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1840. — ar.» «o?
ASTERS, Samedi 25 Juillet
Cliuguièeksv A nuée
E PRÉCURSEUR
On s’abonne : à Anvers, au bureau
du PRÉCURSEUR, Bourse Anglaise,
N.» 1040; en Belgique et à l’étranger
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JOURNAL POLITIQUE ,
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S5 Juillet.
IÆTTKES PARISIENNES. (*)
XXXIX.
CORRESPONDANCE PRIVÉE DU PRÉCURSEUR.
Paris, 25 juillet.
Affaire de l’amiral Baudin, militaire et diplomate. — Que faire
des carlistes espagnols ? — Cabrera à llam. — Système de
récriminations. — Le ministère de Madrid et l’amnistie. —
Agitation des partis à Paris. — Le mois de juillet est un mois
révolutionnaire. —Signes de troubles. — Fâcheux pronostics.
— M. Thiers responsable de l’ordre public, et guetté pur ses
envieux et par la cour.
Une certaine agitation règne dans le monde politique. Débarrassé
des luîtes parlementaires, M. Thiers se retrouve face à face avec la
presse, avec le public, enfin avec cette portion des salons pour qui
l’intérêt ou l’amusement des affaires publiques est tel qu’il leur fait ou-
blier le repos de la campagne et l’attrait des voyages.
On s’est beaucoup occupé, depuis quelque temps, de l’affaire de
l’amiral Baudin, nommé pour commander l'escadre en destination de
Buénos-Ayres, et qui vient d’être remplacé subitement par l’amiral
Mackau. Comme le premier de ces officiers a annoncé l’intention d’évi-
ter toute polémique dans les journaux, on n’a pas bien su et l'on a mal
interprété cequi s’est passé relativement à lui. Voici, je pense, ce qu’il
y a de plus exact à dire à ce sujet.
M. Baudin est un brave officier de marine de l'empire qui a été privé
de son emploi sous la restauration. Retiré au Havre, il y a fondée!
dirigé une maison de commerce fort estimée. La révolution de 1830,
qui avait besoin de régénérer le personnel de la marine dévouéen grande
partie aux Bourbons, n'a pas manqué de faire un appel aux services
d'un homme dont le patriotisme et les talents étaient hors de doute.
Un commandement supérieur fut le signe de la confiance qu’il inspi-
rait. et en même temps la juste compensation d une élimination injuste
et brutale comme toutes celles que l’ancien gouvernement prononça
contre les meilleurs serviteurs du pays. L'amiral Baudin, chargé, il
y a deux ans, de forcer le Mexique à une réparation envers la France,
a rempli avec distinction celle mission difficile, et l’on se souvient en-
core du hardi coup de main qui le rendit maître du fort de SA-Jean-
d'Ulloa. Mais, dans la partie diplomatique de celle mission, il fut moins
heureux ; on trouva que les conditions accordées au Mexique équiva-
laient à une défaite morale pour la France. L’amiral Baudin crut avoir
à se plaindre d'une sorte de rivalité de la part du consul français,
M. Mollien, homme bien aparenté et bien soutenu à Paris. Celle riva-
lité lui suscita des obstacles et des dégoûts dont il souffre encore et
contre le retour desquels il se tient aujourd hui en garde. Quand il fut
désigné, tout nouvellement, pour aller à Buénos-Ayres , venger le
commerce français des attentats du président Rosas, sa première pen-
sée a été de demander la révocation de M. Mollien. Au premier abord
il parait singulier que le consul du Mexique puisse lui porter ombrage
lorsqu’il s'agit d’une guerre avec la Plata. Aussi le conseil des ministres
n’a-t-il pas voulu céder à celle exigence. Toutefois, sans révoquer M.
Mollien, on l a rappelé pour qu'il ait à rendre compte de sa conduite.
C’était une espèce de transaction offerte à l'amiral Baudin, et il r.e
manque pas de gens qui le blâment de n’avoir pas voulu se tenir pour
satisfait à cette condition. Ils auraient raison, en effet, s'il ne s'agissait
que d’une question de conflit ou de préséance. Mais l’amiral a expliqué
sa position au ministre d’une manière plus grave. Comme officier, a-
t-il dit, il doit obéissance passive, et il serait parti sans parler de M.
Mollien s’il ne s’était agi que d’aller tirer des coups de canon contre
Montevideo. Mais la mission qu’on lui a donnée est diplomatique; il
faut qu’il balte Rosas d’abord, et puis il faut qu’il négotie un iraité
avec la république Argentine. Or, cette négociation ne va-t-elle pas
exciter l’envie et les intrigues du consul de Buénos-Ayres comme il est
arrivé à l’égard du consul du Mexique ? M. Baudin le craint, et c’est
pour donnera ce consul un avertissement salutaire et constater le ca-
ractère absolu de sa mission qu’il a demandé au gouvernement de
désavouer M. Mollien et de le révoquer comme ayantentravé induement
1 accomplissement de ses instructions. M. Thiers n’a point cru devoir
donner gain de cause à ce système, ni scinder les deux qualités décom-
mandant militaire et de diplomate comme le proposaient les amis de
M. Baudin. Celui-ci a décliné la mission, et le ministre en a chargé
M. de Mackau, le délégué de M. de Villelle, le négociateur du traité
quia ravi à la France pour toujours la plus belle de ses colonies,
S.'-Domingue! Toutefois il n’est résulté de ce débat aucune irritation,
(1) Voir le Précurseur du 29 juin.
FEUILLETON.
De la publicité eu Angleterre.
Les Anglais ont compris de bonne heure toute l’importance de la pu-
blicité en matière de commerce et d’industrie ; des sommes incroyables
y sont consacrées, et, dans beaucoup d’entreprises, la divulgation est
souvent le chapitre de la plus grande dépense.
Non-seulement l’entrepreneur de succès a soin d’entretenir au com-
plet tous les lieux où il est permis d’afficher, mais il y a des hommes
chargés de rôder sans cesse dans tous les quartiers de Londres pour dé-
couvrir les boutiques à louer ou les maisons momentanément fermées
qu’ils placardent d’affiches de toutes couleurs et de toutes dimensions,
au point qu’un bourgeois, qui revient de la campagne après huit jours
d absence, trouve souvent un tel emplâtre de papier sur sa porte qu’il
ne peut rentrer chez lui que par effraction. C’est une véritable déflorai-
son domiciliaire.
Si les rôdeurs aperçoivent un pan de muraille en bonne vue, un pi-
gnon de maison incendiée ou en démolition, ils s’en viennent, le soir,
armés d’une gaule de quarante pieds, terminée en fourche, portant un
rouleau garni de flanelle sur lequel ils font chevaucher une affiche
Monstre barbouillée de colle ; par ce moyen, ils l’élèvent jusque sous les
gouttières, la plaquent contre le mur et l’étalent, d’un coup de rouleau,
sur des endroits d’où le bourgeois ne saurait les aller déloger, à moins
d une ou deux livres sterling de frais, ce qui suffit pour le déterminer à
•es y laisser jusqu’à ce que la pluie les ait abattues.
Pendant le jour, des compagnies de vingt, trente, cinquante et jus-
qu a deux cents individus bizarrement accoutrés, moitié noir, moitié
rouge, comme des fous de nos anciens rois, parcourent les rues, soit en
niasse, soit isolément, portant, en forme de bannières, de bonnet d’as-
irologue ou de cuirasses, ces mêmes affiches qui quelquefois ne con-
et l’amiral Baudin n’en reçoit pas moins les marques de la plus entière
confiance de la part de M. Thiers. Mais la marine voit avec peine M. de
Mackau investi d'une mission qui a pour but de venger 1 honneur du
drapeau Iricolore, et le sentiment public est d accord avec la marine en
ce sens. De plus, on regrette l’énergie et l’heureuse hardiesse du vieil
officier de l’empire, de celui que Napoléon félicita, il y a trente ans,
d’avoir, tout jeune encore, perdu un bras au service du pays. .
Le gouvernement, d’abord assez embarrassé de ce qu il ferait des
carlistes espagnols réfugiés en France, a fini par leur offrir du service
dans l’armée d’Afrique. Jusqu’ici il en est fort peu qui aient acceplé.
Bien que les chefs reconnaissent hautement que la cause de don Carlos
est perdue, il règne encore parmi les soldats un vague espoir, une der-
nière illusion qui leur fait préférer le séjour de la France ... plus
voisin de leur pays. Ils comptent d'ailleurs sur une amnistie que le mi-
nistère espagnol actuel refuse» mais qui serait certainement le premier
acte d’un ministère libéral et fort, si les circonstances actuelles 1 ame-
naient, comme on le pense, au pouvoir avant peu.
Cabrera médite à Ham, dans la chambre de M. de Polignac, sur la
vanité de certaines grandeurs, et sur la ruine complète du principe de
la royauté légitime au temps où nous vivons. Ces chefs, ces séides si
dévoués d une cause perdue à jamais, donnent au monde un bien triste
spectacle. Ils s’accusent, se blâment, se condamnent réciproquement;
Cabrera et Balmaseda se renvoient avec une sorte d’acharnement hos-
tile la responsabilité de toutes les horreurs qui ont signalé la guerre
civile, et celle du résultat final si funeste à leur maître. Ces récrimina-
tions sont une preuve du peu d’uuion qui existait entre les partisans
de don Carlos. Ou avait pu en juger, il y long-temps, par les démélès
de la junte avec les prédécesseurs de Cabrera, et par la fin tragique du
cruel et malheureux comte d'Espagne.
Quand je vous parlais tout à l’heure d’une certaine agitation politi-
que, j’oubliais de vous dire qu elle a principalement son origine dans
les démonstrations du parti démocrate, à l'occasion de plusieurs anni-
versaires qu’il a pris plus particulièrement sous son patronage. Le
mois de juillet est un mois révolutionnaire. C'est le 14 que le peuple a
pris la Bastille, c’est le 24 que Carrel est mort, c’est le 2« que la
rovauté des Bourbons s’est écroulée. La présence d’un ministère libé-
rai au pouvoir, la lutte longue et énergique qui l’y a porté, les progrès
qu’on a faits, ceux que I on attend, tout cela met les esprits en fer-
mentation, fait tourner les tètes, et la police a fort à faire pour main-
tenir l’ordre, ou prévenir le désordre que tant de gens ont l’envie de
troubler. On craint un peu d'effervescence lors de la translation des
restes des héros de juillet. Le Bonapartisme transsude de tous côtés.
Il peut servir de contenance aux républicains, et même aux légitimistes
que la reine du carlisme espagnol exaspère, et qui d’ailleurs, se mêlent
commute parti à tous les troubles publics quand ils ne les font pas
naître. En vain les hommes graves de ces trois partis font-ils leurs
efforts pour calmer et discipliner la masse de leurs coreligionnaires
politiques; les circonstances sont trop excitantes par elles-mêmes pour
qu’ils ne perdent pas beaucoup de leur crédit. Aussi, depuis quelques
jours, il Court des bruits, des menaces d’émeutes qui effraient les esprits
timides cl sont sur le point d’augmenter encore la paralysie des affaires
et de l’industrie si souffrantes depuis deux ans. Vous ne vous étonnerez
donc pas que je vous dise qu’on n’est pas gai à Paris. C’est un symp-
tôme des plus inquiétants dans un pays où la gaieté est une habitude
générale et un besoin de l’organisation nationale. Toutefois, la con-
fiance dans l’habilité de M. Thiers et dans la sûreté de ses mesures
d’ordre est un autre symptôme non moins remarquable. Cela suffira
sans doute pour conjurer de sinistres présages. La cour fait peser sur
lui, avec intention, toute la responsabilité de I agitation qü'on l’accuse
d’avoir soulevée. Il est donc intéressé de toutes les manières à prendre
de bonnes mesures. Sa carrière ministérielle ne serait pas longue pour
peu qu’il subit un échec. Il ne manque ni de gens prêts à le remplacer,
ni de bonne volonté, en certain lieu, pour couronner sa chùle.
FRANGE.
Xaufrage de la Lige.
Nous lisons dans le Temps :
« Les premiers nous avons appelé le grand jour delà publicité sur
l’affaire du naufrage de la Lise. L’espèce d’enquête qui a été la consé-
quence de nos révélationsa eu pour résultat de justifier hautement, en-
tièrement, les marins qui ont survécu à ce navire, des soupçons que des
faits mal connus, mal rapportés, avaient un instant laissé planer sur
eux. Les témoignages de quelques-uns d’entre eux, d’abord, puis des
renseignements authentiques parvenus au ministère de la marine, ont
éclairci tout ce que la conduite de ces braves gens avait offert d’obscur.
Nous nous plaisons à compléter leur réhabilitation, en donnant place à
la lettre suivante que nous lisons dans V Union, journal de Nontron :
» Eu rapportant le naufrage de la Lise, de Bordeaux,au cap de Bonne-
tiennent que le nom et l’adresse du débitant, accompagnés de quelque
horrible figure faisant la grimace pour attirer vos regards et votre
argent.
D’autres conduisent des voitures-affiches, éclairées pendant la nuit
en transparent; d’autres, ne voulant pas faire marcher l’affiche, ont
pris le parti de faire marcher les murs qui la reçoivent, et bâtissent une
paroi de trente à quarante pieds sur des chariots qui la conduisent d’un
quartier dans l’autre, en effrayant les chevaux et menaçant de s’ébou-
ler sur les passants au moindre coup de vent un peu fort.
Dans le temps des élections, le génie des inventeurs de moyens de
publicité redouble d’efforts pour trouver du neuf. Nous avons vu des
pièces de calicot tendues sur des perches portées par des hommes et
barricadant les rues en forme d’arc de triomphe; force était aux per-
sonnes qui passaient de baisser ou plutôt de lever la tête sous le joug
delà publicité, pour y lire le nom du postulant avec sa profession de
foi en deux ou trois mots, tels que : abolition des taxes de L’cglise, à bas
le timbre des journaux, à bas l’impôt sur les portes et fenêtres, etc., etc.
Les élections terminées, ce mode est tombé dans le commerce, et l’on
voit de longues toiles glisser lentement devantJes fenêtres du premier
et même du second étage, de sorte que l'affiche vient vous chercher
jusque dans votre appartement, jusque dans votre lit si vous êtes ma-
lade, ou si vous n’étes pas sorti avant le jour.
Beaucoup de brevets sont pris chaque année pour de nouveaux
moyens de publicité ; il en est des plus bizarres qui n’ont pas encore été
mis à exécution, que nous sachions. L’un voulait établir un ballon captif
au-dessus de la ville, d’où un aérostatier aurait la mission de lâcher des
annonces de toutes couleurs, que le vent se chargerait de distribuer sur
tous les quartiers de cette immense cité, et comme les toits sont con-
struits de manière à permettre à l’habitant des mansardes d’y circuler
comme dans la rue, les adresses ne parviendraient que plus sûrement
à la leur.
Un autre avait sollicité le droit de tirer desbombes d’artifice qui, en
éclatant sur la ville, éparpilleraient les adresses dans toutes les diree-
Espérance, plusieurs journaux l’ont dénoncé comme un horrible assas-
sinat, et les circonstances mensongères dont ils l’entourent laissent peu
de place au doute. Vous-mêmes, vous reproduisez une de ces relations;
vous la faites suivre de cette réflexion : « Cette nouvelle, dont l’exacti-
tude peut être fort douteuse, a produit à Nontron une sensation d’autant
plus vive, que le passager qui a échappé au naufrage est natif de notre
ville, où il est arrivé depuis peu. »
a Eh bien! je suis ce passager mis ainsi à l’index, ce passager échappé
au naufrage et natif de Nontron. Et, maintenant, quelle situation est la
mienne?... Après dix ans passés sous les tropiques, je reviens, laborieux
artisan, avec un modeste pécule amassé péniblement, et dont une forte
partie a péri dans le naufrage. Je revois avec transport mon pays, mes
amis, mes parents, ma mère, ma vieille mère, à qui j’apportais pour ses
derniers jours l'aisance, le repos, et soudain la joie de mon retour est
empoisonnée, mon bonheur est détruit, la honte, le désespoir sont dans
une famille honnête : je suis, au milieu de mes compatriotes, un objet
d’épouvante, d’horreur: car me voilà signalé comme l’auteur ou tout
au moins le complice d’un effroyable égorgement. Cependant, à travers
toutes ces retentissantes clameurs dont la France entière s’est émue, je
suis libre encore; je puis, si je le veux, soustraire par la fuite ma tête,
qu’on dévoue de toutes parts à la vengeance des lois !...
h Je me suis empressé de me présenter à Nontron à plusieurs magis-
trats; je leur ai demandé avec prières, les mains jointes, de me dire par
quels moyens je pourrais laver mon front, en effacer l’infâmie sanglante
de semblables soupçons. Ils m’ont donné le conseil de me rendre a Bor-
deaux; je vais partir. Que peut faire de plus l’homme qui a la conscience
de son innocence ? Démentir tous les journaux qui ont traduit un grand
malheur en un crime atroce ? Eh bien ! ce démenti, je le donne ici de
toute ma force ; je crie, à la face de Dieu et des hommes, qu’on a ré-
pandu une affreuse calomnie, et je déclare, en outre, que je vais me
mettre eu mesure d’en poursuivre la réparation par toutes les vois lé-
gales.
» J’ai l’honneur, etc. M. Ratineaiid. b
Nous trouvons aussi cette note dans VIndicateur de llordeaux :
« Il a été trouvé sur la carcasse du navire la Lise un petit sac conte-
nant 200 livres st. en or et une pièce de 4 sh. »
S’adresser, pour réclamer ces objets, à M. de Lettre, consul de Fran-
ce au cap de Bonne-Espérance. ( Temps.)
Phy sionomie île la presse française.
Le NATIONAL, malgré la promesse qu’il avait faite de ne plus s’occu-
per du maréchal Bourmont avant le procès de la cour d'assises, croit de-
voir répondre à la Trance, qui, pour justifier le maréchal, a découvert
que le 9 avril 1793, il fut fait à la Convention nationale un rapport sur la
défection de Dumouriez et de ses aides-de-camp, les généraux Valence
et Egalité ; que, dans la nuit du 19 au 20 août 1792, M. Lafayette et son
état-major passèrent à l’étranger, et, par ses exemples, il prétend sans
doute prouverqu’il n’y a ni bien ni mal dans la politique, que le mot de
trahison n’a pas de sens, que l’on n’est pas coupable, enfin, de faire ce
que firent autrefois Lafayette, D u mouriez et le général Egalité, aujour-
d’hui Louis-Philippe.
Le National sans s’attacher à défendre ce dernier nom placé par la
charte à l’abri de toute attaque, repousse de toutes ses forces tout rap-
prochement entre le général Lafayette et M. de Bourmont.
« Le général Lafayette, dit-il, en arrivant sur le sol étranger, y trouva
des fers, et pendant cinq ans sa vie fut dans un continuel danger. Voilà,
quel que soit le jugement sévère que nous ayons nous-méme porté de
sa conduite, ce qui ne permet pas de l’accuser de complicité avec nos
ennemis. Les hommes de 1815, au contraire, ont été accueillis comme
des frères par les Prussiens et les Anglais, qui n’ont pas tardé à les ra-
mener dans leur patrie, si toutefois l’on peut dire que des traîtres en
aient une. n
Il est un autre nom qu'il s’étonne detrou ver dansles colonnes du jour-
nal auquel il répond, c’est celui du maréchal Ney. Il trouve qu’il y a de
la démence à rappeler ainsi les crimes du parti.
Le JOURNAL DES DEBATS qui s’occupe du rapport du maréchal
Valée, regrette que celui-ci, ait laissé trop long-temps par son silenre
un libre cours aux critiques et aux bruits alarmants qui se sont répan-
dus car, dit-il, « quelles que soient les contradictions qui pourront s’éle-
ver sur diverses circonstances du rapport, toujours est-il que le maré-
chal Valée a rempli sa mission d'une manière distinguée, et que les ré-
sultats delà campagne ne peuvent que faire honneur à sa capacité, à sa
vigueur et à son courage personnel, n
Le SIÈCLE et le COURRIER FRANÇAIS parlent également de ce rap-
port, et touten rendant justice aux talents spéciaux du maréchal Valée,
tout en convenant que son rapport accuse des progrès dont il faut lui
tenir compte, ils pensent qu’il faut attendre que les informations parti-
culières soient arrivées ; qu’il est des fautes que de véritables succès
ne peuvent racheter, fautes de détails qui disparaissent dans un rap-
port bien préparé pour ne plus laisser le moyen de mêler des paroles
de blâme pour le général aux éloges que l’on doit à l’armée entière.
Le CONSTITUTIONNEL, à propos des événements del’Espagne parle
de l’inquiétude qu’aurait produit dans le public la détermination d’Es-
partero, qu’il croit sincèrement dévoué à la Constitution de 1857.
« Le ministère de M. Pérès de Castro dit-il,est peu populaire, et c’est
pour cela sans doute que le Journal des Débats appelle ce premier mi-
nistre le comte Mole de l'Espagne. Nous ne mettons pas ses bonnes in-
tentions en doute, mais l'opinion libérale est en défiance, et il lui sera
difficile peut-être de ramener les esprits à lui et d’accomplir la tâche
qu’il s’est imposée. Espartero a été dans l’erreur sans doute ; toutefois
ses démonstrations auront l’avantage de flatteries goûts d’indépen-
dance locale, si enracinés dans la Péninsule. La situation est donc in-
quiétante, et bien qu’il ait donné sa démission, Espartero semble encore
aujourd’hui tenir dans ses mains les destinées de l’Espagne, n
tions; enfin, il n’est pas de folie qu’on n’invente pour frapper les yeux
et ne laisser ignorer à personne l’existence de tel ou tel produit nou-
veau ; de sorte qu’on obtient ainsi, en quelques mois, en Angleterre,
une publicité qu’on n’aurait pas en vingt ans sur le continent.
On ne se borne point à l’un ou l’autre de ces moyens, on les emploie
tous simultanément ; l’un fera marchéavec un boulanger pourqu’il en-
veloppe tous ses pains au lait dans de jolies feuilles satinées, qui s’en
vont trouver le dandy jusque sur sa table à thé du matin ; l'autre paiera
le charcutier et le poissonnier pour qu’ils lui laissent attacher ses an-
noncessur ses jambons et ses aloyaux, sur ses raies et ses cabillauds;
il en est un, le docteur Aidy, qui dépense quatre à cinq cent mille francs
à faire seulement circuler son nom et son numéro, sans aucune autre
indication.
Nousavons déjà vu quelque part que l’on affichait jusque dans le dé-
sert, sur les masures, sur les arbres et dans les carrières abandonnées,
pourvu que du haut de l’impériale le voyageur puisse apercevoir l’affi-
che en courant au galop. _
Il existe aussi des compagnies de gâte-murailles, qui sont continuel-
lement en quête des murs d’enclos blanchis, dans un rayon de cinq à
six millelieues de Londres.
Aussitôt que la nuit est venue, ils s’empressent de tracer en grand*
caractères’a l’aide d’une brosse trempée dans un seau de couleur à
l’huile, l’adresse des maisons qui les paient;en vain le propriétaire vou-
drait faire disparaître ces barbouillages,le surlendemain ils seraient ré-
tablis. G’est ainsi que vous êtes poursuivi partout par l’inévitable sir
Roberts Warren, Blacking.
Vous ne pouvez longer la muraille d’un jardin, ouvrir une revue, en-
trer dans un coffee-room, sans qu’il vous persècutedans toutes les for-
mes. Ici c’est un coq qui se bat contre une botte luisante: là, c’est un
gentleman placé dans un 0, qui se fait la barbe dans un 3, ce qui vous
mnémonise à jamais le n. 30 de la maison du marchand de cirage du
Strand. ... ,
Il n’y a pas jusqu’aux poètes qui ne soient payés pour chanter le cira- |