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LE PRECURSEUR.
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partie belge du canal de Maestricht à Bois-le-Duc l’importance qu’elle a perdu
pur la séparation delà Hollande. —
Ce n’est pas seulement de nos jours que la grande importance d’une jonction
entre l’Escaut, la Meuse et le Rhin a été reconnue , nos ancêtres se sont occu-
pés il y a plus de deux siècles de cette grande entreprise. La jonction de la
Meuse au Rhin devait avoir lieu par un grand canal de navigation ayant éga-
lement Yenloo pour point de départ, et les eaux du Démer devaient être
utilisées pour celle de la Meuse à l’Escaut. Ce fut en l’année lG26sous le gou-
vernement de l’archiduchesse Isabelle-Eugénie , d’après laquelle le nouveau
canal reçut le nom de Fossa Eugêniana, que les travaux de la partie entre
la Meuse et le Rhin furent commencés , et ils étaient déjà très avancés à la
lin de le même année. Mais la Hollande qui venait alors de conquérir son indé-
pendance , sentant combien .cette nouvelle voie de communication serait
funeste à son commerce, lit à plusieurs reprises, interrompre et détruire à main
armée les travaux ; et nonobstant qu’ils furent repris chaque fois avec une
nouvelle activité , et que les bords du nouveau canal furent même garnis de
neuf petits forts pour en assurer la défense, ils durent être abandonnés totale-
ment en 1628 quand les hollandais s’emparèrent de Wesel , et bientôt après
de Rhinberg et de Venloo , les deux points de jonction sur le Rhin et sur la
Meuse.
Le pays traversé par le canal ayant été entièrement morcelé à la paix de
Westphalie qui termina la guerre, le projet n’a pu être repris que sous le gou-
vernement français, qui, en comprenant toute l’importance , décréta son exé-
cution sur de grandes dimensions quoiqu’avec une autre direction. — Celte
fois-ci encore, les travaux furent poussés avec une activité extraordinaire, et
en moins de deux ans les deux tiers de la section de la Meuse au Rhin étaient
achevés, et celle de la Meuse à l’Escaut très avancée , quand les circonstances
politiques firent encore une fois suspendre et bientôt totalement abandonner
les travaux; — et cette fois-ci encore ce fut la Hollande qui causa cette funeste
décision par suite de sa réunion à l’empire français.
C’est à la Belgique régénérée qu’est réservée la gloire d’achever enfin cette
belle conception, et à vous , messieurs, ses mandataires, celle d’en provoquer
la décision. Nous terminons cet exposé en recommandant cet objet à votre
sollicitude. •
Lo conseil de la ville de Venloo,
C. H. L. BONTAMPS, P.*
Par ordonnance, Le secrétaire,
C. Gillot.
CONSEIL COMMUNAL. — Séance dn T janvier.
A l’ouverture de la séance M. le secrétaire donne lecture du
procès-verbal de la dernière réunion. Ce procès-verbal
est adopté après une légère rectification proposée par M. Smets.
L’ordre du jour appelle la lecture du rapport du collège sur
l’administration et la situation des affaires de la commune.
Cet immense travail dont la lecture a duré trois heures , con-
tient des aperçus curieux sur notre cité sous le triple rapport de
sa position financière, économique et politique. 11 n’est point une
seule de ces parties qui ne mérite l’examen approfondi de la
presse ; c’est dire assez que nous nous en occuperons plus tard
avec le plus grand soin.
Après cette lecture vient le rapport de la commission du budjet.
L’honorable M. Cateaux-Wattel, rapporteur , entre à cet égard
dans diversesconsidérations dont quelques-unes nous ont frappés
parce que nous mêmes nous avons vivement réclamé dans le
temps les améliorations proposées par la commission du budjet.
C’est d’abord le renouvellement des'portes du Bassin ensuite
la construction de deux cuisines à droite et à gauche du grand
Bassin. Nous dirons avec la commission du budjet, qu’il est in-
juste de faire payer aux navires les droits de cuisine, alors qu’on
oblige les matelots à cuisiner en plein air , le long des murs.
Après la lecture de ce rapport , M. le bourgmestre demande
si l’on veut fixer à lundi , le commencement de la discussion.
M. Pécher demande l’impression du rapport. M. le bourgmestre
répond que l’impression lui paraît inutile puisque des observa-
tions devront naturellement être fuites par le collège sur ce rap-
port , que dans la discussion on reproduit chaque article l’un
après l’autre, ce qui met MM. les conseillers en mesure de suivre
facilement cette discussion et qu’enfin lo rapport est déposé au
secrétariat afin que MM. les conseillers puissent en prendre con-
naissance.
M. Liedts fait observer que la fixation de la séance à Lundi est
bien rapprochée , puisque MM. les conseillers n’auront véritable-
ment qu’un jour à eux pour examiner le rapport.
Surcetteobservation appuyéede plusieurs membres, la séance
est levée, pour être continuée mardi prochain à 6 heures du soir.
GRÈCE. — Athènes, 6 décembre.
Le gouvernement déploie une honorable activité: aux mesure»
que le pays ne manquera certainement pas d’accueillir avec joie,
il faut joindre le projet de loi soumis à la délibération du conseil
d’état concernant la création de conseillers éparchiaux. On croit
généralement que ces conseillersseront nommés suivant le même
mode que les conseillers municipaux. Le gouvernement rendra
bientôt une ordonnance qui établira la responsabilité des com-
munes pour tous les brigandages commis sur leur territoire. La
vente de biens nationaux et la dotation des familles helléniques
seront également réglées par une loi. Il a été nommé une com-
mission composée de 11 membres pour la conservation des anti-
quités, Plusieurs élèves de l’institut grec de Munich, aujourd’hui
supprimé , sont revenus ici.
ESPAGNE.
LA VÉRITÉ SLR BILBAO.
Les bulletins officiels des deux partis n’ont pas percé le voile qui
couvre encore la délivrance de Bilbao ; et puis il ne s’agit pas seu-
lement de savoir comment se sont passés ces faits le dernier jour ;
ce siège est assez mémorable pour qu'on aime à connaître la vérité
sur l’ensemble des opérations. Nous croyons que celle juste curiosité
sera satisfaite par la lecture de la lettre suivante :
Bayonne, 1er janvier.
«La Tille do Bilbao mérUe que son dévouement soit connu . et je m’empresse
de vous apprendre ce que je viens d’en savoir de source certaine, pour vous
prier d’y donner la plus grande publicité.
»> Depuis le 25 octobre Bilbao a eu devant ses murs toute l’armée carliste
disponible. Eguia , avec sept bataillons sur la rive droite ; Villarcal , avec
treize sur la rive gauche ; tiente-quatre bouches à feu de gros calibre , des
bombes incendiaires étaient en batterie. Depuis le 24 , sauf une interruption
de quatorze jours , du 28 octobre au 51 novembre, il y a eu un feu continuel ,
plusieurs jours de bombardement incessant , et tous les matin» un bombarde-
ment d’une heure ou deux. Pas un édifice n’est resté intact , et la mise à cou-
vert était impossible , les batteries étant sur les deux rives,
» La ville avait une garnison de 4,000 hommes et une garde nationale ^ie
G00. Il n’a pas été introduit une once de poudre ni de farine en deux mois.
Eli bien ! les carlistes n’ont pas été maîtres 24 heures d’une seule position atte-
nante à l’enceinte. Saint-Augustin, couvent situé à l’angle nord de la ville, a
été démoli deux fois pendant une nuit par les carlistes, repris deux .fois par la
garde nationale, et remis en état de défense, la première fois le 27 octobre, la
seconde fois le 20 novembre. Ainsi on peut dire que les carlistes n’ont pas oc-
cupé une seule position de l’enceinte. Et quelle enceinte ! Six couvens , et
quatre postes fortifiés, reliés par des courtines eu terre, ou des tonneaux et
des planches garnies de sable sur un développement de 600 mètres, la plupart
du tenis sans fossés. Voilà les fortifications de Bilbao , que beaucoup de Pari-
siens croient une place forte. Figurez-vous Corbeil mis à l’abri d’un coup de
main.
» Cette ville s’est défendue pendant deux roo's, jour par jour , ayant le
crève-cœur de voir (elle était en vue, et communiquait par un télégraphe), une f
armée de 15,000 hommes à sa porte qui n’osait franchir les trois lieues qui les
séparaient pour la défendre. La population a souffert de tous les fléaux, le feu j
de l’ennemi d’abord, la faim, la maladie. Depuis quinze jours, elle était à une
ration de 4 onces de pain fait de son et de seigle; plus de viande, un peu de
morue (1). La garde nationale a eu 300 hommes hors de combat. Il a péri des
femmes et des eufans. Une compagnie de vieillards, qui se compose de soixante
hommes, et qui, en tems ordinaire, fait un service de police, a eu dix hommes
tués ou blessés. Les deux chefs de la garnison , Sau-Miguel et Araoz, ont été
blessés.
* Quant à M. Espartero, voilà son affaire : Parti le 24 octobre de Yittoria
avec 12 bataillons } arrivé le 27 à Villarcayo; le siège se lève le 294 et il se
vante à Madrid d’en être cause et se fait adresser par la reine des complimens
où Evans (qui ne lui a rien envoyé) a sa part pour l’avoir aidé. Le siège était
si peu levé, que les canons étaient encore à portée et le 7 novembre remis en
batterie. Du 27 octobre au 29 novembre, Espartero reste à Villarcayo et envi-
rons pour empêcher de rentrer Sanz qui est rentré le 20, passant au milieu de
20,000 hommes. De Villarcayo à Bilbao, par Areiniega, il y a 13 lieues d’Es-
pagne, Villareal à moitié chemin ; Espartero n’ose l’atlaquer et rejoint Laredo
pour venir par Castro Urdiales à Portugalette (21 lieues d’Espagne ) s’établir
à 3 lieues de Bilbao. Il y arrive le 25, essaie de passer la Cadagua à Burcena ,
échoue, passe sur la rive droite du Nervion, échoue le 5 à l’attaque d’Asua, re-
passe sur la rive gauche, fait venir de l’artillerie de siège de St.-Sébastien pour
foroer le passage de la Cadagua (de l’artillerie de siège pour faire une opération
offensive, seul exemple de ce geure, dans les faits de la guerre ! ); et, le pont
jeté sur cette rivière , se retire le 1er à Portugalette sous prétexte de mauvais
lems ; les soldats murmurent, et il se justifie par un ordre du jour du 18. Il
demande à Bilbao, par le télégraphe, si la ville peut tenir encore huit jours :
on lüi répond : Non ; nou9 vous le dirons quand vou9 serez sur les hauteurs de
la Banderas ( dernière position attenaute à la ville). Il repasse sur la rive droite
du Nervion le 19. Et enfin le 24, par une neige épouvantable, à quatre heures
du soir, il se bat six heures, perd huit cents hommes, et l’ennemi cède la place.
Il le laisse s’en aller sans le poursuivre.
» Tout cela eut pu se faire, par le plus beau temps du monde, le 4 et le 5
décembre , dans les mêmes positions et avec bien moins de pertes. On l'a fort
mal reçu à Bilbao, et l’ayuntamiento envoie une députation à Madrid pour
porter ses plaintes et -demander son changement.
» Voilà la vérité sur chacun : à chacun ses œuvres. Il faut ajouter que Espar-
tero a été forcé de se battre par les murmures de son état-major. Il y a des
officiers qui ont jeté leurs épaulettes et leurs décorations. »
ITALIE. — INaples, 18 octobre•
Le choléra est tout-à-fait en décroissance : le roi et toute la
cour continuent à séjourner à Portici et la reine douairière au
palais Délia Favorita. La nouvelle du prochain mariage du roi
s’est répandue dans toutes les classes de la société et a été ac-
cueillie avec plaisir. D’ici à peu, le roi partira pour Trente pour
aller à la rencontre de sa royale fiancée.
PORTUGAL.
EXTINCTION DU PAPIER-MONNAIB.
Décret de la reine du 1er déce?nbre 1886, qui rappelle ceux du
28 juillet et du 1er septembre 1884 , relatifs à l’extinction du pa-
pier-monnaie comme contraire aux intérêts généraux du pays
et opposé à l’existence et à la prospérité du crédit public. —« La
nation ne paie pas actuellement des contributions suivant ses fa-
cultés ; et cependant elle pourrait tirer en outre un grand parti
des biens nationaux qu’elle possède et dont la valeur croitra à
mesure que les lois seront plus respectées, que l’ordre et la con-
fiance se rétabliront.
Les circonstances dans lesquelles se trouve le pays sont diffici-
les. Les embarras de l’administration sont grands , mais les mi-
nistres de V. M. sont glorieux de n’avoir pas désespéré de la cause
publique. Le patriotisme et la résignation des classes supérieures
sont au-dessus deUout éloge. Les ministres de V. M. , malgré
mille obstacles qu’ils ont rencontré , mais aidés par le zèle de
leurs agens à Londres, paieront les dividendes du 5 0[0 échus le
lor décembre courant, montant à 90,000 liv. st., équivalentes à
412,500,000 reis. Ils ont fait brûler au nom du gouvernement
divers titres et créances pour une somme de 1,756,968,068 reis.
Le gouvernement a montré par là combien il est empressé de sa-
tisfaire à ses obligations.
o Le papier-monnaie émis monte à la somme de.... 11,356,589,800 reis
• Amortis jnsqu’au 9 décembre 1836.............. 8,241,595,000
Rcfte.............. 3,114,994,800
• Mais attendu les pertes accidentelles, on porte lo
montant du papier-monnaie existant, en or, à........ 2,800,000,000
» Quoique les ventes de 2,400 contos de biens natio-
naux n’excèdent pas leur évaluation , il reste encore do
papier amorti....................................... 1,200,000,000
En déduisant.............. 2,800,000,000
Reste....... 1,600,000,000
» Donné à la secrétairerie d’état du ministère des finances, le 10 décem-
bre 1836.
Signés • Vicomfc de SA DA BANDEIRA , Antonio Manoel LOPEZ
» V1EIRA DE CASTRO, Manoel DA SILVA PASSOS, o
GRAND-DLCHÉ DE BADEN. — Carlsruue, 1erjanvier.
Legrand-duc Michel esl toujours à Baden; il loge à l’hôtel
d'Angleterre avec sa suite; tout près de la se trouve la princesse
russe Dolgouroucki, jeune personne de 21 ans , d’une admirable
beauté. On no présume pas que le séjour du grand-duc dans nos
contrées tienne au besoin de rétablir sa santé qui parait excel-
lente , ou même à d’autres motifs qui pourraient être plus légers;
car il a auprès de lui un homme lort capable et parlaitement au
courant de la politique Européenne, pour laquelle tous les pré-
textes conviennent.
Aujourd’hui, 1erjanvier , le grand-duc a quitté subitement
Baden et est venu à Carlsruhe ; il est allé directement au châ-
teau et aété introduit dans un appartement particulier- Toute la
cour était alors assemblée , et recevait les félicitations de toutes
les notabilités , et même des étrangers , qui sont toujours bien
accueillis par le grand-duc et la grande-duchesse de Baden.
Chacun était en grand habit de cérémonie. Au lieu de se présen-
ter à la cour et de se mêler à la foule, le grand-duc Michel a fait
prévenir de son arrivée; à l’instant même le grand-duc de Baden,
la grande-duchesse et les ministres ont quitté la cour qui les en-
tourait et même les diplomates engagés au gala qui devait avoir
lieu ; ils se sont rendus auprès du grand-duc Michel et sont res-
tés auprès de lui plus de trois quarts d’heure; les diplomates et
les étrangers , ainsi abandonnés avec assez peu de cérémonie ,
étaient fort niéeonlens , les Anglais surtout, qui regrettaient fort
d’avoir mis leurs habits d’uniforme. De pareils faits paraîtront
sans doute fort légers au plus grand nombre des lecteurs; ils
prouvent cependant l’influence de la Russie sur l’Allemagne et
l’empressement ç^el’ou apporte à plaire au Czar et à sa famille.
(1) On peut se figui er l’état de dénuement où était la ville par quelques faits
cités dans une lettre que publie un journal anglais. On vendait dans les der-
niers jours une livre de viande de cheval 50 sous; la muite d’un cli3t le même
prix ; une volaille 3a à 50 fr.; un œuf, 23 à 30 sous ; un moincau-f'runc 50 sous
également.
Httæna
ALLEMAGNE.— Francfort, *1 janvier.
Une espèce d'émeute a éclaté, il y a quelques jours, dans l’é- I
cole forestière de Wurtenberg établie à Hohenheim, et dès long-
tems célébré : les élèves se sont réunis en tumulte, et après avoir
porté, non pas la santé, mais lepereat de leur directeur, ils ont
tous quitté cet établissement. Cet événement, quoique peu im-
portant , fait pourtant l’objet de tous les entretiens , et on est
unanimement d’accord à reconnaître que , nonobtant plusieurs
améliorations introduites depuis quelques tems dans cette école,
elle laisse encore quelque chose à désirer sous le rapport de
l’ordre et de la police qui y régent.
FRANCE. — Paris, 6 Janvier.
CHRONIQUE ET BRUITS DE SALON.
Mr. Guizot et la Majorité. — Les ministres affectent une con-
fiance dans la majorité qui est loin d’ètre réelle. Les dissidences
ont repris leur cours du moment où ils se sont aperçus que leurs
hostilités contre M. Dupin et leurs avances à M. Thiers ne désar-
maient ni l’un ni l’autre de ces adversaires. On raconte que dans
le salon bleu des Tuileries , M. Guizot s’étant montré plus qu'à
l’ordinaire désireux de se concilier quelques voix dans la cham-
bre, disait avec une apparente bonhomie : — En vérité, je ne
vois pas ce qu’on peut nous reprocher, et ce qui empêche de
nous entendre. — Le canon de Waterloo , monsieur , reprit le
collègue à qui il s’adressait ; la tranchée qu’il ouvrit dan9 nos
rangs vous ouvrit un passage à la suite des ennemis. — Yous êtes
bien rancuneux , général. — Et vous , monsieur, bien oublieux.
Cette conversation ébruitée a fa it une vive impression dans lo
monde. Le général n’est plus à destituer, autrement l’homme de {.
Gand aurait fait procéder contre lui.
Réceptions du chateau. —■ Les réceptions au château ont absorbé
mardi toute la population officielle qui remplit habituellement
les salons ministériels. Les hôtels de la justice, de la liste civile,
et des finances, étaient fermés, et les Suisses, au lieu de faire ré-
sonner sur le sol , leurs hallebardes dorées, répétaient de leur
grosse voix : « Le ministre est chez le roi. » Les modestes dévoû-
inens se sont rebattus à la marine, aux affaires étrangère», chez
M. Thiers et chez M. le duc de Broglie.
La marine a eu quelques-unes de ces visites obligées pour tout
convive qui a atteint les huit jours de rigueur. Quelques diplo-
mates y sont aussi venus avec le gros des états-majors de la ma-
rine. L’intérêt des nouvelles extérieures, de Bilbao, de l’ordon-
nance dernière sur la marine , l’attentat du 27 , tout cela était
primé par le discours de M. Dupin au roi, comme président de
l’institut. On remarquait, comme une haute leçon, qu’au lieu de
suivre l’orateur dans son cours d'histoire romaine, l’auguste in-
terlocuteur avait, en quelque sorte , enfermé M. Dupin dans son
musée de Versailles. On était bien assez monté contre le haran-
gueur qui avaitdéterré un Calpurnius assez inconnu pour laisser
croire possible toute personnalité à des illustrations de notre
époque.
m. Dupin aux tuileries» — On remarquait encore à minuit foule
aux Tuileries. L’affluence de la chambre des pairs n’a pas été
moindre que celle des députés ; ces messieurs se racontaient le» *1
détails d’une vive discussion qui aurait eu lieu à la commission
de l’adresse entre M. Dupin et M. Thiers sur les affaires d'Afrique. [
On fesait intervenir M. Molé dans ce débat pour reprocher à M. f
Thiers d’avoir produit un document officiel appartenant aux af-
faires étrangères. 11 était près de minuit quand , retiré dans la
salle du trône où messieurs les députés attendaient pour être pré-
sentés à S. M. , M.*** demanda à M. Dupin : Auriez-vous , mon
cher président, un troisième discours à adresser au roi ? » Cette
question les mit en bonne humeur ; ils parlaient de la huran-
guedu président de l'institut : « Savez-vous , lui dit E.*** , que
les maréchaux sont furieux et qu’ils prétendent en avoir satis-
faction. — Vous vous trompez , aurait repris M. Dupin ; les ca-
lomniateurs sont ceux qui de faits historiques font une personne-
lité : je les démens pour mon compte. «
M. Molé. — La doctrine était plus à son aise chez M. Molé.
Tous les fidèles s’v trouvaient pour témoigner avec les hautes !
seigneuriesde la pairie combien M. Dupin avait enfreint les rè-
gles en parlant au roi en son nom personnel, et quand l'usage
lui imposait l’obligation de parler au nom de la chambre. Il !
n’était rien moins question que de renouveler à la prochaine \
séance la proposilion d’interdire toute harangue du président au
roi sans le contrôle du bureau. On sait au surplus que pour ces
MM : il y a loin du projet à l’exécution.
M. de Rignt. — M. le général de Rigny est arrivé sur lo Castor
comme il avait fait quarantaine aux iles Baléares , il est immédi- |
atement parti pour Paris.
Meunier. — 11 paraîtque l'affiliation de Meuider à la Société des
Familles est un fait acquis a l’instruction de l’attentat du 27
décembre. Cette déplorable affaire semble prendre une exten-
sion qui ne permet point d’adepter les fermes rapides auxquelles
on voulait d’abord la soumettre. 11 est certain quelle ne sera pas
portée devaut la cour dos pairs avant le mois de février.
Commission d’adresse, — Nous apprenons qu'à la dernière réu-
nion de la commission de l’adresse qui a eu lieu hier, il a été
question des affaires d’Espagne. M. Molé avait été appelé au sein
du conseil pour donner des explications et une nouvelle alterca-
tion fort vive s’est engagés entre lui et M. Thiers. La rédaction du
paragraphe n’a pas encore été adoptée : la commission doit en-
core se réunir ce matin pour terminer la discussion de ce passage
de l’adresse.
La lecture du projet d’adresse n’aura pas lieu avant mardi
prochain, en sorte que la discussion ne s’engagera guère avant
jeudi ou vendredi prochain.
— Hier au soir, le bruit çourait, dans les salons politiques ,
qu’un des membres de la commission d’adresso , connu par scs
relations intimes avec le ministère avait demandé que-, dans sa
réponse au discours du trône , la chambre des députés sollicitât
des lois d’exception. Cette proposition avait excité, disait-on, dus
débats très vifs, dont on ne connaissait pas encore le résultat.
— Voici , assure-t-on , un paragraphe proposé dans la discus-
sion de l’adresse, et qui a pour lui non seulement lo vote de M.
Thiers et de ses amis , mais la quasi-approbalion du rapporteur,
M. Sl-Marc-Girardin, qui ne chicane plus que sur les mots : » La
» chambre accueille avec d’aul^xnt plus de confiance l'espoir que
» la monarchie constitutionnelle s’affermira dans les deux états
» de la Péninsule , qu’elle ne pourrait voir le triomphe de l’ab-
» solutisme à Madrid sans redouter ses conséquences pour lastu-
» bililé des institutions constitutionnelles dans d’autres états. » |