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leraent ceux vers la production desquels se sont tour-
nés quelques fabricants gantois.
Recherchons maintenant la part que prend en dé-
finitive l’industrie étrangère dans la consommation
intérieure du pays. Nous venons d’indiquer quelle est
l’importance des exportations de tissus de coton de
la Grande-Bretagne et de France vers la Belgique.
De la Grande-Bretagne, la moyenne annuelle est de
150 mille liv. slerl ou 3 millions 750 mille francs; de
France, les quantités importées en Belgique représen-
tent unevaleur de 5 millions, suivant les estimations
de la douane française ; mais ces estimations, fixées
en 1827, à 1S francs le kilo pour les tissus écrus ou
blancs à 26 francs pour les tissus teints ou imprimés,
les mouchoirs, etc., et à 40 fr. pour les mousselines,
devraient être réduites au moins d'un quart pour ar-
river A la valeur réelle; nous comprendrons néan-
moins ces exportations pour 5 militons. 11 faut ajou-
ter ensuite les importations d’Allemagne ou de Suisse
par l’Allemagne, et ce sera dépasser certainement ia
vérité que de porter de ce chef un million; enfin nous
compterons qu’un sixième des exportations des tissus
■d’Angleterre et de Hollande est destiné à être intro-
duit clandestinement en Belgique, et cette exportation
étant d’environ 13 millions, c'est encore 2 raillions
250 mille francs.
D’après ces données, l’importation totale des tissus
de colon serait en Belgique :
De France, et de Suisse par la France.. 5,000,000 fr.
D’Allemagne et <ie Suisse par l'Allemagne .. 1,090.009
D’Angleterre directement.................. 3,750,000
D’Angleterre par la Hollande................ 2,250,000
Ensemble............. 12,000,000 fr.
De ces quatre canaux d'importation, un seul, le der-
nier, peut donner matière à quelque discussion. S il
fallait en croire les réclamations élevées sur l’étendue
de la fraude pratiquée par la frontière de Hollande,
cette fraude introduirait en Belgique, en six mois ,
plus de tissus que l'Angleterre n’en exporte en Hol-
lande en un an. Mais l’examen attentif des moyens
dont on se sert pour l’infiltration à l’intérieur ne laisse
aucun doute sur l'exagération qu'il y a à évaluer cette
introduction même à deux millions.
Dans le commerce direct, les importations ont lieu
ordinairement par balles de forte dimension, pesant
deux, trois, quatre cents kilogrammes et souvent da-
vantage. La fraude ne se fait pas de cette façon. Il
faut que les balles destinées à entrer en contrebande
soient fractionnées, divisées en petits ballots de 8 à 10
kilog. au plus. L'introduction des marchandises qui
formeraient une balle de 3 à 400 kilog. exige alors
trente à quarante homme ou trois à quatre voyages
d’une bande de dix ou douze hommes. Trente à qua-
rent fraudeurs n’introduisent donc ensemble qu’une
valeur de 4 à 5 mille francs, car les tissus anglais, sur-
tout ceux pour lesquels on s’expose aux désagréments
multipliés et aux chances de perte qui accompagnent
la fraude, ne valent pas plus de 12 à 14 francs le kil.
Il est devenu de notoriété publique que la fraude ne
s’exerce plus que sur les tissus les plus communs, sur
ceux qui sont frappés, par les droits existants, d’une
quasi-prohibition.
Admettant ainsi que chaque expédition réussisse à
introduire pour une valeur de 4,500 francs, il faudra
supposer, pour arriver aux deux millions deux cent
mille francs, qu’il y ait annuellement cinq cents expé-
ditions de ce genre. Il faudra supposer que chaque
nuit cinq à six bandes de fraudeurs passeraient sur
différents points delà frontière hollandaise, et comme
toutes les nuits n’y sont pas également propres, il de-
vrait donc y avoir huit à dix bandes de fraudeurs tou-
tes les nuits qu’on pourrait appeler nuits de fraude.
Or, c’est ce qui n’a pas lieu, c’est ce qui est impossible.
La fraude est infiniment plus difficile qu’on ne le
suppose. Elle est beaucoup moindre même que ne
porterait à le croire la hauteur des droits qui pèsent
sur la généralité des articles importés. L’admistration
a d’ailleurs par devers elle des moyens connus d’ap-
précier l’étendue de la fraude. Des hommes réunis en
» — Compris, interrompit Bacutard, lout fier d’avoir don-
né cette preuve d’intelligence. Je vais faire prendre des in-
formations....
» — Et, pendant que vous prendrez des informations, le
testament se fera, et celte seconde attaque do paralysie que
nous espérions, et que je commence à craindre... Il faut ga-
gner du temps,cousiniDieu saitcombien je hais le mensonge!
Mais que risquerons-nous avec une fille si jeune, si pauvre
et si jolie ? Toutes n’en sont-elles pas au même point ? D a-
bord, et sans perdre un moment, dénonçons les faits; plu»
tard, les informations que vous prendrez nous fourniront les
preuves. »
Ëaculard ne trouva rien àobjecter 1 celte conclusion. Avec
plus de sang-froid, tous deux auraient pu se demander s’il
était bien certain que leur jeune cousine montât au premier,
chez mademoiselle Duperron, plutôt qu’au secood ou au troi-
sième; mais l'avarice est une passion sj ardente qu'il trouble
quelquefois la raison autant que l'amour, Mademoiselle Du-
perron reçut deux jours après une lettre sans signature, écrite
par une main inconnue, dans un style cafard, et dont l’au-
teur anonyme déclarait ne pouvoir, malgré sa répugnance,
se dispenser de l'éclairer sur la conduite scandaleuse de
Louise Duperron, sa petite-nièce, qui déshororail le nom
qu’elle portait par ces erreurs pour lesquelles la vieiliesse
jalouse a communément si peu d’indulgence.
Il faut que nous jetions rapidement un coup-d'ceil en ar-
rière sur les antécédents de mademoiselle AgnèsDuperron.
Elle était de Bourges, et fille de l'imprimeur privilégié de
l’archevêque. Son père l’avait élevée avec soin, et d’ailleurs
avec toute la piété qui convenait à sa position dans le monde
et au monopole qu’il exploitait. Elle avait reçu de la nature,
avec une beauté remarquable, une de ces voix étendues, tim-
brées, puissantes, qui produisent de si grands effets quaDd le
travail lésa assouplies. L’organiste de la cathédrale, intime
ami dn libraire, enseigna la musique à la jeune Agnès, et
avec tant de succès qu’il n’y eut bientôt plus une solennité
religieuse où sa voix ne fit retentir des louanges de Dieu ces
voûtes sonores, les plus hardies peut-être que l'art gol hique ait
jamais suspendues au milieu des airs. Mais le diable est bien
fin. Vers l’année 1785, vint A passer à Bourges une troupe
d’opéra-comique, dont le premier ténor fit tant de tort A l’or-
ganiste dans l’esprit d’Agnès, qu'au bout de six mois it y eut
bandes ne passent pas une frontière, ne traversent pas
une double ligne de douane, ne font pas une ou deux
lieues de chemin sans que l’on découvre quelques tra-
ces de leur passage. Si les agents de la douane n’ont
pas été assez heureux pour arrêter les fraudeurs, il
est rare, très rare, qu'ils ne s’aperçoivent pas le len-
demain ou n’apprennent pas qu’il y a eu une intro-
duction clandestine. Par ce moyen on apprécie avec
assez d’exactitude la puissance de la fraude, et nous
croyons que ces investigations s’accordent unanime-
ment pour rectifier les exagérations auxquelles on s’a-
bandonne quand il s’agit de l’introduction par la fron-
tière de Hollande.
Ce qui en outre prouve mieux que toute autre
chose l’activité de la douane, c’est l’élévation de la
prime de fraude. On parie parfois de la fraude comme
si elle se faisait ouvertement, presque gratis, moyen-
nant une simple commission de 3 à 4 ou 5 p. c. ;
comme si elle rendait complètement illusoires les droits
établis par le tarif. La prime de fraude, il eslbon qu'on
le sache, n’est qued un cinquième au-dessous du taux
des droits, et tend à monter plutôt qu’à décroître.
Basée sur certains articles à la valeur, elle est, d’après
les renseignements les plusdignesdefot.au minimum
de 12 p. c. et s’élève jusqu'à 16 et 18 p. c. Celte pri-
me est déjà une protection fort efficace ; elle excède
la protection accordée par le tarif à la plupart, sinon
même à toutes les autres industries manufacturières
du pays.
11 ne faut pas oublier, en outre, que les négociants
qui ont recours à ce moyen doivent acquitter les frais
du transport jusqu'à Rotterdam, supporter les re-
tards, s’exposer aux chances dedésassortiments résul-
tant de saisies partielles, inconvénient très domma-
geable sur les impressions; et qu’ils courent le risque
d une perte totale, attendu qu’ils sont à l’entière dis-
crétion du fraudeur, puisqu’att cas de saisie ils sont
sans recours judiciaire contre lui.
L’effet de ces chances et de ces frais est tel, qu’on
assure qu il est des articles qui, introduits en fraude,
sont chargés cependant de 30 à 35 p. c. de frais avant
de parvenir de Manchester à Bruxelles. Ce sont les
articles tout-à-fait communs, sur lesquels les droits
établis au poids sont réellement énormes. Il est à re-
marquer que c'est principalement sur ces articles, à
1 égard desquels l'industrie se croit suffisamment pro-
tégée, que la fraude doit se porter.
L’évalution de l’introduction clandestine par la
frontière de Hollande à plus de deux millions , est
donc évidemment exagérée.
âïGLUli'EKRE.
Londkes, 14 janvier. — La Reine a tenu cour cet
après-dîner au palais de Buckingham; les bar.ons Br* *u-
now et Neumann, en mission speciale pour l’Autriche
et la Russie, ont clé présentés à S. Al. par lord Palmer-
sîon. LL. Exc. le baron di Celto, le baron Gersdorff et
M. Dedeî, ministres de Bavière, de Saxe et des Pays-
Bas, ont été reçus en audience en conséquence de leur
retour de congé, S. E. Al. Portique, ministre de Vene-
zuela, a présenté ses lettres de créance.
— Nous apprenons qu’on se propose de donner, à
l’occasion des noces de la Reine, à toute la noblesse an-
glaise et aux ambassadeurs étrangers, un banquet dont
la magnificence surpassera tout ce que les annales des
fêtes anglaises nous ont conservé. M. Bridge, de Lud-
gate-Hill, vient d’achever pour le prince Albert, et sur
l’ordre de la Reine, une jarretière magnifique, en har-
monie avec le costume de l’ordre. Elle est en velours
pourpre; la devise de l’ordre, la bordure et la boucle
sont composées de diamants et du plus beau fini.
(Globe.)
— Le baron Bulow a retardé son retour à Londres
jusqu’au printemps prochain. Il n’y a pas le moindre
fondement dans la nouvelle publiée par les journaux du
continent que le noble baron avait résigné son poste.
La raison qui empêche S. E. de revenir à Londres ce
mois-ci pour reprendre ses fonctions diplomatiques,
c’est la mort de son frère en conséquence de laquelle le
roi de Prusse lui a accordé un prolongement de congé
de trois mois. (Morning-Poit.)
F81AX€E. — IParis, 15 janvier•
CheMiique et Bruits île tttlon,
dépêche télégraphique. — On a reçu de Bayonne, 12
janvier, la dépêche télégraphique suivante :
«Des nouvelles de Mas las Matas, du 7, annoncent
que Cabrera est toujours réellement malade à Herbes.
« On ne sait pas s’d est mort, mais on croit qu’il est
en grand danger. »
ia garde nationale.— Des gardes nationaux au nom-
bre de trois cents environ et quelques officiers, se sont
réunis, le 12 de ce mois, en uniforme et en armes sur
une place publique, pour aller ensuite, en traversant
la capitale, prononcer des discours et établir une véri-
table délibération sur une haute question politique.
C’est avec un sentiment de vive peine et de profond
regret que le maréchal commandant superieur a vu des
gardes nationaux oublier à ce point le caractère de leur
institution, le respect dit à la loi et la sainteté de la
mission que le pays leur a confiée.
Des citoyens qui ont aussi méconnu leurs devoirs ne
sauraient éviter le blâme de ceux qui, si souvent, et en
si grand nombre, ont fait triompher tant de fois depuis
1830 la causede l’ordre public et delà véritable liberté,
et c’est en leur nom, c’est au nom des chefs qu’ils se
sont donnés que le maréchal commandant supérieur
vient le proclamer. Il espère que sa voix sera entendue,
ses paroles comprises : il s’est, ainsi que les chefs de la
garde nationale, inspiré delà loi qu’ils ont juré de dé-
fendre;les articles 1er et 8 de celle loi sont ainsi conçus:
loi sur la garde nationale. (22 mars 1851).
« Art. 1er. La garde nationale est instituée pour dé-
fendre la royauté constitutionnelle, iaCharte et les droits
qu’elle a consacrés, pour maintenir l’obéissance aux
lois, conserver ou rétablir l’ordre et la paix publique,
seconder l’armée de ligue dans la défense des trontières
et des côtes, assurer l’indépendance de la France et l’in-
tégrité de son territoire.
» Toute délibération prise par la garde nationale sur
les affaires de l’Etat, du département et de la commune,
est une atteinte à la liberté publique et un délit contre
la chose publique et la Constitution.
» Les citoyens ne pourront ni prendre les armes, ni
se rassembler en état de gardes nationales, sans 1 ordre
des chefs immédiats, ni ceux-ci donner cet ordre sans
une réquisition de l’autorité civile, dont il sera donné
communication à la tète de la troupe. »
Le Moniteur Parisien fait suivre ce»)rdre du jour
des réflexions suivantes :
« Ce langage si ferme et si noble, digne de J’illustre
maréchal Gérard et de son brave chef d’état-major, sera
nous n’eu doutons pas, entendu par la garde nationale
tout entière. Si, contre toute prévision, il en était
autrement, si un petit nombre d’hommes égarés
persistaient à vouloir renouveler de coupables manifes-
tations, la force ne manquerait pas à la loi, et l’auto-
rité, soutenue de tous les bons citoyens, saurait la faire
respecter. » %
Le Moniteur Parisien ajoute : _
« Les officiers de la garde nationale qui ont commis
la faute grave de se joindre aux rassemblements de
dimanche dernier seront traduits devant le conseil de
préfecture en vertu de l’article 6 de la loi du 22 mars
183), ainsi conçu : .
« Sur l’avis du maire ou du sous-préfet, tout officier
» de la garde nationale pourra être suspendu de ses
» fonctions pendant deux mois par arrêté motivé du
» préfet pris en conseil de préfecture, l’officier préala-
» blement entendu dans ses observations.
» L’arrêté du préfet sera transmis immédiatement
» par lui au ministre de l’intérieur.
» Sur le rapport du ministre, la suspension pourra
» être prolongée par une ordonnance du roi. »
petite chronique. — On disait ce soir que des trou-
bles sérieux venaient d’éclater à Foix, département de
l’Ariège. On attribuait ces troubles à quelques mcsureJ
d’administration locale, qui auraient occasionné un
rassemblement de cinq à six mille personnes. On disait
que le préfet avait été blessé.
— Les actionnaires de la Banque de France doivent
être réunis très prochainement pour entendre le rapport
de AI. le gouverneur. La situation de cel établissement
est plus prospère que jamais. Le dividende sera, dit-on,
de 72 fr. Ce sera le plus fort qui ait été distribué
jusqu’ici.
— On annonce que AI. de Montebello vient de rece-
voir l’ordre de se rendre immédiatement à son poste à
un premier sujet de plus dans la caravane chantante, et. dans
le Berry, une cantatrice de moins. Agnès, qui avait reçu du
ciel les dispositions les plus heureuses et le goût le plus déli-
cat, se lassa du chant français plus vite encore que du chant
latin, et s’enfuit en Italie. LA, sous le nom de la signora Bram-
billa, elle acquit en peu de temps uoe réputation éclatante, et
ne reprit son véritable nom que lorsqu’elle revint en France,
jeune encore, mais dégoülée du théâtre et satisfaite de sa
fortune. Elle avait trouvé â Bourges son père mort, dont son
frère aîné avait pris la place; mais n’ayant pas eu la prudence
d’annoncer qu’elle avait fait fortune, ce frère déclara qu’il ne
reconnaîtrait jamais pour sa sœur celle qui avait déshonoré
sa famille. Elle jugea ne pouvoir se mieux venger de cet arrêt
un peu sévèrequ’en s’y soumettant sans répliquer, s’établit â
Paris, et oublia si bien tous les Duperron de Bourges que. le
jour où lui parvint la lettre anonyme élucubrée par MAL Ba-
culard et Gigandet, elle n’avait jamais entendu parler ni de
la mort de son frère, ni de la ruine de son neveu, ni de la
situation précaire de sa petite nièce. Nous devons â ses deux
cousins, que le hasard avait récemment rapprochés d’elle, la
justice de reconnaître que jamais ils ne lui en avaient dit un
mot.
On comprend maintenant pourquoi mademoiselle Duper-
ron, parvenue à cetâge où l’on regrette tant de choses, u’avait
pas du moins à regretter le temps perdu. Vers 55 ans,sentant
le besoin de suppléer par de la cousidération à la beauté
qu’elle n’avait plus, elle délibéra pendant trois semaines si
elle se marierait ou se ferait dévote; mais elle jugea que. maî-
tre pour maître. Dieu serait toujours préférable à quelque
homme que ce fût. Il vaut mieux, dit-elle avec ce bon sens
dont elle avait déjà donné tant de preuves, il mut mieux
avoir affaire à Dieu qu'à ses saints. Et réellement, sa dévo-
tion était facile et commode à porter : c'était, pour me servir
encore une fols de ses expressions, une bonne pelisse qu'dlo
mettait sur elle pour sortir, mais qu’en rentrant elle laissait
dans son antichambre. Malheureusement pour la combinai-
son de nos deux amis, quand elle reçut leur épllre, elle était
dans sa chambre à coucher
* Une Duperron, fille de boutique! s’écria-t-elle, en levant
â la fois la main et le pied dont elle pouvait disposer ; que
leur est-il donc arrivé ?.. Celle-ci du moins n’est pas comme
son grand-père, et ne refusera peut-être pas de me voir.
Où la trouver 7... Une lingère de la rue Neuve-des-Petits-
Champs, Marcel !... prenez ma voiture, et vous entrerez chez
toutes les lingéres de la rue Neuve-des-Petils-Champs, jusqu’à
ce que vous en trouviez une qui ait mademoiselle Louise Du-
perron pour apprentie ; quand vous aurez découvert cette
jeune personne, vous me l’amènerez, avec un paquet... de ce
que voudrez, mouchoirs ou fichus, peu importe. *
Marcel ne tarda pas A revenir.
La jolie figure 1 dit mademoiselle Agnès. Ne trouvez-vous
pas, Marcel, qu’elle me ressemble un peu ?
» — Moi, madame, s'écria la jeune fille épouvantée.
» — Marcel, dit en souriant la vieille, allez chercher la
miniature qui esta la cheminée dusalon. »
Marcel apporta le portrait de la signora Brambilla, daDS
tout l'éclat de sa jeunesse, de ses charmes et de sa gloire.
a Voyez, mon enfant, st vous avez tant à vous plaindre, et
si je vous ai fait un mauvais compliment ! On peut se ressem-
bler de plus loin, après tout. Vous vous appelez Duperron,
Louise Duperron !
» — Oui, madame.
• — Votre père était de Bourges ?
» — 11 y est encore, madame,
» — Et vous â Paris, toute seule !...
» — Hélas 1 madame, noos sommessi pauvres !
» — Avec ce visage-là !... Vous devez avoir bien des amou-
reux ?
» — Moi 1 madame ; je n'en ai qu'un, je vous jure.
» — Un seul I Voyez un peu les méchantes langues, ou
plutôt les méchantes plumes I Un seul amoureux ! pauvre
petite I El c’est à lui qu’on donne tous ces rendez-vous dont
ou m'a parlé 7
» — Des rendez-vous 7 s'écria Louise toute rouge. Madame,
je ne lui en ai jamais donné qu'un, hier au soir: j’avais tant de
choses à lui dire !
» — Un seul rendez-vous 7 que le monde est méchant !...
adieu, petite ; je suis charmée de t'avoir vue. Ah !... Il ne faut
pas que je t'aie fait venir pour rien, cela ne serait pas juste.
Essaie- moi ce fichu.
» — Aloi. madame ?
» — Oui. Je verrai mieux ce qu’il est.Pas mal, en vé-
rité .... .Elle est charmante ainsi ! Garde-le, petite ; et en
Naples. On dit qu’il a reçu des instructions positives
pour le cas où le duc de Bordeaux se rendrait à la cour
napolitaine. (Temps.)
—Parmi les diverses fabriques qui existent en France,
celle du bronze n’est pas sans importance; la valeur de
ses productions annuelles, pour notre pays, est estimée
à 20 millions de francs, sans compter ses exportations,
qui sont de sept ou huit millions environ. Les métiers
établis pour cette fabrication occupent annuellement
cinq mille ouvriers.
— Les autorités de Reims et de Rethel ont pris le
parti de faire peser le lait afin de découvrir les fraudes
des laitières, et de livrer ensuite les coupables à la sé-
vérité des tribunaux. Cette mesure a produit les meil-
leurs résultats, et les habitanls ont aujourd’hui l’avan-
tage de ne plus boire que du lait pur.
©<mr «Se» Pairs.
Audience du 1S janvier.— PRÉSIDENCE DE M. PASQUIBR.
Aujourd'hui ont eu lieu les interrogatoires des accusés
nommés Piefort, Focillon, Espinasse. Hendrick, Simon. Hu-
bert et Dupouy,prévenus d'avoir pris part aux rassemblements
qui ont attaqué le poste du Châtelet et formé des barricades
dans le quartier Ste-Madelaine, la Halle et les rues St-Martin
et St-Denis. Les dépositions des témoins ne signalent aucun
fait nouveau relatif à la part de culpabilité prise par chacun
des accusés qui ne sont même pas reconnus pour la plupart.
Cette affaire manque d’intérêt et devient de plus en plus
languissante.
Physionomie de la presse française.
Le vote de la chambre sur le paragraphe de l'adresse rela-
tif â la conclusion de nos différends avec le Mexique et au
traité du 9 mars 1839, est discuté, ce malin, par tous les jour-
naux; tous blâment le ministère d’avoir obstinément re-
fusé communication â la chambre des pièces concernant cette
négociation.
La plupart des journaux en reproduisant ce matin la note
comminatoire du Moniteur et l'ordre du jour du maréchal
Gérard, s'accordent à reconnaître la faiblesse et la nullité du
ministère, qui sachant la démarche des gardes nationaui
lorsqu’elle u’était qu'uu projet, s’est contenté de faire con-
signer les tambours dès le matin, au lieu d’employer les
moyens qu’il avait en son pouvoir pour prévenir toute dé-
monstration.
Le IUATIOIVAX,, le 3IÈCZ.Z , l'ECHO et le OAFI-
■101,25 cherchent â justifier la démarche des gardes natio-
naux. Ils épuisent quantité de mauvais arguments pour prou- I
ver que les citoyens dont ils prennent la défense sont des I
hommes vraiment paisibles, des pères de famille modèles, des I
négociants irréprochables, d'excellents propriétaires, animés [
des meilleures intentions, et que le gouvernement aurait le [
plus grand tort de les empêcher de se livrer à une manifesta-
tion quelconque.
Le cowstitutiowwkIi nous annonce qu’un projet
de loi a été déposé sur le bureau de la chambre des députés
pour l’augmentation des droits dedouaues sur les fils et toiles |
de lin de prov énoncé étrangère.
BELGIQUE.
Bruxelles, 17 janvier. — A l’occasion du décès de S.
A. S. madame la princesse douairière de Hesse-Ham-1
bourg, le roi prendra lejdeuil pour trois semaines,à par-
tir du 17 de ce mois jusqu’au 6 février inclusivement.
— On nous assure que la discussion du budget de la I
guerre sera retardée par suite d’uue indisposition du I
rapporteur de la section centrale, M. Brabant, qui ne J
lui aurait pas permis d’achever son rapport.
— Une circulaire de Al. l’administrateur de la sûreté I
publique rappelle aux autorités communales qu’à l’ail-1
ministration centrale seule appartient, aux termes de la
loi du 23 messidor an III, article 9, le droit d’autoriser
les étrangers, à voyager dans le royaume, et qu’elles I
doivent scrupuleusement s’abstenir de viser des passe-1
porlsqui n’auront pas été préalablement visés, soit pari
son administration, soit par un de ses préposés ou uneI
autorité locale aux frontières. Lorsque des étrangers,
porteurs de passeports non visés, se présenteront dans I
les villes ou communes, les collèges écheviuaux se bor-1
neront à consigner leurs noms sur les bulletins prescrits I
par sa circulaire du 31 octobre dernier, 3e bureau, n*
38031, et à mentionner dans la colonne à ce destinée,
que les passeports ne sont pas revêtus du visa prescrit. I
Quant aux etrangers qui seraient porteurs de papiersI
irréguliers, tels que passeports à l’intérieur, ports-d'ar-l
mes, etc., il y aura lieu de les leur retirer, et de les|
lui renvoyer sans délai.
— Voici le relevé total des recettes effectuées paf I
l’octroi de la ville de Bruxelles pendant l’année 1859, f
En regard de ces chiffres, nous reproduisons le résul-l
échange, viens m’embrasser; et si on te demande d'où t«|
viens, tu diras : De chez ma vieille tante Agnès.
» — Quoi ! ce serait vous, msdame.....
• — Dis ma tante... et reviens diner avec moi dimanche.,
et n'oublie pas de m’amener ton amoureux ! •
Quelques semaines s'écoulèrent, et la seconde attaque é<
paralysie vint enfin, comme Gigandet l'avait prévu. Huit I
jours après, et les funérailles terminées, Jes deux cousins,f
dûment convoqués par le notaire de la défunte, changèrent I
de couleur en apercevant au coin de la cheminée leur plt’f
dangereuse ennemie, Louise Duperron
« Messieurs, dit le notaire de sa voix la plus grave, et re-1
vêtu de son plus bel habit noir, mademoiselle Duperron, mil
cliente, avait déposé entre mes mains un testament dont je ■
vais vous donner lecture. » . I
Il s'assit, déploya lentement le précieux papier, toussa trodi
fois et lut ce qui suit :
« Je soussignée, etc., désirant donner à tous les meaibr**l
de ma famille que j’ai connus un gage de l'affection quilf
m’ont inspirée, désire que mon bien soit partagé entreeuij
de la manière suivante : L
« 1° Je lègue à mon cousin Gigandet les pincettes de nlJ|
chambre à coucher. Ce sont les plus longues et les plus mincef
de ma maison.
• 2° Je lègue à mon cousin Baculard le soufflet de mon ss-|
Ion; c'est le plus gros que je possède. T
» Le reste appartiendra â ma chère nièce, Louise Duperro<l
qui sera spécialement chargée de l’exécution des legs |
dessus. >
• — Messieurs, dit Louise, en se levant...»
Mais Gigandet n'en avait déjà que trop enteodu. .
« Allez au diable, cria-t-il, vous et votre comédienne 0
tante ! » _
Baculard soufflait avec plus de bruit encore qu’au mome I
de sa déclaration d'amour. I
« Messieurs, dit le notaire, en mesurant de l’oeil lesjam"1!
de l'un et l'abdomen de l'autre, soyez sages, et l’on vouspn' f
met le secret. »
J’ai lieu de croire qu’ils n’ont pas été sages.
GUSTAVE HÉQUET.
^ xi
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