Full text |
1844. — W.° IS.
Om s'ahontte t
A Anvers au bureau du Précur-
seur , Bourse Anglaise, N» 1040;
en Belgique et à l’étranger chez
tous les Directeurs des Postes.
ATTEKS, Samedi 13 Janvier.
( Neuvième Année.)
LE PRÉCURSEUR
JOURNAL POLITIQUE, COMMERCIAL, MARITIME ET LITTÉRAIRE.
PAIX. — LIBKIITK.
PROGRES.
Abonnement pat* trimestre t
Pour Anvers, lofr ; pour lia pro-
vince 18 fr.; pour l’étranger fr.
Insertions 25 centimes la ligne.
Réclames 50 » »
<3 Janvier.
La Chambre a clos hier la discussion du budget de la justice.
Le chapitre X, où il s’agit des prisons, a été le sujet de dé-
bats intéressants sur lesquels nous reviendrons.
M. Castiau a fait apprécier à la Chambre combien il était ur-
gent que le gouvernement s'occupât promptement du régime
pénitentiaire. Il dit qu'il faut absolument apporter un remède
à la démoralisation qui existe dans nos prisons. Le zèle de
l'administration ne suffit pas, il faut tâcher d’empêcher le mal
au fond.
M. d’Anethan, dit-il, avait annoncé qu’il voulait isoler les
prisonniers pendant la nuit et les réunir le jour pour travailler,
et qu’il avait adopté l’isolement complet pour les condamnés à
perpétuité; mais c’est prendre le système à rebours. Les con-
damnés à vie sont les moins dangereux, puisqu’ils ne rentrent
plus dans la société. C’est pour les condamnés â temps qu’il
faut prendre le plus de mesures d’amélioration, puisque ceux-
là rapportent à la société toute la dépravation qu’ils ont gagnée
dans les prisons, et l’exposent sans cesse aux terribles effets de
leurs criminels penchants.
Nous le répétons, nous reviendrons sur ce discours quand
nous l'aurons médité dans le Moniteur.
Sur la proposition de MM. Verhaegen, Castiau et Savart, la
Chambre a aussi augmenté le chapitre des dépenses imprévues,
pour que le ministre de la justice put accorder une somme de
bOO francs à chacun des Bonné et à Geens, malheureux con-
damnés et victimes d’une erreur judiciaire.
M. Garcia a pendant un moment combattu celte proposition,
en prétendant que tous les accusés que les tribunaux acquitte-
ront viendront demander à leur tour une réparation; mais la
Chambre a immédiatement compris que la comparaison était
fausse. Nous ne pouvons attribuer cette façon de voir de M.
Garcia qu’à la rigidité du juge, mais il était dans l’erreur. Nous
sommes sûr que sa tête à trompé son cœur.
Aujourd’hui a dû commencer la discussion du budget des
finances.
On a fait beaucoup de bruit, à propos du nouveau réglement
de l’octroi, de la prétendue importance de la consommation des
vins blancs à Anvers. On jugera de cette importance par le
chiffre des entrées qui ont eu lieu, en ce port, pour les mar-
chands de vins, depuis 1856.
Pendant les années 1836, 1837 et 1838, aucune barrique de
vin blanc n’est entrée à Anvers.
En 1839, il est entré de 150 à 200 barriques.
» 1840, » 250 » 300 »
» 1841, » 700 » 800 »
L’année 1842 a encore été signalée par une absence complète
d’arrivages en ce genre.
En 1845, il est arrivé'de 700 à 750 barriques.
Ce qui établit un ensemble de 2,000 barriques de vins blancs
que les marchands de vins, à Anvers, ont reçues dans l’espace
de huit années. Il est à remarquer que la plupart de ces vins ont
été expédiés pour l’intérieur du pays, où il n’est consommé,
année commune, que 250 barriques à peu près.
Quant à la consommation de la ville, en ce qui regarde les
livraisons faites par le commerce de vins local, elle se borne à
25 barriques environ par an.
Tous ces chiffres puisés à des sources qui ne nous laissent
aucun doute sur leur exactitude, démontrent clairement l’exa-
gération dans laquelle on est tombé en avançant que la consom-
mation des vins blancs,à Anvers,s’élève à300 ou 400 barriques.
On se rappelle qu’une proposition a été faite au conseil com-
munal d’Anvers pour amener une salutaire réforme du système
de la perception sur le bétail, et les considérations au moyen
desquelles nous-même nous avons appuyé cette proposition. Il
a été dit qu’on s’occuperait de cette question, mais qu’on s'en
occuperait plus lard. Pourvu que cet examen si utile, si néces-
saire ne soit pas renvoyé aux Calendes-Grecques.
En France, un grand nombre de villes ont déjà abandonné le
système de la perception par tête pour adopter celui de la per-
FEUILLfcTON.
L33 TIlIZ CCMTS3 DE ST.-HÉLÈITE.
Le 18 octobre 1800, un homme d’une intelligence et d’uneaudace peu
ordinaires, était condamné par le tribunal du département de la Seine,
à quatorze années de travaux forcés , pour différents vols commis de
nuit dans des maisons habitées , à l’aide d’effraction et de fausses clés.
Cet homme se nommait Pierre Coignard; cinq ans plus tard , malgré la
surveillance la plus active, ce même homme s'échappait du bagne de
Toulon où il était retenu. Dans la nuit qui suivit son évasion , il s’em-
barqua sur un petit navire espagnol qui se rendait en Catalogne où il
aborda peu de temps après. Son étoile le dirigea vers une petite ville,
non loin de la côte, et lui fit faire la connaissance de la fille Maria Rosa,
qui avait été au service du comte de Pontis de Sainte-Hélène, émigré
français, mort depuis peu de temps.
Le"comte était d’une noble et ancienne famille des environs de Sois-
Sonsit avait quitté de bonne heure la France pour aller prendre du ser-
vice dans les armées du roi d’Espagne ; il avail été envoyé dans l’Amé-
rique méridionale et s’était particulièrement distingué à l’affaire de
Buénos-Ayres. Il possédait les plus beaux étals de service et jouissait
d’une grande réputation de courage et d’honneur. Sa santé l’ayant forcé
de quitter l’Amérique, il revint en Espagne afin de demander à être in-
corporé dans un corps sédentaire ; mais la mort le surprit bientôt, loin
de son pays et de sa famille, ayant perdu tous ses biens et ne possédant
pour toute fortune, que son épée. Il avait reçu pendant le cours de sa
maladie et jusqu’à son dernier soupir, les soins empressés de Maria, à
laquelle il avait laissé par reconnaissance, le peu qu’il possédait encore.
Maria avait recueilli précieusement lesobjets dont se composait sa pe-
tite succession, elle les avait vendus pour pourvoir pendant quelque
tempsàsa modique existence ; mais ces faibles ressources s’étaient
épuisées, et il ne lui restait plus qu’une petite cassette renfermant de
vieux parchemins,que le comte avait recommandés à tonte sa sollicitu-
de, comme ce qu’il avait de plus précieux sur la terre. Telle était la si-
tuation de cette fille, lorsque Coignard la vit, parvint à force d’empres-
sement et d’adresse, à se rendre maître de son esprit encore honnête.
Sans ressources tous les deux, ils finirent par se confier l’un à l’autre
l’extrémité de leur position, firent ensemble leur inventaire, et ne trou-
vèrent rien; comme la nécessité pressait, ils convinrent de vendre à un
juif, qui la convoitait depuis longtemps, la précieuse petite cassette;
mais avant de livrer, Coignard voulut en faire l’ouverture. Il vit que
les parchemins qu’elle renfermait étaient les titres authentiques de no-
blesse du comte, et ses états de service. Aussitôt une idée s’empara d#
ception au poids. Partout on a eu lieu.'de sejféliciter de l’appli-
cation de ce mode rationnel qui, d'abord, égalise la position
des petits et des grands bouchers, et, ensuite, devient profitable
à une nombreuse classe de consommateurs ainsi qu’au trésor
communal. A Lyon, entre autres, cette importante modification
dans la perception de l’impôt sur le bétail a produit les meil-
leurs effets, quoique l’application ne date encore que de huit
mois environ. Dans une des dernières séances du conseil muni-
cipal, M. le maire de Lyon a rendu compte en ces termes des
résultats obtenus par la réforme introduite :
« J’ai la satisfaction de pouvoir annoncer au conseil que le nouveau
système adopté pour la taxe sur les bestiaux, a produit les meilleurs ef-
fets.
» Depuis que le droit est perçu au poids au lieu d’être perçu par tête
de bétail,tous les bouchers sont revenus à l’abattoir. Par conséquent, la
surveillance que l’autorité doit exercer sur la qualité des viandes livrées
à la consommation de la ville, est à la fois plus facile et plus efficace; les
revenus de l’octroi ont éprouvé une augmentation relative, parce que
le nouveau mode de perception empêche un moyen de contrebande que
,l’ancien système ne permettait guère de combattre; enfin, pour com-
plément de succès, le prix de la viande tend à diminuer depuis la misa
en pratique du système nouveau. Tout récemment les hôpilauxtcivils
ont adjugé la fourniture delà viande de la boucherie nécessaire à leur
consommation; les prix résultant de ces adjudicalionsont été moindres
que ceux payés pendant l’année dernière.
• Le conseil apprendra sans doute avec; plaisir les heureuses consé-
quences de sa détermination. »
En présence de semblables fruits, nourrissons l’espoir que le
couseil communal d'Anvers se préoccupera, dans un avenir
prochain, d’une réforme que tant d'intérêts réclament.
La question des boulangeries est loin encore d’avoir obtenu
une solution satisfaisante. Les plaintes qui s'élèvent eu France
aussi bien qu’en Belgique, l'indiquent suffisamment. En France,
nous voyons que le ministère de l'agriculture et du commerce
s’occupe de l'organisation de la boulangerie sur de nouvelles
bases, celles de la libre concurrence. Aussitôt que le couseil
d'Etat aura donné son avis, il est probable que le projet sera
soumis aux délibérations de la législature.
Celle nouvelle organisation qui semble ne porter que sur
l'exercice de la profession de boulanger , se rattacherait au
système d’approvisionnement au cours normal du prix du pain,
question toute de prévoyance et d'ordre public. Le ministère
veut être prêt, assure un journal, d’ici à un an, pour mettre fin
à des réclamations souvent examinées et à des abusquela force
des circonstances n'a pas permis de réprimer jusqu’ici. Les
éludes à cet égard sont complètes et se basent sur les statisti-
ques et sur des observations multipliées.
En Belgique , nous nous apercevons que l’on n’oublie pas
non plus entièrement ce qui se rattache aux boulangeries. A
Bruges, par exemple, où les boulangers s’étaient plaints si sou-
vent de ce que la municipalité permettait aux marchands fo-
rains d introduire du pain en ville sans les astreindre à aucun
droit de ce chef, ni môme à l’observation des lois et réglements
qui incombe à tous les boulangers en pareil cas ; à Bruges, on
vient de prendre une décision salutaire. Tous les boulangers
forains ou revendeurs de paiu qui exposeront celle denrée en
vente dans les rueset marchés, devront attacher à leur échoppe
ou voiture, une planche peinte en noir sur laquelle les prix des
diverses sortes de pain seront inscrits en caractères très lisibles.
Ils devront, en outre, être en tout temps pourvus de poids et de
balance, afin que, soit l'autorité, soit l’acheteur, puissent à
l’instant même vérifier si les pains offerts en vente ont le poids
voulu par la taxe et les réglements.
Certes, la décision prise par l’autorité communale de Bruges
peut être regardée comme un acte de justice envers des indus-
triels appartenant à la classe moyenne et qu’une concurrence
effrénée menaçait d’une ruine certaine. Le consommateur y
trouvera également une légitime satisfaction.
Il est vivement à désirer que notre régence comprenne un
jour qu'à Anvers aussi il y a quelque chose à faire, que le prix
du pain y est trop souvent en disproportion avec le prix réel
des grains, et que la classe ouvrière y souffre de cette grande
élévation de prix et de la rapacité dont certains boulangers ne
craignent pas d'user quelquefois contre elle. Ici encore, l'amé-
lioration est attendue avec impatience.
son esprit, et il comprit en un instant le parti qu’il pourrait tirer de cet-
te importante découverte, dans un pays comme l’Espagne oû les titres
de nofilesseontexercé de tout temps un prestige indestructible. Le len-
demain, Maria et lui abandonnaient la ville, sortaient de la Catalogne
pour se diriger vers l’Estramadure, et prenaient, pour ne les plus quit-
ter, les noms de comte et de comtesse de Pontis de Sainte-Hélène.
Leurs débuts furent heureux. Coignard se fit présenter sous son nou-
veau nom à Murat, et fut admis par lui, comme officier, dans un des ré-
giments sous ses ordres; il se distingua dans plusieurs affaires, et reçut,
en récompense de son courage, les décorations des ordres d’AIcantara
et de Saint-Wladimir.
Lors de l’invasion française en Espagne, Coignard, qui avait quitté,
quelques mois auparavant, l’armée espagnole, se présenta au maréchal
Soult, lui fil voir les étals de service du comte de Saint-Ilélène, tant en
Amérique, qu’en Espagne, et lui demanda à entrer dans l’armée fran-
çaise.
" Le maréchal, séduit par le langage de cet homme, trompé par les pa-
piers qu’il produisait, et pensant avec beaucoup de raison qu’il pour-
rait tirer d’utiles services d’un officier qui avait la connaissance appro-
fondie du pays et de l’armée ennemie, le reçut avec une grande distinc-
tion et lui fit donner le grade de chef de "bataillon. Dans cette nou-
velle position, Coignard ne démérita pas, il se Ht bien voir de ses chefs,
et ne cessa de jouir avec convenance de la considération et des hon-
neurs qu'on rendait au comte et à la comtesse de Sl-llélène.
Enfin, arrivèrent les événements de 1814 et la première restauration;
Coignard en profita pour rentrer en France avec Maria, pensant bien
qu’au milieu des bouleversements qui allaient avoir lieu, un homme
comme lui devrait y trouver de nouveaux éléments de fortune et de
réussite. On va voir qu’il ne se trompait pas. A peine arrivé à Paris, son
premier soin fut dedemunder au roi Louis XVIII une audience particu-
lière. Il obtint celle audience, parla avec chaleur desa famille et de ses
ancêtres.peignit sous les couleurs les plus pathétiques les malheurs qu’il
avait éprouvés, offrit son bras et son sang à la famille des Bourbons, et
demanda provisoirement un secours en argent dont il avait grand be-
soin.
Le roi le reçut avec effusion, lui dit qu’il était heureux de voir leder-
nier rejeton des comtes de Pontisde S‘'-Ilélèue. lui accorda toutee qu’il
demandait, et lui promit pour toujours sa haute protection. Louis XV II |,
en homme d’esprit, ne craignait pas de raconter par la suite la mystifi-
cation dont il avail été l’objet ; il avouait que l’air de conviction et la
chaleur avec lesquels Coignard s’était exprimé avaient produit sur lui
un grand effet; il ajoutait que tout le monde, à la cour, avait partagé
son enthousiasme pour cet homme.
Lesévénéments marchaient et la fortune de Coignard avec eux. Napo-
HSPACVE,
Madrid , 5 janvier. — L’aide-de-camp du baron de Meer ne part pas
aujourd’hui comme on l’annonçait hier. I.esprincipales bàsesde là capi-
tulation arrêtée entre le capitaine-général de la Catalogne et Amener
sont en effet acceptées par le ministère, mais il reste à discuter une
convention particulière à A metier. Je n’ai pu savoir ce dont il s’agissait,
mais j’ai appris que les députés Madoz et Obejiro avaient été chargés
par ce dernier d’être ses interprètes auprèsdu gouvernement.Du reste,
on dit que les nouvelles propositions d’Ametler ne sauraient être ad-
mises sans rabaisser la dignité du trône de la manière la plus humilia nie.
Une rixe entre militaires et bourgeois a eu lieu à Saragosse, mais li a
eu rien de grave, quoiqu’il y ail eu des blessés.
M. Bressona présenté à la Reine une lettre autographe de Louis-Phi-
lippe, en réponse à la notification de la déclaration de sa majorité,
La tranquillité n’est troublée sur aucun point.
La Gazette de cejour démenttrès complètement la nouvelle accréditée
par VEspectador, du projet de désarmement de la garde nationale du
royaume. .
— D’un moment à l’autre, on attend à Madrid don José Ramirezde
Arellano, trésorier de la chapelle royale et vice-régent de la nonciature,
qui avait été exilé par la régence provisoire après le pronunciamiento
de septembre, (Castellano.)
— Le choix que les électeurs progressistes ont fait de MM. Arguelles
et Olozaga pour leurs candidats, a causé un véritable scandale : le pre-
mier de ces hommes a tyrannisé la Reine Isabelle depuis le départ d’Es-
pagnede son auguste mère ; le second vient de commettre envers S 11.
un outrage qui a indigné la nation tout entière, lin journal du soir dit,
avec raison, que cette candidature est la mort du parti progressiste ;
car les ennemis du trône qui figurent dans ce parti, ne peuvent s’appe-
ler des progressistes, mais bien des républicains, et les Arguelles et les
Olozaga sont incompatibles avec Isabelle II. _ (Idem).
— Bourse de Madrid du A Janvier.—50[Q une opération 600.000 Itx,
à 19 Ojo à 60 jours de date ou vol. en dossiers présentés au renouvelle-
ment.
5 Ojo 119 opérations ensemble 73,800,000 Rx. 29 9(16 et 24 1i2aucompt.
24 3|I6 7|8,25 1|4 1|8,24 13|I6, 25 5|8et25 à diff. dates ou vol. est ferme.
25 1|2, 24 5|8,26 B4, 25 3|4 et 26 à diff. dates ou vol. avec primes de 1(3
et 3(4. Changes : Londres 90 j. 37 3[4, Paris 90 j. 16 liv. 7 S.
FRANCE.
Parts, 11 janvier. — Hier 10, à neuf heures du soir, la grande dépu-
tation de la Chambre des Pairs, chargée de présenter au Roi l’adresse
en réponse au discours du trône, a été reçue par Sa Majesté. Un grand
nombre de Pairs s’étaient joints à la députation.
LL. AA. RR. le duc de Nemours, le prince de Joinville, et le duc de
Monlpensier se tenaient à droite et à gauche du trône.
M. le baron Pasquier, chancelier de France, président de la Cfiambre
a donné lecture de celte adresse.
Le Roi a répondu :
o Messieurs les pairs,
» Je reçois avec bonheur vos félicitations sur l’état du pays, sur la
» prospérité croissante dont la France jouit aujourd’hui, sur la sécurité
• que répandent partout les nouvelles garanties qui nous sont données
» chaque jour du maintien de la paix extérieure et du repos du monde,
u Au dedans, comme vous le dites, l'empire des lois est bien établi, les
i factions sont vaincues, et de vaines démonstrations de leur part ne
» feraient que constater leur impuissance. Ma famille et moi,nous som-
» mes tout à la France, et elle nous trouvera toujours prêts à surmon-
» 1er nos peines el nos douleurs pour n’écouter que la voix de la patrie,
• toutes les fois que nous pourrons la servir.
n Je suis touché des sentiments que m'exprime la Chambredes Pairs
» à l’occasion du mariage de mon fils.le prince de Joinville,et des con-
» solations que Dieu m'a accordées par un aussi heureux accroisse-
• ment de ma famille.» .
(Ces paroles de S. M. ont été accueillies par les cris de l'ire le Hoi !)
(Moniteur)
— L» commission de l’adresse de la Chambres des Députés s’est réu-
nie aujourd’hui à deux heures. M. St-Marc Girardin a donné lecture
de son travail modifié sur les observations qui ont été faites hier dans
la commission.
La Chambre est convoquée demain, en séance publique, pour enten-
dre la lecture et fixer l’ouverture de la discussion.On pense qu’elle s’ou-
vrira lundi prochain. Le rapport sur l’élection de M. Syes, de Valence,
sera fait à la séance de demain. .
— Les députés retardataires arrivent en grand nombre. Il y en avait
aujourd’hui à la salle des conférences plus de quarante qui n’ont pas
encore paru à la Chambre depuis l’ouverlurede la session.
— On écrit de Bordeaux le 5 du courant : .
Le conseil municipal de notre ville vient de voter à une forte majorité,
la garantie d’intérêt à trois pour cent d’une somme de trois millions
pour l’exécution du chemin de fer de Bordeaux à Angoulême et dont le
prolongement doit aboutir à celui de Tours à Paris.
A cette garantie, il faut ajouter celle de même somme votée par la
chambre de commerce de notre ville. A l’heure où nous écrivons, le
montant des souscriptions dans Bordeaux seulement s'élève à 4 millions
200,000 fr. Il est donc probable qu’avant peu de temps, et avec le con-
cours des lieux situés entre Angoulême et Bordeaux, les fonds néces-
saires à l’exécution du chemin se trouveront complétés.
— L.» coup» du «art — Le commandant Parquin, condamné par
suite de l’affaire de Boulogne, vient de publier les souvenirs et campa-
gnes d'un vieux militaire. Xoici un court fragment d’une scène qui se
passa l’un des soirs de la bataille de Leipzig,qui dura trois jours comme
on sait :
léon avaitquitté Pile d’Elbe et s'avançait desuccès en succès jusqu’à Pa-
ris. Le roi, hors d’état de lutter avec un si formidable ennemi, était allé
une fois encore sur la terre d’exil. Il s’était réfugié à Gand, suivi seule-
ment de quelques-uns de ses plus fidèles serviteurs auxquels s’était
joint Coignard. Le malheur rend confiant pour ceux qui vous entourent
et qui semblent se dévouer à votre sort; aussi le nou veau corn te deSaint-
Hélène s’insinua-t il de plus en plus dans les bonnes grâces du roi et des
personnes de sa cour. . .
On le voyait partout aux côlés du monarque, il semblait se multiplier
pour son service et vouloir reconnaître ainsi toutes les bontés dont il avait
été l’objet. Son crédit augmenlailchaquejour, et comme il était le plus
malheureux des serviteurs du roi, celui sur lequel la fortune s’étaitjetée
avec le plus d’acharnement; ayant été dépouillé de tous ses biens, on lui
accordait pour lui et pour la comtesse qui était restée à Paris, des se-
cours et des gratifications de tous les instants, avec promesse de faire
plus lorsqu’on serait parvenu à rentrer en France. _
En effet, les Cent-Jours s’écoulèrent; l’Empereur, après sa dernière
campagne, quitta à jamais la terre de France.Les Bourbons rentrèrent,
escortés de tous leurs serviteurs, au nombre desquels était toujours le
comte de Sainte-Hélène.
A peine arrivé aux Tuileries,le nouveau roi fut entouré de courtisans
et de solliciteurs de tous genres; et, comme il arrive ordinairement,les
plus méritants, ceux qui avaient fait preuve d’un dévouement réel, fu-
rent les derniers à se présenter. Aussi, Coignard, qui était pressé de
jouir, ne se fit pas attendre., il vint des premiers réclamer l’accomplis-
sement des promesses qui lui avaient été faites, et accompagna sa de-
mande de nouvelles et plus nombreuses protestations de dévouement.
La fortune lui sourit comme par le passé. D’après le désir formel du
roi,le ministre de la guerre le nomma lieutenant-colonel de la 72« légion,
qui était la légion delà Seine, en garnison à Paris. .
Alors, il jouit grandement de sa nouvelle position, se monta une mai-
son somptueuse, acheta des équipages, et se fit recevoir dans les meil-
leures sociétés. où il présenta Maria Rosa qui déployait plus que jamais
le nom fastueux de comtesse de Sainte Hélène. Sa faveur augmentait
avec son audace ; on le nomma membre de la Légion d’Honneur, puis
officier, puis chevalier de Saint-Louis, et des personnes bien informées
affirment qu’il fut surle point d’être nommé aide de-camp du ducd’An-
goulême. Les journaux ministériels de l’époque, qui reçurent ordre
d’entretenir le moins possible le public de celte affaire, ne firent point
mention de cette dernière circonstance, qui ne saurait nuire en rien au
prince dont on s'est toujours plu à louer le caractère bon et compâtis-
sa n l. On saiL avec quelle adresse Coignard était parvenu à exciter et â
entretenir la pitié de ses augustes protecteurs.
(La suite à demain.) |