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poursuites de la nature de celles-ci, et dirigées contre de*
nommes aussi considérables que les Gurney, ne procèdent
pas de l'initiative impartiale de l’Etat, mais de Celle d'un
actionnaire qui, peut-être, poursuit une vengeance ; ii re-
grette également qu’un procès d’une telle importance n’ait
fas été déféré tout d’abord à l’appréciation d’un tribunal de
égistes.
La décision actuelle dépend de l’opinion du lord-maire
et d’un alderman, qui sont d’honnêtes gens, sans doute,
mais qui n’ont pas les aptitudes voulues pour les fonctions
.] udiciaires qu’ils remplissent accidentellement aujourd’hui.
Si le procès est mal conduit, il peut en résulter un tort
considérable pour les accusés, alors même qu’ils seraient
acquittés plus tard par un jury. L 'Economist juge que le
tribunal de Queen’s Bench, tel qu’il est composé, est abso-
lument incompétent pour mener à bonne fin une instruc-
tion judiciaire aussi compliquée que celle relative au
procès des Gurney.
Chemins de fer de l’Etat.
- AVIS. — A dater du 15 janvier courant, le train partant
de Mons pour Gand à 8 h. 10 m. du matin sera modifié
comme suit :
Mons. Départ, 8 h. 4 m. du matin, au lieu de 8 h. 10 m.
Jurbise. Arrivée, 8 h. 22 m. du matin ; départ, 8 h.
24 m. id.
Braine-le-Comte. Arrivée. 8 h. 50 m. du matin, au lieu de
8 h. 56 m., en correspondance avec le train partant de
Braine à 8 h. 53 m. du matin, et arrivant à Bruxelles (Midi)
A 9 h. 29 m. du matin.
Conseil communal d’Anws.
. .. : , Séance du 9 janvier.
huis-clos. — Il est donné lecture de la pétition de l’As
sociatton libérale, par laquelle il est demandé que de nou-
veHés élections aient lieu pour remplacer les membres
décédés et démissionnaires du Conseil.
' Celte pétition est renvoyée à la commission du conten-
tieux.
NOÜVELLESÉTRANGERES.
ORIENT.
Nous apprenons, dit \aPatrie,de Paris, par des dépêches
toutes récentes de la Canée, que le fils de Petropoulaki,
demeuré en Crète après le départde son père, vientde faire,
ainsi que les volontaires qui l’accompagnaient, sa soumis-
sion entre les mains de Mehemed Ali pacha.
Ces malheureux sont restés pendant près de dix jours
dans la montagne de l’Ida, exposés aux plus dures priva-
tions. Dix sont morts de froid. Ils avaient été abusés par
les dépêches mensongères du comité insurrectionnel d’A-
thènes qui leurannonçaient que les puissances venaient de
î’îler°n0nCer aU dern'er momeiit pour l’indépendance de
Après avoir reçu leur soumission, on les a conduis à la
Canée, ou les soinsles plus empressés leur ontété prodigués.
.ÜLont £endu Ieurs armes et devaient s’embarquer sur le
Marco-Polo, pour se rendre eh Grèce, afin d’y être inter-
“és■ c„ea Malheureux paraissent complètement désabusés,
et après la clôture de la conférence, ils seront renvoyés
dans leurs foyers.
FRANCE.
On lit dans le Journal i
.-La conférence a tenu aujourd’hui sa première réunion à
1 hotel du ministère des affaires étrangères. La prochaine
séance aura lieu mardi prochain. »
. Nous pouvons ajouter que M. Desprez, directeur poli-
tique au ministère des affaires étrangères, a été désigné
comme secrétaire de la conférence. On avait d’abord eu la
pensée de réunir la conférence demain lundi ; mais l’am-
bassadeur ottoman attend encore des instructions supplé-
mentaires, qui n’arriveront qu’aujourd’hui ou demain Le
brruit a couru aujourd’hui que M.Rangabé.le ministre grec
avait déposé une protestation contre le rôle consultatif qui
T la Grbc,e’ et ^u’ü s’était retiré : ce bruit nost
pas exact. Le ministre grec a pu faire quelques réserves,
mais îln a pas quitté la conférence et il siégera mardi a
la prochaine séante. 1
impression générale est favorable à une
Pa d.ans l’opinion des plénipotentiaires,
enrSîdd- m10ü définmve de la Crète en augmente encore
considérablement les chances. {Temps)
Le Journal de Paris assure que certaines négociations
ayant trait à un emprunt de 4 à 500 millions, basé sur la
liquidation des biens ecclésiastiques, auraient été, dans
ces derniers temps, entamées entre le gouvernement italien
fHa matson Fould. Il ajoute que cette opération financière
présentant peu de chances d’aboutir de ce côté, dés pour-
parlers • sur le même sujet auraient déjà eu lieu entre
M. Nigra et la maison Rothschild. Il a ajouté encore que
nM,Un2rn,Mises en circulation récemment
aaLa du Trésor italien sont empreintes d’une in-
contestable exagération.
„"Nous avons l'eu de considérer cette dernière informa-
lrnal& Pans comme parfaitement exacte, et
de piwJ ‘'bu-era d aWa?t P,us de créance que le Journal
tendisse a rJi^HISa0nile sait’ fa]t.profession d’une grande
sihfntînn .A,1 de la monarchie unitaire italienne. La
r"a501 actuelle du Trésor italien ne peut, en effet, donner
dfl r.imÏÏnenmqaiéMde' L’intelligence et la fermeté de M.
X^ray-Digsy et l? succès de ses dernières opérations
rf'renu.le retour des embarras que cet actif ministre
5 v,s accumulés sur les finances de son pays au
moment où il en a pris la direction. 1 y
Il est positif néanmoins que la complète liquidation du
AAZA I?°lne/cc éslast,que uemeure au premier rang des
opérations financières que l’Italie devra terminer dans un
délai assez prochain. Que le ministre italien ait eu la pré-
voyance d engager dès à présent quelques pourparlers à
uiVec ■ capitalistes, «Test ce qui nous semble
m,AlA’»0bable’ m,ais nous avons de fortes raisons de croire
oue le8 rfAS ^ont.jama>.s. eu la précision et ) 'urgence
M Journal de Pans est disposé à leur attribuer • le
exagéré d notammenta été en tout ceci fort
exagéré, et nous ajouterons que la nouvelle nue l’nn
égalemenf Ji'entI'ra iSS deMM- de RothschüTnous /embîe
également singulièrement grossie et prématurée. mD,e
{Patrie.)
promet un dossier curieux, qui contiendra 1*.
toi le tép^1Z“T"SnS,0!i‘’ °°nM U■
ûn voici une inouïe :
?’une C0Çlm™e du canton de Tessv aurait nia
tomme àe^v.f16 S?n ¥ise : *Olto à vendre ',i™* Pla‘
Uimme ses ouaüles s en étonnaient ;
le matin, avait considéi Jjlcmc.fi diminué ; on partait en
masse, et malgré toütes les désertions, on .était encore loin
d’être à l’aise.
Dieu sait avec quel appétit on a soupé, après ces fati-
gues ! Les cafés et les restaurants du bas de la ville sont
restés pleins jusqu’au point du jour. Cette fête a fait le plus
grand bien: le commerce bruxellois, qui en a déjà senti les
effets bienfaisants, fait des voeux ardents pour que les
deux grandes Sociétés se brouillent au plus vite, ce qui
leur donnerait l’occasion de se raccommoder de nouveau
avec éclat.
En somme,comme nous le disions au début de cet article,
la réussite de la fête a été complète au possible et le com-
merce bruxellois, qui en a largement profité, devra sou-
haiter de voir se renouveler plus souvent semblables fes-
toiements;une bonne partde cesuccès revient à M.Geelhand
qui a eu l’idée de ce bal, mais ii ne laut pas oublier non
plus les administrateurs et membres des deux sociétés qui
ont mené tout à bien.
ENTERS, 11 Janvier.
Ce matin, les commerçants notables se sont réunis,
à 11 heures, au tribunal de commerce,, afin d’élire
cinq juges, en remplacement de M. Cateaux-Wattel,
président, et de MM. Lodewyckx, De Roubaix, Joos-
tens et Havenith, membres sortants.
Voici le résultat del élection :
Président : M. D. Mauroy.
Juges : MM. Grisar-Mauroy; J. Vander Taelen;F.
Coosemans ; Van Gastel-Gantois.
Juges suppléants : MM. Callaey ; Quevauxvillers ;
Ch. Michiels ; Léopold Claeys. *
Samedi soir, les magasins de MM. J. L. Lemmé & Ca
de cette ville étaient en fête à l’occasion du 25® anni-
versaire d’entrée dans la maison, du magasinier en
chef M. Fierens. Après avoir reçu de riches cadeaux
de ses patrons, des employés du bureau, chefs de cor-
poration et ouvriers, il a réuni ces derniers dans un
banquet où la plus entière cordialité n’a cessé de régner.
Divers discours bien sentis ont été prononcés, dans
lesquels les mérites du jubilaire ont été hautement
appréciés.
Hier après-midi, un magasinier est tombé à fond de
cale d’un navire, amarré au Dassin, et a été transporté
à l’hôpital grièvement blessé.
— Depuis quelques jours on volait les engins de
sauvetage qui se trouvent sur différents points le long
des Bassins. La police, qui s’ôtait mise en embuscade, a
arrêté un individu au moment où il enlevait une
drague au pont de fer.
— Les trois bals masqués que la Société royale
d’Harmonie offre à ses membres, auront lieu les sârtïé-
dis 16 et 30 janvier, et le lundi du Carnaval 8 février.
Le lendemain, 9 février, aura lieu le bal costumé d’en-
fants, dans la grande salle du local d’hiver.
— Au marché au bétail de ce jour on a exposé en
vente, 101 bœufs, 1 taureau et 150 vaches; total 252.
Le bœuf sur pied a été vendu à 82 c., le taureau à 44 c.
et la vache à 58 centimes par kilogramme.
— La viande dépecée a été vendue chez les bouchers
pendant la semaine passée aux prix suivants :
Bœuf fr. 1-36 à 1-68 ; vache fr. 1-20 à 1-48 ; veau fr.
1-50 à 1-60 ; mouton fr. 1-28 à 1-62 ; porc fr. 1-36 à 1-68
le kilogramme.
— Société de musique. — Lundi 11 courant, à 8
heures du soir, réunion ordinaire pour tous les mem-
bres effectifs.
— Oratorio De Schelde. — Répétition générale pour
les Dames et les Messieurs — demain mardi à 8 heures
du soir, au conservatoire, rue des Aveugles. 139
Renseignements météorologiques transmis par F observa-
toire de Pans.
Matinée du 10 janvier.
65 Edimbourg, Cherbourg, Bilbao, Palerme; 70 Pé-
tersbourg, Skudesnas, Bruxelles, Venise, Odessa; 75
Leipzig, Vienne. — Sur la Manche vent modéré entre
E. et S.-E., cependant au Havre S.-E. très fort. Le
baromètre baisse et les vents tournent au S.en Irlande-
la mer est encore peu agitée à Valentia.
elle
BE.'_eiQUE.
Le ■- Bruxelles, lojanvier.
' “and^ Kuborn au château de Laeken pour
dition SUJ6tjde S0P remarquable travail sur la con-
dition des femmes dans les houillères
Fa<ïua.ri‘rm vient d’être définitivement
ifiriT«HaP mnotar’é devant Iô notaire Van Bevere,
J Jacobs F MM-Mosselman, de Francquen,L.-G. Clynans,
désiffnÜfknm- Sohmitz et le docteur Hammelrath ontété
F11 ne k H ; r^Lme membres du conseil de surveillance. M.
nuUnih^recteur-gérantde iaSociété, a annoncé que dé-
fi,,.. JOnrs. ou travaille activement à la eonstrue-
rav , de l’aquarium et qu il espère, le temps restant favo-
.010, le voir inaugurerpourle 15 mai prochain.
— Le bal donné au Grand-Théâtre par les sociétés de la
xjrande Harmonie et de la Philharmonie réunies a réussi
aü delà de toute espérance ; c’est sans contredit la plus
belle fête que nous ayons eue depuis longtemps à Bruxelles.
On peut aire sans exagération que ce bal avait mis sur
pied la moitié de la ville.
, Quand les portes se sont ouvertes, la foule qui attendait
s est précipitée avec une véritablefureur. En un instanties
loges, qui étaient au premier occupant, ont été envahi es,et
moins d’une heure après, il n’y avait plus dans cette im-
mense salle, place pour un fétu de paille. Les couloirs
étalent encombrés jusqu’aux troisièmes, et les coins les
plus noirs, les plus incommodes abritaient des bataillons
entiers. Il y avait des dames en toilette assisesjusque sur
les paliers de 1 escalier. On évalue à cinq mille le nombre
des personnes qui ont passé par le controle de neuf heures
à minuit. L’entrée était patrieulièrement difficile. On arri-
vait porté par la foule, et la descente du grand escalier qui
conduisait des loges de premières dans la salle, était une
opération très-périlleuse, et très-longue surtout. Sur le
parquet même on remuait à peine. Les danseurs serrés les
uns contre les autres, étaient réduits le plus souvent à
danser sur place. La chaleur était suffocante. Toutlemonde
— comme dans la fable — suait, soufflait, était rendu ..
L'animation, malgré cela, était extrême. On dansait avec
un entrain inimaginable. Par contre, on intriguait fort
peu. Les masques, du reste, n'étaient pas nombreux, et le
carnaval était surtout représenté par des dominos. Beau-
coup de travestissements ; de ces travestissements anodins
dont un nuage de poudre, quelques broderies et un assem-
blage decouleurs voyantes font tous les frais. Il y avait peu
de jeunes filles qui n eussent arboré cet .uniforme bariolé,
:et d'ensemble de toutes ces toilettes multicolores formait
un coup d’œil ravissant.
Les costumes de caractère brillaient par leur absence, ou
du moins par leur petit nombre. Toute la nuit on a vu un
drapeau belge, porte par les mains d’une danseuse, se ba-
lancer en cadence au-dessus de la foule.
La salle avait reçu la décoration qu’elle reçoit habituel-
. lement les jours de bal masqué. Les couloirs, le foyer, le
S rand escalier, éclairés à giorno et encadrés dans les glaces,
ans la verdure et les fleurs, avaient un aspect féerique.
A minuit et demi, les danses, un moment interrompues,
ont repris de plus belle et au milieu d’un entrain toujours
croissant pour ne finir qu’à quatre heures, La foule, vers
FAITS DIVERS.
M.Le général Renard vientde prendre une mesure qui sera
bien accueillie par les flamingants ; il a décidé, parait-il
que les réglements militaires seront désormais tous tra-
duits en flamand, et déjà un règlement pour les troupes
campées, rédigé dans les deux langues, est affiché au camp
de Beverloo.qui a sa garnison permanente et son comman-
dant de place.
— On écrit de Masnuy-Saint-Pierre :
“ Hier, vers cinq heures du matin, le nommé Bourrée
âgé de 72 ans, garde de barrière au chemin de fer de l’Etat!
a été trouvé sans vie à quinze mètres de sa barrière ; il
avait la tête et la main gauche horriblement mutilées On
présume que ce malheureux a été atteint par la locomotive
du train de marchandises passanten cet endroit vers deux
heures du matin. »
— Le Journal de Paris annonce qu’un douloureux
accident vient d’arriver à la famille d’Orléans.
,ltM| de.c,ü “ois, il y avait chasse à courre à Norton, pro-
pnété rie M. le duc d AuMale, dans le Worcestershire Le
due de Guise, fils du duc d’Aumale, qui n’est âgé Que de
quatorze ans, assistait par exception à cette chasse Le che-
le dPucqUdeerrq,^LPrÔCéd?U le««ne prfflce s’est abattu
arrêter son ch«T-AiSÎLquolque trôs cavalier, n’a pu
tre le che- fai*temps Pour l’empêcher de butter eon-
seCr- 7. 'î,a, du piqüeur et de tomber à Son tour. Cette
wpde chute a été si malheureuse que le duc dé Guise
8 S0Û 6îl6Val et s’0®1 casse une jambe,
Les inquiétudes provoquées par cet accident avaient
d abord été très vives. Heureusement une dépêche télévra-
teeetriVée- à?aJi-shier au soir annonce qui ôdu
biessé est aussi satisfaisant que possible.
maie UC d@ Guise esl luni(lue fils survivant du duc d’Au-
!.«£,»: 5sbs !s?las a*é’4» ne
(Propagateur du Nord.)
me^er8%^mièrereprtSCT--«pn de..., il y avait sur le
v- e *-,e stalles Jules Janin et un spectateur auquel
«ous faisous la grâce de ne pas imprimer son nom. Voici
seulement le signe particulier de son portrait : il vient ré-
cemment de quitter la presse indépendante pour servir le
ministère , mais cela ne l’engraisse pas encore, car il est
d’une maigreur à faire rêver l’ombre de feu Bâche, de ma-
caranique mémoire.
Après le deuxième acte, Julius Ventripotens regagnait
péniblement sa place, non sans écraser ses voisins.
— Quand on est gros comme ça, fit notre homme en
maugréant, on ne vient pas au théâtre.
— Que voulez-vous, monsieur? répondit le critique des
Débats avec son plus gracieux sourire, il n’est pas donné à
tout le monde d’être plat.
La galerie, sans pitié, comprit et le laissa voir.
— Un monsieur entre l’autre jour dans un magasin pour
acheter des cravates. Un de ces jeunes commis qui disent
si bien : « Voyez, madame, ces flots d’azur » étalait devant
lui les dernières nouveautés du genre et cherchait à fixer
son choix sur une nuance solferino qu’il déclarait irrésis-
tible.
— Non, dit le client, je préfère les couleurs sombres.
— Ceci est pourtant ce qu’il y a de mieux, monsieur.
— Je ne les trouve pas de bon goût.
— Ah ! dit le commis piqué, pourtant, monsieur, je n’en
mets jamais d’autres.
— Une erreur. — Voici une piquante historiette d’hier
racontée dans une chronique de l’impartial de l'Est :
La scène se passe à la brasserie du faubourg Mont-
martre, presque contiguë au café Vachette.
Il est entre onze heures et minuit.
Un des habitués, Delannoy, l’amusante ganache du Vau-
deville, fait son entrée, hermétiquement boutonné dans un
paletot.
Aussitôt, chacun de se lever et de venir lui serrer affec-
tueusement la main.
» Ah ! bonjour Delannoy, bonjour ma vieille. — Mes
compliments sincères. — Ça vous était bien dû ; mais,
enfin... vous savez... le préjugé?... — Quel préjugé ? de-
mande Delannoy, fort intrigué de cette réception insolite.
— Dame ! un comédien !... — Eh bien ! un comédien ?...
fait notre homme de plus en plus ahuri. — On l’a fait pour
Samson, c’est vrai... mais Samson n’est plus sur les
planches... tandis que toi Delannoy... — Après ?... moi,
Delannoy ?... Sapristi ! expliquez-vous, mille diables!
Assez de bassinoire comme ça... Je ne joue les pères din-
dons qu’au théâtre!... — Tu te fâches? Alors, pourquoi
lafflehes-tu, si tu ne Veux qu’on te félicite ? — Afficher
quoi ? féliciter de quoi ? — Mais du ruban rouge que tu
portes à ta boutonnière. — A ma boutonnière ? un ruban ! »
Il penche la tete. — C’est, ma foi, vrai ! Moi, décoré ! par
quel miracle ?...>• r
Se frappant le front : — Etourneau que je suis ! je viens
de souper avec Sardou. - Et c’est pour ça qu’on te déco-
re?— Imbécile !... Je me suis trompé de paletot. »
— Il y a deux jours a eu lieu le mariage de MUî Berna-
dotte, la fille du cousin du roi de Suède, qui est teinturier
à Suresnes.
— Dans une grande propriété, près de Pesth est mort,
U y a 3 mois, un vieux garçon âgé de quatre-vingts ans. Il
s appelait Stanislas Poltzmary. Tout le pays l’a.imait, car il
faisait beaucoup de bien. On le savait très riche, million-
naire.
Quelques jours après sa mort, on ouvrit son testament.il
était trôs court Après avoir laissé des pensions à ses vjèux
! domestiques et des sommes pour "les pauvres, Stanislas
; Poltzmary instituait son'légataire universel Me François
: Lotz...., Hongrois d’origino, notaire dans une petite vüle,
près de Vienne.
I Le testateur n’a mis qu’une seule condition ;
« Mes biens, a-t-il écrit, appartiendront à Me Lotz...
lorsqu’il aura chanté, ou au San-Carlo de Naples, ou à la
Scala de Milan, deux rôles : celui d’Othello, et l’autre
d’Elvino, dans la Somnambule. ,
» Ce n’est pas pour être original que je dispose de la sorte,
continue le testateur. Non, Me Lotz, il y a quatre âns, a
chanté devant moi. dans une soirée à Vienne, la caratine
d'Othello, et le grand air date Somnambule avec une voix
de ténor des plus jolies. Je le crois donc un excellent ar-
tiste. D’ailleurs, si le public le siffle, il s’en consolera fa-
cilement avec les 3 millions de florins que je lui laisse. »
M8 Lotz est depuis un mois à Naples. 11 se prépare à
exécuter la volonté de celui qui le rend riche, et qu’il con-
naissait à peine.
— La langue parlée a ses coquilles tout aussi bien que
la langue imprimée,
En voici un amusant échantillon :
L’autre soir, au théâtre du Havre, un artiste, plus habile
à chanter qu’à parler, vient faire une annonce au public.
Il s’agit de lui apprendre l’enrouement subit de la prima
donna et de réclamer son indulgence.
L’orateur ému s’avance et ouvre une large bouche...
mais la langue lui fourche et il dit, le mainettreux : » Je
suis fâcheur de porteuses nouvelles .. »
Cela rappelle un débutant qui n’avait que ce mot à dire
dans la pièce, en voyant apparaître une jeune femme : <• La
voilà qu’elle est jolie ! «
La langue lui fourcha aussi et il dit: « La voilie...
qü’elle est Jola ! -
— Les travaux du chemin de fer de Niederbronn vien-
nent de mettre à découvert Un cimetière antique sur le
versant de la côte qui domine la promenade centrale.
Les corps étaient inhumés à peu de profondeur, et à la
suite l’un dej’aiffre.dans un terrain argileux où ilss’étaient
parfaitement conservés.
Iis étaient orientés tous de la même manière, les pieds
tournés entre le levant et le midi. Sur cinq sépultures qui
ont été déterrées jusqu’à présent, deux contenaient des
armes de fer (haches et lames de coutelas), et une autre
quelques menus objets de toilette en bronze avec les grains
d’un collier en terre cuite émaillée.
La hache et le coutelas, ou sabre droit à un seul tran-
chant, furent les armes nationales des conquérants ger-
mains qui soumirent la Gaule au cinquième Siècle de
notre ère. L’usage de ces barbares étant de se faire en-
terrer habillés et équipés comme s’ils l’eussent été pour
aller au combat, partout où ils eurent des établissements
on trouve les coutelas et la hache en compagnie de leurs
ossements. Ce mode d’inhumation, dont les monuments
commencent pour nous au cinquième siècle, paraît avoif
été observé jusqu’au milieu du septième. Les sépultures
de Niederbronn appartiennent plutôt à la fin ae cette
période, à cause de leur orientation, qui dénote des gens
déjà convertis au christianisme.
La tombe qui recëlaii au bronze parait âvoir été celle
d’une femme. Elle offrait cette circonstance singulière, quô
les objets, au lieu d’être à leur place sur le corps, avaient
été mis danslamaindroffe de la personne,et la main fermée.
Les os du squelette exprimaient encore ce mouvement. Ils
enveloppaient Une motte de terre dans laquelle On aurait
dit qu’avaient été pétris les objets. Ceux-Ci sont de peü dô
valeur. Ils consistent en trois anneaux, dont l’un a été une
bague, l’autre un coulant et le troisième la face d’une broche
ou agrafe qui s'attache sur la poitrine.
Il y avait avec cela trois monnaies romaines, deux pe-
tits bronzes et un grand, dont l’empreinte est complète-
ment effacée. Ces pièces sont beaucoup plus anciennes que
la sépulture. Les deux petits bronzes sont percés chacun
d un trou, indice qu’ils ont été suspendus à des bracelets
ou à un ruban de cou. Quant à la grosse pièce, il y a toute
apparence qu’elle a été mise là pour payer le passage de la
défunte dans l’autre monde. Cette pratique du rite funèbre
des Romains, empruntée par quelques tribus germaniques,
s’est maintenue jusqu’à ces derniers temps dans plusieurs
contrées de l’Allemagne qui avoisinent la vallée du Bhinj
Le cimetière barbare de Niederbronn a dû servir pen-
dant un assez long intervalle de temps. Dans un endroit
s’est montrée la superposition de deux sépultures. L’un des
guerriers francs ou allemands qui ont fourni les lames de
coutelas avait reçu sur son corps un cercueil en grès
rouge qui peut dater du huitième ou du neuvième siècle.
Bienfaisance.
On nous recommande une œuvre de bienfaisance qui,
(Taprès nos propres renseignements, mérite d’inspirer
tout intérêt : Le nommé Arnold De Laet, honnête me-
nuisier, établi à St-Laurent, près de YBertsdein, vient
d’être frappé par un de ces coups du sôrt qui anéan-
tissent parfois jusqu’aux forces vitales d’un chef d’in-
dustrie. Pendant quatorze ans, M. De Laet avait àssurë
son établissement contre l’incendie. Le terme de son
assurance était expiré depuis quelques semaines seu-
lement, n’avait pas été renouvelé pour cause de chan-
gements à faire et dans cet intervalle un incendie est
venu tout-à-coup détruire une valeur de 7,000 fr: Le
sietir De Laet est père, de cinq enfants et ne saurait se
relever du coup terrible qui vient de l’atteindre, sans
l’assistance de la philanthropie. Quelques personnes
viennent d’en prendre l’initiative. Une liste de sous-
cription sera déposée au local le Chapeau Rouge, Vieux
marché au Blé. Nous sommes certain que les organi-
sateurs de cette bonne œuvre obtiendront le résultat
qu’ils ont en vue.
Société Royale d’Harmonie.
Nous avons assisté avant-hier à une des pius jolies
soirées musicales de cet hiver. Après le condert Sa-
muel, la séance de samedi a été pour la direction de
la Société d’Harraonie, un nouveau triomphe auprès
des membres accourus, très nombreux, à cette fête. Il
êst impossible de ne pas suivre avec un charme saisis-
sant les belles variations de Haendel, jouées avec tant
de virtuosité par M. Alfred Jaell, et où l’oreille écoute,
ravie, ces notes qui tombent une à une comme des
perles pour aller se perdre dans un dessin harmonique
artistement nuancé et à contours délicats. Non moins
vive a été l'impression produite par la Valse de Faust.
ni. JàexiiJous n ÜîèE comprendre cette simple ét
riche inspiration musicale, ave'ô SOïl charmS entraî-
nant, ses oppositions gracieuses ; le plaisir et le senti-
ment se révèlent dans le développement des motifs
sur lesquels est tissée la trame de cette valse, qui est à
elle seule un chef-d'œuvre,et l’éminent pianiste quenous
avons applaudi, y a donné un relief dont nous le re-
mercions.
En parlant d’abord de ces deux morceaux, nous in-
tervertissons l’ordre du programme. Et pourquoi pas?
Pourquoi ne pas parler a’abord de ce qui nous a le plus
intéressé à ce concert? Nous le faisons avec d’autant
plus de satisfaction, que ces deux morceaux avaient
été choisis avec beaucoup de tact pour une séance,
comme celle de samedi.Ajoutons que tout le programme
était bien composé, et que de la part de M. Jaell sur-
tout le choix était irréprochable. Ii faut savoir déter-
miner son cadre suivant les circonstances, c’est un
point difficile et par lequel on pêche souvent, et parfois
l’introduction de telle partie jette du froid sur tout un
concert. Celui de samedi était irréprochable à cet
égard et, en le signalant, nous ne sommes que l’échô
des nombreux éloges qui ont répondu aux nôtres le soir
même de la fête.
On ne peut parler du plaisir causé par les deux mor-
ceaux précités, sans ajouter, qu’il faut placer sur la
même ligne, le succès avec lequel M. et Mme Jaell ont
exécuté l’impromptu pour deux pianos sur un thème
du Manfred de Robert Schumann. L’auditoire parais-
sait suspendu à ce flot d’harmonie si naturellement
soutenu, si lié, se déroulant et se resserrant avec une
grâce si originale et si moelleuse, et les chaleureux
applaudissements qui ont salué Mme Jaell et son parte-
naire avaient un caractère de spontanéité, digne hom-
mage au talent de leur interprétation, non moins qu’à
l’œuvre elle-même.
M. Jaell s’est encore fait entendre dans une œuvre
magistrale et pleine desentiment de Mendelssohn-Bar-
thoïdy ; le concerto en sol mineur. Secondé dignement
par l’orchestre de la Société, M. Jaell a excité l’intérêt
général par la manière large et sentie dont il a inter-
prété cette œuvre.
Mlle Olivier, forte chanteuse de notre Théâtre-
Royal, a chanté d’une façon magistrale et avec une
rare puissance de voix le grand air d'Ernani ; son
chant nous a paru, au contraire, manquer de justesse
et d'expression et rester quelque peu incolore dans la
sicilienne des Vêpres siciliennes.
L’orchestre mérite des éloges pour la part très sé-
rieuse qu’il a eue au succès de cette soiree. C’est sur-
tout dans l’ouverture du Songe d'une nuit d'été et dans
la Marche Turque de Mozart, qu’il a obtenu les applau-
dissements les plus vifs et plus unanimes.
Cercle Artistique.
Aujourd’hui lundi, 11 janvier, dans le salon d’expo-
sition, conférence de M. J. H. Duykers..
Les victimes de Boileau.
Sciences, Lettres et Arts.
Le journal l'Art médical publie le compte-rendu sui-
vant d’une intéressante conférence donnée au. Cercle
artistique et littéraire de Bruxelles parle docteur Laus-
sedat, sur les poisons et les empoisonneurs :
» La réputation si justement acquise du conférencier
avait réuni dans les salons du Cercle un auditoire d’élite.
« Ecrire et causer sur les poisons et les empoisonneurs
est chose facile, quandi commeiè Dr Laussedat, onpossôde
son sujot à wndr: mais intéresser, pendant une heure, un
public compôséfd'élémentsdivers, le captiver en donnant
de l’attrait à un Sujet dont la science positive devait faire
les principaux frai s,pouvait présenter plus d’un écueil,
devant lesquels l oraieur n’a point reculé, et que,bienplus,
il a su éviter en accordant à la forme tout le pittoresque
que pouvait comporter un semblable sujet, sans cependant
rien sacrifier à la gravité du fond.
» Toxicologie, médecine, thérapeutique, statistique, his-
toire, toutes les sciences y ont trouvé leur place; complé-
tées par une érudition profonde, des saillies anecdotiques,
une saine critique.
” Le souvenir de cette intéressante soirée restera gravé
comme celui de la conférence de l’année dernière, sur le
cœur,où notre aimable confrère faisait si bien comprendre
ce qu’est le eoeur anatomiquement et physiologiquement et
où il faisait si bien Comprendre son action sur les âmes
sensibles et généreuses.
» Conséquent avec la définition qu’il avait donnée des
poisons et faisant allusion à l’empoisonneMent moral, le
docteur I.aussedat a terminé sa conférence par ces paroles
qui ont été vivement applaudies :
« J’aurais pu aujourd’hui même, dans une conférence
sur les poisons en général, en traiter un ordre spécial que
j’ai à peine indique, l’ordre des poisons moraux : ceux-ci
non moins nombreux peut-être et à coup sûr plus funestes
que les poisons matériels entravent l’essor de l’humanité,
arrêtent lesi sociétés dans les conquêtes et le développe-
ment des sciences qui s’offrent à elles sous tant de formes.
L’influence corruptrice de ces poisons moraux est telle
qu’on est tenté de se demander souvent si la civilisation
fait des progrès réels, si elle ne marche, pas parfois à recu-
lons, ou si enfin elle est condamnée â se mouvoir dans
un cycle fatal.
Tout le monde reconnaît qu’il existe des empoisonne-
ments moraux. Malheureusement les esprits diffèrent sur
les causes qui les produisent on les entretiennent, par con-
séquent sur les moyens de les combattre, dé les détruire
sûrement.
On se renvoie même de part et d’autre des accusations
propres à envenimer encore le mal.
N’y a-t-il donc pas cependant des principes de morale,
de justice, de probité, d’honneur sur lesquels la conscience
humaine de tous les temps, de tous les pays a été univer-
sellement d’accord.
Eh bien, qu’entre tous les gens honnêtes, à quelque
croyance, à quelque parti qu’ils appartiennent, il se forme
enfin une ligue, une croisade contre les méfaits et les mal-
faiteurs de toutes sortes : que les masques soient arrachés
aux hypocrites et aux fourbes seuls intéressés à tromper,
à corrompre, et nous nous rapprocherons chaque jour un
peu plus au règne de la justice et de la vérité.
Pérmettez-moi donc, en terminant, de vous convier à
une guerre sans trêve et sans relâche à tous les poisons, à
tous les empoisonneurs. »
IVéerologle.
M. Paul Huet, l’illustre paysagiste, est mort subitement,
hier matin, à Paris, frappé d’une attaque d’apoplexie
foudroyante.
— On annonce de Berlin la mort du professeur Lanchert,
célèbre peintre de portraits. M. Lancnert avait épousé une
princesse de Hohenlohe.
VARIÉTÉS.
Lettre d’un charmant enfant.
Cet enfant appartient à la religion de Bouddha. Il n’y a
pas de mal à cela, n’est-ce pas?
Il a vu le jour dans le pays du soleil levant et compte
Sarmi les sujets du taïschi de Satzouma, roi des îles Liou-
doù. Il avait quatorze ans et promettait aü Japon un
homme distingue, quand la nouvelle arriva en Asie qu’üne
exposition üniverselle de tous les produits humains s orga-
nisait à Paris. Le taïschi de Satzoüma voulut fournir son
contingent à cette grande manifestation industrielle, et ii
donna l’ordre d’expédier pour la France quelques ballots
de produits indigènes. Il envoya aussi à Paris un certain
nombre de ses sujets avec! mission de voir l’exposition, de
lui en rendre compte, et d’étudier les mœurs, les lois, les
usages, la religion des Français dont on dit tant de choses
contradictoires dans toute la confédération japonaise.
Lejeune fils des îles Liou-Kiou fit partie de l’expédition,
et son père le confia à un de mes amis, M. M..., pour qu’il
le plaçât dans une maison où il pût recevoir une instruc-
tion solide et libérale.
— Faites un homrûe de mon fils, lui dit-il. Qu’il s'in-
struise dans votre industrie,dans Vos sciences, dans votre
littérature et dans vos arts. Je désire qu’il se mette ainsi à
même de servir pltls tard son pays. Il est né dans le culte
de Bouddha; qüil conserve sa religion. Ce n’est pas que
j’estime plus cette religion qu’une au(re, bien qu’elle soit la
plus ancienne et qu’elle ait fourni des éléments à toutes
celles qui se partagent les âmes aujourd’hui; elles ont
toutes fait du bien et du mal. D’un autre côté, je con-
nais à Kiouhiou, â Sikokou, à Nipponne, à Jesso et même
àSaghaline, des hommes indifférents en matière de culte
qui n’en sont pas moins detrês honnêtes gens, etjesaisdes
dévots bouddhistes etdes fanatiques Drâhmanistes â qui je ne
confieraispasun tempo de notre monnaie qui vaut douze
centime^ de la vôtre.Mais précisément parce qu’à mes yeux
les religions Se valent, il me paraît inutile d’en quitter une
pour en prendre une âütre; d autant qu’il n’y a qu’un Dieu.
Toutefois, si la religion de ia majorité des FTançais.dont le
pontife n’est point en France, mais vit en roi dans l'an-
cienne ville des Césars, paraissait à mon fils plus propre
que le bouddhisme à former de bons citoyens, à hâter les
progrès de la civilisation par l’amour de la science et
l’horreur de la superstition, je le laisse libre d’obéir à son
j Sgsmsat et de se faire baptiser.
Ainsi parla très sagement le père de ce jeune Asiatique,
qui est aujourd’hui placé dans un denos meilleurs pension-
nats. Sa gentillesse autant queson esprit l’ont fait surnom-
mer de ses camarades le Charmant enfant. J’ai eu plusieurs
fois l’occasion de ie voir et de lui parler,- car il parle déjà
très-couramment notre langue. Sa physionomie originale,
son teint cuivré, ses yeux doux et taillés obliquement, ses
façons caractéristiques inspirent tout d’abord l’intérêt et la
sympathie. Ses professeurs en sont ravis, car il n'est pas
dans toute la classe un écolier plus attentif què lui et qui
sache mieux profiter des leçons. Tous les quinze jours il
écrit au Japon pour faire part à son père de ses impres-
sions sur la France et le mettre au courant de ses études.
Par exemple, voiei de quelle manière, après avoir lu
l’Evangile, il a jugé que devait être Rome et son gouverne-
ment, soumis à l’Evangile plus qu’aucun autre pays du
monde. J’ai été assez heureux pour obtenir une traduction
fidèle de ce passage de sa lettre que jç livre comme un
soéciffien de raisonnement enfantin, de simple bon sens et
dé logiquô sur des choses auxquelles n’ont rien à voir ni
le boiî sens ni là logique. Je laisse parler le charmant
enfant. , . . .
» J’ai lu ces jour s passés l’Evangile d’après Otl saint qui
se nommait Mathieu. Rien encore ne m’avait aussi déli-
cieusement impressionné que cette lecture. C est qu il y a
dans l’enseignement du Vichnou de la Judée une douceur
passionnée, un amour ardentde l’humanité et une abnéga-
tion de soi-même qui seraient de la folie s’ils n’étaient su-
blimes et véritablement divins. Laissez-moi, mon père
très-aimé, vous citer quelques préceptes de cet admirable
enseignement.
« Bienheureux ceux qui sont doüx, parce qu’ils possé-
» deront la terre.
•* Bienheureux ceux qui sont miséricordieux, parce qu’ils
» obtiendront eux-mêmes miséricorde.
» Bienheureux les pacifiques, parce qu’ils seront appelés
» enfants de Dieu.
» Vous serez heureux lorsque les hommes vous charge-
« ront de malédiction, et qu’ils vous persécuteront, et qu’ils
» diront faussement toute sorte de mal contre vous à cause
» de moi.
» Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens : Vous ne
» tuerez point,et quiconque tuera méritera d’être condamné
» par le jugement. Mais moi je vous dis que quiconque se
» mettra en colère contre son frère méritera d’être con-
» damné par le jugement.
» Vous avez appris qu’il a été dit : Œil pour œil et dent
» pour dent. Et moi je vous dis de ne point résister au mal
» que l’on veut vous taire; mais si quelqu'un vous a frappé
» sur la joue droite, presentez-lui encore l’autre.
» Et si quelqu’un veut plaider contre vous pour vous
» prendre votre robe, abandonnez-iui encore votre man-
» teau. »
x Vous avez appris qu’il a été dit : Vous aimerez votre
x prochain et vous hairez votre ennemi. Et moi je vous
x dis : Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous
x haïssent, et priez pour ceux qui vous persécutent et qui
x vous calomnient.
» Car, si vous n’aimez que ceux qui vous aiment, quelle
» récompense en aurez-vous ? Les publicains ne le font-ils
x pas aussi ? »
x Quel codé, mon père très-aimé, et que les hommes qui
le suivent doivent être vertueux dans cette ville de Rome
que l’homicide n’attrista jamais, qui ne connaît ni la haine,
ni la vengeance, ni l'intérêt, ni l’orgueil, ni l’ambition, ni
aucune des méchantes passions humaines. Rome! ce doit
être le paradis ici-bas, car aucune des saintes ordonnances
du divin légi.-lateur n’a pu y être violée en vertu même
de cette autre ordonnance :
« Celui donc qui violera l’un de ces moindres comman-
x dements et qui apprendra aux hommes à les violer sera
x regardé dans le royaume des deux comme le dernier. .
x j'en étais là de ma lettre, mon père très-aimé, quand
mon correspondant, M. M.... est venu me voir. Il m a as-
suré avec un mal in sourire qu’il se trouve dans Rome comme
ailleurs des soldats qui tuent leurs frères toutes les fois
qu’on le leur commande, que ces soldats s’appellent les
soldats du pape, que ce dernier les bénit quand ils vont
tuer leurs frères et qu’il les bénit, de nouveau après qu'ils
les ont tués ; que dans cette même ville sainte on fait d- s
procès comme ailleurs, et plus mal jugés qu’ailleurs ; qu’il
y a des prisons, des gendarmes, des bandits, — et beaucoup
même, — des potences, des bourreaux, un ministre
de la guerre, et qu’on y guillotine des condamnés
politiques ; que quand on reçoit un soufflet sur la ioue
fauche on tache d'y répondre par un coup de poing du bras
roit; qu’on hait ses ennemis, et que souvent même on
n’aime qu ) médiocrement ses amis et ses alliés. En un mot
que tout se passe par les ordres du gouvernement du re-
présentant du Christ absolument comme si le Christ n’avait
jamais édicté ses lois. Il a été jusqu’à me dire, mon corres-
pondant, qu’il était de bon goût et fort â la mode en ce mo.
ment dans un certain monde d’offrir des zouaves au pontife
de Rome, comme on offre des pralines aux dames à l’occa-
sion du jour de i’aU.
x Et il a tiré de sa poche un journal vieux de quelques
semaines qui renfermait les lignes suivantes :
» On assure que M. le duc de Chevreuse, héritier du nom
x et de la fortune de son grand-père, M. le duc de Luynes,
» qui est mort le mois dernier à Rome, vient de faire don
» au saint-père de douze magnifiques pièces d’artillerie,
x Ce présent a rempli de reconnaissance le cœur évangd-
» lique du vicaire de Notre-Seigneur. Après avoir iremer-
x cié le jeune duc de Luynes, il s’est enquis de la manière
» dont il pouvait reconnaître ce cadeau, véritablement cé-
x leste : En me permettant, aurait répondu le duc, de.
x donner douze autres canons d Sa Sainteté, si ceux-là
» ne sont pas suffisants. »
x Vous, voyez, a plaisamment ajouté mon correspon-
dant, que les canons de l’Eglise se chargent aujourd’hui
j?âr la culasse, et que nous sommes en progrès sur le
temps oü Jésus ordonna à Pierre, qui voulait le défendre,
de remettre l’épée dans le fourreau. C’est m’a dit encore
mon correspondant, qu’il y a incomptabilité entre Je pou-
voir spirituel et le pouvoir temporel, entre le désintéresse-
ment de ceux qui n’ont que le ciel en vue et l’ambition de
ceux qui veulent régner en maîtres sur les hommes en re-
cherchant les honneurs avec la fortune.
» Je vais, mon père très-aimé, prendre de nouvelles infor-
mations, etsitouteequem’a dit mon correspondant est vrai,
je me hâterai de vous en instruire.Mais je ne puis lecroire,
car enfin on ne saurait être le représentant de certains
principes fondamentaux, les recommander comme divins,
les imposer à tous comme un devoir sacré et les mécon-
naître absolument soi-même. On ne saurait se montrer im-
pitoyable, signer l'arrêt de mort de malheureux égarés qui
demandent grâce et redire avec conviction cette prière de
tout bon catholique : « Mon Dieu, pardonnez-nous nos
x offrenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont
» offensés. » A mon humble avis, ce serait là un des faits
les plus bizarres parmi tant de faits bizarres que j’ai déjà
constatés dans cette Europe qui n’est pas aussi parfaite
qu’on le pense à Liou-Riou.
•> Je baise respectueusement la main de mon père très-
aimé et prie Bouddha qu’il le conserve de longues an-
nées. «
Ne trouvez-vous pas comme moi, cher lecteur, que c'est
plaisir d’entendre quelquefois raisonner les enfants, qu'ils
soient Japonnais ou Français? Leur petit entendement sem-
ble si juste, ils dissertent si logiquement au premier abord
et avec tant de naturel et d’honnêteté, qu’en vérité ce n’est
pas trop de la science de certains théologiens pour les met-
tre dans la bonne voie HeureusemetifDieu a permis que,
pour redresser dès l’enfance les sentiments naturels du
cœur et les facultés de l’esprit que nous tenons de sa bonté,
il y eû t partout des théologiens zélés qui dérangeassent ce
qu’il avait arrangé, et qui défissent ce qu’il avait fait eu
perfectionnant tout au moyen d’une science aussi simple
que facile à comprendre, comme chacun sait. Il est donc
temps qu’un de ces théologiens vienne au secours du char-
mant enfant dont les tendances philosophiques ne sont plu»
un mystère pour personne dans son pensionnat.
(Siècle.) Oscar Comettant.
8ULLETIN TÉLÉGRAPHIQUE.
Vienne, lojanvier.
La Nouvelle Pressé dit que le but principal de l’opé-
ration financière turque dont Daoud pacha était chargé
à Vienne consiste dans l’émission dun emprunt pour
les chemins de fer de 800 millions de francs.
Un comité international, composé de financiers des
diverses places Intéressées à cette opération, veillera
à ce que l'argent ne soit employé quA la construction
de chemins de fer. "
Le siège de la Société serait à Vienne, oü le Crédit
mobilier serait intéressé en première ligne à cette
affaire.
Hermanstadt, lojanvier.
La commission chargée des travaux préparatoires
pour les élections au Reichstag s’est réunie.
Les membres roumains ont refusé de prendre part
aux élections pour la Diète hongroise.
Florence, lojavier.
La Nazione dément le bruit d’après lequel le minis-
tère aurait décidé d’appeler sous les drapeaux une
classe actuellement en congé.
La Gazette officielle dit que dans la journée d’hier la
tranquillité a régné partout.
New-York, 10 janvier.
Un tremblement de terre s’est fait ressentir au Mexi-
que le 20 décembre dans les villes de Colilûa et de Man-
zanillo.
Il y a eu plusieurs personnes tuées.
Un grand nombre de bâtiments ontété détruits et
presque tous ont été endommagés.
A Cuba, Cespedes, chef des insurgés, a proclamé
l’émancipation des esclaves.
Les insurgés menacenttoujours Puerto del Principe.
DERNlEBES nouvelles.
Bureau télégrHjjlilqiKi Hava.i-Bulller
Reuter.
paris 11 janvier. '
Le rapport de M. Magne sur les finances dit que la
dette flottante a été ramenée de 902 millions à 727. Le
rendement des impôts indirects pendant l’année 1808
a produit un excédant de 34 millions comparativement
à 1867. L’exercice 1869 n’aura pas de budget respectif.
Les suppléments demandés n’atteignent pas 28millions
qui seront amplement compensés par l’excédant de
recettes des impôts.
Le budget ordinaire de 1870 est évalué en recettes à
1736 millions et les dépenses à 1650 millions, ce qui
présente un excédant de 86 millions, lesquels avec l’ex-
cédant du budget précédent serviront pour le budget
extraordinaire.
Le rapport dit ensuite que le budget de l’amortisse-
ment en 1870 aura 42 millions à placer en achats de
Le Vapport constat que l’année 1868 a été marquée
par des alternatives de confiance et d’appréhension,
d'activité et de ralentissement; que peu à peu l’opinion
publique s’est habituée à jugét* plus sainement les cir-
constances politiques, et qu’une reprise sensible a eu
lieu surtout dans les derniers mois.
Cette reprise, dit le rapport, est due à la confiance ;
elle prouve combien la paix est nécessaire au pays et
jusqu’à quel degré elle peut devenir féconde et combien
l’opinion publique a raison d’applaudir aux efforts de
votre majesté pour prévenir autant qu’il dépend d’elle
par une intervention amiable les conflits qui pour-
raient la troubler.
Londres, 11 janvier.
Le Morning-Posi annonce qu’à la conférence de Pa-
ris, le représentant d’Angleterre a donné les rensei-
gnements les plus explicites sur la situation du dif-
férend. . , , . .
La proposition dô la Russie,tendante à nommer une
commission internationaiô pour examiner les griefs de
la Grèce et l’administration de la Crète, a été écartée.
Bulletin des Bourses.
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