Full text |
lue Précurseur
1...........—sesasm .......... b --------ifegaa sas
serve un rôle dans le conflit qui sépare le chef de la commune
de ses conseillers. Une ville française vient de nous donner un
exemple fortcurieux des suites d’un antagonisme pareil entre
les autorités municipales. Nous le livrons à la méditation de
ceux qui ont concouru chez nous à la confection d’une loi qui
ôte à la commune une de ses plus belles prérogatives.
Depuis tantôt dix-huit mois, un conflit entre le conseil mu-
nicipal d’Angers et son maire, M. Giraud, arrête l'expédition
des affaires les plus urgentes de la cité. M. Giraud a été nommé
par le gouvernement en dépit des vœux de la population. L’op-
position la plus flagrante s’est manifestée contre lui dans le
conseil, et un incident qui a signalé la dernière séance carac-
térise nettement la situation. Nous empruntons le procès-ver-
bal de celle séance à un journal de l’endroit, le Précurseur de
l'Ouest ;
Conseil municipal d’Angers.
Séance du 16.
'Sur 35 membres composant le conseil 34 sont présents.
M. Augustin Giraud entouré de MM. Vinay,Guépin et Laroche,ses ad-
joints, prend place au fauteuil de la présidence.
L’entrée de M. le maireaquelque chose de quasi-dramatique: visible-
ment,d’accent et de pose, M. Augustin Giraud veut faire effet et tend à
8e rendre solennel.
Le procès-verbal est lu et adopté.
m. i.e maire. — Vous avez cru devoir renvoyer à une commission les
huit affaires que je vous ai présentées à la dernière séance, savoir, cinq
affaires nouvelles et trois précédemment ajournées par le conseil. Vous
avez renvoyé, en outre, à la même commission les observations de M.
Bordillon sur le plan de la ville, et enfin les deux vœux qu’il a annoncé
devoir produire, l'un sur l'étal des enfants trouvés, qui, selon lui, meu-
rent de faim et de froid dans l'hospice ; l'autre sur les congrégations
religieuses de cette commune.
J'invite le rapporteur de la commission (c’est, je crois, M. Larivière)
à nous donner lecture de son travail.
m. larivière. - Avant de lire mon rapportée suis chargé par la com-
mission d'appeler l'attention du conseil sur une affaire spéciale.
m. lb maire, interrompant brusquement. — Quelle affaire spéciale,
monsieur ? fRumeur sur tous les bancs.)
u. larivière. — Tranquillisez vous, monsieur le maire, et avant de
m’interrompre.sachez au moins ce que j’ai à dire au conseil.
Cette affaire spéciale,monsieur, est celle de la révision des listes élec-
torales communales. Conformément à notre précédent de l’année der-
nière et par les mêmes motifs, la commission estime que le conseil doit
exercer le droit que la loi lui défère, droit de choisir trois de ses mem-
bres, chargés du contrôle des listes électorales. Ce contrôle est la ga-
rantie de la sincérité qui doit présidera la confection des listes électo-
rales. En conséquence, je demande qu'il soit immédiatement procédé
par le conseil à la nomination de ces trois membres.
Il est procédéà cette élection au bulletin secret. MM. Drouart, Lefran-
çois et delà Touche, membres de l’opposition, sont nommés A une
grande majorité.
m. a. ciragd. — J’invite maintenant M. Larivière à nous lire le rap-
port de la commission.
m. larivière. — Messieurs, la commission de neuf membres que vous
avez nommée me charge, comme sou rapporteur, de vous présenter les
résolutions qu’elle a adoptées a l'unanimité.
Elle s’est occupéeavec sollicitude de toutes les affaires qui lui ont été
renvoyées; mais avant de vous en présenter la solution et de vous ap-
peler à délibérer sur ces affaires, elle a reconnu la nécessité de fixer
votre attention sur cette question spéciale, d’un ordre supérieur et qui
domine toutes les autres dans l'administration de cette commune, celle
du conflit municipal--
m. lemai^e, interrompant par un geste emphatiquement impérieux,
S’écrie d’un ton dominateur. — Je vous arréle.
A cet instant, le conseil tout entier présente une physionomie diffi-
cile à décrire : de toutes parts des rumeurs, des interpellations et de
dédaigneux sourires protestent contre cette inqualifiable interruption.
M. LE maire, sans tenir autrement compte de si générale et si mani-
feste improbation, continue avec le même accent : —Je suis ici l'organe
de la loi.... je vous ai énuméré les affaires renvoyées à la commission;
vous ne pouvez vous occuper que d’elles!... Je l’avais bien prévu! je
vous ai enfermés dans un cercle de fer, et vous n’en sortirez pas ! Vous
dites que vous avez examiné les affaires; je n'en sais rien... Mais com-
ment, à propos de ce* affaires, parlez-vous du conflit! Ce conflit date
de dix-huit mois ; je vous le déclare, je ne souffrirai pas qu’ici il en soit
désormais question. Statuez sur les affaires, décidez ou ajournez...
ch membre. — Comment ! sans motifs ! décider ou ajourner sans dire
pourquoi !
m. le maire. — Avec ou sans motifs ; mais, vous ne parlerez pas du
conflit. La commission n’a droit...
m. larivière. — Le droit de la commission, monsieur, est de lire son
rapport, et votre devoir à vous, en ce moment, est de m’écouler.
De toutes parts.— C'est juste ; — lisez ! lisez ! — c’est inouï !
M. larivière recommence sa lecture d’une voix vivement accentuée.
—Votre commission s’est occupée avec sollicitude de toutes les affaires
qui lui ont été renvoyées ; mais avaul de vous en présenter la solution
et de vous appeler à délibérer sur ces affaires, elle a reconnu la néces-
sité de fixer votre attention sur cette question spéciale d’un ordre supé-
rieur et qui domine touLes les autres dans l’administration de celte com-
mune,celle du conflit municipal. Et se rappelant toutes les phasesde ce
déplorable conflit, les conséquences qu’il a eues déjà pour la commune,
les efforts tentés pour le prévenir ou poury mettre un terme; enfiu, les
moyens qui se présentent eucore et nous permettent d’espérer une so-
lution régulière et constitutionnelle,votre commission a pensé qu'il con-
venait de résumer comme suit les observations et faits dont chacun de
nous, messieurs, et je pourrais dire aussi dont chacun de nos conci-
toyens a gardé le parfait souvenir.
Les voies par lesquelles l’administration de M. Giraud a voulu s'em-
parer du pouvoir municipal se décélèrent plusieurs mois à l’avance.
m. GiRAGD, debout, avec une explosion d’emportement. — Encore un
coup, je vous arrête ! je ne souffrirai pas...
m. larivière. — Monsieur , c’est de la violence ! Ici, ce n’est pas en
mon nom seulement que je parle, c’est comme rapporteur d’une com-
mission, l’oubliez-vous ! Je vous somme de m’écouter et je continue.
(Approbation générale. — Continuez, continuez.)
m. larivière reprend sa lecture , mais M. le maire crie , s’agite et fait
de la voix, du geste un tel bruit, qu’il devient impossible de rien en-
tendre. , .
Enfin et au milieu de celte tumultueuse interruption,on distingue ces
paroles de M. Augustin Giraud :
« Que ceux qui veulent s’occuper des affaires de la commune se lè-
vent! »
Tous se lèvent et on entend ces interpellations adressées à M. Giraud:
Tous nous voulons nous occuper des affaires de la commune.— C’est
vous qui depuis dix-huit mois les entravez. — Ecoutez le rapport, il
traite des affaires de la commune. .
Sous le coup de ces interpellations, M. Giraud parait en proie à une
grande et complexe agitation; hors de lui-même, il s’écrie :—La séance
est levée !
A cet instant ses adjoints et lui quittent le bureau.
De toutes parts on entend : — C’est inouï l sans exemple ! Eh bien !
qu’on en dresse procès-verbal séance tenante. La loi le veut, nous l’exi-
geons ! .
le secrétaire. — Vous l'entendez, monsieur le maire ! Le conseil ré-
clame rédaction immédiate du procès-verbal!
m. le maire. — Faites ce que vous voudrez ; cela ne me regarde pas.
gh membre. — La loi est précise, formelle.
gh autre. — M. le maire le sait bien ; mais que lui importe la loi !
Après quelques instants d’hésitation, M. Giraud, suivi de ses adjoints,
sort de la salle du conseil. . .
Tous les conseillers restent à leur place ; tous, sans distinction de
majorité ou de minorité, paraissent également stupéfaits et indignés
de cette incroyable conduite. Des colloques s’établissent, et l’on entend
des membres de la minorité et des plus autorisés dire: « Mais du moins
fallait-il laisser lire le rapport! — Que contient-il ? Quelles sontses con-
clusions ! Nous l’ignorons.
Cependant un garçon de bureau entre dans la salle du conseil avec un
embarras visible et se met en mesure d’éteindre les lumières, on l’ar-
rête et on le renvoie. Mais bientôt un violent coup de sonnette se fait
entendre dans le cabinet de M. ternaire; le garçon de bureau rentre en
disant :
Messieurs... j’ai l’ordre de M. Giraud!
Nous nous abstenons de dire quels sentiments l'inconvenance d’un
pareil procédé provoque chez tous les membres du conseil.Si nous vou-
lions faire, nous n’aurions qu’à reproduire les paroles plus qu'énergiques
par lesquelles le qualifiaient tels d’entre eux volant d’habitude avec M.
Augustin Giraud. 1
Tous les membres du conseil municipal se retirent. Il est huit heures.
ADItiLETEBltE.
Lohjdres, 20 novembre. — Le bal, avec concert, au profit des réfugiés
Polonais, a eu lieu à Guildhall, qui avait été décoré, pour la circonstance
d’une manière brillante Le nombre des souscripteurs s'élevait à 7 ou
800. On avait annoncé que la duchesse de Kent, lady Sutherland, lord
Stanley et beaucoup d’autres personnages assisteraient à celle fêle.
Nous ne trouvons pas ces noms dans la liste des personnages présents
que publient les journaux anglais suivant leur usage. Ils supposent
néanmoins que la souscription aura été productive.
— M. Daniel O’Counella adressé une nouvelle lettre à l’Association du
rappel de Dublin.Elle prouve te revirement complet de lactique auquel
le Libérateur a recours pour atténuer l’impression défavorable que ses
projets d’alliance avec les fédéralistes ont produit sur les esprits en
Irlande. .
u Je saisis , dit-il , cette occasion pour exprimer mon opinion sur le
plan fédéraliste que M. Sharman Crowford vient de soumettre au pu-
blic; je regrette que, dans mon humble opinion, il ne renferme pas un
seul principe ni un seul détail qui pût ou dût être adopté par le peuple
irlandais dans sa noble lutte pour la restauration de sa nationalité. Ou
je me trompe fort,ou le projet de M. Crawford aurait pour effet de ren-
dre les choses beaucoup plus mauvaises encore qu’elles ne le sont et de
réduire l'Irlande d’une égalité nominale avec l’Angleterre à une infé-
riorité provinciale et vexaloire. »
— t'itj-artlclc, 4 heures. — Les nouvelles des Indes occidentales
reçues ce malin sont généralement favorables.L’avenir se présente sous
debons auspices pour les planteurs, lleslimportanlde faire remarquer
que sur toutes les plantations qui ont fait usage de guano, la végéta-
tion est magnifique. On peut dire que les Antilles anglaises sont eu voie
d’amélioration rapide, tant sous le rapport de la prospérité intérieure
que sous celui du développement du commerce.
Si nos renseignements du Brésil sont exacts, le gouvernement s’effor-
cerait par tous les moyens en son pouvoir d’éviter une rupture avec
Kosas.
La demande a été active sur lesconsol.; ce fonds s’est traité en compte
à 100 3|8,1|2. Tous les autres fonds anglais ont également été très fer-
mes. Les prix des fonds étrangers n’oiit pas subi de variation sensible.
— Esp. 42 1)2. — Port. 55 1)2. - Mexic. 30 i|8. — Brésil. 88 3j4.
ESPAGNE.
Madrid, 15 novembre. — El Tiempo croit savoir que M. Pidal a rédigé
un projet d’organisation du conseil d'Etat qui se rapproche des idées
émises par M. Alon, plutôt que de celles consignées dans le travail delà
commission spéciale dont M. Mon s’élaiL détaché. Le gouvernement a
maintenant sur ce projet des idées aussi bien arrêtées que les autres
projets de lois organiques Dans la nouvelle organisation des chefs poli-
tiques, le gouvernement attribue à l'autorité civile les pouvoirs dont
on jouit dans les pays les plus civilisés. Les chefs politiques devront y
gagner de la considération.
— On écrit de Malaga, le 12 courant :
Le bruit s’étant répandu qu’Esparlero se trouvait dans ces eaux, ou
à Gibraltar, ou dans la Serranja, l’autorité a cru devoir adopter quel-
ques précautions extraordinaires. Des renforts ont été disposés dans
plusieurs postes. A 9 heures du soir la détonnation d’une arme à feu a
produit une panique. Le chef politique a fait fermer tous les cafés.et de
fortes patrouilles ont circulé.Toutefois, rien de sérieux n’est survenu.
— Narvaez avait, dit-on, fait annoncer à Prim que s’il voulait adres-
ser à la reine une demande en grâce, sa liberté lui serait rendue. Prim
a répondu : « Vous pourriez m’arracher mille fois la vie, si je pouvais la
» perdre mille fois ; avant d’obtenir de moi que je demande pardon
» d’un crime dontjesuis innocent. Jesuisentré ici par la plus odieuse
» machination de police; j’en sortirai par la justice , et si je dois être
i ajouté au nombre des victimes de ces traîtres, qu’ils me tuent, je sais
b bien que je ne manquerai pas de vengeurs, u
— Point de bourse aujourd’hui 15.
FIKANCE.
Paris, 21 novembre. — Le Moniteur publie ce malin l’ordonnance de
convocation des chambres pour le 26 décembre prochain.
— On revient encore sur la question des pairs. Le Moniteur publiera
très prochainement, on l’assure du moins, une modeste liste de six
noms, comme nous l’avons dit. Ce sont MM. le général Marbot, Victor
Hugo, le duc de Praslin, Berlin de Veaux, le général Achard, le baron
Deffaudis; encore les deux derniers noms ne sont pas tout à fait sûrs.
(Revue de Paris.)
— Le collége électoral de Reims se réunira dans quelques jours pour
nommer un député en remplacement de M. Houzeau-Muiron. Le can-
didat du parti conservateur est M. Chaix-d’Est-Ange, bâtonnier de l’or-
dre des avocats. L’opposition présente M. Léon Faucher.
— On nous assure que M. le maréchal Soult, par suite de la levée de
boucliers de Zurbano, vient d’envoyer des ordre* pour renforcer les
troupes qui se trouvent du côté de Saint-Jean-de-Luz.
— Le fameux curé Mérino est mort, il y a quelques jours à Alençon.
On avait déjà annoncé prématurément sa mort, il y a quelque mois. Il
était âgé de 77 ans.
— Ou journal prétend que M.Victor Hugo va fonder un journal, et
qu’il aura pour titre: Le Messie.
— L’administration des contributions directes publie le tableau de
la production et de la consommation du sucre indigène depuis le com-
mencement de la campagne 1844-45, présentant la situation des fabri-
ques à la fin du mois d’octobre 1844, et les droits perçus pendant l’an-
née 1844.
Le nombre des fabriques en activité est de 257 : diminution sur 1845,
10. Le total des droits perçus est de 5 millions 641,422 fr.; augmentation
sur 1845, 555,441 fr. Ainsi la production continue à s’accroître.
— Le Moniteur contient le tableau comparatif pour 1844 et 1843 du
commerce de la gomme aux escales du fleuve Sénégal.
La différence entre les produits en gomme est notable. Celui de 1843
n'avait été que de 517,000 kilogrammes aux trois escales; en 1844, la
traite a donné 1 million 28,000 kilogrammes : c’est plus du double.
— Bulletin de la bourae. — La position du marché n’est pas chan-
gée, c’est le parquet qui soutient les cours; le 5 p. c. d'abord à 82-90 a
tait 83-10 pour rester à 82-95 et finir à 83-10 fin courant. Le 5 p. c. est
beaucoup plus ferme que ces jours derniers à 119-95 comptant et fin
courant; c’est 10 c. mieux qu’hier fin courant et 20 c. au comptant. Les
Banques n'ont pas varié, 3,130. Les chemins de fer sont plutôt deman-
dés.
En fonds belges, la tendance est à la baisse, 4 1i2à102]|4;5 p. c.
(1840) à 103 7j8, 5 p. c. (1842) à 106 7(8. Le nouveau 2 1)2 p. c. trouve
difficilement des preneurs à 61-65. Les Banques ont perdu 20 fr., à 015.
— L’emprunt de Rome après avoir été à 105-1)4 reste à 105. — La rente
de Naples est mieux à 98-15. — On ne cote pas les fonds espagnols. —
Le 5 p. c. portugais s’est relevé à 54.
HOLLANDE*
La Haie, 22 novembre. — Le Uandelsblad publie aujourd’hui en ré*u
mé la traduction du traité du 1«* novembre entre la Belgique et le
Zollverein , et annonce qu’il fera paraître successivement une série
d’articles dans lesquels il examinera en détail les clauses et la portée
de cette convention.
— Bulletin de In bourse d’Amsterdum du 44 novembre. — A la
fin de la bourse de ce jour, les Intégrales ont donné lieu à beaucoup
d’affaires. En général, le prix des fonds hollandais s’est amélioré. Les
fonds espagnols étaient eu baisse.
BELGIQUE.
Cil AM BU» DES kkphIhuhtantr.
Séance du 22 novembre. — (présidehcb de m. giedts.)
A une heure et quart la séance est ouverte; la rédaction du procès-
verbal est adoptée.
Les pétitions suivantes sont adressées à la Chambre >
* Le sieur Louis Kessels, receveur des contributions , douanes et ac-
cises, à Hoogstade, prie la Chambre de statuer sur sa demande en na-
turalisation. » — Renvoi à la commission des naturalisations.
k Plusieurs habitants de Lessines demandent une loi générale sur les
octrois.(Assentiment général.)* —Renvoi à la commission des pétitions.
i Le sieur Chainage Discry demande une modification à la loi sur la
sortie des os. » — Renvoi à la commission d'industrie.
* Le sieur Vandoren, blessé de septembre, demande que le secours
qui lui est accordé par la caisse des fonds spéciaux, lui soit assuré
comme pension viagère. » — Renvoi à la commission des pétitions.
* Le sieur Mangam, ancien receveur des contributions directes, ré-
clame l’intervention de la chambre pour obtenir la révision de sa pen-
sion. b — Même renvoi.
* Le sieur Moelans, instituteur communal, à Folognes, demande qu’on
lui accorde le subside fixé par l'article 25 de la loi sur l’instruction pri-
maire. b — Même renvoi.
La chambre se forme en comité secret.
(La chambre des représentants ayant terminé hier, en comité secret,
la discussion générale soulevée par le projet de loi sur les céréales, elle
se réunira aujourd'hui, 23, à onze heures, en séance publique, pour la
discussion des articles )
déjà offert un abri. Les premiers actes du drameétaientalors términés;
il y eut un intervalle de repos pour préparer le dénoûment.
Enfin commença le dernier et le plus intéressant épisode delà chasse.
On venait d’introduire dans le Kraal deux éléphants domestiques, dont
le devoir était d’isoler les éléphants sauvages, et de les conduire, un par
un,degré ou de force, et, au besoin, à coups de trompe, dans d’étroites
cellules, où ilsdemeurent enchaînés jusqu’à parfaite soumission.
Outre le mahout qui se tenait a cheval sur leur cou, ils portaient cha-
cun leur maître, assis dans une espèce de fauteuil à dossier bas. L’un de
ces deux personnages était M. Hastings , délégué et représentant du
gouverneur; l’autre était ce Molligoode, dont mon saïce m’avait déjà en-
tretenu. Quant aux éléphants,lepremier s’appelailKean.etavaitacquis
une grande célébrité dans les chasses. Kean, que montait Molligoode,
était un des plus superbes enfants des forêts de Ceylan. Malheureuse- i
ment l’enfant était très vieux. Il avait cent dix ans bien comptés, ainsi I
que l’établissait son arbre généalogique dressé sur la foi de ses mahouts, !
et conservé dans les archives de la société, dont la présidence avait été !
déférée à mon correspondant. L’autre éléphant, qui s’appelait Jacques
II, portait M. Hastings. Il avait un beau port et il ne comptait pas plus
d’un demi-siècle d’existence, mais un semblait faire peu de cas de son
caractère. Il trouva néanmoins des partisans. Tandis que les deux ani-
maux s’avaneaientdans l’arène, semblables à ces tours mobiles que les
anciens roulaient contre les murailles d’une ville assiégée. les paris
s’ouvrirent; les uns montrant plus de confiance dans la jeune prouesse
de Jacques II, et les autres ayant meilleure opinion de la vieille expé-
rience de Kean.
A la suite des deux champions, chargés du rôle de tenons, dans le
tournoi qui allait commencer, marchaient un certain nombre d’hommes
armés de lances. C’était un cortège plutôt qu’une escorte.
Ils s’arrêtèrent à vingt pas des éléphants sauvages. Ceux-ci se pres-
saient les uns contre les autres et se tenaient en arrêt, les défenses me-
naçantes, prêtsà soutenir l’attaque avec la valeur aveugle des taureaux
pourchassés dans les cirques de Grenade et de Séville On n’attendait
plus qu’un signal. M. Hastings parut alors sentir vivement toute la dé-
licatesse des fonctions qui lui avaient élé confiées. En général prudent,
il choisit un poste d’observation derrière Kean.
Ce noble animal ne s’aperçut même pas de la manœuvre qui le plaçai*
à l avant-garde ; il cherchait de l’œil un antagoniste digne de lui. Son
choix tomba sur une femelle, reconnaissable de loin à la courbure de t
ses défenses, tournées vers la terre. C’était la plus robuste de tout le I
troupeau,et pourtant quand le regard du vieil éléphant se fixa sur elle,
la pauvre bête trembla de tous ses membres et poussa des cris de dé- I
tresse. Son appel fut entendu,les éléphants mâles lui firent un rempart
de leurs trompes.
Le signal venait d’être donné. Molligoode se leva débout sur son
Siège, et poussa Kean en avant, M Hastings essaya de le suivre; mais sa
monture resta sourde aux encouragements du mahout.Au lieu d’avan-
cer, Jacques II tourna bride et regagna la porte au petit trot.Et comme
son mahout courroucé le frappait desa pique, ilia lui arracha des mains
et la lança par-dessus la barrière. Après cet exploit, il disparut, suivi
des rires de l’assemblée.
. Exposé seul aux coups de treize éléphants, Kean n’avait pas hésité un
instaQt. ;II s’était lancé au milieu du troupeau, et le bruit qui se fesait
de ce côté eut bientôt attiré toute notre attention. D’abord,.cette partie
du Kraal n’offril qu’une scène deconfusion. Ondislinguaildiflicileinent
lesévolutions des combattants au milieu du jongle. Les cris desanimaux
et des hommes, les mouvements rapides des trompes qui s’élevaientau-
dessus du feuillage et retombaient en brisant les arbres, indiquaient
néanmoins l’ardeur et les péripéties de la lutte. Bientôt, le terrain du
combat fut entièrement dégagé du rideau d’arbres et de plantes qui
nous l’avaient caché. Les arbres et les plantes avaient été foulés aux
pieds, le terrain était défriché, et il s’en éleva une épaisse poussière.
On vit le vieux Molligoode, trônant sur son piédestal vivant parmi les
éléphants irrités, assez semblable au Dieu qui déchaîne les tempêtes.
Il animait du geste et de la voix sa monture ; il repoussait à coups de
pique les assaillants qui le serraient de trop près Le mahout et les pié-
tons armés de lances, fesaient aussi de leur mieux. Un F.uropéen eût fré-
mi de se trouver exposé à la rage des éléphants rendus furieux, mais les
Indiens prenaient leur part de cet épouvantable conflit avec le sang-
froid que donne l'habitude.
Il y eut un moment où le succès de ces efforts parutassuré. Keanétait
parvenu à séparer l’éléphant femelle de ses défenseurs ; il la chassait
devant lui en la frappant de sa trompe. Lorsqu’il parut avec sa prison-
nière, ce fut un cri de triomphe universel,un applaudissement immense,
qui, partant de notre bungalow, fut répélésur toutes les montagnes en-
vironnantes.
Mais tout n’était pas fini. Le vainqueur était à peine éloigné de vingt
pas, que le chef du troupeau, ému de la perte desa compagne, de la
reine de son sérail sauvage, s’élança, fou de jalousie et d’amour, pour
la délivrer. Kean ne s’attendait pas à cette attaque terrible ; il n’eut pas
le temps de la parer et reçut dans les flancs les défenses de son ennemi.
Quoique dangereusement blessé, il fit aussitôt face à l’assaillant. Une
horrible lutte commença
Les deux éléphants se précipitaient l’un contre l’autre avec des mu-
gissements à faire trembler la forêt. Ils songeaient moins à parer les
coups qu’à en porter de funestes. Leurs blessures étaient affreuses, et
le sang coulait à fl >ts de ces larges plaies. Tous les piétons s’étaient en-
fuis ; le mahout était l’image de la terreur. Mais le vieux surintendant
ne ressentait que de la colère; d’une main il se tenait ferme à son siège,
de l’autre il balançait sa pique, attendant le moment favorable d’en per-
cer l’éléphant.
Le combat se prolongeant, nous comprimes tous que Kean, chargé
d’années et affaibli par sa première blessure, devait succomber dans l’a-
rène même de ses anciens triomphes. L’intelligent animal semblait
avoir le sentiment de sa chute prochaine, car il reculait peu à peu vers
le ruisseau, tout en présentant ses défenses à son adversaire. Celui-ci
saisit le moment où il se découvrait en descendant à reculons dans le
lit de ce ruisseau pour tenter une dernière et décisive attaque. Mais il
fut arrêté dans son élan par la pique de Molligoode. Lancé d’une main
sûre, le fer disparut tout entier dans le cou de l’agresseur, et s’y arrêta
en tremblant.
Cependant Kean ne pouvait plus se soutenir. Une fois dans le lit du
ruisseau,où l’avait attiré le besoin de rafraîchir ses blessures, il s’affaissa
sur lui-même en teignant l’eau de son sang.
Molligoode avait été forcé de mettre pied à terre ; sa situation était
des plus critiques ; l’éléphant qu’il avait blessé tournait alors sa rage
contre lui, il labourait la terre de ses défenses eL secouait avec fureur la
pique enracinée dans sa chair. Le surintendant, calme, mais pâle, at-
tendait de pied ferme une mort que toutle monde jugeait inévitable. Un
cri s'éleva au milieu de nous, cri de désespoir qui retentit douloureuse-
ment dans nos cœurs.
— Sauvez mon père ! disait une jeune femme les mains étendues vers
l’arêne.
Au même instant un homme sauta par-dessus la barrière et s’avança
dansle Kraal. Il était d’une belle taille et richement vêtu à la mode Chin-
gulaise. Son costume se composait d’une ample robe blanche brodée
d’or, et de deux vestes dont l’étoffe s’agrafait à des boutons de diamans.
Il tenait à la main un sabre dans sou fourreau. A sa vue tous les Anglais
présents firent une exclamation de surprise, et le Gouverneur donna
précipitamment quelques ordres.
Indifférent en apparence à l’intérêt qu’il excitait, le jeune homme
traversa le Kraal et vint se placer devant l’élephant :
— John ! dit-il.
L’éléphant suspendit un instant sa rage, releva la tête et regarda ce-
lui qui lui parlait ainsi d’un ton impérieux. Puis comme s’il eût voulu
s'étourdir et se soustraire à l’influence de cette voix, il recommença à
beugler, à secouer la pique et à déchirer la terre.
— Allons, John! reprit l'Indien avec autorité, obéissez! partez!
El du geste il indiquait une partie de l’enceinte, qui déjà avait été
ébranlée par les efforts du troupeau. L’éléphant le regarda encore une
fois, hésita, puis, se précipita du côté qui lui était indiqué. Telle était la
force et la violence de son élan, que la barrière se rompit. Il se dirigea
vers la foi él !
Postscriptu m. — Un mois a près cette chasse, la porte du fort de 51a-
lativoé s’ouvrit un matin pourlivrer passage à une partiede la garnison,
qui conduisait un condamné au lieu du supplice. Le condamné était le
chef des révoltés de Ceylan, l’ancien Cipaye, Wikrimi-Radjah-Singah !
le même qui, dans la circonstance que nous venons de rapporter, avait
paru si à propos pour empêcher Slolligoode d’être éventré et foulé aux
pieds par un éléphant, et qui n’eût pas été fait prisonnier, s’il fût resté
insensible aux dangers du père de cellequ'il aimait En reconnaissance
de sa belle action, le gouvernement de la compagnie des Indes lui avait
laissé le choix de son genre de mort.
La veille de son exécution Betsy Molligoode, accompagnée du vieux
surintendant des éléphants, alla le visiter dans la prison. Ce jour là
Betsy promit une fidélité éternelle au malheureux amant qu’elle avait
involontairement livré en l’appelant au secours de son père. Je ne sais
si elle a tenu sa promesse et de crainte de diminuer l’intérêt qu’elle
vous a peut-être inspiré, je ne veux pas m’en enquérir.
Quant b l’influence exercée par Wikrimi sur l’éléphant furieux elle
est toute naturelle. Cet éléphant avait jadis élé privé; il était retourné
dans la forêt après avoir rompu sa chaîne. Lejeune chef, qui le recon-
naissait, l’avait rappelé aux habitudes d’obéissance et de domesticité
par un ton de commandement.
On ne prit dans cette chasse que cinq éléphants. Les autres s’échap-
pèrent parla brèche faite au Kraal. Kean n’a pu survivre à ses blessures.
Recevez, etc.
LE DOCTEUR SOLESMES. |