Full text |
B^æ■
iii
un peu plus actives elles ont fait do 220 à 225, recherchées
h ce dernier prix.
Les autres valeurs étrangères, un peu délaissées, ont éga-
lement éprouvé quelques variations de 58 à 57 à 57 1/2 poul-
ies Vénitiennes Sp.c.de 1859, de 73à72pour les Lombardo-
Vénitiënnes, de 98 à 97 pour le 5 p.c. Eusse Sfieglitz 6' em-
prunt, de (il 7/8 à 60 1/2 à 61 1/4 pour le 3 p.c. Russe de
1859, et de 73 1/2 à 72 1/2 pour les obligations romaines.
Quant aux actions industrielles il ne s'est traité que des
Anvers-Rotterdam à 1271/2. Celles dé Sacré-Madame et do
Bleyberg ont été demandées les unes à 1402' les autres
à là50. ' g
Changes : Les cours des changes n’ont presque pas varié
pendant la huitaine qui vient de finir. L’Amsterdam a été
fait de 11/8 0/o à 1 0/o avance, le terme moins 3 0/o-Le Paris
de 3/8 à 1/2 0/q perte, le terme moins 3 0/o- Le Londres court
jours est offert à 25-05, le terme à 25-07 1/2 moins 40/o-
Les valeurs sur l’Allemagne se soutiennent, les thalers sur-
la Prusse il fr. 3-76 à terme, à 3-761/2 moins 4 0/q. Le Franc-
fort à 214 1/2, à terme moins 2 0/g. Le Hambourg de 188 1/2
à 189 cours auquel il y a des vendeurs ; le terme moins 2 0/o-
Le Vienne reste faible à 186.
Il y a des acheteurs pour l’or français à raison de fr. 19-90
par pièce de fr. 20. ,
Il n’y a pas de variation dans le faux de l’escompte qui
reste 2 1/2 5 3 1/2 O/p.
Association libérale et constitutionnelle.
SOUS-COMITÉ DE LA 1" SECTION.
MM. les membres habitant la première section Sont
instamment priés de se réunir lundi 17 courant, à 8
heures précises du soir, au local le Renard, Grand’
Place.
La séance commencera à heure fixe.
Ordre du jour : Elections communales. Formation
de la liste des candidats, discussion et vote.
mée contre les Chrétiens, qui auraient à redouter
une sang! ante reprod uction des événements d e Damas.
Actes officiels.
NOMINATIONS DANS L’ARMÉE. — Par arrêté royal du 13
do co mois, l’élève médecin soldé V. Desguin, attaché à l’hô-
pital d'Anvers, est nommé médecin-adjoint.
— Par arrêtés royaux, en date du 14 de ce mois,sont
nommés :
Dans l'intendance. — Intendant de première classe : L’in-
tendant de deuxième classe L. Thiebauld, sous-directeur de
la sixième division au ministère de la guerre.
Intendant de deuxième classe: Le sous-intendant de pre-
mière classe E. de Bassompierre, directeur de l’administra-
tion dans la quatrième division territoriale.
Sous-intendant de première classe : Le sous-intendant de
deuxième classe J. Goldschmidt, chargé du service admi-
nistratif dans l’arrondissement de Malines.
Dans T état-major des places. — Capitaine adjudant de
place de deuxième classe: Le lieutenant N. Matthias, du
corps de la gendarmerie.
Dans l'infanterie. — Major : Le capitaine deprernièreytasse
V. Dechesne, adjudant-major au régiment des carabiniers.
Capitaines de première classe. — Les capitaines de 2“‘“
classe: H. Valentin, du 12e de ligne; A. Muuls, du 1er id.;
C. Griez, du'12'id., et J.Garsou, du 11e id. .
Capitaines de 2e classe. — Les lieutenants: J. Bodart, du
8' régiment ; A. Pattyn, du 11“ idem ; C. Vandenberghe, du
régiment des grenadiers, et F. Wagenaere, officier d'arme-
ment au 9e de ligne. _
Lieutenants. —Les sous-lieutenants: G. Chevalier, adju-
dant-major au 10“ de ligne; L. Jacquemin. du 11“ de ligne,
et L. Stevens, du 8e id.
Sous-lieutenants. — Les adjudants sous-officiers ; A. Ver-
schuere, du lr de ligne, et F. Landerwyn, des carabiniers.
Les sergents-majors : P. Smitsmans , des grenadiers ;
A. Roelens, du 7e de ligne; A, Bluysen, du 10' id.; E. Bour-
guignon, du 8“ id., et G. Simons, du 2' chasseurs.
Dans la gendarmerie.— Lieutenant: Le sous-lieutenant
P. Goffinon, du corps. * _
Sous-lieutenànt : Lemaréclial delogis chef J.Duvigneaud,
du corps.
Dans le génie. — Lieutenant-colonel: Le major F. Schol-
iaert, du régiment.
La marée s’est élevée hier très-haut dans le port du Havre.
Les vents du sud-ouest ont continué de souiller avec foicoet.
présageaient pour aujourd’hui 16, un exhaussement très-re-
marquable du flot.
En prévision de la grande marée, dit le ClMifier du Havre ,
toutes les mesures de précaution sont prises dans le quartier
St-François, Les docks se sont mis depuis longtemps en
garde co’ntre toute éventualité, et cette nuirêune «scouade
d’ouvriers doit coucher dans rétablissement'. On sait que
c’est aujourd’hui et demain que l’eàu atteindra son maxi-
mum de hauteur. Mais les marées qui doivent offrir des
craintes sérieuses sont celles des 14, 15 et 16 octobre ; c’est
l’époque des vents violens, qui dégénèrent presque toujours
en tempête. Mais il faudrait, bien entendu, que les vents
portassent avec la mer, car s’ils lui étaient opposés, l’éléva-
tion des eaux eu serait contrariée et n’offrirait rien de re-
marquable.
— Le W illiam-Cory. bâtiment anglais, porteur du câble
électrique méditerranuéen, et arrivé à Alger. ’b
Le lendemain de son arrivée, ce bâtiment est sorti du
port, accompagné du Colbert, et il a été procédé aussitôt à
l’immersion du câble électrique.
Une foule immense suivait des yeux cet important et
intéressant travail. On assurait que cette opération serait
terminée avec succès aujourd'hui 15.
On sait que le câble part à Alger de la place de la Salpé-
trière, et que le point d’atterrissement sur la côte de France
/est aux Sablettes, à 6 kilomètres de Toulon.
GRANDE-BRETAGNE.
BANQUE D’ANGI.ETEIUIE.
Le bilan hebdomadaire de la Banque, arrêté le 12 sep-
tembre, constate des résultats infiniment favorables et qui
(contrastent singulièrement avec ceux de la Banque de
France à la môme époque.
Sur tous les chapitres il y a amélioration en ce qui touche
jla position de cet établissement, excepté sur celui du porte-
feuille, mais ce dernier article s'explique naturellement par
la faiblesse des escomptes, la taux minimum de la Banque
,étant supérieur do beaucoup au taux moyen de la place.
| La circulation active a diminuétie 626,015-C (15,650,375 fr.,
et reste 520,804,075 £ (520,101,875 fr.), pendant que la ré-
serve des bank-notes s’est accrue d’une somme mémo supé-
rieure à 9,146,830 £ (228,670,750 fr.), en augmentation de
662,515 £ (16,563,625 fr.). Il y a également une augmenta-
tion sur le chiffre du numéraire, mais c’est une augmenta-
tion relativement insignifiante de 63,155 £ (1,578,875 fr.)
qui porte la somme totale de la réserve métallique à
16,233,202 £ (405,830,050 fr.).
Les ressources disponibles de la Banque se sont donc éle-
vées pendant la semaine à 1,351,715 £ (33.792.875 fr.)
Le portefeuille a flécliide 289,177 £ (7,229,425 fr.) et reste
19,812,757 .£ (495,318,925 fr.),chiffre relativement modéré,
mais qui va certainement fléchir encore, le taux de l’es-
compte restant supérieur au cours régulier de la place en
dehors delà Banque. .
Les comptes courants signalent une augmentation relati-
vement considérable qui explique l’accroissement des res-
sources de la Banque. Il n’y a, il est vrai, que 31,144 £
(778,600 fr.) d’augmentation dans les comptes-courants parti-
culiers,qui restentpar conséquent à 13,462,663 £(336,566,575
;fr), mais des versements importants ont augmenté le
(compte courant du trésor 56,843,436 £ (171,085,900 fr.) en
augmentation de 346,615 £ (8,665,375 fr.).
Il n’y a pas de changement dans la réserve des titres
/publics.
L’ensemble de ces chiffres confirme donc l’ensemble satis-
faisant du bilan, et laisse prévoir, avant peu, une réduction
dans le taux d’escompte minimum de la Banque, malgré une
petite réaction qui s’est produite dans la demande hier et no
s’est pas maintenue aujourd’hui.
Mouvement des métaux précieux.
La semaine finissant le 12 septembre a signalé un mouve-
ment beaucoup plus calme dans les métaux précieux. Il est
bon d’ajouter, toutefois, queles arrivages d’Amérique signa-
lés depuis trois jours n’ont pu figurer dans le rapport officiel
hebdomadaire.
Importations.
FRANCE.
(Correspondance particulière du Précurseur.)
Paris, 16 septembre.
Aujourd’hui nous n’avons aucune nouvelle télégra-
phique importante. C’est toujours ce désolant chômage
du dimanche, dont je ne cesse de me plaindre auprès
de vos lecteurs. Ou continue ici à ignorer complète-
ment au-dles sont les disDQsitiens do m nom-
ïï n’est survenu a cet egard aucune nouvelle qui
puisse nous éclairer.
Le nonce du Pape, Mgr Zaeconi, se trouve au ce
moment dans un état d’effervescence que je renonce h
vous décrire. Les derniers événements des Etats pon-
tificaux l’ont irrité au dernier point ; jusqu’au dernier
moment, il a espéré que le gouvernement piémontais
s’abstiendrait de toute agression ; il y a à peine huit
jours, il parlait de la situation des Etats pontificaux
avec une parfaite sécurité. D’ailleurs, il se croyait sûr
de l’appui de l’Autriche et de l’Espagne. Vous voyez
combien il a été trompé par les événements. Quoi qu’il
en soit de ces illusions sombres, il n’a pas perdu de
temps et il s’est rendu à plusieurs reprises chez M.
Thouvenel. Je n’ai pas assurément la prétention de
vous rapporter ce qui s’est dit dans ces entrevues
toutefois, si j’en crois des informations qui sont d’ail-
leurs assez sûres, le nonce du Pape aurait manifesté
contre le gouvernement français une vive irritation.
Il se serait plaint d’une façon qui sortait de3 habitudes
diplomatiques. Du reste, aurait-il ajouté, le St-Siége
ne saurait accuser directement le gouvernement fran-
çais ; les faits ostensibles ne le lui permettent pus.
mais de son côté, le gouvernement français, par des
actes positifs, doit désavouer le Piémont et décliner
toute solidarité avec lui.
C’est à la suite de cette conversation, paraît-il, que
fut décidé le rappel de M. Talleyrand et en même
temps l’envoi de nouveaux renforts à Rome. A ce pro-
pos je vous signale les quelques lignes du Moniteur
qui annoncent que notre armée de Rome reprend sa
vieille dénomination et va s’appeler désormais divi-
sion d'occupation. Ce fait seul suffit pour vous montrer
combien j’étais dans le vrai lorsque, malgré les dé-
mentis des journaux semi-officiels, je vous annonçais
que les nouveaux régiments envoyés à Rome y étaient
envoyés véritablement à titre de renfort.
On parle maintenant de l’excommunication majeure
que le pape va lancer contre le roi Victor-Emmanuel.
Vous savez que la première excommunication était
une excommunication mineure et ne désignait pas
nominativement le roi Victor-Emmanuel; il n’en: sera
pas de môme de celle-ci ; le Pape se propose d'allumer
toutes ses foudres. Toutefois ne croyez pas que cette
perspective produise ici la moindre sensation ; si le
Pape se porte à cette extrémité,il ne fera que constater
une fois de plus son impuissance.
On fa;t courir ici une foule de bruits étranges que
je vous rapporte à titre de renseignement. Ainsi 1 ou
dit que dans le royaume de Naples, il se produit une
réaction contre Garibaldi ; qu’il a été forcé de licencier
quelques corps de volontaires. Aucun fait, ayant un
caractère quelque peu officiel, n’est venu confirmer ce
bruit,qui est dû probablement à l’imagination féconde
des ennemis de l’indépendance italienne.
Ce que je sais, c’est que Garibaldi s'occupe active-
ment de l’armée, en vue de l'attaque qu’il se propose
de tenter prochainement contre Lamoricière ; mais il
est probable qu'il trouvera la besogne faite. Du reste,
voici un mot que je crois pouvoir vous garantir. On le
pressait de proclamer l’annexion de la Sicile et de Na-
ples ; il résista énergiquement, et il fit cette réponse
significative : « Je ne proclamerai l’annexion que lors-
que je pourrai le faire du sommet du Quirinal.» Quand
bien même Victor-Emmanuel voudrait s’arrêter, vous
voyez bien que Garibaldi n’est pas disposé à. suivre
son exemple. Du reste, sur ce point comme sur beau-
coup d'autres, je crois Victor-Emmanuel et Garibaldi
bien plus d’accord au fond qu’ils ne le paraissent.
Voici encore un bruit qui a pris hier une certaine
consistance : ou a dit que le général Bosco s (.tait
rendu auprès de Garibaldi et lui avait demandé du
service. C’est là un fait étrange et que je vous en-
gage à n’aceueiilir qu’avec réserve.
Il est fortement question en ce moment, à propos
du voyage à Alger, de l’entrevue dont je vous ai si
souvent parlé entre la Reine d'Espagne et l’Empereur
Napoléon. C’est toujours aux îles Baléares que doivent
se rencontrer les deux souverains. On dit à ce propos
que l’Impératrice, surmontantles fatigues du voyage,
persiste à vouloir se rendre à Alger, et à passer aux
îles Baléares avec l’Empereur.
Le bruit s’est répandu ce matin d’une agitation
extraordinaire qui se serait produits tout-à-coup dans
l’île de Crète. Aux dernières nouvelles arrivées ici,
on parlait même d’une conjuration très-vaste, fnr-
Or. . .
Argent
Or. . .
Argent
257,554 liv.
9,564 »
267,118
Exportations
6,438,850 fr.
239,100 »
6,677,950 fr.
127,238 liv.
19,967 »
3,180,950 fr.
499,175 »
147,205 liv. 3,680,125 fr.
I,a balance or> Çyeur des importations se trouve Ôtre par
conséquent ^ lv,9I3 a [%,vzn,ozv n-.).
ITALIE.
Voici les proclamations adressées par- Garibaldi
au peuple de Palerme et à l’armée napolitaine :
Au peuple de Palerme.
De près ou de loin je suis avec toi, peuple de Palerme,
avec toi pour la vie entière.
# Liens d’affection, communauté de travaux, de périls, do
gloire me lient à toi par des liens indissolubles. Emu du
plus profond de l’âme,parlant avec ma conscience d’Italien,
je sais que tu ne doutes pas de mes paroles.
Séparé de loi par l’intérêt de la cause commune, je foi
laissé un autre moi-même, Depietis. Depretis a été accrédité
par moi auprès du bon peuple de Sicile. Il représente plus
que moi, il représente l’idée nationale, l'idée sainte : Italie et
Victor-Emmanuel! Depretis annoncera au cher peuple do
Sicile le jour de l’annexion de l’île au reste de l’Italie libre.
Mais c’est Depretis qui, fidèle à mon mandat et à l'intérêt de
l’Italie, doit déterminer le jour fortuné.
Les misérables qui to parlent d’annexion aujourd’hui,
peuple de Sicile,//sont les mêmes qui t’en parlaient il y a un
mois. Demande-leur, peuple, si j’avais écouté leurs misé-
rables intérêts individuels, comment j’aurais pu continuer h
combattre pour l’Italie. Aurais-je pu t’envoyer aujourd’hui
un salut d’amoar de la belle capitale du continent italien ?
» Donc,peuple de Palerme,auxcouards qui étaient cachés
quand tu combattais sur les barricades, tu diras de la part
de ton Garibaldi que l’annexion au royaume du Roi galaut-
liomme en Italie nous la proclamerons bientôt, mais au som-
met du Quirinal, quand l'Italie pourra voir tous ses enfants
réunis, les presser tous libres sur son illustre sein et les y
bénir ! .
Naples, 10 septembre. GARIBALDI.
A l'armée napolitaine.
Si vous ne dédaignez pas Garibaldi pour compagnon
d’armes, il veut, lui, combattre à vos côtés contre les en-
nemis de la patrie.
Trêve à nos discordes, plaies séculaires de notre pays.
L’Italie secouant les debiis de ses chaînes nous montre au
Nord le chemin de l’honneur vers le dernier repaire de la
tyrannie.
Je ne vous promets q 'une chose; c’est.de vous faire com-
battre.
Naples, 9 septembre 1860. garibaldi.
L'Opinione publie l’ordre du jour suivant, que le
général Fauti a tdressé à ses troupes, à Arezzo, le
11 septembre :
Des bandes étrangères de tous les pays de l’Europe, réu-
nies sur les territoires del’Ombrie et des Marches, y ont.
planté le drapeau trompeur d’une religion qu’elles insultent
Sans patrio et sans toit, ces mercenaires provoqupiit çt
insultent les populations pour avoir un prétexté cio les
dominer, Un, pareil martyre doit cesser, et cette tyrannie
doit avoir an, terme par notre intervention, qui apporte des
secours à ces enfants malheureux de l’Italie qui ont en vain
espéré d’obtenir justice et pitié de leur gouvernement.
Nous accomplirons la mission que nous confie le roi
Victor-Emmanuel. Que l’Europe sache que l’Italie n’est plus
le lieu des rendez-vous et lu triomphe des aventuriers qui
sont1 rs plus audacieux ou les plus heureux.
On écrit de Turin, 14 septembre, à la Presse :
» On continue à s’occuper des projets hongrois. La vue do
Klapka, deKossutlqdesdeuxfilsde co dernier, élargit encor
le champ des commentaires. On a parlé d’un long entretien
de Klapka avec le roi ; mais le fait est difficile à vérifier.
» Les lettres de Vénétie, dont nos journaux sont remplis
signalent toujours des faits d’agitation. A Udine, la ville la
plus travaillée, à l'occasion de l’entrée de Garibaldi ùNaples.
le drapeau tricolore a été arboré pendant la nuit sur l'église
du Saint-Esprit, on face de la gare. Aperçu le matin, au
départ du premier convoi, il a été grandement applaudi.
On écrit de Naples, le 10 septembre au mêm
journal ;
« Garibaldi a décidément détrôné saint Janvier. Il est
maintenant le patron de Naples. Il règne et gouverne, il est
partout, il est tout. Il marche devant lui avec une sublime
audace qui lui donne raison et le sauve du péril. Je ne sais
si l’on songe encore à l'étrangeté de son aventure; l'étonno-
ment se lasse et finit par tout accepter. Mais l’admiration
resteplus fidèle. J'ai suivi jour par jour,avec l’anxiété du pays
en attendant sa délivrance, eette expédition dont je vous
ai annoncé constamment le succès merveilleux. El cepen-
dant j’en suis encore à me demander . Est-ce possible. Voilà
plus d’un an que je vous écris : La dynastie des Bourbon s
va crouler au premier souffle. Le souffle a passé, la dynastie
est croulée et je n’y crois pas.
» N’être que le général d’un Etat secondaire — « un sa-
» breur a qui l’on peut confier un bataillon, peut-être une
» brigade, » disait-on de lui naguère ; — je dis plus encore ;
n’ôtre pas môme général, car il avait donné tout d’abord sa
démission ; — n’avoir à soi ni fortune, ni pouvoir reconnu,
ni mission légitime par une autorité quelconque, ni même
un de ces grands noms héréditaires qui couvrenfc^ainbition
personnelle d’un droit divin ; — n'être en un mot-mue le
représentant d’une idée, d'ujêe absteaction, on-aAt dit l’autre
jour d’une utopie", — et non d’une idée politique'prenant les
hommes par des intérêts matériels et dps promesses d’avan-
cement., — mais d’une idée nationaleypii no domàgdait que
de sublimes dévoûments et d’héroïgùes sacrifices,' et qui,
loin de triompher eh trois jours, comme les insurrections dès
villes, ne pouvait décerner, le prix de la vtjgoire qu'aprôs
des années de privations, de combats et de péîfi^w
» Avoir contre soi l'Europe entière, le droit des gens, les
traités, l’équilibre des puissances, et ne pouvoir opposer à
toutes les traditions, a toutes les lois établies que le prestige
d’un nom populaire illustré par de brillantes escarmouches,
mais non encore consacré par ces grandes victoires qui du
général Bonaparte avaient fait l'empereur Napoléon.
» Etre seul, en un mot, pauvre et sansdroits : mais remuer
les nations, improviser des hommes, trouver des millions,
soulever lo monde avec une parole ; et cela sans habileté!
sans conspiration, sans mystère, — en se montrant à tous!
les yeux fixés et le doigt tendu sur le point rêvé ; —■ puis
partir avec une poignée d'hommes, et, avec cette poignée
d’hommes, déclarer la guerre a un souverain qui a des cen-
taines de vaisseaux et 80,000 soldats. Dénoncé, surveillé
partout, glisser entre des corsières formidables; tomber à
('improviste sur le point lo mieux défendu de la côte, devant
deux navires de guerre qui auraient pu ruiner sa cause avec
une vingtaine de boulets; puis en quinze jours, avec 1,092
Italiens et 3 Hongrois, culbuter 30,000 hommes et conquérir
,1a Sieiio.
» Enfin après trois mois d’attente et de repos, où par son
ascendant,déjà-plus fortque/les puissances,il força la royauté
vaincue à pactiser avec son peuple, et il força" le peuple à
refuser cette paix proposée trop tard à enjamber le détroit,
sauter d’un bond sur une place forte, et en dix-sept jours,
en marchant devant lui, sans dévier d’un pas, conquérir un
royaume, abolir l’œuvre d’un siècle, et montrer, à la stupé-
faction du mondo. — en notre temps de modération et de
(diplomatie, —une aveuture plus étrange, plus merveilleuse
'que les anciennes conquêtes des Normands. Etre un corsaire
[désavoué par son roi, et donner à ee roi d'un trait de plume
/une centaine de navires et dix millions d’hommes ! Et cela
■devant l’Europe.qui,déconcertée d’abord, n'ose résister et ne
protestepas,puis,on traînée,éblouie çt eonsacrantcet héroïque
attentat par une sorte de sympathique abstention qui con-
stitue une complicité morale. Voilà ce qu’a fait cet homme
(seul, et il ne veut pas s’en arrêter là.
» Je l’ai entendu parlor.je l’ai vu de près ; il est admirable.
C’est une nature de lion. Il a la voix décidée, résolue,la main
large et le corps trapu. Dans ses moments de colère, il doit
.être formidable. Au repos, il garde un œil placide et un sou-
riredoux. Ce n’est pas un homme de génie, c’est un apôtre.
II marche dans sa foi, sans faiblesse et sans peur : il fait
des miracles. Dans la tempête, il serait homme a descendre
(de sa barque et à marcher sur les eaux, fl croit à sa mission
(comme d’autres croyaient à leur étoile ; et il va droit devant
(lui, sûr de son fait comme tous les vainqueurs.
» L’autre soir, pendant la rixe du Carminé, où les soldats
■ont tiré des coups de fusil et même des coups de canon sui-
de peuple, il n'a pas remué. Il a offert des cigares aux gardes
nationaux qui l’entouraient et leur a dit : « Attendons-Ies en
fumant. » Mais il sent le péril, et quand il le voit quelque
j part, s’écrie : « Ct vado io ! » (Je vais y aller.) Alors on ne le
( retient plus. .
« Un des traits singuliers de son caractère est sa simplicité
parfaite. Il est le seul grand homme de ma connaissance qui
ne pose pas. Un peu grandiloque dans ses. discours (comme
tous les croyants), il l’est de bonne foi, non pour la phrase.
Mais, dans l’intimité, c’est l’être le plus cordialement familier
du monde. Il accueille tous les importuns avec une patience
de martyr ; il ne les tient pas à distance, il ne leur parie point
en oracle. Il est simple et bon.
» Un trait entre mille ; je prends le plus vulgaire, parce
qu'il est le plus saillant. A Messine, je crois, un des anciens
compagnons do Garibaldi vient se mettre à deux genoux
devant lui, demandant, disait-il, une faveur immense. Il fal-
lut des efforts inouïs pour forcer l’homme à s’expliquer
Enfin, quand il fut à bout d’excuses, il dit au dictateur: Je
voudrais un de vos boutons, je lo porterais suspendu à mon
cou comme une amulette, et je serais sûr de ne pas mourir.
—Garibaldi arrachaun de ses boutons et lo tendit à l’homme.
» Il l’a dit lui-même, il est enfant du peuple, et adoré du
peuple. Il y avait beaucoup de mascarade et de mardi-gras
dans l’explosion de joiepopulaire qui vient d’enrouer lepays.
Mais ces pasquinades étaient l’expression outrée d’un senti-
ment vrai, profond, universel. Garibaldi est un saint poul-
ies lazzarone. C’est Dieu qui l’envoie pour sauver le pays;
plusieurs l’appellent Jésus-Christ ; ses officiers sont ses
apôfrês. C’est au nom de Garibaldi qu’on demande l’aumône;
ici, tout se traduit en dévotion.
» Le dictateur l’a bien senti, avec le rare bon sens qui res-
semblé à son coup-d’œil de soldat, et qui lui tient lieu de
science et d’art politique. Aussi a-t-il les idées catholiques
du pays. Dans sa première proclamation, il a caressé les
prêtres. Dès son arrivée, il s’est rendu à la cathédrale, où.
soit dit en passant, il n'a trouvé personne, le clergé s'étant
débandé CommaD’ariné'» iw moment. P.Wt ln plinpp-
pelain de Garibaldi qui a dû monter en chaire. — Le len-
demain, fête delà Vierge, le flibustier s’est rendu à la place
du roi dans l’église de Piedigrotta, toujours visitée par un
cortège royal, à pareil jour, depuis plus d’un siècle. On lui
a présenté l'image do la Vierge ornée de rubans tricolores,
avec le bouquet de fleurs bénites qu'on avait coutume d'offrir
au roi. Au discours du prêtre, il a répondu par des paroles
chrétiennes, et s'est laissé approcher et embrasser par la
foule de gens du peuple entassés autour de lui.
» Les Napolitains !o evoient invulnérable. — Lorsqu'il est
couvert de balles, il n’a qu’à secouer sa chemise rouge, et les
balles tombent à ses pieds. — C’est peut-être à cause de cette
superstition qu’il a été sauvé jusqu’à présent des mauvais
coups réactionnaires. Rappelez-vous qu’il est entré seul
dans la ville, encore défendue par des soldats nombreux (on
dit six mille). Les forts étaient dans leurs mains et auraient
pu brûler Naples. Sous les fenêtres de la Fioresteria, d’où il
haranguait le peuple , la g-arde royale était encore armée
derrière les grilles fermées du palais. L’infanterie de marine
grondait à l’arsenal et se montrait hostile. Les canons du
Carminé pouvaient mitrailler la voiture du dictateur, comme
ils ont commencé à mitrailler le peuple le soir même du
premier jour.
» Et cependant Garibaldi a passé vingt fois à travers la
foule, en voiture découvorië. Il est resté tout une soirée au
théâtre Saint-Charles, illuminé pour lui. Le wagon qui l’a
roulé de Salerne à Naples était peuplé d’inconnus. Il s’est
rendu dimanche au chatoau Saint-Elmeavee un petit nom-
bre d’offleiers, et il a licencié la g-arnison le plus simple-
ment du monde. Et pas une balle sanfédiste n’est venus
siffler autour de lui. On prétendait hier au soir qu’en des-
cendant de Saint-Elme, sur la route de Capodimonte, il
avait été assaili par un soldat aussitôt massacré. La nou-
velle a été démentie. Il s'agit simplement d’un paysan du
Vomero qui, sortant d’une haie armé d’un couteau, aurait
voulu forcer quelques hommes à crier ; Vivent les Bourbons!
Un coup de fusil l’a tué raide.
» Le Journal officiel publie une protestation de M. La
Cecilia, émigré napolitain récemment arrêté en Basilicate.
Cetto protestation est curieuse par l’aveu qu’elle contient. Il
ressort de ce document que M. La. Cecilia avait été chargé
par le ministère de Naples, ou tout au moins par MM.Manna
Spinelli et de Martino, de faire à. Garibaldi, de la part d u
gouvernement, les propositions suivantes : Passage par les
Pouilles et par les Abruzzes pour attaquer les Marches et
l’Ombrie ; — permission de recruter des volontaires dans le
royaume ; — transports et vivres pour le même objet ; _______
cinquante mille soldats et la flotte pour délivrer Venise’; _
trois millions de ducats payés comptant — A ces conditions,
Garibaldi devait s’engager à ne point attaquer la partie con-
tinentale du royaume.
» Est-ce assez honteux ?
» Je ne yeux pas insister sur ces turpitudes. La conduite
du ministère pendant les derniers jours de" la monarchie,
les défections de l'armée, les déroutes et les débandades de
la Calabre, les soldats entraînés le soir dans des défilés où ils
se réveillaient cernés par les garibaldiens, l'argent emporté
par tous ceux qui ont vendu leur roi, puis quitté Naples ; la
comédie jouée par la marine tout entière, excepté par le
Véloce, qui a du moins le courage de sa trahison; toute cette
déroute universelle, qui a épargné du sang peut-être, mais
qui essaie en vain de se justifier en faisant sonner le nom
de l’Italie, car c'est une lâcheté militaire obtenue à prix d’or.
— Tout cela brouillerait pour toujours les cœurs généreux
avec la cause de la révolution, si l’indignité de quelques-uns
suffisait pour déshonorer les idées éternelles.
» Les Calabrais sont des hommes. Ceux qui les ont vus
sous les armes (M. Maxime Du Camp, le comte Téléki, etc.)
annoncent qu’ils seront soldats. Quand les patriotes sont
arrivés à Catanzaro, vingt mille citoyens sont arrivés
à leur rencontre se prosternant devant eux et se traî-
nant sous leurs chevaux Ailleurs des vieillards pleuraient
leurs fils, morts trop tôtpour voir cette délivrance. A Maïda,
les patriotes ont trouvé la ville entière en armes; les femmes
portaient des fusils et savaient s’en servir. L’enthousiasme
éclatait partout, et non pas seulement en paroles. Des popu-
lations entières étaient prêtes à marcher. Ils criaient résolu-
ment, ces hommes de cœur : Nous vous suivrons jusqu’à
Venise. — Et ce n’étaient pas de vains mots, ils marchent.
On en voit déjà beaucoup à Naples; ils sont vigoureux et
résolus.
» Ceux de la Grande-Grèce forment una race à part, une
légion d’hommes fiers et sérieux, qui doivent être stoïques.
Naples, en ce moment, estune villeétrange.oùces soldats de
tous pays, do toute langue, se rencontrent au service d’une
belle cause, accueillis par le peuple comme des sauveurs,
égaient l’esprit d’un sentiment chaud et jeune. On peut mé-
priser les conquis et regretter la conquête, mais ou ne peut
qu’admirer les conquérants.
» La division Türr.ou du moins une brigade de cette divi-
sion, arrivée avant-hiar, est repartie le jour même pour la
province d'Avellino,où des paysans communistes ont attiré
des gardes nationaux dans un guet-apens et les ont tués
avec une barbarie féroce. Je n’ose répéter ce qu’on raconte
des mass/.cres d’Ariano : c’est monstrueux.
cause, mais rigueur inflexible pour châtier les scélérats.
Cette rigueur s'exerce avant tout sur les volontaires. Trois
d'entre eux, à Messine, maraudaient du raisin dans une
vigne. Ils fuient surpris par un de leurs généraux qui sur-
le-champ, de sa main, leur brûla la cervelle à tous trois.
pauvre de Flotte. U
Je n'ai jaS/auT
Onm.u^^iimaté la -
disait un màtm, après le'débarquement :
tué personne; le premier (que Je tuerai me portera-mal-
heur. S Lo jour môme, à Reggio, il fit tomber deux NaAr-
lilaiusà ses pieds. Un moment après, il tombait lui-môme*.
»jOu ne pai|e.plus de Françoi^IL. J’entends affirmer qoll
n'est plu/s à Gaëte.On ditqueCapoups’est rendue, maisoudit
mai. Garibaldi concentre ses solfiatsfet rassemble ses JlMces.
Les p'airioteSm’àuèndent aucune résistance de oe côtô-Uu.
Ils ne songent qu’aux Romagnes. Ils espèrent des combats
sérieux. Ils ne rient pas, comme les Napolitains, de M. de
Lamoricière. Us lui reconnaissent de grandes qualités mili-
taires; ils iui croient des soldats résolus. Il ne faut pas se le
dissimuler, là aussi l’on combat pour une idée. Appelez cette
passion fanatisme, ce u’enest pas moins une passion qui a
produit des héros et des martyrs. Là du moins nous aurons
une gmorre.
» P.-S. — J’entends parler d’une descente de 7.000 Pié-
montais ici. — M. de Lamoricière aurait pris l’offensive et
franchi la frontière. Je note ces bruits pour prendre date ;
mais ou n’a enooreaucun détail officiel à ce sujet.
Ün trait bien napolitain ; force jeu fie gens du pays
s’étaient affublés de chemises rouges,. Pour eux tout Gari-
baldi était là. La police vient d’abolir cette licence. La che-
mise rouge est uniquement réservée aux soldats du dic-
tateur. »
La proclamation suivante a été adressée aux populations
des Marches et de l’Ombrie par les membres du comité des
deux pays ;
« Habitants des Marches et de l’Ombrie !
i> Voilà un au que tous ensemble nous protestons haute-
ment contre le gouvernement du pape ; cette protestation
n’est point le rugissement d’un peuple qui confie ses droits
à la raison des armes, et dont le salut a été étouffé dans le
ang.
■> Ces temps qui se sont écoulés ont été tristes pour vous
qui ôtes demeurés sur le sol natal, mais aussi pour nous oui
avons vécu, non sur la terre d’Italie, mais sur la terre d’exil.
Ces temps seront pour nous un souvenir douloureux. Des
Alpes à l’Etna le drapeau italien vous entoure de tous les
/côtés, et l’Italie libre vous tend une main fraternelle.
» Levez-vous donc, levez-vous ! et que le cri qui a été si
longtemps étouffé dans votre poitrine retentisse aujourd’hui
sur vos montagnes, dans vos vallées, et annonce à vos frères
opprimés qu’une autre tyrannie est éteinte et tombée et que
la iésurrection d’un autre peuple va s’opérer. L’Europe a
prononcé, tardivement son jugement sur le pouvoir tempo-
rel des papes et la balance divine penche du côté des droits
/des peuples longtemps foulés aux pieds ; cessons d’être les
ilotes de la cour de Rome. Levez-vous !
» La haine et la fureur d’un peuple qui veut secouer les
chaînes d’une servitude séculaire sont redoutables etirrésis-
tibles et vos armées bénies par l’ange de la liberté seront les
ministres de votre sainte et nationale vengeance. Nous
serons unis dans le combat. Dieu et le monde seront avec
nous.
» VivelTtalie! Vive Victor-Emmanuel !
» Des Romagnes, en septembre 1860.
» Les membres du comité Ombro-Marcliien.
ORIENT.
INCIDENT DIPLOMATIQUE.
On écrit de Constantinople au Nord :
« Vous n’ignorez pas qu’en montant sur le trône Abdul-
Medjid avait le droit d’étrangler son frère. La loi ottomane
et un usage religieusement observé de temps immémorial
l’y autorisaient. Il ne l’a pas fait. Son âme s’est ouverte aux
sentiments tendres. Il a laissé vivre AdbulAzis. Il lui a
même donné la liberté de sortir de l’enceinte du sérail et de
so montrer en public.
» Il paraît que l’ambassadeur britannique, désespérant
d’obtenir du sultan le ministère exclusivement composé
d’hommes dévoués à l’Angleterre qu’il lui demande en vain
depuis’si longtemps, aurait jeté les yeux sur Abdul-Azis et
envisagé sou élévation au trône comme un de ces hasards
providentiels qui viennent parfois utilement servir la politi-
que d’un gouvernement. Les premiers soupçons qu’on avait
conçus furent confirmés par le langage impérieux et hau-
tain qu’avait tenu sir Henry Bulwer au sultan, dans une
audience, le 17 août, et par l’insistance avec laquelle il avait
réclamé la nomination de Méhémet-Ali-Pacha en qualité de
grand-visir et celle d’Omer-Pacha au séraskiérat. Or, vous
savez que ces deux personnages ne font qu’un et quo Méhé-
met-Ali-Pacha, beau-frère du sultan, a déjà été soupçonné,
il y a plusieurs années, d’avoir voulu détrôner Abdul-Medjid.
» Quelques jours après.cette audience, un incident se pro-
duisit, qui était de nature à aggraver singulièrement les
craintes du souverain de la Turquie. Abdul-Azis, informé
que dans la soirée du 25 la police avait constaté à la tombée
du jour la présence de l’ambassadeur anglais sur son bateau
à vapeur, s'empressa d’envoyer le lendemain au sultan, dans
la matinée, un message par lequel il l’avertissait que sir
Henry Bulwer ayant îa veine au soir accosté son bateau,
avait manifesté le désir de le visiter, était monté à bord et
avait dit qu’il lui serait agréable de s’en servir pour une ex-
cursion dans le Bosphore. Ce message, qui témoignait d’ail-
leurs de la loyauté de sou frère, fut pour Sa Hautesse un
trait de lumière. Aussitôt Abdul-Medjid fit appeler ses mi
nistres leur communiqua ses craintes, et ceux-ci lui décla-
rent, qu’en effet, depuis quelque temps, sir Henry Bulwer
cherchait à établir des rapports avec Azis-Effendi par l’inter-
médiaire d’un médecin qu’il avait attaché à sa personne, en
même temps qu’à celle d’Omer-Pacha, et qui se trouvait
être précisément le frère d’une dame en relations d’amitié
avec l’ambassadeur.
On comprend ce qu’une telle révélation devait produire
sur l’âme très-impressionnable du sultan. Il était encore eu
proie à la plus vive émotion lorsqu’on vint lui annoncer
l’arrivée de l’ambassadeur d’Angleterre, accompagné de lord
Dufferin, commissaire britannique en Syrie, qu’il avait ob-l
tenu la permission de présenter quelques jours auparavant.
Ce fut un véritable coup de théâtre. Abdul-Medjid sut so
contenir, prit un visage sévère, reçut les deux visiteurs, dit
quelques mots à lord Dufferin, et lès congédia bientôt. L’au"
dience avait été courte et toute chargée de l’orage qui allait
éclater; A peine sir Henry Bulwer et lord Dufferin étaient-
ils sortis du salon d'audience que le sultan, rappelant lui-
même à grands cris M. Pisani, drogman de l’ambassadeitf,
lui dit avec une colère que rien no pouvait plus contenir; ’
« Votre ambassadeur se conduit avec moi d’une manière
indigne. Je sais qu’il conspire contre ma personne. Qu’ii'fto
paraisse plus devant moi, car désormais je cesse de le consi
dérer comme ambassadeur de la reine d’Angleterre. » l-
» Un tel éclat ne pouvait pas manquer de retentir dafis
l’intérieur du palais. Il est déjà connu au dehors de plusieurs
personnes. Sir Henry Bulwer a été obligé de faire parveni
au sultan, par l’intermédiaire du grand-visir qu’il voulait
renverser, une note par laquelle il se justifie,en disant qne
s’il était monté sur le bateau d’Azis-Effendi, c’est par suite
d’une méprise involontaire, car il croyait que c’était le bft-
teau d’Elhami-Pacha, fils de l’ancien vice-roi d’Egyp’to
Abbas-Pacha. Cette justification semble un peu forcée, car
ce n'est point à la nuit que l’on visite les pyroscaphes, etfla
présence constatée de Marco-Bey,le médecin d’Azis. sur le
pont du bateau, rendait une confusion bien difficile. Mais
on prétend que l’ambassadeur ajouta à sa note un posl^
scriptum par lequel il déclarait que, si ces excuses, telfés
quelles, n’étaient point acceptées, il quitterait Constantino-
ple avec toute son ambassade. Ce post-scriptum a décidé lés
ministres, qui, ont a leur tour décidé le sultan à les accepter.
» Le général Tfirr , l’homme le plus sympathique de
l’armée, compte faire un exemple terrible. C’est le système
de Garibaldi.- douceur extrême pour convertir le peuple à sa
CHINE.
On lit dans la Patrie :
Nos dernières nouvelles de Chine nous apprennent que les
transports à vapeur le Japon etl'European, ajant à bord
une partie des canonnières en fer destinées à opérer sur les
fleuves, avaient mouillé le 19 devant Shanghaï, venant du
Toulon. Ils devaient repartir le lendemain pour Tche-Fou,
sur legolfe du Petclii-Li, où se trouvait le général deMon-
tauban. Trente-huit navires de guerre français étaient déjà
rendus au mouillage de Tche-Fou, et l’attaque des ouvrages
du Peï-Ho par les forcescombinées de France etd’Angleterre
était fixée, dit-on, au 25 juillet. .
Le troisième transport à vapour, le Weser, se trouvait au
Petclii-Li. Après avoir mis àterre les canonnières en fer qu’il
avait à son bord, il devait repartir pour Suez afin de pren-
dre un corps de 1,200 hommes envoyés de France au géné-
ral de Montauban pour combler les vides de son armée. Ces
troupes sont on ce moment dans le port d’Alexandre, sur les
deux frégates àvapeurl’£/Wo«et l'Eldorado. D’après les der-
niers avis, le Weser était attendu à Suez vers le 20 sep-
tembre.
MELLES DE INTERIEUR.
Chronique Anversoisc ct faits divers.
Le public a été aujourd’hui victime d’une mystijî-
catiou qui n’a eu dureste d’autre inconvanientque celui
de forcer les curieux à faire une promenade sur les
bords de l’Escaut. Quelques mauvais plaisants avaient
fait courir le bruit que les pontonniers devaient jeter
aujourd’hui pour la seconde fois leur pont de bateaux
sur l’Escaut. Les amateurs de ces exercices guerriers
s’étaient donc rendus en foule sur le quai dans l’espé-
rance de passer à la tête de Flandre sans emprunter
le bateau à vapeur. Vain espoir, les pontonniers sont
restés invisibles et pendant que les curieux les cher-
chaient sur le fleuve, ils étaient paisiblement occupés
à emmag-asiner dans l’arsenal leur équipage de pont.
Si nous sommes bien informés le pont de bateaux
ne serait de nouveau jeté que pendant le séjour du
lieutenant-général Dupont, qui, comme nous l’avons
annoncé hier, arrive à Anwrs le 23, pour inspecter le
4m« d’artillerie, l’école de pyrotechnie et lé corps des
pontonniers. L’inspection de ce général durera jus-
qu’au 27.
Les mêmes plaisants avaient également annoncé
pour aujourd’hui de grandes manœuvres à l’Espla-
Tijgg;; 6,000 homMgjLdevalent, disaient-ils, y prendre
parti Au lieu de cet|olmasse imposante, commandée
par.un général-majors les curieux ont dû se contenter
devoir 300 soldats environ exécuter la charge eu douze
tèm#s sous le commandement de. leurs sergents-in-
structeurs:
r|«^.Mel'œréiLprschalu, à 6 heures du soir, il y aura,
à la Société Royale de Zoologie, concert d’harmonie,'
exécuté par la musique du 3m“ régiment de ligue!
dirigée par M. Westhoff.
— Un porte-monnaie, contenant quelques francs,
a été trouvé à la Grand’Place. La personae qui l a
perdu peut lo réclamer au bureau du commissaire de
la 4m“ section.
— La personne qui a nerdu une clef de secrétaire
peut la réclamer au bureau du commissariat de la 4»
section.
1 — La police a arrêté lanuitdernière deux villageois
en goguette qui s’amusaient à tirer les cordous de
sonnette des maisons qui se trou vaient sur leur passage.
— La nuit dernière un individu qu’on dit être ba-
telier, est tombé dans les nouveaux bassins, et s’y
est noyé. Ce matin on était occupé tà rechercher le
cadavre.
- Un ouvrier est tombé, samedi soir, dans les nou-
veaux bassins et s’y serait infailliblement noyé, si M.
Stappaert, chef éclusier de ce bassin, ne s’était jeté à
l’eau et n’eût eu le bonheur de le sauver.
- Hier soir un individu s’est pris de querelle avec
une femme dans la rue des Gaillous. Cinq autres
matrones sont venues au secours de la première et sont
tombées toutes ensemble sur le quidam qui n’a pu se
tirer de leurs mains qu’avec la figure labourée de
coups d’ongle.
- Plusieurs rixes ont encore eu lieu ; dans Tune,
ruelle du Livre, un des combattants a été grièvement
blessé à la tête et transporté ù l'hôpital. L’autre a eu
lieu au marché au Bétail entre quatre jeunes gens qui
s’étaient pris de querelle en jouant au billard.
- Ce matiu 3 wagons chargés de pierres, desti-
nées ù la maçonnerie du fort n° 3, étaient traînés
sur la voie ferrée par deux chevaux. Arrivés près de
leur destination, les chevaux s’emportèrent ; le
nommé Van Bierbeeck , ouvrier terrassier, voulut
les retenir, mais il fut renversé et malheureusement,
les wag'gons lui passèrent surles jambes, Il a été trans-
porté à l’hôpital affreusement mutilé.
— Des soldats de différentes armes se sont battus
hier soir dans la rue de la Cuiller; les sabres ont été
tirés et trois militaires ont été, assure-t-on, assez
grièvement blessés.
— Ce matin,à 9 heures,ont eu lieu à l’ég-lise St-Paul,
les funérailles de l’adjoint de police pensionné Tous -
saint. Une grande partie do la police locale y assistait.
— On comptait aujourd’hui au marché au bétail,
220 têtes, savoir : 27 bœufs, 30 bouvillons, 110 vaches
et 53 génisses. — Vente active et prix soutenus.
— On nous écrit d’Oorderen :
Avant hier soir, on a retiré d’un puits le cadavre de
la nommée Cornélie Pittoors, qui s’y était précipitée le
matin même. On ne connaît pas la cause de ce suicide.
— La Société de ta Grande-Harmonie de Bruxelles offrira
aux artistes qui ont pris part à l’Exposition des beaux-arts
une grande fête dansante, qui aura lieu le dimanche 23 de
ee mois, à 9 heures du soir.
— Le jury institué en vertu de l'article 3 de ta loi du 11
juin 1850, vient de terminer ses opérations. Vingt et un
récipiendaires étaient inscrits pour les examens de candidat
vétérinaire; una été admis avec grande distinction, sept
avec distinction, six d’une manière satisfaisante, et sept ont
été ajournés.
Seize récipiendaires étaient inscrits pour les examens de
médecin vétérinaire ; un a été admis avec la plug grande
distinction, trois avec grande distinction, trois avec dis-
tinction, cinq d'une manière satisfaisante, et quatre ont été
' ajournés.
— MM. les questeurs de 1a Chambre des représentants
ont mis à profit les vacances parlementaires pour faire exé-
cuter d’importants travaux destinés à rendre parfaite la
ventilation de la salle des séances.
— On écrit de Termonde, le 14 septembre :
» Hier, vers quatre heures de relevée, les paisibles habi-
tants du charmant village de Grembergen ont été troublés au
milieu des réjouissances de leur kermesse par un incendie
des plus violents, qui a éclaté dans la belle distillerie du
médecin Simonart, bourgmestre de la commune.
» Malgré les prompts secours organisés par les habitant*
de l’endroit, des villages environnants et de cette ville. Ton
n’a pu maîtriser les progrès du feu.
» M. le chevalier de Waepenaert. premier écbevin de la
eommnne, a réclamé sur-le-champ l'assistance de nos pom-
piers et de notre gendarmerie.
» Une demie heure ne s'était pas encore écoulée, qu’ils
étaient sur io lieu du sinistre, et, grâce à la promptitude,
le dévoue ent et l'intelligence dont ils n’ont cessé de donner
preuve dans la manœuvre des pompes envoyées par les
autorités de Termonde, le feu était dominé troislieures après,
» La distillerie, la moisson, 3 bêtes à cornes et 2 porcs
sons devenus la proie des flammes.
» Le chiffre des pertes est évalué de 10 à 12 mille francs.
» Les bâtiments seuls étaient assurés.
b La cause do cet événement déplorable reste encore
inconnue, b
— Des journaux publient ta lettre suivante que M.Wiertz
aurait adressée à M. le bourgmestre de 1a ville de Dinant :
M. le bourgmestre,
Là où ta liberté d’un peuplefut menacée, l’histoire raconte
des merveilles du courage des femmes. Dans 1a circonstance
que nous redoutons, nos dames seraient-elles moins grandes
que celles de Tbistoire? En douter serait leur faire injure.
Etablissons, donc, s’il se peut, des cibles où les dames puis-
sent s'exercer; ouvrons des concours où des prix leur seront
offerts.
La moitié d’une population ge compose de femmes ; n’est-ce
pas là une puissance formidable? Chaque femme a deux
bras, chaque bras peut s’armer d’un revolver, chaque revol-
ver peut contenir une balle destinée à punir le soldat enva-
hisseur qni porterait son audace jusqu’au foyer domestique.
Les femmesne combattent point sur le champ de bataille,
mais elles peuvent défendre l’inviolabilité de 1a famille.
Si mon idée.M. lo bourgmestre,est quelque peu réalisable,
je serais bien fier de voir ta ville de Dinant prendre encore
l’initiative et faire appel. Tan prochain à la pins belle moitié
de la Belgique.
Je m’inscris d’avance parmi les donateurs; j’offre de re-
présenter l'héroïne du concours, les armes à 1a main, l’atti-
tude assurée et à la manière antique, le front couvert d’une
couronne de lauriers.
Agréez, etc. Signé ; wiertz.
— On écrit de Charleroi :
« Les usines à briquettes de Madame veuve Couillard
Fautrel. ses fils et neveu, à Boulfioulx, étaient hier pavoi-
sées aux couleurs nationales et françaises. Tous les ouvriers
étaient en fête.
b Le sujet de ces réjouissances était la mise en train du
nouvel appareil pour la fabrication des briquettes de char-
bons agglomérés, construit dans les ateliers de M. Hanfez,
à Monceau-sur-Sambre. Les trois machines à vapeur et les
machines nécessaires à la fabrication des briquettes qui
composent cet appareil remarquable, par sa g-rande simpli-
cité et en même temps par l'ingénieuse combinaison des
mouvements qui rend inutile la main de l’ouvrier, ont été
successivement mises en train par M. Hanrez.
b L’habile directeur de l’usine, M. Arcliereau, l’accompa-
gnait dans cet essai qui a réussi de manière à ne rien laisser
à désirer et les produits de ta fabrication, au dire des con-
naisseurs, sont des plus beaux sons tous les rapports, b
— Nous lisons dans le Journal de Binche et du Centre :
« La Société charbonnière du Bois-du-Lue vient de ren-
contrer par un forage qu’elle a établi au Havré une veine
de Charbon de 6-90 centimètres de puissance. Cette décou-
verte prouve suffisamment que le bassin houiller du Centre
n’est pas encore entièrement connu, b
— Un journal de Tournai, T Economie, annonce pour le 30
septembre, à Tournai, des manifestations qui semblent
devoir dépasser, par le concours des campagnes, ce qu’on
avait imaginé jusqu'à présent.
Une cavalcade de 2,000 cavaliers serait fournie par les
cultivateurs du Tournaisis; de plus, un cortège de chars
chargés et ornés de tous les emblèmes de l’agriculture serait
organisé.
Plus on approche du jour fixé, dit l'Economie, plus l’en-
thousiasme paraît grandir.
— Une grève qui vientd’éctateràNottingham(Angleterre),
nous a fait connaître une circonstance assez curieuse, c’est
que dans cette ville, un grand nombre d'ouvriers fabriquent
des dentelles de Malines.
— Un épouvantable sinistre vient d’avoir lieu dans 1a Bal-
tique. Un clipper de la marine impériale russe faisant partie
de l'escadrille de l’amiral Popow, le Plastoun, qui revenait
des bords de l’Adour, a sauté a la hauteur de Tîle de Goth-
land. Le commandant, capitaine Disterlo. quatre officiers et
une soixantaine d’hommes ont péri. Une trentaine de mate-
lots ont pu être sauvés. On ignore encore comment le feu a
pu prendre à la sainte-barbe. Ce triste événement prouve
une fois de plus combien 1a dIus rigoureuse discipline est
nécessaire en mer, car il est évident que ce malheur n)est
provenu que des suites d’un regrettable relâchement de sur- |