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à'moitié libre près Brunshausen. On s’attend à voir
la situation s'améliorer. •>
On télégraphie de Warnemunde que « la couche
de glace stetend jusqu’à une lieue et demie dans la
mer. »
: Le Berliner Tageblatt reçoit de Rotterdam un
article sur « les désavantages d’Anvers comme port
d’escale pour les navires subventionnés du Nord-
deusche Lloyd. » On récommande Rotterdam.
Il paraît que dans le camp socialiste allemand on
ne se fait pas peu de mauvais sang avec la fête inter-
nationale du 1er mai. Les meneurs socialistes portu-
tais, autrichiens et français prennent, dit-on, leurs
ispositions, tandis qu’ici lès chefs du parti hésitent.
Ils vont tâcher de remettre la fête ouvrière au 3 mai,
qui sera un dimanche.
C’est assez dire que les leaders socialistes d’Alle-
magne veulent éviter la proclamation du chômage.
Ils craignent sans doute de faire le même fiasco que
l’année dernière.
On fait courir les bruits les plus alarmants sur
l’état de santé du major Wissmann, commissaire de
l’empire dans l’Etat Africain. D’aucuns vont jusqu’à
prétendre qu’il est devenu absolument fou ; d’autres
le représentent comme frappé d’idiotisme par suite
de l’usage de la morphine.
Il est vrai que le vaillant explorateur a eu recours
parfois à la pernicieuse morphine pour pouvoir, la
nuit, trouver le repos; mais, la dernière fois que je
l’ai vu, il semblait encore se porter fort bien. Au
reste le télégraphe annonce qu’il vient de s’engager
dans l’intérieur du continent à la tète d’une petite
armée pour aller rétablir sur certains points l’ordre
de nouveau troublé. Cette expédition dément par
elle-même les bruits pessimistes qu’on répand dans
la presse et dont, du reste, on n’a pas reçu la con-
firmation dans les régions gouvernementales.
On parle défavorablement dans lapresse allemande
d’une exposition d’hygiène qui doit avoir lieu à
Bruxelles. C’est encore une exposition “ sauvage »,
dit-on, et on eônséiïïé aux industriels allemands de
n’y point participer.
BELGIQUE
Bruxelles, 23janvier.
Le délégués provinciaux ont résolu de convoquer un
*' ' " àbacs j jj ’ ' j
alais i
cale). L’ordre du jour de ce Congrès comprend les
‘ ' >Rédi.........................
Congrès des tabacs à Bruxelles, le 25 janvier courant, à
1 heure 1/2 (Palais de la Bourse, salle de l’Union syndi-
points suivants: lüRéduction des droits d’entrée surles
tabacs exotiques écotés ou non écotésà40fs.lesl00 kil.;
suppression du droit d’accises sur les tabacs indigènes;
2° etablissement du Drawback ; 3° augmentation pro-
portionnelle des droits d’entrée sur les produits manu
facturés ; 4° fixation d’une quantité minima d’importa-
tion en ce qui concerne les fabricants étrangers ;
5° reprise des patentes par l’Etat.
CHRONIQUE LOCALE
Mort du prince Baudouin,
Voici les mesures prises par le Collège
échevinal, en signe de deuil pour la mort de
S. A. R. notre regretté prince Baudouin :
« Une proclamation sera affichée aujour-
d’hui même, si possible.
» Le glas funèbre sera sonné jusqu’au jour
des obsèques.
» Les drapeaux flotteront en berne à tous
les monuments communaux et sur tous les
navires des bassins.
« Une séance du Conseil communal est con-
voquée d’urgence pour demain 2 1/2 heures
de relevée. »
— Il y aura relâche ce soir au Théâtre
royal.
— Le concert de l’Ecole de musique, qui
devait avoir lieu demain soir, est ajourné.
~- Au Palais de justice les audiences ont
été levées en signe de deuil.
La proclamation suivante vient d’être
affichée :
« Concitoyens,
» Un malheur inattendu vient de frapper la
Famille Royale et la Patrie belge.
» S. A. R. le prince Baudouin est mort
inopinément cette nuit.
» Appelé aux plus hautes destinées, Te jeune
prince annonçait les qualités les plus bril-
lantes. Sa bonté et sa simplicité lui avaient
gagné tous les cœurs.
» La population d’Anvers, pleurant son
prince bien-aimé, s’associera profondément
au deuil cruel de LL. MM. le Roi et la Reine
et de LL. AA. RR. le Comte et la Comtesse dé
Flandre.
Le Bourgmestre,
Léopold De Wael.
- Par ordonnance :
Le Secrétaire,
de Brauwere.
1*0111* les miiilieiii'eux.
Treizième liste.
Pour la Société Philanthropique.
Anonyme G. S. Un billet de banque de. . . 20.—
Anonyme R. 0......... .... îo.—
De la Compagnie belge du Téléphone Bell. » 200.—
De la Soe. Vieille-Montagne, agence d’Anvers 200.—
A partager entre l'Asile de Nuit et la. Bouchée de Pain.
Banque de Lhonneux, Linon et C° . . . . 500.—
M. Emile Cahen. ......... 100.—
lïîeiifiiisance. — Si la misère est
grande en ce moment, par le chômage forcé
qu'endurent nos ouvriers, de son côté la cha-
rité de nos concitoyens la combat avec un
admirable élan et se tient à la hauteur des
tristes circonstances que nous traversons.
Tous les jours nous voyons surgir de nouveaux
éléments d’assistance,plus utiles, plus efficaces
que les précédents.
Les amis des pauvres, qui ont pris pour
mission de recueillir des dons à domicile,
viennent d’organiser une nouvelle distribution
de soupe au moyen de cartes que tout le
monde peut acheter, aux bureaux de tous les
journaux de la ville.
Par l’achat de ces bons on peut secourir ses
protégés personnels, donner à bon escient et
éviter les abus qui résultent des aumônes
données sur la voie publique.
Ces bons sont valables pour une portion de
bonne soupe et de pain, que l’on peut se pro-
curer à toute heure de la journée aux Cuisines
économiques. (Bassin, quai Godefroid.)
La société de bienfaisance De Ware Vrienden
der armen, ayant son siège à la Vue du Palais,
Place de Meir 35, a secouru 547 ménages depuis
l’ouverture de son exposition.
Les secours distribués par ses soins comportent
jusqu’à ce jour :
10,120 bons de pain,
7,150 kilogr. de pommes de terre.
475 hectolitres de charbon,
grâce au concours bienveillant de la bourgeoisie
anversoîse qui ne lui a pas marchandé le placement
des billets de la tombola organisée au susdit local.
Le prix du billet est de 10 centimes. Dix ôillels
pris en une fois donnent droit à un bon de pain.
Pendant la première quinzaine seule du mois de
janvier, la société de bienfaisance Hulp voor Allen
a secouru à domicile 201 ménages. Il leur a été dis-
tribué :
546 fr. en espèces, '
1327 bons de pain,
70 hectolitres charbons,
le tout représentant une valeur de fr. 1084.
La Ce Belge du Téléphone Bell a fait distribuer
une somme de fr. 2000, entre les diverses œuvres de
bienfaisance instituées dans les villes exploitant un
réseau téléphonique.
M. le Bourgmestre a reçu la somme de 556 fr.,
produit de la collecte faite à la fêté donnée par MM.
les sous-officiers du 6e régiment de ligne et des
souscriptions recueillies au susdit corps au profit de
l’Asile de Nuit et de la Bouchée de Pain.
Ce don a été transmis au Comité de l’œuvre en
question.
Bienfaisance. — En présence de la triste situa-
tion des on vriers anversois sans travail, par suite de
la fermeture de l’Escaut, un comité vient de se for-
mer à Ostende, à l’effet d’organiser pour jeudi pro-
chain, 29 janvier, une grande fête de bienfaisance
qui se donnera dans les salons du Casino.
Ce comité est composé comme suit :
Président : M. Oedenkoven, de la maison Hiiger
et Oedenkoven d’Anvers, agents du Great Eastern
Railway.
Trésorier-. M. Emile DeBreyne, président du
Cercle Cœcilia, Ostende.
Membre? : MM. Baril, de la maison Ruys et C°
d’Anvers; Baines,d’Anvers; AugusteBorgers,mem-
bre de la commission de la Société Litétraire : Vic-
tor Lauwers, secrétaire-adjoint de l’Association
commerciale-, Julien Staesens, membre de la com-
mission du Cercle Catholique.
Secrétaire : M. Randaxhe, d’Anvers.
Ce comité a décidé que des listes de souscription
seraient présentées à domicile pour ce concert dont
le programme sera plein d’attraits.
Un comité de Dames de la ville a bien voulu se
charger de la présentation à domicile des listes de
souscription ; ces Dames commenceront leurs tour-
nees à partir d’aujourd’hui.
Reçu pour l'Œuvre de l’Hospitalité de Nuit.
— 1° fr. 2 (deux) de MM. Cruysmans, longue rue de
l’Hôpital, n° 83 ; — 2° fr. 5, quête laite au concert du
Vlaamsche Strijdersbond , au local Antioerpsch
Koffiehuis, marché au Linge ; — 3° fr. 8, Een ge-
-smolten sneeuwbal ; — 4° fr. 5, Rosalie en souvenir
de l’anniversaire de sa bien-aimée mère; — 5° fr. 200
de la Compagnie belge du Téléphone Bell ; —'6°
fr. 100, Produit d’une collecte au cours d’un diner
d’amis au restaurant Colon le 22 janvier. Destiné
moitié à l’Hospitalité de Nuit et moitié à la Bouchée
de pain ; — 7°fr. 100 de la part de M. leB°n Fernand
de Bieberstein, bourgmestre de Gestel, par l’entre-
mise de V Escaut.
Pour la Bouchée de pain. — 1° fr. 500, ano-
nyme;— 2° fr.200 delà Cie belge du Téléphone Bell.
F. 3.14, d’une chanson dite au Café des Bras-
seurs, rue de la Commune, chez M. Arth. Van
Camp, pour les pauvres honteux.
Palais de l’industrie, des arts et du com-
merce.—A cause du deuil général dont la Belgique
vient d’ètre frappée par la mort de Son Altoese
Royale le prince Baudouin, le bal annoncé pour lé
24 janvier est remis à une date ultérieure.
Scala. — Ce soir, relâche, à cause de la mort de
S. A. R. le prince Baudouin.
Demain samedi à 11 heures, après le spectacle qui '
commencera exceptionnellement à 7 h. 1/2, aura
lieu le 1er grand bal masqué. La salle sera transfor-
mée, comme aux grands jours, en un féerique jardin
d’hiver.
Nul doute qu’il n’y ait foule à cette première fête
dansante, car nous apprenons que l’excellent pro-
fesseur Cavénécadâs du Lycée de Jeunes Filles vient
d’autoriser ses jeunes et charmantes pensionnaires
à y assister.
La députation ouvrière à l’Hôtel-de-Ville.
— Quelques-uns de nos confrères se sont mépris sur
le caractère de la manifestation ouvrière qui à eu
lieu avant-hier. Quatre braves garçons, délégués,
excellents cœurs d’ouvriers du port, — et ouvriers
intelligents ! — pas plus socialistes que vous et moi,
dans l’acception plus ou moins effrayantede ce mot,
ont été reçus hier par le Collège.comme nous l’avons
dit. Comme nous étions certain que dans cet entre-
tien nous allions entendre toute la pensée des ou-
vriers, nous nous sommes glissé dans les coulisses,
au vu et au su des délégués d’ailleurs, qui ne de-
mandent que la publicité.Et voici ce que nous avons
entendu :
m. georges gits, président.Mes chers amis, vous me
croirez sans aucun doute quand je vous assure que
nous vous recevons avec un véritable plaisir. Voulez-
vous me permettre de vous exprimer un regret? C’est
que dans vos meetings et vos affiches vous attaquiez
toujours avec .violence ce que vous appelez la bour-
geoisie. La bourgeoisie ne vous laisse pas mendier
•• comme des chiens » à sa porte. Elle comprend eo.que
votre situation a d'exceptionnellement dur dans ce cas
de force majeure, et elle fart sans arrière-pensée tout ce
qu’elle peut pour vous aider. Elle ne vous donne pas
l’aumône, elle vous tend une main fraternelle. Tout le
monde souffre en ce biôment. Je pourrais vous citer tel
boulanger dont la maison est remplie de pain, et dont la
femme est venue se plaindre à moi ce matin qu’elle ne
vend pas assez pour nourrir ses 5 enfants. Quant à ceux
qui donnent largement, ne soyons pas ingrats envers
eux. Donnons-nous la main et soyons amis si vous le
voulez bien.
Ceci dit, vous nous demandez eu substance, quelques
chauff'oirs d’abord.L’Asile de Nuit, dites-vous, est insuf-
fisant. La Bourse, la sallerde Concert du théâtre, etc.,
etc., pourraient en tenir lieu.
Croyez-vous qti’ün asile ae nuit puisse convenir pour
des familles, mes amis ? Vous avez tous une lamille,
j’en suis sur. Voudriez-vous avec femme et enfants
loger à l’asile de nuit ?
1er ouvrier. Non.
m. gits. Vous le voyez. Vous aimez trôp votre petit
foyer pour cela, quelque froid qu’il y fasse.
l'ouvrier. Nous ne l’entendons pas ainsi, Monsieur.
Nous voudrions surtout une bourse du travail où les
cheft pourraient venir nous trouver et discuter avec
nous. Noué voulons la suppression de cet affreux coin
des paresseux où les ouvriers se traînent dans la boue
et la neige (à moins d’aller boire au cabaret) et où ils
entravent môme ia circulation.
i». gits. Vous savez qu’il y a des chauffoirs au bassin,
et qu’il est interdit d’y exiger la moindre rétribution ?
Voyez le bel exemple que les ouvriers auraient pu don-
ner en y tenant leur bourse au lieu de se réunir à un
coin de rue ! Il est évident que les patrons viendraient
vous embaucher là si vous vous y trouviez ? Ces chauf-
foirs, c’est l’administration actuelle qui les a fondés,
ils n’existaient pas naguère. A la Bourse, au centre de
la ville, on ne viendra pas vous trouver pour un tra-
vail qui se fait au bassin. Nous n’en pourrions pas
moins chauffer la Bourse pendant toute lajournée, au
lieu de le faire pendant les heures de Bourse seulement.
l'ouvrier. Les chauffoirs sont malheureusement ré
partis sur plusieurs points du bassin, monsieur. Il fau-
drait un local où tout le monda pût se réunir. Si c’était
la règle, les arrimeurs qui sont cabaretiers ne pour-
raient plus—il faut bien le dire,—obliger les ouvriers à
dépenser de l’argent chez eux.
ni. gits. Si cela se fait, c’est contraire à te loi.
l’ouvrier. C’est la vérité. Consultez les OifVriersjors
du paiement des salaires il faut parfois rester pendant
deux heures dans l’auberge.
m. gits. Si l’on oblige l’ouvrier à y rester, cela est
blâmable.
m. van ben ivest. Une loi a été votée. Mais M. Le-
jeune, ministre de la justice, l’a retirée à la demande de
M. Coremans.
m. nu winter. La loi n’est pas appliquée et nous
n’avons pas le droit de poursuivre.
ni. van ryswyck. L’art. 4 de la loi dit qu’on ne peut
payer les salaires dans les cabarets, magasins, etc.,
appartenant aux patrons. L'article 6 interdit d’imposer
certaines autres conditions aux ouvriers.
Rien ne vous empêcherait cependant, mes amis, de
faire une plainte collective si vous vous croyiez lésés.
m. van den nest. Quant à l’organisation d’une
Bourse c’est une question à examiner.
si. van ryswyck. Certainement. Organisez-vous,
fédérez-vous et faites nous des propositions précises. Il
est en effet regrettable que les ouvriers s’attroupent à
ce coin.
lr ouvrier. C’est affreux ! Mais sous réservo d’une
conclusion pratique, abordons uii second point, Mes-
sieurs.
La foule s’écrase aux distributions de secours, à la
Broodjeskapel, et des malheureux doivent y revenir
deux jours pour être servis..
m. gits. Les circonstances sont exceptionnelles,
ni, van rysw yck. On distribue plus de 9000 pains
en un seul jour !
m. van ben nest. Il y a une heure nous avons si-
gnalé à la commission qu’il fallait plusieurs locaux.
l’ouvrier. C’est bien, Monsieur, car plusieurs per-
sonnes n’osent revenir deux fois, et d’autre part des
exploiteurs ont, à la faveur de la cohue, récolté pour
19 francs par jour.
m. gits. Nous le savons bien, mon ami. C’est hon-
teux. Mais comment empêcher un certain pour cent
d’exploitation ? Il faudrait huit jours pour quelques en-
quêtes. Or c’est immédiatement qu’il faut secourir les
familles. Mais c’est la Ville qui est volée et non pas.
vous. Cette exploitation ne doit empêcher personne do
réclamer sa part des provisions. Vous n’aurez pas un
pain de moins.
lr ouvrier. On pourrait employer plus d’ouvriers
aux neiges, M. l’écliovin. Il y a déjà 400 ouvriers ex-
traordinaires, mais à la Haye il y en a 4,000.
m. van ben nest. Mais on n’accorde pas 10,000 fr. de
secours par jour.
m. gits. La Ville y a songé comme vous, mon ami.
Mais en achetant de grandes provisions elle pourvoit
mieux à vos besoins. En morcelant le crédit vous n’au-
riez pas pour vos quelques francs ce que nous pouvons
vous offrir. Il faut aller au plus pressé. Nous ne vous
imposons pas la journée de travail obligatoire avant de
subvenir à vos premières nécessités. Ne considérez pas
comme une aumône, je vous en prie, ce que la commu-
nauté accorde de grand cœur à ses frères. Il ne s’agit
pas du bureau de Bienfaisance. Ses employés nè font
que nous aider.
1er ouvrier. Si cependant, au lieu de payer fr. 1.75 à
2 fr., on payait fr. 3.25 aux ouvriers ils pourraient
nourrir leur famille ?
m. gits. Où cela irait-il, mon ami. Le salaire obliga-
toire de fr. 3.25 et cela pour les ouvriers qui auraient
eu le bonheur de se présenter les premiers.Et les autres ?
Il yen atantqui demandent! Et il y a tant de catégories
de malheureux qui sont incapables de faire ce travail.
Que deviendraient nos ressources ? Aujourd'hui up».
somio u’psf. sacrifiée
m. v an ben nest. Je le répète, c’est par 10,000 francs
qu’il faut chiffrer les dons par jour. Or la ville me fait
pas de recettes.
2J ouvrier II faudrait diviser le travail aux bassins.
Des ouvriers travaillent nuit et jour ; des enfants même,
au risque d’écraser les ouvriers dans ia cale par de
fausses manœuvres de grues. Or d’autres ouvriers
n’ont pas leur tour. Tout ouvrier, s’il travaillait-- pour-
rait cependant économiser assez pour vivre pendant 6
semaines dégelée.
si. gits. C’est ce que je reproche un peu aux ouvriers
en général, mon ami. Malgré des salaires élevés ils
ne pratiquent pas l’épargne. Le genièvre leur inspire-
rait à un moment donné Ie dégoût, qu’encore certains
d’entre eux avaleraient la goutte d’un trait — par habi-
tude et ...op de poef malheureusement.
Quant au travail double que font certains ouvriers,
on ne peut pas empêcher cela.
I* ouvrier. L’organisation de notre Bourse pourrait
peut-être y porter remède, Monsieur,
si. gits. Songez-y.
lr ouvrier. Nous vous prions donc de prendre cette
demande en considération, Messieurs. Ensuite vous
nous obligeriez en faisant les distributions dé secours
en plusieurs endroits, pour que chacun de nous pût
plus librement se présenter, quoique nous craignions
bien que nos patrons nous le reprochent amèrement
plus tard.
si. gits. Ce serait une mauvaise action ! Mais il n’èn
est pas question. Ces octrois de secours sont un devoir
social.
T!r ouvrier. En troisième lieu. Messieurs, reste la
question des mesures à prendre pour prévenir à l’ave-
nir, dans la mesure du passible, des calamités comme
celle que nous traversons. Un pont à forts piliers, à
Burght, par exemple, arrêterait déjà considérablement
les glaces. Ensuite les larges bancs de sable...
si. gits. Savez-vous comment M. Royer du pilotage
appelle cela ? Des fabriques de glace. Et de glace de
6 mètres de hauteur parfois !
m. V un ryswyck. Des fabriques de 13,000 hectares...
V ouvrier. Nous avions cru, Messieurs, que si l’on
entourait ces bancs de pilotis ou si on les isolait d’autre
façon, on pourrait aussi y enfermer les glaces et tenir
les passes libres.
aï. gits. C’est une très-grosse question que vous abor-
dez-là. Mais de la situation exceptionnelle actuelle,
sortira certainement quelque chose. Le gouvernement
se met en mesure de faire.fonctionner dans le plus bref
délai 4 remorqueurs pour briser les glaces. La situation
est bien exceptionnelle, je le répète. Si l’on remonte jus-
qu’à 1830, la fermeture de l’Escaut n’est pas de cinq
jours par an en moyenne. Mais, mémo en vue de cette
éventualité là il faut lutter, et on le fera.
3' ouvrier. Quand nous aurous notre Bourse, je
crains bien que nous ne pourrons forcer les patrons
arrimeurs à venir nous y chercher,
si" van ryswyk. Mais si vous vous tenez là?
3e ouvrier. Nous ne pouvons malheureusement con-
traindre les autres ouvriers à y venir, Monsieur.
m. van ryswyck. Il est donc bien malheureux que
vous ne soyez pas môme unis pour cela. Unissez-vous
au plus tôt. Envoyez, si vons le croyez utile, une péti-
tion à la Chambre pour demander l’application de la
loi sur le paiement des salaires. Nous ne pouvons orga-
niser une Bourse du travail, mais nous pouvons vous
donner un local. Réunissez-vous là, vous qui êtes de
ho me volonté.Vous y aimez donc votre Bourse et votre
c’iauffoir. Je crois que l’esprit d’union parai i les oùvriers
fe -a le reste.
lr ouvrier. Nous voudrions voir les ouvriers du port
représentés dans le conseil des prud’hommes. Ils sont
15000 et ne sont pas représentés. Monsieur.
si. van ryswyck. La loi ne prévoit pas le cas. Mais
à Garni vous êtes représentés, et nous demanderons au
greffier du Conseil à Gand, comment cela a pu se faire.
si. gits, et pour terminer, mes amis, permettez-mdi
de vous exprimer encore le plaisir que nous avons
éprouvé de nous voir face à face avec des ouvriers in-
telligents et raisonnables. Fédérez-vous. Nous nous
verrons encore, quand il s’agira d’arriver à des conclu-
sions pratiques ; et que toutsè passe toujours dans ces
termes cordiaux et amicaux.
Et les ouvriers ainsi que votre serviteur se reti-
rèrent en s’inclinant.
P.-S. — Dès demain la distribution des secours
qui se tait de 3 en 3 jours, aura lieu aussi à l’ancien
orphelinat du Marché aux Chevaux.
Le cercle les Novemlrruns nous annonce pour
samedi 24 courant, à la salle El Bardo, une fête
intéressante qui se composera d’une partie de con-
cert vocal et instrumental, avec le concours du club
des Citharistes et de quelques amateurs distingués,
on représentera ensuite le Gamin de Paris, comé-
die en deux actes. Mlle P. V. M. que nous avons eu
souvent l’occasion d’applaudir aux représentations
données par diverses sociétés de la Ville, remplira
le rôle du gamin de Paris. M. Dubois dont le talent
est bien connu, jouera le rôle de Bizot, les autres
rôles seront remplis par les meilleurs amateurs de
la société la Wallonie et du cercle les JVovem-
bruns. Le spectacle sera suivi de bal.
Nul doute qu’il y aura foule et que l’on aura l’oc-
casion de passer la une excellente soirée.
Cheval emporté. — Hier après-midi un cheval
attelé à une voiture a pris le mors aux dents, rue
Carnot. Le conducteur tenta en vain de l’arrêter.
Rue Van Geert, le char fut projeté avec tant de vio-
lence contre un trottoir qu’il fut littéralement broyé
et que deux femmes, les nommées Isabelle Ferdi-
nand, âgée de 47 ans et Joséphine Hagens, âgée de
22 ans furent grièvement blessées par les éclats de
bois et durent être transportées à l'hôpital.
Enfant brûlé. — Hier matin, un petit garçon
âgé de 3 ans, nommé Antoine Pauwels, demeurant
rue aux Choux, 57, a été gravement brûlé par l’éâti
chaude, pendant l’absence de sa mère. Le pauvre
petit a dû être transporté d’urgence à l’hôpital.
Vols. — Celte nuit un vol avec effraction a eu
lieu chez M. Braeckelmans, rue du Gaz, 87.
Les voleurs, restés inconnus, ont emporté pour
250 francs de chocolat.
— Deux individus, surpris rue Van Bloer, en
train de fracturer une porte, ont été mis en fuite par
le sieur Asselberghs.
Le ciel de chaque jour. — Le dégel continue.
Les journaux norvégiens signalent une fréquence
et une intensité extraordinaire d’aurores boréales
cet hiver.
Pilotage. — Avis. — Parsuite du dégel qui
s’est produit et du fort vent du Sud et cjo i’Ouest qui
a régné, il a été décidé de faire une nouvelle recon-
naissance en rivière. Une commission composée de
pilotes belges et néerlandais s’est rendue ce matin
sur le fleuve.
Concours de bétail gras. — Voici le résultat
du concours de jeudi 22 janvier, organisé par les
Bouchers réunis de la halle St-Jean avec le concours
de la ville :
BOEUFS.
P Prix F. Huygebaert.............. 1210 kilos.
2e » E. Miclimls ........ 1008 »
BOEUFS GRAS.
D prix F. Vanden Boom.............53 c. s m. gras
Mention honorable, F. Audenaerde. . 53 c. 5 m. »
BOUVILLONS GRAS.
P prix Bel. Deryck................67 c. 2 m. gras
Mention honorable, D. Elberg. . . . 60 c. 3 m. »
GÉNISSES GRASSES.
P prix Deckkers...................65e. 4m.gras
Mention honorable, G. Verstraeten. . 64 c. 3 m. »
VEAUX GRAS. ’
lr prix F. Mariën.................20 c. 3 m. gr.
Mention honorable, F.Van Landeghem. 19 c. »
La pharmacie J. TÏELEMANS est déplacée du
Canal des Récollets, 25, esi face. Pont aux Pots, n°i4.
99
Chs. Leeman, chaussures sur mesure, rue des
Juifs, n° 8. Breveté pour chaussure de chasse. 175
/%. quanti l’abolition des droits de feux et
fanaux sur l’Escaut. 17
ÉOHOSIÏVERSOIS
Frais consulaires.
Monsieur le Rédacteur,
Nous voyons souvent dans votre estimé journal,
paraître ces mots : « à quand l’abolition des droits
de feux et fanaux ? »
Certes ces droits sout très élevés et il nous semble
que le gouvernement pourrait faire une réduction
notable ; nous ne demandons pas l’abolition com-
plète, car le gouvernement a des frais réels pour
l’entretien des feux et fanaux, sans quoi la naviga-
tion Sur l’Eseàitt et sur la 'cote serait une impossi-
bilité. Mais il y a d’autres frais dont le commercé
et les armateurs demandent l’abolition, ce sont les
frais consulaires pour légalisation des manifestes,
des connaissements et des factures. Nous avons de-
vant nous des décomptes de navires montrant que
les frais consulaires payés par l’armement dépassent
les frais de feux et fanaux.
Ce que le commerce belge et les armateurs payent
chaque année en frais consulaires forme un mon-
tant dont on se fera difficilement une idée; ces frais
n’ont aucune utilité, il y a beaucoup de pays où ces
formalités sont inconnues et qui n’en marchent que
mieux.
Ainsi le gouvernement belge doit payer ses con-
suls établis dans l’Amérique du Sud, au Mexique,
en Espagne et en Portugal, et c’est le commerce
belge qui doit payer les consuls de ces pays établis
à Anvers.
Nous pouvons ajouter que pour beaucoup de con-
sulats ces formalités sont largement et même trop
largement payées, de manière à former une petite
fortune. La plainte sous ce rapport est générale et
bien motivée; nous n’en faisons aucun reproche à
MM. les consuls personnellement, ils ne peuvent que
suivre les instructions qu'ils reçoivent et ils doivent
appliquer le tarif qui leur est prescrit, mais nous
sommes d’avis que le gouvernement belge devait
intervenir sérieusement pour faire cesser ces abus.
Les frais de portpeuvent encore s’expliquer ; chaque
réduction sur ces frais sera acceptéeavec satisfaction
par les armateurs, mais ils n’exigeront jamais l’abo-
lition complète de ces frais, parce qu’ils savent que
Ces frais sont toujours mérités, ce qui n’est pas le
cas du tout avec les frais consulaires formant une
vraie sinécure;
Le gouvernement belge pourrait se créer un cer-
tain revenu en appliquant les mêmes mesures pour
les pays susmentionnés ; ainsi il devrait exiger la
légalisation (par les consuls belges de chaque con-
naissement délivré dans les ports de l’Amérique du
Sud, spécialementdans les Republiques de l’Uruguay
et Argentine. Le gouvernement pourrait de ces frais
largement payer les consuls et se réserver encore
une bonne part ; c’est à notre avis l’unique moyen de
faire cesser une situation impossible. Il nous est
avis que les: consulats sont établis pour aider le
commerce, mais pas pour l’entraver par des frais
exagérés et par des formalités qui forment souvent
le désespoir des agents maritimes et des expéditeurs.
Nous appelons l’attention du gouvernement sur
notre réclamation qui est sérieuse et parfaitement
fondée.
Plusieurs courtiers de navires
et expéditeurs.
CHRONIQUE THEATRALE
THEATRE ROYAL. — La Basoche, opéra
comique eiP3 actes de MM. Albert Carré et André
Messager, a été représentée hier devant une salle
comble. Le sujet a plu. C’est une intrigue agréable-
ment filée, où un premier quiproquo en entraîne une
quantité d’autres. On suppose que Clément Marot,
le charmant poète, a épousé une petite paysanne du
nom de Colette, qui habite un village aux environs
de Paris. Il est membre do la Basoche, la corpora-
tion des clercs du Parlement, qui élit tous les ans un
roi que l’on promène à cheval, dans un cortège car-
navalesque. Deux conditions sont nécessaires pour
être nommé : la première est de l’emporter dans un
concours public de rondeaux et de ballades, et la
seconde, d’ètre célibataire.Le poète, à la verve facile
et enjouée, triomphe aisément de Ses concurrents, et
il est proclamé roi. Il va de soi qu’on ignore son ma-
riage. Mais Colette vient le relancera Paris,et ce n’est
qu’en prenant des airs mystérieux et en lui disant
qu’il y va de sa situation et de sa fortune que Màrot
parvient à l’empêcher de faire un éclat. Voici les
complications. Le duc Longueville vient d’arriver à
Paris avec la jeune Marie d’Angleterre, sœur de
Henri VIII, qu’il amène à son maître Louis XII,
après l’avoir épousée par procuration, selon l’usage
du temps. La future reine qui voyage incognito, ne
peut résister au désir de faire une petite escapade,
et l’auberge du Plat d'étain devient le fhéàtre d’un
imbroglio qui n’eu finit plus. La princesse, ayant vu
passer le cortège de la Basoche, où chevauche
triomphalement Clément Marot, sceptre à la main
et couronne en tête, prend le joli poète pour Louis
Xllet bat des mains à l’idée d’être sa femme.Colette,
de son côté, s’imagine aussi que c’est le roi de France
qu’elle a épousé.Onvoitd’ici tout cequecette intrigue
croisée peut produire,mais cela n’est pas aisé à racon-
ter.Clément Marot croit que les avances de la princesse
s’adressent à son seul mérite ; Colette, qui voit tout,
mais qui a juré le secret, a grand’peine à contenir
sa jalousie; le duc de Longueville, que les consé-
quences de l’escapade de la princesse avaient alarmé
au point qu’il avait cru devoir faire avertir le roi,
se rassure en apprenant, de la bouche de la prin-
î’ét ôùiië’îar LouiTXI 1T ‘cinquante ans et n’est "pas
d’humeur galante, inais il est à cent lieues de suppo-
ser qu’il s’agît du roi de la Basoche; enfin, en l’ab-
sence du duc et de la princesse, un capitaine arrive
du château au Plat d'étain, avec une escorte, et
réclame la fiancée du roi ; Colette s’avance, ivre de
joie et d’orgueil, et lui dit ; c’est moi ! Et on l’em-
mène, tandis que tout le monde s’incline respectueuî
sement sur son passage. Au dernier acte, il y a donc
deux reines, et Louis XII ne sait: où donner de la
tète. Enfin tout se découvre et s’arrange. Colette est
heureuse de n’ètre plus reine, du momeht que son
petit, mari n’est plus roi, mais la princesse, elle, ne
peut s’empêcher de soupirer en voyant la maussade
figure de son véritable époux.
Naturellement il faut une certaine complaisance
pour entrer dans tous ces quiproquos, qu’un mot
suffirait pour dissiper, et admettre qu’une princesse
ait pu prendre le « prince des sots » pour lé roi de
France, et confondre avec des courtisans les clercs
de la Basoche, ces joyeux drilles à la mise débraillée
et à la mine truculente. Mais personne, hier, n’a
songé à bouder contre son plaisir, et l’on a ri de bon
cœur, surtout au second acte, qui est vraiment très
gai. Le seul tort de la Basoche est d’être un opéra-
comique. Sur le terrain de l’opérette pure, M. Albert
Carré aurait pu déployer plus de fantaisie encore. On
sent que, par respect humain, il a évité le tón de
plaisanterie outrancière qui a fait la fortune dei
livrets de Meilhac et Halévy. Il n’a pas osé làire du
duc de Longueville un vfeux gaga, et il a professe
pour le personnage de Louis XII un respect qui le
rend ridicule. Il est heureux que de personnage né
paraisse que dans un acte. M. Bannel, qui l’interprèf
semblait au supplice. Il voulait à toute force
donner un air digne, et c’était à se tordre. L’inter
préfafion a soinblé un peu hésitante. M. Monteur'
en particulier,devra revoir Jerôle de Clément Marrit
Mme Flavigny, plus sûre de son affaire, a fait 'unè
Colette très réjouiô et très àrtihiéè. kln>« MailR
Fontaine (Marie d’Angleterre) est toujours bien' àlt
gante et bien distinguée. M. Poitevin s'eut fait, an
plaudir dans le duc de Longueville, M. Jutcau a fait
rire dans son rôle d’hôtelier. Les autres rôles sont
puremen t.épisodiques,
La musique de M. André Messager est d’une rare
distinction, et ce n’est pas la musique qui manque
dans ces trois actes. Nous avons remarqué de jolis
chœurs, des couplets bien tournés, des mélodies gra-
cieuses et pas banales. Lés ensembles sont bien trai
tés, et l’orchestre, très intéressant, a de délicats
commentaires, des dialogues piquants, des dessins
ingénieux, des sonorités nouvelles et charmantes
Il manque à celte partition ce qui fait les succès
décisifs, la mélodie trouvée et non cherchée la
phrase-type, cette envolée d’inspiration que ni ’les
artifices du métier; ni les finesses d’un art réel ni
même un goût très pur ne péüveht remplacer. Mais
dans son ensemble, l’œuvre est aimable et dégagée’
et on la reverra avec plaisir. e. £ ’
A cause du décès de S. A. R. notre regretté prince
Baudouin, la direction du Théâtre Royal fera
relâche ce soir.
La représentation de Sigurd au bénéfice de M. De
la Chaussée aura lieu demain samedi, 24 janvier.
Les billets délivrés pour ce soir seront valables
pour demain.
Dimanche, le Cid, avec le concours de M. Guioi
qui a créé le rôle de Rodrigue à Anvers, et le Sourd
ou l'Auberge pleine y 1 amusant opéra-comique
d’Adam. Pareil pFôgFâhiffiè ooîrâïtirerTa'foule.
THEATRE DES VARIÉTÉS. — Pour rappel
dimanche, les Deux Orphelines dont le succès a été
si vif, et les Deux Sçurds un acte désopilant de
Jules Moineaux.
Mercredi prochain 22 courant, la Lutte pour la
Vie (struggle for life), la comédie si réaliste d’Alpli
Daudet. La pièce, bien d’actualité sert de bénéfice à
M. Alteirac dont nous avons souvent fait réloges
Les abonnés et habitués du Théâtre des Variétés né
voudront certes pas manquer cette occasion de
témoigner leurs sympathies a cet artiste de talent.
FAITS DIVERS
La neige. — Sous ce titre la Gazette publie les
renseignements qui suivent :
a Bruxelles. — L’enlèvement des neiges donne de
la besogne au service de la voirie. Et il mut le recon-
naître, on fait tout ce qu’on peut pour débarrasser les
rues.
Dès que les premiers flocons sont tombés,M.Smeyers,
directeur du service de la voirie, avait demandé au Col-
lège, qui la lui avait accordée, l’autorisation d’embriga-
der «les hommes et d’engager des camionneurs pour
assurer le balayage et le transport des neiges. Depuis
lors on travaille sans relâche, mais, hélas ! cela ne sert
pas à grand’chosc, à mesure que l’on enlève l’ancienno
neige, il en retombe autant, si' pas plus.
Hier et avant-hier, le boulevard Anspaeh et le boule-
vard de la Senne présentaient un aspect très curieux.
On y voyait de longues files de tombereaux chargés de
neiges qui attendaient que leur tour vint de verser leur
contenu dans la Senne. Et chaque opération ne durait
guère que quatre ou cinq minutes au plus.
La Senne, qui est à pleins bords, engloutit le tout et
l’entraîne au loin.
Au pont du boulevard Baudouin, la rivière ressemble
à un véritable torrent. L’eau arrive déjà presque au
niveau des soupiraux des sous-sols, quelques centi-
mètres encore, et les maisons qui longent la rivière
vont de nouveau être inondées !
Du côté de Haeren, Neder-over-Heembeek, Vilvorde
et Eppeghem, la rivière menace d’inonder les rives; ou
a de tbrtes craintes pour le moment du dégel.
Les malheureux fermiers, déjà si cruellement éprou-
vés par les gelées qui ont pourri tous leurs légumes,
sont donc menacés dune calamité nouvelle, plus ter-
rible encore que la première.
Le service des trains a beaucoup souffert encore,dans
a soii’èe du 21 au 22, surtout sur la ligne de Liège.
Le train devant arriver de Verviers à 9 h. il est arrivé
à 10 h. 38, celui de 9 h. 31 n’était à destination qu’à
11 h. 40, et celui dé 11 h. 5 soir n’est arrivé qu’à minuit
et demi.
La correspondance de Cologne, qui doit être ici à
3 h. 40 du matin, est arrivée par tram spécial à 5 h. 15
du matin.
En mer. la situation est meilleure ; les trains arrivés
hier matin d’Ostende et de Calais, en correspondance
avec l’Angleterre, ont débarqué à l’heure officielle.
BANS LE LUXEMBOURG. — On écrit de Libramont,
21 janvier :
Whm mShMosoirtobstruées
iA„v IL'Jelges qul atteignent une hauteur de près de
deux mètres sur une distance do 500 mètres -
i teajns de voyageurs de Bruxelles'passeiit ici
fralni'Ve™ dVeux H1 trois heures. Quart aux
u dîna marchandises, c’est nar six sont m i.,,.-*
heures que se chiffrant les retards - P Ult
LourfIimle2?&-t°e ,lotre correspondant do La
tant fe du matin,
rer, tant bien quemaSTlPom-ma-
l’après-midi, on s’est déciag^^Ypy^etirs dm
plusieurs trains (le marchandise;11 Marner egalement
» Des régiments d’ouvriers tra , .
ment, mais le matériel fait défaut et li1,®11E au déblaie-
du Centre, ce matin, on ne parvenait p;?4:e,'taine £are
plus <l’un wagon ! se Procurer
” Le soi, gonflé par la gelée, a exhaussé le. . .
rend la marche des trains rapides très dangereffi,les.et
locomotives ont perdu leur adhérence, il laut chau®3
à haute pression et les roues « patinent ». \
» On ne se fait guère idée des tristes conséquente»
qu’entraîne dans nos pays industriels ce long et terri là
hiver. ■ \
» Des milliers d’ouvriers sont actuellement inocA
cupés, plusieurs industries sonteomplètcment arrêtées;
dans certaines fesses de charbonnages il a fallu
chômer, hier et aujourd’hui, à cause de la neige;Tes
écoles sont presque désertes ; le nombre de malades et
de décès atteint un chiffre considérable : les carrières
sont naturellement abandonnées; les transports sur
routes sont devenus impossibles, les chemins de fer
iresque impraticables ; les canaux son t pris. Partout
x misère et la désolation. » '
a ATii : De notre correspondant, le 22 janvier :
« Sur la ligne de Bassiily à Lessines, aucun train n'a
pu drèulér hier. Des amas de neige considérables
s’étaient fermés à la traversé du bois d’OUignies. Les
flpnY tunins fnrm&s pnt.rr» «p» ont rîri fair a 1p thur
Feuilleton du PRÉCURSEUR N° 18
L’AME DE PIERRE
PAR
GEORGES OH N ET
— Sans doute ! Cependant, à coup sûr, pas tant
qu’aut refois, répliqua le Russe, avec un sourire. Mais
nous devons arracher Jacques de ses griffes. Et il ne
faudra pas moins que votre intervention pour que
nous y réussissions... Laissons cette question, c’est,
l’aveiiir. Occupons-nous du présent, parlons de MIIe
de Vignes.
Le front de Pierre s’éclaira. Au même moment, on
apportait le diner. Les deux amis s’assirent devant
la table, et, pendant une heure, ils causèrent à cœur
ouvert. Pierre racontant son séjour à Torreveccliio
et le docteur expliquant au peintreTout ce qui s’était
passé pendant son absence, ils purent, de la sorte,
acquérir la certitude, Davidoff, que Laurier était,
ainsi qu’il l’avait affirmé, radicalement guéri de sa
dangereuse passion, et Laurier, que Davidoff, en le
rappelant à la hâte, avait agi avec autant de déci-
sion que de sagesse. Vers neuf heures ils descendirent
et se rendirent chez Mm® de Vignes. Sur le boulevard,
dans la douceur d’une belle nuit d’été, Pierre sentit
son cœur se gonfler d’espérance et de joie, il leva
son regard vers le ciel, et Se repentit d’avoir si folle-
ment douté du bonheur.
Mme de Vignes, depuis quatre jours, prévenue par
Davidoff, avait vu l’avenir, qui lui paraissait si som-
bre, s’éclairer d’une faible lueur. La certitude que
Pierre Laurier vivait, l’assurance avec laquelle
Davidoff affirmait que le peintre aimait Juliette et
ne pouvait aimer qu’elle, avait donné à la mère un
peu de soulagement. Dans le malheur qui l’acéâbiait,
ayant tout à redouter de son fils et tout à craindre
pour sa fille, la possibilité de rendre à Juliette le
calme et la santé lui offrait ime satisfaction bien
douce. Qu’étaient îëS soucis d’argent, comparés aux
inquiétudes que lui causait l’abattement, de plus en
plus profond, de la jeune fille? Davidoff avait été
accueilli comme un sauveur. Graduant savamment
ses confidences,il avait jeté,dans la pensée de MUe de
Vignes, un tout petit grain d’espérance, qui avait
levé comme en terre féconde. Peu à peu, la semence
avait poussé des racines qui s’étaient étendues
vivaces. Et maintenant la fleur prête à s’épanouir
n’attendait plus qu’un dernier rayon de soleil. Depuis
le commencement delà semaine, Juliette, sans
preuves, sans autre raison plausible que son ardent
désir de voir le miracle se réaliser, s’était prise à
croire que Pierre était vivant.
Les “ on dit « de Davidoff avaient été avidement
accueillis par ce jeune cœur. Pourquoi Pierre, sauvé
par des marins et emmené à bord d’un petit bâti-
ment de commerce, n’aurait-il pas été rencontré par
ces voyageurs qui déclaraient i’a7oir vu ? Pourquoi,
honteux de son suicide annoncé et non exécuté,
Pierre ne serait-il pas resté à l’écart, près de
moitié d’une année ? Pourquoi n’aurait-il pas laissé
la famille de Vignes ignorer qu’il vivait ? Tout cela
était admissible. Et la jeune fille avait un tel - besoin
de l’admettre qu’elle eût tenu pour vraies de bien
plus étranges histoires.
Chaque'jour, Davidoff, poursuivant sa cure mo-
rale, rendait compte à Juliette des découvertes que
produisait l’enquête qu’il étaitcenséfaire.Et, chaque
jour, il assistait à l’éveil de cetté âme engourdie et
glacée. C était un spectacle charmant que celui de
celte floraison timide. Juliette espérait, mais elle
avait peur d'espérer, et, par instants, elle se rete-
nait sur la pente où son imagination l’emportait. Si,
après cette période heureuse, il allait falloir retom-
ber dans la désolation ?Si toutce‘qu’on disaitn’était
point vrai ? Si Pierre n’avait pas survécu ?
Une horrible agitation était en elle. Illuisemblait
Impossible que la mort eût pris, en une seconde, ce
garçon si alerte etsirobuste. Elle se rappelait'ce que
soufrèreiuiavaitditàBeaulieu : On n’a pas retrouvé
son corps... Elle n’avait pas, alors, accepté le doute
comme une espérance. Mais, maintenant, n’était-il
pas évident que si la mer ne l’avait pas rejeté au
rivage, c’est qu’il avait échappé à ses vagues
méchantes, qu’il était sorti de ses glauques profon-
deurs et qu’il existait ? Quel trajet, dans ce cerveau
de femmé, avait fait cette pensée ! Elle y était entrée
si avant que, pour l’en arracher, il aurait fallu à
présent des preuves matérielles. Il aurait fallu
montrer Pieri'e mort pour faire croire, à celle qui
l’aimait, qu’il pouvait n’ëtre plus vivant,
Le matin même, Davidoff s’était hasardé à dire :
— J’ai vu, hier soir, des gens qui ont rencontré
notre ami en Italie et qui lui ont parlé. On peut
s’attendre, tin de cèS soirs, à le Voir arriver.
Elle n’avait point répondu, elle avait regardé le
docteur, avec une fixité singulière, et, au tout d’un
instant :
— Pourquoi ne me dites-vous pas tout?... Vous
avez peur de ma joie?... Vous avez tort. Je suis
maintenant sûre qu’il vit. Je l’ai vu, cette nuit, en
rêve. Il était dans une église, une pauvre église de
village, et travaillait à un tableau de sainteté.,. Son
visage était triste... triste, et, par moments, des
larmes coulâient sur ses joues. J’ai eu la conviction
qu’il pensait à moi... J’ai voulu lui crier: Pierre,
assez de chagrins, assez d’éloignement ; revenez,
nous vous attendons, et nous serions si heureux de
Vous accueillir... Mais une sorte de brouillard s’est
élevé entre lui et moi, et je ne le distinguais plus
que très effacé, pareil à une silhouette vague, et net-
tement j’entendais le bruit des flots, comme lorsqu’à
Beaulieu, par une mer houleuse, le ressac battait
les récifs de la baie... Puis, cette vapeur s’est dis-
sipée, ainsi qu’un voile qu’on arraché, et je l'ai revu.
IL venait vers moi, le visage souriant ; il a lait un
geste do la main, comme pour dire ; Ayez patience,
me voilà... et je me suis réveillée, angoissée et bri-
sée... Mais j’ai confiance. Il est tout près de nous. A
Paris, peut-être?..
Davidoff, très intrigué, demanda alors à la jeune
fille :
— Pouvez-vous me décrire l’église dont vous me
pariez ?
— Oui, ditMUe de Vignes. Elle était située sur la
place d’un village. Le portail était èn grès rouge,
surmonté d’un auvent en briques... L’intérieur,
blanchi à la chaux et très pauvre.Quelques bancs de
bois, une chaire sans un ornement, un autel d’üne
grande simplicité...
— Et le tableau auquel travaillait Pierre, Pavez-
vous regardé, Vous le rappelez-vous ?
— Oui. Il y avait un tombeau ouvert. Et 1e mort
se dressait vivant. J’y ai vu un présage.
Davidoff hocha la tête, très saisi par cette extra-
ordinaire révélation. Evidemment, c’était lui qui,
par la pensée, avait fait voir à Mlle de Vignes
l’église de Torrevecchio, et la Résurrection. Mais le
bruit des-flots, frappant l’oreille de la jeune fille, à
l’heure même où Pierre était en mer ? Comment
l’expliquer ?
Il reste silencieux, et, quoi que Juliette fit, il ne
donna pas d’éclaircissements nouveaux. Mais son
attitude, ses paroles, sa physionomie, tout annon-
çait un événement prochain. Le docteur laissa la
jeûné fille dans une agitation, qui lui parut favora-
ble, et partit. Le soir, vers neuf heures, arrivé à la
porte de M'ne de Vignes, en compagnie dè celui qui
était si ardemment désiré, il eut un violent-batte-
ment de cœur.Il serra fortement le bras de son ami,
et lui montrant la dernière fenêtre de l’entresol :
— Restez dans la rue, dit il, les yeux fixés sur
' cette eroisée. Lorsque vous1 m’y verrez paraître,
montez. Mais, à ce moment seulement. Je vais, moi,
préparer votre réception. Je suis plus troublé que je
ne puis vous le dire...
Il entra dans la maison, et laissa le peintre sur le
trottoir. Seul, Laurier fut saisi d’une émotion sem-
blableà celle qu’il avait éprouvée sur le promontoire
de Torrevecchio, en face de là mer, quand, après
avoir reçu la lettre de Davidoff, il s’était interrogé
pour savoir s’il était digne de revoir Juliette.
Une sorte d’attendrissementmystique s’empara de
lui, pendant qu’il attendait l’instant de se présenter
devantrfajeuue fille. It était recueilli ét grave, avec
le sentiment qu’il? accomplissait un devoir de ré-
paration. Pas d’impatience, la quiétude heureuse
d’un converti qui va abjurer ses erreurs, obtenir son
pardon et vivre en paix avec le ciel et la terre.
Il restait adossé a la muraille, les yeux fixés sur
la fenêtre, pensant à la scène qui se passait dans cet
appartement obscur et silencieux. Rien ne bougeait,
tout demeurait muet. Un immense apaisement régna
dans l’âme du jeune homme. En lui un seul senti-
ment subsistait : sa tendresse pour Juliette. Il se
rappela l’amour naïf et timide de l’enfant, il fit le
compte des peines qu’elle avait souffertes et dont il
était l’auteur, et seul, dans la nuit qui descendait, il
jura de les lui faire oublier.
A cette minute même, là fenêtre s’éclaira vague-
ment et le douleur Davidoff, do la main, donna à son
i ami fe signal qu’il attendait. Laurier s’élança, et,
palpitant, gravit l’escalier. La porte était ouverte,
il traversa le vestibule, entra dans le Salon, et, de-
bout devant la cheminée à côté de sa mère, il aper-
çut Juliette II s’arrêta immobile, les jambes trem-
blantes, le regard vacillant.
Elle lui parut plus grande qu’autrefois, peut-être
était-ce parce qu’elle était plus mince et plus pâle.
Ses mains blanches se détachaient, effilées et encore
souffrante*, sur le noir de sa robe. Ses yeux, cernés
par les pleurs, brillaient lumineux et doux. Elle sou-
riait et regardait Pierre, comme Pierre la regardait.
Elle le trouvait mieux que jamais, avec son visage
hâlé et sa barbe qu’il avait laissée; pousser. Elle dé-
couvrait, sur son front, les traces de son chagrin et
elle éprouvait une joie secrète, revanche de ses dou-
leurs. Son sourire, soudain, se trempa de larmes, et
brusquement, porthnt son mouchoir à ses lèvres, elle
se laissa tomber sur un fauteuil et éclata en sanglots.
Pierre poussa un cri, et, rompant enfin son immo-
bilité, il s’élança vers elle, se jeta’ à ses genoux, la
priant, la suppliant de lui pardonner. Mrao de Vignes,
inquiète, s’était approchée de sa fille ; mais Davidoff
la rassura d’un coup d’œil. Alors la mère et lé méde-
cin, voyant que les deux jeunes gens avaient oublié
tout ce qui rfétait pàslëurs souvenirs et leurs espé-
rances, les abandonnèrent librement à la douceur de
leur première joie.
Quàrit ils revinrent troubler le tète-à-tète, ils trou-
vèrent Pierre et la jeune fille, assis l’un près de
l’autre, fe main dans fe main. C’était Juliette qui
parlait, racontant son chagrin et son désespoir. Elle
souriait, maintenant, en rappelant toutes ses souf-
frances, et c’était Laurier qui pleurait.
— Mes amis, dit Dâyidoff, nous avons tenu les
engagements ijùe nous aviôns pris envers vous :
vous êtes heureux. C’est fort bien, mais n’abusons
point des meilleures choses. MUe dé Vignes n’est pas
encore assez forte pour qu’il soit 'permis de ne'pas
lui doser même ses satisfactions. En voilà donc as-
sez pour une seule séance. Vous aurez, du resté, le
temps de vous revoir. ’
Alors Juliette, avec toutes sortes de eàlineries,
essaya d’obtenir de sa mère un quart d’heure de
grâce. Et Mme de Vignes n’eut pas' le courage d’at-
trister, par un refus, ce joli visage qui rayonnait,
pour la première fois, depuis si longtemps. Elle
sentait bien que le triomphe de celle jeunesse, sur
la mort qui déjà l’entrainail, était désormais assuré.
Et le sentiment dé rancune, qu’elle éprouvait contre
Laurier, involontaire auteur de tout ce mal, ne
résistait pas à la métamorphose: que sa présence
avait fait subir à Juliette.
Ils restèrent donc; tous les quatre, oubliant le
temps qui s’écoulait, à écouter le récit de l’existence
de Pierre dans le petit hameau corse. Juliette aima
Agostino, JVferiet ta, la vieille mère, et 1e bon curé.
Et la promesse, que Pierre avait faite à ses amis de
Torrevecchio de revenir les voir, elle 1a renouvela,
elle aussi, mentalement, dans un élan de reconnais-
sance. Minuit sonnait quand ils se séparèrent.
— Vous ne nous verrez pas demain, dit Davidoff,
en souriant à sa malade.
. Et eomme elle s’attristait subitement: .
— Il ne faut pas penser qu’à vous, chère enfant,
ajouta-t-il avec douceur. Nous avons une autre cure
à faire, plus grave et plus difficile que la vôtre.
Nous partirons, dès le matin, pour retrouvrer votre
frère à TroüfiUe.
En un instant l’égoïsme, avec lequel la jeune fille
jouissait de son bonheur, disparut. Elle retrouva le
'sentiment de 1a situation douloureuse dans laquelle
sa mère et elle étaient placées. Et, en même temps,
elle reprit toute sa ferme raison. Elle serra la main
de Davidoff, et s’adressant à Pierre :
— Vous avez raison, partez tous deux et puissiez-
vous faire pour mon frère ce que vous avez fait pour
moi ! En réussissant, vôtïs né pourrezipas me rendre
plus reconnaissante, mais vous pourrez me rendre
encore plus heureuse.
Alore, prenant par la main celui qu’elle aimait,
i elle le conduisit à sa mère. M'if de Vignes tendit les
bras à l’enfant prodigue;'ét, èiï féce’vànt ce baiser,
cette fois, Pierre se sentit complètement absous.
VII .
' Il y avait, ce matin-là, grand déjeuner chez Clé-
mence. La semaine des courses commençait. Un
arrivage de Parisiens avait eu lieu la veille. Et, ren;
contrés, le soir même,, au casino, fis avaient été
invités par la belle fille et par Jacques. C’était la
fleïfr du inonde jqÿeùx: Gentlemen triés sur le volet
parmi -les plus élégants et lés plus gais, femmeschot-
sies parmi les plus séduisantes et les plus aimées.
Les hommes portaient des noms célèbres dans les
arts, la finance et la politique. Les femmes étaient
les gradées les plus illustres du bataillon dé Cythère.
Il y avait la le prince Palrizzi p. Duverney, k
peintre des nudités modernes, 'spirituel convivegar-
dantde sa jeunesse une bonne humeur de rapin ; le
petit, baron Trésorier, l’agent de change, une des
plus fines lamés des salles dTariîiés de "Paris; Berne-
ville, sportman qui monte comme un jockey de pro-
fessiori et s’est cassé sept fois la clavicule dans des
steeples ; le duc Fàueigny, le plus jeune député de
la Chambre, légitimiste intransigeant, qui a |lrt
une profession de foi retentissante en faveur de don
Càrlos; Burat, l’avocat attitré déè théâtres, la langue
la plus acérée du palais, grand coureur de premières
et passionné collectionneur de tableaux ; Sénin
Nuno, venu pourvoir courir sa jument Mandragore
dans la poule des produits, et cachant, sous une
gaieté affectée, les angoisses de soif amonf-propi’6
d’éleveur. |