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i'élat ; Ie Moniteur, dans son annonce de la réception royale
d’aujourd’hui, ne porte pas un seul mot que le clergé puisse
interpréter dans le sens d'un rapport avec V. 11.
« Le Roi, dit la feuille officielle, recevra le jour de l’an le
corps diplomatique, les chambres, les cours et tribunaux, les
autorités civiles, les états-majors de la troupe, et enfin les
personnes présentées. Le clergé n'est compris sous aucune de
ces dénominations.
« Ainsi, constitutionnellement, il y a séparation ; mais il y
a, Sire, quelque chose en dehors de la constitution, ce sont
les sentiments ; ceux-là naissent et se forment dans une région
où les constitutions et les lois positives ne sauraient exercer
la rigueur de leur action. Ils sont libres par leur nature.
« Constitutionnellement, nous ne sommes rien pour le Roi;
mais, par nos sentlmeuts, nous sommes les amis de sa per-
sonne, les défenseurs de ses droits, le soutien moral de son
pouvoir, et .jusque dans les plus humbles réduits, les prédi-
cateurs de sa gloire.
« Nous ne faisons pas, Sire, ta critique de la constitution;
une telle pensée est bien loin de nousjmais nous désirons faire
remarquer à V. M. que nos rapports n’étant pas réglés par
la loi, nos sentiments sont plus libres, et doivent par consé-
quent avoir une portée et une valeur toutes spéciales.
« De même, Sire, V. RL, par le fait seul de cette récep-
tion,double ses titres à notre reconnaissance;cette faveur est
d’autant plus précieuse pour nous qu’aucune disposition
écrite ne nous autorise à pouvoir l’espérer.
« Veuillez donc, Sire, recevoir l’expression de notre gra-
titude,en même temps qu’avec nos voeux pour votre bonheur,
nous vous présentons l’hommage de notre sincère attache-
ment. v
Discours prononcé aunomduconsistoire de l'église
évangélique de Bruxelles.
a SIRE,
» Le consistoire de l’église évangélique de Bruxelles est
heureux de pouvoir en ce jour offrir à V. M. ses hommages et
ses vœux.
» Si ces voeux que nous formons pour l’avenir de V. M., de
notre auguste Reine et des Princes, sont sincères et ardents,
la souveuir de l’année qui vient de fiuir, nous inspire une gra-
titude non moins vive.
» V. M., en accordant sa royale sanction aux statuts de
l’union des églises protestantes du royaume, leur a donné nne
nouvelle et précieuse marque de sa gracieuse bienveillance
et haute protection. L'ordre est pour toutes choses la condi-
tion essentielle de la prospérité, il l’est doublement à l’égard
de l’église et de ses ministres dont la sainte mission est do
prêcher l’union et la paix, v
* Qu’il nous soit permis, sire, d’implorer pour l’avenir
aussi votre haute protection.
» Sire ! Le consistoire et les fidèles de l’église évangélique
de Bruxelles ne cesseront point d’appeler les bénédictions de
la divine providence sur V.M. et sur toute la famille royale »
Discours de M. lu président de la chambre de
commerce.
i Sire,
» La chambre de commerce saisit toujours avec un nouvel
empressement l’occasion de renouveler a Votre Majesté l’ex-
pression de son profond respect, et l’hommage de ses vœux
ardents pour votre bonheur personnel.
y> Si l’année qui vient de s’écouler a présenté de fâcheux
résultats pour le commerce et l’industrie de la Belgique , elle
a vu d’un autre côté sa nationalité consolidée.
» Nous espérons, Sire, que la paix exercera une salutaire
influence sur ces deux sources de la prospérilé du pays.
» Déjà cet espoir semble vouloir se réaliser par les symp-
tômes d'amélioration de la confiance e! du crédit publics qui
commencent à se manifester.
» Sire, des traités de commerce sont sans doute désirables,
mais pour qu’ils puissent porter d’heureux fruits, il faut qu’ils
aient pour base, les intérêts et les besoins du pays ; et si dans
ceux que la Belgique pourrait être éventuellement appelée à
C inclure, le juste principe était méconnu, nous supplions Vo-
ire Majesté de les repousser comme contraires a la dignité du
trône et ruineux pour notre industrie.
» Nous connaissons à cet égard la haute sollicitude de Vo-
tre Majesté et nous avons la conviction qu’elle la dirigera vers
les débouchés qui nous manquent, et qu’elle daignera soumet-
tre à la législature les mesures protectrices que réclament les
intérêts matériels de la Belgique. »
AHTVEKS , 3 JAMTÏEIS.
On assure que le colonel Capiaumont a interjeté appel
du jugement rendu par le tribunal correctionnel, en
causedes troissoldats partisans contre le notuméSchoou-
berg.
— Ce matin, à 4 heures, tons les habilans des rues
attenantes à la place de la monnaie ont été réveillés en
sursaut par un bruit épouvantable provenant de l’écrou-
lement d’un magasin de la monnaie rempli de riz et
autres marchandises. Si cet évènernei sciait passé en
plein jour on aurait eu de graves malheurs à déplorer.
— I/Acadèmie grand-ducale de Iéna, voulant don-
ner un témoignage de sa haute estime à deux de nos
meilleurs artistes MM. de Keyser et Hart, leura conféré,
sur la proposition de son vice-président d’honneur le
titre de membres étrangers, titre qui jusqu’à présent
n’avait été accordé à aucun artiste belge qu’à l’illustre
Mathieu Van Urée, honoré de l’amitié de feu le grand-
duc souverain de Saxe-Weimar, fondateur et chef de
cette célèbre société, composée des principales illustra-
tions scientifiques du monde, et aux succès de laquelle
les immortels Goethe, llumboldt, Lenz.jet d’autres de
ses membres ont tant contribué.
— Nous publions plus loin le programme du concert
qui sera donné demain par l’Harmonie Royale, à lasalle
du Grand Théâtre, et dans lequel se feront entendre
l’élite des 40 Chanteurs nuntaguards, dont la renom-
mée est déjà européenne.
Dimanclre prochain les Chanteurs Montagnards don-
neront un concert public au Théâtre des Variétés. Nous
publions (voir la 4° page) le programme varié de celte
soiree.
— Les amis de la langue flamande apprendront sans
douteavecplaisir, que la société dramatique de Hoop, se
propose de donner mardi prochain, 7 janvier, à son
théâtre de la grande Maison-aux-Gaufres, le drame na-
tional het tVonderjaer, tiré de l’ouvrage de M. Hendrik
Conscience,notre concitoyen.
La société de Hoop a fait depuis deux ans de louables
efforts, pour donner au théâtre flamand un caractère
plus artistique et plus national.
Cette fois elle n’a épargné ni frais ni travail pour
rendre la représentation digne du public, dont elle
cherche à mériter les encouragements.
— Dimanche prochain, b janvier, à 9 heures du soir,
aura lieu à la salle delà Grande-Maison-aux-Gaufres,
indislribulionaunuelIedesprixdelasociétéd’^z’e/iîWde.
Afin de donner à celle distribution le plus de solen-
nité possible, la société s’est avisée à faire quelques ex-
périences physiques qui seront suivies d’un bal offert aux
lauréats.
Les personnes qui désireraient participer à cette fête,
pourront se procurer des cartes, moyennant la rétribu-
tion d’un franc, chez le sieur J. F. Gys, directeur, mar-
ché au Vendredi.
Atlxéaas-e «l'Anvers.
L’inauguration du nouveau local a eu lieu hier.
Tour ajouter à la solennité de la cérémonie, l’autorité
avait fait remettre à ce jour la distribution semestrielle
des médailles pour les diverses parties de l’enseignement.
Un emplacement des plus vastes dans un des plus
beaux et des plus salubres quartiers de la ville, une dis-
tribution des locaux bien entendue, ne pourront qu’a-
jonter encore au développement que cet utile établisse-
ment continue de prendre tous les jours.
Avouons en effet que l’Athénée d’Anvers offre à toutes
les familles toutes les garanties possibles : l’enseignement
classique y est des plus complets; l’enseignement indus-
triel y est maintenant établi surles plus larges bases, et
renseignement religieux qui suit les élèves dans tous les
cours, y est des plus suivis et des plus étendus.
La demi-pension, qui a déjà beaucoup gagné depuis
la rentrée des classes, ne lardera pas sans doute à aug-
menter encore, grâce aux soins et à la bonne adminis-
tration de celui qui" en est chargé.
Inutile de dire que l’autorité a fait prendre pour les
nouvelles classes, avec une sollicitude toute paternelle,
toutes les précautions que réclame l'hygiène.
CoHïïsierce «ïes is*arS»E*es.
Monsieur G. F. Geill, de Gand, représentant de plu-
sieurs maisons du port de Livourne par lequel s’expor-
tent tous ces beaux marbres des carrières de Carrare,
vient de doter la Belgique d’une nouvelle industrie qui
ne manquera pas de donner à ce commerce la grande
extension dont il est susceptible : nous voulons parler
du sciage à la mécanique des marbres.
F,n effet, l’usage du marbre pour les arts, l’architec-
ture et comme objet d’ameublement, est devenu bien
général, et tous les jours on s’apercevait que la Belgique
manquait d’un grand dépôt et d’une scierie à la vapeur
qui pût satisfaire à tous les besoins des consommateurs
de cette production si importante et si intéressante.
La scierie de marbros à Iq, vapeur de MrGeill se trouve
établie à Gand (porte de Bruxelles, N° 95); cet établis-
sement, ainsi que le dépôt général de marbres tant in-
digènes qu’étrangers qui en fait partie, ne sauraient trop
attirer l’attention du Commerce, parce qu’il est certain
d’y trouver les meilleures qualités de marbres, soit pour
la sculpture, l’architecture, les constructions et les or-
nements, spil en petites et grandes dimensions,en blocs,
et en tranches, ou bien encore en objets confectionnés
sous toutes les formes possibles.
Marine marchande des I*ays-J5as.
Le port d’Amsterdam possède 1815 navires , employés
comme suit : 110 au long cours, c’est-à-dire au-delà
des Caps Horn et de Bonne-Espérance; 6 aux voyages de
la Havane ; 57 sur Surinam ; 9 sur l’Amérique; 2 sur le
Levant, et 21 à divers voyages à l’aventure.
Rotterdam possède 105 navires, dont 84 sont destinés
aux voyages de long cours ; 5 naviguent sur Surinam,
2 sur le Levant et 12 à l'aventure.
Zaandam, possède 6 navires, dont 4 destinés aux
voyages de Surinam et 2 à ceux de long cours.
Monnikendam compte 1 seul-navire qui navigue sur
la Méditerranée.
llarlingue, 5 navires qui font les voyages de la Havane.
Dordrecht, 22 navires, dont 12 naviguent au long
cours, 2 sur Surinam et 8 à l’aventure.
Alblaserdam, 10 navires qui font également les voya-
ges de long cours.
Schiedam, 6 navires, dont 4 employés au long cours
et 2 aux voyages de l’Amérique.
Middelbourg, 7 navires, dont 6 au long cours et 1
destiné aux voyages de Surinam.
Groningue, 2 navires qui naviguent au long cours.
Lemmer, 1 seul navire qui fait les voyages de Suri-
nam.
Le Pekeei compte 5 navires, dont 1 est employé aux
voyages de Surinam et 4 au cabotage.
Veendam 5 navires, dont 1 fait les voyages de Suri-
nam, et deux ceux de la Baltique.
La marine néerlandaise possède en outre 540 bâti-
ments de différents tonnages, tels que hoffs, stnaks et
tjalks qui font le cabotage.
Il est arrivé à Amsterdam durant l’année 1859 2,569
navires, dont 95 du long cours, 2 de la côte d’Afrique,
74 de Surinam et de l’Amérique, 55 de l’Amérique du
Sud et du Nord, 50 de la Havane, 14 du Levant, 17 de
l’Italie, 56 de la côte d’Espagne et de Portugal, 87 de
différents ports de France, 584 de différents ports de la
Grande-Bretagne, 558 de la Russie, 61 des ports de la
Suède, 471 delà Baltique, 242 de divers ports de la
Norwège, 465 de Hambourg, Brême et ports voisins du
Nord.
On nous écrit d’Amsterdam, le 2 janvier :
La hausse constante de nos fonds, loin de calmer les
esprits, les irrite au contraire de plus en plus , car il est
si clair que c’est le roi qui la provoque en faisant de
grands achats de ses propres deniers. Au reste cette ir-
ritation n’ira jamais très loin ; les véritables et bons
Hollandais sont enchantés de ce qui s’est passé à La
Haye, parce qu’il va en résulter une lessive générale
(c’est la propre expression de notre correspondant);
maison se tromperait fort à l’étranger si l’on pouvait y
cro reque les Hollandais abandonneraient leur roi pour
une simple querelle de ménage intérieur ; ils sont sim-
plement vexés et piqués au vif ; s’il y avait eu une ap-
parence réelle de danger ou de troubles , Amsterdam
seule aurait mis aux pieds de son Souverain \es cinquan-
te-six millions de florins qu'W demandait à emprunter
pour niveler d’anciens comptes.
Nous sommes ici extrêmement positifs, et nous sen-
tons très bien que des troubles intérieurs ne serviraient
qu’à diminuer la confiance de l’étranger, et par consé-
quent notre commerce maritime dont la progression
croissante n’est pas arrêtée. Nous avons sous nos yeux
l’exemple et la leçon delà Belgique donlla persévérance
et le courage en paroles répétées au loin par mille échos,
ont valu au port d’Anvers seul 550 navires de moins en
1859 qu’en 1858, et Dieu sait si 1840 ne s’en ressentira
pas encore.
Le roi des Pays-Ba3 vient de faire présenter à la
seconde Chambre des Etats-Généraux, une proposition
relative aux modifications à apporter à la Loi Fonda-
mentale. Malheureusement elle ne répond à aucun des
vœux exprimés paria seconde Chambre, durant la dis-
cussion de l’emprunt et du budget. Le roi parait ne
vouloir accorder ni la responsabilité ministérielle, ni la
publicité complète en matière de finances, ni la réforme
de la Chambre des comptes. Son projet de modification
se borne « à ce qui est devenu absolument nécessaire
par le changement des choses,» tels sont les termes du
message royal. Tout ce que demandait la seconde
Chambre est refusé, par ce motif, nous copions encore
le message royal, que le roi a pris « en considération
» les résultats peu heureux que quelques essais politi-
» ques de cette nature ont eus ailleurs dans les derniè-
« res années. »
Nous désirons nous tromper, mais nous craignons bien
que ceci ne soit le commencement de grandes difficul-
tés entre le roi des Pays-Bas et la nation hollandaise. Le
Handelsblad annonce que la communication royale a
fait baisser les fonds à la bourse d’Amsterdam.
Voici comment le même journal juge le projet de mo-
dification de la loi fondamentale :
« Quelque peu de fond que l’on dût faire du projet de ré-
vision de la Loi Fondamentale, personne ne se serail attendu
à un projet aussi insignifiant que celui qui a été présenté
avant-hier aux Etats-Généraux. Le gouvernement lui-même
s'étalt engagé à beaucoup plus par la communication du mi-
nistre des affaires étrangères du 20 janvier 1831 : les Etats-
Généraux ont expressément accepté ces promesses par leur
réponse et maintenant après tout ce qui a été dit et écrit sur
la Loi Fondamentale, après ce qui s’est passé récemment entre
les Etats-Généraux et le gouvernement, celui-ci croit que les
modifications proposées renferment ce qu'exige impérieuse-
ment l’état du pays ? Ou demanderait ainsi unanimement la
révision de la Loi Fondamentale comme la première
condition qui puisse assurer notre exislencè future , pour
obtenir ce qu’accordent les cinq projets de lois ? Qui le croi-
rait se moquerait évidemment de la raison des Néerlandais.
Telle ne peut être non plus l’opinion du gouvernement. Il
veut, comme il appert du message qui accompagne les projets,
non pas prendre lui-même l'initiative d’une révision, mais la
laisser prendre. Nous déplorons que le gouvernement laisse
ainsi échapper la plus belle tâche qui devra être maintenant
remplie par les états-généraux. Etre la première voix, la lu-
mière, la providence terrestre des intérêts les plus élevés de
la Nécrlande, qu'est-ce qui ira. pensions-nous, au gouverne-
ment royal si ceci ne lui va pas par-dessus tout? »
Le Handelsblad termine en annonçant qu’il se li-
vrera à un exafBen critique des projets présentés.
On lit dans le Iiandelsblad :
« Nous nous sommes plù fréquemment à rêver pour
l’avenir une république commerciale qui comprendrait
tous les états de l’Europe.
« Qu’on ne nous accuse pas de bâtir des châteaux en
Espagne, Henri IV, ce roi chéri de la France, avait es-
péré la fondation d’une république chrétienne univer-
selle ; pourquoi ie Handelsblad ne pourrait-il pas rêver
une réjmblique commerciale européenne? N’avoos-nous
pas sous les yeux le bel exemple de la confédération
douanière de l’Allemagne?
» Cet exemple ne permet-il pas d’espérer la réalisa-
tion de combinaisons plus vastes encore, maintenant
que nous, Néerlandais, sommes liés par des engagements,
d’un côté avec l’Angleterre et l’Allemagne, et que nous
travaillons, de l’autre, à conclure des traités du même
genre avec la France et la Belgique ?
» Nous croyons pouvoir espérer de la part de la
France l’abandon du système prohibitif; si elle n’a pu
jusqu’ici consentir à cet abandon en faveur de l’Alle-
magne ou de la Belgique, c’est à cause du grand nom-
bre de produits similaires fournis par ces deux états.
» La même raison n’exisle pas pour empêcher un ar-
rangement entre la France cl la Néerlande.
» L’expérience des dernières années a dû démontrer
à la France l’utilité de ses droits différentiels et de ses
droits régulateurs. La Belgique a fait la même expérien-
ce; elle nous montre à quoi servent toutes ces restrie-
lions. .
» Maintenant que des négociations commerciales sont
ouvertes avec la France et qu’on va bientôt en entamer
avec la Belgique, le moment est venu de procéder à la
réforme, ou plutôt à l’abolition radicale de notre légis-
lation sur les grains.
» Pense-t-on que l’agriculture et le commerce souf-
friraient en France , en Néerlande et dans la Belgique,
si ces trois états n’en formaient qu’un sous le rapport
du commerce des grains: en d’autres termes, si le prin-
cipe de la liberté était réciproquement adopté et que
toutes les entraves et toutes les formalités qui gênent les
relations de ces pays fussent abolies?
» On nous dira que, pour fonder une pareille confé-
dération, il faudrait y comprendre aussi l’Allemagne :
nous répondrons : tant mieux, plus la liberté du com-
merce des grains s’étendra, plus les peuples profileront
de ce progrès. Le commerce des grains, ie trafic des
premières nécessités de la vie, doit être aussi libre que
l'air que nous respirons; détruire cette liberté c’est pri-
ver les populations de l’air vital, c’est les tuer.
avec des circonstances atténuantes. Où diable étaient les cir-
constances atténuantes?
Est-ce parce que la victime était sa soeur, on parce que les
morceaux étaient petits ?
Il ne me samble pas que ces exemples de bévues , que je
pourrais multiplier à l'infini,militent puissamment en faveur
de Xabaissement do cens électoral etdu suffrage universel.
Il y'a sur l’institution du jury une curieuse et singulière
remarque, que je D’ai aucune raison de garder pour moi seul.
Tout est aux mains des marchands, la royauté, la presse ,
les places, les honneurs, etc.
La justice n'a pu leur échapper ; la justice est rendue à
leur point de vue;
Ainsi, selon les codes, les jurisconsultes et les moralistes de
tous les temps et de tous les pays, te crime le plus punissable
est le meurtre.
Le vol De vient qu’en troisième ou quatrième ligne.
Depuis l'institution du jury, cet ordré a été changé : le
crime le plus effrayant, le plus horrible, le plus Inexorable-
ment puni, est le vol.
L'assassinat ne vient qu’après.
Je ne parle que de l'assassinat commis par haine ou par
vengeance; l'assassinat suivi de vol est aussi sévèrement puni
que si c’était un vol simple.
En effet, deux hommes sont animés d'une haine mutuelle;
Tun a offensé l’autre, etc.
L’offensé ou l’offenseur tue son ennemi ; cela n’est pas pré-
cisément conforme A la justice, à la morale ni aux usages,
pensent lcsjuvés ; mais au fond, cela ne nous regarde pas.
Et, comme je l’ai entendu dire à un de ces estimables négo-
ciants,« entre l’arbre et l’écorce, il ne faut se mêler de rien.»
C’était une affaire entre le tué et l'assassin, c’est une chose
finie. Il a tué cet homme parce qu'il lui en voulait; il est
mort, il ne lui en veut plus. La société (mot qui veut dire moi
dans la bouche d’un juré, comme le peuple dans la bouche
d'un homme politique) n’est pas menacée.
Mais on a volé un négociant (comme moi), un homme pa-
tenté (comme moi) , un parfumeur (comme moi) , dans une
rue déserte (comme la mienne), le voleur n’en voulait pas à
ce parfumeur précisément, mais à l’argent. Son crime ne l’a
pas satisfait ; au contraire, la cause n’a pas cessé d'exister
comme dans le crime précédent. La société (j’) a (ai) de l’ar-
gent, donc la société est menacée, il faut se défaire du scélé-
rat.
Et ceci n’est pas un parodoxe, les faits sont là ; tout le
monde peut juger et tirer les conséquences.
Les dieux s’en vont, a dit un ancien. Je dirai quelque chose
de plus triste : les femmes s’en vont.
S il y avait une destinée belle et noble, c’était celle des fem-
mes, telle qu’elle a Clé si long-temps en France.
Reines par la beauté et par l’amour, on les avait placées
sur un piédestal si élevé, que les moins (Urines d'entre elles
n’en osaient descendre dans la crainte de se rompre le cou.
Une grande, une sublime fiction avait elahli que l’amour
d'une femme ne s’obtenait que par la manifestation de tout
ce qu’il y a de noble et d héroïque dans la nature humaine.
Au courage, à l'honneur, à l'esprit il fallait joindre la dis-
tinction et l’élégance.
Les hommes avaient fait les femmes si grandes, qu'il fallait
devenir grand pour arriver jusqu’à elles.
Les petits hoimnes et les imbéciles, les natures communes
et vulgaires ont changé tout cela.
Le goût des plaisirs faciles devait dominer à une époque
où il y a une haine insatiable contre tout ce qui est grand et
beau. Les hommes des meilleures familles, les hommes les
plus faits pour le monde, se sont laissé entraîner. Autrement
ils (iraient des danseuses, aujourd'hui ils sont eus par elles.
Il ont brûlé aux pieds de ces divinités impures un encens au-
quel elles r.'éUienl pas accoutumées. Les journalistes ont
vanté la décence et la noblesse, les vertus et le bon ton des
sauteuses qui se montrent, trois fois par semaine, toutes nues
au public, et qui d’ailleurs ne peuvent avoir d’autres charmes
que de n’avoir ni bon ton, ni vertus, ni décence.
Donnez à un grand poète, à un roi, la vingtième partie des
éloges que les journaux donnent tous les jours à desacrobates
parfaitement maigres et parfaitement jaunes, eton vous accu-
sera de camaraderie et de servilité, et on cassera vos vitres
avec des pierres.
Les choses en sont arrivées à ce point, que si aujourd’hui —
les exemples sont connus—si aujourd’hui une danseuse épouse
un duo, cela s'appelle toujours, comme autrefois, une mésal-
liance; mais c’est la danseuse qui se mésallie. Tout le monde,
en apprenant ce mariage, qui se fait à l’église, au chœur ou à
la chapelle de la Vierge, s’écrie : Quelle folie! ne croyez pas
que l’on veuille parler du duc ; c’est la danseuse qui est folle,
et qui fait une mauvaise affaire.
On en es; venu à applaudir plus une chanteuse que le mu-
sicien, dont elle gâte la musique.
Qu’il paraisse un beau livre, aucun souverain ne s’en émeut.
Depuis que le peuple sait lire, ce qui n’est peut être pas un
bien ; —je crois que les rois ne le savent plus, ce qui, à coup
sûr, est un mal ; mais qu’une de c.#s diverses saltimbanques,
que l'on paie pour gigoter sur les théâtres, s’avise de faire Iroil
pirouettes devant un roi, il fait complimenter la funambule,
demande la permission de se présenter dans sa loge, et lui
offre non pas de l'argent, mais un souvenir. La reine d'An-
gleterre détâche un bracelet de son bras elle la prie de l’ac-
cepter.
Aujourd’hui, les femmes de tout Paris qui ont le plus de
succès, qui le soir sont le plus entourées de beaux et de gants
jaunes, sont les sauteuses du Cirque-Olympique.
Houp-là, houp, dia, hu, ho; houp-lâ, houp.
(Parenthese » propos cïes gai»fs jaunes.)
Il n’y a plus de grands noms, de grandes familles, d’illus-
tration personnelle aujourd'hui, pour une certaine classe d’in-
dividus; on ne distingue plus les hommes que par la couleur
de leurs gants.
Les ganls jaune paille, car il faut bien les préciser pour la
postérité, du prix de 2 francs 50 centimes, remplacent tout
ce que nous venons de dire, et en outre, l’esprit, la distinc-
tion, les bonnes manières, etc., etc.
Il faudrait ne pas avoir deux francs cinquante centimes dans
sa poche pour s’en priver.
L’ancienne aristocratie, l’aristocratie de race,avait de belles
mains; celle qui surgit sur les débris de l’ancienne, se con-
tente d’avoir de beaux gants, qui servent à cacher des mains
vulgaires. On pourrait lui dire, comme La Fontaine à son
loup : ■
Montrez-mai patte blanche.
Et, il faut l’avouer, les femmes n’ont pas su défendre leur
belle couronne menacée. Elles n’ont pas eu la dignité des
sénateurs romains, qui, voyant Rome livrée aux Gaulois, au
fer et à la flamme, se drapèrent dans leur toge et restèrent
assis sur leur chaise curuie, calmes, grands, impassibles, et
faisant hésiter la mortel les barbares.
Les uney, et c’est le plus grand nombre, ont fait des conces-
sions et des lâchetés; elles ont permis aux hommes tout le
sans-façon qu’elles ont cru être le charme de leurs rivales des
théâtres; elles ont toléré qu’on vînt dans un salon:
En cravate noire,
En bottes.
En redingote.
Elles se sont accoutumées â l’odeur du cigare.
Hélas I
Quos vult perdere Jupiter dementat.
Jupiter aveugle ceux dont il a résolu la perte.
Elles auraient dû consulter M. Moëssard, acteur et régis-
seur du théâtre de la Porte-Saint-Martin.
M. Harel, son directeur, abusait un peu de sa longanimité:
a Mon petit M. Moëssard, disait-il à son pensionnaire qui
est gros comme une tonne, vous me ferez bien encore cette
concession ? »
M. Moëssard recula d’un pas, rejeta sa bonne grosse tête
rouge en arrière, mit sa main droite dans son gilet et dit;
« M. Harel,c’est de concessions)en concessions que Louis XVI
est monté sur l'échafaud. »
Elles ont vu de ce temps tout ce qui arrive aux royautés qui
se popularisent.
Sans parler de Sylla qui, après avoir abdiqué, fut poursuivi
d’injures et de pierres.
D’autres sont entrées dans la lice avec les acrobates, elles
ont cherché tous les moyensde paraître en public, de monter
sur les planches, d’être applaudies. Elles ont reçu des actrices
chez elles et ont chanté avec elles; elles ont chanté devant no
public payant, sur les théâtres, sous prétexte de bienfaisance;
elles ont vendu publiquement dans les bazars, et ont chanté
gratis à Notre-Dame-de-Lorette sous prétexte de piété.
La piété et la bienfaisance sont les deux vertus les pins
complaisantes et les plus commodes qu’on puisse imaginer.
ALPHONSE KARa. |