Full text |
fSÆO. — Hr.° AWV15RS-, Mercredi 9 DéceBnlire*
Cfiugafèntc Année
LEPRECI]
■i m
kM
âs-s?*
I
I ;•; ,
•
L_ ■ -
*%)•**»:
On s’abonne : à Anvers au bureau
du PRÉCURSEUR, Bourse Anglaise,
N.o 1040 ; en Belgique et 3 l’étranger
chez tous les Directeurs des Postes.
JOURNAL POLITIQUE, «MAL, MARITIME ET
LITTÉRAIRE.
Abonnement par trimestre.
Po« r Anvers, 15 francs; pour la pro-
vince, 18 frs. ; pour l’étranger,20 fis.
Insertions centimes 25 par ligne.
PAIX. — LIBERTÉ. — MIOGRÈS.
SiEæWRW»
S décembre.
IiA FBAIVX'E.
L’astre de la France pâlit ! — Le pouvoir s’y épuise dans uneguerre
de mots puérile et honteuse. — Ce n’est plus cette lutte ardente entre
les principes, entre les idées gouvernementales, ou même entre les
passions qui souvent déchirent les peuples mais qui les retrempent;
non, c’est un pitoyable combat d'homme à homme, d’ambition à am-
bition, c'est une rivalité de personnes qui depuis dix ans passent et
repassent infatigables devant des populations agitées, malheureuses
et dont les intérêts sont sans cesse sacrifiés. — L’anarchie s’est
introduite au sommet de l'édifice. — Chacun déclame et réclame,
récrimine coutre son ami d hier, calomnie son ami de demain. — C’est
un chaos révolutionnaire pire que dans les plus mauvais jours de la
révolution. — C’est l’inconsistance, la faiblesse du Directoire, moins
un Bonaparte en perspective; car, il n’y a plus de drapeau pour rallier
les hommes d’élite. — La division est profonde, elle a sa base dans un
vice, l’égoïsme; et la France pour sortir de cette calamiteuse situation
n’aurait-elle plus qu’à choisir entre une diversion quand même à l’ex-
térieur ou une réforme politique; c’est-à-dire, entre une guerre géné-
rale ou une révolution? Ce serait fort triste et nous aimons toujours à
espérer le contraire.
Quelques mois à peine ont pourtant suffi pour ameuer cette fatale
alternative chez une nation qui naguère encore était grande et puis-
sante et qui régnait sur le monde par son intelligence. — Aujourd hui,
elle est exclue des congrès de l’Europe. Sa rivale, son éternelle rivale
triomphe sur tous les points où elle a besoin d’agrandir son influence,
et le peuple français assiste l’arme au bras à cette millième spoliation
britannique et aux préludes qui décideront des destinées de 1 Orient,
de l’équilibre du monde. Il ne fait rien que gémir dans sa force, il ne
peut rien que condamner ses historiens à transmettre celte incompa-
rable longanimité à l’étonnement des générations futures.
Oh ! oui, la France a décliné depuis les deux derniers mois; mais
avant de dire comment, nous avons besoin d’expliquer que, si nous
avons constamment désiré la paix, nous avons aussi désiré quelle ne
fût point blessante pour la France ; car nous avons la conviction pro-
fonde qu'il est impossible de séparer la cause et la révolution françaises
de la cause et de la révolution belges, les principes des deux peuples
sont solidaires. Que la France soit déchirée par l’anarchie ou par
l’étranger, nous devons tyranniquement en subir les conséquences.
L’Europe d’aujourd’hui est un régime politique où les grandes puis-
sances disposent insolemment et impunément des petites, et comme
nous ne sommes point encore un peuple qui rayonne de lüi-même,
comme nous n’en avons ni les éléments ni les ressources, nous ne pour-
rons vivre long-temps de notre vie d'affranchi, si la France descend
du rang où. en dépit de grands malheurs et de grandes fautes, la Pro-
vidence a toujours daigné la placer depuis Charlemagne.
Quand le bruit du traité du 15 juillet se répandit en Europe, une ré-
probation universelle se manifesta contre la défection anglaise. Par-
tout l’indignation publique accueillit cet acte de duplicité. Les nouvelles
alliances de lord Palmerston devaient rompre tout-à-coup les derniè-
res barrières qui restaient debout contre le mauvais vouloir des puis-
sances absolutistes envers les principes de liberté populaire. Le fruit de
luttes et de sang répandu pour celte cause sainte, pouvait être perdu,
l’équilibre du monde, menacé, et la force seule venir briser ce que tant
d'énergie et de labeurs avait conquis, ce que le temps avait sanctifié.
— Aussi ce fut comme une commotion électrique dans toute la France.
L’instinct national avec son œil d’aigle, avait d’abord fouillé dans les
entrailles de cette monstrueuse alliance. Elle avait vu ce qui y était et
ce qui pouvait y être, et la France calme et forte mesura d'un seul re-
gard les forces immenses dont elle pouvait disposer. Elle avait B ou
600 mille soldats à réunir. Elle avait deux millions de gardes na-
tionaux pour appuyer cette armée et pour y remplir toutes les trouées-
Elle avait une marine puissante dans la Méditerranée. Elle avait la
vaillance de ses enfants et la puissance de ses idées. Elle avait le glaive
et la parole pour défendre à outrance son drapeau civilisateur. —
Alors, en se comptant avec orgueil, les Français de tous les partis se
serrèrent la main avec enthousiasme au cri d’union et de patrie ! —
Qu’un homme fut alors venu pour organiser et guider celte émotion
universelle et il eut pu tout entreprendre, tout oser, tout espérer.
M. Thiersa tenté ce rôle qui, hélas!n’était point à sa taille. — Pen-
dant quelque temps nous l’y avions cru appelé, mais sa conduite nous
a désabusé. Nous fermerons toujours l’oreille à toutes les grandes et
basses calomnies dont cet ex-ministre a été lâchement accablé, mais
nous avons besoin d’explications pour nous rendre compte de ses là-,
tonnemenls, de son énergie promptement fatiguée,de l’élasticité de ses
principes, de la faiblesse de son earactère devant les captations royales.
— Avec une âme plus fortement trempée, plus largement patriotique,
il n’en serait pas moins tombé, sans doute, car Louis-Philippe l'avait
décidé; mais descendu du haut de sa position élevée avec celle belle
auréole que donnent les défaites par civisme. Il eut arraché ce respect
que décerne la foule aux fortes volontés vaincues. — Mais en cédant
peu-à-peu, jusqu’à sa note du 8 octobre qu’on peut nommer le der-
nier cri d’une énergie mourante, il a flétri sa couronne de chêne, il a
déchiré de ses propres mains le glorieux bill d’indemnité que lui eut
voté la nation pour avoir disposé en dictateur de ses hommes et de ses
trésors en vue de son honneur national. — Cette note fatale émanée de
la plume de M. Thiers était un suicide. Comme ces malheureux que le
vertige éblouit devant un gouffre, il s’est précipité de peur de tomber.
— Sa chute a retenti dans les esprits, mais elle a été sans gloire, car
elle n’a eu de l’écho, ni dans les cœurs ni dans les sympathies.
Qu’avons-nous vu depuis ? De tristes palinodies, d’incessantes con-
cessions. Tout s'est amoindri La presse, unanime au jour de l’in-
sulte, s’est divisée. Le pays, unanime au jour de la trahison anglaise,
s’est divisé. La réflexion, ce poison des grands enthousiasmes, a fait
calculer,supputer, reculer. Les mtérêtsmoraux,cette richesse suprême
de la Patrie.se sout effacés devant les craintes mesquines des égoïsmes
partiels. La chambre des députés en est arrivée au point de s’indigner
de ce que le pays se soit tant ému. Il est parmi ses membres des hom-
mes qui disent que la France est folle. Il en est qui vont jusqu’à affir-
mer que c’est sa politique qui a insulté les puissances.. C’est ainsi que
les hommes froids s'aveuglent quand leurs intérêts matériels ou d'am-
bition périclitent. Nous ne nous en étonnons pas, quand la modération
se passionne, elle frise souvent la démence.
La situation a cela de pénible qu’elle n’a point d'issue...Que les An-
glais obtiennent tous les résultats qu’ils désirent et la politique fran-
çaise ne réclamera pas. — Le maréchal Soult a beau prononcer à la
chambre de nobles et pompeuses paroles, elles ne t rompent personne.
— L’illustre duc de Dalmalie a d’ailleurs été inhabile, selon nous, en
rappelant dans celte circonstance l’accueil qu’il avait reçu en.Angle-
terre. Ce n otait certes pas en l’honneur de la dynastie d’Orléans, car
le duc de Nemours a passé complètement inaperçu dans cette circon-
stance. Ce n'était point non plus tout—à-fait par amitié pour la France.
C’était bien plutôt par haine pour la Russie; car à cette époque la
nation anglaise intelligente aussi de ses grands intérêts coloniaux et
asiatiques, avait parfaitement l’instinct des dangers futurs dont la me-
naçait la puissance moscovite, et la plus profonde animadversion pour
la Russie excitait le peuple anglais à cette excessive déférence pour le
vieux maréchal —Là France doit donc être doublement blessée de ce
prompt revirement dans la politique anglaise quelle doit à la faiblesse
ou à l'incapacité de son gouvernement, et qui ta laissera infaillible-
ment sur le second plan, tant qu’elle n’aura pas pris quelque grande
et dangereuse initiative.
Voilà la situation de la France en ce moment. Isolée au milieu des
peuples,sansunseul/wmme-drapeawqui égale même une de ces hautes
capacités consacrées dont disposent l’Autriche, la Russie et l’Angle-
terre; gonflée de soldats, d’armes, de vaisseaux et d'une activité dévo-
rante éternellement comprimée ; repoussée par l'absolutisme dans le
Nord, par le constitutionnalisme en Angleterre, par le républicanisme
monarchique en Espagne, sans alliée , sans une seule amie véritable,
mais crainte cependant, mais lionne encore et dangereuse à qui la tou-
che. Telleest aujourd’hui! état de ce grand empire dont Napoléon avait
fait une Rome moderne. — Etait-ce bien là le moment de faire ar-
river cette grande ombre aux invalides? El la prudence, que le gouver-
nement de Louis-Philippe croit si bien comprendre, ne lui crie-t-elle
pas quelquefois à l’oreille que, par cette intempestive glorification, le
seul appui qu’il a aujourd’hui, l’armée, pourrait bien lui faire défaut?
Car, enfin, qui sait ce que produiront sur elle les enivrantes émanations
qui sortiront de cette tombe ?
r bsa
Paris, 30 novembre. — On lit dans le Temps:
«On assurait hier soir qu’une modification ministérielle allait faire
» sortir du cabinet MM. Guizot et Yiltemain, pour les remplacer par
» MM. Passy et Dufaure. »
On peut être assuré que cette nouvelle du Temps est fausse de tout
point.
— Ce matin on a commencé à dresser sur la plate-forme de l’arc de
triomphe, à la barrière de l’Etoile, la charpente qui doit supporter les
grands décors représentant l’apothéose de Napoléon.
Dans la grande avenue des Champs-Elysées, depuis la place de la Con-
corde jusqu’à la barrière de l’Eloile, on est en train aussi d’ériger des
piédestaux de quatre mètres d’élévation, destinés à supporter des fi-
gurés de victoires, de généraux et des aigles. Entre chacune de ces
figures.au nombre de trente-quatre sur chaque côté de la chaussée, on
ménage un espace pour l’érection d’une colonne. Enfin, à l’hôtel des
Invalides, en avant de la grande façade principale décorée de la statue
équestre de Louis XIV, de chaque côté de l’allée qui conduit de la grille
à la cour royale, seront placés dix nouvelles figures qui feront suite aux
trente-deux statues colossales dé l’esplanade.
— Nous sommes autorisés à rectifier les assertions erronées de plu-
sieurs journaux, qui ont prétendu que les cours d’Italie, et notamment
celle de Florence, avaient refusé de recevoir la reine Marie-Christine
d'Espagne. Nous pouvons assurer, au contraire, que celle dernière
cour, dans l’espoir d’être honorée de la visite de Sa Majesté, immédia-
tement après son Séjour à Marseille, avait donné les ordres nécessaires
pour qu’elle fût reçue en Toscane avec les honneurs dus à son rang, et
il est certain qu’en même temps que plusieurs journaux de Paris an-
nonçait le pretexte du refus du grand-duc, des lettres de ce prince at-
tendaient la Reine Christine à Livourne pour lui exprimer le vif désir
de toute la famille grand-ducale de la voir se rendre au plus tôt à Flo-
rence. (/. des Débats )
— Quelques groupes de désœuvrés ont parcouru hier les boulevards
en chantant la Marseillaise; quelques arrestations ont eu lieu aux bar-
rières, mais la tranquillité n'a pas été un seul instant sérieusement me-
nacée.
— M. Desessarts, administrateur-gérant de la Demie démocratique, a
comparu aujourd’hui devant la cour d’assises de la Seine.
Après une demi-heure de délibération, le jury a déclaré M. Desessarts
coupable d’excitation à la haine et au mépris du gouvernement, d’ex-
citation à la haine entre diverses classes de citoyens, d’apologie de faits
qualifiés crimes par la loi, d’attaque contre la propriété, d’attaque con-
tre les droits que le roi tient du vœu de la nation française et d’outrage
à la morale publique.
La cour l’a condamné à 3 ans de prison et 0,000 fr. d’amende et a or-
donné la destruction des exemplaires saisis.
(Correspondance particulière).
Toulon, te 26 novembre.
Les dépêches apportées par l’Euphrate ont été immédiatement trans-
mises à Paris par estafette; le préfet maritime en a envoyé une analyse
par te télégraphe.
Les vaisseaux de l’escadre du Levant ont successivement mouillé en
rade hier, de 3 à 7 heures du soir; ou ne leur a donné l’entrée en libre
pratique que ce matin.
' Notre rade présente un aspect magnifique ; mais te cœur se serre
quand on voit 16 beaux vaisseaux se réfugier ici comme après une dé-
faite lorsqu’ils pouvaient avoir le rôle le plus noble et le plus beau qu’il
soit donné à une escadre de remplir, n’eussent-ils eu que la mission
passive de rester mouillés devant Acre ou devant Alexandrie. M. Thiers
ne se lavera jamais de eette tache.
bulletin de la bourse. — C’était aujourd’hui ta réponse des pri-
mes et cette opération a donné lieu à quelques affaires. Lesacheteurs de
prime se croyant certains d’être levés ont vendu du ferme pour se liqui-
der dès le début de ta bourse en sorte que la rente a fléchi rapidement
depuis l’ouverture du parquet.
La rente qui avait fermé avant-hier à 80 13, a ouvert à 80 53. A 2 heu-
res 1\2 on a répondu les primes à 80 et 80 03, et l’on a fléchi encore jus-
qui à 70 70. On ferme à 70 80. Les 3 p. c. qui avait fermé samedi à 112 20,
aouvert à 112 30; on a répondu les primesà 112-05 et l’on resteà 111-70.
Ainsi la baisse a été de 35 c. sur le 5 p, c. et de 50 c. sur le 5 p. c.
Les actions de la banque de France ont été cotées à 5320 , la banque
de Belgique 950, l’emprunt belge 98,le nouvel emprunt belge 98 5i8.
Après la bourse, le 5 p. c. français était à 79 75.
fiD3aysâ«ïaoaiuse etc la pa-esse fï-aesçaise.
Les journaux de Pariss’oecupenttoujours de la discussion de la cham-
bre des députés au sujet de l’adresse; ils cherchent aujourd’hui à en
constater les progrès et à établir l’état de la question en ce qui touche
l’Orient.
Le JOURNAL DES DÉBATS, après-avoir prodigué de nouveaux élo-
ges à M. Guizot, reproduit ses accusations contre M. Thiers, à qui il
reproche d’avoir mis en avant deux politiques; l’une publique,franche*
! ment avouée, et constatée pour tous les actes de M. Thiers, qui était
: toute pacifique; l’autre secrète, avouée après coup, et n’ayant d’autre
garantie qu’un discours de M. Thiers, orateur de l’opposition, qui est
toute belliqueuse, et que le Journal des Débats repousse parce qu’il la
i regarde comme posthume et faite tout exprès pour la tribune. — Il sou-
' tient donc qu’il n’y a pas d’autre politique à suivre que celle de M. Gui-
; zot, qui doit mener l’affaire d’Orient à sa coiîclusion, sans que l’honneur
1 et les intérêts de la France en éprouvent la moindre atteinte.
| « Les difficultés du débat ont été formulées, dit-il, d’une manière
; claire et précise* M. Guizot a exposé loyalement lu politique du nouveau
cabinet. Cette politique accepte tous les faits que M. Thiers a acceptés
et qui se sout accomplis sous le ministère de M. Thiers. Elle maintient
tous les principes qu’avait maintenus M. Thiers, toutes les réserves
qu’il avait faites. Le nouveau cabinet n’a rien à retracter, rien à modi-
fier dans la politique de ses prédécesseurs; dans la politique certaine,
officielle, la seule qui puisse engager le gouvernement et le pays. »
La PRESSE : « Puisqu’enfin, dit ce journal, on est arrivé à la vraie
question du moment, il Tant que la chambre, dans les séances qui vont
suivre, la serre de près, et n’en laisse plus détourner la discussion. M.
Thiers, en prenant le premier la parole, a fait perdre beaucoup de temps.
La direction qu’il a tenue à imprimer au débat a rendu nécessaires les
digressions et les investigations dans le passé. Suivant une tactique
qui lui est habituelle, il a voulu prouver que tout le monde était res-
ponsable de ses fautes, excepté lui.
Tout le monde lui a répondu victorieusement. Le 12 mai a prouvé
que, loin de lui avoir légué des embarras, il lui avait aplani toutes les
voies. M. Guizot a prouvé que ses avis ne lui avaient jamais manqué,
mais qu’il n’avait eu de confiance qu’en l’infaillibilité de son génie. La
couronne seule n’a pas répondu, parce qu’il ne lui est jamais ni permis
ni possible de répondre. C’est sans doute pour cela que M. Thiers, dans
son dernier discours, celui d’hier, a essayé de rejeter sur elle toute la
responsabilité des actes don! il s’agit aujourd’hui de rendre compte. Ce
procédé est aussi généreux que constitutionnel. Nous espérons que la
chambre saura enfin y mettre un terme, si, comme tout l’annonce, M.
Thiers y a recours de nouveau. La charte, et plus encore peut-être les
principes de la plus ordinaire loyauté, lui en font un devoir strict. Tou-
jours est-il qu’après trois jours d’excursions eide récriminations, le
terrain du débat s’est définitivement circonscrit. Il ne faut plus, nous
le répétons, que la chambre en laisse franchir les limites. Deux systè-
mes sont en présence : il y a celui que M. Thiers a imaginé après coup,
suivant la spirituelle remarque de M. Dufaure; il y a celui du cabinet
du 29 octobre. »
Le CONSTITUTIONNEL dit que la discussion de ces derniers jours a
complètement déjoué le plan d’attaque concerté par la coalition des
ministres et des ministériels de toute origine et de toute couleur contre
le cabinet du 1er mars, qui consistait à faire tomber exclusivement sur
M. Thiers et ses collègues la responsabilité de la situation. — Il cherche
à établir que M. Thiers n’a rien fait pour provoquer le traité du 15 juil-
let; que ce traité est l’œuvre spontanée de l’étranger. M. Thiers, en pre-
nant les mesures qui lui paraissaient nécessaires pour organiser la ré-
sistance nationale, n’a fait que suivre la politique de tout le monde; mais
lorsque le cabinet du I™- mars a voulu agir, croyant le temps utile, un
nouveau cabinet l’a remplacé pour ne point agir.
Le COURRIER FRANÇAIS : « Quelques journaux, dit ce journal, sa-
vent gréa M. Dufaure d’avoir prononcé, dans la séance d’hier, quelques
paroles semi-belliqueuses, et d’avoir dit, après M. Barrot, que l’adresse
parlait beaucoup trop de paix. Comme il ne faut pas que le commerce
et l’industrie s’effraient plus qu’il ne convient de l’ardeur posthume des
ministres du 12 mai, nous sommes dans l’obligation d’expliquer que M.
Dufaure ne s’est pas proposé autre chose que de consoler l’amour-propre
de la chambre, par quelques phrases retentissantes, des actes de fai-
blesse et de honte auxquels la majorité va s’associer. M. Dufaure peut
assurément prier, comme il l’a fait, le maréchal Soult d’apporter tous
ses soins à l’organisation de l’armée, et promettre à M. l’amiral Duperré
de nouveaux crédits en cas de nécessité; car cela ne doit pas coûter
beaucoup à son courage, au moment oû il invite la chambre à se rési-
gner avec le ministère aux arrêts de la coalition.
M. Dufaure ne veut pas que le ministère laisse la flotte française hi-
verner à Toulon. Il conjure l’amiral Duperré de l’envoyer sur les eûtes
delà Syrie et de l’Egypte. Pourquoi faire ? nous le demandons. Est-ce
pour assistera la remise de la flotte turque et pour donner plus de so-
lennité à la soumission du pacha ? »
Le COMMERCE se plaint amèrement du système de concession qui
semble avoir été adopté depuis dix ans, et quia permis aux ennemis de
la France de se fortifier pendant que celle-ci s’affaiblissait II s’étonne
qu’après tantdefaiblesses.de dangers.de menaces, et d’éveutualités
prochaines, on veuille encore de la paix à tout prix.
« La France, dit-il, n’était pas prête le 25 juillet, cette négligence cri-
minelle reçoit la plus terrible des leçons : on ne veut pas en profiter ; et
si l’Europe vient encore nous faire quelque sommation, ou quelque in-
jure cruelle. on aura le droit de répéter: Nous ne sommes pas prêts.
L’Autriche, l’Angleterre et la Prusse arment de toute part. Qu’impoUe!
elles nous défendent d’armer, nous n’armons plus ; elles ne se donnent
même pas la peine de nous cacher leur insupportable tyrannie ; elles la
proclament hautement à la face du monde par leur presse censurée.
Les journaux allemands ont tracé à M. Guizot le programme de sa poli-
tique, et M. Guizot l’exécute de point en point avec le plus édifiant scru-
pule. i*
« Est-il, demande-t-il ensuite, parmi les hommes les plus dévoués
au système actuel, un seul d’entre eux qui ne se lût révolté, qui n’eût
crié à la haine, à la calomnie, à l’insulte, si on lui avait prédit, en 1850,
qu’au bout de dix années la politique gouvernante aurait placé le pays
dans la situation de désespoir et d’impuissance où il se trouve en ce
moment ? Eh bien ! l’expérience n’est pas terminée, nous sommes sur
une pente où il n’est pas possible de s’arrêter; et au bout de nos humi-
liations,de nos concessions, de notre pusillanimité systématique, il n’y
a pas seulement le déshonneur, il y a la guerre et peut-être la ruine. »
Le NATIONAL conclut des débais que notre gouvernement a dépen-
sé beaucoup d’argent et n’a pas eu les troupes nécessaires pour tenir
tête aux circonstances. Evidemment il faut qu’il y ait, soit dans les hom-
mes, soit dans les choses, un vice capital, et ce vice , ajoute-t-il, est
bien indiqué par M. Guizot quand il dit : Je suis beaucoup plus inquiet
du dedans que du dehors.
<l'38sseBB0sa*e «Ses Eiéjpuies.
PRÉSIDENCE DE M. SAUZiiT.
Séance du 28 novembre. — (Fin. — Voir le Précurseur d’hier.)
DISCUSSION DE L’ADRESSE.
Nous reprenons le compte-rendu de cette séance à l’endroit où nous
l’avons interrompu hier.
si. dufaure. Je regrette, messieurs, de prendre la parole dans un mo-
ment où la chambre se trouve sous l’impression des récriminations dont
M. Odilon Barrot a été tour à tour et l'écho et la victime. (Hilarité),
Quand je dis la victime, je ue veux rien dire d'offensant pour M. Barrot,
ce que je voulais dire, c’est que tout cela m’est complètement étranger,
c’est que la dernière partiedu discours de l’honorable préopinant ne me
regarde pas ; mais la première est importante et pour moi et pour la
chambre; je vous prie donc de rappeler vos souvenirs.
M. Barrot a vivement attaqué les communications qui ont été produites
à la chambre, je crois pour ma part que la chambre sera de cet. avis, que
la faute de ccs indiscrétions doit porter également sur les' deux hommes
qui les ont provoquées. Du reste, il y a eu dans ce lait sans antécédent,
i dans cette publicité sans exemple, cet avantage que la chambre sait
parfaitement comment les choses se sont passées.
I J’avais l’autre jour demandé la parole pour quelques rectifications; je
les crois aujourd’hui inutiles, mais M. Barrot a adressé des reproches |