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ïiE PRECURSEUR, Samedi S5 Jnillei fiS40
IIOILAÎVDE.
Rotterdam, 23 juillet. — Nous apprenons qu’une révolteaéclaté à
Zuid-Waddinxveen, partni les ouvriers des polders, révolte qui parait
être d’un caractère sérieux, car, d’après ce qu’on assure, un agent delà
police en aurait déjà été la victime d’une manière barbare. — Hier au
soir, vers 8 1|2 heures, deux des auteurs ont été conduits ici, escortés
par des cuirassiers. — La cause de ces troubles n’est pas exactement
connue! — On parle encore d’autres victimes, sans préciser justement
le nombre.
P. S., 10 heures. — La révolte, quoique violente dans le commence-
ment, s’est terminée après l’arrivée des forces militaires.—Nous pouvons
assurer qu’il n’y a pas eu de morts, comme il avait été annoncé.
—Jeudi matin au .moment du départdu bateau à vapeur de Rotterdam ,
pour Gand, Prinses van Oranje, le capitaine Kool qui le commande a |
failli perdreda vie en tombantdans la Meuse, dont il a été heureusement
retiré au milieu delà nuit. Le bateau à vapeur chargé plus qu’en plein
avec une grande surcharge qui paraît avoir été la cause de l’accident
n’aurait pu partir de Rotterdam que ce matin; le capitaine dans sa chute
ayant perdu la boite avec tous les documents de la douane, qu’elle con-
tenait on a dû solliciter des duplicata de tous les papiers perdus, ce qui
a retardé le départ du pyroscaphe.
REfiGIQUE.
ASVEltS, Ï,E 25
Hier après-midi, un individu, pris de boisson, est tombé sur le pont
hors la porte de Borgerhout entre les roues d’un chariot ; une d’elles
lui a passé sur le bras. Ce malheureux assez grièvement blessé a été
transporté à l’hôpital.
— Hier sont arrivés de Courtray et de Tournay, 4 batteries montées
et 2 batteries de siège. Les hommes ont été en partie logés en ville et en
partie dans les environs. Ces batteries sont parties ce matin pour le
polygone de Brasschaet.
— Hier, à deux heures de l’après-midi, estarrivé de Boom, le bateau à
vapeur du passage Ville d’Anvers. 11 a commencé son service ce matin
à 5 heures, de sorte que les craintes des habitants delà Téte-des-Flan-
drespour le jour de leur kermesse, qui aura lieu demain, se trouvent dis-
sipées, et le public pourra passer l’Escaut avec les mêmes facilités que
les années précédentes.
— Hier après-midi, un soldat du il' régiment de ligne, pris de bois-
son, a brisé plusieurs objets de ménage dans un cabaret près du port; il
a pris la fuite en laissant dans la maison son sabre et son schako. La
garde de la caserne des Dominicains l’a arrêté.
— Le bateau à vapeur hollandais Stad Nymwegen que l’on attendait
hier soir, n’est pas arrivé.
— Parmi les 163 passagers, arrivés hier par le bateau à vapeur anglais
Soho, se trouvaient M. Talabot, membre de la chambre des députés de
France; le gentilhomme Edouard Fellovves, son épouse, un courrier et
sa suite; M. le baron Clark, membre du parlement, M. le baron Bakes, et
un grand nombre de personnes de distinction. C’est le plus grand nom-
bre de voyageurs que jamais bateau à vapeur a apporté en un seul
voyage en notre ville.
— M. de Pouhon est parti il y a deux jours pour Paris, où il va, dit-on,
remplir une mission du gouvernement, relative au nouvel emprunt de
82 millions.
— On écrit de Cologne, le 22 juillet, que le grand tableau de De Key-
ser, la Bataille de LVoeringen, attendu depuis long-temps, y est enfin
arrivé, et qu’il est déjà exposé au salon.
L’abondance des matières nous oblige à remettre à demain la publi
cation de plusieurs articles et documents intéressants.
CorreitjtoiiiSaiice privée «lu Précurseur.
(par pigeons.)
Paris, 24juillet.
Le gouvernement a reçu de Perpignan des dépêches télégraphiques
des 21 et 22, qui donnent les nouvelles suivantes de Barcelonne :
« Le 18 Espartero, après de vains efforts pour forcer la reine à révo-
quer la sanction donnée à la loi sur les municipalités, a annoncé qu’il
quittait la ville.
dVan Halen appelé estarrivé à Barcelonne en même temps que Ayerbe
et Carbo dont les divisions étaient cantonnées dans les environs.
« Le soir une émeute sanglante a éclaté, et la force militaire, sous-
traite à l’autorité des ministres, n’a point, empêché le désordre. Espar-
tero est revenu au palais, il a obtenu la révocati'on de la sanction et de
la formation d’un nouveau ministère. Il a réarmé les bataillons dits de
la blouse. On dit qu’il a désigné pour président du nouveau ministère
Onis ou Campuzano.
« Barcelonne est dans la plus grande agitation. La reine régente a été
outragée. M. Perez de Castro, le général Cléonard, d’autres partisans
de l’ancien cabinet se sont réfugiés à bord du brick français le Mélèagre.
Ils sont arrivés à Port-Vendres dans la journée du 22.
«M. le comte de la Redorte, noire ambassadeur, parti le 21,a reçu ces
tristes nouvelles en mer. Le gouvernement lui a adressé aujourd’hui les
instructions nécessitées par les circonstances.»
NOUVELLES D’ESPAGNE.
Notre correspondant de Barcelonne nous mande quelques détails qui
ne sont pas sans importance sur les événements dont Barcelonne est le
théâtre, bien que le télégraphe ait donné des nouvelles postérieures.
Barcelonne, 18 juillet. Le courrier de Madrid, parti le 8 avec la loi des
Ayuntamientos pour la faire revêtir de la sanction royale, est arrivé le
15 dans notre ville, après avoir traversé Valence. La reine a donné sur-
le-champ cette sanction, et au moment où le courrier repartait avec la
sanction royale, il y avait au palais un baise-main auquel les officiers
de la garnison prenaient part.
Le 16, le général Espartero qui, dans ses conférences précédentes
n’avait pas pu déterminer la reine à refuser sa sanction, a envoyé sa
démission par une lettre destinéeà être rendue publique; qu’après l’ac-
ceptation de cette démission, cedocumentdù à la plume du chef d’état-
major , M. Linage, n’a pu encore être publié, mais on le dit conçu dans
les termes les plus durs et assez semblable à un réquisitoire, non-seule-
ment contre le ministère, mais encore contre la reine elle-même. S’il
faut en croire des personnes bien informées, le général en chef ferait
de quelques lettres reçues de la duchesse de la Victoire, la base d’une
accusation formelle contre la reine, et l’on assure que dans la lettre se
trouveraient même ces expressions de la plus haute inconvénance:
V. Majesté a manqué à sa parole (h'alto à su palabra).
Après avoir envoyé au palais ce factum, le duc de la Victoire s’est mis
au lit, et ses amis ont répandu le bruit que le sauveur des libertés espa-
noles n’avait pas pu résister à l’affliction que lui causait l’ingratitude
e la cour; cette maladie devait le rendre très intéressant. ‘
Il y a eu des troubles assez graves à Madrid, mais l’autorilé est par-
venue à les réprimer.
A demain les détails.
BOURSE DE PARIS DU 24 JUILLET.
3 p. c. 86-10 , id. fin cour. 86-33. — 5.p. c. 118-65, id. tin cour. 118-90-
— 3 p. c. belge 77-00, id. fin courant 77r30. — 5 p. c. id. 106. — Banque
de Belgique 972-50 975. — Active esp. 20 3[4, 27, 26 7|8, 27, 27 1 [8, 27,
27 1|8. — Ane. diff. UE 6 3|4. — Passive id. 0 1;2 5[8 li2 5(8. — Emp. ro-
main 105 1[2. — Haïti!582-50 585. — Rente napolit. 105-40.
BULLETIN DE LA BOURSE.
Les craintes qu’avaient fait naître à la bourse d’hier les nouvelles en-
core peu connues de Barcelonne paraissaient encore assez vives aujour-
d’hui au début. La rente a ouvert dans des cours très bas, mais on s’est
bientôt rassuré, et les prix ont été constamment recherchés jusqu’à la
clôture du parquet; on a monté assez vivement pendant toute la der-
nière partie de la bourse. Il y avait beaucoup d’off res sur le 5 p. c. Le 5
p. c. a également ouvert en baisse, puis il a repris peu à peu. — Larente
active était en forte baisse au début, mais elle a repris plus tard. La pas-
sive se tenait de 6 3(8 à 6 5|8.
F®. S. — Le bruit a couru à la bourse que le gouvernement avait
reçu des nouvelles de Barcelonne par le télégraphe, et que ces nouvelles
étaient d’une nature moins grave que celles données hier parle journal
du soir. On montrait cependant une lettre de Perpignan qui bien que
fort concise confirmait au moins les détails donnés par le Moniteur
Parisien.
Conseil provincial. — Clôtm*e «le la session «le 1840.
Séance du Hb juillet. (Présidence de Ma Verdis s en.)
ORDRE DL’ JOER.
1» Continuation de la discussion du budget de 1841.
2<> Rapport sur les comptes de la gestion de 1839.
3° Rapport sur la proposition de M. Vereist (pont sur le Rupel).
4» Rapport sur la proposition de M. Geelhand (organisation d’une
école de sages-femmes).
5» Rapport sur la proposition de M. Devinck (modifications au régle-
ment sur les concours d’instruction primaire).
6» Rapport sur la proposition de M. Brandts (route de Lierre à Oost-
malle).
7» Rapport sur la proposition de M. Dellafaille (subside de l’état sur la
route de Schelle à Puers).
80 Rapport sur la proposition de M. Wouters (prolongation de la route
de Diest à Turnhout jusqu’à la frontière hollandaise).
9o Rapport sur la proposition de M. de Billemont (changement au ré-
glement pour l’amélioration de la race bovine).
10» Rapport sur la question delà suppression ou du maintien du can-
ton d’Arendonck.
Il» Elections pour le renouvellement partiel de la députation perma-
nente.
La séance est ouverte à 10 heures et demie. — 43 membres sont pré-
sents. _
Le procès-verbal delà séance précédente est lu.
M. le président : Quelque membre a-t-il des observations à faire sur
la rédaction du procès-verbal ?
M. Lebon, bourgmestre et député de la commune de Gheel (en flamand):
Je n’ai rien à dire, seulement je désire qu’il soit fait mention dans le
procès-verbal de ce que je me suis exprimé en flamand. (Oh ! oh !)
M. Premie : Eh bien, si l’honorable M. Lebon désire qu’on fasse men-
tion de ce qu’il se sert du flamand pour s’exprimer, je désire, moi, qu’on
mette que je m’exprime en français. (Rires).
M. Colins (en flamand) : Je né vois pas d’inconvénient à ce que l’on
ajoute au procès-verbal que M. Lebon s’est servi de la langue flamande;
au contraire, j’appuie le désir de l’honorable membre.
De toutes parts des réclamations se font entendre, et le conseil en
masse rejette les prétentions des deux honorables membres, MM. Lebon
et Fremie.
Le procès-verbal est adopté.
Les pièces, constatant l’identité de M. Valentyns, sont parvenues au
bureau. Vérification faite de ces pièces, M. Valentyns est installé comme
membre du conseil provincial pour le canton de Brecht. Le nouveau
conseiller prête le serment voulu par la loi.
M. Verberckt se plaint de ce que ses terres sont souvent inondées,par
suite des travaux que l’on exécute à la Petite-Néthe. Il demande une
indemnité. — Renvoyé à la députation permanente.
Le conseil passe à l’ordre du jour. — Suite de la discussion du budget
de 1841.
Chap. 8. — Frais judiciaires, fr. 20,220. (1)
Chap. 9. — Dépenses diverses, fr. 20,030.
Chap. 10. — Rappels, fr. 27,136-12. (2).
Chap. 11. — Dépenses imprévues et accidentelles, fr. 2,480-36.
Les dépenses de toute nature s’élèvent à la somme de quatre cent
quatre-vingt-six mille quatre cent dix-neuf francs quatre-vingt-huit
centimes (486,419 fr. 88 c.).
Une grande discussion s’engage sur l’état des établissements de St.-
Bernard et d’IIoogstraeten.
M. Colins (en français cette fois) prétend que le dépôt d’Hoogstraeten
est tenu, sous plusieurs rapports dans un assez mauvais état; il ne veut
pas pourtant en rejeter le blâme sur le directeur de ce dépôt. L’hono-
rable membre dit qu’il a parlé à plusieurs malheureux qui avaient long-
temps séjourné à Hoogstraeten : ces malheureux se plaignaient amère-
ment du régime alimentaire ainsi que de la misérable situation des ha-
billements ; ils préfèrent mille fois mieux être à la prison de St.-Bernard
qu’au dépôt de mendicité d’Hoogstraeten ; à St.-Bernard ils sont du
moins à l’abri des intempéries de l’air, et il paraîtrait qu’il n’en est pas
ainsi à Hoogstraeten. Il y en a de ces pauvres gens, dit l’orateur, qui
commettent expressément un délit pour pouvoir être transportés à la
maison de correction ; là, ils sont bien mieux nourris et logés. M. Colins
appelle sur cet objet toute la sollicitude du conseil; il voudrait même
que l’on allât jusqu’à provoquer une enquête sur l’état du dépôt de
mendicité à Hoogstraeten.
M. Van Geetruyen croit que cet état de choses sera difficile à changer.
Il y a que les détenus à St.-Bernard travaillent naturellement sous les
toits et sont du reste bien nourris. A Hoogstraeten, comme à beaucoup
d’autres dépôts de mendicité, les nécessiteux que l’on y entretient,
doivent aller travailler aux champs,quelquefoismêmequand il tombe de
la pluie ou de la grêle. Cependant on ne peut pas aller prodiguer les pe-
tits soins aux êtres qui sont là.
M. Uilens appuie certaines parties des réclamations de M. Colins.
M. Boisard : Si, en effet, le dépôt d’IIoogstraeten était si mauvais,
(1) Le subside de 250 fr., demandé par le tribunal de Turnhout et ac-
cordé par le conseil, se trouve compris dans ce chiffre.
(2) Par art. 5 de ce chap. demande est faite d’un supplément de fr.
06-66 par an, des frais le voyage et dè bureau de l’ingénieur en chef de
la province, M. de Dobbeler, ainsi que l’arriéré des années 1838 et 1839
(fr. 133-32), arriéré qu’il n’a cessé de réclamer, pendant ces deux années,
et avec les plus vives instances. La section centrale, dans son rapport
sur le budgetde 1841, a rejeté les réclamations de M. l’ingénieur en chef,
en maintenant la somme de fr. 1200 qui lui avait été allouée. Cependant
le conseil lui accorde lesupplément demandé.
comme semble le faire accroire l’honorable M. Colins, je ne sais pas trop
comment cela se fait que les mendiants y reviennent quelquefois jus-
qu’à 5 reprises. S’il y en a qui se plaignent, ce n’est pas si étonnant :
il y a des gens qui ne se contentent de rien. Ils quittent le dépôt et voilà
sans doute, pour eux,un excellent argument de dire que le régime de la
maison est détestable, qu’ils préféreraient être transportés a St.-Ber-
nard; ils vous répondront cela, peut-être, après avoir commis un délit
quelconque qui, forcément, doit les faire écrouerà la maison de cor-
rection. Si ceux qui reviennent des travaux champêtres sont mouillés
par suite de pluie ou grêle, ils reçoivent à leur retour à l’établissement
d’autre linge, d’autres habillements; tous se réunissent alors dans une
salle bien chauffée. Quant au régime alimentaire, il a été trouvé très sa-
tisfaisant par la députation qui est venue en prendre inspection. Si M.
Colins voulait être convaincu de ce que j’avance, je l’engage à se rendre
incognito à Hoogstraeten et de voir par lui-mème ce (pii en est;s’il
avait été bien informé de l’état des choses, il ne se serait pas exprimé
avec cette légèreté, comme il l’a fait, sur la situation d’un dépôt de men-
dicité qu’il 11e semble connaître que sur des rapports extrêmement
erronés.
M. Colins (en français) insiste sur le révisement de plusieurs points
du réglement qui concerne le dépôt de mendicité d’Hoogstraeten; plu-
sieurs parties de ce réglement doivent subir des améliorations. L’hono-
rable orateur dit que ce ne sont nullement les visites domiciliaires qui
peuvent convaincre sur l’état d’un établissement. Il appuie pour que la
députation s’occupe sans relâche de cet objet, parce qu’on doit adoucir,
autant que possible, la situation des malheureux qui se trouvent relé-
gués dans ces dépôts.
M. le gouverneur n’a jamais entendu parler des plaintes sur le régime
du dépôt d’Hoogstraeten ; cependant il trouve, quant à lui, que ce ré-
gime ne doit pas être trop doux, trop agréable; la société souffrirait par
la. La province ne pourrait pas suffire à la fin, à l’entretien des nom-
breux mendiants et vagabonds qui afflueraient vers le dépôt si, là, ils
étaient sûrs de trouver ce far niante qu’ils chercheraient vainement
ailleurs. Il rend pourtant justice aux sentiments philantropiques de
MM. Colins et Uilens. M. le gouverneur donne l’assurance que la dépu-
tation s’occupera de cette affaire,et qu’elle présentera,l’année prochaine,
un rapport sur la situation du dépôt de mendicité d’IIoogstraeten.
On reprend la discussion sur le budget. — Sommes votées par le con-
seil :
REVEN ES ET MOYENS.
Chap. 1". — Recettes extraordinaires, fr. 106,013 45
» 2. — Recettes ordinaires, 141,062 12
» 3. — Centimes spéciaux, 72,662 02
» 4. — Barrières et péages, 57,714 12(3)
» 5. — Subsides pour construction de routes, 84,047 26
» 6. — Recettes diverses et accidentelles, 24,920 91
Les recettes de toute nature s’élèvent à la somme de quatre cent
quatre-vingt-six mille quatre cent dix-neuf francs quatre-vingt-huit
centimes (486,419 fr. 88 c.), chiffre égal au montant des dépenses.
M. le gouverneur réclame contre le mode introduit par les receveurs
des roules provinciales qui se paient eux-mêmes sur les sommes qu’ils
perçoivent. Il pense que ce mode est vicieux sous plusieurs rapports;
il vo’udrait que les receveurs rendissent un compte intégral de leurs
recettes et que ce fut la province qui se chargeât de payer ces fonction-
naires. — Renvoyé à la députation.
M. Colins (en flamand) demande un crédit de 1,000 fr. pour orner
l’hôtel du gouvernement pendant les fêtes de Rubens.
M. legouverneur répond àl’honorable membre qu’il oublie, sans dou-
te, que c’est le budget de 1841 que l’on a discuté et que ce serait voter
un crédit pour des choses qui auraient déjà eu lieu.
M. Colins ne répond rien à l’objection de M. le gouverneur ; sa pro-
position n’a pas de suite.
Il est 2 heures et demie ; le conseil suspend la séance jusqu’à 6 heu-
res du soir, pour le continuation des objets à l’ordre du jour.
A six heures du soir la séance est reprise. — 42 membres répondent à
l’appel.
Le budget pour 1841 étant volé,le conseil entreprend les objets portés
à l’ordre de ce jour.
M. Uilens-Vandencruyssen lit le rapport de la section centrale sur les
comptes de la gestion de 1839. — Ces conclusions sont adoptées sans
discussion par le conseil.
M. Verdussen, président, quitte le fauteuil pour donner quelques ex-
plications concernant le caissier de la province ; on devrait demander,
dit-il, compte à M. de Baillet de certains coupons dont, à ce qu’il parait,
on S’est jusqu’ici fort peu occupé.
Pendant la discussion qui s’élève sur ce que vient de dire M. Verdus-
sen. le vice-président, M. Stalpaert, s’est installé au fauteuil.
L’honorable M. Verdussen va reprendre sa place au bureau après que
l’affaire regardant la caisse de la province est envoyée à la soumission
de la députation.
M. Vanhavre-Cornélissen donne lecture du rapport sur la proposition
de M. Vereist (construction d’un pont sur le Rupel). La section conclut
à la construction du pont, vu son urgence; la commune de Boom de-
mandera la confection des travaux par l’état ; elle allouera un crédit de
30,000 fr.. mais il faut que la province vienne à son secours par un sub-
side un peu considérable.
M. Vereist appuie sa proposition pour l’intervention de la province
dans le crédit, et demande que le conseil veuille bien fixer la quotité du
subside qu’elle voudrait accorder. Il démontre de nouveau les avanta-
ges qui résulteraient de la construction d’un pont sur le Rupel.
MM. Colins (en flamand), Fremie et Doyaerts, prennent part à la dis-
cussion pour appuyer la construction.
M. le gouverneur s’appuie également sur l’utilité du pont. Il pense que
le conseil votera un subside si le gouvernement veut se charger de l’en-
treprise.
Le conseil adopte le renvoi à la députation, renvoi proposé par M. le
gouverneur.
M. le comte Léon d'Ursel lit le rapport sur la proposition de M. Geel-
hand sur l’organisation d’une école de sages-femmes. La section cen-
trale conclut a renvoyer cet objet à la députation permanente qui fera
un rapport à l’ouverture de la session prochaine, sans cependant pré-
ciser un vote.
M. Vandeweyer applaudit à la proposition d’ériger une école de sages-
femmes dans la province. L’idée de M. Geelhand est d’un ami de 1 Hu-
manité, car rien n’est plus vrai que dans l’état actuel des choses il se
commet presque journellement de graves abus II pense que la députa-
tion ferait bien de s’adresser aux hommes spéciaux, avant de faire son
rapport pour l’année prochaine.
M. Veydt, rapporteur de la section centrale, s’exprime sur la propo-
sition de M. Devinck pour les modifications à apporter au réglement sur
les concours de l’instruction primaire. La section ne se rallie pas entiè-
rement à la proposition de l’honorable M. Devinck.
M. Smolderen pense qu’il y aurait des inconvénients à accorder des
frais de route aux instituteurs qui devront se rendre aux concours pu-
blics .
(3) Dans ce chapitre, le produit des recettes aux écluses de la Néthe
avait été porté, parla province, à fr. 10,000 ; la section aproposé le chiffre
de fr. 12,500 pour cet objet. —Adopté.— Cette sommeest comprise dans
le chiffre total du chap. 4.
gede Warren, dans de très jolies pièces de vers qu’on appelle puff. On
en fait même des pièces de théâtre.
Nous n’en finirions pas si nous voulions suivre ce Protée sous toutes
les formes qu’il emprunte, mais qu’il paie généreusement.
Il serait impossible de nombrer les myriades de jolies couvertures et
étiquettes, dont les moindres petits riens sont enveloppés avec un soin,
une coquetterie dont on ne peut se faire une idée. Il n’est pas jusqu’à
la monnaie, les pence, que l’on vous rend comme appoints, qui ne
soient élégamment empaquetés dans un papier glacé portant l’adresse
du marchand.
Les moindres objets de quincaillerie sont estampillés avec la firme de
la fabrique ou munis d’un écusson toujours très habilement gravé.
Aussi la population des graveurs, des estampilleurs et des imprimeurs
en tout genre est-elle immense et richement rétribuée en Angleterre;
leur talent est devenu de nécessité première, tandis qu’il n’est encore
qu’un objet de luxe dont on s’abstient chez nous, comme d’acheter des
tableaux, des statues ou d’autres objets d’art.
Par dessus tout cela, l’entrepreneur entretient une annonce perma-
nente dans tous les journaux du pays, et l’annonce est d’un prix si élevé
à cause du timbre, que l’on nous a demandé 9 f. pour une ligne et demie
d’insertion dans un des grands journaux de Londres.
Ajoutez à cela une émission constante de milliards de petits avis que
de jeunes garçons vous fourrent dans les mains, dans les poches et jus-
que dans l’estomac, en passant sur les trottoirs; quand une voiture, un
omnibus se trouvent à leur portée, ils en lancent une poignée par les
stores, et si l’on ouvre un instant sa fenêtre sur la rue, l’appartement
S’en trouve bientôt inondé.
Nous trouvons dans notre poche une de celles qu’on nous a jetées à
la figure en passant en cabriolet ; elle a pour but de dénoncer une abo-
minable imposition, une adultération du thé. On y démontre qu’une
quantité de pauvres gens sont occupés à dépouiller les haies et les buis-
sons des feuilles du prunellier ; qu’un homme peut en ramasser de 50 à
60 livres par jour, à un penny la livre ; un gentleman de Cambertcell a
même porté plainte, dit-on, contre le dépouillement des haies de ses
vergers, et l’on nous apprend que ces feuilles sont roulées, séchées et
mélangées avec le véritable thé, et permettent à certaines maisons de le
livrer a plus bas prix.
Il n’y a pas de doute que de forts envois de cette drogue ne soient
faits sur le continent, et déjà peut-être nous n’en buvons pas d’autre.
Nous ajouterons que l’auteur a soin de terminer son avis désintéressé
par donner son adresse comme étant le seul qui vende encore le genuine
thea.
Félix, Félix et Ce.
106 Tottenham Court Road.
Nous engageons les amateurs à s’adressez chez lui ; mais il est à pré-
sumer qu’ils ne trouveront plus levéritable thé de leur goût, étant ha-
bitués depuis long-temps à l’autre, l’habitude étant une seconde nature,
comme on sait.
Un autre genre de publicité du meilleur ton consiste à faire dessiner
et graver des adresses par les premiers artistes du pays. La beauté, la
fraîcheur de ces petits chefs-d’œuvre d’art vous forcent à les conserver
sur la cheminée comme un ornement, et, par conséquent, à retenir le
nom du marchand, qui ne peut être qu’un homme dégoût.
De fortes sommes sont affectées à ce genre d’annonces, et bien des
gens s’en vont retourner de fond en comble un magasin, qui ne pren-
nent rien, si ce n’est l’inimitable adresse.
D’autres vendeurs marient la gravure, la peinture et la sculpture sur
leurs prix courants. On emploie pour cela un art encore impratiqué sur
le continent, l’embossage.
Ijes embossers reçoivent les épreuves imprimées sur un vélin de Bris-
tol très épais, le trempent, et par le moyen de la pression, y impriment
en bosse de petits bas-reliefs du plus grand mérite, avec un fond de cou-
leur bleue ou rose.
Comme ces cartons ne peuvent ni se plier, ni se chiffonner, force vous
1
est de les accrocher au coin des glaces, et de les conserver, ne fût-ce
que pour les montrer à vos amis comme objets d’art.
La numismatique elle-même a payé son tribut à l’annonce. On frappe
des médailles en l’honneur des briquets phosphoriques, du cigarre ou
de l’allumette, et on les expose sur le devant des fenêtres, pour être
volées par les passants. C’est un puissant moyen de vulgariser l’adresse.
Londres, sous tous les rapports, est une ville d’adresse ; partout où on
porte la vue, l’annonce est là, dressée comme un fantôme, ou grinçant
comme un vampire. Si vous n’en voulez pas voir, il ne faut pas lever les
yeux de dessus le trottoir, et ce dernier refuge vous manquera bientôt,
car on a conseillé de les paver de dalles en fer, portant en lettres saillan-
tes les adresses des commerçanls de la Babylone industrielle.
Il est beaucoup de maisons qui mettent à contribution l’admirable in-
vention de la gravure poly typique de Perkins.
Il n’est pas jusqu’au miscroscopisme qui ne soit mis en jeu dans les
billets. Nous en possédons un où le mot fixe pound est gravé onze cent
trente et une fois, sur un espace de quinze centimètres sur trois.
Il est clair qu’une entreprise à l’achalandise de laquelle on a consacré
tant de soins et d’argent, doit recevoir une grande valeur du seul chef
des annonces qui ont été faites, indépendamment des marchandises en
magasin.
Beaucoup de maisons bien connues estiment la vente de leur enseigne
à des sommes beaucoup plus élevées que la maison même, et il est telle
planche vermoulue qu’on n’achèterait pas pour un million; car un nom
bien famé vaut un capital dans le commerce anglais.
Aussi les noms font-ils l’objet d’un grand commerce à Londres. Un
fabricant vend son enseigne, ses cachets, ses timbres, ses poinçons et
sa plaque, qui n’ont aucune valeur intrinsèque, beaucoup plus cher que
l’on ne vend ailleurs ses outils, ses machines et son fonds de magasin.
Dollon est mort sans enfants depuis long-temps; mais c’est toujours
Dollon qui fabrique, et fabriquera toujours des instruments de géodé-
sie, d’astronomie et de physique. |