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IS56. — N” 8.
ANVERS, Mardi 8 Janvier.
Vingl-unième année.
PRECURSEUR
de Fer.
DÉPARTS D'ANVERS6 eVaJtöSjf^*S
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(MÖgnïé.SO.O.Wif;^ Î4»JMM»-
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HnlIffldD-Mîfl • KPÎ\" R?^T.|Ô .^. - De™ ^rdaVV'o'of Anvere et Bréda 11.30- De Moer-
m pöör Anvers èt ?^rBe«r«,SV-Nicola»; Lokar.ct Gand, 6 50, 8 30, il, », 6. - De e.i.1,6-1»
Pays da Waes : g.,0, u, &-m, s-üo.
Journal Politique, Commercial, Maritime et Littéraire,
PAIX.- LIBERTÉ. -PROGRÈS.
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Tout ce oui concerne la Rédaction ou l’Administration s'adresser aux
Propriétaire s du PRECURSEUR, MM. PEWEYER Frères, rue de C Amman,
A» 1256.
Aùtmcmcnk (Aa boreao du Précwteur et cher ions les Dlrectenrs dC',p<,t^,Po'?r *"«•»
uJ/lTlUüllibutà, fr> 12-58 par trimestre. Pour tout le reste delà Belgique*, fra!iC df P°rt .r.
ifi. Pour la Hollande fr. 17; l’Angleterre, fr. 15 ; la France, fr. 23; l’ÀUeilw ***>&• w ; Us
Etats-Uni», le Brésil, les Inaes, etc.,fr.27-50.
ÏNSH&Tions, 25 centimes la ligne. —Riclambs, 50 centime».
8 Janvier.
BULLETIN POLITIQUE.
On lie croit plus à la paix et le Nord se demande la cause de ce
Pévireiüènt dans Udpinion publique. On avait bbn espoir lorsqu’il
fi avait encore été rien entrepris dans l’intérêt de la paix et aujour-
d’hui que quelque chose est fait on perd courage. Après tout,le comte
Esthérazy est à St-Pétersbourg ; il a vu le czar, attendez. M. de Seo-
bach est encore parti pour St-Pétersbourg ; ou ne sait pas ce qu’il y va
faire ; attendez. L’Autriche fait des pieds et des mains pour obtenir
un résultat. Là Prusse elle-même fait marcher ses ministres et solli-
éllè vraisemblablement la Russie d'obtempérer aux instances de
l’Autriche; attendez. — Calmez vos impatiences et si vous voyez d’un
autre côté des préparatifs immenses se faire pour la guerre,souvenez-
vous de l’adage si connu et si souvent répété : Si vis pacem para
bellum.
Le Nord sait bien, il sait même mieux que personne ce qu’il faut
attendre de toutes cos allées et venues de ia diplomatie. Nous savons
que l’Autriche a d’excellentes intentions, que là Prusse n’en a pas de
moins bonnes, que les alliés eux-mêmes ne sont pas éloignés de la
paix ; niais nous n’ignoTons pas aussi et le Nord le Sait mieux que
bous que ia Russie ne veut rien, ne fait rien pour la paix. Èlie eut
peut-être été disposée à entendre certaines ouvertures, il y a un mois.
Mais cette puissance est tellement enivrée de la prise de Kars qu’elle
est inabordable depuis quelques jours ; le czar reprend ses grands
airs et M. de Nesselrode la série momentanément interrompue de ses
notes arrogantes. L’Angleterre ne veut pas la paix, soit,! mais la Rus-
sie la vent moins encore ; parce que si l’Angleterre a une position
plus avantageuse à prendre dans la guerre, ia Russie a des échecs et
des perte réelles à réparer, parce que si l’Angleterre est intéressée, la
Russie est orgueilleuse.
Voilà pourquoi on ne croit plus à la paix et ne nous parlez plus de
vôtre vieux proverbe latin qui n’est pas vrai dans la situation présente.
— Jamais chez aucun peuple en lutte avec Un peuple voisin, les levées
6’hommes, l’équipement des flottes, les emprunts d’argent, les pro-
clamations et les bulletins guerriers, n’ont été un pas vers la paix.
Cherchez dans l’histoire de tous les peuples et vous ne trouverez rien
qui donne raison à votre adage.
La paix dont il parle est une paix armée. Un peuple nombreux et
puissant doit être toujours en mesure de repousser ses ennemis. S’il
restait ouvert aux entreprises de quelques voisins ambitieux , il au-
rait toujours là guerre sur ses frontières; il n’en serait pas ainsi, on
le respecterait, on le craindrait peut-être s’il possédait une sèlide
armée , de bonnes forteresses et des ports imprenables. Vûilà com-
ment on a raison de dire : si vous voulez ia paix, soyez prêt à la
guerre. — Maissidéjà la guerre est déclarée n’espérez pas arriver à la
paix en jetant à votre ennemi le défi de vos apprêts militaires ; vous
pourrez le vaincre peut-être ; mais non pas l’intimider, s’il a lui-même
le sentiment de sa dignité et de sa force , mais le sentiment de sa di-
gnité surtout.
Le Times se dit en mesure de nous renseigner sur le véritable sens
des propositions de M. d’Eslhérazy. D’après ce que lui mande son cor-
respondant de Paris voici à quoi elle se réduisent: 1° Abolition du
protectorat Russe dans les Principautés. Maintien des privilèges et des
immunités des Prinèipautés sous la suzeraineté du sultan ; 2* établis-
sement d’un système défensif permanent adopté par les principautés
de concert avec le sultan ; 3» modification de la ligne de frontières
de la Russie voisine de l’Europe depuis Ch olim jusqu’au iac Sasik. Le
territoire cédé serait rendu aux principautés, par conséquent à la
suzeraineté de la Turquie ; 4° ouverture du Danube et de ses embou-
chures garantie par des conventions dans les stipulations desquelles,
les puissances contractantes seront représentées. Chacun aura le droit
d’établir un ou deux navires de guerre dans le but d’assurer l'exécu-
tion des conventions ; 5° neutralisation de la mer Noire, destruction
des arsenaux militaires ; 6» confirmations des privilèges, immuuités
et droits des sujets non musulmans de la Porte, sans qu’il soit porté
atteinte à la dignité où à l’indépendance du sultan. — Ces renseigne-
ments sont considérés comme ce qui a été dit de pius exact jusqu’à
présent sur la mission de l’ambassadeur autrichien.
Tout eu reconnaissant la valeur de l’intervention du cabinet de
Vienne et tout en louant les efforts qu’il s’impose dans l’intérêt delà
paix, on ne peut s’empêcher de prévoir, surtout depuis les révélations
qui nous ont été faites sur l’accueil reçu à St-Pétcrsbonrg paf M.
d’Esthirazy, que les tentatives de l’Autriche resteront sans résultat.
Le bruit court à Pans que l’empereur Napoléon songe encore à
prendre le commandement de l’une des expéditions qui seront entre-
prises dans la prochaine campagne. On ne dit pas encore sur quel
théâtre de ia guerre ii se transporterait.
Les arrivages de grains au Havre et à Marseille continuent à être
considérables. Il y a baisse sur les marchés.
Hier lundi, a en lieu à Berlin l’élection du président de la chambre
des Députés pour la durée de la session. 296 députés ont pris rart au
vote. Le comte d’Eulembourg, candidat de la droite, a eu 191 voix, et
le comte de Werin, candidat de ia gauche, lût voix. Par suite de ce
vote, le comte d'Eulernbourg a été proclamé président de la chambre
des députés. .
Le môme jour, le comité de la banque a pris la résoluton d’élever
l.e taux d’intérêt pour les effets de commerce de 4 1/2 à 5 0/0. Le taux
de l’intérêt des avances sur dépôt de valeurs publiques et industrielles
est élevé de 3 L/2 à 6 0/0.
Des négociations relatives à la conclusion d’un traité de commerce
se poursuivent en ce moment entre les cabinets de Vienne et de La
Haye et on assure qu’cites sont sur le point d'aboutir.
C’est dans quelques jours que la conférence sur l’établissement d’un
titre de monnaies unique et commun à l’Autriche et aux autres Etats
de l’Allemagne se (réunira de nouveau à Vienne. S. M. l’empereur
d’Autriche vient de nommer le conseiller ministériel, M. i. A. Bren-
tano, chevalier de l’ordre I. R. de Léopold, son plénipotentiaire
auprès deèette conférence. Le conseiller llasscnbaucr, chevalier de
Schiller, premier maître monnayeur, lui a été adjoint pour l’assister
dans ses fonctions.
La Prusse y sera représentée par le conseiller supérieur M. Seydel ;
la Bavière par le directeur des monnaies M. Hayndl ; le Hanovre par
le maître monnayeur Bruel ; la ville libre de Francfort par M. le
sénateur Bernas. L’arrivée de MM. les commissaires allemands à
Vienne est prochainement attendue. Le chargé d’affaire du duché de
Parme à Vienne, M. Thomassin, vient d’ëlre nommé commissaire du
gouvernement ducal.
La Gazette de Madrid publie un décret royal qui rend obligatoire
le système décimal dans toutes les administrations et dépendances de
l'Etat, à partir du lr janvier.
Dépêches lélégraphiqnes.
Londres , 8 janvier au matin.
Consolidés 86 7/8 à 87 ; 3 0/0 dift. 21 à 1/4.
RÉSULTAT DES ÉLECTIONS A BRUXELLES.
Il y a eu 1465 votants ; majorité absolue 732.
MM. Tielemnns et Goffart, candidats de l’Assoeiatioa
libérale, ont été élus, l’un par 933 et l’autre par 787 suf-
frages.
Après eux ont obtenu :
MM. De Leau 312, Berlemont-Rey 238, Coppens 230,
V. Faider 217.
• Chemin de fer.
2me ARTICLE.
« La colonne vertébrale de tous les chemins de fer qui
sillonnent la Belgique en différents sens, ou qui sont en
communication avec elle, c’est le railway de l’Etat, avons-
nous dit. C’est lui qui doit être la base de l’édifice ; c’est à
lui que tout doit se rapporter. »
L’a-t-on compris, au département des travaux publics?
Lorsque, par les actes qui avaient été posés, on avait certe
bien acquis le droit d’imposer ses conditions, d’exercer
une autorité réelle sur toutes les lignes dont on avait facilité
la création, a-t-on su, nous ne dirons pas tirer parti de la
situation que l’on s’était faite, non sans de grands sacri-
fices, mais seulement se tenir à la hauteur de l’attitude
que l’on avait prise ?
Non ! répondrons-nous sans hésiter. Voici en effet le
spectacle qui nous est donné : Le département des travaux
iiublics, au lieu de recevoir des tributs, en subit et en paye,
-.e gouvernement belge, qui devrait avoir la haute main
sur tout le système des voies ferrées, s’est laissé réduire à
un rôle secondaire, parfois même à un rôle de dupe.
Ainsi, il est intervenu pour une somme considérable
dans la cortstriicüôn dit chëttufi dë fer rhénan. A l’époque
où il contractait cet engagement qu’il a loyalement ténu, il
faisait lui-même de grandes dépenses pour établir ses
grandes lignes de raihvays. Evidemment, lorsqu’il agis-
sait ainsi; il sè brodait certain de favoriser les intérêts bel-
ges, en exerçant une influence, bien justifiée du reste, sur
les résolutions et les mesures à prendre, dans l’avenir, par
l’administration allemande. Cette influence, il ne l’a pas eue
le moins du monde, à tel point qu’au chemin de fer rhénan,
on semble avoir plus de ménagements pour le commerce
des autres pays que pour ie notre, à qui cependant la. pré-
férence devrait être accordée,puisque sans le concours du
trésor belge, ce chemin de fer serait demeuré longtemps,
serait peut-être encore à l’état de problème. Il y a, à ce
sujet, des plaintes fréquentes et très légitimes. Avant tout,
le chemin de fer rhénan doit, pour l’organisation de son
service, Consulter les intérêts du commerce belge, dans
ses rapports avec les différentes parties de l’Allemagne. îl
ne le fait pas, et cependant, nous semble-t-il, le gouverne-
ment a le droit de l’exiger, mais il n’en use pas. Peut-être
adresse-t-il des notes qui s’égarent en route, si nous en
jugeons d’après les résultats obtenus. Son énergie iie va
pas plus loinv---------««««*«»»,---“
Se subordonner, pour ainsi dire, aux exigences d’une
compagnie étrangère qui vous doit son existence, est-ce
avoir soin des intérêts que l’on doit avant tout consulter
et ménager ? Non ! une fois encore, et c’est cependant la
conduite que l’oil tient enters l’administration allemande.
Mais, quel que soit le préjudice qui en résulte, on serait
presque tenté de trouver qu’il n’y a que demi mal, quand
on examine attentivement ce qui se passe dans l’intérieur
même dn pays, où certes l’autorité suprême du gouverne-
ment devrait toujours se faire efficacement sentir.
Nous voyons le département des travaux publics s’égarer
au point de se lier envers des sociétés particulières, de
telle façon qu’il paie lui-même les frais du contrat et une
rente de longue durée. Les plu3 modestes se conten-
tent d’un demi-siècle; il en existe une qui a poussé la géné-
rosité, jusqu’à consentir à ne prélever son tribut, sur un
embranchement à construire, que sur la partie des recettes
revenant à l’Etat. U y a magnanimité de sa part, vraiment,
mais comment a-t-il pu se faire que le département des
travaux publics pût descendre jusqu’à accepter des condi-
tions pareilles? Nous espérons bien que cette question sera
posée au ministère par des membres de la Chambre, dans
une des prochaines .séances. On lui demandera sans doute
aussi des explications, au sujet du désordre qui règne dans
le service postal, par suite des changements continuels que
l’on fait subir aux heures de départ, pour le transport des
dépêches. Il se trouvera certainement quelqu’un qui se
joindra à nous pour dire àM. le ministre des travaux publics
et aux chefs de l’administration :
Ce que l’on attendait de l’institution des chemins de fer,
ce qu’est venue compléter celle des télégraphes électriques,
c’était la transmission plus fréquente et plus prompte des
correspondances,la circulation plus rapide des idées.Là se
trouvait le premier point.Le transport des voyageurs, celui
des marchandises venaient s’y joindre avec les mêmes exi-
gences,daus un intérêt identique.D’où il était logique et sage
de conclure que,plus les convois de chemins de fer, appar-
tenant à l’Etat, se multiplieraient sur toutes les ligues,
plus aussi le transport des dépêches serait fréquent. Il
était à supposer raisonnablement, par exemple, qu’aucun
convoi de voyageurs ne quitterait une station sans empor-
ter les lettres, afin de les faire parvenir plus tôt à leur
destination. Il n'en a pas été ainsi, et même nous devons le
dire, ou pourrait être tenté de croire qu’il y a des ten-
dances contraires, puisqu’au lieu de faciliter les correspon-
dances, on en restreint le cours. Quelle raison peut on
alléguer? Nous n’en connaissons aucune qui soit valable.
Nous recevons et nous nous empressons de publier la
lettre suivante :
« Monsieur le rédacteur,
» Le numéro de votre estimable journal du 4 janvier contient une
plainte de plusieurs voyageurs partis de Rotterdam le lr de ce mois
et qui ne sont arrivés à Anvers que le 2 au malin. Les faits qui y sont
mentionnés étant exagérés, je vous prie, dans l’intérêt de la vérité,
de vouloir bien insérer les quelques lignes suivantes dans votre plus
prochain numéro :
» Il est vrai que le U janvier le départ de Rotterdam, qui est fixé à
8 h. 15 m., n’a pu avoir lieu qu'à 10 h. 50. Par suite des glaces amon-
celées devant Rotterdam, les commissaires du gouvernement hollan-
dais, Seuls chargés de la direction des passages d'eau, n’ont osé pren-
dre sur cdx de traverser la Meuse, et en présence du danger ils ont
attendu jusqu’à LO h. 30, moment où la marée descendante avait em-
porté une partie des glaçons. Toutes les personnes qui connaissent la
Hollande sont au fait des difficultés que présentent en hiver ces pas-
sages d’eau et savent que les commissaires du gouvernement sont
omnipotents dans ces circonstances
■ » Par suite des mêmes difficultés au passage de ia Meuse, à Dor-
drecht, les voyageurs qui devaient être rendus au Moerdyckvers deux
hçures n’ont pu y arriver qu’à six heures, c’est-à-dire deux heures
après le départ du dernier convoi pour Anvers.
» Une dépêche télégraphiqué adressée par le chef de gare du Moer-
dyck avait fait connaître à la direction, à Anvers, l’arrivée des voya-
geurs dans cette station et demandait à pouvoir les faire partir par'un
train spécial pour Anvers.
» Aux termes de l’arrêté royal du 13 septembre dernier, la circula-
tion dos trains de chemin de" fer dans le rayon réservé de la douane
avant le lever et après le coucher du soleil est subordonnée à une au-
torisation des directeurs de la douane et c’est celte autorisation qu'il
fallait obtenir préalablement. On comprendra combien il était difficile
d'avoir une autorisation de çe genre le jour de l’an et à huit ou
neuf heures du soir , d’autant plus que les employés des douanes à
Esschen et Roosendaal avaient quitté leurs bureaux et qu’il fallait ie
temps de les prévenir.
» En présence de ces difficultés, les voyageurs ont été obligés de
séjourner au Moerdyck jusqu’au train de 6 h. 50 du lendemain.
» Ces faits regrettables, et contre lesquels l'administration était
impuissante, ne se renouvelleront plus, attendu que des démarches
ont été faites immédiatement près de l’administration des douanes
pour obtenir, dans des cas exceptionnels, l’autorisation de faire partir
à l’avenir les voyageurs par un tram spécial de nuit.
» Ces explications vous prouveront clairement qu’il va exagération
dans la plainte qui a été portée, et je dois ajouter que les voyageurs
pouvaient parfaitement passer la nuit dans un excellent bateau à
vapeur qui était dans le port et qui sert au passage du Hollands-Diep.
« Recevez, monsieur le rédacteur, l’assurance de mes sentiments
distingués. » Le directeur, vanhoegaerdeav »
On lit dans une correspondance particulière de Berlin,
du 4 janvier ;
« On dit souvent que les relations du cabinet de Berlin avec le ca-
binet des Tuileries sont bien plus satisfaisantes que celles qu’ii entre-
tient avec le cabinet de St-James. Récemment encore il vient de se
passer un fait qui prouve que les rélations de la Prusse avec l’Angle-
terre laissent encore beaucoup à désirer. Il paraît que le comte de
Clarendon a eu à Londres une conférence avec l’ambassadeur prussien,
M. le comte de Bernstorff, dans laquelle il a été question du rôle de là
Prusse dans la question d’Orient. Le comte Clarendon aurait, dans
cet entretien, qualifié dans des termes non équivoques la neutralité de
la Prnsse. Il se serait plaint de ce qu’on continuait en Prusse d’expé-
dier des masses de munitions de guerre en Russie et deeeque
le gouvernement prussien, en tolérant cet état de choses, appuyait
aous main l’ennemi de la France et de l’Angleterre.
» Le comte de Clarendon aurait exprimé en outre sa surprise de ce
que lors de la célébration de la prise de Kart, des officiers supérieurs
de l’armée prussienne avaient assisté à la fête organisée à cette occa-
sion par l'ambassade russe à Berlin ; de ce qu’enfln le mot de Kars
avait été employé, après ia chute de cette forteresse, comme mot
d’ordre à une revue à Berlin, comme si les Russes avaient remporté
une victoire glorieuse pour les armes de la Prusse. Si l’Anglelerre,
aurait continué le comte de Clarendon, pouvait s’empêcher de voir
dans tous ces faits des démonstrations en faveur de la Russie, il lui
serait cependant impossible de ne pas remarquer l’indifférence par
laquelle la Prusse avait remplacé sa coopération morale. L’Angleterre
se verrait alors dans ia nécessité de prendre des mesures sérieuses et
même hostiles si le cabinet de Berlin ne croyait pas devoir changer
son attitude.
«L'ambassadeur de Prusse à Londres vient d’adresser à son gouyef-
nement une dépêche confidentielle très détaillée sur cet entretien.
Cette dépêche est arrivée juste au moment où M. de Manteuffel se
trouvaii eu Lusace, d’où ilis’èsl rendu à Berlin immédiatement après
l'arrivée de la dépêche du comte de Bernsdorff. Le conseil des mi-
nistres s’est réuni sous la présidence du roi à Charlottenbourg et il a
été beaucoup question des communications faites à l’ambassadeur
prussien à. Londres par le comte de Clarendon. Quoique les déclara-
tions de lVinglêteffe aient produit ici une impression profonde,il ne
paraît pas que la Prusse fera dés dêfnarches pour éloigner les mesu-
res annoncées par le ministre anglais. On croit qu’il s'agit d’un blocus
éventuel des ports prussiens dans la Baltique. Le bruit de fa concen-
tration possible d’une armée française sur le Rhin a fait sensation
ici et ii a été question d’interdire dans toute la Prusse la Guxelte
d’Augsbourg qui s’en était fait l’écho.
» On sait ici de source certaine que ia Suède se prépare pour le
printemps prochain à de grands évènements dont les rives de la Bal-
tique seront le théâtre. Les armements de la Suède et de la Norwège
sont poussés avec une grande ardeur.
Le compte rendu de la Banque nationale de Vienne, pour
le mois ce décembre, donne les résultats suivants :
L’encaisse métallique s’est augmenté do 433,000 florins, le porte-
feuille s’est aceru de 3,322,000 florins. Les avances de la banque dans
io mois décembre ont été de 237,000 florins pius considérables qu’au
mois précédent; les immeubles de la banque se sont accrus d’une
de 130,000 florins. Les versements faits sur des actions nouvelles ont
augmenté le capital de la banque de 6,103,000 florins. La circulation
des notes de la banque a diminué de 3,336,000 florins, le compte
débiteur de l’Etat de 785,000 fl. Il ne résulte de ces chiffres aucun
changement important dans l’état de la banque. La circulation des
notes de la banque en 1833 comparée à celle de 1834 ne s’est diminué
que de 3 millions et demi, et l’encaisse a éprouvé une augmentation
de 4 millions. La plus grande partie des 16 millions de florins versés
sur les actions nouvelles a été employé pour le service des escomptes.
Commerce de la Belgique avec les pays étrangers,
du 1er janvier au 31 décembre 1835, en ce qui concerne
les principales denrées alimentaires.
IMPORTATIONS
en consommation.
EXPORTATIONS
eelc-es
du 1er
du lsr
janvier
au
31 déc
du 16 au
31 déc.
du 16 au
31 dée.
janvier
51 déc
kit
GRAKVS.
Froment..................
Seigle...................
Avoine...................
Blé noir ou sarrasin.....
Fèves, féverolles et vesces ,
Orge et escourgeon.......
Farines..................
Fécules .................
Pommes de terre..........
Riz......................
6839578
497704
244902
515431
909244
1123121
276883
4261
19264
2573846
91970955
15424878
6233088
3277148
8300472
33857909
286036!
208112
6971968
46396017
»
26973
3772
6073
13719
478
»
»
51847
»
3175971
747040
239388
1764905
224699
»
11603477
Situation de t’Entrepôl d’Anvers à la date du 51 décembre.
Froment, 3,099,521; seigle, 1,933,694 ; blé noir ou sarrasin 624,366;
fèves, féverolles et vesces, 23,336 ; orge et escourgeon, 61,353 ; fari-
nes, 347,013.
Dans les autres entrepôts, à la meme date ;
Fi'oment.l ,282,966; seigle, 374,801 ; fèves, féveroles et vesces,170,144
orge et escourgeon, 87,216.
Lettres sur l’Exposition de Paris.
1/EXPOSITION DE I/KIVm «Tim;
XL.
classe xii. — Hygiène.
Qu’est-ce que l’hygiène ? — Il suffit d’avoir appris ia langue univer-
selle de tous pour connaître le sens grammatical étymologique du
mot hygicue : ugieia, santé ; ugieinos, la ugieina, les choses de la
santé ; ugieinè, l’hygiène, c’est à dire, dans la signification la plus
étendue de ce mot, la conduite, le gouvernement, "la direction de la
sauté.
En quoi consistent cetto conduite, ce gouvernement, cette direction
de ia santé? Comment leur étude spéciale se rattache-t-elle à la
science médicale et comment s’en distingue-t-elle? Ce sont là des con-
sidérations importantes et pleines d’intérét,surtout en Belgique où ies
administrations communales et le gouvernement font de si louables
efforts pour la conservation de la santé publique, pour la propagation
et le développement de la science pratique de l’hygiène.
L’hygiène étant le gouvernement de la santé, on peut dire que tout
homme, non seulement fait de l’hygiène, comme M. Jourdain faisait
de la prose, sans le savoir, mais de plus a, par devers lui une cer-
taine règle de conduite, qui lui est propre, fruit de ses observations,
de son raisonnement, qu’il s’applique à lui-môme dans des vues hy-
giéniques ; il a reconnu que tel régime lui convient, que tel autre lui
est nuisible, il évite celui-ci et suit celui-là. Non seulement l’homme
cherche à conserver sa santé, mais encore il cherche à fortifier sa
constitution, à développer ses organes, à perfectionner ses facultés
par une éducation convenable. Tout homme cherche donc à conser-
ver sa santé et à perfectionner son organisme. Cette hygiène grossière
et primitive est le fond même de l’hygiène savante, les études les plus
compliquées auxquelles puisse se livrer l’esprit humain n’ont jamais
rien que de parfaitement clair dans leur origine. Un art, c’est l’appli-
cation des connaissances acquises à un but pratique. L’art, dit excel-
lemment Bacon, c’est l’homme ajouté à la nature.
L’hygiène comprend donc dans son travail non seulement la con-
servation de la santé, mais aussi la culture de l’homme, de l’homme
physique et de plus de l’homme moral et intellectuel dans ses rap-
ports avec l’homme physique. — L’hygiène est donc cette partie de la
science de la médecine qui nous apprend à régler la vie de l’homme
de manière à assurer le libre exercice de toutes ses fonctions et le
développement complet de toutes ses facultés.
Nous avons vu que l’hygiène commence paf'étre privée, particulière
à chaque homme, et toute physique; mais bientôt on comprend que
la physiologie n’est pas tout l’homme. Elle n’envisage que la matière
humaine, mais l’homme a en lui une force active, libre, il a l’intelli-
gence et la volonté. Il réagit partout, il vit où les autres êtres péris-
sent. Tous les végétaux, tous les animaux s’aetommodent aux cir-
constances environnantes. Chacun d’eux prend naissance dans le
lieu le mieux approprié à son développement. La nourriture leur est
apportée toute faite. Jamais la chaleur nécessaire, ni la retraite qui
doit les protéger ne leur manque. Plus un être est placé bas dans
l’échelle, plus semble éclater autour de lui cette attention de la
nature, qui lui ménage tous les moyens de conservation, Le chien, le
moulon, l’oiseau, ne filent ni ne tissent ; mais iis secrétent avec les
liquides de la peau, les poils ou les plumes qui les recouvrent et font
un vêtement si chaud. L’homme senl naît nu, dégarni, plus faible que
tous les animaux qui l’attaquent. Est-ce là un signe d’infériorité? Non,
c’est un signe de grandeur et de supériorité. Son intelligence et sa
volonté suppléent à tout. Il se fait des vêtements, des habitations ;
il change la nature entière et la refait pour ainsi dire à son usage. Ce
qui n’est que de ia physiologie chez les animaux, s'élève chez lui jus-
qu’à l’hygiène. La Providence a donné à l’homme cette glorieuse
marque de confiance, elle lui a laissé le soin et la responsabilité de sa
propre conservation. L’hygiène propre à l’espèce humaine est donc
essentiellement intellectuelle et morale, en môme temps que corpo-
relle et physique.
Or, les facultés spéciales de l’homme établissent nécessairement
entre lui et ses semblables un commerce d’affection et d'intelligence.
De là les différentes collections d’hommes, la famille, la maison, l’ate-
lier, la ville, la nation. Toute réunion d’hommes ferme un corps, une
sorte d’unité vivante, laquelle a son hygiène comme chaque individu
a la sienne. C’est là ce que l’on est convenu d’appeler l’hygiène pu-
blique.
Dans l’histoire hygiénique des institutions industrielles viennent se
ranger naturellement toutes les professions. L’hygiène s’occupe des
professions sous un double rapport. D’abord elle recherche quelle in-
fluence peut exercer sur la santé de ceux qui s'y livrent, leur mode
d'existence tout artificiel, l’atmosphère daus laquelle ils vivent, le
contact des divers objets, l’ordre, la mesure, le choix de leur alimen-
tation ; les exercices auxquels ils sont astreints, la durée de leur tra-
vail, le repos auquel ils se condammetit, etc. Secondement elle étudie
les résultats que peut avoir pour la santé publique le développement
de leur industrie; les gaz, les poussièreà, les eâux qui proviennent de
telle ou telle fabrique/les matériaux ou préparations qui en sortent et
qui servent à la consommation générale. Dans toutes ces questions
l’hygiène publique n’est qu’une face particulière de l’hygiène privée.
Une pratique quelconque est-elle inventée dans une industrie, les
conditions hygiéniques changent aussitôt.
Combien ces changements ne sont-ils pas fréquents de nos jours,
au milieu de ce mouvement rapide de toutes nos industries à
peine nées d’hier et déjà renouvelant la face du mondé, grâce à l’in-
tervention des sciences physiques et chimiques dans leurs procédés.
Ainsi on a trouvé le moyen de dorer les métaux sans mercure à l’aide
de la galvanoplastie, et dès lors ont disparu parmi les doreurs les ma-
ladies résultant de l’intoxication mercurielle. La substitution du
blanc de zinc au blanc de plomb épargne les maladies les plus cruel-
les aux peintres et aux fabricants de céruse. Presque tous les métaux
usuels et leurs alliages contiennent de l’arsenic, le platine entre autres
ne pouvait se traiter qu’à l’aide de phosphore et de l’arsenic qui en se
volatilisant agissaient delà manière la plus désastreuse sur la sanld
des ouvriers ; M. Bréault a substitué à ce procédé mortel le traitement
par la voie humide qui a fait disparaître tout danger. Dans les fabri-
ques à aiguiser les aiguilles, la poussière d acier s introduisait dans
les voies respiratoires des ouvriers et les tuait. Aucun n atteignait 1 âge
de quarante ans.On a es l’idée de leur mettre un masque en lit d’acier
aimanté et aussitôt l’air,tamisé à travers ces masques, s’est dépouillé
de toutes les molécules d’acier dont il était chargéXa vie des (ouvriers
s’est prolongée aussitôt. Combien d’autres laits pourraient être cités
qui attesteraient la nécessité des éludes hygiéniques relativement à
l’exercice des diverses professions industrielles.
Nous pourrions pousser plus loin celte étude et démontrer qae
l’hygiène publique se rapporte aussi aux institutions politiques, au
<TOuveruemenl, à l’administration dans ses détails. Il suffit de lire
l'histoire pour voir combien la monarchie absolue ou tempérée par
des institutions, l’arisiCflratie, la démocratie, 1 esclavage, le servage
ont dés influences diverses »J.r là condition des hommes. Avant la
révolution, à Parié, le nombre dos décès était de 1 sur e.Il est aujour-
d'hui de 1 sur 48. La vie moyenne & Paris, était de -6 ans, elle est
aujourd’hui de 53 aujourd’hui. „ . ' .
Dans l’ordre administratif les sujets de reclierph*-3 s onfeui a i in-
fini. La police générale des villes, les soins de prop.Tet®i ;, raf2*
la surveillance des halles et marchés, la vente des eom’P511^10®» *cs
falsifications et sophistications des aliments et des boissons, 115“U-
mations, la construction des rues et des places, des habitations, Z10.8
égouts, des canaux; les établissements publics, les prisons, leshôpK
taux, les hospices, les salles d’asile, les maisons d’aliénés, les secours
de la charité, les dépôts de mendicité, la prôslitution, les institutions
d’éducation publique, les écoles de sourds-muets, d’aveugles, etc.,
tout cela est du ressort de l’hygiène. C’est elle qui prévient ou ré-
prime les épidémies au moyen des mesures que propose la police
sanitaire, C’est elle qui organise le service des vaccinations gratuites,
en un mot elle fend d’immenses services à l’humanité.
Enfin l’hygiène publique s’occupe aussi des institutions religieuses
et de leurs rapports avec la santé des hommes. A l’influence reli-
gieuse se rattache l’hygièae du mariage et du eélibat, de la vie mo-
nastique, des jeûnes et macérations, etc.
Eu un mot de même que chaque individu a son hygiène privée, de
même que chaque collection d’individus peut être considérée comme
formant un corps et ayant son hygiène spéciale, de même l'humanité
tout entière, envisagée dans son ensemble, représente aussi, en quel-
que sorte, un seul homme, qui vit, croit, avance et parcourt lente-;
ment, dans la série des siècles, les différentes phases d’un développe-
ment continuel et progressif. Cette face de l’hygiène peut être nommée
l’hygiène sociale et sert à jeter de grandes clartés sur l’étude de l’hy-
giène proprement dite.
Ces quelques lignes feront comprendre que l’hygiène a une étendue
et une importance immenses et en même temps que c’est dans tontes
les classes de l’Exposition qu’il faudrait chercher et étudier les pro-
cédés et les découvertes qui lui sont dues, et qui influent si heureuse-
ment sur la santé publique. La classe XII ne contient que certains
appàfeiiSi certains plans particuliers et c’est pour cela qu’il était né-
cessaire de commencer par quelques considérations générales. Exa-
minons maintenant la partie de l’Exposition qui sè rattache plus
exclusivement à l’hygiène.
Un des principaux besoins des grandes villes, c’est l’approvisionne-
menldes eaux en quantité suffisante et en bonne qualité.Ôn a reconnu,
qu’en général une quantité de 100 litres par jour et par individu suffit
aux besoins d’une ville ; c’est, à peu près, ce que possède Paris,à qui
scs fontaines versent environ cent vingt millions de litres d’eau par
jour. Cette quantité est très suffisante pour la propreté des rues et
l’assainissement, car elle est en grande partie versée dans les ruis-
seaux qu’elle nettoie sans cesse. Mais elle devient insuffisante pour
certains usages ; ainsi les bains et lavoirs publics ne disposent que de
cinq litres d'eau par jour et par personne. Il est vrai qu’il y a de grands
bateaux de blanchisseuses et de bains publics sur la Seine qui ne sont
pas compris dans ce calcul. Si les eaux de Paris ne sont pas encore
en quantité suffisante, les procédés de clarification sont excellents et
l’Exposition contient des filtres d’une grande perfection.
Rome a 1000 litres d’eau par jour pour chaque habitant, Londres
90ü. Mais l’eau y est bien moins pure qu’a Paris et ses filtres moins
perfectionnés. , , , ,, .
Un aes problèmes de l’hygiène publique les pius larges et les mieux
étudiés, est reiâflfà l’enlèvement des immondices de la voie publique
et de l’intérieur des maisons. Paris était fort arriéré il y a quinze ans.
Aujourd’hui la législation est complètement changée et les procédés
employés très perfectionnés. La Qt^jnfeclion des fosses avant la vi-
dange, le transport des matières au déposé'.'1' la Valette,leur envoi
à Bondes an moyen de pompes pendantes par aèé calli,àx souterrains;
les voiries de Rondes et d’Aubervilliers, véritables iio.'?,es 00 Dé-
tritus animaux de toutes les espèces sont préparés et traités vil5ran,f*
de manière à en extraire tous les produits utiles qu’ils contienne,/.,'
tout cela est arrivé à un point très satisfaisant et qui se perfectionné
encore tous les jours. Tous les appareils usités aujourd'hui, les fosses
d’aisance opérant d’elles-mêmes la séparation des matières, les égouts
à soupapes s’ouvrant et se fermant d’elles-mêmes, tous les appareils
inodores, les mieux entendus, donnent à l’exposition de la France un
intérêt tout particulier.
Paris applique à ses anciennes constructions un remède hygiénique
héroïque. Il se démolit pour se reconstruire. Il supprime les ruelles:
infectes et les remplace par de larges rues, par des places vastes, pa?
des squares.
Ce n'est pas tout, depuis 1849 ia ville' impose aux propriétaires les
mêmes obligations qu’elle s’impose à elle-même; ils doivent éclairer,
aérer les chambres,les escaliers,ies corridors, supprimer les allées trop
étroites, prévoir 1 écoulement des eaux dans les égoûts, avoir de?
portes imperméables. L’art des constructions a fait de grands progrès.-
On fabrique des pierres artificielles, des briques creuses qui sont plus
légères, plus solides, plus sèches, moins conductrices de la chaleur,
et moins chères que les briques pleines et qui établissent dans les mu-
railles des courants de ventilation qui préservent de l’fiumidfid,
La production de la chaleur et ia ventilation sont encore deux
points importants dé l’hygiène, et ces deux points ont fait, grâce à
l’intervention de la science, de très notables progrès. Les calorifères,
encore réservés aux établissements et monuments publics, commen-
cent à pénétrer dans les maisons particulières et remplaçentles poêles
et les cheminées. Les cheminées ont l’avantage d’aérer suffisamment,
et l’inconvénient de ne pas chauffer. Les poètes, au contraire, chauf-
fent bien, mais n'aérent pas suffisamment. Par le calorifère ou aère
et on chauffe à la fois. MM. GrOuvelle, Duvoiret d’autres exposent les
modes de leurs travaux d’aérage et de chauffage. M. Grouvelle a
ventilé et chauffé la prison de Mazas. Son système entretient une
chaleur toujours égale et aspire dans les cercles l’air nécessaire à la
combustion du foyer qui attire ainsi et détruit toutes les émanations
méphitiques. M. Duvoir chauffe et ventile l’église de la Madeleine et
l’école Polytechnique au moyen de l’eau chaude, Notons une série de
petits appareils fort ingénieux exposés par un prussien, M. Etsher.
Un tuyau de caoutchouc appliqué sur un bec do gaz et muni à son
autre'extrémité d’un aulre bec. Le gaz vient brûler sous une toile
métallique d’une forme qui varie suivant les besoins et qui supporte
tantôt une bouilloire, tantôt une casserole, tantôt un fer à repasser,
etc. etc.,c’est une idée utile et économique; le tube flexible permet de
porter la flamme du gaz où l’on désîre, aussi loin qu'on-veut du bdé
à demeure, scellé dans le mur.
La galerie des machines contient des ventilateurs fondés sur dif-
férents principes ; l’un des plus puissants et de plus ingénieux est le
ventilateur belge de M. l’ingénieur Fabri, pour l’aérage des mines.
Dans ia classe XII sont compris les appareils de sauvetage pour les
incendies. Les machines élévatoires , d’un volume peu considérable,
pincées sur un chariot, par conséquent faciles à transporter, sont
exposées par la France. Les sapeurs-pompiers ne s’en servent pas, on
ne sait pas pourquoi. Les pompiers de Paris emploieut un long tube
de toile carré qui se fixe à l’aide de deux bâtons par sou extrémité
supérieure à une des fenêtres du bâtiment incendié, et dans lequel on
précipite indifféremment les hommes et les choses que l’on veut sau-
ver. Cette espèce de tube est solidement mainleuue au bas par deux
hommes qui reçoivent tout ce qui tombe. J’ai vu faire la manœuvre de
ce sac, des hommes se sont précipités successivement la tête la pre-
mière dans iesac par son ouverture supérieure. La chùte est d’abord
très rapide, mais elle s’amortit graduellement vers le bas et ne présente
pas le moindre danger.
L’Angleterre a exposé des canots de sauvetage si utilement em-
ployés sur ses côtes. On a calculé que ces canots,employés seulement
depuis trente ans, ont sauvé la vie à plus de douze mille persouues
sur les seules côtes d’Angleterre.
Le ministère de la guerre a exposé un fourgon d’ambulance, une
cantine d'ambulance, des cacolets, des civières, d’une construction
très ingénieuse et très légère. .
Les bains d’eau ou de vapeur, cette partie si utile de l’hygiène, ont
donné naissance à une foule d’inventions de baignoires, de douches,
d’aspersions, parmi lesquels on remarque les appareils des Pays-Bas,
ceux des villes hanséatiques et les appareils aux bains d’air comprimé
ou raréfié, exposés par des industriels de Montpellier et de Lyon.
l.a consommation des eaux gazeuses a produit aussi des appareils
fort ingénieux et notamment des syphons de table de toutes les formes.
Ceux de M. Gennotle, de Bruxelles, ont été remarqués.
On comprendra que les bornes d’une lettre de cette nature ne puis-
sent pas permettre d’énumérer les nombreux spécimens des inven-
tions oudes perfectionnements destinés à préserver la vie des travail-
leurs des influences délétères, morbides, de certaines industries mai-
saines ou dangereuses. Cette revue, d’ailleurs, serait incomplète,
puisque la plupart deees inventions et de ces perfectionnements figu-
rent dans une aulre classe que celle dont nous nous occupons.
Du reste, il est une remarque essentielle à faire. Plusieurs systèmes
sont, en présence quand il s'agit d’hygiène. Le meilleur de tous les
systèmes c’est la persévérance, la volonté, l'intelligente intervention
des gouvernements qui doivent sans cesse faire disparaître des
industries dangereuses les causes dé danger, appeler la science à
résoudre les questions de salubrité, bannir loin des villes et des lieux
habités les industries nuisibles, enfin rechercher sans cesse et intro-
duire daus la pratique les réformes, les améliorations, les perfection--
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