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03T S'AT-tOHT»»
A Anvers, au Bureau du
Précurseur, Bourse An-
glaiseN0lOéO,où se trouvs
une boîte aux lettres et où
doivent s’adresser tous les
avis.
En Belgique et A l'étran-
ger , chez tous les direc-
eurs des postes.
(32. «4»)
mxm
A Paris, à l’Office-CoF-
espondance de Lepelle-
ier-Bourgoin et corap.%
ue Notre-Dame-des-Vio-
oires N° 18.
ANVERS , Vendredi $4 JANVIER 1840.
(Cinquième Annie)
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PRÉCU
JOURNAL POLITIQUE, COMMERCIAL, MARITIME ET LITTÉRAIRE.
PAIX*
tiasEiz.
FHOOBâÜ.
ABOUT -HEMERTT.
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• 6 mois....... 30
B 8 » 15
P( CR LA BELGIQUE.
Par ? mo s..... 18 fr.
POeK l’ÉTRANGZH.
Par 3 mois.....20 fr.
A?J3JQ3JCES.
Ï5 centimes la ligne.
Laquatrlèmepage, con
sacrée aux annonces est
affichée à la bourse d’An-
vers et à la bourse des
principales villes do com-
merce.
84 Janvier.
DUS PROJET DE COLOSISATIOS.
Il s’agit dans le monde politique d’un projet que le
plus grand secret enveloppe jusqu’ici.
Quelque profond que soit ce secret, nous devons
l’avouer, il n'est point au-dessous de l’étonnement qu’il
nous cause. Nous sommes curieux, en vérité, de con-
naître comment la Belgique pourra coloniser fructueu-
sement, avec une marine militaire nulle, avec une ma-
rine marchande exigue,avec une population à l’instant
occupée, quand l’industrie entre dans ses phases de
prospérité.
Ne voulant rien préjuger, nous attendrons donc que
ce projet soit connu pour nous en expliquer.
Néanmoins, ce qui a transpiré sur cette grande pen-
sée, nous fait croire que ceux qui s’en occupent sont
des hommes sérieux ; que ces premiers éléments de
colonisation que nous venons d’indiquer et qui sem-
blent nous manquer, n’ont point échappé à leur
perspicacité et qu’enfin il y a un moyen de succès que
nous n’avons point aperçu. Nous prions le Ciel qu’il
prenne ce moyen sous sa sainte et digne garde.
Mais il paraîtrait d’après quelques mots échappés à
l’Organe des Flandres, journal qui reçoit souvent
des inspirations ministérielles, que la Société Géné-
rale aurait été invitée à prêter à ce projet le concours
de ses capitaux et qu’elle n’y aurait consenti qu’à con-
dition que le gouvernement accorderait son autorisa-
tion à la création favorite de M. le comte Meeus, la
Société de Mutualité industrielle.
C’est à ce sujet que nous avons quelques mots à dire.
D’une part, nous ne comprenons point que les fon-
dateurs de la Mutualité tiennent sérieusement à une
autorisation dont ils ont souvent avoué qu’ils pouvaient
parfaitement bien se passer.
D’autre part, nous ne croirons jamais que les di-
recteurs de la Société Générale puissent subordonner
leur coopération à une pensée aussi émineramment
nationale, à l’obtention d’un privilège qui dans tous
les cas n’est qu’une question d'intérêt personnel.
Ce que nous concevrions aussi peu, c’est que !e mi-
nistère se refusât à reconnaître la Mutualité qui n’a
plus aujourd'hui que le souffle, et qui, des colonies
trouvées, pourra renaître, rendre d’immenses services
au pays et devenir une institution utile et importante,
ainsi que toutes nos sociétés commerciales anversoises.
Nous ne croyons donc point sérieusement à ces
pourparlers, ni à ces conditions imposées par la So-
ciété Générale.
Ce qui nous frappe plus que l'incohérence de tous
ces on dit, ce sont les propositions du gouvernement
faites dans une semblable circonstance à la Société
générale.
Il s’est récrié en mainte occasion contre la tenue de
cette société vis-à-vis de lui. Il a dit assez hautement
que ce corps financier pesait lourdement sur les ques-
fions d’état. Il s’est enfin plaint si souvent, qu’il a fait
croire, à tort ou à raison, à l’opinion publique, que
cette société n’avait point le sentiment de sa situation
et traitait orgueilleusement avec lui de puissance à
puissance.... Et c’est dans un moment où il aurait dé-
couvert que la Belgique pouvait avoir des colonies
qu’il se livre à une compagnie, au lieu de se livrer au
pays ! Nous nous refusons d’y croire.
S’il est vrai que la découverte est sérieuse; s’il est
vrai que par des sacrifices moins grands que le bien-
fait il peut procurer à la Belgique un débouché colo-
nial important, c’est au patriotisme du pays entier
qu’il doit avoir recours. Ce n’est point vers telle ou
telle corporation qu’il doit se tourner, elles seront
trop heureuses d’en avoir leur part, c’est vers les im-
menses capitaux qui dorment dans le pays, qui depuis
la paix ont pris coufiance dans notre avenir et ne de-
mandent qu’à se produire pour se placer avec avan-
tage et sécurité. C’est surtout à la vieille et puissante
Cité d’Anvers, qui depuis des siècles a la juste renom-
mée de réceler de nombreuses richesses, qu’il convient
lie s’adresser avec franchise. Nous pouvons en toute
confiance lui garantir qu’Anvers ne lui manquera pas
dans celte haute circonstance. Elle sera fière d’aider
de toutes ses forces et de tous ses intérêts au dévelop-
pement de la prospérité commerciale et industrielle de
h Belgique. Ce sera le vrai moyen pour elle de mon-
fier à la patrie sa reconnaissance pour la liberté de
lEscaut que la législature lui a si libéralement votée.
L.
ÏÉTITIOÏS ME E'ISÎMUSTBIE M-
AIÈRE EX FKAXCE.
Nous avons déjà fait savoir à nos lecteurs, à propos
des pétitions de nos industries linière et cotonnière,
qu'en France également plusieurs fabricants et fila-
leurs de lia avaient adressé à la chambre des députés
des pétitions dont le but était d’arriver à ce que les
droits sur l’importation des fils d’Angleterre fussent
augmentés, modification de tarif qui équivaudrait à
Hue prohibition.
Aujourd'hui, nous trouvons les réflexions suivantes
dans une feuille hebdomadaire qui se publie à Paris
et qui déjà à différentes reprises s'était occupée de l’état
précaire de l’industrie linière en France, et des moyens
à mettre en pratique pour rendre quelque vitalité à
celte industrie :
« Le déclin de l’industrie linière en France remonte
à plusieurs années. Depuis 1823, les exportations de
la matière se sont réduites de plus de 8 millions de
kilogrammes, et ne sont plus aujourd’hui que d’un
million. L’exportation des fils d’étoupes, qui étaitnulie
avant 1830, s’est élevée en 1839 à près de 2 millions
de kilog. Nous avons reçu, dans cette dernière année,
plus de 400,000 kil. de toiles anglaises, tandis qu’on
n’en importait pas mille il y a dix ans. La consomma-
tion intérieure reste à peu près stationnaire, si elle ne
s’abaisse pas. Le gouvernement et les chambres, aux-
quels les manufacturiers s’adressent presque tous les
ans, nous paraissent impuissants pour remédier à la
détresse qui pèse sur cette branche de notre industrie.
Cette détresse, résultat des immenses perfectionne-
ments qui se sont opérés chez nos voisins, et le déve-
loppement des moyens mécaniques figure en première
ligne parmi ces perfectionnements. Nos fabricants,
pour mettre uu terme à leurs embarras, doiventchan-
ger totalement leur système de fabrication, chosefort
difficile, nous en convenons, mais dans cette mesure,
l’industrie des lins déjà fort embarrassée, finira par
disparaître totalement en France, et par enrichir exclu-
sivement la Belgique et l’Angleterre. »
Ces mêmes raisonnements, nous les avons appliqués
et nous ne cesserons de les appliquer à l’industrie li-
nière beige. Que nos fabricants changent leur système
de fabrication, qu’ils marchent avec le siècle; leurs
premiers efforts seront pénibles, sans doute, mais ils
ne tarderont pas long-temps à sortir victorieux de la
lutte qu'ils semblent tant redouter, et alors ce sera
avec infiniment plus d'honneur et plus de profit que si
le gouvernement leur rendait le mauvais .service d’é-
couter leurs plaintes périodiques.
A.
AXGEETEKRE.
Londres, 21 janvier. —La reine a reçu hier an palais
Buckingham la députation de la Chambre des commu-
nes qui lui a présenté l’adresse en réponso au discours
du trône. S. M. a répondu :
« Je reçois avec la plus grande satisfaction votre
Adresse loyale et affectionnée dans une occasion qui in-
téresse si fort le bonheur dp ma vie future.
» Je vous remercie pour votre appui et votre con-
cours dans ma résolution, et je me réjouis de i’opinion
que vous avez exprimée sur le prince ; j’espèro qu’il la
méritera.
» Je vous remercie pour votre assurance que vous
m’accorderez votre concours, afin de prendre les mesu-
res nécessaires pour établir le prince d’une manière
conforme à son rang et à la dignité de la couronne.
» Je mettrai mes soins les plus attentifs à faire que
mon règne conduise au bonheur de toutes les classes du
peuple. »
— La reine avait répondu hier à la députation de la
chambre des lords, chargée de lui présenter l’adresse t
« Dans cette occasion qui intéresse si profondément
mes sentiments personnels, je reçois votre adresse avec
une grande satisfaction, et je me réjouis de la promp-
titude que vous avez mise à m’accorder votre concours
pour établir le prince d’une manière convenable, et je
me confie entièrement à votre zèle et à votre attache-
ment pour soutenir ces institutions si nécessaires au
bonheur du pays et à la stabilité du trône. »
— Samedi, la galerie de tableaux et les autres meu-
bles du comte Pozzi di Borgo ont été emportés d’Ash-
burnham-house, pour être embarqués, le noble comte
ayant donné sa démission du poste d’ambassadeur de
Russie près de notre cour. Le baron Brunow repré-
sentera la Russie au mariage delà reine. {Globe.)
— On écrit de Sheflield, le 20 janvier :
L’esprit du chartisme n’est pas encore éteint. Hier
soir un meeting nombreux s’est tenu dans nn petit bois
près de Hinchcliffe, à quelques milles de notre ville. On
a fait partir quelques fusées à la Congrève, apparem-
ment pour donner le signal à d’autres chartistes. Deux
meneurs ont été arrêtés depuis ; l’un a nom Duffy :
c’est un gros irlandais et l’ami de Fearges O’Connor
qui a beaucoup d’influence sur les chartistes irlandais
qui résident dans cette ville. Les habitants de la ville
et des environs trouvent dans leur cour et dans leur
jardin toute sorte d’armes qui y ont été jetées parles
chartistes dans leur fuite précipitée. L’opinion de la
police est qu’il existe dans nos environs un immense
dépôt d’armes qu’on n’a pu découvrir encore.
— Nous avons des nouvelles de New-York à la date
du 2 janvier. Elles nous apprennent que l’argent y est
en demande très urgente, mais pour des raisons mo-
mentanées seulement. Les engagements auxquels il
doit être fait honneur au lor janvier sont très lourds, et
la pénurie était des plus cruelles; cependant elle s’est
passée sans nouvelles faillites. Il a été présenté un mé-
moire au Congrès pour demander la réduction des droits
de poste à 10 cents pour chaque lettre.
— Dans la chambre des lords d’hier, le lord chan-
celier a communiqué la réponse de la Reine à l’adresse
de la chambre.
A la chambre des communes du même jour, lord
John Russell, a annoncé qu’il proposerait mercredi
qu’une pension de 00,000 livres fut accordée au prince
Albert. La chambre s’est ensuite formée en comité pour
l’examen des budgets.
FHAIVCE. — Paris, 22 janviers
Clu'milque et Bruits de salon.
Petite chronique. — La chambre des députés s’est
réunie publiquement aujourd’hui, et a repris la discus-
sion du projet de loi relatif aux tribunaux de commerce,
commencée à la session dernière. A l’ouverture de la
séance, M. Bresson a donné lecture de la proposition
relative aux droits de douane à établir sur les fils et
toiles de lin étranger.
— Tous les journaux ont annoncé le départ de M. le
duc de Bordeaux pour Naples.Le séjour du jeune prince
auprès du roi son oncle ne doit pas être, nous assure-t-
on, de longue durée. Si nous sommes bien informés, il
doit se rendre prochainement àSt.-Pétersbourg, et les
généraux Vincent et d’Hautpoul sont déjà désignés pour
l’accompagner. (Um'rera.)
— Ce matin la police de Paris a découvert rue Ste-An-
ne au domicile du nommé Durieux, signalé comme fai-
sant partie des sociétés secrètes, divers ustensiles servant
à la fabrication de poudre; on a saisi aussi des projectiles,
des cartouches et une paire de pistolets.
— Le conseil de préfecture de la Seine s’est occupé
hier de la réunion des gardes nationaux, à l’occasion de
la réforme électorale. Cinq officiers de la 3® légion.MM.
Ifoueix, Lebedel,Turmel, Bisson et Bretaux, étaient
traduits devant lui pour ce fait. Ils ont été entendus sé-
parément par le conseil, présidé par le préfet, et con-
damnés aussi à deux mois de suspension.
LB PRÉFET DE POLICE EN CONTRAVENTION DE SES RÈGLEMENTS.
— Le Journal d'Avranches du 19 janvier, raconte ce
qui suit : Une chaise de poste, emportée par le galop
de trois chevaux chaudement stimulés par le fouet du
postillon, parcourait à grand bruit la marge de laplace
Baudange, à Avranches. Une prohibition fort sage dé-
fend et punit de telles imprudences. Exécuteur des ré-
glements et témoin de leur infraction, M. le commis-
saire de police voulut prévenir les accidents que pou-
vait entraîner cette marche désordonnée: on n’obéit pas
à sa voix; n’écoulant alors que son zèle, il franchit la
ligne de bornes en granit qui enceint la place, s’élance
à la tête des chevaux et les arrête. Surpris d'une audace
qui dut lui paraître assez singulière, lo voyageur s’a-
dresse à notre commissaire de police et lui représente
qu’il était trop discourtois de rompre ainsi l’essor d’une
berline, quelque illégal que fût cet essor; que c’était au
bureau de poste seulement que l’on devait aller consta-
ter ces contraventions.
« Le réglement a été fait pour prévenir les malheurs:
j’eusse été coupable et responsable des conséquences si,
témoin de cette infraction et pouvant en prévenir les
suites, je ne l’eusse pas fait sur-le-champ.» ;La voiture
se remet en marche; mais loin de se conformer à ce
rappel à la loi, le postillon fait reprendre aux che-
vaux leur course première. Le commissaire de police
s'élance de nouveau sur les traces de la chaise, et ar-
rive au bureau de poste presque au même inslaat qu’elle.
« Monsieur, dit-il à la personne qu’elle transportait,
je vous prends en contravention, je dois en rédiger le
procès-verbal; veuillez me montrer vos papiers. — A
quel titre? — Je suis commissaire de police. — Je ne
vous connais pas : aucun insigne ne m’annonce votre
qualité. — Voici mon écharpe. — Je vous obéirai lors-
que vous en serez revêtu. — Qu’à cela ne tienne, mon-
sieur. » Les couleurs nationales ceignirent aussitôt
l’officier de police. Or, quelle ne fut pas sa surprise
lorsque, ayant ouvert le passeport, il y lut en toutes
lettres le nom de M. Gabriel Delesserl! Le commissaire
de police d’Avranches venait de prendre en contraven-
tion flagrante le préfet de police de la Seinel... — Je
vous prie, monsieur, dit le haut magistrat, en acceptant
sa mésaventure avec la meilleure grâce du monde, de
recevoir mes félicitations pour le zèle que vous appor-
tez dans votre service.
M. Gabriel Delessert reprit immédiatement la
route de Brest.
beau trait de probité.—Lundi de la semainedernière,
vers sept heures du soir,le conducteur de la diligencedes
messageriesroyales de Chartres à Paris était entrain de
charger la voilurequi part à huitheures.Le direcleurdu
bureaului avait remis, entre autres choses, 3,000 fr. en
billets de banque et 200 et quelques francs en argent. Il
mit cet argent et lesbillcts dans un sac,puis les emporta
pour les placer dans le coffre de la voilure. Embarrassé
sans doute par d’autres objets, il posa ce sac sur une
planchette qui se trouve près du coupé; mais en mon-
tant, il le poussa du pied et le fit tomber par terre entre
la voiture et la roue, cl cela sans qu’il s’en aperçût. Il
ne pensa plus à ses 3,200 et quelques francs, et partit
pour Paris. Le lendemain malin, le sieur Grandveau,
postillon de chez M. Deschênes, vint devant le bureau
de M. Chavaudet pour conduire la voiture de Vendôme
jusqu’au premier relai.
11 sentit quelque chose sous son pied, le ramassa, et
reconnut que c’était un sac d’argent. L’ayant ouvert,
il vit, outre l’argent, trois billets de banque de mille
francs. Personne ne l’avait vu ramasser ce sac, et pour
un homme de sa condition, une pareille somme était
une fortune ; mais l’idée ne lui vint seulement pas de la
garder; il s’empressa d'aller trouver M. Deschênes, de
lui faire part de sa trouvaille, et de lui remettre l’ar-
gent et les billets, en l’engageant à s’informer à qui ils
pouvaient appartenir; puis il partit conduire la voiture,
üa conçoit l’inquiétude du conducteur de la voiture de
y
Paris, lorsqu’il s’aperçut que son sac d’écus et de bil-
lets lui manquait. Il revint dans des transes cruelles
promptement à Chartres, où il retrouva si heureuse-
ment son argent entre les mains de M. Deschênes. Une
récompense a été donnée par lui à l’honnête postillon.
ne défions jamais les fous.—Un compositeur d’im-
primerie, nommé Poilvé, pour se guérir de i’irrésistible
penchant qui Je portait à s’énivrer, avait pensé que la
meilleure diversion était, dans ses moments de loisir, de
sc livrer aux plaisirs de la chasse. Chaque dimanche
doue, le fusil sur l’épaule, le carnier au dos, et la pou-
dre et le plomb en poche, il se mettait en course et dé-
clarait une guerre d’extermination aux pierrots de Ro-
mainville ou aux corbeaux des buttes Saint-Chaumont.
Ses chasses n’étaient, à la vérité, pas heureuses, et ja-
mais il ne rentrait au logis plus chargé qu’au départ;
mais du moins il ne buvait pas,et sa femme devait s’es-
timer heureuse, car plus d’une fois dans l'ivresse il l’a-
vait menacée de la mort, et avait fait mine de vouloi»
lui faire sauter la cervelle.
Hier, comme d’ordinaire, Poilvé avait été courir la
campagne, et vers sept heuresdu soir, il venait de rentrer
à son domicile, rue de la Harpe, 73, lorsque Sa femme
se prit à le plaisanter assez aigrement sur ce qu’elle ap-
pelait sa maladresse, « Allons, mets donc ton fusil dans
un coin, lui dit-elle dès son arrivée ; car tu ne sais pas
t’en servir. Tu ne saurais pas seulement l’armer. »
Que se passa-t-il dans la tête de Poilvéen ce moment?
c’est ce qu’on ne saurait expliquer; était-il ivre? avait-il
quelque projet formé à l’avance? c’est ce qu’on saura
sans doute plus tard: toujours est-il qu’à peine sa mal-
heureuse femme avait proféré ces mots, que, se recu-
lant de cinq ou six pas, il la mit en joue, et déchargea
presque à bout portant sur elle son arme chargée à balle.
La pauvre femme tomba sous le coup et sans pouvoir
proférer un cri ; elle avait une partie du visage emportée.
Poilvé , effrayé sans doute de son action, prit alors la
fuite, et toutes les recherches faites jusqu’à ce moment
pour retrouver sa trace sont demeurées sans succès.
L’état desa victime, transportée à l’Hôtel-Dieu, ne laisse
aux gens de l'art que bien peu d’espoir de la sauver.
On sait que le Capitole ne passe point pour être hos-
tile à la Russie, et que dans plus d’une occasion il s’est
montré fort au courant des projets de cette puissance.
Nous ne prétendons pas que dans son article de ce jour
sur Saint-Pétersbourg, Pékin et Téhéran, il soit l’in-
terprète fidèle de la pensée russe; mais nous croyons
devoir néanmoins appeler l’attention de la presse an-
glaise sur le passage suivant qui a tout l’air de contenir
une indiscrétion ou une forfanterie :
« Nous avons des données plus fortes que des conjectures
pour être autorisés à croire qu'à l'heure qu’il est la Russie, la
Perse et la Chine agissent de concert pour mettre un terme
aux envahisssemenls successifs de l'Angleterre dans l'Asie
orientale etseptentrionale. Cette triple intervention enfaveur
de l'Asie centrale surtout serait secondée par les états qui ont
le plus à se plaindre des usurpations et des vexations de l'An-
gleterre, c’est-à-dire par l'empire Birman, les royaumes de
Kaboul, do Sindhta, de Nepal, un parti puissant dans la
royaume de Lahore et les Beioutchis. Pressé par son suzerain
de fait, l'empereur de la Chine, celui d'An-Nam joindrait ses
forces, disciplinées et commandées par des officiers européens,
à celles des Birmans, et opéreraleut avec elles sur la gauche du
Gaoge.
Pendant que cette diversion puissante serait faite au sud-
est, une armée chinoise. réuDie dans la province d'I-zzang,
déboucherait par l'une des grandes vallées de l’Himalaya, el
combinerait ses opérations avec les troupes du roi de Népal.
De leur côté la Perse et la Russie s'avanceraient du Nord sur
trois grandes colonnes, composées des troupes des deux na-
tions et grossies des auxiliaires qui les attendent sur leur
route.La coloDne de droite marcherait vers le bas Indus pour
agir le long du golfe d'Oman contre la présidence de Bombay.
Celle de gauche se dirigerait vers Delhy et Agra. pour atta-
quer la présidence de Calcutta par ses points les plus vulné-
rables. La colonne du milieu servirait d’armée de réserve,
en même temps qu’elie maintiendrait les communications
entre les deux extrêmes de la ligue d'opérations.»
Le Journal de Francfort publie en tête do son der-
nier numéro une correspondance de Paris, datée du 17
janvier, et qui mérite de fixer l’attention :
« Vons devez être un peu étonné, dit le correspondant, de
n'entendre plus parler des interrogatoires de M. Ch Durand.
Cette lenteur à procéder, assez contraire à l’usage des tribu-
naux de France, m’a été expliquée de la manière suivante par
une personne qui mérite toute confiance.
» Vous vous rappellerez sans douto que, dans une corres-
pondance de Paris, la Gazette d'Augsbourg annonçait que
M. Durand s'était, dans ses interrogatoires, déclaré agent
confidentiel du gouvernement russe. Uae assertion de celte
nature, si invraisemblable qu'elle fût, compromettait grave-
ment le cabinet de St.-Pétersbourg. Aussi le gouvernement
français a-t-il fait sur-le-champ suspendre la procécure pour
Taire part au gouvernement russe de tout ce qui se passait; et,
rassuré par les réponsesles plus positives el les plus salisfaisan-
les, il lui aurait offert d'abandonner tout-à-fait l’enquête com-
mencée. Alors le cabinet de St-Pétersbourg. pour donner une
preuve desagraode loyauté et faire voir combieu il est étranger
aux menées qu’on lui prête, a demandé au contraireque l'en-
quête reprit son cours avec la plus graude publicité; assuré
qu’il n’en sortira rien qui puisse jeter le moindre nuagé sur
la probité qui sert de régie â sa politique.
«Attendez-vous doue à voir bientôt recommencer l'en-
quête, avec l'activité qu'exige cette importante affaire, at
soyez sûr que la solution ne se fera plus loug-temps atten-
dre. »
Phygionoiuie de la jiiress» française.
Les journaux n'offrent aujourd'hui aucun fait nouveau.
Les troubles de Foix et la conversion des rentes sont encore
à l’ordre du jour pour la plupart d'entre eux. Ils s’accordent
généralement à regarde! comme inadmissible le projet pré-
senté par M, Passy. |