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(Cinquième Aimée).
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\ Ain-ors, au bureau da
précurseur, Bourse An-
glaiselN01040,oùse trouve
0„e boite aux lettres et où
doivent s’adresser tous les
«vis.
En Belgique et AV (tran-
si, , chez tous les direc-
teurs des postes.
,\ Paris, à rOffice-Cor-
[cspondance de Lcpelle-
(isr-Bourgoin et comp.",
rue Notre-Dame-des-Vic-
toires N° 18.
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LE
JOURNAL POLITIQUE, COMMERCIAL, MARITIME ET LITTÉRAIRE.
PAIX. HlBEBrâ. imOOOÎ3-.
ABOKUSEarERr-r
Par An..........CO fr.
» 6 mois...... 30
» 3 o ........ là
POVIH LA BELGIQUE.
Par 8mois...... la fr.
FOIJH L’KTUAHGSa.
Par 3 mois.... 2t) fr.
ANJÎOæCXS.
S5 centimes ia ligne.
L&quatrième page, con-
sacrée aux annonces est
affichée à la bourse d’An-
vers et à la bourse de*
principales villes de com-
merça.
Méecsasbre.
A l’oceastot» «5e Ira fête «le S si N © E E, le
Précurseur ne paraîtra pas «lemaiu.
1E SYSTÈME PROHIBITIF ET 1E
SYSTÈME LIBÉRAL COMPARÉS.
TROISIÈME ET DERNIER ARTICLE.
Dans noire précédent article, nous n’avons pas cru
utile de démontrer que le consommateur, en achetant
forcément, à raison de 1500 francs, une marchandise
qu’il pourrait se procurer meilleure à raison de 500
francs, sacrifie au fabricant, sans compensation
aucune, les jouissances qu’il peut se procurer avec les
1000 francs dont l’épargne deviendrait pour lui la
source d’un nouveau revenu.
En effet, si 1500 francs s’échangent contre un tapis,
évidemment ils ne s’échangeront pas contre des pen-
dules , des cristaux, des étoffes de soie. Il n’y a pas ici
de fantasmagorie possible : une valeur de 1500 fr.
demande à s’échanger contre des objets de consom-
mation ; quoi qu’on fasse, si celte valeur s’échange
contre une marchandise, elle ne s’échangera pas contre
une autre; si un fabricant eu profite, les autres fabri-
cants n’en profileront pas.
En résumé, nous ne voyons là qu’un dommage réel
pour le consommateur, et, quant au producteur fran-
çais, c’est une faveur arbitraire accordée aux uns, au
détriment des autres; tels sont les résultats irrécusa-
bles du système prohibitif ou protecteur. On prend
aux uns pour donner aux autres, sans utilité pour
l’Etat. ,
Gomment après cela soutenir ce raisonnement ba-
nal que le producteur est en môme temps consomma-
teur, el que ce que l’on fait perdre à l'un , l’autre le
perd également.
Au reste, si la prohibition convient à presque tous
les producteurs, ils ne sont pas cependant absolus
dans leur système. Ainsi, les industriels demandent la
libre introduction des matières premières, telles que
laines, fers, cuirs, cotons, etc.; mais ils veulent que
leurs produits tels que les draps, les toiles peintes,etc.,
soient protégés.
Les agriculteurs, au contraire, veulent la prohibi-
tion des laines étrangères, des céréales, mais ils de-
mandent la libre entrée du fer et des objets manufac-
turés qui leur sont nécessaires.
Le Commerce veut une liberté plus large; cependant
d’un autre côté, pour tout ce qui forme sa spécialité,
il demande des mesures restrictives contre la concur-
rence étrangère.
Toutes ces prétentions individuelles ont lieu, au
nom de l’intérêt général, avec nn aplomb et un sang-
froid qui seraient l’objet de risées, s’il était permis de
rire lorsqu’il s’agit d’une question aussi sérieuse que
l’intérêt public.
11 faut protéger, dit-on encore, les industries pour
qu’elles puissent se développer paisiblement. Eh mon
Dieu! les étoffes de laine, de soie et de coton ne sont
pas protégées en Suisse et en Saxe, et néanmoins ces
industries prospèrent très bien. D’ailleurs la protec-
tion a pour suite fâcheuse d’encourager la contre-
bande, et la protection devient inefficace par suite de
son exagération. Aussi arrivera-t-on insensiblement
à la destruction graduelle de ce système, parce qu’il
est prouvé que de l’abaissement des tarifs résultent
non-seulement la disparition totale de la contrebande,
mais encore un accroissement d’activité dans les rela-
tions commerciales, et une augmentation dans les
produits du Trésor.
Ces vérités sont devenues si triviales aujourd’hui, et
FEUILLETON.
LA SEI’VAISK DE LA OllADELEI R.
Suite. — Voir notre numéro du 21.
Je n'étais pas fort dévot; mais je trouvais la religion belle,
je la croyais bonne, je respectais ses pratiques sans les suivre,
j’admirais ses dévouements sans les imiter; j'avais ia fol du
sentiment, qui est peut-être la plus sûre, et je professai dés
lors une haine instinctivecontrecet esprit d'examen quia tout
détruit, ou qui détruira infailliblement tout ce qu’il n'a pas
détruit encore. Je ne connaissais, en vérité, aucune objection
plausible contre la neuvaine de ia Chandeleur.
— Pourquoi cela ne serait-il pas ainsi ? me demandai-je à
moi-même, quand j'eus fait quelques pas vers l'église. La
nature a vingt mystères plus merveilleux que celui-ia.elqu'il
n’est jamais arrivé à personne de mettre en doute. Des corps
grossiers, et insensibles en apparence, ont entre eux des affi-
nités qui les appellent les uns vers les autres à travers
nu espace incalculable ; l’aiguille aimantée, consultée sous
l'équateur, sait de ht reconnaître le pôle ; un papillon qui
vient d’éclore, vole, sans se tromper, à sa femelle inconnue;
le pollen du palmier se livre au vent du désert, et va féconder
sur leurs ailes une fleur solitaire qui l'attend. A i'homme
seul, si privilégié, d’ailleurs, entre tous les êtres créés, il se-
rait interdit de pressentir sa destinée, et de se joindre à cette
partie essentielle de lui-même que Dieu a mise en réserve
pour lui dans les trésors de sa providence ! Ce serait calom-
nier ia puissance et la bonté du Père commun, que de croire
A cet oubli. Mais si l'homme avait perdu cet avantage par
les inconvénients du système prohibitif deviennent
tous les jours si manifestes et si choquants que des
économistes pourraient nous prendre en pitié eu nous
voyant encore réduits à prêcher ces doctrines.
Mais bientôt, nous aimons à l'espérer, nous sorti-
rons des langes de l'école mercantile ; on tourmentera
moins le commerce, et, pour nous servir de l’expres-
sion d’un publiciste fameux on finira par le traiter
comme une plante sensitive qu’il est défendu de tou-
cher, sous peine de [ ébranler.
Encore quelques mots cependant sur ce que l’on
est convenu d’appeler balance de commerce, c’est-
à-dire l’excédant des exportations sur les importations,
ou de celles-ci sarles premières, dans le commerce gé-
néral d’un pays.
Avant les belles démonstrations d’Adam Smith, dont
nous aimons tant à citer le nom. on ne comprenait
pas, et tout le monde ne comprend pas encore aujour-
d hui que c’est par des produits qu on paie les pro-
duits, et que le numéraire perd son utilité dans les
lieux où il s’amoncèle. La Russie paie en potasses,
en chanvre, nos garances, nos mécaniques ; les Etats-
Unis échangent leurs cotons contre nos quincailleries,
nos draps; Liverpool envoie son sel, ses denrées, en
retour de nos écorces, de nos lins ; le Brésil paie en
sucres et en cafés, en bois de teinture on cuirs, les
quincailleries, les toiles, les livres et les genièvres que
la Belgique lui envoie. Plus nous y ferons d’expédi-
tions, plus nous en recevrons de retour; à la rigueur,
dans ces échanges, on pourrait se passer de l’argent,
chaque peuple achetant ce qu’il ne produit pas, avec
les marchandises qu’il produit.
La véritable balance du commerce se compose donc
du bénéfice que l’on fait sur les importations autant
que de ceux qui naissent des exportations. Aussi le
moyen le plus simple d’accroître les profits généraux
d’un pays, c’est de lui laisser la plus grande latitude
dans le choix des marchés, soit pour acheter, soit pour
vendre ; et toutes les fois qu’on voudra forcer la pro-
duction dans un sens ou dans un autre, on court le
risque de l’attaquer dans sa source, sinon de la tarir.
Puissent nos gouvernants bien se pénétrer de tout
ce qui précède, afin de réunir leurs efforts pour arri-
ver à la réforme économique que nous appelons de
tous nos vœux! Puissent-ils, pour achever cette œu-
vre de régénération commerciale que l'intérêt de la
Belgique réclame, ne pas se laisser arrêter par les cla-
meurs de l’intérêt privé, el ne pas succomber sous le
feu roulant des monopoles ! Us auront bien mérité de
la patrie en ne laissant pas à leurs neveux le soin de
faire cette révolution commerciale qui doit nous ar-
river un jour, si ce n’est pas maintenant, ce sera plus
tard. A.
INDEMNITÉS RÉCLAMÉES PAR LE
COMMERCE D’ASYERS.
Nous ne comprenons pas l’existence d’un organe
public qui puisse, comme le Journal de Liège, pous-
ser son pays à commettre la plus criante des injusti-
ces, en conseillant aux Représentants de la Nation de
refuser leur assentiment au projet d’indemniser les
propriétaires des marchandises brûlées dans l'entre-
pôt royal, lors du bombardement de la ville d’Anvers
en 1830.
Comment! des Belges, des négociants de toutes les
nations, de tous les partis, de toutes les opinions, ont
vn en quelques instants s'anéantir leur fortune qu’ils
avaient confiée à la sauve-garde de l'Autorité, puisque
celle-ci les obligeait en quelque sorte à les placer dans
ses entrepôts, et nous, Belges, qui avons été cause de
ce désastre en attirant la colère de nos oppresseurs ;
nous qui avons profilé de l’événement en faisant la
nne faute dont l’expiation est imposée à toute sa race, repris-
je avec inquiétude!... — Eh bien, l’intercession de Marie,
implorée avec confiauce, ne suffit-elle pas à le relever de sa
condamnation? A qui appartient-il mieux qu’à lapure et douce
Marie de proléger les chastes amours et les penchants ver-
tueux) N’est-ce pas là sa plus belle mission dans le ciel?
Ob 1 si le mythe merveilleux qui est caché sous cette croyan-
ce du peuple n’est pas vrai, comme je le crois vrai, il faut
convenir qu’il devrait l’être !
Les esprits froids qui ne comprennent pas le charme de la
dévotion pratique, m’ont toujours beaucoup étonné; le dédain
des œuvres pieuses me parait encore plus incompréhensible
dans ces âmes vives et passionnées pour lesquelles la vie posi-
tive n’a pas de sensations assez fortes,et qui sont obligées d’en
demander incessamment de nouvelles a l’imagination et au
sentiment. Que sont les hypothèses de la philosophie et des
sciences, le prestige des arls et les inventions de la poésie, au-
près de cette poésie du cœur qui s’éveille aux inspirations do
la religion, et qui transporte la pensée dans une légion d'idées
sublimes où tout est prodige, etoù, cependant, tout est vérité?
Il faut croire,sans doute; maisce qu’il faut croire est mille fois
plus probable, mille fois plus facile à croire, s'il est permis de
comparer des choses si étrangères, que tout ce qu’il est néces-
saire de croire dans les rapports communs delà vie sociale,
pour la supportersansamerlume etsans dégoût Examinonsau
bout de quelques années les sensations dont nous avons joui
avec le plus d'ivresse, et nous n'en trouverons peut-être pas
une qui ne soit une erreur et un mensonge; les illusions que
nous avons goûtées, tout en les prenant pour des illusions,
n'étaient pas plus fausses, hélas! que celles que nous avons
prises pour des réalités. Et nous dédaignons la religion, si
féconde en joies ineffables, en consolations, en espérances, la
conquête de notre nationalité, nous irions nous refu-
ser à RESTITUER le montant d'un dommage souffert
dans l'intérêt de tous! Ce serait la chose la plus ini-
que, ce serait nous ravaler dans l’opinion du monde
entier, ce serait vouloir justifier l’application du mot
de ce membre du Directoire qui s’écria en pleine as-
semblée : vous voulez être libres et vous ne savez
pas être justes!
Celui qui a été cause d’un événement quelconque et
qui en a retiré quelqu'avantage doit en supporter tou-
tes les charges.
Il est évident que l’agglomération forcée des mar-
chandises dans l’entrepôt royal a rendu l'Etat respon-
sable des sinistres survenus à ce bâtiment.
S’il est juste et raisonnable de réparer le dommage
occasionné par l'incendie de l’entrepôt, comment se-
rait envisagé le langage de celui qui oserait venir pro-
clamer en face de la Nation , en face de l'Europe en-
tière, son refus de participer au remboursement d’une
dette aussi légitime, aussi sacrée? Mais nousfaisons-
là des suppositions dont nous ne saurions jamais
admettre la possibilité. Car, pour l’honneur de notre
nationalité, pour l’honneur de la justice, nous aimons
à croire qu’il y aura unanimité pour adopter la loi
d’indemnité.
En 1792, la France était à la veille d'une banque-
route, et la Convention n’a pas hésité une seule minu-
te pour accorder des secours aux victimes de la guerre
qui déchirait le pays.
Serions-nous moins justes en 1840, lorsque la civi-
lisation est à son apogée, qu’à une époque aussi bar-
bare que celle que nous venons de citer 7
Plus tard, en 1830, la France vote encore une loi
d’indemnité pour réparer des infortunes causées par
la révolution dont elle a profité.
Il y a similitude complète entre la position des
deux pays, et en agissant autrement que la France,
la Belgique renierait en un jour les traditions de nos
ancêtres; elle abdiquerait tout sentiment d : justice et
de moralité ; elle donnerait à l’Europe le spectacle
d’une nation renfermant dans son sein une portion
d’égoïstes exploitant à leur profit les hommes et les
choses.
Aussi, croyons-nous qu’il est lout-à-fait inutile de
nous étendre davantage sur le côté moral de cette
question que nous envisagerons un autre jour sous
son rapport politique.
Nous tâcherons alors de faire comprendre à la
Belgique que sa dignité exige qu’elle se soumette vo-
lontairement et de bonne grâce à l’acquittement d’une
dette aussi légitime, sans attendre que les Etats-Unis
d’Amérique ne viennent bloquer ses ports et lui en faire
une loi honteuse;car nous n’aurons certainement pas
la prétention , avec notre escadrille douanière de
l’Escaut, d'en imposer davantage à celte grande Na-
tion, que la France qui a dû en passer par une trans-
action malgré ses 33 millions d'habitants el toutes les
flottes dont elle pouvait préparer l’armemenL
A.
ANGLETERRE.
Loadbes, 21 décembre, — Hier, la Tamise était en-
combrée de bâtiments arrivant de toutes les directions.
On voyait plus de 250 voiles y compris les petites em-
barcations pour le charbon et les bateaux côtiers ; une
certaine confusion a été le fruit de ces encombrements
et il est résulté quelques dommages. Jamais les bassins
n’ont présenté un aspect plus animé. {Standard.)
—Nous apprenons desourcecertaine que ies ministres
■whigs ont résolu de dissoudre le Parlement aussitôt
après l’allocation accordée pour le mari de la Reine.
Lord Melbourne,qui s’attendait à dechaudes discussions
religion qui serait encore le bonheur lo plus complet de l'hu-
manité, si elle n'était qu'une illusion! Celle-là au moins n’au-
rait pas les angoisses du désabusément et du regret. On n'en
est pas détrompé sur la terre!
J'avais donc rempli, avec une Joio nouvelle pour moi, loutes
les obligations de la neuvaine; et comme si l'habitude de ces
exercices avait élevé ma raison elle-même à une hauteur
qu’elle n’avait jamais pu atteindre auparavant, je me faisais
quelque reproche de m'y être livré daus le seul objet de sa-
tisfaire â une curiosité puérile. C'était, en effet, ma confiance
aveugle pour de misérables contes d’enfautsqui m'avait in-
spiré tant d'actes de soumission et de foi dool une piété plus
sincère et plus désintéressée se serait fait un devoir, et dont
J'osais attendre la récompense, comme si je ne l’avais pas
trouvé dans la satisfaction de mon propre cœur. Ce remords
me saisit surtout au moment où, mes préparatifs achevés et
ma porto ouverte â l’apparition prochaine, je me disposais à
proférer ma dernière prière II est probable que J'y exprimai
plus de regrets quo do voeux, et je ne sais si cette réparation
fut agréée, mais je pus du moins m'en flatter, à la douce sé-
rénité qui rentra dans mes sens et qui calma en un moment
toutes les agitations de mon esprit ; j’eus à peine regagné
mon fauteuil, que j'y fus surpris du sommeil le plus profond.
Jonesais combien il dura, ni comment s’éclaircirent les
ténèbres dans lesquels il m’avait plongé ; mais il me sembla
tout-à-conp que j’avais cessé de dormir , ma chambre reprit
sou aspect accoutumé, à ia lueur vacillante de mes bougies.
Je discernai tous les objets, j’entendis tous les bruits, ces
bruits faibles, indéterminés, sans origine sensible, qui sem-
blent no s’élever un moment que pour rassurer i’arae contre
l'envahissement du silence éternel. Le parquet extérieur ne
criait pas, mais il rendait un petit murmure, comme s’il avait
dans le Parlement, prétextera, pour recourir à ce
moyen, une opposition factieuse et tyrannique dea
conservateurs vis-à-vis de leurs souverains.
(.Manchester Journal.)
FRANCE. — 22 décembres
Claposaiipae et Rî’suitg «le saîosa»
petite enRosiQCE. — C’est aujourd’hui que doit avoir
lieu la réunion préparatoire de ia chambre à 2 heures.
Comme c’est l’heure à laquelle part le courrier le di-
manche, nous ne pourrons donner que demain les dé-
tails sur cette réunion.
— On lit dans le Temps : « Il parait qu’il est d’usage
qüe le discours de la couronne, une fois rédigé, soit lu
dans chacune des séances du conseil qui précèdent la sé-
ance royale, relu encore le matin de cette séance, et li-
vré à l’impression à l’heure môme où il est prononcé.
Nous ignorons si cet usage a toujours été rigoureuse-
ment suivi ; mais on nous assure que le projet de dis-
cours présenté par M. Viilemain, dans le conseil de
jeudi dernier, a été presque généralement adopté. Les
observations auxquellesil a donné lieu et les rectifica-
tions demandées n’ont motivé qu'une seconde lecture,
qui en a été faite le lendemain ; mais quelque modifi-
cation qu’il puisse subir encore, ou peut le regarder
comme définitivement arrêté.
« Ce discours conlient-il, commo nous t’espérons, te
programme de la session ? Toutes les lois politiques et
d’affaires qui doivent être présentées par le cabinet doi-
vent-ils y être officiellement annoncées ? Nous avons
lieu d’en douter. A part deux ou trois exceptions, il
paraît que les ministres se réservent de présenter, dans
les premiers jours de la session, et en même temps que
ie budget, les divers projets de loi que chacun d’eux a
fait préparer. Ils s'atlendent aussi sans doute à être in-
terpellés dans le cours de la discussion de l’adresse sur
ces projets de loi, rendus publics parle travail des com-
missions. C'est alors qu’on connaîtra véritablement le
programme de la session, et qu'on pourra apprécier les
travaux administratifs et les intentions politiques du
ministère du 12 mai. »
— On assurait hier soir à l'Opéra que les deux lieu-
tenants généraux pour les commandements de l’armée
d’Afrique, étaientledued’OrléansctlegenéralSchrainm.
On ajoutait qu’ils devaient partir vers le milieu du mois
de janvier.
— Il paraît, dit le Journal de Paris qu'un projet de
loi sera présenté dans la session prochaine, projet par
lequel le gouvernement, qui vient d’acheter pour la som-
me de 1,000 fr. une lie à la Nouvelle-Zélande, propo-
sera, lorsqu'un condamné politique aura à subir plus
de deux années de détention, de lui donner ie choix de
subir cette détention en France, ou de se laisser con-
duire à la Nouvelle Zélande pour y travailler à la colo-
nisation des terrains que le gouvernement vient d’ac-
quérir.
— Il y a quelques jours, dit te Droit, que nous avons
annoncé l'arrestation du fils Hervé, qui aurait empoi-
sonné sa sœur, âgée de quinze jours, avec de l’alcali
volatil, et qui lui aurait enfoncé des épingles dans la
tôle. Aujourd’hui a eu lieu au cimetière Montmartre
l’exhumation du cadavre de cette jeune enfant. Le père
avait été appelé pour constater l’identité de sa tille;
ce malheureux, envoyant son fils, que des agents avaient
également amené sur les lieux, a poussé des cris déchi-
rants. Quant au jeune Hervé, à peine s’il a trouvé une
larmo à verser, et son sang-froid étonnait tout le monde;
car, en présence du cadavre de sa petite sœur, sa figure
n’a point changé de couleur; et même pendant le cours
de l’opération il mangeait froidement un morceau de
pain. Cet enfant, âgé de neuf ans, parait d’une com-
piexion délicate ; il est pâle et rouge île cheveux, et ses
yeux sont petits el bordés de paupières rousses.
M. Jourdain, juge d’instruction, assisté de M. le
procureur du roi, a fait procéder, par le docteur
Hennelie, à i’aulopsie du cadavre de ia jeune fille, qui
était dans uncompletétat de putréfaction.
été caressé d'une touffe de plumes ou d'un bouquet de fleurs.
Je tournai les yeux vers ma porte, et j’y vis une femme ; je
voulus m'élancer pour aller la recevoir, et une puisance in-
vincible me retint à ma place. J'essayai de parler, et les pa-
roles restèrent clouées à ma langue. Ma raison ne se perdit
pas dans ce mystère ; elle comprit que les prières de ma neu-
vaine étaient exaucées.
L'inconnue s'approcha lentement, 6ans m'apercevoir peut-
être, comme si elle avait obéi à une sorte d'instinct, d impul-
sion irrésistible. Elle arriva au fauteuil que je lui avais pré-
paré, s’assit, et resta ainsi exposée à ma curiosité dmt rien
ne réprimait l’impatience, car elle avait toujours les yeux
baissés. J’attachai sur elle des regards enhardis par son im-
mobilité, par son silence. Je ne l’avais certainement jamais
vue, et j’éprouvai cependant, au milieu de ia conscience
vague d’un songe, la conviction que cette existence, étrangère
â tous mes souvenirs, n’en était pas moins réelle et vivante.
L’imagination même de mon ame, épurée par le recueille-
ment el par la prière, ne devait rien produire qui approchât
de ce rêve. Il appartenait à un ordre d’inspirations auquel
l’homme ne saurait s'élever de lui-même, et que celte science
délicate et choisie de la sensation, qu'on appelle aujourd'hui
l'esthétique, est incapable de contrefaire. Ma mélapbysique
d'écolier philosophe veillait encore dans mon sommeil, mais
elle s’humiliait devant l’œuvre de la puissance de Dieu. Je
comprenais qu'une création aussi pure et aussi parfaite ne
pouvait pas être mon ouvrage. ,
Je ne parlerai pas de la beauté de cette jeune fille ; on ne
fait pas de portraits avec des mots ; j’ai douté quelquefois
qu’on pût en faire avec des traits et avec des couleurs. Il y a
dans l’ensemble do toutes Ses formes d’un être animé je ne
sais quel jeu de passion et do vie qui ne se reproduit guère |