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taiteii 12 Janvier
abonnements:
Dans nos bureaux et chez tous les Directeurs
de postes (franco de port), pour :
1871 - Qtiarairtdeaxiènie année.
PM2
La Belgique.
La Hollande.....
La France.......
î/Angleterre....
L’Alieiaague....
Les Etats-Unis...
ïiréslâ-et Indes...
trimostro. Fl. 8.80
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’AÎEMENT PAU ANTICIPATION.
Politic
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{>. A. DELA MONTAGNE,
Littéraire et Artistique.
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LIGNE D'ANVERS A BOOM
pour Anvers 5.20, 9.20, 3.10, 8.45.
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Pince du Musée, Aim-r»,
D'Anvers pour Boom 6.40, 11.10, 5.10, 10.20. — De Boom
CHEMIN DE FEU GRAND CENTRAI, BELGE.
Lierre 3.33, 7.12, 9.33, 11.00, 1.50, 5.21. 8 23. — Acrachul. Louvain. Diesl,
aO, 5.21. — Maestncbt et Aix la-Cbapelle 7.12, 9.33, 1.50, 5.51. - Roosendaal,
jireda, Dordrecht, Rotterdam7.88 K.. 10.85, 2.30 jusqu'à Breia, 3.41 E, 6.45. — OUignios,
Lodehnsart, Charleroi. Berzes, Walcourt, Marienliotirg. Virenx et au-delà 7.12, 9.33 Jusou'à
1' alcourj), 1.50, 5.45 (jusqu’à LodeUqj»art). - Hérenthah, Turnhout et Tilbourg 5.30, U jusqu'à
Turnliou ;. 5.21. “
' CHEMIN DE FER DU PAYS DE WAAS.
D'Anvers pour Garni 7.15, 8 50 E , 10.55,2.05, 3.45 E., 7.15. - De G,vni> pour Anvô'i-s 4.30, 7 10,
9.25 K., IC.50. 2.15, 5 25 B., 7.05.
r.. , . BATEAUX A VAPEUR.
I) Anvers (départs du leerdam) pour Tamisa 7.45 matin, et 3 h. soir. — D’Anvers pour Boom
I2.i., soir. — D'Anvere pour Hamme 2.30 soir. — Da T.vus:; pjur Au-ors 7.3) et 10 matin.-»
De Boom pour Anvers 3 h, soir.
Vendredi là "Janvier.
agents:
HOLLANDE, M. H. NlJGH ET VAN DiTMAH,
Rotterdam, et tous les directeurs de poste»
du royaume.
paris, Ha
’laee de la E_
LONDRES, DküZY DaVIES ET CM, C60U
s reet, strand, et A. Maurice, 13, Tavistock
Row, Covent Garden.
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INSERTIONS :
Annonces la petite ligne......i?r. 0.25
Réclames (fin du journal) la ligne... » 0.75
Faits divers, la ligne........ « g.—
ltubrique Anvers, la ligne.... » a.50
Pour les annonces do la France s’adresser A
MM. Havas Lafitte <S C'.Place delà Bourse,
8. et à MM. G. L. Daube <6 O, 3l6is, ruo du
Faubourg Montmartre, Paris.
C?* Les annonces sont mesurées au ligna-
mètre. — Les titres se paient d’après Vespac*
cp.Clls occupent.
RESUMÉ POLITIQUE.
La Chambre des députés de France a eu hier
une séancesans importance. Il convient seulement
de signaler 1’aUocution que M. Grévy a prononcée
en prenant possession du fauteuil d^ la présidence.
M. Léon Say a déposé sur le bureau le projet de
budget pour 1878.
Il est difficile de porter dès maintenant un juge-
ment sur les élections qui viennent, d’avoir lieu en
-Allemagne pour le renouvellement intégral du
Parlement. Un fait qui frappe c’est que le parti
socialiste a conquis île nouveaux sièges. A Berlin,
notamment, à Gotha, à Nuremberg et' à Dresde,
ses candidats sont parvenus à passer au premier
tour -de scrutin ou à rendre un ballottage néees -
saire. Les nationaux-libéraux paraissent, de leur
côté, avoir perdu du terrain. Quant, aux progres-
sistes, on ne saurait encore dire s’ils auront à se
èoaer de l’issue de la lutte qu’ils ont provoquée.
En Alsace Lorraine, le parti de la protestation
-a fait passer ses candidats, sauf à Strasbourg où
des autonomistes ont réussi à faire élire M. Berg-
mann par 4300 voix contre 3800 données à M.
Lauth.
L’approche de la réunion du Parlement rend la
via politique plus active en Angleterre. Trois
membres du cabinet doivent prochainement se
faire entendre à Liverpool pour justifier la politi-
que du gouvernement. D’autre part des chefs du
parti libéral ont déjà prononcé en différentes
villes des discours qui promettent de prévoir quelle
sera l’attitude qnils prendront à la Chambre.
Sir William Harcourt a exprimé l’opinion qu’il
est impossible d’admettre que le gouvernement
anglais , ayant fait des demandes catégoriques
à la Turquie , puisse permettre au gouverne-
ment ottoman de les répudier. Bir Charles Dilke
s’est inspiré de la même idée et a condamné la
politique consistant à s'unir à la Russie pour
imposer certaines demandes aux Turcs an nom
de 1 Europe , et à laisser ensuite la Russie
dans l'alternative de choisir entre l’abanlon
de ces demandes et la nécessité de lutter seule
contre la Turquie pour les imposer. M. Fawcett,
parlant de la Conference, a dit que, si elle aune
signification quelconque,elle signifie que l’Europe
s’est unie pour obtenir de la Porte des garanties
efficaces pour le meilleur gouvernement futur des
provinces qui ont été si mal gouvernées dans le
passé. “ Si l’Europe coalisée, a-t-il dit, n’obtient
pas cette garantie, si elle permet à kl Turquie
de pratiquer de nouveau ses vieilles impostures
en faisant des promesses qa’elle n'a jamais eu
l'Intention de tenir, la Turquie pourra 'dire
qu’elle a vaincu. Elle traitera avec mépris les
remontrances de l’Europe coalisée, parce qu’elle
«lira que, malgré toutes ses protestations,
l’Europe n’a pas eu le courage do rien faire
pour empêcher de persévérer dans la voie néfaste
qu’elle a suivie dans le passé. Nous sommes
à un moment où le peuple anglais doit élever
la voix et dire qu’il espère que l’Angleterre
poursuivra à n’importe quel prix une politique
«le courage, et ne se laissera retenir par aucun
danger imaginaire qui pourrait être évoqué au
sujet de son Empire indien, ou par une jalousie
sans fondement vis-à-vis de la Russie. ’
Les négociations pour le renouvellement de
l’Ausgleich austro-hongrois continuent à Rame-
ner aucun résultat. A Pesth la situation est mèmè
considérée comme très-tendue et M. Tisza. prési-
dent du conseil des ministresde Hongrie, a déclaré
à l’empereur qu’il aimerait mieux se retirer que
d’accepter les propositions du gouvernement au-
trichien dans une des questions en discussion, à la
question de la Banque.
L’incident roumain n’est pas encore aplani,mais
s’il faut en croire la Correspondance politique
de Vienne la conseil des ministres turc aurait ré-
solu en présence de la protestation du gouverne-
ment de Bucharest, de remettre au gouvernement
russe une interprétation officielle des articles de
la Constitution qui ont donné lieu à la protesta-
tion.
(Correspondance particulière du Précurseur.)
Bruxelles, 11 janvier.
Nous apprenons par le rapport annuel, publié
par le ministre delà justice sur l’exécution do la
loi relative aux étrangers,que du 17 juillet 1875 au
1T juillet 1876 six étrangers ont étc expulsés par
arrêté royal pour avoir compromis la tranquillité
publique. On frémit en songeant â ce que serait
devenue la Belgique si ces six personnes n’avaient
pas été chassées du sol beige. Deux d’entre elles
surtout mettaient notre pays à deux doigts de sa
perte. Voici comment le rapport rend compte de
leurs méfaits. L’étranger expulsé par arrêté royal
du 26 janvier 1876, après un séjour de quatre an-
(3?t"4) Feuilleton du Précurseur.
JACK
MOEUHS COXTEMPOilAIXES.
Première Partie.
N
CÉCILE. (Smti).
•Jack pâlit, s'attendent à être grondé ; mais
comme il ne savait pas mentir, il répondit :
— C’est moi.
Cécile ayant désiré un écureuil vivant, il avait
fabriqué un piège en entre-mêlant les fils de fer en
trébuchet parmi les branches par uue ingénieuse
combinaison qui n’avait pas encore pris d ecureuil,
mais qui pouvait fort bien en prendre.
— Et tii as fait cela, tout seul, sans modèle ?
11 répondit très timidement :
-- Mais oui, monsieur Labassindre, sans modèle.
— C’est extraordinaire... extraordinaire , ré-
pétait le gros chanteur en se tournant vers les
autres... Cet enfant est né mécanicien, c’est positif.
Il a ça dans les doigts. Qu’est-ce que vous voulez ?
C’est l’instinct, c’est le don.
— Ah ! voilà...le don ! fitle poète en redressant
fièrement la tête.
Le docteur Hirsch se rengorgea lui aussi :
— Tout est là, parbleu !... le don !
Sans s’occuper davantage de l’enfant, ils recom-
mencèrent à se promener ensemble dans l’allée du
verger, gravement, lentement, avec des gestes
hiératiques et des haltes quand l’un d’eux avait
quelque chose de très important à dire.
.Le soir, après dîner, il y eut une grande discus-
sion sur la terrasse.
— Oui. comtesse, disait Labassindre en s’adres-
sant à Charlotte comme s’il eût voulu la con-
vaincre d’une vérité déjà débattue entre eux ;
nées, ava tét) condamné le 7 septembre 1871 par
!e conseil m guer e nermanent séant à Versailles,
à la déporfation dans une enceinte fortifiée pour
avoir : 1° usurpe uosfonctions civiles; 2° participé
à un attentat ayant pour but de détruire la forme
du gouvernement. ; 3° coopéré à la construction
des barricades.
8a peine ayant été commuée en celle de 10 an-
nées de bannissement il fut conduit à la frontière
belge.
Il fut autorisé à séjourner dans le pays moyen-
nant l’engagement formel de ne porter aucune
atteinte à la tranquillité. Il viola cette promesse
à différentes reprises malgré les avertissements
qui lui furent donnés au nom du gouvernement.
C’est du citoyen Georges Cavalié, dit Pipe en
Bois, qu’il s’agit. Pipe en Bois a perpétré quelques
méfaits littéraires sous forme de revues, vaude-
villes, représentés daus un des petits théâtres
des faubourgs. Sa dernière œuvre avait été faite
à Ja demande de l’imprésario qui dirigeait le
Théâtre des Boulevards de Charleroi; c’était au
moment de la grève qui avait éclaté dans les char-
bonnage s des environs de cette ville. On rattacha
;a revue à la grèves, la représentation de la pièee
de P pe en Bois fut interdite et Pipe en Bois ex-
pulsé. A quoi tiennent pourtant les destinées des
peuples et des théâtres ! J’ignore si les intérêts
du théâtre des Boulevards de Charleroi souffri-
rent beaucoup de l’interdit dont la revue de Pipe
en Bois fut frappée; mais grâce à la vigilaace et
à l’énergie du gouvernement, la Belgique fut sau-
vée et la tranquillité publique un instant compro-
mise se raffermit. Quel dommage que le gouver-
nement n’ait pas à sa disposition une recette
semblable pour l’appliquer aux crises financières.
Un second étranger a été expulsé pour excès de
plume. Le rapport s’exprime en ces termes à son
sujet. Cet étranger qui a été condamné à Paris le
11 décembre 1872 par contumace à la déportation
dans une enceinte fortifiée, pour avoir exercé les
fonctions de lieutenant dans l’armée de la Com-
mune, abusaitdel’hospitalitéquiluiétait accordée
en publiant dans un journal socialiste belge, des
articles pleins d’excitations à la haine et à la ven-
geance et conçus dans les termes les plus violents.
Cette fois nous avons été sauvés sans le savoir.
Le salut nous est venu comme la fortune vient à
d'autres, en dormant. Le nom de ce communard,
qui abusait de l'hospitalité belge et qui écrivait
dans un journal socialiste des articles pleins d'ex-
citation à la haine et à la vengeance, nous est
complètement inconnu. Nous ne soupçonnions
même pas les dangers que nous courions ; le
gouvernement veillait pour nous, et il n’a pas hé-
sité à faire son devoir. Le coliaborateurdu journal
socialiste belge que le rapport ne désigne pas au-
trement, a été expulsé par arrêté royal du 19 mai
1876. Son séjour en Belgique a été de trois ans et
demi.
La section centrale du budget de l’intérieur pro-
pose par 1 voix contre 1 la suppression du subside
de 15,000 fr. inscrit au budget pour le théâtre fla-
mand de Bruxelles. Z.
Association libérale et constitutionnelle
d’Anvers.
L’Assqciation Libérale vient de recevoir
d’Angleterre et expose au public dans son lo-
cal, Place Verte, l’urne de scrutin de Joseph
Backhouse, donnant l’énumération instantanée
des votes et permettant aux aveugles et à ceux
qui ne savent ni lire ni écrire de voter sans le
secours de personne.
Le Moniteur publie aujourd’hui la liste des
membres de la Commission chargée d’organiser et
de diriger le concours des artistes et des produc-
teurs belges à l’Exposition universelle de Paris en
1878. Voici leurs noms :
MM. f, decannart d’hamale, sénateur, président
de la fédération des sociétés d’horticnltnre de Belgi-
que, à Malines ; r. braconier, sénateur, à Liège ;
a. leirens-ei.iaert, sénateur, industriel, àAlost; v.
TtRCELiN, sénateur à Mons ; j. beeckman, membre de
laChambre des représentants,à Diest; j.d’andrimont,
membre de la Chambre des représentant, industriel, à
Liège; a. dansaert,membre delà Chambre des repré-
sentants, président de l’Union syndicale de Bruxelles,
meien president du tribunal de commerce de Bru-
xelles, etc.; baron a. de montblanc, membre de la
Chambre des représentants, à Ingelmunster ; ,1. des-
camps, membre de la Chambre des représentants,
ingénieur, à Al h ; s. dêsmet-de lange, représentant,
à Gand; s funck, représentant, à Bruxelles,président
de la commission administrative du Musée royal de
l’industrie; r janssens, membre de la Chambre des
représentants, industriel,àSt-Nicolas; lambert,mem-
bre de la Chambre des représentants, à Charleroi;
e. MEEiis, membre de la Chambre des représentants,
industriel, à Anvers ; g petv de thozée, membre de
la Chambre des représentants, propriétaire, à Grüne
(Luxembourg); a.simonis, membre delà Chambre des
représentants, industriel,à Verviers ; l. t'serstevens,
l’homme de l’avenir, c’est l’ouvrier. La noblesse a
fait son temps, la bourgeoisie n’a plus que quel-
ques années dans le ventre. Au tour de l’ouvrier
maintenant, Méprisez ses mains calleuses et son
bourgeron sacré. Dans vingt ans, ce bourgeron
mènera le monde.
— Il a raison... fit d’Argenton gravement, et la
petite tête du docteur Hirsch approuvait avec
energie.
Chose singulière, Jack qui, depuis son séjour au
gymnase, était habitué aux tirades du chanteur
sur la question sociale, et qui ne l’écoutait jamais
le trouvant fort ennuyeux, éprouvait à l’entendre
ce soir-là une émotion pénétrante,comme s’il avait
su vers quel but se dirigeaient ces mots sans suite
et quelle existence ils allaient frapper.
Labassindre faisait un tableau enchanteur de la
vie ouvrière.
— Oh 1 la belle vie d’indépendance et de fierté î
Quand je pense que j’ai été assez fou pour quitter
cela. Aii ! si c’était à refaire.
Et il leur racontait son temps de forgeron à
l'usine dlndret. alors qu’il s’appelait simplement
Roudic, car ce nom de Labassindre qu’il portait,
était le nom de son village, La Basse-Indre, un
gros bourg breton des bords de la Loire. Il se rap-
pelait les belles heures passées au feu de la forge,
nu jusqu à la ceinture, tapant le fer en mesuré
au milieu de braves compagnons.
— Tenez, disait-il, vous savez si j’ai eu des suc-
cès au théâtre ?
— Certes, répondit le docteur Hirsch avec im-
pudence.
— Vous savez si on m’en a offert de ces couronnes
d’or, et des tabatières, et des médailles. Eh bien,
tous ces souvenirs ont beau être précieux pour
moi, il n’y en a pas un qui vaille celui-ci.
Retroussant jusqu’à l'épaule la manche de sa
chemise, sur son bras énorme et velu comme une
patte d’ours, le chanteur montrait un grand
tatouage rouge et bleu, représentant deux mar-
teaux de forge croisés dans un cercle de feuilles
do chêne, avec une inscription en guirlande:
Travail et tiberté. De loin, cela ressemblait aux
suites ineffaçables d’un énorme coup de poing ; et
le malheureux ne disait pas que ce tatouage, qui
avait résisté à toutes les frictions, à toutes les
pommades, faisait le désespoir de sa vie théâtrale,
parce qu’il lui interdisait les effets de biceps,
l’empêchait de relever ses manches pour jouer la
Muette, Herculanum tous les héros des pays de
soleil renvoyant de leurs deux bras nus les drape-
ries écartées sur leurs poitrines de vainqueurs.
N’ayant pu effacer son tatouage, Labassindre le
portait, l’étalait, lebrandissait comme un drapeau.
Ah ! maudit soit 19 directeur de Nantes qui était
venu l’entendre, à l’usine, un soir qu’il chantait
ancien membre de la Chambre des représentants,
memtradacjuseil supérieur d'agriculture, à Bruxelles;
j. vncion, industriel, à Liège ; andius jocuamps, ad-
ministrateur-gérant de la société anonyme des verre-
ries de Charleroi, à Lodelinsart; by.hberger, ban-
quier, à Pans; a. belpaire, inspecteur général à la
direction supérieure de l’administration des chemins
de fer, postes, télégraphes et marine, à Bruxelles ;
BRAQUENIÉ, industriel, à Malines ; a. bmai.mont,
général-major,, directeur des fortifications dans la
première circonscription militaire, membre de l'Aca-
démie royale des sciences, des lettres et des beaux-
arts de Belgique, à Bruxelles ; çeaeys, -artiste
peintre, à Bruxelles ; r. crabbe, propriétaire, à
Bruxelles; g. dAllemagne, administrateur gérant de
la société anonyme des hauts-fourneaux, usines et
charbonnages de Sclessin lez-I.iége: comte c. d’astoe-
mont-lynden, propriétaire, àHaitinne; c. de îiEur-
tinne, industriel, à Gand; ». degraeve, propriétaire
agronome, à Stuyvekenskerke; n. dereyzer, artiste
p entre, à Anvers, membre de l’Académie royale
des beaux-arts, des sciénccs et dos lettres de Bel-
gique, directeur de l’Académie royale des beaux-arts
d'Anvers; e. de ryckman, conseiller provincial,
vice-consul de France, à Louvain ; e. de bavoye,
m « nieur des mines, administrateur d’usines de pro-
duits réfractaires, à Badour, 1 z-Mons ; a . ru:
S-hampheleer, artiste peintre, à Bruxelles; r. de
siNCAy, directeur de ta société anonyme de la Vieille-
Moutagne, à Liège; c. de smkt-de smet, industriel,
président du Cercle commercial et industriel. à Gand ;
a. de somer-van genechten, industriel à Turnhout,
ancien président de la chambre de commence do cette
ville ; DEssAiN, imprimeur, à Malines ; .1 de vriendt,
artiste peintre, à Bruxelles ; r. dciiayon, industriel, â
Bruxelles.jugeautribunaldecommeroe; F deyvalquf,
professeur à l’université de Louvain ; evrard, direc-
teur de la Compagnie belge pour la construction de
matériel de cbemin3 de fer, à Bruxelles ; c. fraikin,
artiste statuaire, membre de l’Académie royale des
sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique, à
Bruxelles; j. franck,(artiste graveur, membre de
l’Académie royale des bèaux-arts,etc.,à Bruxelles; a.
francottc. fabricant d’armes, à Liège ; c. gilliot,
négociant, à Anvers ; r. godin, industriel, â Huy ;
h. hf.ntio/, directeur gérant des fabriques de glace 1
et de produits chimiques de la Compagnie de Flore AV;
o. holt a ut, maître de verreries, administrateur délé-
gué de la Société anonyme do glaces et verreries «lu
Hainaut (siège social à Roux), a Jumet (Hainaut);, vv.
janssens, architecte à Bruxelles; f. jochams, inspec-
teur généra! des mines, à Bruxelles; ». kindt, inspec-
teur général de l’industrie,àBruxel!es;L.lambert,ban-
quier, à Bruxelles; j. leclerc, inspecteur général de
1 agriculture^et des chemins vicinaux, à Bruxelles ;
legrand LovviË, industriel, â Gand; ». linden, bota-
niste, vice-président de la Fédération des soeiétéï
d’horticulture de Belgique, à Bruxelles; masset-licot,
industriel, à Namur ; a. mertens, imprimeur, à
Bruxelles; mignot-delstancue,industriel,â Bruxelle-;
c. mullendorff, industriel, à Verviers, membre de
la chambrede commerce libre de cette ville ; r. paqiiot,
directeur-gérant de la Société anonyme de Bleyberg ;
f. palwf.ls, administrateur de là Compagnie des
bropzcs.àBruxelles ; rOELAERT, architecte,àB 'uxelle?;
» portaels, artiste peintre, membre de l'Académie
royale des sciences, des lettres et des beaux-arts, à
Bruxelles; e. rai. ingénieur, à Bruxelles; h. rey,
chef de la maison Rey ainé, fabricant de t.issus de lin,
à Bruxelles : e. romberg, directeur-général honoraire
des beaux-arts lettres et sciences, à Bruxelles ; a.
fonnbErg, directeur général de l'agriculture et de
l’industrie au département do l'intérieur, à Bruxelles ;
e. SAD01NE, directeur général de la Société anonyme
•John Cockerill, à Seraing (Liège) ; j. sauveer, direc-
teur généra! de l'instruction publique au département
de l’intérieur, à Bruxelles ; e. smits, directeur-gérant
de la Société anonyme de Marcinello et Couillet, à
Couiilet; t. bneyers rang, industriel, juge au tribunal
de commerce, à Bruxelles : comte r. van ber straten-
pontuoz, membre du conseil supérieur d’agriculture,
à Bruxelles ; \. van soest de borrenfeld, directenr-
iaspecteur des beaux-arts au département de l’inté-
rieur, à Bruxelles; c. verlat, artiste peintre, profes-
seur à l’Académie des beaux-arts d’Anvers; a. ver-
boeckhoven, industriel à Bruxelles.
MM. de Cannart d’Haraale, Dansaert et de Iveyser
sont nommés vice-présidents; M. Evrard remplira les
fonctions de secrétaire général de la commission.
Commerce, marine, etc.
On s’occupe beaucoup dans notre ville d’un
jugement que vient de prononcer le tribunal
de commerce. *
Voici les faits de la cause.
Le 14 août dernier le steamer belge Funck,
parti d’Anvers avec un chargement de diverses
marchandises, s’échoua dans l’Escaut sur le
Kalool avec le gaillard d’avaut incendié.
Les armateurs du navire et les propriétaires
de la cargaison firent le délaissement à leurs
assureurs respectifs,’ et ceux-ci, par les soins
de M. Ed. Van Peborgh, agent habituel des
uns et des autres, prirent toutes les mesures
que leur semblait comporter lecas pour opérer
le sauvetage le plus complètement possible.
O11 sauva ainsi des chaînes, des ancres, des
embarcations etc., et un certain nombre de
marchandises.
Quand cela fut fait, M. Ed. Van Peborgh —
cesont les termes mêmes du.jugement—« s’as-
pour un camarade blessé. Maudite aussi la note
Incomparable que la nature lui avait mise dans le
gosier. Si on ne l’avait pas détourné de sa vraie
route, à cette lîeure, il serait là-bas, comme son
frère Roudic, chef d’atelier aux forges d Indret,
avec des appointements superbes, le logement, le
chauffage, l'éclairage et une rente assurée pour
ses vieux jours.
— Sans doute, c’est très beau, disait timidement
Charlotte, mais encore faut-il avoir la force de
supporter une existence pareille. Je vous ai en-
tendu dire à vous-même que le métier était très
dur, très pénible.
— Pénible, oui, pour une mazette ; mais il me
semble que ce n’est pas ici le cas, et que l’individu
en question est parfaitement constitué.
— Admirablement constitué, dit le docteur
Hirsch. Ça, j’en réponds.
Du moment qu'il en répondait, il n’y avait plus
rien à dire.
Pourtant Charlotte essayait encore quelques
objections. Selon elle, toutes les natures ne se res-
semblaient pas. Il s’en trouvait de plus fines, de
plus aristocratiques auxqueliescertainesbesognes
répugnaient.
Là dessus d’Argenton se leva furieux :
— Toutes les femmes sont les mêmes, s’écria-
t-il grossièrement. En voilà une qui me supplie de
m'occuper de ce monsieur,—et Dieu sait que cela
ne m’amuse guère, car c’est un assez triste per-
sonnage 1 Je m’en occupe pourtant, je mets mes
amis en campagne ; et maintenant on a l’air de
dire que j’aurais mieux fait de ne pas m’en mêler.
— Mais ce n’est pas ce que j8 dis, fit Charlotte
éplorée d’avoir déplu au maître.
— Eh ! non, ce p’est pas ce qu’elle dit... répé-
taient les autres,-et, en se sentant soutenue, en
voyant qu’on intervenait en sa faveur, la pauvre
femme se laissa aller à une faiblesse d’attendrisse-
ment, comme ces enfants battus qui n’osent pleu-
rer que quand on les protège. Jack, quitta la ter-
rasse brusquement. C’était au-dessus de ses forces
de voir pleurer sa mère sans sauter à la gorge du
méchant homme qui la torturait ainsi.
Les jours suivants on ne parla plus de rien.
Seulement i’enfant crut remarquer un changement
dans l’atùtude de sa mère avec lui. Elle le regar-
dait, l’embrassait plus souvent qu'autrefois, le re-
tenait. près d’elle, lui faisait sentir dans son étreinte
ces enlacements passionnés qu’on a pour les êtres
qu’on doit quitter bientôt. Cela le troublait d’au-
tant plus, qu’il entendait d’Argenton dire à M. Ri-
vais avec un sourire amer qui soulevait sa grosse
moustache ;
— Docteur, on s’occupe de votre élève... Un de
ces jours il y aura du nouveau... Je crois que vous
serez content.
sura avec le plas grand soin, au moyen d’une
expertise minutieuse, que le steamer ne ren-
fermait plus de marchandises a sauver : -, et
il procéda à la vente de l’épave.
Queclevait contenir cette épave? Les mar-
chandises embarquées à Anvers, moins celles
qu’on avait réussi à sauver ou que l’incendie
avait détruites.
L’expertise minutieuse des experts nom-
més par les parties intéressées et par les
autorités compétentes avait établi qu'il ne res-
tait plus rien à sauver de ces marchandises,
et les assureurs avaient renoncé à pousser le
sauvetage plus loin.
Si nos informations sont exactes (il n’a pas
été question de ce point au proçès) les mêmes
experts déclarèrent également que le navire
ne pouvait être renfloué.
Cette expertise minutieuse faite par des
hommes compétents couvrait parfaitement la
responsabilité de M. Van Peborgh et l’autori-
sait, de la façon la plus légitime, à déclarer le
sauvetage terminé et à procéder à la vente de
l’énave.
Une vente de cette nature est toujours aléa-
toire. D’une marée à l’autre le navire peut se
briser et son contenu être dispersé et totale-
ment perdu ; les avaries causées par l’eau aux
marchandises s’ajoutent heure par heure aux
avaries causées par le feu ; le produit de ce
que l’on parvient à sauver ne couvre pas tou-
jours les frais de sauvetage ; on achète l’épave
pr.^ Isque-potfr rien, mais les dépenses énormes
auxquelles entraînent les opérations de sauve-
tage absorbent souvent, et au-delà, le bénéfice
que l’on comptait faire ; les mauvais temps, les
caprices de la mer peuvent violemment con-
trarier et arrêter les opérations; il peut être
matériellement impossible, à un moment
donné, de les poursuivre aussi loin qu’on l’es-
pérait; les acheteurs peuvent être tenus par
l’administration publique du pays dans les
eaux duquel ils opèrent, à des mesures qui les
entraînent à des pertes considérables. Ce cas
était pçssible pour le Funck et les vendeurs
avaient eu soin de décliner toute responsabi-
lité à sc sujet.
En un mot, un contrat de cette nature est
essentiellement aléatoire.
Et il l’était d’autant plus dans le cas actuel
que la signification de l’expertise minutieuse
cotée par le Tribunal était très claire pour,
toutes les personnes qui s’occupent d’affaires
maritimes; si les hommes compétents qui
avaient fait cette expertise minutieuse ont dé-
claré qu’il ne restait plus rien à sauver des
marchandises, cela ne peut s’entendre, disons-
le à leur honneur, que d’une seule façon : c’est
que, en admettant qu’à force d’intelligence
pratique, de peines extraordinaires, d’initia
tive hardie et de frais énormes, quelqu’un par-
vînt à retirer encore du navire des parties de
marchandises, iis étaient convaincus, suivant
l’expression populaire, que le jeu ne vaudrait
pas Ja chandelle.
Or, il se présenta des personnes décidées à
tenter cette aventure impossible et ruineuse.
Une convention d’achat signée par elles et
par M. Van Peborgh, qui donna aussi reçu
pour le paiement de la somme stipulée, lut
faite le 16 novembre dernier
La nouvelle tentative de sauvetage réussit ;
les acheteurs dépensèrent beaucoup d’argent
à extraire des grains avariés qui durent être
jetés par dessus bord, mais ils parvinrent à
extraire un nombre assez considérable de
barils de saindoux.
A cette nouvelle,quelques-uns des assureurs
de la cargaison revendiquèrent la propriété de
ces caisses de saindoux, soutenant qu’elles
n’avaient pas été comprises dans la vente et
que M. Van Peborgh, en vendant l’épave,
n’avait en aucune façon représenté les assu-
reurs de la cargaison.
De là le procès.
Le tribunal de commerce a donné raison aux
assureurs et les aautorises à reprendre les mar-
chandises sauvées assurées par eux, moyen-
nant paiement des frais de sauvetage.
Commentant le texte de la convention de
vente, qui n’est peut-être pas irréprochable, il
a cru que le caractère éminemment aléatoire
de la ventedevaitici céder devant l’application
la plus stricte des dispositions du code civil sur
la matière.
Sur quoi le brave docteur revenait chez lui, en-
chanté.
— Tu vois, disait-il à sa femme, tu vois que j’ai
bien fait de leur ouvrir les yeux.
Madame Rivais secouait la tète :
— Qui sait ?... Je me méfie de ce regard si mort ;
il ne me dit rien de bon pour l’enfant. Quafld c’est
un ennemi qui s’occupe de Arous, mieux vaudrait
qu’il restât les bras croisés, sans rien faire.
Jack était bien de cet avis.
XI
LA VIE N’EST PAS UN ROMAN
l u dimanche matin, un peu après l’arrivée du
train de dix heures, qui avait amené Labassindre
«t une bruyante cargaison de Ratés, Jack, en train
de guetter un écureuil autour du fameux piège,
entendit sa mère l’appeler.
La voix venait du cabinet de travail du poète,
de ce laboratoire solennel d’où tombaient les co-
lères, les observations désœuvrées, la surveillance
maussade de l’ennemi. Averti par l’accent de sa
mère ou seulement par cette intelligence des ne ris
si subtile chez certains êtres, l’enfant se dit :
» C’est pour aujourd'hui... » et monta l’escalier à
vis en tremblant.
Depuis plus de dix mois qu’il n'avait pénétré
dans le sanctuaire, bien des changements s’y
étaient opérés. La majesté du lieu lui sembla
atténuée. Les tentures, mangées parle soleil, im-
prégnées de la fumée des pipes, le divan algérien
crevé, la table en chêne fendue en maint endroit,
l’encrier boueux, les plumes rouillées, disaient que
les discussions et la flâne avaient apporté là cette
banalité qui erre dans les salles d'estaminet.
Seule la chaire Henri II trônait toujours au
milieu de ces débris avec une immuable autorité.
C’est là que d’Argenton était assis pour recevoir
l’enfant, tandis que Labassindre et le docteur
Hirsch se tenaient debout à ses côtés commodes
assesseurs de justice et que les visiteurs de la se-
maine, lo neveu de Berzélius et deux ou trois au-
tres barbes grises s’étalaient sur lecanâpé entouré
d’un nuage de fumée.
Jack vit tout cela en un clin d’œil, le tribunal,
le juge, les témoins, et sa mère, là-bas, debout à
une fenêtre ouverte, qui semblait regarder au loin
très fixement dans la campagne, comme pour dé-
tacher son attention, sa responsabilité de ce qui
allait se passer.
— Viens çà, mignot.ditle poète, à qui sa chaire
en vieux chêne donnait parfois des velléités de
* viel langaige, « viens çà.
Sa voix, dans ces intonations précieuse?, conser-
vait uns telle dureté de timbre., une telle inôexi-
II est intéressant de rapprocher de ce juge-
ment la solution d’une autre contestation qui a
beaucoup occupé lo public il y a quelque temps
I n artiste avait acheté à très-bas prix, d’une
personne ignorante en matière de peinture,un
vieux tableau de maître, qui se trouva, après
quelques soins de restauration, avoir une très
grande valeur. On l’attaqua en justice. Il est
évident que s’il avait agi en connaissance de
cause vis-à-vis d’une personne incompétente,
ii eût immédiatement perdu son procès. Mais,
malgré sa qualité de peintre et malgré l’igno-
rance du vendeur, il ne put être condamné à res-
titution parce que le tableau, au moment de la
vente, était dans un état si misérable, si cras-
seux, que personne n’aurait pu en indiquer la
valeur : il y avait un risque à courir, l’œuvre
ne valait absolument rien ou avait une très
grande valeur. La chance avait favorisé l’ar-
tiste.
Pôur en revenir à l’affaire du Funck, nous
rappellerons que,d’après l’article du Vlissinghe
Courant que nous avons reproduit avant-hier,
le navire lui-même sera probablement ren-
floué et remorqué à Anvers, contrairement à
toutes les suppositions des personnes compé-
tentes.
Nous ferons remarquer à nos lecteurs qu’il
n’y a eu, au cours du procès, aucune plainte
contre les experts du chef de fraude ou de cor-
ruption, et qu’une enquête faite officieusement,
parait-il, par la police judiciaire a reconnu
la parfaits loyauté des acheteurs.
U'exploration de l'Afrique centrale.
La Belgique a-t-elle un intérêt à ouvrir le centre
de l’Afrique au commerce européen, et à y intro-
duire la civilisation? Telle est la question que s’est
posée M. Couvreur, membre de la Chambre des
représentants, et à laquelle il a répondu dans la
conférence donnée par lui mercredi soir à l’Asso-
ciaton libérale.
L’Afrique est moins connue qu’aucun autre con-
tinent. Eu 1826, on n’en avait parcouru que la
sixième partie; aujourd'hui un territoire grand
comme six lofe l’Allemagne reste encore à explorer.
Les raisons de cette ignorance sont nombreuses,
elles proviennent surtout de la constitution oro-
graphique du continent africain, l’intérieur s'éle-
vant en terrasses depuis la côte, et les fleuves, à
cause de leurs cataractes, n’étant pas accessibles
à la navigation. Les routes aussi font défaut, ainsi
que les moyens de transport. Le cheval, le mulet,
l’âne, le chameau ne se trouvent plus dans le centre
du continent; le bœuf, dont on peut se servir dans
quelques districts, succombe ailleurs sons la mor-
sure de mouches venimeuses. La plupart des mar-
chandises doivent être portées à dos d'homme, ou
plutôt à tète d’homme.
L’insalubrité des côtes et l’infériorité des races
qui les habitent viennent aussi s’opposer aux en-
treprises du commerce, premier instrument de
civilisation. Les peuplades africaines établies le
long de la mer sont fourbes, lâches, misérables,
adonnées à tous les vices ; elles n’ont qu’une préoc-
cupation : garder pour elles-même le bénéfice des
relations avec l’intérieur; leurs chefs sont plus
mauvais encore. 4
La femme est, pour ces peuplades, un être in-
termédiaire entre l’homme et le singe. Elle est un
objet de commerce. On la donne en gage, on en
loue l’usage. Si ces nègres avaient les notions de
crédit que nous possédons en Europe, ils pour-
raient constituer des caisses de reports avec ces
sortes de marchandises.
La traite encore est un des grands obstacles à
l’étahlissement d’un commerce normal avec le
centre de l’Afrique. Les croisières de l’Atlantique
ont déplacé le mal, sans le supprimer. Les trai-
tants sont établis à Zanzibar, à Kartoum ; de là
ils envoient vers l’intérieur des expéditions armées
pour se procurer de l’ivoire et d’autres marchan-
dises d’une grande valeur sous un faible volume.
De distance en distance des postes fortifiés leur
servent d’entrepôts. Lorsqu’ils ne peuvent obtenir
des porteurs de bonne volonté, ils organisent de
véritables chasses à l’homme. Les Etats musul-
mans, qui sont établis dans le Soudan, croient
faire œuvre pie en enlevent les nègres paiens. Des
hordes de vaincus deviennent ainsi un article
d’exportation. La terreur règne par suite de cela
parmi les tribus de l’intérieur touchées par la
traite ; elles ne cultivent plus le sol que pour ce
qui est nécessaire à leur alimentation et attaquent
tout étranger qui veut pénétrer sur leur terri-
toire. Des districts entiers ont été dépeuplés par
la t a;te ; les femmes ont été enlevées jusqu'à
rendre la reproduction impossible. Les routes par-
courues par les explorateurs sont semées des osse-
ments de malheureux enlevés à leurs foyers et qui
n’ont pu atteindre les marchés de la côte.
bilité de forme qu’on eût pu croire que c’était le
fauteuil Henri II lui-même qui parlait.
— Je te l’ai dit bien des fois, enfant ; la vie n’est
pas un roman. Tu as pu t’en rendre compte en me
voyant souffrir, me débattre au premier rang
dans la mêlée littéraire, sans jamais ménager ni
mon temps ni mes forces, parfois lassé, jamais
vaincu, et m’obstinant , malgré la destinée, à
combattre le bon combat. Maintenant, c’est à ton
tour de descendre dans la lice. Te voilà devenu
un homme...
Il n’avait guère plus de douze ans, le pauvre
petit.
— Te voilà devenu un homme. Il s’agit de nous
prouver que tu n’en as pas seulement l’âge et là
taille, mais qu’il t’en vient aussi le cœur. Je t’ai
laissé pendant plus d'un an te développer dans la
libre nature, donner tout le jeu nécessaire à tes
muscles et à ton esprit. D’aucuns m’ont accusé de
ne pas m’occuper de toi. Ah! routine... Je te sur-
veillais, au contraire, je t’étudiais, je ne te perdais
pas de l’œil une minute. Grâce à ce long et minu-
tieux travail, grâce surtout à cette infaillible mé-
thode d’observation que je me flatte de posséder,
je suis arrivé à te connaître. J’ai vu quels étaient
tes instincts, tes aptitudes, ton temperament. J’ai
compris dans quel sens il fallait agir pour le mieux
de ton intérêt, et après avoir soumis mes observa-
tions à ta mère, j’ai agi.
À cet endroit de son sermon, d'Argenton s’ar-
rêta pour recevoir les félicitations de Labassindre
et du docteur Hirsch, pendant que le neveu de
Berzélius et les autres, absorbés silencieusement
dans leurs longues pipes, remuaient la tète de
haut en bas comme des magots et se contentaient
de répéter avec des airs prudhommesques : «« Bon,
cela... Bon, cela. ”
Jack, effaré, essaya de distinguer quelque
chose dans cette phraséologie incompréhensible
qui passait bien haut par dessus sa tète, comme
une’ nuée chargée d'éclairs. 11 se demandait ;
« Qu’est-ce qui va me tomber dessus tout à
l’heure ? »
Quant à Charlotte, elle continuait à regarder
dehors, la main au-dessus des yeux, guettant je
ne sais quoi au loin dans la campagne.
-- Venons au fait, dit subitement le poète en se
redressant sur sa chaire et prenant une voix cas-
sante qui cingla l’enfant comme un coup de cra-
vache. La lettre que tu vas entendre t’en apprendra
plus long que toutes les explications. Commence,
Labassindre.
Grave comme un greffier de conseil de guerre,
le chanteur prit dans sa poche une lettre de pay-
san ou de conscrit, grossièrement pliée et cache-
tée, et lut, après deux ou trois mugissement ca-
verneux ;
Dans l’intérieur cependant on trouve toutes les
condition.3 pour l’éfablissement d’un commerce
lucratif. Les indigènes y ont constitué des E fats
bien organisés. Ils sont, sous le rapport physique
comme sous le rapport moral, bien supérieurs aux
tribus des côtes. Leur sol est riche en produits de
toute nature. Ils le cultivent, ils ont de grands
marchés oû ils échangent les fruits de leur travail.
Les femmes aussi y jouissent de plus d’autorité et
de plus de considération que sur les côtes. Le cli-
mat est salubre à cause de l’élévation des terres ;
enfin, les communications sont plus faciles que
des côtes vers l’intérieur, à raison de l’abondance
et de la régularité de3 cours d’eau.
Le lieutenant Cameron énumère les ressources
de ces vastes régions :
o L’intérieur est, dit-il, magnifique, salubre et
d’une richesse inexprimable. J’ai entre les mains
un petit spécimen de bon charbon de terre ; d’au-
tres minéraux, tels que l’or, le cuivre, le fer sont
abondants, et je crois qu’avec des dépenses sages,
libérales (mais sans prodigalité), on pourrait uti-
liser un des plus grands systèmes de navigation
intérieure du monde.Trente à trente-six mois suf-
firaient à rembourser tous les capitalistes qui
prendraient l’affaire en mains. Je m’en occupa
très activement et, à mon retour en Angleterre,
mes travaux relatifs à ce projet seront très avan-
cés. Je pourrais entreprendre une autre expédi-
tion avec beaucoup plus de facilités et moins de
frais que ia première.
» Les muscades, le café, les palmiers, le riz, le
blé, le coton, sont au nombre des productions du
sud de l’Afrique. Le caoutchouc, le copal, le sucre
de caune sont de3 productions végétales dont on
peut tirer parti. Un canalde20à 30millesàtravera
un pays à niveau plat, relierait les deux grands
systèmes du Congo et du Zambèze ; une commu-
nication est même établie entre les deux fleuves
pendant la saison des pluies (novembre). Une grande
compagnie au capital de un à deux millions de
liv. sterl. pourrait ouvrir l’Afrique en trois
années. >>
Qui exploitera le premier ce vaste marché?
Seront-ce les Français qui tentent d’arriver dans
le centre par l’Algérie et le Sahara? Sera-ce la
khédive d’Egypte qui envoie dans ces contrées des
expéditions militaires, daDs le but d'étendre ses
possessions jusqu’au lac Victoria Nyanza? Seront-
ce les Portugais qui ont des colonies sur les côtes
est et ouest de l’Afrique ; les Anglais, qui sont éta-
blis au Cap et indirectement à Zanzibar, ou bien,
les Boers du Transvaal?
Deux dangers sont à craindre : ou des guerres
fratricides entre les nations européennes comme
celles qui ont inondé i’Inde de sang anglais et
français au siècle dernier, ou le monopole d’uno
seule nation.
A toutes ces compétitions, le projet dont le roi
des Belges a saisi la conférence de Bruxelles sub-
stitue une fédération, qui assure à tous les peuples
civilisés une part légitime dans l’exploration
scientifique de l’Afrique et dans les avantages qui
doivent en découler. La neutralité de la Belgique,
son désintéressement, l’absence de toute ambition
militaire la désignaient pour cette mission. Sa
considération ne peut qu’y gagner et contribuer
ainsi à la consolidation de son existence.
Mais le pays ne recueillera pas que des avan-
tages moraux de la réalisation des projets de la
conférence. Nous souffrons d’une pléthore de pro-
duction, et d’un excès de population. L’exporta-
tion est pour nous une nécessité, et nos jeunes
gens qui voient les carrières libérales ou indus-
trielles encombrées, doivent chercher hors de nos
frontières un aliment à leur activité.
Aujourd’hui nos produits arrivent chez les peu-
ples consommateurs sous des étiquettes étran-
gères; il y a là un bénéfice considérable perdu pour
nous, parce que nous laissons d’autres peuples,
dont la jeunesse s’expatrie, se faire les courtiers
commerciaux de nos industriels.
Un très-grand danger du projet en question
serait de livrer les nègres à des controverses
religieuses. Nous n’en voulons à aucun prix. Mais
l’œuvre sera laïque et scientifique, ou elle ne sera
pas. (Les applaudissements interrompent l’ora-
teur.) Le parti clérical a bien senti cela, aussi
a-t-il commencé par dénigrer l’œuvre. S’il nouris-
sait l’arrière-pensée d’en tirer un avantage pour
ses propres intérêts, ses espérances seraient
déçues, parce que l’œuvre a un caractère interna -
tional et cosmopolite. Les Anglais, les Allemands
hérétiques, les Russes schismatiques, les Français
voltairiens y participent ; ils ne permettront pas
que l’œuvré s’écarte de son programme et livre Le
centre de l’Afrique à toutes.les jalousies des sectes
chrétiennes et aux horreurs des guerres reli-
gieuses.
D’ailleurs, les tentatives de civiliser les peuples
barbares parla religion n’ont jamais réussi qu’avec
l’aide du pouvoir seculier. Derrière le crucifix
était le bras du bourreau. C’est ainsi que les
jésuites ont imposé leur autorité aux Indiens du
- Fonderie d’Indret (Loire-Inférieure).
» Mon cher frère, selon que je l’avais marqué
dans ma dernière, j’ai parlé au directeur pour le
jeune homme de ton ami, et malgré que ce jeune
homme soit encore bien jeune et pas dans les con-
ditions qu’il faudrait pour être apprenti, le direc-
teur m’a permis que je le prenne comme apprenti.
Il aura son logement et sa nourriture chez nous,
et je te promets de faire en sorte qu’il soit dans
quatre ans un bon ouvrier. Tout le monde d’ici va
bien. Ma femme et Zénaïde te disent bien des
choses, et le Nantais aussi, et moi aussi.
" Roudic,
c Chef d’atelier aux halles de montagne, •*
— Tu entends, Jack, reprit d’Argenton, l’œil
allumé, le bras tendu, dans quatre ans tu seras un
bon ouvrier, c’est-à-dire ce qu’il y a de plus beau,
de plus fier sur cette terre de servitude. Dans
quatre ans tu seras cette chose sainte : le bon
ouvrier.
Il avait bien entendu, parbleu ! «« le bon ou-
vrier. •> Seulement il ne comprenait pas bien, il
cherchait.
A Paris, quelquefois l'enfant avait vu des
ouvriers. Il y en avait qui habitaient dans le pas
sage des Douze-Maisons : et tout auprès du gym-
nase, une fabrique de phares dont il guettait
souvent la sortie, laissait s’échapper, vers six
heures, une troupe d’hommes aux blouses tachées
d’huile, aux mains noires, rudes, déformées par le
travail.
Cette idée qu’il porterait une blouse le frappa
tout d’abord. Il se rappelait le ton de mépris dont
sa mère disait autrefois « ce sont des ouvriers,
des gens en blouse, « lesoin aveclequel elle évitait
dans la rue le frôlement salissant de leurs vête-
ments souillés. Toutes les belles tirades de Labas-
sindre sur la fonction, l’influenco de l’ouvrier au
dix-neuvième siècle, venaient.il est vrai, contre-
dire ou atténuer ces souvenirs vagues dans son
•sprit. Mais ce qu’il saisit de bien net, de bien
désolant,c’est qu’il faudrait partir, quitter la forêt
dont il voyait d’ici ies cimes vertes, la maison des
Rivais, sa mère enfin, sa mère qu’il avait si péni-
blement reconquise et qu’il aimait tant.
Qu’est-ce qu’elle avait donc, mon Dieu, à rester
toujours à cette fenêtre, détachée de tout ce qui
se disait autour d’elle ? Pourtant, depuis un mo-
ment, elle avait perdu son immobilité indifférente.
Un frisson convulsif la secouait toute, et sa main,
qu’elle tenait au-dessus de ses yeux, se rabattait
comme pour cacher des larmes. C’était donc bien
triste ce qu’elle venait de voir là-bas, dans la
I campagne, à l’horizon où se couchent les jours, où
disparaissent tant de rêves, d’illusions, de ten-
dresses et de flammes?
(A continuer). Auphoksb Daudet.
Anvers................par trimestre, Fr. l.>..)0
l «» ” Pi.—
semestre,
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