Full text |
155
L’ ÉMULATION.
156
ŒUVRES PUBLIÉES
n parlant dernièrement (col. II0) de la maison
de notre confrère O. Van Rysselberghe, dont
nous publions 3 planches (20, 21 et 22), nous
avons omis de dire que le beau médaillon de
Minerve, si élevé de style et de caractère, est de M. Julien
Dillens qui a de plus dessiné les cartons pour la gra-
cieuse frise à figures, exécutée en sgraffite. Rappelons aussi
que la planche 22 est la reproduction phototypique d’un
dessin polychromé de M. H. Baes, peintre décorateur, qui a
exécuté la décoration très intéressante de la cage d’escalier.
Nos planches 27 à 29 représentent le château d’Elewyt
(près Vilvorde), dit Steen de Rubens, après la restauration, exécu-
tée de 1875 à 1883, par feu Carpentier, avec le soin scrupu-
leux et le talent qu’il savait apporter à cette espèce de travaux
délicats.
Nous y consacrons, dans cette livraison, un article spécial
de M. Alphonse Wauters, illustré d’un croquis d’après un
tableau de Rubens actuellement à Londres, qui représente
le château tel qu’il était à l’époque où l’habitait le célèbre
artiste. C’est la façade du côté de l’entrée principale, tandis
que notre planche 27 représente la façade opposée.
Nous sommes certain que nos abonnés auront lu cet article
avec un réel intérêt.
La façade de la maison appelée Lucas-huys, rue Ducale, à
Bruxelles, planches 3o et 31, est l’œuvre de M. Menessier.
C’est une reconstitution très consciencieuse d’une de ces
vieilles façades en bois du XVIe siecle, qu’on trouvait en
assez grand nombre encore, il y a quelque cinquante ans,
dans les villes de la Flandre, notamment à Malines, et qui
ont à peu près complètement disparu aujourd’hui.
Depuis sa construction, il y a une dizaine d’années, le Lucas-
huys a servi successivement de petit musée d’antiquités, de
local de société et, dans ces derniers temps, de musée scolaire
aujourd’hui transféré dans l’un des pavillons de l’ex-exposi-
tion nationale de 1880.
Cette maison, d’aspect pittoresque, devrait redevenir la
propriété d’un amateur d’antiquités ou du gouvernement; on
la garnirait de meubles et d'objets du moyen âge, elle pour-
rait être ainsi intéressante et constituerait une attraction de
plus pour les étrangers qui viennent visiter la capitale.
Avis au Comité de Bruxelles-Attraction !
C’est M. Dewulf qui a obtenu l’année dernière le prix de
1,000 francs au concours triennal de l’Académie des arts, des
sciences et des lettres de Belgique.
On demandait un projet de cimetière monumental pour une
ville de 100,000 habitants, avec entrée monumentale, cha-
pelle, galeries, etc., etc.
Le choix du style était laissé à l’appréciation des concur-
rents.
Sept projets furent présentés : la classe des beaux-arts de
l’Académie décerna le prix au projet de M. Dewulf, de Bru-
ges, que nous publions planches 32 à 34, et accorda une men-
tion à celui de M. Désiré Vanderhaeghe, de Gand.
Ce fut un beau succès pour notre jeune confrère Dewulf,
qui n’avait alors que 21 ans. Son projet, dont nous donnons une
vue perspective d’ensemble, la façade principale, le plan, la
face et la coupe de la chapelle, a du caractère ; c’est bien une
nécropole.
Nous aurions voulu cependant moins de banalité dans les
colonnades des galeries, qui sont celles de n’importe quel
monument, et nous doutons fort de la possibilité de réaliser,
même en fer, la coupole octogonale couvrant la chapelle de
20 mètres d’ouverture (diamètre du cercle inscrit), telle qu’elle
est tracée dans la planche 33.
Il est vrai qu’il ne s’agissait ici que d’un projet idéal, dont
on ne demandait pas d’indiquer le système de construction,
mais encore faut-il que ces sortes de projets ne deviennent
pas de simples images comme c’est si souvent le cas dans ces
grands concours de Rome, de l’Académie royale de Belgi-
que, etc., etc., dont les programmes ne visent malheureuse-
ment qu’à une chose : exalter l’imagination des jeunes con-
currents, les lancer dans le domaine du fabuleux et de
l’invraisemblable, sans qu’ils soient tenus de s’inquiéter aucu-
nement des règles de la stabilité et de l’équilibre des forces.
S’il est bon de donner à ces cerveaux tout neufs l’occa-
sion d’imaginer de grandes choses, il est incontestablement
indispensable d’exiger que ce qu’ils mettent sur le papier
appartienne au domaine du possible.
Nous nous souvenons encore de ces concours dans lesquels
nous avons vu décerner le prix à des projets dénotant un
tempérament éminement artistique, mais dont l’essai de réali-
sation en pierre eût été une folie.
Hâtons-nous d’ajouter en terminant que, à part ce que nous
avons dit de la coupole, ce n’est pas le cas pour M. Dewulf,
qui a su rester raisonnable — quoi qu’en aient dit certains
journaux •— dans les dimensions de superficie et de hauteur
de son monument.
Le chauffage à la vapeur, à domicile, en Amérique
ne création des ingénieurs américains — nous
voulons parler de New-York Steam Company —
nous paraît digne d’attirer l’attention de tous les
architectes ; nous croyons utiles à nos lecteurs les
quelques renseignements qui suivent sur cette compagnie, de
création récente, qui distribue à domicile, au moyen de con-
duites posées dans les rues, la chaleur et la force motrice
sous forme de vapeur à haute pression.
Constituée en 1879, la New-York Steam Company a fait pen-
dant deux ans des expériences sur les tuyaux, les joints, les
isolants, et n’a commencé à construire que dans l’été de 1881.
Au Ier juin 1882, elle a inauguré son service avec une station
de 4 chaudières. Cette station, située dans la ville basse, com-
prend aujourd’hui 35 chaudières de 250 chevaux et distribue
de la vapeur à 250 consommateurs; par 8 kilomètres de con-
duites posées sous le pavé de Broadway, depuis la Batterie
jusqu’au delà de la poste et dans une douzaine de rues trans-
versales.
On posait cet été les conduites d’un second district, situé
dans la ville haute vers la trentième rue, dans le quartier des
théâtres et des grandes résidences, et la compagnie a acquis
les terrains nécessaires à l’érection d’une dizaine de stations,
avec lesquelles elle propose, d’ici à trois ans, de distribuer la
vapeur sous toutes les rues comprises entre la Batterie et la
cinquantième rue, la quatrième et la septième avenue, c’est-
à-dire dans un rectangle long de 7,5oo et large d’un millier de
mètres.
Cela a l’air du humbug américain, et cependant la com-
pagnie est sérieuse et les résultats acquis n’autorisent pas à
traiter d’utopies les projets grandioses de la New-York Steam
Company.
La première station, celle de Greenwich Street, dans la
ville basse, se compose d’un bâtiment solidement construit,
d’une superficie de 3o mètres sur 23, divisé en 4 étages par de
solides paliers portés sur des poutrelles à treillis en fer. Les
trois premiers étages sont occupés par 35 chaudières corres-
pondant chacune à une force de 250 chevaux; le quatrième
sert de magasin de houille.
Les chaudières sont du système Babcock et Wilcox, qui
rappelle le type de Nayer. On brûle, sur les grilles, de l’anthra-
cite en grains (pearl coal), et l’on essaie divers systèmes de
foyers à chargement automatique. Le tirage est provoqué par
une grande cheminée rectangulaire, haute de 65 mètres et
d’une section de 20 mètres carrés.
Le plan de la station prévoit la construction de deux nou-
veaux étages et d’une seconde cheminée, de sorte que le bâti-
ment atteindrait une hauteur de 36 mètres et comprendrait
six étages ; 64 chaudières de 250 chevaux occuperaient les
quatre étages inférieurs, et l’on installerait au cinquième et au
sixième des economisers Green, pour chauffer l’eau d’alimenta-
tion au moyen des flammes perdues et des trémies à charbon
pouvant contenir 1,000 tonnes d’anthracite, représentant la
consommation d’un jour et demi.
Afin d’avoir toujours de l’eau sous pression pour alimenter
les chaudières, l’eau est foulée par les pompes dans un accu-
mulateur. |