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ANVEKS, Dinianetie tö janviéi4.
Üfigt-trofstème aiinéc.
ms
Tout ce qui concerne
la Rédaction ou l'Ad-
ministration , s’adresse
aux propriétaires du
Précurseur, Messieurs
Dewever frères , rue
de l’Amman, 1.
LE PRECURSEUR
ABONNEMENTS.
(Au bureau Ou Précurseur
et chez tous les directeurs des
Postes.) Pour Anvers fr. 42.50
par trimestre. Pour tout le
reste do la Belgique franc de.
port fr. 45. Pour la Hollande
fr. 47 ; l'Angleterre fr. 22 ; la
France fr. 22 ; l’Allemagne fr..
48; les Etats-Unis, le Brésil,
les Indes etc. fr. 27.50,
Insertions : 23 cn>e»laligne..
Réclames : 50 centimes. '
CHEMINS DE FER.—Départs o’Anvers : Pour Malines et Bruxelles à 6.48,9 F... 40.45. 2.50 E.,
4.30, 7, 8.43.—Lierre, 7, 41.80, 5.—'Term.et Garid,6.45, 40.15, 2.50 E.,4.30.—Alost,6.45, 40.45,
2.30 E., 4.30. — Lokeren, 6.45, 40.48, 4.30. — Ninove, Gramm., Lessines, Ath par Termonde,
40.45, 2.50 E. ld. par Brux., 6.43, 40.15, 2.50 B, — Brug. et Ostende, 6.15, 40.15, 2.50 E., 4.30.
— Court., Mouse., Lille, 0.45, 10.45, 2.50 B., 4.30. — Tournai, 6.15, 40.45, 4.30 — Calais, 6.45,
40.45, 2.60 £., 4.30. — Louv., Tirlem., Liège, Verv., 6.45, 9 B., 40.45, 4.30,(7 Tirlem.. 8.45 E.
- Landen, 6.45, 9 B., 40.45, 4.30. — Aix-la-Ch., Cologne., 6.15 Aix) 9 E. 10.45, 8.45 E. —
Gladbaeh, Dusseldorf, Crefeld, Ruhr., 9 Ë., 10.45, 8.45 E.
Journal Politique Commercial Maritime et Littéraire.
PAIX- — LIBERTÉ- — PROGRÈS-
ftOLLANDO-BELGE. — D’Anvers pour Moerdyk, Dordrecht et Rotterdam, 7.45 matin. — De
Rotterdam pour Moerdyk et Anvers, 10 mat. — De Breda pour Roosendael et Anvers, 6.50 matin.
PAYS DE WAES.—D’Anvers pour Beveren, St-Nlcolas, Lokeren et Gand, 6.30,8.30, 44, 2.30,6,
— De Gand pour Lokeren, St-Nicolas, Beveren, Anvers 6.20, 9.05, 40.20, 2.10, 5.50.
. 10 JANVIER.
BULLETIN POLITIQUE.
Nous avons plusieurs fois entretenu nos lecteurs de la réclamation
adressée par la France et i’Angletéfrè aux’ Etats-Unis, à l’effet
d’obtenir une indemnité en faveur de ceux de leurs nationaux qui
ont éproùVé des pertes par suite du bombardement de Greytown.
Les circonstances de cette flagrante violation du droit des gens sont
encore présentes, sans doute, à ]a pensée de tout le monde; on n’a
pas perdu dé vue ni le prétexte qui a été invoqué pour commettre
cet attentat; ni le commerce de Greytown ruiné, ni ses habitants
dispersés, errant pendant plusieurs jours dans le plus complet
dénuement. Tout cela s’est passé au nom du gouvernement des
Etats-Unis, quoique à son insu! Les Etats-Unis dësavouènt l’acte
commis par ses agents ou avec leur complicité; mais ils refusent
obstinément de payer le dommage. Il y a un an environ, un membre
de la Chambre des Communes interpella le ministère à ce sujet; il
lui fut répondu par lord Palmerston que le gouvernement américain
refusait positivement d’accéder à la réclamation du gouvernement
anglais.La raison de ce refus était que les lois ordinaires delà guerre
ne rendaient pas les puissances belligérantes responsables des dom-
mages causés aux neutres .résidant sur le territoire ennemi. Lord
Palmerston a trouvé la raison excellente,-et n’a pas insisté.
Le ministre plénipotentiaire de France, le comte Sartiges a fait, au
nom de la France, la même réclamation et a obtenu la même ré-
ponse. Nous apprenons par le dernier courrier d’Amérique qu’il a
transmis cette réponse à son gouvernement. — Nous ignorons si
celui-ci se montrera aussi accommodant que le gouvernement anglais;
mais, à vrai dire, nous ne le pensons pas. Lorsqu’un gouvernement
se décide à faire à un autre une réclamation, il doit savoir si elle
est fondée et être préparé d’avance à la soutenir énergiquement. La
facilité avec laquelle le cabinet anglais s’est désisté semblerait faire
croire qu’il avait agi h la légère et n’avait lui-même aucun désir de
faire réussir sa demande. Les droits de ses nationaux pillés et ruinés
injustement ne lui ont pas paru suffisamment établis, ou suffisam-
ment respectables pour en poursuivre la défense. La France n’agira
pas de même.File insistera pour la réparation d’une injustice d’autant
plus criante qu’elle est exercée par le pliis fort sur le plus faible, par
un puissant Etat sur une ville libre composée d'honnêtes et paisibles
négociants hors d’état de se défendre. La raison alléguée par le gou-
vernement américain est illusoire. Greytown était situé en effet sur
un terrain ennemi ; mais sa destruction n’est pas le résultat des
hostilités exercées contre les autres villes de l’Amérique Centrale.
Elle est un fait isolé, prémédité, ourdi par de vulgaires aventuriers
et avec de détestables moyens tout à fait en dehors du droit des gens.
Les Etats-Unis n'ignorent pas comment les choses se sont passées;
on le leur a assez dit, et ils ont reçu assez de documents, assez de
plaintes relatifs k cetactede brigandage qui déshonore leur pavillon.
Il importe de maintenir intact le droit de la ville de Greytown,
car si les Etats-Unis ont le droit de la bombarder aujourd’hui, sous
prétexte qu’ils sont en guerre avec le Nicaragua, demain encore
d’antrês auront de nouveaux motifs aussi plausibles. Il ü’y-aura pa's
de sécurité possible pour œtte ville exposée, sans défense, aux entre-
prises de Iqus les aventuriers et même aux violences des Etats
voisins. Son commerce oui est appelé à prendre les plus grands
développements k cause ae l’heureuse situation de la place, toujours
menace, restera inactif. C’est k l’Angleterre, c’est k la France à veil-
ler au salut de. Greytown, dont les habitants stuit prescme tous
Anglais et Trançais. Si on renonce à l’indemnité demandée, que
l’Angleterre et que la Fiance au moins prennent Greytown sous
leur protection et, désormais, que toute injure, que toute vio-
lation du droit dirigée contre cette ville, s’adresse aux pavillons
français et anglais. Alors peut-être les flibustiers et les Américains
y regarderont a deux fois, avant de poser un acte d’hostilité contre
cette ville. .
Le cabinet des Tuileries demande que l’acte de navigation du
Danube soit soumis à l’approbation du Congrès de Paris, tandis que
l'Autriche vent seulement le communiquer k la conférence. Voici,
d’après la Gazette d’Aiujsbourg,qu’un réglement aurait été arrêté pour
assurer la libre navigation de ce fleuve, mais les puissances rive-
raines n’ont voulu concéder que l’exterritorialité du Danube, mais
non pas renoncer k leur souveraineté. C’est en vertu de cette sou-
veraineté qu’elles ontconclu l’acte de navigation et si cet acte conte-
nait des dispositions portant préjudice aux autres nations, celles-ci
auraient sans doute, le droit de faire des représentations, mais
rien de plus. De même que la liberté de la navigation du Danube
résulte du Congrès de Paris, celle de la navigation du Rhin résulte
du Congrès de Vienne. Or, les Etats riverains du Rhin ont conclu,
depuis ce dernier Congrès, un acte de navigation du Rhin, sans que
lespuissances qui étaient représentées k Vienne,aient prétendu sanc-
tionner cet acte.
Si nous en croyons une autre version qui nous parvient de la
Prusse, le comte Buol a fait réellement donner lecture à Paris d’une
dépêche relative k la question de l’acte de navigation du Danube,
mais cette dépêche n’a pas été approuvée par le gouvernement
français; celui-ci persisterait à vouloir que le Congrès de Paris
examinât et sanctionnât cet acte. La Bavière et le Wurtemberg
sont, k cet égard, du côté de la Prusse, de la Russie et de la France.
A Munich une discussion trè^vive aurait eu lieu à ce sujet entre M.
de Pfordten, président du conseil, et le ministre de France. Il y a
donc lieu de s’étonner d’entendre les journaux de Vienne assurer
que l’acte de la navigation du Danube avait été ratifié par le!? com-
missions de tous les Etats riverains
Nous croyons savoir, en outre, qu’il subsiste des divergences très
notables entre la Bavière et l’Autriche, sur les rapports de l’admi-
nistration douanière avec la navigation du Danube, et le gouverne-
ment autrichien a plusieurs fois consigné ses objections dans des
protocoles. Est-ce que par hasard, cet Isolement dont parlait récem-
ment le Spectateur en l’imputant k la France, serait précisément la
Situation du gouvernement devienne?
Le JUorning-Advertiser intervient k soir tour dans la polémique
soulevée autour de la nouvelle, affirmée par le Spectateur, de l’exis-
tence d’un traité secret entre l’Angleterre et l’Autriche, Le journal
anglais prétend que la vérité ne se trouve ni dans les assertions du
Spectateur ni dans les contradictions qu’elles ont provoquées de la
part de la presse.ministérielle en France et en Angleterre. D’après le
Moruing-Advertuer, il n’y aurait pas eu, en effet, de traité général
d’alliance signé entre l’Angleterre et l’Autriche, mais bien un traité
spécial dans lequel la première de ces puissances s’engageait k prêter
son concours militaire k la seconde dans le cas où la position prise
par celle-ci dans la question des principautés danubiennes, lui eût
attiré des hostilités avec la France ou la Russie.
Le Morning-Advertiser affirme de la manière la plus positive l’exis-
tence de ce traité d’alliance spéciale et va jusqu’à donner la date de
sa signature, qui aurait eu lieu le 6 juin dernier. Nous attendons'les
démentis nombreux dont cette affirmation du journal anglais va
incessamment être l’objet
Nous ne savons trop quelle importance il faut attribuer à une
dépêche de Londres publiée par le Nord, et qui parle de rumeurs
inquiétantes relatives k de grands malheurs qui seraient arrivés dans
les Indes. Ces rumeurs circulaient hier à la bourse et à la Cité; nous
avons l’espoir qu’elles ne sont pas fondées et que le sort continuera
de se montrer favorable aux armes de l’Angleterre.
-------- ■ii«an --------------------—
Conseil Communal.
Le Conseil Communal s’est réuni hier soir en séance publique.
Après la lecture et l’approbation des procès-verbaux des deux
dernières séances, il a été procédé à la prestation de serment et à
l’installation de MM. Van Belîingen et Constant Joostens, nommés
échevins, et de MM. H. Leys et Oostendorp, réélus conseillers et
absents k la dernière séance!. .
M. Delvaux a ensuite donné lecture du procès-verbal de vérifica-
tion de la caisse communale, qui a été pris pour notification.
Le rôle supplémentaire de l’octroi de la 5e section pour l’exercice
a été définitivement voté k la somme de fr. 4693.47 et celui de
là taxe des chiens à fr. 76. .
En exécution de l’art. 48 du réglement d’ordre, M. le bourgmestre
a rappelé les diverses affaires renvoyées aux commissions et sur les
quelles le rapport n’est pas rentré.
Cette lecture n’a donné lieu à aucune observation importante.
En exécution de l’art. 54 du réglement d’ordre, il a été procédé
k !a formation de la commission des procès-verbaux. MM. F. Vande
Leemput et Servais remplissent les fondions de scrutateurs. MM.
Cogels-Üsy, Ant. Dhanis, Félix Grisar, Eiskamp-Geens sont réélus
par acclamation et MM.Joostens, nommé échevin.et VanCutsem, qui
a décliné le renouvellement de ce mandat, ont été remplacés au
scrutin par MM. Ch. Wilmotte et Ed. Dewael.
Dans sa séance à lmis-clos, le Conseil a procédé au renouvellement
partiel des commissions permanentes. Voici quelle est leur compo-
sition actuelle :
Instruction publique. — MM. G. Oostendorp, Norb. Hermans,
Joostens, Ant. Dhanis et Conard, ces deux derniers en remplacement
de MM. H. De Baillet et J. Van Havre.
Beaux-arts. — MM. H. Leys, Jules De Vinck, Van Geetruyen-
Schram, Servais et Ch. Wilmotte, ces deux derniers en remplacement
de MM. J. Van Havre et F. Van den Wyngaert.
Industrie, commerce f.t navigation, — MM. Cateaux-Wattel, Th. De
Cock, Félix Grisar, Van Put et COrnelis-Lysen, ce dernier en rempla-
cement de M. Jean Eisen.
Finances et comptabilité. — MM. C. Joostens, Cateaux-Wattel,
Eiskamp-Geens, Cogels-Osy et Bavais-Claessens, ces trois derniers
en remplacement de MM. H. de Baillet. G. Legrelle et Jean Eisen.
Taxes et fermes communales. — MM. Eiskamp-Geens, Van Hon-
sem, Bavais-Claessens, Ed. Dewael et Auger, ces deux derniers en
remplacement de MM. H. de Baillet et F. Van den Wyngaert.
Police, voirie, sûreté et salubrité publique. MM. J. Van Bellin-
gen, Mast, Van Haesendonck, Cogels-Osy et Auger, ce dernier en
remplacement de M. MatthysSëns.
Législation et contentieux. MM. Norb. Hermans, G. Oostendorp,
X. Gheysens, Ant. Dhanis et Delvaux.
Travaux’ publics et cahier des charges. MM. F. Van de Leemput,
Th. De Cock, J. de Vinck, Servais et Verhaëgen, ces trois derniers en
remplacement de MM. Matlhyssens, Van Cuyck et J. Van Havre.
Le Conseil avait ensuite k‘nommer deux candidats pour la place
vacante de membre du bureau de l’Athénée royal par suite de
l’échéance du mandat de M. Jules Van Havre, qui représentait le
Conseil au sein du bureau.Ont été élus :lr candidat, M. Ant. Dhanis;
2e candidat, M. Koyen.
Une contestation* s’est élevée entre MM. De Cuyper, sculpteur et
M. Verhaegen, exécuteur testamentaire de la dame Bogaerts-Torfs,
pour les honoraires dûs pour l’exécution du monument funéraire
en l’honneur de cette dame. M. Verhaegen ayant actionné en garantie
l’administration des hospices, légataire universelle, celle-ci a dû
être autorisée àester en justice, LeConse.il a donné cette autorisation.
Question des moimaies. — L’Or.
Après avoir reproduit un article que nous avons publié.récem-
ment et qui concernait la situation faite à la monnaie d’or en
Belgique, situation que nous regardons comme contraire aux
intérêts du commerce et de l’industrie, surtout dans leurs rapports
avec les consommateurs qui ont aussi k s’en plaindre, la Meuse
fait les réflexions suivantes :
« Malgré les raisons trèS-sérieuses sans doute, que donne le Précurseur ,
il nous est impossible de partager l’opinion qu’il émet sur cette queslion
des monnaies d’or. Nous croyons, nous, que le gouvernement a très-sage-
ment agi en se refusant' k’donner un cours légal dans notre pays aux
monnaies d'or étrangères.' ' '
». L’un des caractères les plus indispensables de la monnaie, c’est la fixité
de valeur. Une fois dépourvue de ce caractère, la monnaie cesse d’être .une
valeur légale k laquelle puisse invariablement se rapporter toutc-chosc. Or,
il est incontestable qu’uujourd’hui la monnaie d’or n’a plus ce caractère
de fixité que l’argent seul a conservé. Celui-ci conservant sa valeurpremière
tandis que l’or subissait une dépréciation sensible, la proportion légale a
cessé d’exister entre eux, et cette disproportion de valeur est déjà aujour-
d’hui oirsera dans un avenir prochain, une source de difficultés et d’embar-
ras considérables dans tous les pays dont les gouvernements s’obstinent
à garder un double étalon monétaire. Tôt ou tard il faudra bien que ces
gouvernements rétablissent, par une refonte de leurs monnaies, le rapport
de valeur qui a cessé d’exister entre ces deux métaux précieux ; et, dans ce
cas, ils devront ou bien supporter eux-mêmes la perte qui en résultera ou
bien la faire supporter par les particuliers. Or, le gouvernement belge a eu
parfaitement raison, ce nous semble, de se mettre à l’abri de cette double
éventualité.
» En démonétisant les monnaies d’or, et en refusant d’accorder cours
légal aux monnaies d’or étrangères, notre gouvernement nous a préservés
d’un autre danger : celui de voir toute notre monnaie d’argent, fiiir de notre
territoire, ce qui s’est vu et se voit encore en France et dans tons les pays,
soumis au régime du double étalon monétaire, régime qui a été la princi-
pale cause, dans'ces différents-Etats, d’une exportation considérable,.^!
leurs monnaies d’argent. Les avantages que nous procure la conservation’
de cette monnaie nous semblent compenser de beaucoup les inconvénients,
fort exagérés d’ailleurs, que nous fait éprouver le.manque de monnaies d’or.»
Nous ne sommes nullement de cet avis et les arguments fournis
à l’appui ne nous paraissent pas convaincants. Sans doute, l’un
des caractères les plus indispensables de la monnaie, c’est la fixité
de valeur. Mais au temps où nous sommes, cette fixité, l’argent
l’a-t-il plus que l’or? C’est là une question que la Meuse a oublié
d’examiner sérieusement. Eh bien ! la fixité n’appartient pas plus
aujourd’hui à l’argent qu’à l’or, parce que l’un et l’autre donnent
lieu aujourd’hui à un agio, en sens inverse. On exporte de l’argent
et on importe de l’or, et les monnaies du premier métal que l’on
expédie dans les régions transatlantiques, d’où elles ne reviennent
pas, sont précisément celles qui sont de bon aloi, qui ont le titre
et le poids le plus avantageux. La monnaie d’argent qui a sa valeur
réelle, s’en va; celle d’un taux inférieur reste; et, comme on n’en
frappe presque plus, que celle qu’on frappe est vite enlevée, le
temps menace de venir prochainement où les pièces de cinq francs
qui demeureront en circulation, n’auront pas leur valeur réelle.
Dès maintenant, que l’on prenne au hazard deux cents de ces
pièces de cinquante centimes, d’origine française qui sont en si
grande abondance dans notre pays, qu’on les pèse, et l’on verra ce
qu’elles valent, comparativement^ vingt pièces de cinq francs de
bon aioi. La différence sera telle, que l’on se convaincra qu’il n’y
a aujourd’hui qu’une fixité purement nominale et de convention. Ce
qui existe pour une masse de pièces de cinquante centimes, existe
jusqu’à un certain point pour celles d’un et de deux francs; celles
de cinq francs finiront en partie, par subir le même sort.
Quand on en sera venu là et on y arrivera, parce que l’on n’émet
presque plus de monnaie d’argent, à cause de la cherté relative
du métal, est-ce que les gouvernements qui auront repoussé l’or ne
se trouveront pas dans cette situation dont parle la Meuse et à
l’abri de laquelle le nôtre se trouverait, à l’entendre ? Loin d’y
échapper, le gouvernement belge,y sera, au contraire, plus exposé
que les autres, parce qu’il y aura dans notre pays une quantité
considérable de pièces d’argent françaises, qui ne'pèseront pas ce
qu’elles devraient peser, et que le gouvernement français sera fort
peu tenté de les refondre.Qui en supportera la perte en définitive ?
Ne sera-ce pas la Belgique ?
La Meuse pense qu’en démonétisant l’or et en refusant d’accor-
der cours légal aux monnaies d’or étrangères, notre gouvernement
a empêché toute notre monnaie d’argent de fuir de notre territoire,
et qu’en cela il nous a préservés d’un grand danger. C’est une illu-
sion qu’elle se fait. Les pièces de cinq francs belges s’exportent
quand elles sont dans de bonnes conditions, et depuis plusieurs
années, il n’en est plus frappé. Veut-elle savoir quel a été le prin-
cipal effet de la mesure prise par le gouvernement ? Ç’a été de
faire aflluer en Belgique une quantité plus considérable de pièces
d’aigent françaises, pins ou moins trustes. Nous sommes loin de
regarder cela comme un service, et nous persistons plus que ja-
mais à croire qu’il ferait beaucoup mieux d’admettre la monnaie
d’or, dont la fréquence et l’étendue de nos relations avec la France
font en quelque sorte une nécessité pour une grande partie du
pays, si ce n’est pour le pays entier.
Le gouvernement russe vient de prendre une décision qui a de
l’intérêt pour plus d’un de nos établissements industriels, et sur la-
quelle nous croyons devoir appeler l’attention.
Voulant donner un grand développement à la navigation intérieure,
et pour asurer le succès de ses efforts et favoriser en Russie la con-
struction des bâteaux affectés à ce mode de transport, ce gouver-
nement vient d’ordonner que toutes les matières premières, en métaux,
importées pour le compte de constructeurs du pays,seraientexemptes,
k l’avenir, de tous droits d’entrée.
On lit dans Y Indé pétulance :
Les feuilles cléricales s’étonnent que nous ayons cru k la possibilité d'une
réponse de M. de Gerlaehe aux assertions si catégoriques de l'Observateur;
elles présentent l’opinion que nous avons émise à ce sujet comme un non-
sens, presque comme une monstruosité. Ce n’est pas à M. de Gerlaehe de
répondre, disent-ils; c’est à l’Observateur de prouver que ce qu’il a avancé
est vrai. « Quant k M. le premier président, il respecte trop ses devoirs et
les réglements du corps auquel il appartient, pour venir informer le public
de ce qui s’est passé à huis clos, au sein d’une réunion essentiellement
secrète. »
Voilà ce que nous disent ce matin l'Emancipation et le Journal de
Bruxelles.
Nous tenons à le déclarer d’abord, si nous avons prêté notre publicité
aux faits signalés par l'Observateur, ce n’est point pour dous donner la
satisfaction puérile de mettre en jeu la personnalité de M. de Gerlaehe, ni
pour faire du bruit autour de son nom ; si nous nous sommes occupés de
cette affaire en dehors de toute considération particulière, c’est uniquement
parce qu’elle nous a semblé assez importante pour fixer l’attention. Cette
importance, M. de Gerlaehe lui-même ne laméconnait pas, disons mieux, il
est le premier à la proclamer et cela, dans le discours même qu’il ajmo-
noncé le 4r janvier en présence du Roi : « La Cour de cassation, a-t-il dit,
» ne connaît aucun parti politique ; elle est instituée pour faire respecter les
» lois, et elle remplit fidèlement cette mission. »
Si M. le premier président a cru devoir insérer cette phrase dans son dis-
cours, c’est évidemment, qu’il reconnaît lui-même que l’intégrité et 1 im-
partialité de nos grands corps judiciaires n’est pas un de ces intérêts
minimes qu’on puisse négliger. On ne peut donc trouver mauvais, et per-
sonne n’est én droit de s’étonner que la presse signale comme un danger
tout ce qui pourrait faire sortir notre magistrature de cette attitude digne
et calme, au-dessus des passions et du tumulte des partis, qui, de l’aveu de
M. le président, peut seule lui convenir et qu’elle doit s’imposer comme
une règle absolue.
On comprendra dès lors pourquoi les faits exposés par l'Observateur nous
ont paru de nature k fixer l’attention, puisqu’ils se rapportent précisément
k la queslion soulevée par M. de Gcrlacliedansson discours au Roi, question
qui touche de si près k la dignité de l’ordre judiciaire. Il résulte, en effet,
des renseignements fournis par notre confrère que M. de Gerlaehe aurait
d’abord manifesté l’intention de ne point présenter la Cour de cassation
au Roi, et cela pour des motifs uniquement politiques.
Sans doute M. de Gerlaehe, en tant que citoyen, reste libredejuger comme
bon lui semble le mouvement des partis en Belgique, et d’y prendre telle
part qu’il lui plait; mais il s’agissait en cette circonstance de M. de Gerlaehe,
agissant comme président de La Cour de cassation, et enfreignant, lui le pre-
mier, la règle qu’il a depuis si nettement formulée, c’est-k-dire faisant in-
tervenir la politique et les préoccupations de parti dans les actes de la ma-
gistrature belge. _ .
Voilà ce que l'Observateur a reproché k M.le premier-président de la Cour
de cassation. Nous ne jugeons pas,en ce momentje plus ou moins d’authen-
ticité des faits qu’il a produits k l’appui de son allégation; mais il est certain,
et nous ne croyons pas que les feuilles cléricales osent le nier, que si ces
faits sont vrais, ils sont d’une importance assez grande pour qu’on ne les
dérobât pas à la connaissance du public. • .
Or, comment s’éclairer sur l’exactitude des renseignements fournis par
l’Observateur ? Ce journal, comme nous l’avons dit, a cité des noms pro-
pres ; il a publié des particularités précises qui donnaient k ses assertions
toutes les apparences de lapins exacte vérité.Qu’aurait-il fallu pour affaiblir,
pour renverser ses accusations ? Une déclaration nette de M. de Gerlaehe.
Cette simple déclaration, M. le premier président n’a pas cru devoir la
foire. Nous ne voulons pas rechercher les motifs qui l’ont porté à garder le
silence. M. de Gerlaehe est parfaitement libre de les taire; mais aussi
l’opinion publique doit-elle, de son côté, rester libre de se prononcer, dans
cette affaire, suivant les éléments de certitude qui lui sont donnés.
Ces éléments quels sont-ils ? D’une part, l’affirmation de l'Observateur.
D’autre part, les démentis des feuilles cléricales. Mais sur quoi les feuilles
cléricales basent-elles leur dénégation ? Est-ce sur le témoignage de M. de
Gerlaehe lui-mêine ? Non, elles déclarent que M.le premier président res-
pecte trop ses devoirs et les réglements du corps auquel il appartient pour
venir informer le public de ce qui s’est passé k huis-clos, au sein d’une
réunion essentiellement secrète. »
Est-ce donc que les feuilles cléricales ont pénétré le mystère de cette
réunion ? Elles seront sans doute les premières k s’en défendre. Dès lors,
entre ces deux témoignages, l’un qui affirme et qui précise des faits, l’autre
qui restedans le vague et qui nie en avouant qu’il n’a aucune autorité pour
le faire, on nous permettra de nous en tenir k celui des deux qui, selon
. toutes les apparences, semble le plus digne de foi. Ce témoignage, il faut
bien le dire, u’esl point celui des feuilles cléricales.
Voici ce que dit Y Observateur sur le même sujet :
Le débat relatif à l’attitude prise par M. de Gerlaehe aux approches du
jour de l’an, vient de faire un grand pas. La presse cléricale en est déjà aux
demi-aveux. .
Nous avons laissé s’accumuler pendant trois jours les explications et les
récriminations des journaux de la droite qui ont entrepris la tâche pénible
de la défense de M. le premier président de la cour de cassation; nous ne
doutions pas que ces journaux, placés dans une position extrêmement
difficile, uc finissent par déchirer eux-mêmes un coin du voile. Nous ferons
connaître demain k nos lecteurs l’état de cette affaire par un résumé com-
plet des circonstances sur lesquelles la polémique a roulé jusqu’à présent.
En attendant, nous transcrivons le post-scriptum suivant dont le Journal
de Bruxelles fait suivre son article de vendredi soir :
« P. S. Ces lignes étaient écrites, lorsqu’un homme dans lequel nous
avons toute confiance est venu nous affirmer que la plupart des imputations
de l’Observateur reposent sur des faits travestis ou controuvés, et que l'un
des collègues de M. de Gerlaehe, mis en cause d’abord par le journal, le
acetarèrait très-hairtétoeiit, s’il était dégagé des devoirs qui lui sont impo-
sés par la nature toute confidentielle des circonstances sur lesquelles roule
le débat. »
Ce qu’il y a de plus' clair dans ce galimatias, c’est que le Journal de
Bruxelles est déjà forcé de convenir que tous les faits avancés par nous ne
sont pas inexacts, et que décidément M. le baron de Gerlaehe se trouve
dans l’impuissance d’articuler lui-méme un démenti. Voilà le Journal de
Bruxelles bien loin de son démenti superbe et radical du 4 janvier. Tout
l’échafaudage laborieusement élevé par nos contradicteurs, tombera ainsi
pièce h pièce. La lumière se fera complète.
Le Moniteur, publie la lettre suivante adressée k M. le ministre des
affaires étrangères :
« Chicago, le 17 décembre 1857.
» Monsieur i.e Ministre,
» Je crois devoir porter à votre connaissance que la liquidation de la suc-
cession de mon prédécesseur, Adolphe Poncelet, commencera en janvier
prochain, et que toutes les réclamations à faire k la masse doivent être pro-
duites et justifiées en cour de justice dans le plus bref délai possible.
» Comme plusieurs particuliers et maisons de commerce en Belgique ont
des intérêts plus ou moins importants dans cette liquidation, il conviendrait,
je pense, de les en informer par un avis au Moniteur,en les prévenant que je
me chargerai volontiers des intérêts de ceux qui voudront m’envoyer au
plus tôt l’état de leurs réclamations, accompagné d’une procuration spéciale
en due (orme, légalisée par le ministre des Etats-Unis en Belgique.
» Agréez, etc. » Le consul de Belgique à Chicago,
» D. Henrotin. »
L'Annuaire de Y Observatoire royal de Bruxelles, pour la 25e année (1858),
vient de paraître. .
On sait qu’on avait adopté d’abord la forme de l’Annuaire du bureau des
longitudes, mais que depuis 1834 on a séparé les documents essenticllemeut
variables d’année en année, de ceux qui sont constants ou qui ne subissent
que des variations k longues périodes.
L’Annuaire de 1858 est divisé en quatre parties : Ephémérides pour 1858.
— Statistique. — Météorologie et magnétisme. — Notices.
Les résultats principaux du recensement général du 31 décembre 1856
sont réunis dans la section de la statistique et forment l’objet d’une note sur
la population de la Belgique, par M. Mail ly. Nous empruntons k ce dernier
travail les feits suivants :
POPULATION.
Provinces.
Anvers.............
Brabant . . . .
Flandre occidentale.
Flandre orientale .
Hainaut . . . .
Liège . , . . .
Limbourg . . .
Luxembourg. . .
Namur . , !* .
Au 45 octobre 1846. Au 31 décembre 1856.
466,554
691,337
645,004
793.264
714,708
432,828
483,915
186.265
263,305
454,483
748,840
624,912
776,960
769,063
303,662
491,708
193,755
286,075
- Totaux................ 4,337,196 4,529,460
La pro'ince de Liège est celle pour laquelle l’accroissement de la popula-
tion a été le plus grand : en dix années , cette population a augmenté de
plus de onze centièmes. .
Après la province-do Liège, viennent les provinces de Namur (8 î/2 cen-
tièmes) et de Brabant (8 1/3 centièmes); puis les provinces de Hainaut 7 1/2
centièmes) et d’Anvers'(près de 7 centièmes); puis une grande distance les
provinces de Luxembourg (4 centièmes) et de Limbourg (3 centièmes);enlin
les Flandres (dont la population a diminué de près de deux centièmes et
demi). .
Le tableau suivant fait la distinction des villes et des communes rurales :
POPULATION.
Anvers............
Brabant ...
Flandre occidentale.
Flandre orientale .
Hainaut ....
Liège.............
Limbourg. , . .
Luxembourg. . .
Namur.............
Totaux.
des communes
1»4S.
259,929
493,164
458,639
584,413
572,216
332,944
154,560
163,678
225,446
rurales.
«ose.
270,766
549.585
444,830
558,642
618.019
363,244
159.585
170,430
243.989
des v
446,426
198,193
484,365
208,854
142,492
! 19,884
31,353
22,587
28,357
files.
1830.
163,717
229,255
483,182
218,318
451,046
138,444
32,123
23,523
42,086
3,244,689 3,348,090 4,092,507 4,181,370
L’examen de ce tableau nous apprend que la population des villes a
augmenté en général dans une proportion beaucoup plus forte que celle des
campagnes. En effet, l’augmentation relative est :
Pour Pour
les communes rurales. les villes,
t 0,042 f
Provinces.
.Anvers. , » . ,
Rrabant ....
Flandre-Occidentale.
Flandre-Orientale .
Hainaut............
Liège..............
Limbourg ....
Luxembourg . . .
Namur. . . . .
Moyenne;.
0,054
0,037
0,044
0,080
0,097
0,032
0,04!
0.084
0,052
0,148
0.157
0,007
0,045
0,060
0,155
0,024
0,053
0,097
0,081
L’écart le plus fort se présente dans le Brabant; il serait encore plus
considérable, si l’on rattachait à la population de la ville de Bruxelles la
population des faubourgs de cette capitale,qui sont considérés comme com-
munes rurales.
Dans le Hainaut, l’augmentation plus grande de la population des com-
munes rurales s’explique par l’immense développement qu’a pris l’indus-
trie ; pour le Limbourg et le Luxembourg, l’équilibre s’est maintenu.
La population des chefs-lieux de province est présentée dans le tableau
suivant :
POPULATION.
CHEFS-LIEUX.
Anvers.
Bruxelles
Bruges.
Gand .
Mons .
Liège .
Hasselt.
Arlon .
Namur .
1846.
88,487
423,874
49,308
402,977
21,442
75,901
9,615
5,405
22,248
502,285
1856.
102,761
152,828
48,673
108,925
26,061
89,411
9,785
5,465
24,716
568,625
La population des chefs-lieux de province a augmenté en général de
13 centièmes dans la période décennale ; celle des autres villes n’a pas aug-
menté de 4 centièmes.
Il est k remarquer encore que l’accroissement général de la population
dans les villes autres que les chefs-lieux de province, est à très peu près lé
même que celui de la population des communes rurales ; on a d’une part
0,058, et de l’autre, comme il est indiqué plus haut 0,052.
Si nous faisons abstraction du Brabant, que la capitale place dans une
position tout exceptionnelle, nons. pouvons conclure que les provinces de
Liège, de Namur et de Hainaut sont celles dans lesquelles la changement,
quant k la population, de 1846 k 1856, se présente delà manière la plus favo-
rable, ensuite vient la province d’Anvers, puis le Limbourg et le Luxem-
bourg et enfin les Flandres.
La population de la capitale, au 31 décembre 4856, était de 152,828 habi-
tants, y compris 5,098 habitants du Quartier-Léopold. On y comptait 39,024
familles ou ménages. Le nombre des maisons habitées était de 16,356, celui
des maisons inhabitées était de 478.
La population des huit communes limitrophes était de 83,127 habitants,
répartis en 49,902 familles ou ménages. Le nombre des maisons était de
12,685, y compris619 maisons inhabitées.
En ajônlant la population de la commune de Bruxelles ét celles des com-
munes limitrophes, la population de la Capitale était :
Au 45 octobre 1846, de. . . ' . 188,458
Au 51 décembre 185G, de. . , . 235,955
L’augmentation absolue est de. . 47,497
L’augmentation relative de. . . 252
ou de plus du qnprt.
En 4846, le recensement avait donné dans la commune de Brux-lles le
chiffre de 42,788 maisons habitées ; en 1856, ce nombre, comme nous l’avons
dit s’est élevé a 46,556. Si l’on défalque de cedernierclfiffro les 745 maisons
du Quartier-Léopold, l’augmentation dans ces dix années a été de 2,852.
_Pendant l’année 1856, le nombre des naissances en Belgique a été d"e
134,487, celui des décès de 79,395; dans ces chiffres n’est pas compris
celui des morts-nés, qui a été de 6,436.
Le nombre des mariages a été de 32,926. On a compté 42 divorees, dont
25 dans le Brabant, 3 dans la province d’Anvers, 4 dans laFlandre Orientale,
9 dans la province de Liège, 1 dans celle de Namur.
Il y a eu 44,476 naissances illégitimes (y compris les morts-nés), dont
5,322 dans les villes et 5,854 dans les communes rurales.
Il y a eu 1 naissance sur 33.7 habitants, 1 décès sur 46.6 habitants, 4 ma-
riage sur 23.8 habitants, 4 naissance féminine sur 4.05 naissance masculine,
4 naissance illégitime sur 7.3 naissances légitimes dans les villes et sur 17 ö
légitimes dans les campagnes.
La nombre des naissances, dans la ville de Bruxelles, a été de 2,779 fémi-
nines ; total, 5,553. Le nombre des décès a été de 4,506, dont 2,248 mascu-
lins et 2,258 féminins, l.’augmentation de la population, par l’excédant des
naissances, a donc, été de 4,047.
On a compté k Bruxelles 4,450 mariages et 20 divorces.
Les notices qui complètent ce petit volume se rapportent k différents faits
astronomiques, météorologiques et physiques et k la statistique, notam-
ment au congrès de statistique, de Vienne, au recensement de la population
de la Belgique, etc.
XOimLE CIliÉDOAli:.
Une lettre, écrite de Port-de-Franee (Nouvelle-Calédonie), le 24 octobre
dernier, nous donne quelques détails intéressans sur ces parages et les
établissements qui s’y forment. Ces lignes, entre autres, sur le climat de la
Nouvelle-Calédonie, nous paraissent devoir être citées : « Le plus doux
climat du monde, où il ne fait jamais ni froid ni chaud ; où l’on peut conti-
nuellement être vêtu de drap ou d’habits d’été ; où tous les fruits d’Europe
et des tropiques mûrissent ; où il n’y a pas un seul matelot de la division
navale qui, depuis un an, soit mort de maladie ; où l’on peut travailler sans
fatigue, avec toute l’activité de son esprit etde son corps, pendant quatorze
heures par jour. Le sol est admirablement composé de belles montagnes et
de riches vallées. »
» Montagnes et vallées, ajoute notre correspondant, sont extraordinaire-
ment peuplées : ce qui n’est pas le moindre obstacle k la colonisation. La
race des indigènes, en effet, est plus qu’à demi-noire, très intelligente, il est
vrai, mais plus méchante encore. Il passe généralement pour impossible de
rien entreprendre sur une large échelle tant qu’elle n’aura pas disparu.
Nous souhaitons que cette appréciation soit inexacte.
Les PP. Maristes possèdent k la Nouvelle-Calédonie six missions, dont
l’une, après huit ans de travaux infructueux, est devenue toutk coup admi-
rable aussi belle, aussi consolante pour ses directeurs qu’une mission
puisse, l’être, c’est la mission de l’ILe des Pins. Malheureusement, cette
prospérité ne date que d’une année encore. Or, il est nécessaire, vu le
caractère mobile et fantasque des Nouveaux-Calédoniens, d'attendre une
E lus longue expérience avant de porter un jugement définitif sur la nota-
ilité du progrès.
» Quant aux autres missions, poursuit notre correspondant, deux me
paraissent en bonne voie, sans être solidement établies, et les autres sont
réputées douteuses comme le naturel des néophytes. »
On a beaucoup remarqué, paraît-il, enOcéanie’eth la Nouvelle-Calédonie,
la présence d’un voyageur russe qui, depuis plusieurs mois, parcourt et
visite avec soin toutes ces îles. Quoiqu’il ne soit revêtu d’aucun caractère
officiel, on ne fait pas difficulté d’admejtre que ses études sont dirigées par
des instructions de son gouvernement. lia trouvé, du reste, dans l'adminis-
tration française, tous les égards, toute la protection dus k un étranger de
mérite.
M. le capitaine de vaisseau Dubouret, gouverneur de nos établissemens
de l’Océanie, continue ses voyages d’exploration sur les différons points de
la Nouvelle-Calédonie. Il a mis son guidon sur la frégate la Lyonnaise et se
disposait, k la fin d’octobre, k entreprendre, sur ce bâtiment,'une nouvelle
visite de la côte Est.
RUSSIE.
Nous avons eu l’occasion d’examiner, il y a de cela quelques mois
un travail remarquable écrit, par un de nos amis de Bruxelles sur
la marine marchande russe. Ce travail a été soumis au gouvernement
impérial, qui, k en juger par ce que nous trouvons aujourd’hui dans
le Recueil maritime, l’a trouvé digne de fixer toute son attention
Voici ce que nous lisons dans ce recueil, organe, comme on sait
du ministère de la marine :
« Un étranger, M. d. 1. II..., a présenté dernièrement à S. M l’em-
pereur un mémoire-manuscrit relatif au développement de la marine
marchande russe. Par ordre de S. A. I. le grand-duc Constantin ce
mémoire a été soumis k l’examen du comité scientifique de la marine
Dans la séance du 12/24 août de ce comité, le capitaine de vaisseau
Sokovnine s’est prononcé de la manière suivante sur travail :
« Après avoir examiné ce mémoire avec touto l'attention qu’il mérite (dit
le rapporteur) il est impossible de ne pas s’é-tonner qu'un étranger demeu-
rant à l’autre bout de l’Europe, non-seulement comprenne parfaitement
l’état dans lequel se trouve actuellement notre marine marchande, mais
encore qu’il nous propose, mù par un sentiment de bienveillance, les
moyens propres à la développer. Ce que nous avons recherché, dit Fauteur
de ce mémoire, c’est do faire loucher la vérité du doigt, c’est de signaler
les lacunes k remplir, et enfin de placer le remède k cote du mal.
» Voici, en résumé, un des moyens proposés par l’auteur: « Nous
voyons, est-il dit dans ce mémoire, que dans le courant do 4852 le pavillon
marchand russe flottait à bord de 8Q0 navires seulement, ce qui fait à peine
12 p. c. du total général des b&iiments qui ont opéré le mouvement mari-
time dans tous les ports de. l’empire ; tandis que chaque nation devrait
toujours être a même d’opérer au moins la moitié de ce mouvement, se réser-
vant ainsi les bénéfices résultant des transports qui doivent faire partie de
la richesse nationale, et s’affranchissant en même temps, par suite d’une
politique bien entendue, de cette sorte de dépendance commerciale qui
résulte de l’usage permanent des intermédiaires étrangers. Il est évident
que la stagnation signalée dans les armements de commerce doit être attri-
bdéc à la rareté des capitaux affectés à ces entreprises. Le moyen le plu-
propre, le moyen le plus sûr de provoquer instantanément un large déve-
loppement de la marine marchande, c’est d’y faire concourir les capitalistes.
Mais pour diriger ce concours, il est indispensable de leur assurer des
avantages certains, de leur garantir des bénéfices propres k stimuler l’esprit
de spéculation. Telle est la pensée qui a guidé l’auteur de son travail, et il
l’exprime par la proposition de créer en Russie une caisse d’hypothèques
maritimes et d’encouragement pour l’extension des armements de com-
merce, — une semblable institution serait de nature k satisfaire k tous les
besoins relatifs k lg marine marchande, et aurait pour conséquence de faire
atteindre le double but suivant :
» 1° De doubler, dès le début, le chiffre des armements maritimes par la
réunion d’un capital suffisant appliqué aux opérations hypothécaires.
» 2° De centraliser tous les moyens de crédit et d’encouragement suscep-
tibles de déterminer la prospérité d« la marine marchande.
» Les armateurs ont besoin d’un crédit étendu; ce crédit doit leur être
accordé à des conditions favorables. Mettre les capitaux à côté de ce besoin ;
leur procurer un placement solide et avantageux, développer l’esprit d’en-
ireprise, aider l’activité intelligente des commerçants, — tels sont les résul-
tats qui découleraient de cette institution, qui doit servir d’intermédiaire et
de lien bienfaisant entre le capitaliste et l’armateur ou le constructeur de
navires. |