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AlWEtiS, Mardi 5 Décembre.
Ïhx-Xcuvfème aimée
539.
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7. 8-50. — Term. et Gand, 6 35, U, 2-50 B, 4-!5, 7. — Alost
Court., Mouse., Tourn. et Lille, 6-55, 11, 4-15.—Cal.,
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Chemin dô r». 2 ^0,4-15,7. t
Brug., Ost., 6 35, U. 2-50 E., 4-15.
Journal Politique, Commercial, Maritime et Littéraire.
PAIX. - LIBERTÉ. - PROGRÈS.
\ :nA st-Trond et Hass.,6-55, « 1,2-50.—Liège, 6 35 9-40 B., 11.2-50,8-50.#.- Verv.. Aix
1 " 35,9-40 E, 2-50,8 50 E.
— Gladbach, Dusseldorf, Crefeld, Rahrort, 9-40 E.
dfi W*3 ' R Anvers par Beveren, St-Nicolas Lokeren et Gand. 6 50.9-00, 13,6. —
e Gand, 6-20, 9-10, II, 2-15, 5 50.
D’Anvers pour Bred3, Oudenbnsch, 7.50, 9.45, (4 Oulenbosch et Etten)
5.50. — De Breda. 6.05, 9.10 d’E'ten, 11-50,5.10
Décembre.
BULLETIN POLITIQUE.
Une hausse de 2 65 a accueilli hier h Paris la nouvelle de la signa-
ture du traité d’alliance entre l’Autriche et les puissances occidentales,
si nous en croyons un cor respondant de Vienne le traité qui vient
(l'être conclu serait le traité offensif et défensif et non la convention
transitoire dont il a été question depuis quelque temps. Seulement,
il n'entrerait en vigueur qu’après un court délai employé h mettre la
Russie en demeure de se prononcer.
Les correspondances de Berlin du 2 décembre assurent que la mo-
bilisation parfielle de l’armée et l’appel d’une partie de la landwehr
aura lien du 15 au 20 décembre.—On disait aussi qu'il venait d’arriver
un courrier de cabinet russe qui avait apporté des dépêches pour les
cabinets de I.ondrcs et de Paris, la Russie s’étant déclarée prête h
faire connaître même à ces cabinets sa disposition à entrer en négo-
ciation à la suite de la médiation prussienne, mais le correspondant
ne garantit pas ce bruit, bien, dit-il, qu’il soit très répandu.
Le gouvernement prussien a reconnu la nécessité d’achever les for-
tifications de Posen, et comme le crédit de 2,600,000 thalcrs, ouvert
pour cet objet se trouve épuisé, le gouvernement en demandera aux
chambres un autre de 800,000 thalers. — 11 n’est pas douteux que le
gouvernement russe cherche de nouveau h faire un emprunt. Mais les
efforts qu'a faits dans ce but à Vienne et à Berlin, le banquier de la
cour de Russie, le baron de Slieglit/,, ont complètement échoué.
Le rétablissement de la ligne télégraphique entre Bucharest et
Vienne a permis au gouvernement français de recevoir une dépêche
du général Canrobert du 22 novembre. Elle constate, nous l’avons dit
hier, qu’aucun fait important ne s’est produit devant Sébastopol ; clic
dément ainsi celle que publie la Presse de Vienne du 50 novembre,
annonçant que de nouveaux combats auraient eu lieu le 16 et le 18.
La situation actuelle se caractérise donc par une défensive mutuelle ;
le prince Menchikoff constate, par son inaction même, l’impuissance
à laquelle l’a réduit la bataille d’Inkermann, et les généraux alliés at-
tendent l'arrivée complète de tous les renforts jiour prendre une of-
fensive décidée contre l’armée qui gène et menace les opérations du
siège.
Toutes les probabilités sont donc, on ne saurait trop le répéter, atin
de prévenir de nouvelles impatiences de l’opinion, pour une suspen-
sion de quelques semaines, suspension de tous points favorable aux
alliés, qui se renforcent journellement, comme le constatent toutes
les correspondances. Il ne serait pas étonnant que l’expédition des
renforts ne prit encore tout le mois de décembre. C’est donc le mois
de janvier qui paraît indiqué comme l’époque des opérations décisives
de ce qui est devenu maintenant la campagne de Crimée.
Une proposition vient d’être faite par M. l’ingénieur Pete et une
société de capitalistes anglais au gouvernement. Elle est acceptée
parle gouvernement britannique. Elle consisterait à envoyer une
grande quantité de rails en Crimée et de construire un chemin de fer
de Balaclava au camp des alliés. On expédierait immédiatement
10,000 tonnes de rails avec un cerlain nombre d’ouvriers et un che-
min de fer serait établi et prêt à fonctionner six semaines après l’arri-
vée des matériaux et des ouvriers à Balaclava. Le gouvernement an-
glais, en acceptant cette offre, est convenu avec les entrepreneurs que
le chemin de fer serait livré à l’armée alliée aussitôt qu’il serait ter-
miné. Ils ne demanderont que le remboursement de leurs déboursés,
ne voulant rien accepter pour leurs travaux et l'intérêt de leurs capi-
taux.
On écrit d’Ibraïla, le 15 novembre, au Moniteur, que les Russes ont
été chassés de la Dobrutscha. Le quartier général turc est établi à
Ibraïla.
l.e-Lloijd de Vienne, lr décembre, édition du matin, apprend de son
correspondant de Rucharest (25 novembre) que l’effectif des troupes
russes qui se trouvent en Bessarabie ne s’élève qu’à -10,000 hom nés
environ, répartis de la manière suivante : 15,000 hommes à Kilia,
Ismaïl et Réni ; 20,000 hommes à Leowa, Kischenew, Kagui et Beltsch;
et enfin 6,000 hommes se trouvent dispersés sur différents points de la
frontière.
La Patrie a reçu par le télégraphe une dépêche qui annonce, d'après
des avis de Cracovic, que toutes les troupes russes des provinces de ia
Baltique ont reçu l'ordre de partir pour les gouvernements du sud.
Une dépêche de Varsovie, du A, en confirmant le mouvement des
troupes vers les frontières autrichiennes, ajoute que la guerre avec
l’Autriche est considérée comme inévitable.
Dans la séance d’hier de la seconde chambre des Etats-Généraux de
Hollande, MM. Van Niespen, Storm, Van Gravesendc et Akerlaken ont
déposé une proposition tendante à la suppression du droit d’accise
sur le seigle.
Le résultat général-des élections danoises est maintenant connu.
Toutes ces élections, sauf celles de quelques petites localités, sont
auti-ministérielles.
A la date des dernières nouvelles de Copenhague le conseil des mi-
nistres s’était réuni au château royal pour délibérer sur la situation.
La correspondance ordinaire de Madrid du 29, nous apporte aujour-
d’hui l’allocution adressée aux Cortès par Espartcro, après sa nomi-
nation à la présidence. Ce qui nous frappe dans ce petit discours, c’est
que !c duc de la Victoire s’exprime comme s’il devait conserver la
présidence de l’Assemblée, réclamant l’indulgence des députés, pro-
menant d'observer le réglement, etc. Peut-être cumulera-t-il les deux
fonctions de président du conseil et de président de l’Assemblée. Du
teste, « il obéira toujours aux lois votées par les Cortès, parce qu’il veut
«que la volonté nationale s’accomplisse, cl qu’il n’y a pas de liberté
» possible sans l’obéissance aux lois. »
Les dernières correspondances d’Athènes constatent que le choléra
sévit toujours avec une certaine intensité dans celte capitale. On con-
statait journellement 20 à 25 cas, terme moyen, et se terminant, en
majorité, par la mort, soit dans les vingt-quatre heures, soit le lende-
main ou le surlendemain. Cette recrudescence n’est plus à attribuer
seulement aux vents du sud et à l’humidité qu’ils amènent; elle est
surtout l’effet de l’indifférence impardonnable d’un grand nombre
d'individus des classes inférieures, qui négligent et méprisent les plus
simples moyens préservatifs, refusent les secours gratuits qu'on leur
offre, ou en font négoce pour se livrer aux excès les plus blâmables.
Le steamer America, -cap. Lang, parti de Boston le 22 et d’Halifax le
21, est arrivé lundi à Liverpool avec des nouvelles de New-York du 21
novembre. Il avait à bord 90 passagers et S 600,000 en espèces.
lia rencontré le 25 le steamer Canada, entre Halifax cl Boston. —
L 'Asia est entré à New-York le JO.
Les élections sont terminées et ilest maintenant certain que M.Clark
est appelé à nous gouverner pendant deux ans.
Un changement devait avoir lieu dans le cabinet, par la retraite de
MM. Marcy, Campbell et Guthried.
M. Marcy devait remplacer M. Buchanan à Londres, M. Mason quit-
terait la légation française pour occuper un poste dans le cabinet.
MM. Soulé, Belmontet Seymour seraient rappelés.
Ainsi qu’une dépêche nous l’a annoncé déjà, le steamer Bahiana,
est entré samedi à Liverpool avec les malles du Brésil. Les dates sont
hueuos-Ayres 12 oct., Montevideo 16, Rio-Janciro 1er novembre. Rallia
*>! fernambouc 9, Madère 24 et Lisbonne 27. Son fret est de l£
5216.12 6 en or et en diamants pour une valeur de U 44,966. — Il
uvaii 12 passagers à bord.
---------—— mmmarnm —-------------------
Dépêches télégraphiques.
Londres, S décembre, au matin.
Consolidés 92 3/8 -1.2 ; 3 0 0 différée 18 3 4 à 7 8.
Emp. Turc 01 j2 0[0.
-------------- ■^■^n»jf4agpaaaT»Tiii ---
Election d’un Conseiller Communal.
A l’éleclioa de ce matin 627 électeurs oui fait acte de pré-
sence. La majorité absolue était de 314 voix.
M. Van Geetruyen-Schram a obtenu 505 voix.
M. Vebspp.eeuwen » 74
Les autres voix se sont portées sur divers noms.
Eu conséquence M. Van Geetruyen-Scuram , candidat du
parti libéral, a été proclamé Conseiller Communal.
Séance de la Chambre.
bans sa séance d’hier, la Chambre ne s’est pas ocei pée
jl.ue de rapports de pétitions et de demandes de naturalisa-
b°n. Elle a adopté, sans aucun débat, les conclu’sions d’un
feuilleton de pétitions présenté par M. Laubry, et a pris en
considération une dizaine de demandes de naturalisation
ordinaire. Au moment de passer au vote sur la demande de
pande naturalisation faite parle sieur Biver, officier d’é-
hu-major et professeur à l’école militaire, l’assemblée ne
s,est plus trouvée en nombre; le vote a été remis à la séance
a aujourd’hui, avant la discussion du budget des voies et
moyens. ° '
, R y a quelque temps, le Moniteur publiait un arrêté royal
autorisant l’achat d’une certaine étendue^e terrains situés
dans la commune de St-Gilles-lez Bruxelles et destinés,
aux termes de l’arrêté, ii l’extension et au déplacement de
la station du Midi. Le public qui craignait, et non sans rai-
son, de voir transporter la station du Midi à l’extérieur de
la ville de Bruxelles, s’est fort ému, et plusieurs journaux
de la capitale ont protesté très vivement contre cette me-
sure que rien ne semblait justifier. Hier, M. Thiéfry.député
de Bruxelles, a adressé à ce sujet une interpellation àM. le
ministre des travaux publics,qui s’est empressé de déclarer
que le mot « déplacement » avait été mal entendu, et qu’il
n’est jamais venu il l’idée de l’administration d’inaugurer à
Bruxelles un système semblable, quand toutes les autres
villes recherchent par tous les moyens possibles d’établir
les stations dans l’intérieur de leur enceinte.
Au début de la séance, M. le président a fait connaître
que les pièces relatives à l'élection de Bastogne avaient été
communiquées par M. le ministre de l’intérieur ; elles ont
été renvoyées à la commission de vérification de pouvoirs.
On disait hier à la Chambre que M. Tcsch prendrait le portefeuille
de M. Fai (1er, qui se retirerait du cabinet pour cause de maladie. Nous
tenons celte nouvelle pour impossible. (Emancipation.)
-.......... rm-murr.,. ----------
Les dernières pièces de la volumineuse enquête prescrite par le
gouvernement sur l’élection de Bastogne, n’étant pas encore arrivées
à Bruxelles, la 5e commission ne pourra pas, dit-on, déposer son
rapport avant jeudi prochain. (Idem.)
----------- — i'I”r:\:rriyp,a3r ---------------— -
Nous apprenons de bonne source, dit le Moniteur du Notariat, que
la commission instituée pour élaborer un projet de loi réorganique
de l’ordre judiciaire, vient de terminer son travail et que le départe-
ment de la justice a déjà reçu les documents qui s’y rattachent. Il faut
donc s’attendre à la présentation prochaine du projet de loi sur le
notariat.
Denrées alimentaires.
Tl est dit dans la note publiée et affichée dans toutes les
communes, par les soins de M. le ministre de l’intérieur ;
« On conçoit qu’ayant à acheter ce qui nous manque, dans
les,pays qui produisent au-delà de ce que réclament leurs
besoins, nous devdns y payer le blé au même prix que les
peuples qui sont obligés, comme nous, de s’approvis onner
à l’étranger, et qu’ainsi, quoique nous fassions, nos mercu-
riales ne peuvent pas descendre au-dessous du taux qui résulte
naturellement de cette concurrence. »
Cet avertissement donné au peuple par le gouvernement
est bon, mais il est incomplet. Une porte demeure ouverte
à des illusions, à des déceptions ; il eût convenu qiTèlle fût
fermée tout de suite, pour éviter des mécomptes dont on
peut avoir à se repentir.
Une de ces illusions est celle-ci : —Avant, pendant et
après la discussion du projet de loi sur la prohibition à la
sortie des céréales, on s’est fait un argument de l’abondance
de la récolte, dont on reconnaissait cependant l’insuffi-
sance, pour assurer l’alimentation du pays et Ton a ainsi
raisonné : en empêchant la sortie de nos grains, en les ré-
servant tous pour notre propre consommation, nous som-
mes sûrs d’avoir un fond d’approvisionnement et d’être
assez largement pourvus. Ne pouvant exporter ses pro-
duits, notre agriculture devra s’eu défaire, parce qu’il lui
faut de l’argent, pour être en mesure de travailler. Il eu
résultera nécessairement une baisse, et, comme pour faire
face au déficit, il ne nous restera qu’une quantité limitée
de blé à tirer de l’étranger, nous mangerons le pain à bien
meilleur marché. Cette thèse a été soutenue par les prohi-
bitionnistes et, en définitive, ceux qui l’ont défendue ont
obtenu gain de cause, pour le même motif qui a fait triom-
pher les préjugés.
C’est une illusion trop grande, pour que le gouvernement
puisse la partager ; mais il ne la détruit pas, et la note
qu’il publie la laisse subsister toute entière. Il comprend,
lui, parfaitement, nous en avons la conviction, que, si nos
mercuriales ne peuvent pas descendre au-dessous du taux
des marchés étrangers, on ne doit pas seulement l’attribuer
à la concurrence sur les lieux de grande production, mais
à d’autres causes aussi. Il n’ignore pas que l’Angleterre et
la Hollande, qui sont bien plus incapables que la Belgique
de produire assez de céréales pour leur consommation,
n’en sont pas moins des pays où Ton trouve encore et tou-
jours du blé, lorsqu’il n’y en a plus ailleurs; il sait bien que
c’est à elles qu’en dernier lieu nous devrons avoir recours,
et non aux pays de provenance; qu’en un mot, après avoir
apporté des entraves à la liberté absolue du commerce des
grains, nécessaire aux opérations de longue haleine, nous
devrons acheter de seconde main, quand, plus prochaine-
ment qu’on ne le croit, on sentira la nécessité de demander
une assez grande quantité de grain à l’étranger.
La raison que donne M. le ministre de l’intérieur est
donc insuffisante et il aurait dû, selon nous, poser plus
nettement la question, pour la rendre tout à fait claire aux
yeux de gens qui ne la voient pas telle qu’elle est en réalité
et qui s’imaginent que, parce que le prix du grain a baissé
immédiatement après la promulgation de la loi qui interdit
l’exportation des céréales, cette baisse doit devenir plus
grande encore, sans que la cherté puisse se'reproduire.
C’est là une erreur profonde et il convient de prémunir à
cet égard l’esprit du peuple, toujours prompt, d’abord à
prendre sa propre espérance pour une réalité, puis, à
s’alarmer outre-mesure, aussitôt qu’il entrevoit l’ombre de
la moindre déception. On -doit dès maintenant dire de
manière à être entendu de tous ; Que la baisse ne vous
étonne point, parce qu’elle est l’effet naturel de l’empres-
sement que beaucoup de petits cultivateurs mettront à
envoyer leur grain au marché, dans la crainte que la pro-
hibition à la sortie des céréales n’entraîne l’avilissement
des prix; mais qu’elle ne vous soit pas non plus une
sérieuse garantie pour l’avenir.
Les Céréales en Piémont.
Un débat important a eu lieu dans la Chambre des dépu-
tés de Turin, au sujet des questions alimentaires ; le député
Valerio, ayant demandé des renseignements, afin que la
Chambre et le pays fussent éclairés sur l’état des choses,
le ministre des finances a répondu en ces termes :
» Il est pénible (le voir qu’après une bonne récolte, le prix des
céréales ait augmenté : cela tient à coque notre produit, même dans
les années les plus abondantes, ne sufti t pas aux besoins de nos popu-
lations. La moyenne des importations s’élève à près d’un million
d’hectolitres ; dans les meilleures années, on en importe 600,000.
Cette année, le grain est plus cher à Gênes qu'à Turin. Il n’est pas
possible de produire une statistique parfaitement exacte de l’étal des
récoltes. Les gouvernements n’ont pas le moyen de recueillir ces
documents, ils ne peuvent que demander aux autorités locales des
renseignements, sans pouvoir en vériiier l’exactitude. Les récoltes,
cttte. année, ont été supérieures à celles d’une année moyenne : aussi
est il besoin de moins de eéréalcs de l’étranger que l’année dernière :
6 à 70 i,000 hectolitres suffiront. Dans le premier semestre, les impor-
tations ont clé de 800,000 hecL; elles ont beaucoup diminué dans le
deuxième. -
» Le commerce Génois, bien que la mer Noire fut close, a su so
procurer une grande quantité de grains. La libre sortie des grains ne
doit pas être suspendue : on violerait les traités faits avec la Suisse,
le seul pays, qui, cette année, ait eu des céréales des états royaux.
Les prix augmenteraient et nous serions menacés de la famine. Les
craintes manifestées par la libre exportation sont chimériques: l’an-
née dernière nos froments étaient recherchés par la Lombardie et les
duchés sur les marchés de Novarre. Dans le premier semestre, il a été
exporté de 50 à 60,060 hect. de grains vis à vis d’une importation d’un
million environ.Si l’importation avait été défendue, on aurait conservé
50,000 hect., mais on n’aurait pas importé la moitié. Les choses ont
changé cette année; la Lombardie n’a pas besoin de grains, carie prix
des céréales y est moins élevé que dans les Etals Sardes.
«Quanta là Suisse (abstraction faite du traité qui nous obligea faire
aller notre grain librement dans ce pays), il arriverait que vu l’impos-
sibilité de prohiber lo transport de transit, les Suisses viendraient
acheter le grain à Cènes, i.e prix des céréales augmenterait alors par
suite de l’effet moral produit paria présence des acheteurs de la Suisse.
L’unique remède au mal qui nous travaille, c'est de proclamer haute-
ment que nous ne dévierons pas des principes de liberté com-
tmerciale proclamés. Alors les spéculateurs seront tranquillisés et ils
feront tout au monde pour importer le grain. Le ministère est décidé
à maintenir ces principes de liberté sanctionnés par le parlement.»
On lit dans les Entretiens de famille, de Dickens, l’aperçu
suivant sur le commerce de l’Angleterre avec la Russie :
« Dans un Mémoire lu récemment à la Société statistique sur notre
commerce avec la Russie, M. Danson nous apprend que pendant que
la Grande-Bretagne exporte en marchandises pour une valeur annuelle
de 72 fr, par individu, et eu France pour une valeur de 40 fr., les
exportations de la Russie ne s'élèvent pas à plus de 5 fr. par individu.
Mais il est surtout intéressant, aujourd’hui que ia guerre doit influer
sur les prix des articles qui proviennent de la Russie, de connaître
nos relationsi commerciales avec cette nation.
» Ses principaux articles d’exportation pour l’Angleterre sont des
céréales et des farines, pour une valeur de 88 millions de francs ; les
suifs pour une valeur 57 millions ; la laine et la graine de lin, pour 65
millions ; le chanvre, pour 25 millions ; divers autres articles pour
25 millions : total 258 millions environ. Les Russes no nous achètent
pas pour plus de lüti millions de marchandises. La différence est donc
à leur avantage et se solde en espèces. Nous ferons observer que
ces 100 millions de marchandises sont presque toutes consommées par
une classe particulière de consommateurs. Environ tin tiers de ces
importations se compose deproduHs tropicaux ou du Midi,entièrement
consommes par la noblesse et les propriétaires terriens, l’n autre tiers
composé de marchandises manufacturées, telles que des étoffes de
soie, de coton, de lin, de laine, etc., est également pour l’usage des
classes nobles et riches. Les nobles russes dédaignent les produits des
fabriques nationales et consentent volontiers à payer les énormes
droits prohibitifs qui pèsent snr ces importations. L’autre tiers est du
sel, à l’usage de tout le inonde, pauvres et riches ; et des matières
écrucs, icliéÿque du colon, de la soie, des bois de teinture pour les
fabriques protégées et encouragées par le gouvernement.
» Ce n’est pas sans vérité qu'un écrivain a dit qu’en Russie le peu-
ple produit les exportations et que la noblesse consomnc les impor-
tations.
» Les exportations de ia Russie pour l’Angleterre sont les suifs ; ils
entrent pour 72 pour 100 dans nos importations totales de cet article.
Le lin, dans la proportion de 66 pour 100 : le chanvre, dans la propor-
tion de 02 pour 100 ; les céréales pour une valeur de 14 pour 100. Nos
approvisiwmemens de lin de Russie n’avaient augmenté pendant ces
dernières années que de 5 pour 100, tandis que les autres articles tirés
de l’étranger s'étaient élevés jusqu’à 400 pour 100. Les suifs de Russie
ont diminué à l’importation do 20 pour 100, pendant (pie ceux des
autres pays ont augmenté de plus de 100 pour 100. »
Nouvelles de la guerre.
DÉPÊCHES TÉLÉGRAPHIQUES.
Varsovie, 4 décembre.
Par suite de la marche en avant de lagarde russe, le générai Sievers
.se concentre avec le lr corps d’infanterie sur la rive gauche de la
Weiehsof, le 2e corps d’infanterie sous le général Paninkin se rend en
Volhynie et Podolie. La guerre avec l’Autriche est considérée comme
inévitable. _
Le Moniteur français publie la dépêche suivante :
Le ministre de France à Mienne à M. te ministre des affaires étrangères.
Vienne, le 2 décembre, une heure du matin.
» Je reçois de Bucharest, 29 novembre, la dépêche suivante :
Le générai en chef au ministre de ta guerre, à Paris.
« Quartier-général devant Sébastopol,
22 novembre.
» Depuis ma dépêche du 17, aucune affaire saillante ne .s’est pro-
» duile autour de nous.
» Nos batteries u’ont pas discontinué le feu.
» L’ennemi reste immobile dans ses positions, où ii s’est retranché.»
» Boerqeeney. »
On écrit d’Ibraïla, 15 novembre, au Moniteur t
« ' 'ennemi a été chassédela Dobrutscha; le5,: régimeut de ia garde
impériale et les bachi-bouzouCks, sous le commandement Me S. Exc.
Hadji-Ali-Paeha et du colonel Alimed-Bey, dans des combats brillants
sur les hauteurs de Therna, ont battu les Cosaques du Don et les
volontaires grecs. Us les ont refoulés sur Isaktcha. Les Russes ont
repassé ic pont et l’ont rompu; mais les troupes du sultan poursuivent
les fuyards dans les montagnes et les forêts.
» Babadagli, Touiteha, Matchin sont au nouvoir des troupes otto-
manes. _
» Le maréchal Ahmed-Pacha, commandant en chef des troupes du
sultan qui occupent les deux rives du Danube et celles du Sereth, a
établi son quartier général à ibraïla.
« Le théâtre des hostilités est désormais porté en Bessarabie, où les
Russes se préparent ù faire résistance; mais ils auront à garder une
ligne d'au moins 50 lieues, et ils ne pourront le faire qu’en éparpillant
leurs forces. »
Le Moniteur de la Flotte extrait ce qui suit d’une lettre de
Crimée :
« ... Je voudrais pouvoir vous faire le tableau de la terrible lutte
que les escadres alliées viennent d’avoir à supporter contre les élé-
ments. De mémoire de marin (et dans une collection d’hommes
comme celle qui se trouve réunie ici, üica sait quelles épreuves ont
été subies sur toutes les mers I) on ne se souvient pas d’avoir assisté,
ù une pareille tourmente. Figurez-vous un venta balayer des monta-
gnes, une pluie mêlée de grêle,qui fouettait avec un acharnement et
une abondance diaboliques, une mer démontée et qui s’élevait en py-
ramides effrayantes pour s’entr’ouvrir à des profondeurs inouïes, et
vous aurez encore une incomplète idée de l’épouvantable ouragan que
nous venons de traverser.
» En regard de ce tableau, je voudrais pouvoir mettre à jour l’ha-
bileté des amiraux, l’énergie des commandants et des officiers, enlin
le dévouement de nos marins. Il faut avoir assisté à de pareilles scènes
pour savoir comment ces créatures vraiment d'élite comprennent le
devoir! Que d’actes d'intrépidité, d’abnégation enfouis dans les ténè-
bres ou dans les flots et dont les auteurs seront à jamais ignorés. —
Ils pensent bicu à cela, nos pauvres Malliurinsi la conscience est leur
seul guide. Et croyez qu’il faut être bâti sur un solide gabarit, avoir
l’âme fortement trempée pour faire face à de pareilles épreuves.
» Quand je voyais ces braves gens s’élancer dans la mâture au sifflet
du commandement, pour prendre une empointure ou travailler à ju-
meler une vergue, et cela par une nuit épaisse à ne pas permettre de
distinguer à deux pas devant soi, je me surprenais à avoir envie de
sauter au cou de ces pauvres vieux goudronnés qui faisaient là-haut
leur besogne comme si nous étions en plein soleil et comme si on
pouvait les voir et applaudir à leur courage !— Mais je m’écarte de
mou sujet,et je ne tarirai pas aisément si je me mets sur le compte de
nos braves matelots.
» Donc, le 44, à six heures du soir, il nous arrive un coup de vent à
tout déralingucr ; il venait d’abord du sud variable au S.-O., toujours
crescendo ; à midi, c’était à ne pas pouvoir tenir debout sur le pont.
Devant la Katclia, nos pauvres vaisseaux, mouillés sur trois ancres,
dansaient une gigue infernale et commençaient à chasser ; le Jupiter
était violemment poussé contre le Jean-Bart par une mer affreuse; de
midi à trois heures, l’ouragan semblait redoubler, c’était un tourbillon
incroyable. C’est à ce moment que treize bâtimens du commerce furent
jetés à la côte, sur la plage de la Katéha. A trois heures, le vent passe
à l’ouest, un peu moins frais. Mais quelle mer ! il a fallu que nos vais-
seaux lissent des prodiges d’habileté pour ne pas disparaître, écrasés
les uns contre les autres dans un choc immense. Puis la nuit arrive.
Vous devez penser si elle nous a paru longue et terrible. A minuit, le
vaisseau amiral turc, qui chassait dangereusement, prend un parti
héroïque : ii coupe et abat sa mâture; les débris en sont enlevés aussi-
tôt par le vent comme une feuille morte. A deux heures, le vent et la
mer se calment, et le jour se fait.
» Tous les yeux se dirigent alors vers l’horizon, et nous commen-
çons à nous compter. Quel bonheur, nous étions tous au complet,
Anglais et Français ! Du reste, les vaisseaux à voiles avaient tous plus
ou moins quelques avaries. Les moins maltraités étaient les vapeurs
mouillés à la Katcha, le Canada, le Cacique, le Primauguel et la
Mégère, et qui avaient pu faire marcher leur machine toute la nuit,
évitant par là beaucoup de chances mauvaises. On a essayé alors de
porter secours aux naufragés, queles Cosaques harcelaient et pillaient.
Mais jugez de (a violence de la mer : une baleinière delà Mille-de-
Paris, qui s’était élancée à cette mission, a été en un clin-d’ceil chavi-
rée et brisée en morceaux.
» A Chcrsou, les sinistres sont moins nombreux. Quatre navires de
commerce se sont jetés à la côte. Les vaisseaux à hélice le Montebello,
le Napoléon et le Jean-Bart ont fait marcher leur machine toute ia
nuit, et se sont tirés d'affaire.
» A Eupatoria, le Henri IM et le Plulon ont é!é moins lieu eux, et
ils se sont jetés à la côte ainsi que sept à huit transports angl. is et un
vaisseau ottoman. Et cependant les précautions les plus grandes, les
mesures les plus énergiques avaient etc [irises à l’avance par le digne
commandant Jehenne. Heureusement encore, personne n’a péri, et
tout le matériel est sauvé.
» A Baiaklava, dix transports anglais se sont perdus, entre autres
lo magnifique steamer le Prince, qui, sur 150 hommes, n’en a pu
sauver que 6.
» Un vieux quartier-maître, avec lequel je causais ce malin de cette
horrible tempête, me disait d’un ton plein de philosophie : Voyez-vous,
ces choses-là, c’est de ia paccotille de matelots; faut s’v habituer, c’est
ce qu’il y a de mieux ! Et puis, c'est noire bataille d'Inkermann, à
nous autres ! » Et il le fait comme il le conseille, le vieux brave, il s’y
habitue, c’est à dire qu’aujourd’hui comme hier, i 1 est prêt à risquer
sans hésiter sa vie aussi bien pour lutter contre les éléments déchaînés
que pour combattre'contre tes ennemis de sa patrie. Ch ! oui. le marin
est une noble créature ! Mais je reprends ma thèse .. mieux vaut
s’arrêter. Laissez-moi vous dire encore cependant que notre escadre a
de nouveau débarqué 20 pièces à grande portée. Il faut entendre le
brave Canrobert parler de nos marins à terre ou embarqués ! et c'osl
un bon juge en fait de bravoure et de dévouement ! »
Devant Sébastopol, le 7 novembre.
ARMÉE D’ORIENT. — CORrS DE SIÈGE.
Mon général,
J'ai l’honneur de vous rendre compte que, le 5 novembre, à 9 heu-
res du matin, la gauche denos attaques contre Sébastopol a été as-
saillie par une colonne russe composée des quatre bataillons formant
le régiment de Minsk, d’un bataillon du régiment de Woihinsk, et
d'une certaine quantité d’hommes de bonne volonté qui s’étaient mis
à ia suite.
Cette colonne, forte de plus de 5,000 hommes, soutenue par une
batterie d’artillerie, sorlil par le bastionde la Quarantaine, et suivit le
ravin situé à la gauche de nos lignes. Sa marche,favorisée par un épais
brouillard, n'a pu être arrêtée tout d’abord ; elle est tombée en force
sur les batteries nos 1 et2, où elle est parvenue, l.es servants de ces
batteries ont été contraints de se retirer vers les bataillons du 39e et
du 191' de ligne, et sur quatre compagnies de la légion étrangère char-
gées de la garde des tranchées. Ces bataillons ou fractions de batail-
lon ont dû aussi se reployer sous l’effort de la colonne russe : mais ils
ont vivement repris l'offensive,lorsque deux compagnies du HE batail-
lon de chasseurs, en réserve au Clocheton, et quatre compagnies de
la légion étrangère, venant de la maison des Carrières, sont arrivées
sur le lieu du combat.
Le général de la Motte-Rouge, qui occupait son poste de tranchée
dans la lrc parallèle, se porta rapidement, avec quelques compagnies
du 20e léger, sur les points attaqués. Lorsqu’il parvint aux batteries
r:ot \ et 2, elles étaient déjà évacuées par l’ennemi, qui élu t rejelé sur
le revers du ravin, à très petite distance de la tranchée. A la voix du
général,nos soldats franchirent la (i»enceinte de défense avec ardeur,
poursuivirent l’ennemi, et ic soumirent à un feu meurtrier ; ils ^arrê-
tèrent à la hauteur de la maison dite du Rivage, prenant position der-
rière des murs, d’où ils continuèrent leur feu.
Pendant que ces événements se passaient et au premier bruit de ia
fusillade, je montai à cheval, et je pris les dispositions suivantes :
J'ordonnai au général de Lourmel de se porter directement sur la
maison brûlée, et au général d’Aurelle démarcher en avant de son
front, sur la route de Sébastopol qui longe la mer.
S. A. I. le prince Napoléôncût pour instructions de tenir sa division
sous les armes, et elle s’avança jusqu’à la maison du Clocheton pour
appuyer ma droite pendant que l’effort se fesait à gauche.
La division Levaillant, ayant pris la place des brigades do Lourmel
et d’Aurelle au moment de leur départ, se porta en avant de leur
front en colonnes serrées par brigade. Le général Levaillant se tenait
de sa personne à 500 mètres au-delà de cette ligne, pour juger du
moment où son concours serait nécessaire.
Je me mis moi-même à la tête du 5P bataillon de chasseurs et de
mon artillerie, et je suivis le ravin des Carrières, perpendiculaire à la
route de Sébastopol, pour couper la retraite à l’ennemi dans le cas où
il sc serait avancé au-delà des batteries nos t et 2.
Telles sont les dispositions générales que je pris pour me mettre en
mesure de parer à tout événement du côté du corps de siège. J’étais
vivement attaqué, j’entendais le feu dans la direction d lnkerman, je
savais que vous y étiez fortement engagé; mais, ne pouvant juger de
quel côté se ferait le plus violent effort, je devais m’avancer au com-
bat avec mes premières lignes, soutenues par toutes mes réserves.
La brigade de Lourmel, conduite avec une ardeur indicible par son
chef, culbuta en avant d’elle l’ennemi aussitôt qu’elle so trouva en
présence. Deux bataillons du 26e de ligne poursuivirent avec acharne-
ment les Russes, qui se retirèrent en désordre. Ce fut alors que le
général de la Motte-Rouge, voyant arriver le général de Lourmel à la
hauteur de ia bae de la Quarantaine, où ii était en position, le suivit
dans son mouvement offensif. Nos troupes, stimulées par l’ardeur du
succès, parvinrent à peu de distance des murailles de la place, pous-
sant devant elles la masse des Russes, pendant que la section d'artille-
rie, commandée par le lieutenant de La Hitte, lançait des obus et des
boulets sur eux.
J’avais pris position, avec le 5e bataillon de chasseurs, sur le flanc
droit du général de la Motte-Rouge et à hauteur de la Quarantaine.
Jugeant que la poursuite faite à l’ennemi était poussée beaucoup
trop loin, j’envoyai le chef d’escadron Dauvergnè et le capitaine d'état-
major Colson,po"ur porter l'ordre aux généraux de se mettre immédia-
tement en retraite. Ou eut beaucoup de peine à faire prononcer ce
mouvement, tant l'ardeur des chefs et des soldats était grande. Cette
retraite était soutenue par ia position que j’occupais, à droite, avec le
5e bataillon de chasseurs; au centre, par ic reste do la brigade de
Lourmel échelonnée, et, à gauche, par le général d’Aurelier Cet oft’t-
cier-généràf avait appuyé jusque sur le bord de la mer, et s’était em-
paré de vive force, au milieu d’une masse de projectiles lancés par les
bastions de la place, des bâtiments de la Quarantaine, qu'il o npa
avec le D'bataillon du 74e de ligne, il avait laissé en seconde ligne,
dans une position dominante, le colonel Beuret avec deux bataillons
prêts à tonie éventualité.
L’occupation de ces bâtiments fut très utile ; clic protégea efficace-
ment la retraite de la brigade do Lourmel, et je ne saurais Irop insister
sur celte disposition [irise parle général d’Aurelle, car elle a mis fui à
la fusillade acharnée des Russes qui, s’étant reportés en avant, bor-
daient de nouveau le revers (nord) de la baie Quarantaine. Le feu du
74°, dirigé ù coups sûrs, les a déterminés à baltre en retraite une se-
conde fois, et les a forcés à rentrer dans la place. C’est sur ce revers
(nord) que je voulais arrêter la poursuite de l’ennemi si, poussé par
une ardeur guerrière queje déplore. In brave général de Lourmel n’eût
entraîné ses troupes au-delà. Dans cette poursuite, grièvement blessé
par une balle qui lui avait traversé la poitrine, ii remit le commande-
ment au colonel Niol, qui fut obligé d’effectuer la retraite sous le feu
le plus violent de tonies les batteries de la place, mouvement qui ne
se termina qu’en arrière du ravin de la Quarantaine.
Nos pertes ont été très sensibles ; mais je ne crois pas être au-des-
sous de la vérité en portant à environ 1,200 le nombre des Russes
morts ou mis hors de combat.
L’ennemi n’a obtenu aucun résultat en compensation de ses pertes,
car les tranchées sont intactes, et,sur les huit pièces encloudes six ont
repris leur feu immédiatement, et les deux autres tirent aujourd'hui.
Je ne saurais donner trop d’éloges aux troupes engagées le 5 novem-
bre. J’ai été parfaitement secondé par tout le monde, généraux, offi-
ciers et soldais. Les officiers de mon état-major, depuis le commence-
ment du siège, et en particulier dans la journée du 5, n’ont cessé de
se faire remarquer par leur sangfroid.
M. le général d’Aurelle a faite preuve d’une haute intelligence mili-
taire dans cette journée.
M. le général de Lourmel, qui, blessé très-grièvement, n’a remis
son commandement que lorsque scs forces ont été épuisées, a fait
l’admiration de tous, il vient de succomber à sa blessure. Je ne puis
vous exprimer la douleur dans laquelle me plonge ce malheur; l’armée
perd en lui un général dont la bravoure chevaleresque ne connaissait
aucun obstacle, et un chef auquel semblaient réservées de liantes
destinées.
Vous remarquerez, mon général, par le nombre des officiers mis
hors de combat, qu’ils sont l'objet particulier des coups de l’ennemi,
l.cs officiers français en sont d’autant plus fiers qu’ils ne déguisent pas
leur qualité, comme ceux de l'ennemi, sous une capote de soldai.
Je suis, avec respect, etc.
Le général aommandml Le corps de siège, iorey .
ESP AGATE.
« Madrid, 2 décembre.
« Lo Congrès a décidé que les élections municipales seraient ajour-
nées jusqu’après le vote de la loi proposée à ce sujet. »
Nous recevons par les journaux do Madrid du 29 novembre, le.
compte-rendu de la séance, dans laquelle les Cortès ont procédé à la
nomination de leur bureau. Aussitôt après la proclamation des prési-
dent, vice-présidents et secrétaires, le général San-Mîguel, président
ad-intérim, a invité le président élu, duc de la Victoire, à occuper le
fauteuil, ce qu’il a fait. — Après avoir pris possession du fauteuil, le
maréchal Espartcro a prononcé l’allocution suivante :
« Je suis très reconnaissant, de tout mon cœur, de l’insigne bon-
nciii' que viennent de m’accorder les Cortès, en me nommant leur
président. Je regrette de n’avoir pas les talents nécessaires pour rem-
plir ces fonctions si intéressantes, mais je compte sur ma bonne vo-
lonté, sur l’indulgence de Messieurs les députés et sur !e réglement,
auquel je serai toujours-fidèle.
» Messieurs les députés, la patrie compte sur vos efforts, sur votre
vertu, sur votre sagesse pour taire des lois qui consolident scs droits,
en détruisant les abus qui s'étaient introduits dans le gouvernemeni
de l’état. Eaites-les, la reine aura beaucoup de plaisir à les accepter e
la nation à les exécuter. Quant à moi, messieurs, je leur obéirai tou
jours parce que j’ai constamment désiré que la volonté nationale
s’exécutât,parcelque je suis convaincu que,sans l’obéissance aux loi:.
la liberté est impossible. — Je propose aux Cortès constituantes u
vote d’actions de grâce à mon ami et camarade le général Evariste Sa
Miguel et aux autres membres du bureau intérimaire,pour la manié:
dont ils on! rempli leurs fonctions.»
Le président : « Il sera porté à la connaissance du gouvernement <
la reine que les Cortès sont constituées.»
Dans le conseil des ministres du 25 novembre, la répartition sr
vante des fonds pour le mois décembre, a été arrêtée : 78 miilir
pour le paiement de la dette susceptible d’être amortie et consolidé
4 millions 1/2 pour les intérêts de la dette flottante et un peu plus •
2 millions pour les actions des chemins de fer, dont la majeure pa:.
est en France. Total de la répartition : 169,054,565 réaux.
BOURSE DE MADRID DU 29 NOVEMBRE.
Au compt. 5 0/055 40 A.; nouv. différé 19 10 P.; dette auvoft. (U
classe 9 40 A.; id. de 2e cl. o 55 A.; banque de St-Perd, pair A.
Changes : Londres 51 (0 P. ;' Paris 3.27. |