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Hardi 22 Janvier.
1878. — Quarante-troisième aimée. — Pi° 22
Hardi 22 Janvier.
ABONNEMENTS !
Dan* nos bureaux et chez ton* le» Directeur»
ie po»te» (franco de port), pour :
Anver*.............. par trimestre, Fr. 13.50
i • - » 16/—
La Belgique.........! « semestre, » 30.—
( » an, - 56.—
( . trimestre, Fl. 8.80
La Hollande.........! » semestre, » 17.—
! • an, . 34.-,
La France............... trimestre, Fr. 23.—
L’Angleterre............ » . 23.—
Les Etats-Unis...... . » . 31.—
Brésil et Indes. » » » 31 !—
UN NUMÉRO CENTIMES.
PAIEMENT PAR ANTICIPATION.
. - •; -
Journal Politique, Commercial, Maritime, Littéraire et Artistique.
CHEMIN DE FER DE L’ETAT. - D’Anvbrs pour Malines et Bruxolles a 5.25,6.35, 7.40 B.,
P.15 B., 9.50,10.50 JB., 12.15, 1.15 B., 3.15 B., 3.33, 4.40, 5.50, 6.50 E., 8.25 E., 8.55,10.15 E. - Lierre
5.30, 7.12,9.33,11,1.50,5.21, 8.28. — Termonde et Gand 5.25#.,5.30, 9.50,12.15, 3.33,4.45 E., 8.55. —
Alost/par Termonde) 5.30, 9.50,12.15,3.33, 8.55 ; (par Bruxelles) 5.30, 9.15 E., 10.50 E., 12.15,
6.50 B. — Lokeren (par Termonde) 5.30, 9.50,12.15, 4.45 E. — Ninovo, Grammont, Lessines,
Ath (par Bruxelles-Nora) 5.25, 10.50 E., 12.15, 3.33, 6.50 E. — Bruges, Ostonde (par Malines)
5.30, 9.50,12.15, 3.33, 4.45 ; (par Bruxelles) 5.,25 6.50. 9.50, 10.50 E., 12.15, 3.15 E., 3.33, 4.45 E. -
Courtrai, Mouscron, Tournai, LlUo 5.25,9.50, 12.15, 3.33, 4.45. — Calais 5.40, 12.15,4.45 K. lo et 2» cl.
- Louvain, Tirlemont, Liège et Verviers 5.25, 9.15 E., 9.50, 12.15, 4.45. 6.50, 8.55 (jusqu'à Louvain)
10 E. — Landen 5.30, 9.50,12.15, 4.45, 6.50. — Spa 5.30,9.15 E., 9.50, J® 1K --------
(levee de la boite 1.45 m.), 9.15 (boite 8.30), 1.50 (boite 1.05), 4.45 (boito 4.K
Bruxriaiw pour Anvers à 5.27, 6.17, 7.18, 8.03 E., 9.16 E., 9.51, 10.50,12
4.59 £., 5.39. 6.30, 8.05 £.,9,11.30. ...
LIGNE D'ANVERS A BOOM. — D’Anvbrs pour Boom 6.45,11.10, 5.10,
Anver» 5.20, 9.20, 3.10, 8.45.
1,10.15 (boite 9.30). — Do
13, 2.30 E., 3.45, 4.34,
10.20. — De Boom pour
t A. DELA MONTAGNE.
ÜIRKOTnUR-GéKAJV’T
UtREAUAirue de l’Amman 1, et
Place du Musée, Anvers.
CHEMIN DE FER GRAND CENTRAL BELGE.
D’Anvers pour Lierre 5.30, 7.12, 9.33, 11.00, 1.50, 5.15, 8.28. — Aer*eliet, Loevals, Dle*t,
Hasselt 7.12, 9.33,1.50, 5.15. — Maostricbt et Aix-la-Chapelle 7.12,9.33,1.50, 5.15. — Roosendaai,
Breda,Dordrecht,Rotterdam,7.20 9.05 £.,10.25, 2.30 (Jusqu’à Roosendaal), 3.41 E., 6.45. — Ottig-
nies, Lodolinsart,Charleroi, Ber/.éo, Waicourt, Marionbourg, Viraux et au-delà 7.12, 9.33 (Jusqu’à
Walcourt), 1.50, 5.15 (Jusqu'à Lodolinsart). — Hérenthal», Turnhout et T il bourg 6.30,11 (Jusqu'à
Turnhout), 5.15.
CHEMIN DE FER DU PAYS DE WAAS.
D’Anvbrs pour Gand (Tête de Flandre) 7.15, 8.50 E., 10.55, 2.05, 3.50 B., 7.15. — De Gand pouf
Anvers 4.30, 7.05, 9.25 É., 10.50,2.20. 5.25 B., 7.05.
BATEAUX A VAPEUR.
D Anvers (départs du Veerdam) pour Tamiso 8.30, matin, 3.15 h. soir. — D'Anvers pour
Boom 1 ot 3 h. soir. — De Tamise pour Anvers 7.30 et 10.30 h. matin. — De Boom pour
Anvers 6.30 h. matin.
AGENTS !
BRUXELLES, Office de Publicité, ra» à* u
Madeleine.
hollande, M. H. Nijgh et Van Ditmar,
à Rotterdam, et tou» 1g* direeteur* de poste»
du royaume.
baris, Havas, Lafi tb, Bullikr si o,
Place de la Bourse, 8.
Delizt, Davibs bï G*, 1, Ge«ii
•treet Strand, et A. Hauriou. 18. T**i,to«k.
Row, Lovant Garden.
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Annonce» la petite ligne..
Réclame» (Un du journal) la ligne ' '
Faits diver», la ligne........"
Rubrique Anver», !a ligne.
Fr. 0.25
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Pour les annonce» de la France c’adrem a
MM. Havas I.»httk4(>, Plate de la Bouts»
A Pari» et à MM. G. L. Daube & O, 31, rue du
Faubourg Montmartre, Paris.
SP* Les annonces sont mesurées au liants
mètre. — Les titres te paient d’après l’espace
qu’ils occupent. On >u neut garantir les dates
d’insertions.
LISTES ÉLECTORALES.
RÉCLAMATIONS DES CLÉRICAUX-
Les électeurs qui auraient reçu de la part
des cléricaux une demande de radiation de
leur nom des listes électorales, sont instam-
ment pi lés de faire remettre cette pièce au
bureau de l’Association Libérale et Consti-
tutionnelle d’Anvers, Place Verte, 31, au
premiar.
RÉSUMÉ POLITIQUE
Affaires d’Ôrient. — Le Montagsblatt de Ber-
lin, feuille souvent bien informée, donne ce soir
les nouvelles suivantes, qu’il dit tenir de bonne
source :
» Une trêve militaire est imminente, comme co-
rollaire de l’acceptation des préliminaires d'une
paix séparée ; puis interviendrait un armistice en
règle avec démarcation des lignes des deux armées.
» Ensuite on réunirait une conférence pour ré-
gler les points d’intérêt européen. La Porte serait
exclue de cette conférence, a laquelle la participa-
tion de l’Allemagne serait dès à présent assurée;
circonstance qui permet de conclure au maintien
et à l’affermissement de l’entente des trois empe-
reurs. »
Les nouvelles de Constantinople sont à la paix.
Un télégramme adressé à la Correspondance poli-
tique dit : “ Suivant des nouvelles authentiques,
les plénipotentiaires turcs ont été reçus par le géné-
ral russe Strogonow ; au cas où les conditions
russes seraient d’une rigueur inattendue, ils seraient
chargés d’en référer télégraphiquement à la Porte.
« L’opinion s’accrédite de plus en plus que par
suite de la tournure menaçante que prend la situa-
tion à l’intérieur, et surtout dans la capitale même,
!a Porte 3era forcée d’obtenir à tout prix la cessa-
tion des hostilités.
» Environ 300,000 personnes ont pris la fuite vers
Constantinople. »
Le journal officieux, la Turquie, engage la Porte
à conclure promptement la paix, sans tenir compte
des intérêts des autres puissances.
Les Roumains ont complètement investi Widdin
et incendié un fort; les Serbes ont eu un léger insuc-
cès ; une colonne turque a culbuté un détachement
à, l’a chassé de Kursumlje, qu’il venait d’occuper ;
mais les Serbes ayant reçu des renforts ont réoc-
cupé la place.
U ne épouvantable panique règne à Constanti nople.
Midhat pacliaa adressé une lettre au Moming Post
dans laquelle il demande à l’Angleterre de soulager
I a détresse de plus de 30 mille familles ottomanes qui,
fuyant devant les Russes, encombrent les routes
de la Roumélie. D’autres informations constatent
la disparition de tout lien social dans les districts
envahis ou menacés de l’être. Dans une dizaine de
villes, Aidoz, Karnabat, Siimnia , Sigeboli , les
maisons des gens aisés, chrétiens pour la plupart,
ont été pillées et incendiées. Il est grand temps
qu’un armistice vienne arrêter ces horreurs.
Les troupes chargées de défendre Constantinople
sont concentrées à Tchourlou et à Tchataldza, en
avant de Constantinople, sur la voie ferrée qui
mène à Demotica. Elles sont commandées en pre-
mière ligne par Àhmet-Eyoub pacha, en seconde
ligne par Moukhtar et Chefket pacha, les deux
généraux vaincusd’Erzeroum etd’Orkhanie..Quant
àSuleymanpacha on est toujours sans nouvelles de
lui ; mais comme un télégramme du gouverneur de
Dramar dans le vilayetde Salonique, annonce l’ar-
rivée dans cette ville de 3,000 malades et blessés,
on suppose que, coupé d’Andrinople par les mouve-
ments rapides des Russes, il se sera jeté dansles
montagnes qui séparent la vallée de là Maritza de
celle du Strymou et des autres rivières qui se jet-
tent dans la mer Egée.
A Athènes l’opinion publique pousse le gouverne-
nement à envahir la Turquie pour revendiquer l’E-
pire et la Macédoine. L’insurrection qui a éclaté en
Thessalie se propage et attire une foule de volontaires
grecs. A la suite d’un conseil des ministres, tenu le
20 janvier, les troupes helléniques, réunies au camp
de Chalcis et qui, lors de la dernière visite du Roi,
avaient manifesté un grand enthousiasme belli-
queux, ont reçu l’ordre de se rendre sur les fron-
tières.
A la Chambre des Communes, au sujet de la dis-
cussion de l’Adresse, M. Bourke a refusé de déposer
des documents relatifs à la Grèce et a déclare que
cette présentation serait inopportune.
Sir St. Northcote a dit que le gouvernement ne
connaît pas encore les conditions de la Russie;mais
que celles publiées par les journaux du matin sont
inexactes ; il espère avoir bientôt connaissance des
conditions russes.
France. — Enfin nous avons eu une séance émou-
vante à la Chambre ; le vice-amiral Touchard, qui
représente le 8e arrondissement de Paris, le quar-
tier de St-Germain, a proposé tout simplement que
toute invalidation dût se faire dorénavant par les
deux tiers des voix au moins. Cette proposition ab-
surde ne méritait pas une discussion à fond et M.
Gambetta l’a écartée par laquestion préalable. Il va
sans dire que cet incident a mis en veine les inter-
rupteurs ae droite et les insulteurs ordinaires de
la majorité républicaine. On lira plus loin le compte
rendu de cette séance très agitée.
Une dépêche datée de Buenos-Ayres, le 20
janvier, nous apprend que la République Ar-
gentine et le Chili viennent de conclure un
arrangement, par lequel ils soumettent la dé-
limitation des territoires contestés en Patago-
nie à l’arbitrage de S. M. Léopold, roi des
Belges.
Les adresses.
Dans la séance d’hier du conseil communal de
Gand, M. le Bourgmestre-président a donné lecture
d’une lettre, lui adressée par soncollèguede la ville
de Bruxelles; il a prié le Conseil communal de Gand
de s’associer àcelui de Bruxelles et de voter une
adresse de condoléance au roi d’Italie, à l’occasion
du décès de son père, le roi Victor-Emmanuel.
L’assemblée, après avoir prononcé l'urgence sur
cet objet non porté à l’ordre du jour, a vote le pro-
jet d’adresse suivant dont Mi le bourgmestre a
donné lecture:
- Sire,
» Le Conseil communal de la ville de Gand vous ex-
prime les profonds regrets que lui cause la mort de
votre Auguste père, l’illustre fondateur de l’unité et
d6 la liberté de lTtalie.
» La Belgique a vu avec bonheur s’accomplir l’œuvre
grandiose a laquelle Victor-Emmanuel a attaché son
nom et qui fera sa gloire immortelle. Elle aussi, grâce
à la loyauté et à la sagesse de son premier Roi, a vu
se raffermir sa jeune nationalité et sé développer ces
libres institutions dont elle est justement fiére.. Mieux
que tout autre, le peuple belge est à même d’apprécier
les services éclatants qui ont concilié à votre père la
reconnaissance enthousiaste de sa patrie et l’admiration
de l’Europe.
» L’œuvre de Victor-Emmanuel ne périra pas entre
les mains de son fils. Nous en avons la ferme convic-
tion, Sire, Votre Majesté saura la défendre, victorieuse-
ment contre les attaques de tous ses ennemis.
» Le Conseil communal de Gand prie Votre Majesté
d’agréer l’expression de son profond respect. »
Le Collége se charge de faire parvenir cette
adresse à l’ambassadeur du royaume d’Italie à
Bruxelles.
t Au Conseil communal de Namur, une discussion
s est engagée entre libéraux et catholiques au sujet
de l’Adresse à envoyer au roi d’Italie.
Un membre de l’opposition catholique, M. Dohet,
a dit qu’il considérait l’objet de cette Adresse
comme sortant des attributions des Conseils com-
munaux, ces conseils étant établis pour s’occuper
des affaires communales, non de politique, et en-
core moins des affaires des autres pays.
M. Hock, a répondu que cette question d’attribu-
tions des conseils communaux avait été soulevée
au moins de juin 1871, lorsqu’il s’était agi d’une
grande manifestation politique en faveur du *• Pape,
pontife et Roi, » le conseil catholique ayant à cette
epoque, sur la proposition de M. F. Wasseige,
autorisé l’illumination de l’hôtel de ville et voté un
crédit de 50 fr. pour cet objet.
Les catholiques ont répliqué que la manifestation
de 1871 n’avait rien eu de politique, ce qui est par-
faitement insoutenable, attendu qu’elle a été faite
en l’honneur du Pape-Roi, c’est-à-dire du pouvoir
temporel du Pape, et par conséquent contre l’Italie
une et libre en l’honneur de laquelle les libéraux
manifestent aujourd’hui.
Moins que personne les catholiques n’auraient
jamais dû perdre de vue ce précepte évangélique :
Ne faites pas aux autres ce que vous ne voulez pas
qui vous soit fait.
Ce sont leurs manifestations sans cesse répétées
sous toutes les formes en l’honneur du Pape-Roi
qui ont provoqué et rendu légitimes, si pas néces-
saires, les manifestations actuelles des grandes
communes libérales belges.
L’adresse du conseil communal dq Namur a été
votée à l’hunanimité moins deux voix, celles de
MM. Dohet et Hamoir. M. F. Wasseige est sorti
pourne pas avoir à voter.
» Le conseil communal
à Sa Majesté Humbert, roi d'Italie,
» Sire,
» La mort de Victor-Emmanuel, qui a enlevé à Votre
Majesté un père illustre et vénéré, a profondément
afiligé tous les cœurs pénétrés du sentiment de la
liberté politique. Mais c est surtout en Belgique que
cette perte immense provoque de sympathiques
regrets.
» Il ne peut en être autrement.
•’ La similitude de deux gouvernements qui ont une
môme origine, la volonté nationale secouant le joug de
ladomination étrangère ; les destinées dedeux peuples,
arrivant presque en même temps, après des efforts et
des aspirations séculaires, à l’indépendance et à la
liberté, doivent naturellement leur faire éprouver,
avec plus de force et de vivacité, le sentiment d’une
commune douleur.
» Permettez, Sire, au conseil communal de la ville
de Namur de venir respectueusement, exprimer à
Votre Majesté la part qü’il prend au malheur qui la
frappe.
» Permettez-lui, en môme temps, de témoigner toute
sa confiance dans le maintien et la prospérité de l’unité
italienne dont le roi Victor-Emmanuel, a été l’auguste
fondateur.
» Cette confiance, il la puise dans les qualités per
sonnelles du nouveairsouverain et dans l’état pros-
père de la Belgique, sous le digne successeur de Léo-
pold 1", à qui elle doit, avec une dynastie nationale,
la monarchie constitutionnelle et de libres institu-
tions.
« Le secrétaire. Le bourgmestre-président,
» A. KOI RS. riRET-PAUCHET. »
Les anciens étudiants de l’Université de Liège
ont formé le projet de se constituer en Association,
en vue de resserrer les liens de fraternité qui les
unissent et de concourir à la prospérité de l’Uni-
versité par la fondation de bourses d’études.
L’assemblée générale pour la constitution de la
société aura lieu dimanche 10 février à 11 heures.
Les adhésions sont reçues chez MM. Paul Heuse,
avocat, secrétaire provisoire, à Liège ; Fr. Delvaux,
bâtonnier de l’ordre des avocats, à Anvers; A. Ho-
noré, chef de division au ministère de la justice, à
Bruxelles ; Goddyn, substitut du procureur-général,
à Gand; Dastot, docteur en médecine, à Mons; Th.
Bormans, substitut du procureur du Roi, à Arlon ;
Ronvaux, docteur en médecine, à Namur; Sarolea,
docteur en médecine à Hasselt.
NOUVELLES^ÉTRANGÈRES.
ITALIE.
On télégraphie de Rome à la Gazette allemande
du lundi que le roi d'Italie a adressé au Pape, pour
lui faire part de son avènement au trône, une let-
tre dans laquelle il lui donne l’assurance de ses
sentiments filiaux.
Garibaldi a écrit à M. Mancini pour le prier d’ex-
primer au nouveau roi l’assurance de son dévoue-
ment.
Le cardinal-vicaire, dans une lettre où il remer-
cie le roi Humbert de ses dons, qualifie Victor-
Emmanuel de “ grand roi. «
L’absence aux funérailles de Victor-Emmanuel,
des membres de la famille royale de Saxe, qui est
alliée à la maison de Savoie, est attribuée à des in-
fluences cléricales.
FRANCE
Séance de la Chambre
Présidence de m. grévy.
La séance est ouverte à 2 heures.
m. l’amiral touchard dépose une proposition de loi
modifiant le réglement de la Chambre ence qui touche
la vérification des pouvoirs. 11 donne lecture de l’ex-
posé des motifs.
Le3 invalidations nombreuses et les ajournements
ont fait à la minorité, dit cet exposé, une situation in-
soutenable. Parmi les députés frappés, il s’en trouve
que la confiance de leurs électeurs avait dopuis long-
temps mis en possession de leur siège à la Chambre,
et contre lesquels aucune protestation sérieuse ne
s’élevait. (Très-bien à droite.)
m. le président. Je no puis que blâmer un! langage
qui porte atteinte au respect dû aux- décisions de la
Chambre.
m. l’amiral touchard, continuant sa lecture. La
majorité a validé, au contraire, l’élection de tous ses
membres, môme de ceux qui n’avaient obtenu qu’une
faible majorité.
m . ee président renouvelle ses observations à l’ora-
teur.
m. l’amiral touchard. La majorité a décimé et
plus que décimé la minorité. (Approbation à droite. —
Cris ; A l’ordre ! à gauche.)
m. le président. Je ne puis permettre de continuer
cette lecture.
m. l’amiral touchard. La minorité représente trois
millions et demi d’électeurs. Jamais le respect dû aux
minor tés n’a été plus complètement violé. Il est à
regretter que la vérification des pouvoirs ne soit pas
confiée à un corps ayant un caractère judiciaire, et
étranger à la politique. C’est ce qui a lieu pour les con-
seils généraux.
Le projet que nous proposons, et auquel ont adhéré
tous les membres de fa minorité, contient les disposi-
tions suivantes : 1° l’invalidation ne pourra être pro-
noncée qu’à la majorité des deux tiers; 2° aucune pro-
testation ne sera recevable après la quinzaine qui
suivra la proclamation du résultat; 3° le rapport devra
être fait clans la quinzaine ; l’ajournement en cas d’en-
quête ne dépassera pas six mois; les députés non va-
lidés on ajournés jouiront des mêmes droits que les
députés validés.
m, gambetta. Je demande que ce factum soit ac-
cueilli par laquestion préalable. (Bruit à droite; ap-
plaudissements à gauche).C’est déjà trop qu’il ait pu se
produire à cette tribune, comme l’expression des ran-
cunes d’une minorité qui n’est que la créature d’un
ministère en insurrection contre la volonté nationale.
Cette minorité n’est pas indépendante.
m. le président. J’invite l’orateur à expliquer ses
paroles blessantes.
m. gambetta. Plusieurs des membres de la minorité
n’ont-ils pas dit qu’ils n’avaient pu se soustraire à la
candidature officielle ? Or, en tous temps, les Chambres
issues de la candidature officielle ont été accusées de
manquer d’indépendance.
On se plaint du grand nombre d’invalidations. Mais
dix-sept élections seulement ont été cassées, et plus
de cent députés de la minorité sont validés. Cependant
ces députés avaient été élus sous la conduite d’un
ministère sans scrupules, qui a brisé les fonctionnaires
indépendants, qui a fait plus de 2,000 procès politiques,
qui a procédé par la violence et la terreur.
m. uuneo o’onANO, bonapartiste, proteste et est rap-
pelé à l’ordre. Il s’écrie afors : « Je suis au-dessus des
décisions de la majorité.» De nouveau il est rappelé à
l’ordre, avec inscription au procès-verbal.
m. gambetta. Le pays a déployé autant d’héroïsme
dans la résistance que le ministère à déployé d’arbi-
traire dans l’attaque. Et l’on vient parler de persécu- *
tion, de pression ! (Oui ! oui ! à droite.)-
En 1871, M. Baragnon faisait casser une élection i
républicaine, parce qu’une simple lettre de recomman-
dation avait été écrite par M. Barthélemy Saint-Hi-
laire. Combien de membres de la minorité siégeraient-
ils dans cette enceinte, si nous avions applique pareille
jurisprudence ?
m. de la rociiette, légitimiste. Je prends ces pa-
roles pour une injure personnelle. Je prétends ne pas
siéger dans cette Chambre par la grâce aeM. Gambetta.
m. le [président. Il n’y a rien de personnel dans les
appréciations de M. Gambetta.
m. de la Rochette. Je ne veux pas me laisser in-
sulter.
m. le président. Je vous invite à garder le silence.
m. gambetta. La Chambre actuelle est plus indul-
gente que les précédentes. Elle a renoncé a invalider
pour cause d'affiches blanches, ce qui est la preuve
a’une modération touchant à la faiblesse. (Applaudis-
sements à gauche.) Elle est allée jusqu’à valider des
élections ou se rencontraient des faits délictueux. On
évoque solennellement les souvenirs les plus tragiques
de notre histoire. On ne serait pas si fringant en pa-
roles si ces faits pouvaient se produire. (Bruit. M. Bau-
dry d’Asson est ràppelé à l’ordre.)
La discussion continue. La question préalable est
proposée. M. l’amiral Touchard a la parole pour un
rait personnel :
Je m’étonne, dit-il» que M. Gambetta n’ait pas com-
pris que si j’ai été choisi pour porter à la tribune la
proposition, c’est que, validé moi-même, j’étais désin-
téressé dans la question.
m. gambetta. Je n’ai pas adressé de reproches à
M, l’amiral Touchard. J’ai cité sa validation comme un
exemple de l’impartialité de la majorité.
Un fait est au-dessus de toutes! les protestations
c’est le nombre des députés de la droite qui sont ou
I seront validés. Mais, au nom de tous ceux qui ont été
poursuivis, traqués par le gouvernement du 16 mai, la
Chambre doit dédaigneusement répondre à la proposi-
tion par la question préalable. (Très-bien à gauche.)
m. baragnon. Il vrai, comme vientderépéter le chef
de la majorité, que j’ai un jour attaqué une candida-
ture officielle; mais c’est qu’alorsM. Thiersétait le dé-
légué de l’Assemblée nationale, et qu’il manquait à son
devoir en soutenant une candidature contraire à l'opi-
nion de la majorité. M. le maréchal do Mac-Mahon
prenait le pays pour juge. Il avait donc ledroitdo dire :
voilà mes candidats. C est un honneur d’avoir été son
candidat. Il est vrai qu’un homme condamné par la
justice a dit qu’il fallait se démettre ou se soumettre.
Or lesmembres de la minorité ne voulant ni l’un ni
l’autre,on les expulse.
m. gambetta. Je ne suis pas sous le coup d’un juge-
ment, ayant force de chose jugée. Condamné en pre-
mière instance, on n’a pas osé poursuivre contre moi
en appel, et la condamnation est abolie par les délais j
eux-mêmes.
m. langlois, expliquant le vote qu’il va émettre, dit:
Je voterai la question préalable à cause de l’exposé des
motifs. La majorité républicaine ne peut pas se lais-
ser insulter. Elle répond dédaigneusement par la ques-
tion préalable.
m. le président met aux voix la question préalable,
qui est adoptée par 312 voix contre 186.
M. Cuneo d’Ornano a la paroie sur le rappel à l’ordre.
J’avais, dit-il. le droit de protester contre les paroles
de M. Gambetta. Je n’admettrai jamais qu’on porte at-
teinte à la légitimité du mandat que j'ai reçu.
m. le président. J’ai rappelé à l’ordre M. Cuneo
d’Ornano, non pour ee qu’il a pu dire, mais parce qu’il
prenait et conservait la parole sans l’avoir obtenue du
président.M. Cuneo d'Ornano pourra défendre le droit
des orateurs, mais à la tribune, et non en interrom-
pant. Je maintiens le double rappel à l’ordre. (Très
bien, à gauche.)
La séance est levée à 5 h. 1/2.
La candidature du duc Decazes au Sénat.
— Le centre droit, réuni hier chez M. de Bondy, a
choisi M. le duc Decazes pour son candidat a la
prochaine élection au Sénat.
L’élection de M. le duc Decazes doit donc être
considérée comme certaine, puisque l’union subsiste
entre les divers groupes conservateurs du Sénat,
et que c’est aux constitutionnels qu’il appartenait
cette fois de désigner le candidat de toutes les
droites.
M. de la Combe s’est désisté. Le général Ducrot
n’a pas souffert qu’il fut question de lui.
La première rois, la désignation appartiendra
aux légitimistes, qui, dès a présent, comptent
porter M. le duc de la Roehefoucauld-Bisaccia.
Ce sera ensuite, quand laProvidenceauradécrété
une nouvelle vacance parmi les inamovibles, le
tour des bonapartistes. {Paris-Journal).
La tombe d'Henry Régnault. Anniversaire
de Buzenval. — Le huitième anniversaire de la
bataille de Buzenval a été célébré samedi, en pré-
sence d’une foule nombreuse.
Un grand nombre de spectateurs se sont rendus
en pieux pèlerinage au cimetière de la Bergerie,
où s’élève le monument à la mémoire d’Henri
Régnault. Ce monument est en pierres de taille, en
forme de pyramide, et surmonté d’un buste de
bronze, sur le socle duquel on lit cette inscription:
A Henri Régnault, peintre, tué, à l'âge de 27
ans, par les Allemands, au combat de Buzenval,
le 19 janvier 1871.
Comme les années précédentes, des députations
de l’armée et de l’ancienne garde nationale, qui
avaient pris part à la bataille de Montretout,assis-
taient à la cérémonie, qui a été favorisée par un
beau temps.
A propos de l’enterrement de Raspail. —
Hier et aujourd'hui. — Dimanche dernier, en
voyant derrière le cercueil de Raspail la foule im-
mense et grave, j’évoquais le souvenir d’une autre
journée. C’était moins de deux ans après le coup
d’Etat. La farandole impériale commençait. On
s’amusait aux Tuileries. Paris était très content,
le Paris de la jeunesse dorée, des muscadins, des
dandys, des lions, des gandins, des petits-crevés.des
gommeux.le Parisdes filles etdes faiseurs d’affaires.
À la surface, l’orgie bruyante ; en dessous, le si-
lence,la tristesse sombre. On ne causait pas, crainte
d’ètre entendu. Il y avait comme une éclipse de la
pensée et de la parole. Point de journaux ; ce qui
en restait, bâillonné. A quoi cela sert-il les jour-
naux ? On mourait à souhaitjà Cayenne et dans les
bagnes d’Afrique.
Dans l’Ailier, dans la Nièvre, dans l’Hérault, dans
le Yar, dans les Basses-Alpes — j’en passe, — on
avait sonné joyeusement l’hallali de la chasse à
l’homme. Il y avait des villages où il ne l’estait
plus que des femmes, sans feu et sans pain. Les
dames de l’empire s’amusaient comme des petites
folles. Cythère et Lesbos ! c’était excessivement
gai.
Nous étions alors à Paris quelques étudiants qui
avions fait notre devoir pendant les journées de
Décembre. Nous nous étions connus dans la rue ; la
défaite nous avait liés d’une amitié qui ne s’est pas
démentie. Tous jeunes, inconnus, nous avions
échappé aux razzias et aux proscriptions. Nous
avions l’ardente passion de la liberté, la haine du
vainqueur, le mépris des traîtres et des apostats.
Le mot n’a été fait que plus tard, mais nous étions
bien déjà des irréconciliables ! Que les années s’ou-
vraient sombres pour nous ! Nous n’avions pas vingt
ans, et nous vivions déjà de nos souvenirs, de nos
espérances avortées, de nos rêves dont l’impitoyable
réalité nous avait si violemment arrachés. Notre
consolation, c’était quand il arrivait jusqu’à nous
quelque forte parole de l’exil, une page ae Napo-
léon le Petit, dix vers des Châtiments. Ce qui
nous semblait le plus cruel, c’était l’isolement forcé
où l’on vivait, c’était de ne pas savoir ce que Paris
pensait, de ne pas entendre sa grande voix. Nos
maîtres avaient-ils raison de se féliciter et de dan-
ser joyeux, sans souci du lendemain ? Sous le
silence universel qu’yavai t-il ! Parisétait-il toujours
lui-même î "
Un matin, le 7 mars 1853, je crois, le Siècle an-
nonça — sans réflexions — que Mme Raspail venait
de mourir à Doullens, où elle avait accompagné
son mari prisonnier. Le soir, la Presse publiait
une note très brève où il était dit que le corps de
Mln8 Raspail avait été ramené à Paris, que les ob-
sèques auraient lieu le lendemain à dix heures, et
que le convoi partirait de la maison habitée par la
famille, rue des Francs-Bourgeois-Saint-Michel.
Bien entendu, nous n’avions garde de manquer au
funèbre rendez-vous. « Combien serons-nous ? disait
un de nos amis. Peut-être trois ou quatre cents. Un
seul journal a donné l’heure de l’enterrement ; peut
être demain matin 1 e Siècle reproduira-t-il la note ;
mais il sera trop tard : excellente excuse * pour les
poltrons; enfin, nous verrons bien! »
Le lendemain, bien avant l’heure, nous arrivions
à la place Saint-Michel — le vieux quartier existait
encore — par la rue St-Hyacfnthe, la rue Hyacinthe-
Michel comme nous l’appelions dans notre langage
irrévérencieux. Quel spectacle ! La place était
noire de monde ; la foule refluait dans les rues avoi-
sinantes. A toutes les boutonnières, le bouquet
d’immortelles, ces immortelles dont plaisantent
si agréablement ces délicats messieurs du Figaro !
Dans les groupes silence absolu; pas un cri,
pas un mot. On se regardait, et c’était assez :
on s’était entendu. A dix heures précises, le convoi
se mit en marche pour le Père-Lachaise. La police,
toujours subtile, surprise d’ailleurs par cette
affluence qu’elle n’attendait pas, avait perdu la tête
et courut se masser en’avant du cimetière Montpar-
nasse. Grâce à cette erreur, le cortège ne fut coupé
par un escadron de dragons que très près du Père-
Lachaise. La foule marchait grave, recueillie,
menaçante pour qui savait voir et comprendre.
Dans chaque rue, nos rangs grossissaient.
— Qui donc enterre-t-on, monsieur ?
— Madame Raspail.
Cela suffisait. Sans dire mot, l’homme suivait,
tête nue, sans prendre le temps d’ôter ses habits
de travail. A la place delà Bastille, nous étions
centmille.
Ce jour-là, pour la première fois depuis le 4
décembre, on se toucha la main. Pour la première
fois depuis l’assassinat de la République, nous
sentîmes battre le grand cœur de Paris.
Entre le 8 mars 1853 et le 13 janvier 1878, nous
avons eu de durs moments et nous en avons passé
de rudes ! Sans parler du présent. Mais la Répu-
blique est là, nous latenons, on ne nous l’arrachera
pas cette fois, et cela console de tout.
{République française).
L'incident à Nantes. — L’incroyable nouvelle
se confirme ; le chef de musique qui a joué la Mar-
seillaise dans le drame Marceau, est puni de 15
joursyi’arrêts ; voici les détails circonstanciés que
le Pipre de la Loire reçoit d’une personne qui as-
sistai t au spectacle :
» Érôs de moi se trouvait M. Hubert-Castex, colonel
d’état-major, chef d’état-major de la 22« division d’in-
fanterie, en « tenue bourgeoise. »
» Après le chant de la Marseillaise, cet officier su-
périeur fit venir près de lui l’officier de service, un
lieutenant du 25° dragons. Il lui ordonna d’infliger
quinzejours d’arrêts au chef de musique, lui ne pou-
vant les lui donner, étant en tenue bourgeoise. Le
lieutenant fit ce que lui commanda le colonel (quoique
en civil), et vous savez le reste; plus de musique, de
soldats, de chevaux, défense aux officiers et soldats
d’aller à la Renaissance, etc.
» Le chef de musique a été puni pour avoir crié :
* Vive la République ! »
Cette lettre était signée Adolphe Durand, com-
missionnaire en marchandises, 21, rue de la
Bastille. Aujourd’hui, le Phare de la Loire déclare
avoir reçu la visite de M. Durand qui n’a jamais
écrit une lettre aux journaux, mais reconnaît que
effectivement il se trouvait à la représentation et
que le récit est exact.
BELGIQUE.
AWEHS, SS Janvier.
L'accident de Berchem. — La rectification que
nous avons faite hier à la relation de notre reporter
publiée dimanche, a engagée celui-ci à visiter, de
nouveau, le lieu de l’accident. De la nouvelle
inspection à laquelle il s’est livrée, il résulte :
1° Que le mur de soutènement des terres a en-
traîné dans sa chute l’écroulement du mur de
masque sur 75 mètres de longueur ;
2° Que ce mur de masque servant de mur de fond
aux salles disposées sous le remblai, il n’est pas
exact de dire que les locaux n’ont pas souffert ;
3° Que la partie du mur qui tient bon a dû être
étançonnée et que l’épaisseur du mur étant la même
partout et reconnue insuffisante, le mur entier
devra, par prudence, être reconstruit.
C’est en prévision de eette reconstruction que
notre reporter avait estimé la dépense à 25,000 fr.
Nous recevons, d’autre part, d'un officier du
génie non personnellement intéressé dans l’affaire,
la lettre suivante que l’impartialité nous fait un
devoir d’insérer :
Anvers, le 21 janvier 1878.
Monsieur le Rédacteur en chef du Précurseur,
Vous publiez, dans votre numéro du 20 courant, la
relation d’un accident survenu au bâtiment de dépen-
dances de la caserne du génie, à Berchem, et vous
joignez à ce récit, des appréciations peu bienveillantes
pour le corps du génie : tout le monde sait en effet que
ce n’est pas le ministre de la guerre qui fait les plans
qui émanent de son département mais bien des officiers
du génie.
Veuillez donc me permettre. Monsieur le Rédacteur,
de répondre à l’auteur du récit dont il s’agit.
L’accident qui est arrivé est loin d’avoir l’impor-
tance qu’on lui attribue : un mur, soutenant des terres,
s’est écroulé et la réparation en est évaluée à 8,000
francs et non à 25.000 francs comme vous le dites. Je
n’ai pas à rechercher ici la cause ou les causes déter-
minantes de l’accident, niais en supposant meme qu’il
y ait eu erreur, dans la conception du projet, il ne
serait pas juste de prétendre que jamais un ingénieur
ne puisse se tromper.
Ce que je ne crains pas d’affirmer, c’est que les acci-
dents de l’espèce sont plus rares chez nous que par-
tout ailleurs. Il suffit, pour s’en convaincre, de visiter
les nombreux travaux militaires qui ont été exécutés
dans la position d’Anvers pendant ces dernières an-
nées.
Mais ce qui est plus grave. Monsieur le Rédacteur,
c’est le rapprochement que vous faites entre cet acci-
dent et celui de Wommelghem. Le tribunal d’Anvers
a, en effet, admis que les plans émanés du département
de la guerre, et qui sont relatifs au pavillon pour offi-
ciers au fort n° 2, n’étaient pas bien conçus, mais
veuillez remarquer que le ministère public à interjeté
appel, et que le jugement définitif n’est pas prononcé:
La cour d’appel a déjà admis que l’instruction pre-
mière n’avait pas élucidé les points essentiels de cette
affaire. D’ailleurs, quel que soit le jugement qui inter-
viendra, il n’en sera pas moins vrai que :
1» Les pavillons des forts 4 et 6 ont été construits
d'après les mêmes plans et se sont parfaitement com-
2° La partie gauche du pavillon de Wommelghem
n’a pas bougé et la partie droite a été reconstruite,
après l'accident, d’après les mêmes plans.
Le département de la guerre prétend que cet acci-
dent est dû au peu de soin apporté par l’entrepreneur
dans la construction et à differentes causes, qui sont
le fait du manque de surveillance de la part de ce
dernier.
Il n’y a aucune espèce de rapport entre les deux
accidents, mais l’article que vous publiez, en les rap-
prochant, ne peut avoir qu’un effet, c’est d’exercer une
certaine influence sur l’opinion publique et de faire
naître des préventions défavorables et contraires aux
intérêts de l’Etat dans l’affaire de Wommelghem.
Je n’ajouterai plus qu’un mot, Monsieur le Rédac-
teur ; le général Rousseaux, que vous citez, était pen-
sionné depuis plus de six mois, lorsque les plans du
bâtiment en question ont été communiqués au com-
mandant du génie de l’enceinte d’Anvers..
Je vous prie de recevoir, Monsieur le Rédacteur,
l’assuranGe de ma considération distinguée.
Le mauvais temps contrarie sensiblement
l’exécution des importants travaux maritimes, mis
en adjudication par l’administration communale et
entrepris par MM. Bosmans frères, de Louvain,
moyennant la somme de 3 millions 160,000 fr. Nous
voulons jiarler du prolongement du bassin Katten-
dijk et la construction de trois nouvelles cales
sèches. On travaille, en ce moment, aux déblais
dans le prolongement du bassin précité et dans les
trois cales. La tranchée du mur de quai Ouest,
au-delà de la digue Ferdinand, est à profondeur
pour y entamér le pilotage. Les fouilles de la cale
n° 3 sont en grande partie descendues à la côte zéro.
Accident. — On a transporté hier, à l’hôpital,
le nommé Nieuwlaet, Martin, ouvrier du port, avec
une jambe fracturée. Une pile de planches en bois
de sapin s’étant renversée lui était tombée sur le
corps.
La police adressé procès-verbal à charge d’un
individu, natif d’Ostenae, accusé de viol avec vio-
lence sur la personne d’une fillette de 12 ans.
Cet infâme attentat a été perpétré sur la voie
publique.
Plainte a été portée par la mère de la victime.
Arrestation. — La police a mis la main, hier,
sur un individu d’origine française, accusé de nom-
breuses escroqueries commises au préjudice de dif-
férents négociants.
Il est en outre accusé de port de faux nom.
Un vol. — Ce matin vers 6 heures, le nommé
Block, militaire en garnison à Mons est venu se
plaindre à la police, qu'étant venu à Anvers en
congé, il avait passé la nuit dans un estaminet de
la rue du Livre et qu’on lui avait volé une somme
de fr. 120.
Deux agents de police accompagnèrent immé-
diatement Block au susdit établissement et décou-
vrirent effectivement deux billets de banque l’un de
fr. 10Ö et l’autre de fr. 20.
Procès-verbal a été dressé à charge du tenancier
de cette maison.
Avis. — Aujourd’hui est arrivé de New-York le
steamer belge Hermann Ludwig, ayant à bord
les dépouilles du capitaine Guillaume Greve,décédé
à Boston le 4 courant. L’enterrement aura lieu
demain mercredi, à 2 1/2 heures de relevée. On se
réunira au bassin Katiendijh, 17, place habituelle
des steamers de la White Cross Line.
Incendie. — On nous écrit de Ooien :
Le 14 courant vers 3 heures do relevée, uu incendie
s’est déclaré dans notre commune et a réduit en cen-
dres avec tout leur contenu, une maison avec grange
et l’étable y attenante,appartenant au sieur JeanNys,
cultivateur, et occupée par lui.
Le bétail seul a pu être sauvé.
Les dégâts sont évalués à environ fr. 3000.
Le tout est assuré par la compagnie d’assurance
L'Abeille.
La cause de ce sinistre est inconnue.
CONVOCATIONS.
Association libérale et constitutionnelle.
Sous-comité de la 3e section. — Mercredi 23 courant,
à 81/2 heures du soir, au Café St-Georges, Champ des
Flamands.
Sous-comité de la i* section. — Vendredi 25 courant,
à 9 heures du soir, réunion générale des membres au
Lion d’Or, rue Haute.
Libéraux réunis. — Sous-Comité de la 5e section.
— Vendredi, 25 janvier, à 9 hs du soir, réunion pour les
membres au local Maison du Commerce, 258,rue Dam-
brugge, chez le sieur Jean Dierckx.
Liberale Strijdersbond de la lre section. — Mardi
22 courant, à 9 heures du soir, réunion générale extra-
ordinaire au local Den Ouden Haan, Canal St-Pierre.
Ordre du jour : 1° Election du président ; 2° Com-
munications très importantes.
N.-B. — Messieurs les membres de la commission se
réuniront à 8 heures.
Société commerciale, industrielle et maritime. —
Section des grains et graines. — Réunion mardi 22
courant, à 81/2 heures précises du soir, à la grande
salle de la Société, à la Bourse.
Ligue des cabaretiers et débitants de liqueurs. —
Réunion de la direction, mercredi 23 courant, à 7 h»
du soir, chez le sieur Frerichs, Grand’place.
INFORMATIONS.
Cercle artistique. — Ce soir, à 81/2 heures, concert
de musique de chambre par les demoiselles R. et E.
Espstein, lauréats du conservatoire de Vienne.
Mercredi 23 courant, à 8 1/2 h. du soir, conférence
par M. Alph. Wauters sur l’Esprit communal à travers
notre histoire.
Le même soir, à 9 1/2 heures, dans la salle du Café,
séance de billard par M. le prof. Gabriel, de Paris.
Trouvé. — La personne qui aurait perdu un cou-
vercle de poêle, peut le réclamer au bureau du com-
missariat de la 2* section, rue Van Maarlandt.
Volksbelang (comité de la 5e section). — Mardi 22
janvier, à 9 h. du soir, réunion au local Willem de
Zwijger, longue rue des Images.
(Sections reunies). — Mercredi 23 janvier, 9 h. du
soir, réunion au local De Zon, chez le sieur Basseleir,
Courte rue Ste-Anne.
Ordre du jour : Revue de la ville, voirie, éclairage,
etc.
Café Vénitien, Bruxelles, station Nord. 4 plats va-
riés tous les jours à 75 cme« et 1 fr. Maison renommée
pour huîtres et beefsteacks. Bavière de Rubens, Bock
dé Strasbourg, Stout et Ale. 332
Chronique théâtrale.
THEATRE ROYAL.
Nous arrivons en retard, pour parler de la reprise
du Bal Masqué, mais, comme dit un proverbe,
mieux vaut tard que jamais.
Les singulières idées, nous devons bien le dire,
semble présider à la formation du répertoire sur
notre scène. De toutes les œuvres macaroni-ita-
liennes, de Verdi, le Bal Masqué est une des plus
caractérisques du genre. A quelques morceaux près
comme le duo du premier acte, l’air du baryton du
troisième ainsi que le petit chœur marché du second,
toute la partition est banale,frisant même la trivia-
lité par moments et ne donnant jamais la pure
note mélodique italienne, ni le dessin d’orchestre
du drame lyrique.
Comme nous le disions pour la Norma—et encore
quelle différence, — il faudrait des célébrités hors
ligne pour donner du relief à ces morceaux mal
compris et mal coordonnés et ce n’est pas notre
Théâtre royal qui les possède.
Comme leu Auber a autrement compris la teinte
grisaille que l’histoire de Gustave Vasa exige, non
seulement à cause de la superstitieuse croyance
des peuplades septentrionnales, mais par cette in-
tuition naturelle aux esprits d’élite qui savent
approprier à la scène, la musique au sujet, distin-
guant entr’eux les divers personnages.
Plus que dans aucune autre pièce, cette nécessité
existe dans cet opéra, Gustave III ayant été par
son commerce avec les lettrés de son époque, par
son amour de la science et par ses voyages multi-
ples, bien supérieur à tout son entourage et devan-
çant par là de beaucoup son époque.
Dans l’œuvre de Verdi, cette distinction n’a pas
été observée, transportant la scène, on en a trans-
porté aussi la couleur locale. Le roi de Suède,
: dégénérant en vice-roi ou grand-duc quelconque
comme dans la Périchole ou dans le Pompon
perd complètement son prestige. _
Les interprètes ont beau faire, on ne prend plus
au sérieux cette page d’histoire si dramatique et ils
ne peuvent se faire valoir^ue dans la partie vocale
„sous c? report les honneurs appartiennent à
M. Maugé.Quoique sa voix soit trop peu corsée pour
donner fout 1 éclat voulu dans le grand opéra il en
a néanmoins tiré un parti si brillant et si juste que
nous ne pouvons que lui adresser des félicitations
Le rôle de Renato a été un vrai triomphe pour lui
eVu-i ? va u un succ^s des plus grands et des plus
mérités. r
M. Salvam dont les efforts incessants tendent à
nous faire oublier les défectuosités de l’organe v
arrive parfois à force de talent et d’acquis, mais là
où la voix demande à primer, le jeu ne peut pas
toujours la remplacer et les grandes œuvres fran-
çaises se prêtent bien mieux à ces substitutions
parce que l’action dramatique est innée à l’effet
musical.
Dans aucune œuvre, autant que dans le Bal
Masque, Mrae Saville ne nous démontre qu’elle a
pratiqué la carrière italienne. Aussi en possède-t-
elle toutes les qualités et tous les défauts.
Enlevant la strette avec furiaet prosodiantavec
une clarté, relative pour nos oreilles, sur un déluge
de notes, elle arriverait à un résultat artistique
beaucoup plus grand, si elle pouvait maîtriser
davantage les élans, qui sont du domaine de l’école
italienne. Ce n’est pas le talent qui lui manque
beaucoup s’en faut, mais sa grande voix unie à un
tempérament tout en dehors, la trahissent et vont
au-delà de sa volonté. Le rôle Amalia comme tous
ceux qu’elle a chantés déjà ne pêchent que par
1 excès.
Le personnage secondaire d'Ulrique la sorcière
avait acquis trop d’importance à la première par
1 interprétation dramatique que lui donnait M118
Leavington. Elle a modifié son jeu à la seconde et
nous ne pouvons que l’en féliciter.
Puisqu’on nous présente des œuvres italiennes
pourquoi ne suit-on pas leur distribution qui en
est faite dans ce pays et ne fait-on chanter le page
Edgar par un premier chanteur ? Malgré toute sa
bonne volonté M110 Massart n’arrive pas à chanter
ce rôle comme il devrait l’être.
Le peu d’importance de ceux de MM. Larrivée et
Pother, nous dispense de les analyser, ces MM. du
reste ont l’air de s’en soucier fort peu, ce que nous
n’approuvons pas.
La direction nous annonce enfin l’arrivée d’un
baryton de grand opéra. Ce sera M. Manoury un
des titulaires de l’emploi du Grand Opéra de Paris
et que M. Halanzier, dans son illustreomnipotence
veut bien nous céder. Tant mieux, nous pourrons
donc aborder le grand répertoire A jeudi sa pre-
mière représentation.
THÉÂTRE NÉERLANDAIS.
Demain mercredi représentation au bénéfice de
Mmo Coryn qui à force d’études et de travail est de-
venue une de nos bonnes actrices et qui jouit de la
sympathie générale. Nul doute que la salle du théâ-
tre flamand, ne soit ce jour trop petite, car les
admirateursdutalent dèMmeCoryn ne voudrontpar
laisser passer cette occasion de lui payer un juste
tribut d’hommages. Ce qui rend encore cette re-
présentation plus attrayante, c’est que le pro-
gramme annonce la première d’un nouveau drame
flamand de notre vaillant et' infatigable Van
Bergen. La soirée se terminera par le désopilant
vaudeville De Schoolmeester.
Lettres, sciences et arts.
UNION LITTÉRAIRE BELGE.
La jeune société des gens de lettres belges dont
un de nos confrères bruxellois proclamait urbi et
orbt la silencieuse agonie vient de réparer le mau-
vais effet que cette anticipation avait produit dans
les rangs de ceux qui s’intéressent a l’avenir de
l’entreprise.
Malgré les pessimistes et les corneilles de lugu-
bre présager Union littéraire se réunira dimanche
prochain, 27 janvier, dans une des salles de la
Bourse de commerce à Bruxelles.
A la lettre de convocation est jointe la liste des
membres qui ont adhéré déjà à XUnion littéraire
Le nombre s’en monte à 121, début respectable,
nous semble-t-il, et nous voyons figurer sur la liste
les littérateurs les plus distingués de notre pays.
L’ordre du jour de la réunion de dimanche porte
la nomination d’un comité de douze membres qui
doit prendre la place du comité provisoire. Les
neuf membres du comité provisoire peuvent être
réélus.
Si la réunion a été retardée jusqu’à présent, c'est
sur le désir, exprimé par quelques membres, de
voir fixer autast que possible les réunions au der-
nier dimanche de chaque mois.
Voilà la cause, la cause unique de l'intervalle de
deux mois environ, qui s’est écoulé entre les deux
dernières convocations.
Comme on le voit il n’y avait pas péril en la de-
meure et l’on s’est trop empressé à notre avis de
déclarer mort-née une société à laquelle l’adhésion
d’écrivains sérieux apporte au contraire des gages
certains de vitalité.
Nous répétons encore une fois : Bonne chance
à XUnion littéraire belge. P. M.
Chronique judiciaire.
TRIBUNAL DE PREMIÈRE INSTANCE D’ANVERS.
PRÉSIDENCE DE M. VAN CUTSEM-MOLYN..
Calvo y Valero contre les éditeurs du - Précur
seur, - du - Journal de Gand » et de - l'Opinion
Libérale. »
Audience du 21 janvier.
Le tribunal est composé de MM. Van Cuisem,
président, Van der Velcen et Liebrechts, juges,
ministère public, M. Dumercy, juge suppléant.
Me Delvaux, pour le Précurseur. Je serai aussi
court que possible et vous résumerai en quelques
mots le procès qu’on nous fait. Ce procès se pré-
sente pour les demandeurs sous les apparences les
plus heureuses, les plus belles. D’un côté une
femme, une mère, une sainte mère, souffrant tout
ce qu’une femme, tout ce qu’une mère peut souffrir
à la lecture de l’article du Précurseur qui l’atta-
que dans son honneur, qui conteste la légitimité
même de la naissance de son enfant ; de l’autre
côté, un fils, un prêtre, un prélat, un prince de
l’Eglise, modèle de toutes les vertus, un foudre
d'éloquence qui, d’après ses conseils, étonne tout
le Nord de l’Espagne! Lui aussi a lu cet article du
3 août, lui aussi a été frappé dans ses] sentiments
les plus intimes !
Quelle belle cause à plaider surtout devant un
tribunal sympathique.
Malheureusement au moindre examen sérieux,
toutes ces belles choses s’évanouissent et nous ne
retrouvons dans ce procès, que nous intente l’évê-
que de Santander, qu’une affaire politique, montée
en Belgique et dirigée contre le parti libéral ; il lui
manque le caractère de sincérité et on n’y peut
découvrir qu’une manœuvre de parti, habilement
et uniquement dirigée contre un adversaire poli-
tique. Nous en donnerons la démonstration claire
et lumineuse pour tous. Je vous dirai tantôt ma
pensée quant au fond de cette affaire.
C’est le 3 août que la correspondance incriminée
paraît dans le Précurseur. Cette correspondance,
a entendre M8 Collinet, aurait produit une émotion
énorme, une sensation considérable, non seulement
en Belgique, mais aussi en Espagne, en Italie!
Nous avons cherché partout, mais en vain, des
traces de cette émotion, de cette grande sensation.
Cette émotion devait se traduire, soit par la re-
production, soit par la discussion du fait publié. |