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L’ÉMULATION.
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CONCOURS
Le concours pour les écoles de Saint-Josse-ten-Noode
a commune de Saint-Josse-ten-Noode invitait, il
y a bientôt un an, les architectes à lui présenter
des projets :
i° Pour l’agrandissement de l’école rue
Linnée; 20 Pour la construction d’une nouvelle école rue
Braemt.
Elle s’engageait à confier la direction de ces travaux aux
auteurs des projets que le Conseil communal, s’érigeant à cette
occasion en jury d'architecture, aurait choisis.
Comme il semble que l’habitude veuille se généraliser en
ce moment, aucune prime n'était attribuée aux meilleurs pro-
jets, ce qui est au moins plus logique et plus loyal que de pro-
mettre des primes et de faire en sorte de ne pas devoir les
payer (I).
Depuis, nous n’avons plus entendu parler de ce concours.
Il n’y a pas eu d’exposition publique des projets envoyés.
Ceux-ci étaient-ils nombreux ? Le concours est-il jugé et l’exé-
cution en est-elle confiée aux auteurs des projets choisis ? En
un mot, quelle suite a été donnée au concours? Nous posons
ces questions à l’administration communale de Saint-Josse-
ten-Noode.
NOTES DE VOYAGE
L’Architecture en Espagne
Deuxième article. — (Voir col. 121).
arcelone fut la première ville que nous visitâmes
en Espagne ; la cathédrale avec son beau cloître
en est le monument le plus important et le plus
intéressant à visiter. La coupole élevée sur la
première travée a l’entrée principale, les stalles et le chœur
relevé de quelques marches au-dessus de la crypte contenant
le tombeau de sainte Eulalie et s’ouvrant par un grand arc
au milieu du transept, donnent à la cathédrale de Barcelone
un aspect des plus pittoresques et amènent des effets de
lumière surprenants.
C’est ici que nous voyons d’abord une disposition générale-
ment adoptée dans toute l’Espagne pour les stalles dont l’ensem-
ble se nomme la Silleria.
Contrairement à ce qui se pratique en Belgique ou en
France, où les stalles sont rangées de chaque côté du chœur,
la silleria occupe dans les églises espagnoles un certain nom-
bre de travées de la grande nef à partir du transept vers l’entrée
principale de l’église. De ce côté et vers les nefs latérales, la
silleria est clôturée par un mur décoré de niches, de statues,
d’autels, de tombeaux, etc. Au-dessus de ce mur est établi de
chaque côté de la grande nef un buffet d’orgue et une tribune
qui s’étend par-dessus toutes les stalles.
Les buffets d’orgue présentent cette singularité qu’un grand
nombre de tuyaux placés horizontalement s’avancent de plu-
sieurs mètres dans les nefs latérales.
Presque toutes ces sillerias sont des chefs-d’œuvre d’ameu-
blement ; les plus belles sont celles de la Sèo à Saragosse et
de la cathédrale de Tolède.
Une autre disposition résultant de celle des stalles est la
clôture des sillerias vers le chœur par une haute grille en fer
forgé, reja, qui se répète à l’entrée de celui-ci. Ces rejas, d’une
composition superbe et d’une exécution étonnante, atteignent
jusqu’à 15 mètres de hauteur et occupent toute la largeur de
la grande nef ; nulle part, nous n’avons vu des œuvres de
ferronnerie pouvant leur être comparées ; la collection de ces
(I) Concours pour l'hôtel communal de Schaerbeek en 1883
grilles et de celles, si nombreuses, qui clôturent les chapelles
latérales dans toutes les églises importantes d’Espagne forme-
rait l’ouvrage le plus utile à consulter par tous ceux qui s’occu-
pent de ferronnerie d’art.
La disposition des sillerias au milieu des grandes nefs pré-
sente des inconvénients sérieux : d’abord elle détruit complè-
tement l’unité d’aspect du monument à l’intérieur ; elle
interrompt la vue vers le chœur pour la majeure partie
des fidèles ; latéralement la vue est également bornée, et ces
défauts sont d’autant plus sensibles que l’église est plus petite.
Barcelone possède le beau théâtre du Liceo, un des plus
vastes de l’Europe, pouvant contenir, assure-t-on, 5,ooo spec-
tateurs ; les dispositions de la salle sont les mêmes que chez
nous à peu près ; les dégagements sont larges, les escaliers et
le foyer richement décorés.
La Casa de la Diputacion a une belle façade et une cour
intéressante par son escalier, ses arcades en encorbellement
et les clefs d’arcs suspendues dans l’angle de la cour au pre-
mier étage.
Dans les nouveaux quartiers, dont toutes les rues se cou-
pent à angles droits, se trouve un grand et beau parc ; on
vient d’y élever une vaste décoration dont le motif principal
est une fontaine monumentale ; cette construction est plus
importante par ses dimensions que par sa beauté; elle rappelle
plus ou moins le palais de Longchamps d’Espérandieu à
Marseille.
Avant de quitter Barcelone, citons encore le cimetière de
la ville pour ses dispositions ; il comprend plusieurs allées ou
rues bordées de chaque côté des murs de hauteur égale divi-
sés en casiers. Chaque case est profonde (dans le sens hori-
zontal) d’environ 2m50 et comprend une place; une dalle
en ferme l’ouverture après l’inhumation et reçoit l’inscription.
Rien n’est triste comme cette véritable cité des morts,
dépourvue de toute décoration, de toute verdure. C’est la
partie réservée à la classe moyenne ; plus loin un espace orné
de plantations est réservé aux monuments funéraires isolés.
Saragosse offre beaucoup plus d’attrait que Barcelone. On
y trouve d’abord deux belles églises : Nuestra Senora del
Pilar et la Seo ou San Salvador. La silleria de cette dernière,
de style plateresco, est décorée avec une richesse sans pareille;
une infinité de hambini surmontant les corniches du mur de
clôture se jouent dans les frises, dans les superbes panneaux
du soubassement et sur les fûts des colonnes cantonnant les
niches et les autels ; des bas-reliefs, des statues, des pilastres
sculptés, des balustrades en cuivre complètent cette décora-
tion peut-être trop riche, mais qui présente une quantité de
détails du meilleur goût.
Une fort belle coupole, élevée en 1520, surmonte la croisée
du transept. Grilles superbes dans toutes les chapelles.
La fameuse cathédrale de Nuestra Senora del Pilar se
distingue de loin par ses toits en tuiles vernissées, jaunes,
blanches, bleues et vertes et ses neuf dômes ; il y manque
encore quatre tours qui devaient s’élever sur les quatre angles.
L’intérieur est bien nu comme ornementation, mais d’un
aspect grandiose ; on y est frappé par des jeux de lumière
imprévus et les effets de perspective très pittoresques que pro-
duisent les hautes voûtes, les coupoles et les piliers blancs
aperçus par-delà les immenses tuyaux reluisants des buffets
d’orgue et les boiseries en chêne foncé des stalles, œuvre de
Juan Moreto, Florentin (1546). Le plan de Nuestra Senora
del Pilar est un rectangle long de 135 mètres ; les stalles occu-
pent la grande nef; mais quand, comme ici, les voûtes laté-
rales sont fort élevées, l’œil se trompe par suite des obstacles
empêchant la vue qui ne s’étend que par-dessus ceux-ci, la
curiosité est excitée et l’édifice paraît plus grand qu’il ne l’est
en réalité.
A l’une des extrémités de l’église s’élève sous la voûte une
fort grande chapelle, le sanctuaire, couverte d’une coupole sur
plan elliptique, renfermant la statue miraculeuse de la Vierge,
placée en ce lieu même par saint Jacques sur un pilier de
marbre ; elle est séparée du public par une massive balustrade
d’argent.
Le retable du maître-autel mérite surtout l’attention ; il
mesure environ 15 mètres de hauteur sur 10 de largeur, les
sculptures en représentent les principaux actes de la vie de la
Vierge. C’est un superbe spécimen de l’époque de transition ;
la composition générale est ogivale, mais bien des détails sont
déjà de la Renaissance.
Une des plus charmantes constructions de Saragosse est,
sans contredit, le magnifique Patio de la Casa de la Infanta. Ses
élégantes arcatures du premier étage, sa belle corniche en bois
et sa cage d’escalier sont toutes couvertes d’ornements sculp-
tés avec une entente parfaite de l’effet, donnant à chacun des |