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'1841. — M,°4
iWEISS, Lundi 4 Jainter
dixiéme Année,
fST-SSTES
I ^
On s'abonne : à Anvers au bureau
du PRÉCURSEUR , Bourse Anglaise,
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JOURNAL POLITIQUE,
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FAIX. — L3RERTÉ. — PROGRÈS.
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4 janvier.
Y Kg; 'JTfiSA^AIBi DES i:\F.4\TS DANS IiES
ïttANEFACTUKES.
Cette question qui vient d’occuper la législature française n’est nul-
lement dépourvue d’intérêt pour un pays comme le nôtre ; pays émi-
ment industriel et qui est appelé à donner encore à son industrie
d’immenses développements. Quant à la question indiquée ci-dessus,
c’est avec raison qu elle préoccupe tous les esprits. Le projet de loi qui
s’est discuté à la Chambre des députés française a soulevé bien des uto-
pies, bien des théories; mais nous osons dire qu’en celle matière comme
en beaucoup d autres, on n’a point abordé la question comme il con-
viendrait de le faire. Lorsque nos chambres examineront cette même
matière ; si elles sont présentées sous le même point de vue que devant
la législature française les obstacles et les lacunes s’offriront aussi en
foule. Que signifie, en effet, l’âge d’un enfant comme type d’aptitude
réelle au travail ? Rien évidemment ; ce qui importe avant tout, c’est
desavoir s’il est ou non en étal de travailler. Or, chose étrange , parmi
les 500 législateurs ou environ, de la Chambre des députés, pas un
n’a eu l’idée de recourir à la science pour en obtenir une réponse à
cette question. On a beaucoup parlé, et on n’a rien dit, rien qui décélât
une étude, au moins superficielle de la nature même de l’homme. C’est
qu’en dehors comme au dedans personne n'a songé à traiter cette grave
question sous son véritable poinlde vue, c'esl-a-dire physiologique-
ment et hygiéniquement. C’était donc à la médecine qu’il fallait recourir
avant tout. Tôt ou tard elle interviendra forcément. Assez et trop
long-temps la médecine n’a été que l’art d'observer les malades et les
morts; le jour approche enfin où devront profiter de ses lumières ceux
qui se portent bien, et concourir à la perfection des lois par l'amélio-
ration sociale. Quelques mots sur ce sujet, et l’on se fera une idée de
son importance, par le nombre, la variété et l’étendue des questions
qu'il embrasse, au point de vue seulement du travail des enfants dans
les manufactures.
La terre, les métaux, les dépouilles de la nature végétale et de la na-
ture animale, rassemblées avec profusion dans nos cités et travaillées
par l’eau, l’air et le feu y subissent mille transformations diverses, et
tandis que par les mouvements qu’il exécute et les agents qu’il emploie,
l’homme fait ressentir à tant de substances l'impression de ses propres
idées, elles lui font ressentir à leur tour l’influence de leurs propres
qualités, et ce quelles lui transmettent ainsi d’elles-mêmes devient en lui
le principe d'une infinité de maladies qu’aggravent encore trop souvent,
les dérèglement de l’intempérance ou les souffrances des privations.
Jusqu'ici l’on s’est borné à noter les dangers d’une profession, d’une
industrie, d’une substance, d’une vapeur, d’un mouvement, d’uuressor,
d’un séjour, d’une trop grande accumulation d hommes ; on a cherché
les moyens de réduire ou de supprimer cette accumulation; d’amélio-
rer ce séjour, de détourner cette vapeur, de rompre ce repos, de
changer le mode de ce mouvement, d attitude, de compression; on a
pénétré enfin dans les procédés intérieurs de l’industrie et l’on a saisi
dans les séries qui les composent, celui où le danger commence.En un
mot, on a rectifié ou fait disparaître des procédés vicieux, on a traité
l’industrie.
Mais la pensée entière du législateur doit être de chercher à prévenir
les maux qu’on ne peut guérir. Et nous devons le dire, cette grande et
belle pensée n’a que peu profilé à 1 homme. On n’a procédé à son égard
que par une sorte d’éviction, on a pris l’accessoire pour le principal,
et l’on n’a point établi de règles pour le développement et l’enlrelieo de
la santé de l'homme. La classe laborieuse et pauvre manque des soins
dont elle devrait être conlimiellement l'objet de la part de l’adminis-
tration. C'est elle avant tout qu’il faut cultiver, car, mieux avertie, elle
excluerail. par degrés, de ses habitudes les vices qui naissent le plus
souvent de sa position; elle mettrait un discernement plus suivi dans le
choix de ses aliments. De plus, quoique la propreté soit remarquée à
juste raison dans noire pays, comparativement à nos voisins du Sud,
elle en contracterait davantage le besoin, de cette propreté qui suffi-
rait peut-être toute seule à détruire toutes les maladies; outrequ’elle
s’associe toujours à l’ordre et à la sobrité.En un mol, la santé publique
est le signe le moins récusable d'une civilisation avancée, le contraire
n’est que de la barbarie.
Or, si l’hygiène importe tant à l'homme, pourquoi ne pas recourir
aux lumières de ceux qui en connaissent et en pratiquent les règles ?
Pourquoi, dans une loi sur le travail des enfants dans les manufactu-
res, ne ferait-on pas intervenir la médecine, non-seulement comme
juge des aptitudes des enfants au travail, majs des aliments qui leur
conviennent, des vêtements que réclame leur état, et de tout ce qui
peut intéresser leur avenir comme développement physique, moral et
intellectuel.
Ou a cherché dans la statistique la solution de celte grave question:
qu’on sache bien que le plus grand génie du monde est celui qui saisit
le plus grand nombre de rapports, mais que nul n’en peut saisir la to-
talité. Il faut donc faire concourir toutes les sciences à cette solution
et y appliquer la médecine ; car, dans une question qui tient évidem-
ment à l'hygiène et à la physiologie, la médecine doit être invoquée
principalement.
KOIIVELLES D’OBIEKT.
(par la voie d’allemagne.)
On lit dans une lettre écrite de Damas, le 28 novembre, par un étran-
ger au service de l’Egypte :
Les montagnards insurgés deviennent de plus en plus féroces et dan-
gereux. Le généralissime s’est donc vu contraint de cpiitter la position
de Zahlé pour ne pas exposer l’armée à leurs attaques continuelles.
Achmed-Pacha nous y ayant rejoints,toute l’armée est maintenant con-
centrée ici, mais elle se trouve dans un état déplorable.
La moitié des hommes sont malades, et tous mal vêtus et mal nourris.
L’armée française, pendant la retraite de Moscou en 1812, ne pouvait
avoir l’air plus misérable : ce sont des cadavres marchant, couverts de
haillons, qui cherchent la chaleur du soleil et du pain. Nous comptons
environ 20,000 hommes de toutes armes.
Voici les nouvelles les plus fraîches :
Nous retournons en Egypte; la Syrie n’est plus tenable, le vice-roi
écrit que nous devons revenir avec armes, bagages, etc. Alep a été
évacuée le 15, et Damas le sera après demain. Il était question hier de
prendre la direction de Gonétra, mais les insurgés sont en grand nom-
bre sur cette route, et comme ils nous ont assez maltraités durant notre
marche de Zahlé à Zebdéni, le généralissime a pris la résolution d’opé-
rer sa retraite par le désert. Nous suivrons cette route jusqu’à Messe-
mes
rieh, et là nous prendrons à droite celle d'Olm-el-Khiess qui passe près
du Jourdan, au sud du lac de Tibériade.
Si les insurgés n’ont pas encore occupé les défilés d’Erbad. celte roule
nous mènera bien à Gaza. Là, il faudra se battre pouratteindre El-Arish;
mais, comme le vice-roi a écrit qu’il a envoyé 4,000 hommes de trou-
pes d’élite pour nous soutenir, une affaire ne nous anéantira pas. Sans
cette précaution, nous pourrions bien laisser nos os dans ce pays.
Ce mouvement rétrograde s’effecLuera de la manière suivante : — Ce
matin l’avant-garde s’est mise en marche, ainsi que lesjmalades, les am-
bulances et les bagages; mais la majeure partie des muscheris(conduc-
teurs de mulets et de chameaux) ayant pris la fuite cetle nuit, il faudra
abandonner une partie importante des malades et des effets.
Le gros de l’armée, avec le quartier-général de 400 cuirassiers qui
forment la garde d’Ibrahim-Pacha, se mettra en route demain. L’ar-
rière-garde suivra le même jour, ou après demain. Nous avons 130 piè-
ces de canon qu’on transportera bien jusqu’à Messerieh ; mais il sera
impossible de les emmener plus loin, surtout si l’ennemi nous oppose
quelque obstacle ; les munitions seront détruites et les vivres vendus.
Ibrahim-Pacha n’est pas très bien ; la prise de Saint-Jean-d’Acre lui a
porté un coup mortel ; il a des moments d’aliénation mentale, car il
donne des ordres contradictoires et les adresseà des officiers supérieurs
qui sont morts depuis long-temps ou qui ont passé à l’ennemi.
Nous espérons gagner El-Arisch d’ici au 18 décembre environ. La
route est passablement longue et hérissée de dangers, car partout les
populations nous sont hostiles.
(PAR LA VOIE DE FRANCE.)
Nous recevons aujourd’hui seulement l'Echo de l’Orient, publié le 10
décembre à Smyrne, qui donne des nouvelles de Constantinople du 8.
Ce journal expose que Méhémet-Ali a perdu tout le droit à la clémence
de son souverain, et si par commisération pour ses cheveux blancs on
lui épargnait la honte d’un complet anéantissement, ceserait générosité,
et ce serait beaucoup si on lui conservait le pachalick d’Egypte, en se
réservant d’en disposer après sa mort et sans lui permettre d’entretenir
des forces de terre et de mer, si ce n’estdans des limites très restreintes.
En s’exprimant dans ce sens, VEcho de l'Orient ne fait autre choseque
révéler les pensées intimes de la Porte, et plus encore , de lord Pon-
sonby, qui poursuit depuis plusieurs années avec une ténacité remar-
quable l’abaissement de Méhémet-Ali.
i*OBnruc»Aij.
Les nouvelles de Lisbonne reçues par la voie d’Angleterre vont jus-
qu’au 23 décembre.
Les armements continuaient : des bataillons nationaux allaient être
levésà Santarem, à Elvas, à Villafranca eten plusieurs autres provinces.
On prépare activement les lignes de défense de la capitale.
Une ordonnance de la reine, en date du 18 décembre, adresséeau duc
de Terceirc, maréchal de l’armée, lui confère le titre de commandant
de l’armée d’observation chargée delà défense dés provinces du Nord.
On dit que, malgré les dispositions du code constitutionnel, le roi
Ferdinand sera nommé commandant en chef de l’armée.
Une ordonnance de la reine, en date du 16 décembre, proclame l’am-
nistie pour tous ceux de ses sujets qui ont pris part aux mouvements
révolutionnaires de la capitale, les 11 et 12 août dernier; de Castello-
Braneo, le 27 du même mois, et de Portalègre, le 1«- septembre.
ANGLETERRE.
Londres, le V* janvier. — Le Marjnet nous a apporté des nouvelles
de Rio-Janeirodu 18 octobre et de Buenos-Ayresde la fin de septembre;
Au Brésil il 11e s’était passé aucun fait politique nouveau; seulement le
marché du numéraire était fort agité et les capitalistes spéculaient sur
les besoins du ministre des finances.
Une quantité considérable de marchandises avait pu parvenir à Bue-
nos-Ayres en trompant la vigilance de l’escadre du blocus. Les rési-
dents français qui jusqu’à présent étaient à Buenos-Ayres sous la pro-
tection du consul anglaisse préparaient à quitter la place. L’amiral fran-
çais Mackau se préparait à agir et à tenter une descente sur file de Mar-
tin Garcia ponr passer de là a Buenos-Ayres.Quarante-quatre bâtiments
de guerre français stationnaient dans la rivière la Plata. (Globe.)
ESPAGNE.
Madrid, 25 décembre. — On lit dans El Castel/ano :
On nous écrit de Saragosse, en date du 17, que cette ville est dansune
situation des plus fâcheuses ; il ne se passe pas de nuit qu’il ne s’y Com-
mette quelque assassinat et autres crimes qui jettent dans l’épouvante
les paisibles habitants, et que les autorités ne peuvent parvenir à ré-
primer. De pareils excès réclament l’attention la plus sérieuse de la part
du gouvernementsuprême.
Notre correspondant d’Oviedo nous informe de l’état d’anxiété oûse
trouve cette ville ; la marche de la régence ne paraît satisfaire aucun
des partis. On craint que la tranquillité publique ne soit troublée.
— D’après une circulaire du ministre de l’intérieur, adressée aux
chefs politiques, publiée par la Gazette de Madrid de ce jour, les élec-
tions devront commencer le 1« février prochain, et le scrutin général
sera dépouillé dans les capitales de province le 12 du même mois. Il
doit être élu 49 sénateur, 241 députés titulaires et 100 suppléants.
(El Castellano.)
— L’autorité a rencontré de grandes difficultés dans l’exécution des
ordres de la régence relatifs à la clôture du collége des Jésuites de
Loyola à Azpeitia. Deux alcades ont refusé défaire l’inventaire des effets
de ce collége, conformément aux ordres du général Alcala. Ce dernier
fera-t-il arrêter les alcades ? Il est évident que cette situation est extrê-
mement critique. (El Fascongado.)
— El Castellano attaque fortement le ministère en déclarant que les
paroles ne suffisent pas et que par son système basé sur l’erreur le gou-
vernement dégoûtera les hommes sensés qui appellent de tous leurs
vœux un gouvernement de justice. Un gouvernement de parti n’est pas
ce qu’il faut à la nation, il ne peut pas être juste et les royaumes sans
justice ne sont pas des royaumes. Ils sont une caverne de voleurs (una
cueva de ladrones).
— LES élections. — Nous étions curieux de savoir combien d'élec-
teurs avaient pris part aux élections de Madrid. Nous ne nous serions
jamais figuré qu’il fussent en aussi faible minorité; 332 électeurs ont
nommé Vayuntamiento.Va journal a bien raison de s’écrier, en présence
d’un tel résultat: «Voilà pourtant le peuple qui s’est soulevé et quia
renversé un gouvernement au nom d’une loi de municipalité, parce
que celte loi restreignait le droit électoral. » (El Castellano.)
— On écrit de Bilbao, 51 décembre :
S.M.Ia Reine-mère a répondu à la lettre qui lui avait été adressée
par la municipalité de Bilbao, dans les termes suivants :
Aux nobles membres de la municipalité de l'in vincible ville de Bilbao.
Une lettre du 28 octobre dernier, témoignage éclatant de la loyauté
basque a excité dans mon cœur les plus tendres émotions. L’intérêt que
vous manifestez pour ma personne m’est d’autant plus précieux, qu’il
se produitdans des circonstances quirehaussent à mes yeux les hom-
mages de votre respect et les effusions de votre amour. Les motifs qui
m’ont obligée à abandonner la régenceetà m’absenterdu sol espagnol,
vous sont déjà connus ; vous les verrez consignés dans le manifeste du
8 novembre que j’ai dû publier pour ma justification afin d’allier la dig-
nité du trône au bien même de l’Espagne, objets de mon éternelle solli-
citude et de mes soins maternels. Il n’a fallu rien moins que des motifs
aussi graves pour me séparer de mes filles, que j’ai quittéesen tes recom-
mandant à une nation pour la félicité de laquelle j’adresse tous les jours
au ciel les plus ardenj.es prières.
Assurée déjà de votre loyauté, je suis également certaine que vous
J conserverez pour mes filles, dont l’une est votre Reine, ces sentiments
de fidélité et d’adhésion que vous m’avez toujours portés, et qui, vous
pouvez y compter, vivront éternellement dans mon cœur et dans ma
mémoire en caractères ineffaçables, de même que les efforts héroïques
par lesquels votre ville a conquis le glorieux tilre d’invincible et ses no-
bles habitants celui de défenseurs courageux delà patrie et du trône
de leurs rois.
Paris, le 50 novembre 1854.
Marie-Christine.
FRANCE.
Paris, le 2 janvier. — Hier, à quatre heures de l’après-midi, LL,
MM. ont reçu le corps diplomatique. M. le comte d’Appony, ambassa*
deur d’Autriche a adressé au Roi le discours suivant, au nom du corps
diplomatique :
« Sire,
« Réuni par la solennité de ce jour autour de votre personne royale*
lecorpsdiplomatique a l’honneur d’offrir à Votre Majesté ses homma-
ges respectueux et ses vœux.
» La providence, pendant l’année qui vient de s’écouler, s’est signalée
envers nous par de nouveaux bienfaits : le maintien du repos politique
en Europe, et la protection dont elle ne cesse découvrir les jours de Votre
Majesté, sont des faveurs précieuses, dont nous lui rendons de vives ac-
tions de grâce.
» Nous sommes heureux de penser que la sagesse des cabinets saura
maintenir un état d’ordre et de paix, et. qu’à l’abri de leur accord l’Eu-
rope continuera de marcher dans la voie de progrès ouverte à sa pros-
périté.
h Des événements chers au cœur paternel de V.M. appellent toutes nos
félicitations. Veuillez. Sire, les agréer avec bonté, ainsi que les vœux
très sincères que nous formons pour le bonheur de la France, pour le
vôtre et celui de votre auguste famille. »
Le Roi a répondu :
« C’est de tout mon cœur que je m’unis à vous pour rendre grâces à
» la Providence des bienfaits qu’elle a répandus sur nous, dans le cours
» de l’année qui vient de s’écouler , et de la protection dont elle a de
» nouveau couvert mes jours. Je suis bien touché de ce que vous m’ex-
» primez à cet égard.
>1 Vous connaissez le prix que je n’ai cessé d’attacher à la continua-
it tion du repos politique dont jouit l’Europe, et au maintien de la paix
11 générale. Convaincu, comme je le suis, que c’est à la fois l’intérêt de
» la France et celui de tous les Etats, rien ne ralentira mes efforts pour
» concourir, avec tous les souverains, à conserver de grand bien à nos
» nations, et j’espère avec vous que, dans l’année qui s’ouvre devant
h nous, la sagesse des cabinets achèvera de le consolider.
» Je sois bien sensible aux félicitations du corps diplomatique , et
h aux vœux que vous m’offrez en son nom pour la France, pour ma fa-
» mille et pour moi. «
Discours prononcé par Mgr l’archevêque de Parié.
« Sire,
» Pendant l’année qui vient de s’écouler, Dieu a voulu adoucir au
Roi les sollicitudes du trône, en lui faisant goûter deux fois ce que les
joies de la famille ont de plus doux pour le cœur d'un père.
11 II lui a donné une preuve nouvelle et bien éclatante de sa protec-
tion, et à nous de nouveaux motifs de détester les horribles tentatives
qu’inspirent d’abominables doctrines.
» Les victimes des dernières inondations, qui ont été, sur le théâtre
même du désastre, l’objet de tant d’admirables dévouements,ont trouvé
partout de généreux imitateurs de la bienfaisance royale. En nous af-
fligeant par un terrible fléau, Dieu a voulu nous consoler parle beau
spectacle d’une grande charité.
11 Au commencement de cette nouvelle année, nous vous prions, Sire,
d’agréer avec bonté les vœux que nous formons pour votre bonheur et
celui de votre famille. Daigne le Seigneur continuer à Votre Majesté les
soins paternels de sa providence, écarter à jamais de notre patrie les
calamités qui viennent de la désoler, y apaiser tous les dissentiments, la
rendre pins forte et plus prospère, en rendant Ses enfants plus unis.
Tels sont les vœux de tous les bons Français, telles sont les grâces que
le clergé et l’archevêque de Paris ne cesseront de demander au dispen-
sateur de tons les biens. »
Le Roi a répondu :
« Je reçois avec beaucoup de satisfaction l’expression de vos vœux et
» ceux du* clergé de Paris. Il m’est bien doux de vous voir réunis autour
1, de moi. Vous savez que je le désirais depuis long temps, et que je
n saisis avec empressement toutes les occasions de marquer combien
1, j’aime à soutenir le clergé dans cetle haute considération, que je mets
» tant de prix à lui conserver. Rien ne ralentira mes efforts pour défen-
11 dre et faire respecter la religion. Plus la tâche de mon gouvernement
» est difficile, plus il a besoin de l’appui moral et du concours de tous
11 ceux qui veulent le maintien de l’ordre et le règne des lois. C’est cet
„ appui moral et ce concours que peuvent surtout prévenir le renou-
11 vellement de ces tentatives odieuses sur lesquelles vous venez de vous
1, exprimer d’une manière qui m’a si vivemen t touché. C’est cet appui
» moral et ce concours de tous les gens de bien qui donneront a mon
n gouvernement la force nécessaire à l’accomplissement des devoirs
„ qu’il est appelé à remplir, et je mets au premier rang de ces devoirs
„ celui de faire chérir la religion, de combattre l’immortalité et de ïnon-
,, trer au monde, quoi qu’en aient pu dire les détracteurs de la France,
,, que le respect delà religion, de la morale et de la vertu, est encore
n parmi nous le sentiment de l’immense majorité. »
La commission des fortifications s’est réunie aujourd’hui à une heure
pour la sixième fois ; elle est restée plus de 4 heures en séance. Elle a
arrêté déjà les points principaux de son rapport dont la rédaction, corn
me 011 le sait, est confiée à M. Thiers ; mais, avant de fermer la discus-
sion, elle se propose de communiquer les points résolusà M.le maréchal
Soult pour être soumis àu conseildes ministres.
Ces points sont :
1» L’exécution simultanée del’enceinte et des forts détacnés.
2° La division du travail en trois années. .
5» La fixation des ouvrages extérieurs de l’enceinte. Cette partie a
donné lieu à un examen approfondi sous le; point de vue militaire. Il
parait que la commission est d’avis de saisir par des forts détachés les
pointssaillantsdes hauteurs de Romainville,de Noisy,de Nogent ,lesquels
commandent toutes les routes par où une invasion, débouchant dès
frontières du Nord ou de l’Est, arriverait devant Paris. Ce sont les me-
mes points qui ont été signalés dans la reconnaissance que contiennent
les mémoires écrits sur la campagne de 1814 par le chef de bataillon
Kolh, et qui, postérieurement en 1852 et 1833, ont été saisis par le gé-
néral Valazé avec des ouvrages de campagne, mais qui son! loin de rem-
plir cet objet de la défense, parce qu’ils n’ont ni la capacité m la force
suffisante. . , ,, , , , . ,,
La commission s’est occupée aussi, dans celte seance, de la fixation
de la zône des servitudes militaires, laquelle intéresse si vivement la
banlieue; mais à l’heure du départ du courrier, elle n’avait encore
adopté aucune résolution. , . , • a
— On parlait à Toulon, le 27 décembre, de la prochaine réunion de
l’escadre du Levant et de l’escadre de réserve en une seule flotte sous
les ordres d’un commandant supérieur dont on taisait le nom. Jusqu’ici
les bâtiments de la flotte qui ne sont pas en réparation n’ont été appelés
ciu’à des transports de troupes en Afrique. Il faut, en effet, combler les
lacunes que les congés du 1er janvier vont laisser dans les régiments.
— On écrit d’Alger, 22 décembre :
«Nous apprenons que le brave Colonel Gavaigr.ac, a la tête d une
partie des troupes de la garnison de Médéah, a tenté sur les tribus voi-
sines de cette place un coup de main qui a parfaitement réussi. Nos
troupes sont rentrées avec un butin considérable. Cette nouvelle a été
apportée à Blidah par deux zouaves, et transmise par le télégraphe à
M. le maréchal gouverneur. . ^
» I) est décidé qu’on n’attendra pas té printemps prochain pour aller |