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trats existants, une entorse à faire à la loi de liqui-
dation ou bien encore un emprunt fictif.
La question de réorganisation de l’armée suit
son cours.
Le commandement de l’armée égyptienne est
échu à sir Evelyu Wood. Tout est à faire, car il
n’existe plus de discipline. En ce qui concerne la
création d’une force publique (police et gendar-
merie) elle avance aussi rapidement que possible.
Elle formera une division sous le commandement
de Baker-Pacha ; cette division sera composée de
deux brigades : la première, commandée par Sala-
Pacha, officier égyptien, d’origine austro-hon-
groise, entièrement à la dévotion du consulat gé-
néral d’Angleterre, dont il semble être l’un des plus
fidèles sujets ; l’autre brigade sera confiée à un
officier supérieur anglais. Si on ajoute â cela les
officiers subalternes qui pourront être tirés des
rangs de l’armée anglaise, il est aisé de déduire que
l’armée, la poliee et la gendarmerie seront complè-
tement entre les mains des Anglais.
ALLEMAGNE.
La Correspondance provinciale, organe semi-
officiel, publie l’articie suivant au sujet de la mort
de Gambetta: . .
« Une des étoiles fixes du firmament politique
qui ont servi dans ces dix dernières années à orien-
ter tout le monde, amis et ennemis, vient encore de
s’éteindre. x . ,x
» L'homme éminent que sa patrie considérait
comme le plus patriote de ses fils et auquel tout
le monde civilisé reconnaissait une admirable
énergie comme homme d’Etat, vient de mourir
dans la plénitude de ses forces et à l’apogée de sa
vie. Gambetta, le plus populaire des Français de
son temps, a succombé à l’âge de quarante-quatre
ans, après une maladie de quelques semaines.
» Le nom de Gambetta est inscrit en caractères
si vigoureux sur les pages de l’histoire de notre
époque, que l’on peut dire, dès à présent, qu’il sur-
vivra aux vicissitudes des temps et des situations
et occupera longtemps une place dans la mémoirs
des hommes. Ce nom est si étroitement lié à l’his-
toire de l’Allemagne, que c’est plutôt à nous qu’aux
autres nations voisines de la France de témoigner
de l’importance extraordinaire du contemporain
qui a disparu, le 31 décembre, de la scène du monde.
« Les Allemands n’ont, du reste, pas attendu
l’effet conciliant du temps, ni .la voix puissante de
la mort, pour reconnaître que l’intrépide patriote
qui a dirigé, pendant l’hiver de 1870-71, la défense
de la France était un homme dans le sens la plus
complet du mot,et qu’il a rempli un grand et noble
devoir en s’efforçant, par tous les moyens dont il
disposait,de nous rendre difficile l’accomplissement
du nôtre.
» Les historiens allemands se sont fait un hon-
neur de rendre, à tous les points de vue, justice à
cet adversaire éminent, qui a lutté, dans les circon-
stances les plus difficiles, pour sauver l’honneur
militaire de sa patrie. Au milieu d'un mohde de
difficultés, il a continué de résister avec un cou-
rage inébranlable et a déployé une habileté surpas-
sée seulement par l’énergie qui servait d’appui à ce
merveilleux talent.
» L’impression que la personnalité du ministre
de la Défense nationale avait produite sur le peuple
al'emand était si forte que, lorsque Gambetta dis-
parut un moment de la scène politique après 1870,
nous avons continué de penser qu’un avenir impoi -
tant était certainement réservé à l’homme qui
avait fait de si grandes choses.
» Et, plus tard, lorsque la haine et la fureur des
partis ont menacé de détruire l’idée que les con-
temporains s’ôtaient faite de Léon Gambetta, nous
n’avons pas cessé d’être convaincus qu’uu talent
d’homme d’Etat aussi solide que le sien finirait par
triompher de toutes les difficultés.
» Si, dans la lutte des opinions, la voix de cet
homme unique, qui ne s’inquiétait pas de ceux qui
le suivaient et a persévéré dans la voie où il s’était
eogagé, a pu néanmoins et toujours se faire de nou-
veau entendre, il faut en chercher la raison dans le
fait que l’opinion de Gambetta s’appuyait sur une
volonté puissante,dirigée avec fermetésurun même
but. Or, l’unité et la logique de ses idées et de ses
actes ont été de tout temps les qualités principales
des hommes dont l’histoire a gardé le souvenir.
- Il ne nous appartient pas de porter un jugement
définitif sur un mort qui est pleuré par toute une
grande nation et dont nous avons été jadis les ad-
versaires. Mais, en qualité de contemporains, nous
avons le droit et le devoir de témoigner de l’impor-
tance extraordinaire de l’homme que nous avons
appris à connaître au milieu d’une lutte ardente et
glorieuse, et dont nous avons suivi les destinées
ultérieures avec l'intérêt respectueux qu’il a su
imposer à ses amis et à ses ennemis. »
FRANCE.
Nous empruntons au Temps le résumé sui-
vant du discours prononcé par M. Brisson
aux funérailles de Gambetta :
» Messieurs, la majorité républicaine m’a prié de
parler en son nom sur la tombe de mon illlustre
prédécesseur. .
» Jamais je n’ai senti plus sincèrement ie poids
de ma tâche.
» Léon Gambetta est descendu dans la tombe au
milieu d’un deuil national auquel ont pris part
avec une courtoisie exceptionnelle les représen-
tants des pays étrangers.
» Depuis trois jours que sa dépouille est entrée
sous le toit que j’habite, j’essaie en vain de retrou-
ver le sentiment puur exprimer la douleur qui
nous a frappés.
» La France pleure un fils passionné pour sa
gloire. La tribune est en deuil. Tout une généra-
tion, à laquelle j’appartiens, est frappée dans sa
tête. »
Le président de la Chambre a ensuite fait une
revue longue et émue de toutes les pagês fameuses
de la vie de Gambetta, depuis le procès Baudin jus-
qu’à l’année qui vient de finir, mettaut en relief les
nombreux et différents talents dont l’illustre ora-
teur a faite preuve dans cette courte carrière.
Voici, emprunté au même journal, le dis-
cours de M. Devès, ministre de la justice :
Messieurs,
Je viens, au nom du gouvernement de la Répu-
blique, saluer la dépouille mortelle du grand ci-
toyen que nous pleurons et rendre à sa mémoire
un hommage que la piété publique a déjà devancé.
C’est un deuil national que la perte d’an tel
homme, et cette solennité funèbre, dans son appa-
reil civique, avec l’immense concours du peuple qui
s’y presse, apparaît à tous les yeux comme le té-
moignage de la douleur du pays.
Gambetta appartient tout entier à la patrie fran-
çaise. Elle mène aujourd’hui les funérailles de ce
noble fils qui l’a passionnément aimée et défendue.
Oui, l’amour de la France, la foi dans ses desti-
nées — même à l’heure où l’espérance semblait un
défi jeté à la fortune — le dessein de ne pas la lais-
ser déchoir de son rôle séculaire, marqueront d’un
trait ineffaçable la grande figure de celui que la
mort nous prend, et dont notre douleur impuis-
sante voit se fermer la carrière à moitié parcourue.
C’est ainsi surtout qu’apparaîtra dans l’histoire
l’organisateur de la Défense nationale, dans la
pleine lumière des souvenirs de 1870, sous les plis
de ce drapeau tricolore qui enveloppe aujourd’hui
ses restes vénérés.
Messieurs, je ne saurais m’arrêter plus longtemps
sur cette page de nos annales. Avec le patriotisme,
il faut encore admirer chez Gambetta la hauteur
des vues politiques, ce sentiment profond des vo-
lontés du pays, la vigueur de l’éloquence, tout cet
assemblage si rare des qualités superieures qui font
le succès de l’orateur et la puissance de l’homme
d’Etat.
Dois-je évoquer ici le souvenir de ses luttes et.
de ses victoires ? D’autres y pourront toucher
d’une main plus libre et rappeler aussi le charme
de cette exquise et puissante nature. Les hommes
de notre génération — qui voient avec ce cercueil
s’en aller quelque cho*e du meilleur de leur vie —
Savent bien que cet illustre plébéien a tout donné
— de même qu’il lui devait tout — à la démocratie
républicaine : ses efforts et ses veilles et jusqu’au
dernier battement de son cœur.
Il n’a pas connu, ou bien il l’a dédaigné, le ména-
gement de lui-même. Il s’est épuisé, prodigue de sa
vie, sur tous les champs de bataille de la politique.
Il a mis au service du droit son admirable élo
quence, et formulé souvent à l’heure décisive, dans
un magnifique langage, les arrêts de la conscience
publique.
La tribune était son domaine propre ; car la na-
ture l’avait comblé de ses dons, et l’effort de sa
volonté ajoutait encore à sa puissance. Il gouver-
nait son action oratoire et la faisait servir, dans sa
fougue disciplinée, à l’ordonnance même et à l’effet
irrésistible de son discours.
C’est ainsi qu’il a exercé sur ses collègues et sur
l’opinion une influence dont l’histoire des quinze
dernières années porte la profonde empreinte.Dans
les moments difficiles, le souvenir de ses services,
îant ae sa supériorité réunissait les répu-
blicains autour do lui, ceux-là mêœies qui sem-
blaient en ôloigner les dissidences de ,'ia veille. La
générosité de son caractère aidait à ces rapproche-
ments et la bonté lui était facile ; car il n’aperce-
vait, dans la politique, que ses grands aspects,
dédaignant les polémiques abaissées et les injures
personnelles.
Sa vie s’est employée tout entière au service de
a France et de la République que son dévouement
Ifillial n’a jamais séparées. Il tombe :ivant l’heure,
enlevé aux espérances de la patrie. M.ais il laisse le
pays maître de ses propres destinées, prospère et
libre sous une haute magistrature, toujours res-
pectée et justement populaire.
L’œuvre où ses mains puissantes ont eu tant de
part est définitivement fondée. Deux grands biens
dont il avait souci, l’ordre républicain â l’Intérieur,
la dignité pacifique de la France au dehors, sont
désormais hors d’atteinte.
Ainsi liée à notre histoire nationale, la mémoire
de Gambetta restera vivante au cœur de tous les
patriotes, et toujours la France républicaine in-
terrogera cette tombe pour y retrouver une chère
et noble image.
Adieu, Gambetta, adieu !
L’Incident Mayer-Déroulède.
Il s’est produit avant-hier devant le cercueil deM.
Gambetta, dans la cham bre ardente, un incident aussi
vif que regrettable, dont les députés et les journa-
listes s’entretenaient diras les couloirs du Palais-
Bourbon et qui, déjà connu de la foule répandue
aux abords de la Chambre, a produit dans le publie
la plus grande émotion.
M. Granet, député d’Arles, venait d’introduire
dans la chambre ardente .M. Mayer, directeur de la
Lanterne, et M. Marie, r édacteur des Débats,qui
l’en avaient prié.
Au moment où ces messieurs, dans une attitude
très respectueuse, se tenaient au pied du catafalque,
M. Paul Déroülède s’avança brusquement et, s’a-
dressant à M. Mayer : » Vous ici, monsieur ! Qui
vous a donc introduit? «Alors M. Mayer: * Je
suis entré accompagné de M. Granet, député d’Ar-
les. » .
M. Granet, attiré par le bruit de l’incident, s’a-
vança et déclara qu’en effet c’était lui-même qui
avait accompagné MM. Mayer et Marie.
M. Paul Déroülède, s’avançant, s’adressa aux
huissiers, les invitant à faire sortir ie directeur
de la Lanterne.
Au même moment intervenaient. MM. Péphau et
Rouvier, commissaires de service ; ils invitèrent
M. Déroülède à garder le silence, lui faisant obser-
ve!' que le lieu était mal choisi pour donner suite à
des querelles personnelles. Us insistèrent vivement
auprès de M. Mayer pour qu’il considérât comme
non avenu ce regrettable incident et le prièrent de
vouloir bien continuer à rester avec eux dans la
salle.
M. Mayer ne crut pas devoir se rendre à ces in-
stances; il se borna à répondre à M. Derouiède qu’il
abus ait de ce qu’il ne pouvait et ne voulait faire de
scandale dans un pareil lieu et se retira aecom-
paguè jusqu’à la sortie de l’hôtel de la présidence
par MM. Péphau et Rouvier, qui l’engageaient à
rentre.'' en leur compagnie.
M. Mayer, en sortant du Palais-Bourbon, s’est
écrié : « Les amis de M. Gambetta lui ont nui pen-
dant. sa vie ; ils continuent à lui nuire après sa
mort. »
La mort du général Chau/.j.
Le Figaro reçoit de Châlonsde touchants détails
sur la fin de Chanzy. * La ville de Châlons a été
douloureusement étonnée, ce matin, en apprenant
la mort subito du général Chanzy, qui commandait,
depuis près d’un an, le 68 corps d’armée.
L’événement a surpris d’autant plus, que rien
dans la santé du général ne faisait craindre une
maladie. Dans lia soirée d’hier, le général était allé
seul, Mma Chanzy était souffrante, à la réception
de la préfecture. Il avant causé avec beaucoup d’af-
fabilité comme à l’ordinaire et s’était couché à onze
heures et demie.
La chambre du général se trouve au premier
étage de l’hôtel du comm andement, ancien hôtel de
la division, rue Saint-Nicaise. A côté, la chambre
de Mme ChaDzy, et plus loin celle de M. Georges
Chanzy, lieutenant au 4® chasseurs à pied, aide-de-
camp de sou père.
Unaque matin le général se levait entre sept et
huit heures, et depuis quelques jours de meilleure
heur e encore, à cause de l’indisposition de Mm®
Chanzy, qu’il allait soigner avec la sollicitude pa
triarcale que connaissent tous ceux qui l’ont ap-
prosbé.
Ce matin le brosseur de son fils entra dans la
chambre du général vers neuf heures, pour lui ap
porter une tasse de lait, et en réalité pour avoir
l’explication d’un sommeil aussi prolongé. Il trouva
son chef couché dans le lit comme à l’ordinaire,
les yeux fermés comme dans le sommeil, sans que
la moindre ligne du visage eût bougé. La pâleur
seule de la figure effraya le soldat, qui alla che;-
cher le valet de chambre. Celui ci constata que
son maître était mort et s’empressa de prévenir la
famille.
On imagine ce que la terrifiante nouvelle produi-
sit dans cette maison, où le père, la mère et les
enfant:-- vivaient admirablement unis.
On fit appeler en toute hâte les médecins : M.
Dauvé. médecin en chef du 6® corps, M. Martin de
Saint Semmera et toute la science médicale de
Châlons. Les hommes de l’art ns purent donner que
l'explication de la mort : le général ChaDzy avait
succombé à une attaque d’apoplexie foudroyante.
Le médecin de la famille fit observer que le père du
général, ancien officier de cuirassiers sous le pre-
mier Empire, était mort de la même façon et au
même âge.
On se rappela, d’ailleurs, dans l’entourage du
général, une phrase échappée ces jours-ci à Mm®
Chanzy, qui disait : « Nous sommes si heureux que
cela me semble ne pas pouvoir durer. Mon mari
arrive à la soixantaine, et son père ne l’a pas dé-
passée. «
Le général Chanzy laisse quatre enfants. L’aîné
est son fils Georges. Puis viennent deux filles,
dont l’une est devenue, toute jeune encore, Mra®
de Crépy, et un petit garçon de neuf ans. Les jeu-
nes filles et le petit garçon étaient à la messe ce
matin, quand la mort de leur père a été connue. «
Lu sur une des portes de la salle des concerts du
Cercle artistique et littéraire de Bruxelles :
Fermée pendant Texécussion des morceaux.
On frémit en songeant ce que ce serait si le Cercle
en question n’était pas littéraire !
A l’occasion des obsèques de M. Gambetta, un grand
nombre de maisons, et particulièrement des maisons
de commerce du centre de îa ville, avaient arboré le
drapeau français recouvert d’un crêpe.
Plusieurs couronnes sont parties avant-hier pour
Paris, afin d’être déposées sur la tombe de M. Gam-
betta, au nom de différents cercles français établis en
Belgique.
De nombreux résidents français qui n’ont pu aller à
Paris assister aux funérailles ont déposé, hier matin,
sur le monument elevé à la mémoire des soldats fran-
çais, au cimetière d’Evere, une couronne a la mémoire
üu grand patriote.
Une seconde couronne sera déposée sur la tombe
même de Gambetta par les soins de la République
française.
Les résidents français qui désirent participer à cet
envoi sont priés d’envoyer leur souscription chezM.
Sardou, galeries Saint-Hubert.
Il n’était question hier, à Bruxelles, que d’un crime
qui aurait été commis, le matin même, sur le terri-
toire de la commune de Schaerbeek.
Les époux Verhoeven habitent une maison située au
milieu des champs, à proximité de la place Daiily.
Le mari, un brave ouvrier employé depuis 12 ans
chez M Pierret, commissionnaire en douane, quai au
Bois-de-Construction, quitta sa maison ft 5 1/4 fieures
pour se rendre à sa besogne.
Vers 7 heures, la fille de Verhoeven arriva tout
affolée chez M. Pierret, à qui elle raconta ce qui suit :
Son père était à peine sorti de cfiez lui que, vers
51/2 heures, trois hommes, la figure noircie, ont pé-
nétré dans l'habitation, ont trouvé la femme Ver-
hoeven dans une des chambres du rez-de-chaussée,
l’ont bâillonnée, l’ont liée sur le lit et se sont livrés à
un pillage complet de la maison, dévalisant celle-ci.
fouillant dans les meubles, et cherchant à découvr ir
une somme d’argent, fruit des économies de Verhoe-
ven. Toute cette scène s’était passée en moins de
temps qu’il ne faut pour la décrire.
La femme Verhoeven, garottée sur le lit étant par-
venue à pousser des cris qui auraient pu attirer l’at-
tention des voisins, les malfaiteurs l’auraient poignar-
dée et auraient pris la fuite.
La fille Verhoeven ajoutait que les hommes avaient
dû guetter le départ de son père, car ils sont entrés
dans la maison peu de temps après ce départ et ont
pénétré par la cour de l’habitation.
Le père Verhoeven, qui était en courses pour son
natron, a été recherché par celui-ci, qui lui a repro-
duit le récit de (sa fille.
Dernières nouvelles. — La police de Schaerbeek
procède à une instruction des faits que nous venons
de raconter. Il paraîtrait cependant que ces faits n’ont
pas la gravité qu’on leur attribuait d’abord. La femme
Verhoeven aurait été liée à la rampe de son escalier
et n’aurait pas reçu un coup de poignard, mais un for-
midable coup de poing qui l’aurait laissée sans con-
naissance.
Un incendie s’est déclaré avec une grande violence,
hier, vers trois heures du matin, dans les ateliers de
MM. Glibert et C®, fabricants d’ustensiles de ménage,
chaussée d’Anvers, à Laeken.
Le feu a pris dans une partie du bâtiment servant à
'étamage et dans laquelle se trouvent les creusets
contenant l’étain. On faisait du feu jour et nuit dans
cet atelier, afin de ne pas laisser refroidir le métal en
fusion. En un instant, l’atelier fut en flammes. Les
agents-pompiers de Laeken arrivèrent quelques mi-
nutes après le signal d’alarme traînant leur pômpe à
vapeur.
Pour l’atteler il fallait aller chercher les chevaux à
l’écurie de la Compagnie des Tramways, et comme ils
n’arrivaient pas assez vite, quatre hommes prirent la
place de l’attelage.
Les secours furent organisés en un clin d’œil et au
bout d’une demi-heure d’énergiques efforts, on s’était
rendu maître du feu. Tout danger semblait être écarté,
lorsqu’une forte détonation se produisit : les récipients
contenant l’étain venaient de faire explosion, à la suite
du contact de l’eau froide, que déversaient sur le bra-
sier les lances de la pompe et des bouches d’eau.
Personne fort heureusement n’a été blessé. Les dé-
gâts s’élèvent à quelques milliers de francs.
M. Bockstael, bourgmestre de Laeken, et le com-
missaire de police de la commune ont dirigé les se-
cours avec beaucoup de sang-froid. Tout le monde a
vaillamment fait son devoir.
ployée dans un atelier de diamantaire et avait
disparu de sa demeure depuis le 18 décembre.
Perdu. — Lors de l’Exposition d’art industriel
à Gand en 1882, il a été perdu une enveloppe con-
tenant « un compliment de bienvenue (imprimé
sur satin blanc), adressé en 1664 à labbé de
Jallet, nommé prélat de l'abbaye de Floreffe. »
La personne qui retrouverait cet objet est priée
de le rapporter au secrétariat de la Chambre Syn-
dicale des arts industriels, Hôtel du Gouvernement
provincial à Gand.
Une bonne récompense lui sera remise.
Le commerce du diamant. — Nous trouvons
dans le Nieuwe Rotterdamsche Courant et Y Al-
gemeen Handelsblad d’Amsterdam cet avis
identique :
Le commerce du diamant à Amsterdam, qui a
beaucoup souffert de la concurrence étrangère ces
dernières années, semble revivre peu à peu. Pen-
dant les trois années écoulées, plusieurs nouveaux
ateliers d’égrisage des diamants ont été élevés et
des fabriques existantes ont été considérablement
agrandies.
La revue Ciel et Terre publie une communica-
tion de M. Lancaster, qui fait partie de la mission
belge chargée d’aller observer le passage de Vénus
à San-Antonio (Texas.)
Nous en détachons quelques passages intéres-
sants.
t » La sécheresse de l’air est grande ici : le degré
d’humidité de l’air, même en novembre — saison
des brouillards chez nous, est toujours faible.
» La température moyenne de Tannée à San
Antonio, d’après une assez longue série d'observa-
tions, est de 20°8 C. tà Bruxelles, elle est de 9°9).
La moyenne du printemps est de 21°1 ; de l’été, de
29®8, de l’automn9, de20°6, de l’hiver, de 11°6. Le
thermomètre a atteint 41° C. à l'ombre en 1859, et
est descendu aussi bas que — 10° en 1860. Il y a de
la gelée une année sur deux, mais pendant deux ou
trois jours tout au pius.
Le printemps débuté vers le milieu de février ;
c’est i époque de l’ensemencement des terres culti-
vées. La saison chaude commence à la fin de mai et
continue jusqu’en octobre. Septembre, ' octobre,
novembre et décembre sont les mois de la récolta
du coton dans le Texas méridional. L’air est doux
et embaumé pendant cette période de l’armée, et
Ton éprouve, au milieu de la nature, une sensation
de bien-être indéfinissable. La température est sur-
tout des plus agréables au moment du coucher du
soleil ; une légère brise souffle de la prairie et ca-
resse le visage. Le corps ne ressent ni l’impression
de chaleur, ni l’impression de froid ; on respire l’air
à pleins poumons ; on se sent heureux de vivra.
Le climat du Texas, et en particulier celui de
San-Antonio et des environs, a une grande réputa-
tion de salubrité. San-Antonio est aujourd’hui aux
Etats-Unis, un health resort, comme Nice, Cannes,
etc., en France. La phtisie, cette plaie de nos pays
occidentaux d Europe, est,pour ainsi dire, inconnue
ici. Les personnes des Etats du Nord qui en sont
atteintes et qui viennent' à San-Antonio pour re-
couvrer la santé, se sentent bientôt soulagées dans
ce ciimat doux et pur.
Voilà un heureux climat, que nos compatriotes
quitteront sans doute à regret.
BELGIQUE.
Bruxelles. 7 janvier.
L’archiduc Rodolphe et la princesse Stéphanie en-
treprendront, au mois de février prochain, un voyage
en Orient. lL. AA. RR. et I. visiteront, notamment,
Jérusalem et les Pyramides.
Vendredi soir, charmante réception, suivie de bal,
chez sir S. Lumley, ministre d’Angleterre. De jolies
mondaines dans les toilettes les plus gracieuses, l’a-
ristocratie, la magistrature, l’armée étaient largement
représentés à cette fête.
On remarquait la présence de MM. Frère-Orban,
Bara. Rolin-Jacquemyns, Gratry, et du bourgmestre
de Bruxelles.
Les arts, les sciences et les lettres étaient anssi de
la fête.
L’arrangement du grand escalier était charmant et
du meilleur goût artistique.
La salle de bal forme une véritable galerie de ta-
bleaux, ce qui est tout à fait réussi.
On a dansé avec entrain, surtout quelques nouvelles
danses originales, et au repos le buffet largement
fourni a dû subir un rude assaut.
La fête s’est terminée bien avant dans la nuit.
LE CRIME DE MOLENBEEK-SAINT-JEAN.— De nouvelles
confrontations ont eu heu hier matin, au commissariat
de police, entre les petites filles et plusieurs individus
arrêtés par la police et qui n’ont pas été reconnus.
On recherche activement deux individus qui ven-
dredi soir, vers 6 heures, ont arrêté rue Vandenbran-
den, à Molenbeek, un jeune porteur de dépêches nommé
Alphonse Vanduyck et âgé de il ans.
L’un de ces individus était d’assez haute taille, il
était vêtu d’une veste brune, d’un pantalon noir et
chaussé de sabots; l’autre, plus petit de taille, portait
une blouse bleue et était coiffé d’une casquette de
velours.
$?Le jeune Vanduyck a été l’objet des brutalités de ces
deux drôles qui l’ont roué de coups, le menaçant de le
tuer s’il ne leur donnait pas tout l’argent qu’il avait
sur lui.
L’enfant jeta en pleurant aux deux chenapans 24
centimes qu’il avait en poche. A peine les eurent-ils en
leur possession, que les individus prirent la fuite.
La police est sur leurs traces. Qui sait si ces deux
bandits de grand chemin ne sont pas les assassins de
la petite Maria Walschaeft ?
D’autre part.à Ixelles.on recherche activement deux
individus mal famés qui ont disparu depuis la journée
dn crime.
P.-S. — Un des deux individus qui ont exercé des
violences sur le petit porteur de télégrammes, a été
arrêté par la police d’Etterbeek. Il a été conduit au
bureau de police de Molenbeek, où il a été mis en
présence du porteur de télégrammes. Celui-ci a immé-
diatement reconnu un de ses agresseurs.
La police est sur les traces de l’autre de ces deux
misérables.
A-NVERS, 7 Janvier.
Le Grand Dictionnaire Universel du XIX® Siècle
par Pierre Larousse.
Nos lecteurs savent qu’en vertu de nouveaux
arrangements pris avec l’éditeur, nous pouvons
aujourd’hui leur fournir cette précieuse encyclo-
pédie, qui forme à elle seule la bibliothèque la plus
complète, au prix de 525 fr. au lieu de 696, soi-
gneusement reliée en 16 gros volumes, le supplé-
ment compris. Tous nos abonnés jouiront de cette
énorme réduction en adressant leur demande au
Directeur-Gérant du journal, qui leur servira d’in-
termédiaire.
Nous appelons également l’attention de nos
abonnés sur la nouvelle série du Piano-Revue, qui
contient cent nouveaux morceaux de musique de
genres différents et qui vient de paraître sous le
titre de : ILLUSTRATIONS DU PIANO. - Avec
sa reliure exceptionnellement élégante, le prix est
resté fixé à tr. 10.
Un héros de la mer. — Nous trouvons dans les
journaux américains la touchante nécrologie d’un
héros de la mer qui, bien qu’appartenant au pa-
villon anglais, était mieux connu et honoré avec
plus d’enthousiasme parmi les Américains que dans
sa ville natale de Liverpool. Ceci s'explique, il est
vrai, par le lait que le capitaine Robert Crighton
pendant les dix dernières années,» résidé à Anvers,
où il remplissait les fonctions de chef du service des
steamers de la Red Star Line. Mais les Américains
n’ont jamais oublie ie marin anglais dont la vail-
lante conduite sauva un jour ea mer la vie à plu-
sieurs centaines de soldats des Etats-Unis. Il y a
plusieurs années le capitaine Crighton commandait
un navire nommé le Three Relis lorsque, dans une
tempête furieuse il aperçut le transport de San-
Francisco, pleiD de soldats et dans le plus grand
péril et faisant des signaux de détresse. Le capi-
taine anglais répondit immédiatement par le si-
gnal “ je vous assisterai, » et jour par jour il main-
tint son navire dans la proximité immédiate du
navire en détresse.
En récompense de ce service mémorable, le Con-
grès des Etats-Unis lui vota des remerclments ainsi
qu une belle somme d'argent, et les principales
villes d’Amérique organisèrent des festivités en son
honneur. Des chants populaires furent composés
à cette époque à la louange du gallant stiip « Three
Bells ; » The manly crew and the captain true of
the gallant ship “ Three Bells. »
La nouvelle de la mort du capitaine Robert
Crighton a été accueillie en Amérique avec des
sentiments de profond et unanime regret. Il a été
porté à sa tombe d’une manière digue d'un brave
marin, c’est-à-dire sur les épaules des quartier-
maîtres des steamers Belgenland et Switzerland,
les pavillons belge, américain et anglais, couvrant
cette noble poitrine.
Singulière famille — Il y a une dizaine de
jours une dame accompagnée de deux enfants et
servante descendit dans un hôtel du Marché aux
Œufs et au bout de très peu de temps eut fait pour
300 francs de dépenses. Le propriétaire de l’établis-
sement ayant songé à ce moment à présenter la
note à la voyageuse inconnue, il parut que le quart
d’heure de Rabelais avait été pour l’industrieuse
dame le cadet de ses soucis. Elle dit bien attendre
de l’argent d'un notaire de Rotterdam qu’elle dé-
signait; mais l’hôtelier sachant ce qu’il luien avait
coûté d'attendre s’assura immédiatement du fait
à Rotterdam. Le notaire lui répondit que la dame
lui était complètement inconnue, La voyageuse a
fait en outre des commandes assez nombreuses en
ville et en fin de compte avait donné des références
identiques. La dame, la servante et les deux en-
fants ont été arrêtés.
Vol au vol. — Hier soir, entre 5 et 6 heures, on
a volé en pleine rue une charrette de boulanger
attelée d’un chien et contenant 70 pains. Le voleur
en aura donc sur la planche pour longtemps.
Incendie. — Hier soir, à 7 heures et demie, un
incendie a éclaté au n° 19, rue St-Willebrord, chez
Victor Ego. Le feu a pris naissance dans une
chambre du premier étage dont tout ie contenu a
été détruit. Un coffre contenant une somme de 3700
francs en valeurs diverses a été brûlé également.
L’immeuble, appartenant à M. Schools, est as-
suré par la société Sécuritas ; le mobilier pour
4000 francs par T Union belge.
Cheval noyé. — Dans la soirée d'hier un cheval
appartenant a M. Pierré est tombé dans le vieux
bassin et. a été noyé. Il n’a été retiré de l’eau que
ce matin à 9 heures et demie.
Noyée. — Hier midi on a repêché des eaux des
remparts du fortin 7 le cadavre d’une femme nommée
Marie Thérèse Von der Vyver âgée de 39 ans et
demeurant rue du Palais. Cette femme était em-
. neige paraît ne pas vouloir tomber cet hiver;
jusqu’à present, du moins, olie ne s’annonce pas ;
et le temps se passe.
Les citadins sont enchantés ; autant de boue et
de pataugements évités.
Mais les cultivateurs sont fort inquiets ; voici un
ai ticulet de Y Echo agricole sur te rôle de la neige
en agriculture, qui va nous expliquer pourquoi nos
paysans voudraient bien voir ia campagne revêtir
son blanc manteau habituel :
La neige est excellente pour les cultures, et ceux
qui ont terminé leurs semailles, ramassé leurs bette-
' ' raves ou fini leurs labour» d’hiver,devraient se réjouir
de voir tomber la neige en grande quantité. D’après
certain dicton même, abondance de neige donne abon-
dance de grain.
La neige agit sur le sol et sur les plantes de plu-
sieurs manières Ainsi, en traversant l’air, elle se
charge d’une certaine quantité d’ammoniaque c’est-à-
dire d’un gaz qui contient de l’azote,S qui est la partie
la plus précieuse des engrais ; ensuite, on couvrant
la terre, elle empêche tous les gaz fertilisants contenus
dans le sol et dans les engrais de s’évaporer, et de se
perdre dans l’air. Le neige a donc l’avantage de con-
centrer la force des engrais dans le sol.
De plus, elle empêche la terre de se refroidir. Elle
agit comme une sorte de mauteau. La terre couverte
de neige ne gèle pas, tandis que celle qui reste à nu,
exposée au froid, peut geler profondément. C’est un
fait que l’expériance confirme; ia température est tou-
jours plus elevée sous une épaisse couche de neige
qu’à la surface. Il suit ne là que les blés germent
et se développent sous la neige, tandis que s’ils res-
taient à l’air avec la même température, iis gèleraient,
au moins en partie, et la récolte serait moins bonne
de beaucoup.
Il se produit même, à ce sujet, un fait assez curieux,
c’est que certaines plantes, certains légumes venant
de pays où les froids sont coosidéiables, gèlent daas
le centre de la France, et cela parce que ces plantes,
dans leur pays, sont abritées tout Tbiver par une
couche considérable de neige, tandis que, dans le cen-
tre de la France, elles restent à découvert, exposées
au froid. Beaucoup de cultivateurs de Test de la
Franco.laissent leurs choux en terre pendant l’hiver,
les recouvrent de feuilles et si ia neige n'est pas assez
abondante pour les recouvrir naturellement, ils i’ac-
cumulent à la pelle et obtiennent une bonne et facile
préservation.
FAITS ÜÏVaSEλ.
Inondations en. Allemagne. — Les eaux en
général ont légèrement, baisse depuis 24 heures.
On mande de Mulheim 5 janvier : L : panorama
qui se déroule à la vue, du haut du débarcadère des
bateaux à vapeur de Düsseldorf est empoignant.
Aussi loin que la vue peut s’étendre, elle plane sur
une mer agitée dont émergent seules, .à droite la
commune de Sfamheim située sur une certains
hauteur et, à gauche, la. cathédrale de Cologne qui
se détache sur l’horizon.
De Ludwigsliafen, comme preuve jusqu’où peut
aller l’instinct de conservation et l’égoïsme :
Autour du remblai de Roxheim elevé près de
Frankenthal, une véritable bataille a eu lien. Les
habitants du village hes«ois de Laœperibeim, si-
tué sur la rive droite du Rhin, se-sont opposés aux
travaux de renforcement de cette digue, dans l’es-
poir que la rupture provoquerait à leur avantage
un écoulement des eaux du côté pha'zois, au risque
d’y occasionner des désastre^ incalculables. Et jus-
qu’où cette opposition a-t-elle été poussée ? Le fait
est incroyable mais vrai : les Hessois ont lire à mi-
traille sur les ouvriers employés à l'endroit menacé
de l’endigaeœent, et cinq fois ils ont tenté un as-
saut sur la digue da Roxheim Des soldats ont dû
être requis pour repousser les assaillants en faisant
usage de l’arme à feu.
par les deux gamins jusque Stembart, où il leur
échappa.
L’eufant défaillante fut transportée dans une maison
voisine où on lui prodigua des soins.
Cet attentat a produit a Stembert et dans les envi-
rons la plus pénible impression. Si les ménagères de
Stembert avaient pu enlever cet infâme individu aux
gendarmes, elles l’auraient lynché.
un entant tué par son père. — Un crime abo-
minable, dit le Nouvelliste de Verviers, a été commis
le lr janvier à Welkenraedt. Le nommé Eugène
Cercke, d’origine allemande, résidant à Welkenraedt
et employé comme chauffeur au uüemin de 1er Rhé-
nan, eut cejour-là au matin une violente altercation
avec sa femme. N’ayant pu maltraiter cette dernière
comme il l’aurait voulu, ce scélérat se vengea de la
façon ta plus abominable sur son jeune enfant, âgé de
huit mois, qui dormait dans son berceau. Il se saisit
de l’enfant, descendit à la cave, le démaillota, le tua
d’un coup de couteau et eut le féroce courage de rap-
porter le pauvre petit cadavre dans son berceau après
lui avoir remis ses maillots ! Un crime pareil dopasse
tout ce que l’imagination peut inventer d’atroce. Le
meurtrier a été arrêté peu après et transféré le 2 cou-
rant â la prison do Verviers.
une famille qui jous de malheur c’est celle de la
veuve Duquenne, rue Neuve du Commerce, à La
Lonvière, il y a quelques mois le père tombait mort eu
se découchant, le lr janvier de cette année, son beau-
frère, occupé au four à coke des charbonnages de La
Louviere, faisait une chute tellement terrible qu’il fut
tué sur le coup, enfin, jeudi à 5 heures, l’aînée des
filles, âgée de 18 ans, voulant tirer nn seau d’eau au
puits, tomba au fond de ce puits d’une profondeur de
10 mètres.
Si: Lorsque la mère se leva vers 7 heures, inquiète de
ne pas voir sa fille, elle se rendit dans la cour, et,
voyaut les planches du puits dérangées, eut le pres-
sentiment d’un malheur qu’elle ne tarda pas à con-
stater. En effet, des voisins accourus aux cris de la
mère retirèrent cette jeune fille â l’état de cadavre ;
ce qui est inimaginable, c’est qu’il y a quatre ans la
plus jeune des filles, âgée aujourd’hui de 16 ans, tomba
dans le même puits et fut retirée dans un tel état qu’il
fallut les soins les plus énergiques pour la rappeler a
la vie : or ce puits se trouve encore aujourd’hui dans
le même état, c’est à dire qu’il n’est recouvert que de
quelques planches fort mal fixées I ' '
incendie de théâtre. — Avant-hier soir, à onze
heures et demie, ie feu a pris a de3 cloisons du théâtre
Dêjazet, à Paris, dans le couloir de3 premières gale-
ries. Il avait été occasionné par une luite de gaz, et a
été eteint a l’aide lequelques seaux d’eau par les pom-
piers de service, qui ont dû pratiquer une brèche de
60 centimètres environ dans la cloison.
M. Mabonx, contrôleur en chef au théâtre, ayant été
avisé de ce commencement d’incendie, et voyant qu’il
n’y avait aucun danger sérieux, s’est contenté, pour ne
pas effrayer les spectateurs, d’inviter les acteurs à
précipiter la fin de la représentation, et a pris les
mesures nécessaires aussitôt le publie écoulé.
A minuit un quart, les pompiers de la caserne du
Château-d’Eau sont arrivés sous le commandement du
capitaine Le Cambier.
A minuit et demi, le commandant Cbalon se trouvait
sur place.
Après avoir visité le théâtre dans toutes ses par ies
et constaté que tout danger avait cessé, les pompiers
se sont retirés.
Les dégâts ont été insignifiants.
les inondations. — La crue à Paris semble être :
son maximum; les hauteurs prévues par Je servie
bydrométrique ôtaient, à peu de chose prés, atteint :,
hier matin, et a partir de ce moment les eaux soi t
restées stationnaires. Vers le soir, une tendance à ;-a
baisse se manifestait et les nouvelles venues des af-
fluents, sur lesquels la décroissance signalée hier a
continuait, faisaient espérer un retrait assez rapide
des eaux.
Il est à souhaiter que eet espoir ne soit pas déçu,
car la crue devenait redoutable. Au pont d’Austerlitz,
on avait relevé la hauteur de 6 m. 23: au Pont-Royal
celle de 7 m. Ces hauteurs sont celles des plus fortes
crues.
Le spectacle présenté hier par les localités inon-
dées en amont et en aval et par plusieurs points de a
traversée de Paris était devenu navrant.
A Ivry et à Alfort, où nous sommes retournés, l’in-
vasion des eaux devenait terrible. Les regards d'égout
vomissaient de véritables torrents ; dans la plupart
des rues la circulation n’était possible qu’en bateau.
Un service de transport en voitures avait été orga-
nisé par l’administration militaire avec des prolonges
servies par des conducteurs du 12e d’artillerie.
Une véritable désolation régnait dans les localités
que nous avons traversées, et Ton ne voyait que gens
occupés anxieusement à observer l’imperceptible baisse
des eaux.
Tout a été dit sur Bercy, le quai de la Gare, les rues
Watt, Villiot, Nicolaï, etc., à Paris. Là aussi, la situa-
tion avait empiré de manière terrible, aussi bien d’ail-
leurs qu’à Auteuil et Billancourt, à l’autre extrémiiZ
de Paris.
Si elle s’accentue, la baisse sera accueillie avec un
véritable soulagement.
A la dernière heure, force nous est de constater que
la baisse semble déjà enrayée. Les hautes cotes de la
matinée sont de nouveau dépassées. De légères infil-
trations se produisent sur les quais de Billy et de
Passy, ainsi que dans quelques rues de Grenelle. Si
cette nouvelle recrudescence se continue vingt-quatre
heures seulement, il faut s’attendre à de graves inci-
dents. (Figaro).
les cartes se visite . —La mode de s’envoyer des
cartes de visite, au Jour de l’An, est loin de disparaî-
tre, à en juger par la statistique dressée au ministôie
des postes et télégraphes, en France.
Lundi soir,P janvier, il y avait déjà sur Tannée pré-
cédente une augmentation dé 713,000 cartes.
pendant les fêtes de noël et du premier de l’An,
les inspecteurs du service de sûreté spécialement dé-
tachés pour exercer une surveillance dans les dive s
magasins de nouveautés de Paris, ont arrêté plus d )
deux cents individus des deux sexes, en flagrant dô j t
de vol.
Dans ce chiffra, ce sont les femmes çui l’emportent
de beaucoup. On compte parmi elles des dames ma-
riées et a partenant au meilleur monde. Parmi les
hommes il n’y avait que des pick-uockets. Sur l’t n
d’eux, on a trouvé une vingtaine de porte-monnaie
contenant une grosse somme d’or.
Chez une des dames, chanteuse dans nn des concert -
une perquisition a fait découvrir un véritable msgas !
.de litige, de draps.de soieries et quantité d’objets net H
les plus divers, qu’elle a avoué avoir soustraits dai *
tons les magasins. Elle a déclaré qu’elle vendait u <>
par tie du produit de ses vols et qu’elle donnait le res e
a ses amis.
Chez une autre dame, le commissaire de police a
trouve pour plus de cinquante mille francs de va leu -<
diverses; elle a avoué qu’elle possédait plus de dix
mille fraucs de rente et qu’elle gagnait une somme
égale chaque année en donnant des leçons de franea i
aux étrangers.
Toutes ces personnes ont été dirigées sur le Dépôt
de la Préfecture de police, pour être mises à la dispo-
sition du Procureur de la République.
UNE SINGULIÈRE TENTATIVE DE SUICIDE a 6U lit U
l’avant dernière nuit rue Brézin, 223.
A cette adresse, demeurent les époux L... Le mai i
est employé dans une grande administration de lr
ville.
Dans la soirée de jeudi il rentra de son travail
comme d’habitude et fit quelques reproches â sa femme
à propos du dîner. Ils se couchèrent tous deux ve: ■<
dix heures et, comme dans 1 « lit la discussion coin -
nnait. Mm‘ L... se leva et déclara qu’elle préférât
passer la nuit sur une chaise.
L... la laissa taire et s’endormit.
Vers deux heures du matin, il s’éveilla, et ne trou-
vant pas sa femme à ses côtés, il l’appela ; comme elle
ne lui répondait pas. il se leva et la vit étendue sur Je
plancher de la salle à manger* à côté d'un réchaud
dont ie charbon finissait de se consumer.
Il appel3 au secours ; des voisins arrivèrent et un
Pfalz 3 ianvier — Trois personnes dp Fripsen' I j appem au secours ; des voisins arrivôrei
r-idiz, a janviei. ircu pv.rsOx.ses a , i nest-n- ; médecin, immédiatement prévenu donna des «oins a
heim voulant se sauver avec plusieurs autres dans » la dame L— qui ne revint à elle qu’au bout de deux
se sauver avec plusieurs autres dan
une charrette ont été noyées. A Frankenthal une
servaute s’est noyée. A ’Friesenheim treize habi-
la dame L
heures.
M. Iïournon, commissaire de police du quartier du
tants ont péri dans les flots ; parmi ces victimes se j Petit-Montrouge, a interrogé M™« L... Elle lui a dé
trouvait une famille, se composant du mari, de la c^aré qu’elle avait voulu se suicider parce que son
" .... - ’ - - 1 mari lui faisait toujours des reproches.
Elle a promis qu’elle ne renouvellerait plus sa tenta-
tive, et son mari a juré solennellement qu’il ne lui
adresserait plus de blâme.
et de plusieurs enfants qui, fuyant devant
les vagues montant à chaque instant, avaient
escaladé le toitde leur maison, la maison s’écroula
et tout fut englouti. Un paysan et toute sa famille
avaient, à l’approche dn torrent, transporté sur un
chariot tout ce qu’ils possédaient. Lorsqu’ils par-
tirent la route était déjà complètement, inondée, le
chariot tomba dans un défoucement, fat culbuté et
tous les malheureux qu’il contenait, au nombre de
5, furent noyés.
A Roxl)9im, Friesenheirn, Edigheim, Oppau,
ârsch.Bobenheim et Frankenthal. 800 maisons se
sont écroulées! La nombre de malheureux sans
abri, ou qui le doivent à la charité’oublique, est de
10 à 12,000 !
une affreuse découverte à ajouter à toutes les
lugubres trouvailles que la justice a faites en ces der-
niers temps... Et malheureusement, cette fois encore,
le crime semble entoure d’ombre et de mystère. Le
jour de Tan, sur un champ dépendant de ia commune
de Lanaeken, des passants ont découvert un cadavre
couvert d’horribles blessures. Il a été impossible jus-
qu’ici d’étab ir l’identité de ce malheureux. Mais il n’y
a pas de doute que Ton ne se trouve devant un atroce
forfait.
La justice a commencé ses investigations.
un odieux attentat, commis dans des circon-
stances qui font songer au crime de Molenbeek, a été
commis à Stembert. Le coupable présumé est arrêté.
Cet individu, nn Allemand, rencontra le 1er janvier,
vers 5 heures du soir, dit la Meme, sur la route de
Verviers, à Stembert, la nommée,V. L... âgée de
14 ans, marchande de lait à Ha.latr, retournant chez j sion
ses parents. La brute s’élança sur- cette enfant et la ; mis
transporta dans une prairie, à 10 mètres de là; afin
qu’elie ne pût crier, le misérable lui tenait la bouche
fermée avec la main. Comme elle se débattait, il voulut
la bâillonner ; peudantee temps-là, la malheureuse en-
fant le mordit à la main et parvint à crier. Son appel fut
entendu de deux enfants, les nommés B. et P., demeu-
les drames de l’amour.—MM. G. et F. étaient amis
intimes ; tous deux du môme pays, étaient venus faire
leur droit a Paris, et ils n’avaient cessé de vivre dans
la plus parfaite intelligence, lorsque il y a queiquis
semaines,F... fitla connaissance d’une jeune fille avec
laquelle il ne tarda pas à convoler devant le maire
du---- vingt-unième arrondissement.
Mais il faut croire que la fillette était, volage, car la
semaine dernière elle abandonnait son protecteur et
v Su ait, offrir son cœur a G...
Celui-ci l’accepta, sans souci de ce qu’on penserait
son camarade. Or, ce dernier no prit pas bien la choœ
et résolut de se venger de l’ingrat.
Hier, i! le rencontrait, rue Bonaparte, et sans au-
cune provocation, lui tirait un conp de revolver. La
balle, fort heureusement, n'atteignit pas G...
Les passants se précipitèrent sur l’étudiant en droit
le désarmèrent et ie conduisirent au poste de police.’
„ C’est, un jeune homme d’une des familles les plus
_ j honorables de Besançon et il serait à désirer qu’au-
' cane suite judiciaire no fût donnée à cette affaire.
rant rue du Pont. Le scélérat prit la faite, poursuivi j et faits insurrectionnels.
rixe sanglante. — Dans la nuit du 25 au 26 décem-
bre dernier, plusieurs individus se sont pris de que-
relle à la sortie d’un débit, de via de la rue de Meaux
à Paris et une rixe s’eu est suivie.
L’un d’eux un nommé G_______, logeant rue d’Alle-
magne, a été fort maltraité, et ses antagonistes l’ont
laissé sans connaissance après lui avoir soustrait sa
montre et son porte-monnaie.
Recherchés activement, les auteurs de cette agres-
itéié arrêtés hier par le service de sûreté et,
» disposition de M. AusMlloux, commissaire de
police dn Pont-de-Fiandre.qni les a envoyés au Dépôt
Ce sont les nommés François H___dit la - Terreur
de Villette -, vidangeur ; François M..., couvreur, et
Paul C___serrurier.
Tous sont des repris de justice ayant déjà encouru
plusieurs condamnations Dour vols, coups et blessures
l’accident du chateau-d’eau. — Un accident qui
a failli coûter la vie à M. Clément, commissaire aux
délégations judiciaires, s’est produit avant-hier au
théâtre du Château-d’Eau.
C’était, pendant la représentation de Kléber, M
Clément était monté sur la scène, au moment d’un
entr’acte, pour faire remarquer au chef gazier une
infraction aux récents règlements sur l’éclairage
dans les théâtres. .
Soudain un immense montant, servant à soutenir
les décors, vint s’abattre sur la tête de M. Clément et
du chef gazier. M. Clément fut heureusemeut préservé
par son chapeau qui détourna le coup, et il ne reçut
que de légères contusions à la tête; le chef gazier
renversé par le contre-coup, ne fut pas gravement
blessé. Toutefois, le choc a été tel que le montant s’est
brisé en deux.
On croit que cet accident est dû à l’imprudence d’un
machiniste.
étrange accident. — Dans la nuit de lundi à mardi
un habitant de la rue de Meaux, M. Traum, s’est pré-
senté au poste de police de la rue de Tanger et a dé-
claré qu’il venait d’être l’objet d’un attentat dont son
jeune fils Henri, à peine âgé de quatre ans, avait ôté
victime.
Il rentrait, nn peu tard, accompagné de son enfant,
lorsque, devant la porte de sa maison, il a rencontré
un nommé Durnu, son ennemi déclaré depuis long,
temps.
Durnu a fait feu d’un revolver. La balle a atteint
l’enfant en pleine poitrine.
Telle a été la déclaration de M. Traum, qui n’a pu
indiquer le domicile de l’assassin.
Ce dernier est activement recherché.
Le docteur Banchet, qui soigne l'enfant, conserve
peu d’espoir de le sauver.
un acte de férocité inouïe, commis par le sieur
Gueuiu sur sa femme et ses enfants, a mis en émoi la
i commune de Clichy.
Cet individu, âge de trente-deux ans, demeure rue
Sens-Milly. Il est sapeur-pompier de la localité et
exerce la profession de cordonnier. Il a deux enfants
l’un âgé de cinq ans, l’autre de huit.
A dix heures du toir, des cris partaient du logement
de cette famille, et le petit Emile sortait effaré, en
appelant les voisins, qui s’empressèrent de le suivre.
Un spectacle navrant s’offrit à leur vue; la dame
GueniD, complètement nue, avait les bras et les jam-
bes attachés. Son féroee mari la irappait tour à tour
du manche et des lanières d’un énorme martinet. Avant
qu’on eût pu l’arrêter, le misérable, saisissant une
cruche, la brisa sur la tête de sa lemme Puis, se pré-
cipitant sur ie berceau où était couché le plus jeune
de ses enfants, il le brisa avec rage.
On put enfin s’en rendre maître. A ce moment, arri-
vait M Delalonde, commissaire de police, accompagné
du docteur Kenox et de trois agents. Le cordonnier,
épuisé par les efforts qu'il avait faits, se laissa arrêter
sans résistance.
Pendant ce temps, le docteur s’occupait des deux
victimes. La dame Guenin est dans un état lamen-
table ; sa tête ne forme qu’une plaie; son corps egt
couvert d’ecchymoses et d’immenses déchirures. Ella
a raconté que son martyre durait ainsi depuis quatre
ans, et que des scènes semblables se renouvelaient
chaque fois que son abominable mari rentrait ivre.
Elle avait jusqu’ici tout souffert sans se plaindre, à
cause de ses enfants.
Le plus jeune de ceux-ci est encore plus mal accom-
modé. Les brins d’osier du berceau brisé lui ont péné-
tré profondément à travers les côtes et lès flancs.
L’auteur immonde de ces atrocités a été écrouô au
Dépôt.
une église qui tombe. — La Pall Mail Gazette an-
nonce que la cathédrale de Petefborough, fameuse
dans l’histoire d’Angleterre et une des pius belles
églises gothiques du monde, menace ruine. La tour
centrale tend à s’affaisser ; depuis quelques jours de
grandes lézardes se produisent dans les murs.
M. Pearson, appelé par le télégraphe pour donner
son avis, a déclaré que la démolition de la tour est
indispensable ; les travaux vont être entrepris sans
retard.
grève de balayeurs. — Les balayeurs de Faenza
(Italie) viennent de se mettre en grève; la résolution
qu’ils ont, prise a été déterminée par des motifs d’ordre
purement politique.
Depuis l’exécution, à Trieste dn socialiste Oberdank
qui essaya d’assassiner l’empereur d’Autriche, il s’est
produit uue agiuuou qui se traduit par l’opposition
d’affiches et placards séditieux sur tous les points de
la ville.
La police de Faenza les a déchirés jusqu’ici au fur
et a mesure, mais ils se sont multipliés à ce point que
le commissaire central a dû demander à la municipa-
lité le concours d'une corporation municipale pour
aider la police dans cette besogne.
Le Conseil municipal désigna, à cet effet, le corps
des balayeurs. Mais il avait compté sans les opinions
politiques de ces fonctionnaires généralement inféodés
au socialisme.
A l’unanimité les balayeurs ont refusé et se sont mis
en grève.
Depuis, ie pavé de Faenza est recouvert d’une
épaisse couche de boue, tandis que ies murs et les fa-
çades ont littéralement disparu sous les affiches.
le docteur tanner est distancé de beaucoup, s’il
faut en croire le Courrier des Montagnes-Rocheuses,
par un paisible citoyen de la ville de Taanis (Idaho).
Ce brave homme, du nom de Tischebaf. vient de
jeûner pendant soixante jours consécutifs. Notre con-
frère américain ajoute que le héros de cette aventure,
car c’en est une vraiment, n’a pas cessé de se porter
comme un charme pendant tout le cours de son jeûne
et ne demande qu’a recommencer à la première occa-
sion. lia naturellement gagné beaucoup d’argent à
ce peti’ exercice, qui, n’étant pas à la portée de tou»
les estomacs, est toujours fort apprécié par les
Yankees, amateurs d’excentricités.
échos d'Amérique. — Le sénateur Jones, de la Cali-
fornie, communique à 1 ’Appeal, de Carson (Nevada) le
résumé d’un entretien qu’il a eu avec le capitaine russe
Nerbaum, de l’Alaska Fur Company, au sujet de l’ex-
pédition de la Jeannette. L’opinion du capitaine Ner-
baum est qu’il faut attribuer ie résultat désastreux de
l’expédition à ce que le lieutenant De Long ne connais-
sait pas la région qu’il entreprenait d’explorer et igno-
rait les moyens d’y subsister.
A son départ d’Alaska, le capitaine Nerbaum insista
pour lui faire prendre les fusils de chasse faits expres-
sément pour l’Arctique; mais, malgré ses représenta-
tions, le lieutenant De Long préféra emporter des
fusils Remington.dont le poids dut l’embarrasser beau-
coup dans sa marche, et qui ne pouvaient lui servir
de rien. Les explorateurs ont sans doute vu presque
. chaquejour des quantités d’oiseaux de mer, et ils en
auraient abattu suffisamment pour sa nourrir s’ils
avalent eu des armes con venables.
Mais Terreur fatale du lieutenant a été de tuer les
vingt-sept chiens que le capitaine Nerbaum lui avait
fournis. Tuer ces animaux était se condamner à mou-
rir de faim. Quand dans ces régions des chasseurs
tuent des ours polaires, ils enfouissent dans la glace,
où elle se conserve des années, la viande qu’ils ne
peuvent pas consommer. C’est ce qu’on appelle des
« caches ».
Toute la région est pleine de ces caches, et les
chiens esquimaux, dont l’odorat est d’une finesse ex-
quise. les découvrent invariablement. Ces animaux
sont les pourvoyeurs indispensables des explorateurs
de l’Arctique, et les Indiens connaissent si bien leur
valeur que, si leurs chiens viennent à mourir, ils s’é-
tendent sur la glace et se résignent enx-mêmes à la
mort.
Les poissons sont une antre ressource précieuse. Il
suffit de creuser un trou dans la glace et de faire
briller de la lumière au fond pour attirer des multi-
tudes de poissons Mais le lieutenant De Long, ne sa-
chant rien du pays, n’avait pas cru devoir s’embarras-
ser d’engins de pêche.
une agréable surprise. — Le Courrier des Etats-
Unis raconte ainsi l’histoire d’un voleur bien agréable-
ment surpris. Miss Lràda Gilbert, la réformatrice bien
connue, qui a consacré sa vie et dépensé sa fortune à
améliorer, dans la mesure du possible, la condition
morale et matérielle des convicts, a été réveillée en
sursaut au milieu de la nuit de samedi, et a vu un
homme soulever avec précaution les persiennes d’une
fenêtre et entrer à pas de loup-garou dans sa chambre
à coucher. Laissons cette dame raconter elle-même les
événements qui ont suivi l’intrusion :
— J’ai éprouvé un certain plaisir, a-t-elle dit à un
reporter, d’avoir cette occasion d’épier une do mes
“ brebis noires » dans l’exercice de son métier.
Il y avait de la lumière dans la chambre à côté, et
comme la porte à coulisse n’était pas fermée, je pou-
vais très bien voir tous ces mouvements. Il s’e3t age-
nouillé devant ma tabla de toilette, et après en avoir
fouillé les tiroirs ii a aperçu ma montre posée sur un
meuble.'Je me suis glissée suds bruit hors du lit., et au
même instant où il mettait, la main sur la montre; j’ai
placé la mienne sur son épaule. Il a tressauté de sur-
prise et laissé tomber la montre. - Eatto ! lui ai-je dit,
ne savez-vous pas eue vous volez une de vos amies? »
Il a répondu en bégayant : » Non, je nn vous connais
pas. » — » Je suis Lmda Gilbert. » — » Vraiment ! J’ai
entendu parler de vous ; mais vous ne m’avez pas vu
en prison, car je n’y ai jamais été »
Ensuite il m’a demandé de le laisser partir, attendu
qu’il n’avait rien pris. - Non. ai-je répondu, vous no
partirez pas avant de vous être assis un moment; je
désire causer avec vous. » Il s’est assis docilement
comme un enfant pris en faute. J’ai tourné entière-
ment le bec de gaz.et j’ai regardé mon burglar à loisir.
C’était nn homme grand et maigre, pauvrement vêtu,
aux mains calleuses comme celles d’uu ouvrier. II
avait l’air maladif, et il m’a ditj être menacé d’une
hémorragie des poumons. Je me suis empressée alors
de mettre un crachoir à ses pieds.
A la foule de questions que je lui ai adressées, il a
répondu, apparemmentavec franchise, qu’il se nomme
Robert White, qu’il a sa résidence â tel numéro do
Mulberry Street, avec sa femme et trois enfants.
Il s’est laissé entraîner à faire partie d’une grève, et
depuis il n’a plus pu se procurer d’ouvrage.
Sa famille é:ant exposée à mourii1 de faim, l’occasion
s’est un jour offerte a lui de voler une montre, et il y
a succombé.
Postérieurement, il a volé deux autres montres,
dans la pensée que le vol était à l’avenir sa seule res-
source.
Cependant, a poursuivi miss Gilbert, j’étais assez
embarrassée. Mot. père occupait la chambre au-des-
sous de la mienne, et un frère de M. Théodore Thomas |