qu'il me soit permis d'exprimer librement un sentiment dont Je suis
affecté.
Une portion de ceux qui appelaient de leurs vœux les plus ardents , cett»
grande mesure, semblent aujourd'hui chercheravec la mèmeardeur un champ
de bataille. Ils s'efforcent de chercher le moyen de renouveler les luttes que
nous avons voulu terminer (très bien !) Je ne crains pas de l'avouer, il y a là
quelque chose de douloureux pour nous. Nous n'en persévérons pas moins dan»
la voie où nous sommes entrés. Nous continuerons à travailler de tous nos
efforts à pacifier les cœurs et les esprits.à terminer ces luttes intérieuresdont
le pays a tant souffert. Et en finissant, je le répète, c'est à cette chambre à prou-
ver par son adhésion ou son refus de concours, si nous avons compris te vœu
et les intentions du pays. Avec votre adhésion, messieurs, nous pourrons, je
le crois, assurer à la France un belavenlr; dans le cas contraire . nous nou*
retirerons avec l'honneur de la tentative et peut-être l'estime que notrepersé-
vérance aura mérilé. (Vive adhésion au centre.) •
te. Guizot. Je demande à dire deux mots de ma place. (Mouvement dé-
tention.) ,.. .
Après les paroles que vient de fairo entendre M. le président du conseil, J»
désire ne point monter à la tribune en ce moment.
si fatale maladresse, et lui disant qu’il était tellement emporté par la.chaleuF
de son récit qu’il ne savait plus ce qu'il faisait. Mais tandis qu i] considérait
sa victime, nageant dans l'écume d'ale et d eau-dc-vie, et couverte de morceaux
de lard, d œufs et d’arétes de poisson , le sourire qui brillait dans ses yeux
s'accordait mal avec ia peine et le repentir qu'exprimaient ses paroles. La
shérif reçut ses excuses dans un morne silence, repoussa scs offres de service,
et rédondit à tous ses discours de politesse par un regard plein de la plus som-
bre rage. Lorsque le maître d'école eut enfin relevé son infortuné supérieur,
l'étranger leur proposa de reprendre leurs places pour écouter une autre his-
toire.
— Nous avons assez de vos histoires pour aujourd’hui, dit le shérif avec
colère. Femme, faites notre compte.
Sur cet appel, dame Clinkstoup parut et tendit la carte au shérif: et tandt»
qu’il cherchait le montant de sa part dans sa bourse de cuir, le maître d’école
se risqua à lui dire qu’ils devraient J eux deux payer tout l’écol-
— Considérez, mon cher monsieur, dit-il, que nous sommes ici chez nou»!
tandis que cet étranger est un voyageur auquel il reste peut-être un longche1-
min à faire,
— Qu’il prenne le chemin de l'enfer, reprit le shérif... Me croyez-vous un
Ine assez stupide pour dépenser mon argent a nourrir des gens que je ne con-
nais pas ? Non non. chacun sa part ; partage égal est un vieux proverbe dB
Markinch, et je ne veux pas y déroger.
— Soit, soit, dit l'étranger, partage égal...
Et jetant l’argent de son écot sur la table. Il sortit de l'hôteileria, monta sur
sa bête et partit au galop.
11 se passa quelque temps sans que rien fût changé au statu quo de Maf*
kinch, jusqu'à ce qu'un jour toute la paroisse fut mise en émoi par l’étourdis-
sante nouvelle que le roi avait jugé à propos d'égaliser les revenus du shérif
et du maître d'école, ce qui s’effectuerait en reportant sur le maître d'école
la somme d'appointemens retranchés du traitement du shéiif Une phrase de
l’ordonnance royale vint éclater les parties intéressées sur les cause de celte
mesures inattendue, et leur appris en même temps que l’étranger d hôtellerie
n’élai! autre que le roi Jacques V déguisé. La phrase dont nous voulons par-
ier était conçue en ces termes, et les habitans du lieu se la rappelenl encore
aujourd’hui ;
« Le roi ordonne que les traltemens du shérif et du maître d’école seront
égalisés ; il le fait d’autant plus volontiers, qu’il a appris que, dans la paroisse
de Markinch, le partage égal éiait une coutume Invariable à laquelle il n»
fallait pu» déroger, » |