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L’ÉMULATION.
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Le portail du xve et du commencement du XVIe siècle de
l’église de San Domingo où les stalles sont placées sur une
voûte en anse de panier, laissant la nef libre, le portail de
Santa Maria de las Duenas, la façade de las Escuelas Meno-
res avec sa balustrade de couronnement à figures toutes variées
et divisée en panneaux par des candélabres ou torchères,
et plusieurs autres monuments traités presque tous dans un
beau style de la Renaissance, justifient le nom de Petite
Rome que l’on a donné à Salamanque.
Passons assez rapidement par Madrid, où en dehors du
Palais Royal et du Musée incomparable, nous n’avons rien
de particulièrement intéressant ; il y a certes de belles places,
de nombreuses statues sur la Plaza de Oriente par exemple,
mais ce ne sont pas des chefs-d’œuvre. Nous n’avons pas pu
voir l’Armeria, le Musée d’armures en réparation à cette épo-
que et dont une partie a péri dans un incendie peu de mois
plus tard. Il renferme, paraît-il, de véritables trésors d’art
industriel.
Tolède est pour nous une des villes les plus importantes à
visiter pour ses nombreux monuments ; nous avons déjà men-
tionné la cathédrale et les stalles, l’Alcazar avec sa belle porte
d’aspect florentin, sa cour et un escalier intérieur monumen-
tal d’un effet grandiose.
PORTE DE L’ALCAZAR A TOLÈDE
Il y a ensuite l’hospice de Santa-Cruz, magnifique façade
de la Renaissance avec de belles fenêtres encadrées de
sculptures et percées dans un grand mur nu surmonté d’une
corniche solide du meilleur effet.
La porte cintrée est un monument à part ; on y remarque
deux colonnes se pliant suivant le contour de l’archivolte, de
manière à arriver au rétrécissement du motif supérieur ; ce
détail n’est pas un modèle à suivre.
L’ancien couvent de San Juan de los Reyes, élevé au xve siè-
cle, possède une église et un cloître de toute beauté ; ce der-
nier tombe malheureusement en ruines ; plus loin se trouve
une ancienne synagogue, actuellement Nuestra Senora del
Transito, ornée à l’intérieur d’une frise arabe surmontée
d’arcatures et de fenêtres à claire-voie de pierre ; tout cet
ensemble est d’un beau style et produit un effet excellent
par la lumière douce tamisée par les claires-voies, par la
richesse et le bon goût des ornements et par le plafond en bois
de mélèze apparent.
Non loin de là, Santa Maria, la Blanca, curieux souvenir
de l’époque judaïque, plutôt original que beau.
Le Taller del Moro, atelier où se travaillent les pierres
employés à l’entretien de la cathédrale, est un ancien palais
renfermant trois salles magnifiques ornées d’une profusion
d’ornements de style mauresque et possédant encore leurs
beaux plafonds lambrissés.
Citons encore la Puerta del Sol, belle construction de style
mauresque qui a été restaurée récemment en partie, avec
beaucoup d’entente; puis les portes du Cambron, d’AImaguera,
celle de Visagra, autre reste des premiers temps de la domi-
nation arabe et enfin la Porte Neuve ornée d’un immense
écusson portant les armoiries de Charles-Quint.
(A continuer.) Eug. Geefs.
Revue de l’Architecture en Belgique
CORRESPONDANCE
ous avons reçu de Liége, à propos de notre revue
de l’architecture en cette ville, une lettre signée
« Les six amis », qui, tout en reconnaissant notre
impartialité habituelle, protestent contre les
appréciations que nous avons émises, peut-être trop franche-
ment, sur les récentes constructions élevées par nos confrères
de Liége.
Quoique nous n’ayons pas l’habitude de mentionner les
écrits anonymes qui nous sont adressés, nous voulons bien
tranquilliser nos correspondants masqués.
Les « six amis » déclarent n’être pas du métier. En ce
cas, de quoi viennent-ils se mêler? S’ils sont étrangers aux
choses de l’architecture, ils ne peuvent avoir la prétention de
les juger mieux que l’architecte auteur de l’article, qu’ils
accusent d’avoir subi l’influence de quelque confrère inté-
ressé.
Les appréciations de notre collaborateur sont inspirées
uniquement par le désir d’éclairer le public sur les qualités ou
les défauts des œuvres d’architecture. C’est bien quoi qu’en
disent les « six amis », ce que nous promettions en commen-
çant cette série d’articles qui, nous ne le dissimulons pas, ne
sont pas rédigés pour plaire à tout le monde.
Qu’ils ne soient pas du goût des « six amis » nous le
concevons et leur protestation tout à fait désintéressée ne nous
étonne guère ; elle n’a pas empêché notre collaborateur de
compléter, après leur lettre, la revue de l’architecture à
Liége, pour être continuée, dans notre prochaine livraison,
à Bruxelles et partout où nous trouveron qu’il est utile de le
faire. N’en déplaise à nos « six amis » qui, nous croyons pou-
voir l’espérer, ne nous en garderont pas trop rancune.
Un vieil abus.
Nous appelons l’attention des administrations communales
du pays sur les agissements des employés de leurs bureaux
de travaux, qui abusent de leur fonction pour se faire con-
fier, par des particuliers, l’élaboration des plans de leurs
constructions. Ceux-ci, tentés par la modicité des honoraires,
et croyant, non sans raison parfois, que le choix d’un employé
communal leur facilitera les formalités d’autorisation de bâtir,
leur permettra d’obtenir certaines faveurs, d’éviter certaines
contraventions, préfèrent souvent s’adresser à eux.
Nous avions toujours pensé que certain article des règle-
ments interdisait aux fonctionnaires et agents des travaux
publics communaux, de s’occuper de travaux particuliers ?
Dans ce cas, cet article est peu ou point appliqué; dans
le cas contraire, on ferait chose utile en l’introduisant dans
les règlements, afin de faire cesser un état de choses qui
jette un discrédit sur la profession d’architecte et cause trop
souvent de véritables scandales.
On nous signale même une administration communale qui
confie des travaux à l’architecte communal d’une commune
voisine, sachant très bien que pareilles missions sont formel-
lement interdites à ce fonctionnaire! |