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Fig. XXVII. — Palais de Fontainebleau. Salle Henri II.
(D’après photo, de Mieusement.)
Fig. XXVIII. — Palais de Fontainebleau. Galerie François Ier.
(D'après photo, de Mieusement.)
Fig. XXIX. — Palais de Fontainebleau. Galerie François Ier.
(D’après photo, de Mieusement.)
Henri IV et démolie en 1725. Cette cheminée se trouvait à
l’emplacement de l’ancienne comédie.
C’est d’après des fragments existants que M. Boitte a fait
cette restitution.
Dans la salle François Ier se trouvent des tapisseries qui ont
été faites d’après des cartons de Bernard Van Orley, notre
peintre bruxellois trop peu apprécié par ses compatriotes.
Une de ces tapisseries représente l’ancienne cour des bailles
du palais des ducs de Brabant à Bruxelles.
Après avoir salué non sans émotion ce morceau, qui nous
rappelait la ville natale, nous avons visité la ,salle des gardes, la
salle du trône, Fig. XXIV, l’ancienne chambre de la duchesse
d'Étampes (116), Fig. XXV, le salon des tapisseries, Fig. XXVI,
— nous citons au hasard de nos souvenirs — puis enfin la
galerie Henri II, Fig. XXVII, avec ses peintures du Prima-
tice. Celui-ci, dit avec raison Viollet-le-Duc, n’était qu’ « un
« artiste médiocre qui, ne pouvant faire ses affaires en Italie,
« où se trouvaient alors cent peintres et architectes supé-
« rieurs à lui, était venu en France pour emprunter une
« gloire appartenant à des hommes modestes, de bons prati-
« ciens, dont le seul tort était d’être nés en France et de s’ap-
« peler Jean ou Pierre. » Tout cela est très juste, mais le
Primatice n’est pas seul dans ce cas : on peut en dire autant
de Serlio et de bien d’autres (117).
Passons, en signalant encore la chapelle Saint-Saturnin, dont
(116) Rouyer et Darcel, l’Art architectural en France, vol. I, pl. 3.
(117) Viollet-le-Duc, of. cit,, III, p. 187.
nous avons déjà parlé, et la galerie François Ier, Fig. XXVIII
et XXIX, qui est d’un magistral effet.
La Rosso, à qui on doit la décoration de cette galerie, était
lui un véritable artiste. On a pu critiquer les formes manié-
rées de ses figures, mais on est forcé de reconnaître en lui un
décorateur puissant, à « l’imagination bizarre et hardie, au
talent vigoureux et tourmenté, espèce de Michel-Ange avorté :
c’était un génie de la décadence, un de ces hommes d’autant
plus dangereux pour les écoles naissantes qu’ils sont vraiment
grands encore et qu’ils exercent un attrait singulier par
l’énergie même de leurs erreurs. » (L. Chateau.)
Disons encore à ce propos que si tous ces Italiens, que les
Valois amenèrent en France, n’eurent en sculpture et en
architecture qu’une influence immédiate relative, contreba-
lancée par l’école nationale des Jean Goujon, des Germain
Pilon, des Pierre Lescot, des Philibert de l’Orme, ils produi-
sirent sur l’école française de peinture, qui était naissante à
leur arrivée, un détestable effet.
Aux traditions des Jehan Foucquet et des Jehan Perréal,
qui s’inspiraient des œuvres flamandes, aux tendances des
Clouet, ces « painctres » si admirables par la précision de leurs
touches, leur beau modelé et cette couleur si « solide » qu’ils
tenaient de leur origine flamande,— le chef de la dynastie,
Jean le vieux, était né à « Breuxelles » ainsi que probablement
son fils, Jean le jeune,— les Italiens vinrent implanter un
art étranger au pays.
Jean Cousin marqua le commencement de cette ère de
décadence, au milieu de laquelle on ne voit d’éclaircie qu’au
xviie siècle, alors que les Lesueur, les Poussin et les Philippe
de Champagne, encore un Flamand de naissance, rendirent
quelque vie à l’école.
La très curieuse collection de tableaux réunie à Fontaine-
bleau permet de vérifier ces faits.
* *
La visite du palais se termina par la belle chapelle de la
Trinité, que Henri IV fit décorer, dit-on, après que l’ambas-
sadeur d’Espagne lui eut dit que « le Roi de France était
mieux logé que Dieu », les galeries de Diane et des Cerfs ; cette
dernière très bien restaurée sous Napoléon III et des plus
intéressantes par ses fresques représentant les châteaux
royaux de France.
Remercions M. Boitte, l’habile architecte du palais, de
l’extrême obligeance qu’il a mise à nous montrer ce vaste
ensemble dans tous ses détails et surtout des nombreuses
explications qu’avec une verve et une science intarissable,
notre trop aimable guide n’a cessé de nous donner.
Grâce à lui, le jour que nous avons consacré au palais de
Fontainebleau restera parmi nos meilleurs souvenirs.
Paul Saintenoy.
(La suite prochainement.)
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L’ÉMULATION.
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