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Le Préeus scur
—Un mot déplacé.—La Gazette du Midi raconte l'anecdote suivante:
« Avant-hier,au soir, la diligence d’Arles à Marseille traversait la Crau.
Dans la diligence se trouvait un étranger parlant très couramment no-
tre langue, mais avec un certain accent qui décelait l'anglais. On cau-
sait d’objets divers, sobrement, avec réserve Un monsieur qui paraissait
se mettre beaucoup plus à son aise, et que son langage faisait recon-
naître pour un lecteur nourri des bonnes doctrines des journaux mi-
nistériels. interpelle brusquement son compagnon de voyage : — Vous
êtes Anglais, monsieur? —Précisément —Eh bien! quand pendez-vous
votre O'Connell ?. Un air de profond dédain se peint aussitôt sur la
figure grave de l’étranger; il tire de sa poche un papier : c’était son
passeport, et le mettant sous les yeux de son interlocuteur, ce dernier
lit: John O'Connell, fils de Daniel O'Connell'. <•
n Et maintenant, messieurs, ajouta M. John O’Connell en se tournant
vers les autres personnes, par respect pour vous, je ne répondrai pas
autrement à cet homme. . Qu’il sache seulement que tant qu’il aura des
fils, O’Connell ne sera pas pendu.
» Il est plus facile d'imaginer que de rendrel’émotion des uns, la con-
fusion de l’autre. Le voyage s’acheva jusqu’à Marseille sans autre con-
versation que dps paroles polies et obligeantes adressées à l’honorable
étranger qui répondait brièvement. Quant à celui (pii venait de faire
éclater la bombe, on croit qu'il se répéta souvent, comme ce personnage
de comédie : Je voudrais bien m’en aller.
* M John O’Connell est en cemoment à l’hôte! d’Orient, où nous avons
pu nous assurer hier nous-méme de sa présence, comme nous avons eu,
d’autre part, la certitude de tout ce que nous venons de raconter. »
line lettre «Se iférnnger.
On sait que samedi dernier uncertain nombre de jeunes gens des éco-
les se sont rendus auprès de Béranger à Passy pour l’inviter à vouloir
bien se placer à leur tète le jour de l’inauguration de la stalue de Mo-
lière. Béranger ne se trouvant pas chez lui, cette invitation lui a été
laissée par écrit, et voici la réponse qu’il y a faite :
« Passy, 7 janvier 1844.
n Monsieur,
> II n’est pas d’honneur qui pftt me flatter davantage que celui que
veut bien me décerner une partie de la jeunesse des écoles de droit et
de médecine; mais je dois vous confesser qu’il n’est pas d’homme qui
convienne moins que moi au rôle que cet honneur m’imposerait dans
la cérémonie du 15. Mon caractère, mes goûts, mes habitudes m’ont
toujours tenu loin des solennités publiques, où je serais fort embar-
rasséde figurer, et où il me serait inipossiblede proférer une parole.
» Ayez donc, monsieur, la bonté de faire agréer mes excuses à ceux
de vos camarades qui avaient cru devoir me désigner pour marcher à
leur tête le jour de l’inauguration de la slatuede Molière. Persuadez a
cette généreuse jeunesse de laisser dans son coin, qui, grâce au ciel,
n’est pas le coin noir du Misanthrope, le vieux philosophe et chanson-
nier resté fidèle à ses convictions et à ses sympathies Les rêves qu’il y
fait encore prouveront, il l’espère, à voire génération qui a si longtemps
à lui survivre, que jusqu’au dernier moment il s’est préoccupé du bon-
heur et de la gloire de notre patrie.
* Voudrez-vous bien aussi, monsieur, exprimer ma reconnaissance
aux nombreux élèves des écoles qui ont pris la peine de me venir ren-
dre visite à Passy, et leur dire le regret que j’ai de ne m’y être pas trouvé,
et le regret plus vif encore que m’a causé la trisle issue d’une démar-
che qui m’honorait tant? A mon retour, j’ai fait ce que j’ai pu auprès de
M. le maire de Passy, homme à la fois conciliant el juste, pour adoucir
les résultats d'une collision que je déplore. A ceux qui en sonl victimes,
dites, monsieur, combien je souffre d’avoir été l’occasion du mal qui en
peut résulter pour eux.
• Recevez en particulier, monsieur, et mes remerciements et l assu-
rance de ma cordiale considération.
» Votre dévoué, n Béranger. »
Bourse de Paris du f O Janvier.
Bp.c. comptant.
• fin cour.
3 p.c. comptant
» fin cour.
Empr. de 1841..
fin cour.
m "20
124 50
82 35
82 43
Cert. nap. Falc.
Act. esp. 5 p. c .
Nouv. aiff.....
Passiveid......
Emp. rom.5p.c
106 70
20 3/4
3 1/2
104 3/4
Kmp.belge 1834. : 105 12
Dito 3 p.c. 1840.
Dito 1812......
’ Dito3 p.c.....
Dito fin cour....
BanqueBelgiqnc
Dito Emias.1841.
108 1/4
109
685
— Bulletin «le la bourse. — Les affaires sont languissantes dans
nos fonds. On compte sur là discussion de l’adresse à la chambre des
députés pour donner un peu d’aclivilé aux transactions.
Le 3 p. c. a encore un peu fléchi de 82-55 à 82-40 pour finir à 82-45
fin cour. Le 5 p. c. a aussi un peu baissé à 124-2(1 compt. 124-30 fin cour.
Les actions de la banque se sonl sensiblement améliorées; on cote3250,
30 fr. plus haut qu’hier.
Le a p. c belge ancien était recherché à 105 1|2, les autres fonds sont
sans variations.
L’emprunt romain est traité en hausse de l|4 p. c. à 104 1i2, 3i4. — La
rente de Naples a aussi monté de 20 c. à 106-70.
L’actif espagnol est ferme à 29 3|4. différée ancien 5 l|2,—5 p. c. por-
tugais 45. En somme, la bourse de ce jour a été presque nulle pour
toutes les valeurs.
HOLLANDE,
La Hâte, 11 janvier. — Le roi, accompagné des princes, s'est rendu
avant-hier à l’hôpital civil de celte ville, pour s’informer par lui-même
de l’état des personnes qui ont été plus ou moins grièvement blessées,
en prêtant secours lors de l’incendie de l'hôtel de la raarine.Ces person-
nes sont MM. Jacques Stuart de Harlem et K. J. Kruyff, employé à la
Chambre des Comptes.
Il n’est malheureusement que trop vrai, que les anciennes archives,
contenant les journaux, annotations et rapports originaux de nos cé-
lèbres marins d’autrefois, sont devenues presque entièrement la proie
des flammes.
On se félicite doublement, aujourd’hui, de ce que la substance de ces
précieux documents, a été conservée par l’archiviste du royaume, M.
De Jonge, qui en a (ait un judicieux usage dans son Histoire de la Ma-
rine Hollandaise, et en a reproduit les passages les plus importants.
— Le Staats-Courant publie le projet de loi pour régler les préten-
tions à charge de l’état, de feue S.M. le Roi Guillaume-Frédéric, comte
de Nassau.
Ce projet est la conséquencede l’offre faite par ce prince,peu de temps
avant sa mort, de renoncer à la créance qu’il avait encore sur l’état.
— Une députation de négociants d'Amsterdam doit se rendre à La
Haye pour solliciter une audience du roi, afin de prier Sa Majesté de rap-
porter le projet de loi d’emprunt et d’impôt.
Bulletin «le la bourse d'Amsterdam du a a janvier. — Nos
fonds nationaux montraient au début encore quelque tendance à la
baisse; mais peu après l’ouverture de la bourse, il s est montré beau-
coup d acheteurs, ce qui a fait rester les prix au-dessus de ceux d’hier.
Il y avait beaucoup de demande pour les actions des chemins de ferel
aux prix cotés les transactions ont èié animées.
Les fonds espagnols muius fermes, par suite du cours en baisse de
Londres. — Les portugais et les russes restent demandés.
BELGIQUE.
Bruxelles, 12 janvier. — Hier matin, le sieur R_domicilié rue du
r.o-«ql"n’ S est brûlé la cervelle à l’aide d’un pistolet d’arcon. La charge
était tellement forte, qu’au moment de la détonation uue partie delà
crosse s est brisée.
Le suicidedu sieur R... aurait été commis, paraît-il, au milieu de cir-
constances toutes particulières et qu’on rapporte ainsi :
Hier matin, à l’audience delai™ charnbredu tribunal civil de Bruxel-
les, devait s instruire le procès en divorce intenté par l’épouse de M
K....; celui-ci, sans profession, résidait à Bruxelles, rue du Marquis.
Le tribunal avait déjà admiscette dame à prouver les voies de fait sur
lesquels elle rondait sa demande en divorce dans la requête qu’elle avait
adressée au président du tribunal le 14 janvierde l’année dernière. Les
parties et les témoins étaient assignés à comparaître devant le tribunal
Sfz>r««m-Iene lnst?nce’ lorsqu’à l’appel de la cause, le tribunal fut infor-
mé officiellement que le sieur R.venait de se brû'er la cervelle dans son
a micile. En conséquence, le tribunal n’ayant pas encore la preuve au-
thentique de ce décès, remit la cause indéfiniment.
^«^c^Ü^0KrSlde^'n^s, un 6rant* malheur a failli avoir lieu au faubourg
K<îfik’ B: • • ’ horloger, à Bruxelles, se rendit à un établis-
sement public au faubourg,ou il commanda-une demi-bouteillede faro;
on la lui servit; il trouva que la bière était trouble, eten fit I observa-
tion à celui qui I avait versée, on lui offrit une autre bouteille, mais il
refusa; à peine eut-il mis la boisson à ses lèvres et avalé quelques goût-
es, qu il jeta un grand cri, disant qu'il était empoisonné ; on avait pris
E«Lc.rreurde. savon pour de la bière: des calmants el des
vomitifs ayant été prescrits par le médecin appelé près du malade le
mal se calma,et le lendemain M.B.... était rétabli.
, “ 11 a été procédé mercredi au gouvernement provincial à Bruxelles,
a l adjudication de l’entreprise de la fourniture d’une partie des maté-
riaux nécessaires pour la construction de la 2“>e galerie souterraine de
lumptich, sur la section de Louvain à Tiriemonl. Ces fournitures, di-
visées en 3 lots, étaient portées au prix estimatif de 109,577 fr. 50 c.
•w soum,fsi?nnaires se sont présentés pour cette entreprise qui
plus avantageuses*"savoir T® fer0D? conua*lre que les soumissions les
F.Reemié°r!‘deWaarremmehallX hydrauliq,,e à dix P c’ de rabais ^ M. G
2» Marché, pierre de taille bleues pour les coussinets, à 13 t|2 p. c. de
rabais ; .1. Taminiau et De Tieges, de Tirlemont ont soumissionné pour |
le même prix.
2« Lot. Sable pour la fabrication des mortiers, à M. Vanderhaegen, de
Bruxelles, 13 p. c. *
3» Lot. Bois de charpente, à MM. Smolders, de Cumptich, au prix de
18 1(2 p. c. __________
CHAM DDK DBS mPlllIlUl III.
Séance du 11 janvier.
PRÉSIDENCE DF. M. I.IF.DTS.
A midi et demi la séance est ouverte. — Adoption du procès-verbal.
— Lecture des pétitions.
m. delfosse modifie l’amendement qu’il a présenté hier. Cet amen-
dement étant appuyé seradiscuté. L’orateur explique quelleesl sa por-
lée : il ne veut pas refuser au ministre les 109,000 francs demandés pour
les augmentations de traitement ; il veut seulement que le vote en soit
retardé jusqu’à cequel’on ail soumis à la chambre les arrêtésaugmen-
tanl le nombre des desservants.
m scheyven votera pour l'allocation de 50.000 francs, parce que l’Etat
doit contribuer aux réparations à faire à des monumentsqui sont natio-
naux.Il rappelle à la chambre la terrible catastrophe de Valenciennes et
l'engage à ne pas laisser plusieurs villes de ia Belgique exposées à de
semblables malheurs.
m. de thel’x rappelle qu’en 1840 on avait déjà annoncé la nécessité
d’ériger un certain nombre de chapelles en succursales et qu’à cette
époque personne n’a contesté la légalité de cette mesure. Il s’attache
ensuite à démontrer la nécessité d’accorder l’allocation demandée; cette
allocation est due en toulejuslice, et la chambre ne peut la refuser sans
compromettre gravement les intérêts des desservants dont le traite-
ment est déjà extrêmement borné.
h van voi.xem. L’honorable M. Delfosse a dit hier que j’avais masqué
la vérité en cachant à la chambre les arrêtés portant création de nou-
velles succursales, cette assertion est complètement inexacte.
m. delfosse. Je demande la parole.
m. van voi.xem s'attache à se justifier des imputations qui s'élèvent
contre lui; il affirme qu'il a fait connaître à la section centrale la créa-
tion des nouvelles succursales.
m. Rogier. Je serai favorable au nouveau crédit demandé pour les ré-
parations des tours monumentales. Je n’ai pas besoin de me défendre
de céder à certaines influences locales. Parmi les monuments qui ont
besoin de réparations, figurent deux tours qui appartiennent à la pro-
vince, à laquelle je tiens par mon mandat, mais ces deux tours, mes-
sieurs. ne sont pas les monuments d’une ville, d’une province ; je dirai
plus, ce ne sont pas les monuments du pays, par leur grandeur, par
leur importance, par leur magnificence, ils appartiennent à l’Europe, à
la chréüenté tout entière. Ainsi, messieurs, ceux de nous, qui dernière-
ment ont fait le voyage de Cologne, n’ont pas été surpris de voir la
commission d’achèvement de la cathédrale faire un appel à tous les
étrangers pour les engager à concourir à la construction de ce merveil-
leux monument qui appartient aussi à l’Europe entière.
. Je suis d’autant moins contraire aux dépenses qui ont pour but les
réparations à la tour de Malines qui non-seulement j’ai voulu la conser-
ver, mais que j’ai même poussé la témérité jusqu’à désirer son achève-
ment. J'ai toujours pensé qu'un pareil monument situé au centre de
nos chemins de fer serait une preuve de la puissance de notre pays, de
sa puissance intellectuelle, de sa puissance industrielle, de sa puissance
dans les arts ! Quelques personnes qualifieront un pareil vœu du litre
d’utopie; des utopies pareilles, messieurs, j’en accepterai toujours la
responsabilité. Un jour viendra où la Belgique plus confiante dans ses
propres forces ne reculera pas devant celte grande entreprise. Je pen-
se que plus la Belgique est petite, plus elle doit s’élever et se rendre
importante par ses actes.
A Dieu ne plaise cependant que je veuille entraîner l'Etat dans des dé-
penses exagérées ; je sais qu’il en coûte cher pour se faire respecter,
mais je sais aussi que la première condition pour être respecté, c’est de
faire honneur à ses engagements. Ce n’est donc pas moi qui viendrait
proposer à la chambre de nouvelles dépenses tant que la situation du
trésor sera ce qu’elle est, aujourd’hui.
Celte situation du trésor a une influence fâcheuse sur la discussion de
tous nos budgets. C’est à cause d’elle que les dépenses les plus néces-
saires sont retardées. — Nous attendons toujours les propositions pro-
mises par M. le ministre des finances.
L’orateur démontre ensuite que ce qui manque surtout à la chambre,
ce sont des instructions préalables, des renseignements suffisants; déjà
elle a accordé avec hésita lion l’allocution pour le palais de justice de Garni,
— maintenant les renseignements manquent encore à ce sujet ; la sec-
tion centrale annonce qu’elle en a demandé au ministre, mais les rensei-
gnements fournis et annexés à la lettre B du budget sont incomplets et
insuffisants, elcependanlon entre dans une voie de nouvelles dépenses,
il faut 1,200,000 fr. seulement pour les tours de Malines et d’Anvers.
L’orateur voit avec plaisir qu’on entre dans celte voie. Améliorer et
conserver est la mission de tout bon gouvernement, mais il veut de la
régularité dans les comptes.il ne veut pasque le ministre applique aux
traitements du clergé les sommes volées pour réparations de monu-
ments et réciproquement ; il propose donc un amendement tendant à
diviser l’article unique du budget en deux articles distincts, le premier
pour le personnel, le second pour le matériel. Il maintient du reste le
chiffre proposé par le ministre.
Mais, ajoute l’orateur, je reprocherai au ministre de la justice d’avoir
manqué de franchise. Il devait ouvertement demander à la chambre
l’allocation nécessaire pour les augmentations des desservants et la
chambre, toujours bienveillante pour le clergé, eut certainement ac-
cordé l’allocation. Il défie qu’on cite un seul exemple du mauvais vou-
loir de la chambre envers le clergé. La chambre, et je dirai plus, la
presse, contre laquelle on s'est toujours montré fort injuste, la presse
a toujours été plus bienveillante pour le clergé en Belgique que partout
ailleurs. Oui ! malgré l’espèce de censure que l'on veut faire peser sur
elle, nulle part elle n’est plus respectueuse pour le clergé qu’en Belgi-
que, dans aucun pays elle n’est moins philosophique qu’en Belgique. —
C’est la vérité! el j'inviterai ceux de mes collègues qui contesteraient
cette assertion à le dire;—la presse, j’entends celle qui mérite raisonna-
blement ce nom, n’est nulle part plus scrupuleuse et plus respectueuse
envers le clergé et en cela elle est d’autant plus louable qu’elle le fait en
conservant toute son indépendance.
m. le ministre de la jlsticë répète les explications qu'il a données hier.
Quantà l’amendement de M.Rogier.il pense qu’il peut y avoir moyen de
l'adopter Répondant à une interpellation que M.Verhaegen lui a adres-
sée hier, il dit que le nombre de congrégations de sœurs hospitalières
en Belgique s’élève à 30, que du reste jamais depuis 1830 on n a deman-
dé à ces congrégations de rendre leurs comptes.
m dem is essaie de réfuter le discours de M. Verhaegen. Au sujet des
paroles que M. Rogier a prononcées sur la presse, il dit qu’il ne veut
pas contester le plusou moins d’exactitudede cette assertion, mais que
si la presse est respectueuse pour le clergé, on ne peut pas en dire au-
tant pour la morale.
m. de theux présente quelques observations.
m. d’anethan, ministre de la justice admettra la division proposée par
M. Rogier, si I on veut augmenter l’article 2, destiné au matériel, de fr.
100.0UO. _
m. Rogier. L’article 1», personnel, diminuera-t-il de 100,000 fr.?
m.ministre. Non ! M. le ministre explique, que sur la somme destinée
aux traitements, les décès el vacatures permettaient de faire chaque an-
née une économie de 100,000 fr. à peu près, qui élait appliquée aux
réparations, pour lesquelles la somme deSàO.OOo fr. est insuffisante. Il
faut donc augmenter de 100,000 fr. les 550,000 déjà demandés; d’ailleurs
les 100,000 francs d’économie éventuelles sur le personnel resteront au
trésor et il y aura compensation.
La chambre entend encore MM. Verhaegen, Lys et Van Volxem.
m. rogier s’élève vivement contre la proposition de M. le ministre, il
ne faut pas grever le budget d’une augmentation même apparente. 11 y
a moyen d’opérer la division sans augmenter le budget. Il sera toujours
possible au ministre, à la fin d’un exercice, de demander à la chambre
l’autorisation de tronsférer les économies faites sur l’art. 1" à l’art. 2.
si. d’anethan, ministre de la justice, soutientson amendement ; selon
lui, il f.iut ou l’adopter ou laisser les choses comme elles existent déjà.
m. delfosse combat l’amendement nouveau du ministre de la justice.
m. de theux pense qu’il vaut mieux rester dans les mêmes conditions
que d’augmenter le budget.
m. betaux insiste vivement pour que la division soit admise.
La clôture est prononcée.
La division est mise aux voix et rejetée.
M. Delfosse retire son amendement.
m. lys demande la suppression de cent mille francs jusqu’à ce qu’on
se soit assuré que les provinces et les communes concourrontaussi aux
réparations des édifices consacrés aux cultes.
Cet amendement est rejeté.
L’art D est admis.
Art. 2. Culte protestant.—Adopté.
Art. 3. Culte israélite. —Adopté.
Art. 4. Secours aux membres des anciennes corporations religieuses,
etc. - Adopté.
Cliap. IX. — Etablissement de bienfaisance.
m. orts demande a la chambre de mettre un terme à ur« abus, à un
délit même, qui nuit considérablement à la charité publique, il veut par-
ler des loteries. Autrefois ces loteries se composaient de dons, d’ouvra- i
ges consacrés par des dames à ce noble usage. Aujourd’hui, les choses 1
se passent bien autrement; les établissements de bienfaisance ont jeté
le cri d’alarme et voient se tarir puur eux les sources de la charité pu-
blique.
L'orateur insiste avec chaleur pour que la législature mette un terme
à ces loteries illégales, immorales, sans contrôle, et il cite pour exemple
le peu de bien qu'a produit une loterie célèbre qui vient à peine d’ètre
close. Il cite plusieurs cas où les tribunaux ont confisqué des objets mis
en loterie; il somme le ministre de la justice de poursuivre ce délit par-
tout où il se commet.
m.le ministre de la justice défend ces abus en s’appuyant sur l’usage
qui les fait tolérer depuis 13 ans. l)u reste.le ministre reconnaît la néees-
sitéderégulariser ces loteries,un projet deloi est préparé etsera présen-
té à la chambre,mais jusque-là il ne croitjpas pouvoir faire poursuivre les
loteries ayant un but de bienfaisance.
m. castiau demande dans quelle proportion M. le ministre entend ap-
pliquer la somme de 120,000 fr. demandée pour les subsides aux établis-
sements de bienfaisance et pour les hospices d’aliénés.L’orateur s’élève
avec force contre le mode suivi à l’égard des aliénés et demande des
améliorations indispensables, dussent-elles coûter quelques milliers de
francs, quelques millions même.
On ne parle plus d’économies lorsqu'il s’agit de monuments, d’édifi-
ces de luxe, el on en parle alors qu’il s’agit d'humanité. On a plaidé tout
à l’heure la cause de l’art avec une chaleur et un talent remarquables,
mais si l'orateur qui siège à mes côtés avait voulu descendre du ciel sur
la terre, s’il avait jeté les yeux sur les populations affamées, il aurait
peut-être hésité à parler si chaleureusement en faveur de l’art. Il y a
pour moi quelque chose de plus noble.de plus respectable que la pierre,
— c’est l’homme.
L’orateur démontre que les améliorations à introduire au régime des
alliénés coûteraient beaucoup moins que M le ministre l’a prétendu.
Il s'élève aussi contre la manière dont sont détenus quelquefois les
aliénés.
Il faut que la loi vienne au secours de ces malheureux dont il faut
protéger la liberté.
m. rogier repousse l’accusation portée contre lui par l’honorable pré-
opinant. Il est d’avis qu’il faut améliorer les hospices et les prisons,
mais il ne faut pas laisser dépérir les monuments nationaux II faut ad-
mettre toutes les améliorations et n'en repousser aucune.
m. DESMEDT vante les heureux résultats de l’exposition de la rue aux
Laines.
La séance est levée à 5 heures moins un quart. Demain séance publi-
que à midi.
ANNEWS , 12 JANVIER.
3 1(9 heures. — Au, moment de mettre sous presse, te courrier de
France n’est pas encore arrivé.
Le brick belge Jean Fan Eyck. se trouve actuellement en rade, ayant
à bord environ 120 passagers, qui se rendent à Guatemala.
— On écrit de Louvain, 10 janvier :
M.Denef, ancien receveur des contributions en notre ville, s’est noyé
volontairement avant-hier au soir dans le canal. Le malheureux, qui
savait très bien nager, avait eu la précaution, pour rendre sa mort cer-
taine, de s’attacher des pierres aux poignets. C’est en effet en cet état
qu’il a été retrouvé hier.
En sortant de chez lui, M. Denef avait laissé deux lettres sur sa table.
L’une adressée à sa nièce, annonçait son départ pour Bruxelles où il al-
lait, disait-il, se faire opérer de la pierre. L’autre était à l’adresse de M.
Denef, avocat, son neveu, et lui disait qu’il trouverait dans son porte-
feuille une lettre qui l’intéresserait. Dans cette dernière lettre M. Denef
disait que ne pouvant supporter plus longtemps les douleurs que lui
causait son infirmité, il avait résolu de se détruire, et qu’on trouverait
son cadavre dans un endroit du Canal qu'il désignait. Après quelques
recherches le cadavre a été retrouvé en effet à l’endroit indiqué.Ce fatal
endroit est très voisin de celui où se noya, volontairement aussi, M.
Denef, son frère, ancien bourgmestre denotre ville, et père de l’avocat,
que cette nouvelle catastrophe éprouve d’une manière bien cruelle. La
lettre trouvée dans le portefeuille indiquait aussi où le défunt avait dé-
posé son testament.
— On lit dans VEclaireur de Namur :
Une respectable dame de notre ville, qui a une propriété à Jambe, re-
çut samedi une lettre comminatoire par laquelle il lui était enjoint,sous
peine d’incendie de sa maison, de déposer une somme de 400 fr. dans
certaine partie du chemin. Un paquet simulant cette somme, mais com-
posé de morceaux de plomb, fut placé au lieu indiqué, et six hommes
s'embusquèrentà diverses distances, de manière à surprendre le cou-
pable en flagrant délit.
N’ayant vu personne approcher du trésor supposé pendant toute la
nuit, on voulut le reprendre... Mais, ô surprise pour tout le monde ! il
avait disparu.
— M. Ch. Durand, qui futtour-à-tour rédacteurdu National a Bruxel-
les. du Messager de Gand à Gand. du Journal de. La Haye en Hollande,
du Journal de Francforten Allemagne et du Capitole & Paris, est main-
tenant inscrit sur le tableau des avocats de Versailles.
— On mande de Charleroy, le 9 janvier:
« Hier vers 7 heures du malin, à la descente des ouvriers à la fosse
Saint-Bernard, du charbonnage des Ardinoises. à Gilly, la nommée Flo-
rentine Alexandrine est tombée de la surface au fonds du puits, à une
profondeur de 1,400 pieds. »
— Les commerçants notables de Gand.convoqués lundi en assemblée
générale, ont élu’président du tribunal de commerce, M. Joseph de
Cock; MM. Herry-Vispoel et Bracq Grenier ont été nommés juges.
— La nouvelle église des jésuites à Gand, dont la consécration aura
lieu samedi prochain, va être éclairée au gaz. C’est la troisième église
qui adopte ce nouveau système d'éclairage.
— On écrit de Liège, H janvier :
Hier, entre 8 et 9 heures du matin, une petite fille de 6 ans, abanbon-
née par ses parents, avec un autre enfant au berceau, dans une cham-
bre rue Basse Sauvenière, a été brûlée vive. Les voisins, ayant entendu
ses cris déchirants, accoururent à son secours, mais quand ils arrivè-
rent, le corps de la malheureuse petile fille était presque entièrement
carbonisé; transportée à l’hôpital de Bavière, elle y a rendu le dernier
soupir, quelques instants après.
Le père de cette enfant était sorti pour aller vaquer à son travail ha-
bituel, et la mère, absente également pour des raisons moins impérieu-
ses, avait commis l’imprudence de délaisser ses deux enfants, sans pré-
poser personne à leur garde, après avoir placé des pommes à cuire sur
ie feu. que l’aînée aura voulu probablement retirer.
On nous assure que la police s’est rendue sur les lieux et y a recueilli
toutes les circonstances de ce déplorable événement, pour les dénoncer
à M. le procureur du roi, dansle but de provoquer un exemple, devenu
d’autant plus indispensable, que de pareils faits se renouvellent trop
souvent.
— On écrit d'Ostende, il janvier:
La chaloupe de pêche St.-Pieter, patron Vroome, pst rentré avant-
hier de la pêche d'hiver au Doggerbank, avec 24 tonnes morue salée.
C'est le troisième arrivage que nous recevons de cette pêche et le total
de tonnes apportées jusqu'ici ne se monte qu’à 49. L’année dernière, à
pareille époque, deux chaloupes avaient apporté des mêmes parages 51
tonnes de morue.
— On annonce que le clergé de la Moldavie a résolu de se détacher
du patriarche de Constantinople et de s’adresser à l’avenir au synode
de Saint-Pétersbourg sur toutes les affaires intéressant la foi.
— Le roi de Danemarck vient d’envoyer en Chine le conseiller d'état
Maglebye Hausen, gouverneur des possessions danoises aux Indes-Oc-
cidentales, pour donner une nouvelle extension aux relations commer-
ciales qui existent entre le Danemarck et le Céleste Empire.
Un de nos abonnés de Oison se plaint de l'irrégularité avec laquelle
il reçoit son journal. — Nous ne pouvons que répéter ce que nousavons
déjà’dit en d’autres occasions : l’expédition du bureau d’Anvers se fait
avec la plus grande régularité; ce sont les percepteurs de certains bu-
reaux intermédiaires qui mettent une coupable négligence dans la re-
mise de nos journaux, et c’est surtout dans la province de Liège que le
public se plaint de ces retards. Le dimanche, nous écrit notre abonné,
on ne distribue pas les journaux et le lendemain j’en reçois deux à la
fois. — Avis à l’autorité que la chose concerne.
Le Moniteur publie ce qui suit, sur l’accident survenu au chemin de
fer, et dont nous avons parlé hier: . .
a Le convoi parti de Gand à cinq heures et demie du soir, se compo-
sait de dix-huit voitures, remorquées par deux locomotives.
„ Un peu au delà de Malderen, le bandage de la roue droite de la pre-
mière locomotive ayant éclaté se détacha, et la force d’impulsion ac-
quise a dû amener, en ce sens, un déraillement avec secousse violente.
La locomotive s’est jetée sur la double-voie, qu’elle a traversée en I en-
dommageant assez fortement ; mais ayant perdu desa puissance , elle
s’est renversée dans le fossé, sans même entraîner son tender apres
6Ü6*
» La seconde locomoiive, en résistant, au moyen de sa chaine d’atta-
che, à l’entraînement de la première, a sauvé le convoi d’un accident
grave, s’il n’y avait eu qu’une seule locomotive. La rupture de la chaîne
qui l’attachait au tender de la première, s’est faite sans choc violent,
puisque les voyageurs s’en sont à peine aperçus.
» Mais, en résistant, la seconde locomoiive s’est trop portée sur la
gauche; elle a déraillé, et à 40 mètres environ de là. s’est également ren-
versée. Un chauffeur, pris entre le lender et la locomotive, a été tue;
mais les machinistes n’ont été que fort légèrement blessés et se trou-
vent, dès aujourd’hui, en mesure de reprendre leur service : quant aux
voyageurs, ils n'ont reçu aucune atteinte. |