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1843. - Hf.o II
AMVERS, Mercredi 11 Janvier.
(Huitième Année.)
LEPRÉCERSE
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11 Janvier.
DU PROVISOIRE ADMINISTRATIF
h propos lin budget des Travaux I*ul»lies.
Provisoire! ce mot se trouve à chaque pas dans les exposés
des motifs que MM. les ministres présentent à l’appui de leurs
budgets. Celui des Travaux Publics renferme ce mot presque à
chaque chapitre. La section centrale chargée de l’examiner,ne
manque pas de le faire ressortir et même de s’en plaindre.
Mais à chaque plainte , M. le ministre des Travaux Publics
trouve des motifs spéciaux à alléguer en faveur du maintien
de l’état provisoire. Il semble que l'Administration générale
du pays soit destinée à marcher éternellement dans les voies
du provisoire. Il serait bien à désirer que la Chambre portât
enfin une attention sévère et soutenue sur ces imperfections
administratives, et qu’une bonne loi vînt enfin restreindre
l’abitraire et amener le règne de l’état normal. Elle aurait beau
jeu à commencer ces réformes par le budget des Travaux
Publics, premier objet en tête de son ordre du jour. Ce n’est
pas à dire que tout ce qui parait provisoire dans cette adminis-
tration soit destiné à devenir définitif. A Pieu ne plaise! Et
pour ne parler que des actes, nous espérons bien que les
malencontreuses dispositions du nouveau tarif concernant le
chemin de fer, déjà modifiées dans ce qu’elles avaient de plus
criant, ne seront pas maintenues au grand préjudice des voya-
geurs et du commerce. Nous n’espérons pas moins qu’une
réforme dans le service des dépêches mettra les citoyens à
même de recevoir leurs lettres dans un délai raisonnable et
approprié à un pays riche de ses belles communications
ferrées.
La section centrale a remarqué dans le projet présenté, une
première irrégularité qui résulte de ce que le chiffre affecté à
certain personnel des ponts et chaussées, est supérieur à la
somme de 18,000 francs, montant des traitements alloués aux
employés que ce chiffre concerne. La section centrale a con-
staté d après la réponse du gouvernement une irrégularité par
laquelle les traitements supplémentaires sont prélevés sur des
crédits qui, dans les intentions des Chambres, sont affectés à
d’autres besoins.Cette irrégularité signalée depuis 1841 existera
encore en 1843. —Même remarque relativement au loyer du
siège de l’administration du chemin de fer lequel est imputé
sur le fonds de construction. Heureusement le traité entre les
Pays-Bas et la Belgique qui met un vaste hôtel à la disposition
du gouvernement, mettra fin à cette imputation irrégulière. —
Une remarque semblable aux précédentes est amenée par la
discussion de l’article relatif au service de la Lys.
La section centralea fait quantité d’observations sur ce même
budget ; plusieurs sont d’une grande importance et nous y re-
viendrons en temps et lieu. Nous terminerons aujourd’hui en
exposant ses réflexions sur le provisoire qui affecte principale-
ment l'administration du chemin de fer en reconnaissant et dé-
plorant avec elle la nécessité actuelle de cet état de choses.
Ainsi le gouvernement demande pour l'exploitation du che-
min de fer en 1843 la somme de 5,400,000 francs qui ne peut
être justifiée ni contrôlée : tant que le chemin de fer ne sera
pas achevé, il est impossible de soumettre tout ce qui concerne
son exploitation à des règles fixes et invariables. Chaque sec-
tion nouvelle que l'on vient à exploiter dérange les prévisions;
telle station, par exemple, secondaire aujourd’hui, acquiert
une grande importance par l’ouverture d'une section nouvelle,
de l’augmentation de travail et de personnel dans des propor-
tions qu'on ne saurait soumettre à des calculs exacts.
Avec la section centrale, avec tout le monde, nous attendons
ce budget normal qui finira l’achèvement du chemin de fer, et
de plus nous voudrions voir régner une véritable harmonie en-
tre les charges considérables de cette entreprise et les services
qu’elle serait apte à rendre au pays.
Li PRUSSE ET UE SYSTÈME PROHIBITIF.
— Deuxième et dernier article. —
Quelle plus belle réponse le gouvernement prussien pou-
vait-il faire à ces violentes mais banales accusations, de résister,
dans des vues particulières, aux vœux de l’industrie allemande,
que cette franche exposition de principes dont les formules
simples, mais logiques, mais péremptoires, viennent confondre
toutes ces clameurs de l’intérêt privé ! Avec quelle lucidité ne
répond-il pas aux prôneurs du système prohibitif, c’est-à-dire
à ceux qui ne voient jamais de salut pour l’industrie nationale
que dans une stupide exagération de tarifs, que « l’admission
de la concurrence étrangère, en donnant de l’émulation à la
production intérieure, la conduit à des perfectionnements qui
rendent seuls possible l’extension de débouchés extérieurs! »
Combien de fois n’avons-nous pas tenu le même langage à
ceux qui,chez nous, se sont constitués les défenseurs de la pro-
hibition des concurrents étrangers ! Le thème invariable sur le-
quel, ici comme là-bas, les adhérents du saint-cricquisme font
rouler leurs éternelles déclamations, est celui-ci : « Donnez-
nous le marché national! » Cette prétention, on peut la traduire
ainsi,sans qu’il y ait besoin de recourir à la moindre altération
ni à la moindre exagération : « Livrez-nous le marché intérieur
en en expulsant les produits de l’étranger; alors nous pourrons
imposer nos prix au consommateur qui sera bien forcé, en
1 absence de toute concurrence, de s’approvisionner aux sour-
ces que nous lui ouvrons. Ce que le consommateur paie au-
jourd'hui 50 centimes, il le paiera le double et le triple, si
même pas plus; cela ne nous regarde pas. Le plus clair pour
nous dans tout ceci, c'est que nous pourrons plus facilement
nous enrichir, vu que nous n’aurons plus besoin de baisser nos
prix au niveau de ceux d une concurrence plus habile et, par
conséquenl.plus avancée que nous.Ce n’est pas tout : après avoir
éloigné forcément la concurrence étrangère et assujéti arbi-
trairement les consommateurs à tous les caprices de nos
impositions, nous, grands exploitateurs du marché national,
nous nous coaliserons contre les petits industriels, que nous
ruinerons à notre aise par une concurrence rendue facile pour
nous qui disposons de grands capitaux, mais redoutable pour
ceux qui ne fouillant pas dans ce Pactole, se laisseront bientôt
abattre sous nos coups répétés. Alors, alors, nous serons
maîtres de la fortune publique — et c'est ce que nous ambi-
tionnons! » —
Voilà en quelques traits la pensée secrète de ceux qui pour-
suivent incessamment la conquête de ce fameux marché natio-
nal, pensée odieuse et que par cela même on s’efforce de dissi-
muler soigneusement. Ils sont donc à plaindre, ceux-la qui
séduits par la forme extérieure , prêtent leur concours à des
tentatives aussi dangereuses, et coopèrent ainsi, à leur insu, à
l’appauvrissement de toute une nation.
Dans la plupart des pays qui nous environnent, l’industrie est
atteinte par une stagnation plus ou moins sensible dans l'écou-
lement de ses produits. Sans rechercher si cet état de choses
a été amené par des circonstances malheureuses qui tiennent
peut-être à des causes que le cours naturel des événements peut
faire disparaître, ou bien s’il est le résultat d'entreprises pous-
sées trop loin, mal dirigées ou mal conçues, on voit quelques
industriels, comme le gouvernement prussien le ditsi bien dans
son manifeste, faire de grands efforts auprès du public et des
gouvernements, pour les convaincre que la protection seule
peut les sauver de la crise dont ils sont momentanément la vic-
time. L’intérêt général de tout un pays a beau faire entendre
la voix de la raison, les prétentions de quelques-uns restent
inébranlables. Devant une opiniâtreté si évidente, il est temps
que les nations comprennent la nécessité de s’opposer vigou-
reusement à un débordement qui les menace : il y va de leur
avenir.
Ce qui n’est pas le moins remarquable dans la note adressée
par le gouvernement prussien au Congrès douanier de Stutt-
gardt, ce sont certains passages dont le sens s’applique singu-
lièrement à la Belgique. Le plus frappant est celui-ci :
« La résistance qu'on a opposée par ces motifs (la préoccupation des
intéréts généraux du Zollverein), a soulevé les passions et les intérêts
privés, et tout est mis en œuvre par eux pour renverser le système actuel
et obtenir par la force un système prohibitif. On fait à cet égard les plus
grands efforts pour convaincre le public et les Etats de l’Uriion qu’il est
temps de fonder ce qu’on appelle un système national d’industrie, qui,
par une chainede prohibitions, promet d’élever l’Allemagne au plus
haut bien-être matériel. Dans les Chambres de l’Allemagne méridionale,
de même que dans les journaux, on entend répéter avec une violence
inexplicable les raisonnements depuis si long-temps réfutésdu système
mercantile; chaque jour on a recours à la presse pour augmenter l’irri-
tation des esprits, et pour effrayer même, si c'est possible, les gouverne-
ments. Le sentiment allemand, qui veut que la patrie soit riche et puis-
sante, et conséquemment protégée contre le soi-disanl/uV/affe de V étran-
ger, sert d’excellent bouclier; on attaque avec moins en moins de réser-
ve les gouvernements et leurs organes, qui, appréciantconscieusement
les besoins des consommateurs et des diverses branches d’industrie, la
position de ces dernières à l’intérieur et à l’étranger, enfin les besoins
du trésor, résistent au torrent. »
Nulle part ces paroles ne trouveront une application plus
directe qu’en Belgique, où l’on travaille depuis des années, à
grand renfort d’enquêtes, de comités et d’articles de journaux,
à faire prédominer les idées étroites de l’exclusion de l’étran-
ger au profit de la production nationale.
Et que répondent les prohibitionnisles de la Belgique aux
lumineux enseignements que renferme l’exposé du gouverne-
ment prussien ? Ne trouvant rien de réel contre un langage si
en harmonie avec les éléments de prospérité de tout peuple
travailleur, ils argumentent à l’aide de prédictions aussi absur-
des que malheureuses. L’un des organes les pluszélés des droits
exagérés de la différence, nous montre la prétendue dissolution
qui auraitentaméleZoZZremnet compromettrait son existence.
Pourquoi ? Parce que la Prusse combat si énergiquement les
idées exclusives qui cherchent à se faire jour dans le sein de
l’Union des douanes allemandes. La seule chose qu’on ne voit
pas ou qu’on feint de ne pas apercevoir, c’est que c’est précisé-
ment l’introduction du système prohibitif qui doit ruiner parla
base l’institution du Zollverein.
Isoler le Zollverein du travail étranger, c’est de pousser au
suicide de l’inanition. Or, le Zollverein, c’est l’œuvre de la
Prusse, c’est le produit de longues années de profondes études
et de laborieuses combinaisons, et comme tel, la Prusse ne
consentira jamais à ce que des doctrines contraires à l’esprit
et au but du Zollverein, étendent leur influence sur sa belle
création, sur l’institution qui a décidé la prépondérance de son
gouvernement sur le véritable esprit allemand.
Pour notre part, nous nous félicitons hautement de l’éclatante
adhésion que renferme pour nos principes économiques, la
notification du gouvernement prussien. Ce document est, de
plus, un démenti formel jeté à ceux qui pour donner du relief
à leur cause, ont toujours voulu prétendre que la Prusse mar-
chait dans la voie des droits différentiels et de leur entourage
d’hyperboles douanières.
YOUVEUIiES ME LA OISIVE.
Les journaux de la Chine publient ia traduction de deux pièces inté-
ressantes et curieuses. L’une est un rapport adressé à l’empereur par
le commissaire chinois chargé de suivre les négociations avec les An-
glais. Il explique les nécessités sous lesquelles les mandarins ont été
contraints de traiter; il expose les difficultés de la situation où les au-
torités impériales ont été réduites par la campagne des Anglais dans lé
Yang-tsé-Kiang, et enfin il montre les avantages qu’on peutespérerdu
nouveau traité. La seconde pièce est un acte de la munificence impéria-
le, qui, malgré les embarras financiers du trésor, remet leurs impôts
de l’année aux provinces qui ont le plus souffert de la guerre; dans les
gouvernements les plus équitables et les plus généreux de l'Europe on
ne ferait pas mieux. Malheureusement la traduction de ces pièces, com-
me de toutes celles qui nous ont été transmises depuis le commence-
ment de la guerre, esl fort défectueuse; en plusieurs passages, elle est
presque inintelligible et doiL très probablement contenir quelques er-
reurs; mais du moins on ne peut douter de sens général.
Rapport du commissaire impérial et de ses collègues sur les demandes du
plénipotentiaire anglais.
« Le commissaire impérial et grand ministre, Key-ing, l’adjudant-
général en activilé de Tso-pou, Ele-pou, et le gouverneur des deux pro-
vinces de Kiang, Nieou-kll, réunissent ici les articles de la paix qui a élé
conclue avec la nation anglaise, et envoient sur tout ce qui est arrivé un
rapport dûment préparé.
ni» Lesdits barbares nous ont demandéSl millions dedollars de mon-
naie étrangère. En examinant celle demande, nous avons trouvé que
lesdits barbares avaient voulu, dans le principe, nous arracher 50 mil-
lions de dollars ; mais Chang-hi et ses collègues discutèrent vivement
cette prétention, et,à la troisième fois, la somme à paver fut enfin fixée
au chiffre de 21 millions. Cette somme se décompose ainsi: 6 millions
pour prix de l’opium livré par eux au commissaire Lin, 5 millions poul-
ies sommes que leur doivent les marchands hongs. et 12 millions pour
les dépenses de guerre qu’ils ont faites. Sur le premier point, le chicou-
bi (c’est-à-dire un officier des gardes de l’empereur chargé des négo-
ciations par les mandarins), Chang-hi et ses collègues représentèrent
que le prix de l’opium ayant déjà été payé 6 millions par la ville de Can-
ton, en mai 1841, on ne pouvait pas venir en réclamer une seconde fois
le paiement.
» Quanl aux dettes des marchands hongs, ils répondirent que c’était
à ceux-ci à se libérer eux-mèmes, ei qu’il était injuste de vouloir les
faire acquitter par les officiers du gouvernement ; enfin, quant aux dé-
penses de guerre, ils demandèrent comment il pouvait se faire que la
Chine dût être dans l’obligation de les rembourser. La discussion s'éta-
blit sur ce terrain, et elle y fut agitée à de nombreuses reprises. Mais de
leur côté lesdits barbares répondaient que l’opium n’est pas un produit
de l’Angleterre, mais d’un pays voisin ; que plus de vingt mille caisses
avaient été détruites par Lin, et qu’il fallait beaucoup d’argent pour en
rembourser le prix à ceux qui les leur avaient fournies.Ils disaient que
les 0 millions déjà payés ne représentent pas la moitié de la valeur du
prix d’achat, et qu’en conséquence il faut maintenant compléter la som-
me. Quant aux dettes des marchands hongs, ils prétendaient que si,
dans le principe , on les avait laissés faire, ceux-ci auraient bien pu
s’acquitter, mais qu’avec les détails qui étaient survenus, les dettes avec
les intérêts s’étaient élevés aune somme considérable, et qu’en consé-
quence ils demandaient au gouvernement 3 millions, qui ne représen-
taient cependant pas la dixième partie de ce qui est dû au commerce
anglais. Ils ont insisté tout particulièrement pour qu’une enquête fût
faite à Canton, par les ordres du gouvernement, sur les dettes des Hongs;
ils ont annoncé qu’ils étaient prêts à accorderdti temps pour la liquida-
tion de ces dettes, mais que si les Hongs se trouvaient dans l’impossibi-
lité de payer, ils seraient contraints ( les Anglais ) de réclamer le rem-
boursement par le gouvernement.
» Quand aux dépenses de la guerre, voici ce que les Anglais disaient:
Aussitôt que la paix sera faite, il faudra récompenser les soldats et les
matelots avant de les renvoyer chez eux; et, si vous n'étes pas décidés à
payer, il est inutile de nous parler davantage de la retraite de la floile.
Si les hostilités ne cessent pas, alors attendez-vous à voir les dépenses
du gouvernement s’élever à bien plus de 12 millons. Nos bâtiments de
guerre ont déjà pris King-Ko, ils ont bloqué tous les passages,et ils peu-
vent vous faire beaucoup de mal; tandis que si nous leur donnons l’or-
dre de se retirer, les avantages que la Chine en retirera seront très con-
sidérables. Et mille autre choses sur le même thème.
» Ledit chieou-hi et ses collègues voulaient revenir encore sur ia ques-
tion, mais le susdit barbare ne fit que le regarder d’un air irrité et ne
voulut plus l’entendre.
« Moi, votre esclave, j’ai examiné et jugé ce que sont les incroyables
exigences desdits barbares, et je sais qu’elles ne peuvent qu’exiter l’in-
dignation la plus profonde. Mais, d’un autre côté, considérant que non
seulement ils ont déjà attaqué et détruit KingKo.qu’ils ont pris Ching-
Kiang, mais qu’ils ont intercepté la circulation qu’il serait difficile de
rétablir avant long-temps, je dois craindre de nous voir bloqués à la fois
au nord et au sud, ce qui serait une épouvantable calamité. »
(Le commissaire explique ensuite avec quelles ressourcés on pourra
faire face à cette dépense extraordinaire de 21 millions de dollars (plus
de 105 millions de francs); mais il parait que le traducteur n’était pas
fort au fait du mécanisme de l’administration financière des Chinois,
car ce passage est à peu près inintelligible dans la traduction anglaise.
On y trouve aussi des erreurs de chiffres manifestes. Nous remarquons
cependant que, parmi les moyens indiqués, l’auteur chinois compte 1°
le droit de faire rembourser aux Hongs les 5 millions que le gouverne-
ment aura dû payer pour eux; 2° le montant des droits dédouanés à im-
poser sur les importations anglaises lorsque le commerce sera rouvert
par la paix; 5° enfin le produit de la vente de certains honneurs et digni-
tés que le gouvernement peut mettre aux enchères. Ce dernier point
est fort délicat. A tort ou à raison, les Chinois sont persuadés que dans
le Céleste-Empire toutes les places sont données au mérite, et il parait
que c’est un sujet sur lequel l’opinion publique est très vigilante. Dans
une des lettres du ca pita ineCéci ile.com mandant lafrégatel’i/i'ÿtme.ehce
moment dans les mersdela Chine,celofficierraconteque lors de l’entre-
vue que lui firent demander à Canton un membredelafamille impériale
elles deux principaux magistratsdela province,ces personnages lui
avouèrent que le trésor impérial était aux abois, et que, pour faire face
aux dépensesde la guerre, le gouvernement avait été dans la nécessité
de vendre certaines places, mesure qui avait excité le plus vif mécon-
tentementdansla population, et qu’on avaitété contraint d’y renoncer.)
Le commissaire impérial reprend ensuite :
« Si nous comparons la somme à payer aux Anglais avec les dépenses
qu’entraîne l’état de guerre, nous verrons que cette sommeestaux dé-
penses comme trois est à dix, et que, malgré nos efforts nous n’avons
pour notre argent que des semblants de combat, sans espérance de vic-
toire. Il est donc plus raisonnable de se conformer aux circonstances et
de terminer la guerre.
» 2» Lesdits barbares ont demandé que Hong-Kong leur fût accordé
comme lieu de résidence, et de plus qu’il leur lût permis d’aller faire le
commerce à Kouang-Chou, à Tu n Chou, à Amoy, à Ning-Po et àShang-
Ilaï. Le Chieou-hi Hanling (un autre des négociateurs) et ses collègues
ont pensé que les barbares, ayant déjà bâti des maisons à Hong-Kong
et demandant cependant comme une faveur que le séjour leur fût ac^
cordé, il fallait souscrire à leur requête. Quant au commerce à Kouang-
Chou et dans les quatre autres ports, on a trouvé que c’était trop.
» Aux questions claires et nettes qui leur furent adressées sur ce su-
jet, voici ce que les barbares ont répondu : Nous regardons Hong-Kong
comme notre demeure, et nous voulons avoir le droit de faire k com-
merce à Kouang-Chou et dans les autres ports. Si ce point ne nous est
pas concédé, alors nous ne rendrons ni Amoy, ni Ning-Po, ni Chin-HaV,
ni Ting-IIaï, ni Topou, ni Paoy-Sban, ni Cliin Kiang, et notre Hotte ne
se relirera pas. EL de plus, comme il nous faut absolument avoir le droit
d’aller faire le commerce dans ces ports, il est aussi nécessaire que des
consuls y résident pour y surveiller nos affaires, pour y avoir autorité
sur les barbares, pour y prévenir les désordres. D’ailleurs les droits se-
ront payés suivant les tarifs fixés par le gouvernement, et quand une
fois ces tarifs seront arrêtés, les paiements se feront aussitôt.
« De plusencore,onldit les Anglais,quand nous faisions le commerce
à Canton, tout ce commerce était dans les mains des Hongs; nous étions
exposés à leurs extorsions, et le tort qui nous a élé fait en conséquence
est considérable. A l’avenir, nous voulons choisir nous-mêmes les mar-
chands auxquels nous aurons affaire , afin que le commerce se fasse
équitablement ; enfin ce seront les consuls qui seront chargés d'acquit-
ter les droits à la douane, afin que nous ne soyons plus forcés de passer
par les mains des Hongs, elexposés à leurs extorsions. — Etils ont beau-
coup parlé sur ce sujet.
» Ledit Chieou-hi voulut leur représenter encore que de ces cinq ports
il fallait bien en déduire quelques-uns ; mais les barbares refusèrent
obstinément de l’entendre.
» Moi, votre esclave, j’ai examiné et jugé que V. M. impériale ayant
déjà fait savoir qu’elle leur accorderait le séjour à Hong-Kong et le droit
de faire le commerce dans les provinces de Eokien et de Tche Kiang,on
pouvait bien transiger pour les cinq ports, d’autant plus qu’ils occupent
encore Amoy, Hong-Kong, etc., et qu'il serait fort difficile de les eu
chasser.
d S’il nous faut préparer nos armées pour défendre ces places contre
eux, il ne faut pas oublier qu’il est très difficile de se mesurer avec eux
sur les eaux. El n’est-il pas plus avanlageitx de nous faire rendre d’un
côté notre territoire, et de laisser de l’autre les barbares venir faire le
commerce, puisqu’ils ne demandent pas mieux que de payer respec-
tueusement les droits?
i> Les voilà maintenant qui deviennent raisonnables, qui se répentent
de leurs erreurs, qui sont soumis comme s’ils étaient, chassés par le
vent; quand nous serons unis en amitié réciproque, en bienveillance et
en vérité, toutes choses iront bien Puisqu’ils veulent garder eux-mê-
mes leur marché et protéger les frontières maritimes (ceci fai' ûlivsinn
à l’engagement pris par les Anglais d'entretenir un certain n :
croiseurs sur les côtes de la Chine pour y réprimer la contrebat t - |