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Vendredi 23 Janvier,
1891. — CiiKiiiaiile sixième année. — f
Vendredi 23 Janvier.
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RESUME POLITIQUE.
Là victoire du candidat libéral dans l’élection
d’hier, f\ Hartlepool, est l’un des triomphes les plus .
éclatants' que Mi Gladstone et- ses amis aient rem-
portés, depuisleur grande défaitede 1886,11 s’agissait
de remplacer un député unioniste décédé, M. Ri-
chardson, élu en 1886 par 3,381 suffrages contre 2,469
au Candidat libéral, soit à une majorité de 912 voix
sur un total de 5,850 votants. L’état de possession
était donc tout en faveur des ministeriels.
De plus, ils avaient fait choix d’un candidat sous
beaucoup de rapports incomparable. Sir William
Gray est le véritable fondateur de la prospérité de
Hartlepool. De plus, il était; jusqu’au malheureux
schisme de 1886, un libéral convaincu, avancé, con-
séquent, un ami de toutes les grandes réformes so-
ciales qt morales.
Un tel candidat devait passer comme une lettre à
la poste et l’on se frottait déjà les mains, dans le
parti unionniste.de l’habileté de ce ehoix.On.se pré-
parait à célébrer, une fois de plus, la mort de la
bête, à exploiter sans merci contre M. Gladstone
une victoire due, en partie tout au moins, à des
considérations toutes personnelles, à déclarer que
la crise Parnell avait mis le libéralisme aux abois et
tué le home raie.
Chose significative ! les libéraux n’osaient pas dé-
mentir trop haut cés espérances. Ils s’appliquaient
à,réduire d’avance la portée de leur défaite proba-
ble, en exposant les raisons toutes locales et non
politiques du succès éventuel de sir William Gray.
Leur candidat, M. Furness, était sans doute ex-
cellent. Grand armateur, grand industriel, il aurait
pu balancer le crédit individuel de tout autre rival
que sir William Gray. 11 avait, en outre,un sérieux,
une ardeur de conviction, un zèle pour la cause du
home raie, une large préoccupation des questions
sociales qui animaient tous ses discours. On allait
répétant : Ah ! si ce n’était pas contre sir William
Gray que devait lutter M. Furness, qui sait s’il ne
réduirait pas de quelques centaines de voix la ma-
jorité unioniste ?
Eh bien, malgré ces prévisions,! en dépit de tous
les pronostics et de toutes les probabilités, le mira-
cle s’est accompli. M. Furness a vaincu.
Quant aux libéraux, une vague d’enthousiasme a
emporté le corps électoral, qui a donné 4,603 suf-
frages à M. Furness, c’est à dire 2,134 de plus qu’au
candidat gladstonien en 1886 et 298 voix de majorité
sur l’unionniste.
Il serait difficile d’exagérer en ce moment l’im-
portance de ce résultat. C’est la démonstration écla-
tante du fait que le parti libéral, loin de se sentir
découragé ou îcnuiui relativement. a m («>* uu
home rulê par las évènements de ces dernières se-
maines, y a puisé une nouvelle ardeur.
L’attitude de M. Gladstone a inspire à ses parti-
sans une sorte de renouveau àe zèle et de toi agis-
sante La loyale etcourage^econduite de la majorité
du parti irlandais en dosant, on sait au prix de
ouels sacrifices, M. parnell, la sagesse et la fermete
des électeurs de tnikenny, tout cela a gravé en traits
de feu dans b conscience de la démocratie britan-
nique la -onviction que, si c’était, il y a quelques
mojs .ai devoir sacré de résoudre par la liberté le
pLïème irlandais, l’obligation est plus impérative
*ue jamais aujourd’hui.
HITXETI.V TÉLÉGRAPHIQUE.
(Service ■particulier du Précurseur/.
Mexico, 22 janvier.
Le traité de commerce négocié entre le Mexique
et la République de l’Equateur, contient une
clause portant qu’il sera signé un autre traité aux
termes duquel tous les différends qui pourraient
surgir entre les deux pays, seront réglés par voie
d’arbitrage. .
Londres, 23 janvier.
Beaucoup de députés manquaient à la séance de
rentrée du Parlement.
On a beaucoup remarqué que M. Parnell choisis-
sait comme place le fauteuil voisin de celui de
M. Mac Carthy.
M. Parnell a-t-il voulu qil’on pùt d’un même coup
d’œil, voir les deux chefs des deux groupes irlandais
et faire la comparaison?
Il est indiscutable qu’au point de vue esthétique
elle serait tout à fait en faveur du député de Cork
qui domine de la tête son rival.
M. Mac Carthy est le type de l’homme de cabinet.
Il est certain qu’il n’a pas comme M. Parnell des
qualités antérieures qui marquent le conducteur
d’hommes.
On s’entretient vivement dans les couloirs de la
Chambre du fait que l’ancien leader avait immédia-
tement annoncé son interpellation sur le bill de coer-
cition. IL placs ainsi dès le début M. Mac Carthy
dans une position qui paraît assez gênante et s’af-
firme encore une fois nettement comme le chef de la
liberté irlandaise.
Dans une lettre à un correspondant qui avait ques-
tionné au sujet des futures élections générales, lord
Salisbury vient de déclarer qu’il n’y avait pas lieu
de croire à une dissolution prochaine du parlement,
New-York, 23 janvier.
On signale la présence ici d’officiers guatémaliens
qui font des achats d’armes et de chevaux pour le
compte de leur gouvernement.
On en conclut que le ditgouvernement prévoit ou
inédite une guerre contre le San Salvador.
Le Tribunie constate que le compte des douanes
pour le mois de novembre réfute l’assertion que la
moyenne de la loi d’importation serait augmentée
sur la loi Mac Kinley.
Les importations durant les 10 mois auraient été
de 34,638,900 dollars. Elles ont donné comme droit
15,228,000 dollars durant la période correspondante
de 1889.
Elles se seraient élevées à 36,710,933 dollars et
auraient rendu au fiscl6,615,000dollars Soit environ
44 0/0 pour 1890 et 45 0/Ö pour 1889.
Les marchandises importées en franchise en no-
vembre 1890 ont atteint 29,300,000 dollars; on no-
vembre 1889 elles n’ont été que 22,000,000 dollars.
Néw-York, 23 janvier.
M. Blaine aurait axprimé l’avis que la Cour su-
prême refusera de souscrire aux conclusions du gou-
vernement canadien au sujet des pêcheries dans la
mer de, Berhing. - ,
Il croit qu’on arrivera à une solution par voie"
diplomatique.
Nouveau pavé de l’ours.
L’Escaut, l’incorrigible lanceur de pavés,
prétend que les ministres ne veulent plus de
la garde-civique pour assurer la tranquillité
publique et qu’ils savent que « 50 hommes de
troupe peuvent en une demi-heure de temps
avoir raison de tous les braillards de la capi-
tale. «
Fort bien ; mais alors pourquoi rappeler
brusquement vingt-cinq mille miliciens? Il
n’y avait donc pas 50 hommel de troupe à
Bruxelles ?___________________
Pas de révision !
Pas de révision ! s’écrie l’organe du banc
anversois à la Chambre ; pas de révision ;
nous sommes les maîtres et cola suffit : « il
* est complètement absurde de vouloir faire
« voter la révision de notre pacte constitu-
» tionnel par un parti qui s’en est proclamé
n dans toutes les luttes électorales,’ son vigi-
* lant et décidé défenseur. *
Nous ne nous attendions pas à voir ainsi
taxer de comédie, de pure: comédie par VEs-
caut, le récent vote de la majorité catholique
à la Chambre, M. Woeste y compris.
Encore un pavé de l’ours, grand Dieu !
Ironie gouvernementale.
Il paraît que le gouvernement vient par
dépêche urgente de faire demander aux mili-
ciens rappelés, quels sont peux d’entre eux
qui désirent retourner en congé.
C’est très bien, dirait-on, à première vue.
Non, c’est très mal ; car cette prévenance
apparente n’est qu’un moyen de les renvoyer
chez eux à leurs frais.
Lorsque les naïfs qui auront demandé Je
congé seront partis à leurs propre#)frais, le
gouvernement sera bien forcé de renvoyer les
autres à ses frais.
Voilà, du moins, ce que l’on nous annonce
de Bruxelles; et ce serait digne des procédés
de la grrrande administration Beernaert.
Le télégramme Havas.
Il est regrettable à tous égards, et surtout
dans les circonstances actuelles, que l’Agence
Havas, en annonçant dans une première dé-
pêche ia mort du prince Baudouin,ait attribué
ce fatal événement à une « indigestion », et
que plusieurs de nos confrères aient été vic-
times de cette erreur. Dans la hâte de la fac-
ture d’un bulletin à une heure si matinale,
nos confrères n’ont songé qu’à reproduire la
dépêche telle quelle. Mais l’Agence Havas,
avant d’ouvrir sa vaste publicité à des dé-
péches.si graves, devrait davantage contrôler
i’importance des mots qu’elle emploie et dans
l’occurénce le mot inexact et malheureux
qu’elle a employé était presque une insulte à
la misère du peuple et a produit dans certains
milieux un effet déplorable.
La vérité, que l’Agence Havas aurait dû
connaître avant personne, est que le jeune
prince souffrait depuis plusieurs jours d’une
congestion pulmonaire et que hier soir déjà
son état était désespéré. .
TD
un
Nous avons annoncé ce matin à nos lecteurs la terrible nouvelle i le prince Baudouin est mort. Le Moniteur
nous est arrivé aujourd’hui avec la note suivante :
« S. A. R. le prince Baudouin garde le lit depuis quelques jours, à la suite d’un refroidissement, et son état
» s’est aggravé hier après-midi. Ce sont les docteurs Mélis et Muller qui le soignent. »
Cette note était bien faite pour inspirer quelques craintes, mais après l’heureux rétablissement de la princesse
Henriette, dont l’état, d’après les bulletins officiels, avait paru plus critique, qui se fût douté que l’infortuné prince,
si plein de vie et de santé quelques jours auparavant, dût mourir d’une façon si subite?
Quelle catastrophe pour la Famille Royale, et quel deuil pour le pays, à qui le prince Baudouin faisait présager
un souverain si accompli! Il n’est pas de mots pour exprimer pareille douleur, on se sent impuissant à traduire tout
ce que cette mort brutale apporte de désespoir au foyer de nos souverains, et tout ce qu’elle nous prend en un jour.
Le prince Baudouin était la joie de la Maison de Flandre et la consolation du Roi, qui aimait son neveu
m oie 17" ^ <*« tomto <io Flandre, héritier prôenmpt.if. il ne reste plus à la Belgique qu’un prince du
sang, le prince Albert, né en 1875. Le prince Baudouin était né à Bruxelles, lo3 juin 1869. Tout ceux qui l’ont ap-
proché, et l’on sait combien il était accueillant, ont rendu hommage à sa vive intelligence et à son grand coeur.- Son
caractère était fait de douceur et de fermeté. Il avait fait de brillantes études à l’Ecole militaire, et avait conquis ses
grades dans les principaux régiments du royaume. En dernier lieu, il avait passé aux carabiniers en qualité de
capitaine-commandant. C’était.un prince moderne, élevé d’une façon toute moderne, non pas loin des hommes,
comme les princes de l’ancien régime, mais sans cesse en contact avec eux. Grand, blond, le teint rose, les traits
réguliers et d’une affabilité charmante, il ressemblait beaucoup à sa cousine la princesse Stéphanie.
Le pays entier s’associe à la profonde douleur de la Famille Royale. Un deuil ne saurait frapper notre Dynastie
sans atteindre toute la nation, qui confond ses destinées avec les siennes, et qui pleure avec elle le prince si heu-
reusement doué, que la mort implacable a ravi à l’affection et au respect de tous.
Coïncidence curieuse : le prince Baudouin meurt dans la nuit du 22 au 23 janvier 1891.
Il était né le 4 juin 1809, cinq mois après la mort du comte de Hainaut dont il était destiné à recueillir
l’héritage royal. .
Et ce fils unique de nos souverains était mort le 22 janvier 1869.
Funèbre anniversaire !
Ce matin, à 9 heures, nous recevons de notre correspondant de Bruxelles la dépêche complémentaire que voici :
Bruxelles, 23 janvier.
Rien ne faisait prévoir ce terrible malheur. Bien que le prince fût alité depuis quelques jours, aucun symptôme alarmant
n’avait été observé. Hier soir, tout à coup, la situation devint si grave qu’on crut devoir porter au Moniteur la note que l’on sait. Il
était minuit. Moins de deux heures après, à 1 h. 3/4, le prince était mort. On suppose qu’il a été enlevé par une congestion pulmonaire.
Toute la ville est consternée. La nouvelle tragique s’est répandue comme une traînée de poudre. Los abords du Palais sont
tristes et silencieux.
Des agents veillent pour qu’on ne fasse pas de bruit, car on veut cacher la fatale nouvelle à la princesse Henriette, encore très
faible.
(Dépêche Havas.)
Bruxelles, 23 janvier.
Le prince Baudouin est mort à la suite d’une congestion pulmonaire. On croit qu’il a gagné cette congestion en restant auprès
de sa sœur, la princesse Henriette, qui est guérie.
Le prince est sur son lit de mort en grande tenue de carabinier ; il a d’une main son sabre, dans l’autre un chapelet. Ses traits
ne sont nullement altérés.
Une foule de personnes de marque, surtout des officiers supérieurs, défilent devant le Palais pour s’inscrire.
Le Roi était allé à minuit voir le prince; il y était resté jusqu’à 1 heure passée.
Le prince était indisposé depuis quelques jours, mais son indisposition avait été tenue absolument secrète.
Le suffrage universel.
M. Vanderkindere, dans son rapport sur la
consultation de la Fédération lilbérale, con-
state que, dans tous les avis recueillis, il n’a
trouvé aucun argument décisif en faveur du
suffrage universel pur et simple. On lira avec
intérêt les observations suivantes :
Les pays de suffrage universel n’ont pas résolu les
questions économiques et sociales d’une façon meil-
leure ou plus complète que les pays à suffrage res-
treint.
Tandis que l’Angleterre reste fidèle aux doctrines
de liberté, les Etats-Unis font du protectionnisme,
et ils reviennent à une politique qui, loin de rap-
procher les peuples, les oppose l’un à l’autre en
ennemis irréconciliables ; la notion de l’humanité
s’affaiblit ainsi dans la conscience moderne. Le
peuple souverain ne veut plus de la guerre sur les
champs de bataille, mais il l’organise méthodique-
ment par ses tarifs et ses lignes de douane ; toute
générosité internationale est bannie de son cœur.
Le système financier français n’a réalisé aucune
des réformes que l’on convie avec tant d’âpreté la
Belgique à décréter sur l’heure. Nulle part, en Eu-
rope, les impôts ne sont plus élevés ; nulle part,
les impôts de consommation ne frappent les petites
gens de façon plus impitoyable.
Et si l’on croit désarmer les ennemis de l’ordre
social actuel en leur accordant indistinctement à tous
le droit de suffrage, que l’on jette les yeux sur les
organes de la presse socialiste ou intransigeante en
France : les plaintes de la classe ouvrière, ses accu-
sations passionnées contre les bourgeois, ses me-
naces sont les mêmes que chez nous. L’illusion de
ceux qui rêvent d’assurer la paix à l’intérieur n’est
donc pas justifiée : aujourd’hui on réclame le suf-
frage universel ; demain, ce sera le travail de huit
heures ; après-demain, la nationalisation des mines,
du sol en général.
Le suffrage universel appliqué dans un pays igno-
rant comme le nôtre, est’un outrage au bon sens.
Pourquoi développer l’instruction, pourquoi créer
des écoles, pourquoi encourager la jeunesse aux la-
borieuses études de l’université si les hommes qui ne
savent ni lire ni écrire, qui vivent derrière la muraille
épaisse de leur inconscience, vont, par la seule force
du nombre, imposer au pays, on ne dira pas leur
volonté, mais leur brutal empire?
Dans l’intérêt même des ouvriers industriels, il
faut repousser le suffrage universel ; car il assure-
rait une prépondérance incontestée à l’élément agri-
cole, qui est le plus nombreux en Belgique. 11 n’au-
rait pour effet que d’écraser les villes sous les
campagnes; or, si une juste proportion d’influence
doit être ménagée aux unes et aux autres, il importe
que les centres intellectuels et commerciaux ne
soient pas mis sous la tutelle des districts agricoles.
Toute la politique libérale en matière électorale de-
puis ses origines repose sur cette idée. Ce serait
plonger la Belgique dans une réaction sans issue que
de la livrer tout entière aux campagnards, c’est-à-
dire en dernière analyse à la toute-puissance du
clergé et des grands propriétaires foncière.
Enfin, M. Vanderkindere constate, se fon-
dant sur les enseignements de l’histoire, que
toutes les réformes trop brusques n’ont jamais
profité qu’à l’anarchie ou au despotisme.
D’après lui, il faut recourir au principe de la
capacité, en remplaçant l’examen par une
déclaration écrite fai te, comme au Portugal,
en présence d’un officier ministériel. On peut
aussi s’inspirer de la loi anglaise, qui prend
pour base le loyer de l’habitation. On aurait
ainsi 600,000 électeurs au lieu de 130,000. La
réforme serait largement démocratique, mais
la démocratie ne serait pas la domination des
incapables.
Fournitures de rails en AHemague.
On annonce que le ministre des chemins de
fer de Prusse, de même que. son collègue de
Bavière, vient de décider que, dorénavant, on
acceptera toujours la plus basse soumission
pour les adjudications de rails, sans tenir
compt e si elle émane d’une firme nationale ou
étrangère.
D’après Ylron, de Londres, du 9 janvier,
cette décision, dont l’importance n’échappera
pas à nos métallurgistes, a surtout été provo-
quée par le fait que les fabricants allemands
livraient à l’étranger à des prix beaucoup
moins élevés que ceux qu’ils fixaient, pour
ainsi dire de commun accord, pour les four-
nitures destinées aux chemins de fer de l’Etat
prussien.-
Le même journal cite, comme exemple, la
firme Krupp qui, d’un côté, fournit des rails
en Roumanie à raison de 111 marcs 60 pfen-
nigs la tonne, franco Galatz, et de l’autre,
demande 129 à 145 marcs pour les mômes
rails rendus à Essen ou à Bochum.
Les soumissions présentées récemment par
certains industriels anglais étaient de 13 sh.
6 d. à 15 shillings moins élevées, par tonne,
que les offres des plus bas isoumissionnaires
allemands. La fourniture a été adjugéé à une
firme anglaise.
LaSociété d’études sociales et politiques a organisé
pour cet hiver à Bruxelles les conférences suivantes :
10 14 février, The Right Honourable Charles Dilke,
ancien sous-secrétaire d’Etat et membre du Parle-
ment anglais sur la situation des ouvriers en
Australie.
2° Fin février, M. Jules Guesde, publiciste, F Ecole
collectiviste.
3° Fin mars, M. Frédéric Passy, ancien député,
membre de l’Institut de France, sur l'Etat et l'In-
dividu.
4° 4 avril, M. Aubertin, maître des requêtes au
Conseil d’Etat, France, sur Le Play, son système,
sa méthode.
5° 15 avril, M. Hirsch, député au Reichstag alle-
mand, sur Forganisation ouvrière m Allem agne.
Toutes ces conférences auront lieu en français.
Elles sont réservées aux membres de la Société et
aux personnes invitées par eux. On peut s’inscrire
dès à présent au secrétariat, 39, rue Joseph II.
Un nouveau journal portant un titre original,
La Mosaïque, vient de paraître à Bruxelles.
Comme son nom l’indique, il s’occupera de tout,
sauf d’une chose cependant : la politique, — précau-
tion touchante qui prouve qu’il ne veut pas faire
mourir de pléthore ses future lecteurs.
On nous annonce l’envoi du 1er numéro de La
Mosaïque ; nous ne l’avons pas reçu, mais nous
nous empressons de souhaiter à la nouvelle publi-
cation la bienvenue dans les rangs de la presse
belge.
Commerce, industrie, marine, finances.
Les exportations de New-York. — Les exportations
pour Anvers, durant la semaine finissant le 6 janvier,
ont comporté les quantités suivantes 1,287,914 gallons
pétrole (valeur 70,310 dollars) ; 5000 pièces douves (doll.
175); 60 c/s fusils (doll. 2 00) ; 350 bar. viande (doll. 7350);
75 bar. stéarine (doll. 1500); 730 s/s farine de froment
(doll. 2090); 669,950 6 lard (doll. 52,834); 200 c/s pommes
séchées (doll. 1000) ; 50 bar. viande de porc (doll. 700) ;
1,642,700 S tourteaux d’huile (doll. 15,070); 775 c/s con-
serves (doll. 3876) ; 651,223 6 saindoux (doll. 41,619);
66,000® jambons (doll. 6075); 14 b/s cuir (doll. 1GS0);
12,898 s tabac fabriqué (doll. 4510) -, 32 bouc, tabac (doll.
3840); 500 tes olèomargarine (doll. 17,320); 20 c/s ma-
chines (doll.AOlO) ; 784 b/s istle (doll. 19,821) ; 217 s/s café
(doll. 5884); 30 c/s machines à coudre (doll. 580); 155 bar.
huile à graisser (doll. 1375): 36 c/s quincaillerie (doll.
500); 173 pièces bois de cèdre (doll. 700); 80 c/s tabac
(doll. 1300); 11 b/s peaux (doll. 725); 75 tes provisions
(doll. 500); 60 b/s déchets (doll. 1740); 204 bdl. papier
(ioll. 1254); 15 fûts liuilo de saindoux (doll. 374); en-
semble pour une valeur de 226,798 dollars.
ALLEMAGNE.
(Correspondance particulière du Précurseur).
Berlin, 22 janvier.
L’Empereur vient de partir pour Cuxhaven, où il
ost allé voir - la situation de la glace ».
Cette situation se trouvait décrite, liior, par le
« Correspondant de Hambourg » de la laçon sui-
vante :
“ Le port est couvîrt d’une solide couche de glace;
on n’y remarque plus le mouvement du flux et du
reflux. Les steamers à faibles machines ne pourront
plus impunément essayer d’avancer,- s’ils réussissent
a faire quelque chemin, ils ne tardent pas à être sé-
rieusement endommagés. Les hélices et les gouver-
nails des grands navires souffrent également quand
on tente de mettre en mouvement même les meil-
leurs « propelles » en fonte d’acier. Les masses de
glace ont jusqu’à 6 pieds d’épaisseur.
-> On a commandé pour plusieurs navires des
hélices faites en un métal de composition qui serait
plus résistant que le fer et même que l’acier. Les
nouvelles de Cuxliaven et de Brunshausen, sur l’état
de la glace,sont très défavorables.Le brise-glace N° If
a éprouvé des dégâts à sa machine et a du être mis
en réparation. Le brise-glace n° I et Y Atlas fonc-
tionnent encore, il est vrai, mais on ne croit pas
qu’ils puissent être d’une grande utilité. L’Oceana,
qui se trouvait arrêtée a Blankenese, à côté de
YAugusta- Victoria, a pu arriver. Nous avons vu
arriver aussi le Lincoln. Le Pinnas, venant de
Sunderland, a essayé d’atteindre le port de Cuxha-
ven mais n’a pas réussi. M Orient est parvenu à se
dégager. Le P lover a amené quatre hommes delà
barque Eragon qui a échoué. Le remorqueur Cen-
taure est parvenu à détacher la Hansa. Il a fallu
trois remorqueurs pour mettre en sûreté le Jacob
Prosoro/f. La barque anglaise Kirifanus a échoué
à Duhnen. Le navire Arcturus est endommagé et
demande du secours. Près Brunsbuttel le Norman
Prince se trouve en danger au milieu des glaces, etc.
» Les navires qui parviennent au port de Cuxha-
ven reçoivent l’autorisation de passer sans subir les
formalités de la quarantaine ; on ne fait pas monter
de médecin à bord. •>
Nous lisons dans une lettre de Hambourg : « La
calamité augmente et cause des millions de pertes.
Le steamer Holstein, qui a une charge de 2 1/2 mil-
lions de mark de café, semble perdu. On craint que
le navire lie se brise et que toute sa charge ne dis-
paraisse dans le fleuve. Vingt navires seraient en
proie au danger des glaces près Grossvogelsand. Les
pertes seraient énormes et ne pourront être calcu-
lées que plus tard. Les Compagnies d’assurance
passent un mauvais temps. On se plaint du manque
de charbons. »
Ce matin, nous recevons par dépêche la nouvelle
que “ le baromètre est fortement tombé et que le
dégel a commencé. A Cuxhaven le fleuve est libre et
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