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Façade de maison à Ypres.
de style, si quelques minimes parties ne s'étaient greffées sur
l’édifice au XIVe siècle.
D’après Schayes, la construction de l’église de Pameele doit
avoir été terminée dans le court espace de quatre ans, car elle
fut achevée dès l’année 1238 (1239 nouveau style), par Alix,
veuve du fondateur Arnould, sire d’Audenarde. Une inscrip-
tion du temps, posée au chevet du chœur, apprend que le
4 des Ides de Mars de l’année 1234 (1235 nouveau style), on
posa la première pierre de ce temple, élevé sur les plans de
maître Arnould de Binche.
Au moyen âge cette rapidité dans la construction étonne et
peut passer pour un tour de force. Celui-ci se renouvela
cependant pour un édifice plus important encore, le superbe
Hôtel de Ville.
« En 152 5, dit Schayes ( 1 ), le magistrat d’Audenarde décréta la
« construction d’un nouvel Hôtel de Ville sur l’emplacement de
« l’ancienne maison échevinale, qui menaçait ruine et répondait
« peu à l’importance q’ue, sous le rapport industriel, cette ville
« avait acquise à cette époque. Voulant que cet édifice surpas-
« sât en beauté tous ceux de ce genre qui existaient dans le
« reste de la Flandre, il chargea un artiste en réputation,
« Jean Stassins, de Gand, d’en dresser les plans et d’en faire
« le modèle. Mais, soit que ce projet n’eût pas été goûté, soit
« à cause de la maladie de cet architecte, qui mourut bientôt
« après, le magistrat s’adressa, en i527, à Henri Van Pede,
« architecte de la ville de Bruxelles, pour la confection d’un
« autre plan qui, sauf quelques légers changements faits plus
« tard, reçut une exécution complète. Déjà vers la mi-avril
« de cette même année, Philippe de Lalaing, gouverneur
« d’Audenarde, posa la première pierre du nouvel Hôtel de
« Ville et les travaux furent poussés avec tant d’activité, que
« l’édifice se trouva entièrement achevé en 1529 ou 153o, à
« l’exception de quelques décorations intérieures. »
Comme le fait judicieusement observer le même auteur, il
est facile de voir que l’architecte Van Pede a voulu reproduire
dans ce monument les plus belles parties des Hôtels de Ville
de Bruxelles et de Louvain, mais avec les modifications que
le goût du temps avait fait subir à l’architecture. Dans la
façade principale nous y trouvons le parti de l’Hôtel de Ville
de Bruxelles, une tour centrale flanquée au rez-de-chaussée
de galeries, et dans les façades latérales, nous y rencontrons
des réminiscences de l’Hôtel de Ville de Louvain.
L’œuvre considérée en son entier a cependant, malgré le
fouilli des dés, pinacles et clochetons, l’exubérance des cro-
chets et dentelures, l’enchevêtrement des lignes grimpantes
et descendantes, une certaine unité et un accent particulier,
celui de la richesse et de la somptuosité poussées dans ses
dernières limites.
L’intérieur de l’édifice, que nous avons pu visiter sous la
conduite du concierge, véritable cerbère, avec lequel il ne
convient pas de badiner, contraste avec le luxe d’ornementa-
tion des façades. Nous avons toutefois remarqué la cheminée
et le plafond en poutres apparentes de la grande salle don-
nant- vers la façade principale, et tout particulièrement, le
célèbre portail dû à l’imagination féconde de Paul Van
Schelden, dont les petits panneaux, aux brillantes arabesques,
sont connus de tous comme des modèles parfaits de l’art fla-
mand, en honneur au XVIe siècle.
(1) Histoire de l’architecture en: Belgique, tome II, page 278.
Mais Audenarde, qui abrita les amours de Charles-Quint
et où vint naître la fille du puissant empereur, Marguerite de
Parme, serait encore remarquable par bien d’autres édifices,
si les guerres et les assauts répétés des Gantois et des Fran-
çais, et plus particulièrement les rages follement destructives
des Iconoclastes, n’avaient ravagé cette cité, renommée alors
pour sa haute vaillantise ». Aujourd’hui nous découvrons
encore quelques maisons anciennes, derniers vestiges de sa
prospérité. Le commerce et l’industrie autrefois si florissants,
ses manufactures de tapisserie, connues dans le monde
entier, n’existent plus qu’à l’état de souvenir, et comme dans
d’autres villes dont nous venons de parler, ses larges rues sont
délaissées et l’herbe y croît entre les pavés. Toutes ces com-
munes, naguère si brillantes, aujourd’hui dorment d’un
sommeil de plomb, et notre art seul les sauve de l’oubli.
R. Z.
CORRESPONDANCE
Monsieur le Directeur,
J'ai lu dans la dernière livraison de votre journal la réponse que
M. le bourgmestre, au nom du Conseil communal de Nieuport, fait à l’ar-
ticle que je vous ai envoyé en décembre dernier.
J’apprends avec plaisir que c’est au Collège échevinal, à MM. Alexan-
dre De Roo et Quaegebeur, membres du bureau des marguilliers que
nous devons d’avoir laissé intacts de tout nouveau badigeon, deux des
quatre piliers triangulaires du transept ; j’en félicite ces Messieurs !
En effet, par leur lettre du 28 septembre 1886, ils signalent déjà à
Monsieur le gouverneur de la province l’existence de peintures murales
à l'église ; mais il est cependant étonnant qu’il leur ait fallu un mois
et une lettre de Monsieur le commissaire d’arrondissement pour les
décider à arrêter les travaux de badigeonnage. Car, avant le 22 octo-
bre, les autorités locales n’ont rien fait effectivement pour sauver ces
peintures? Elles en signalent, il est vrai, l’existence à Monsieur le
gouverneur de la province, elles invitent la Commission Royale des
Monuments à venir les voir, en un mot, elles suivent régulièrement toute
la marche administrative nécessaire, ce que je ne conteste nullement, et
enfin, ainsi que je l'ai dit, M. l’architecte provincial Naert vient à Nieu-
port; mais pendant tout ce temps on continuait avec activité les travaux
de badigeonnage et on laissait s'accomplir cet acte de véritable vanda-
lisme.
Voilà ce que j’ai prétendu et ce que je prétends encore.
Voilà pourquoi Messieurs les délégués de la Commission Royale des
Monuments n’ont pu faire autre chose que de constater qu’il n'y avait
que les piliers du transept qui portaient des traces de peinture, des deux
piliers du jubé, on ne parle pas. L’autorité locale ne peut pas les perdre
de vue, comme elle l’a fait pour les deux premiers piliers du transept.
Si l’autorité supérieure ne juge pas que cette peinture a assez de
valeur artistique pour être reconstituée ou restaurée, nous engageons
vivement le Conseil communal et la fabrique de l'église à faire enlever
eux-mêmes le badigeon et à examiner avec soin les inscriptions et les
figures qui se trouvent sur les quatre piliers ; pour l’histoire de notre
petite cité elles pourraient avoir de l’intérêt et révéler des noms, des
dates, des souvenirs très précieux.
A ce point de vue, on ne peut méconnaître l’importance de ces pein-
tures, et je serais heureux de pouvoir rendre hommage à l'administration
communale d'avoir pris soin de conserver aux générations futures
ces reliques du passé.
Henri Bogaert,
Architecte à Nieuport.
CONCOURS
Concours pour un Palais de Justice et un Dépôt
d’archives à Nivelles
Trente projets ont été envoyés à ce concours. Ils sont
exposés à l’Académie des Beaux-Arts, rue du Midi , à
Bruxelles, depuis le 16 juillet, de n heures du matin à
4 heures après midi.
Les membres du jury élus par les concurrents sont :
MM. Bordiau, Heindrickx, Janlet et Laureys, architectes à
Bruxelles.
Le jury se réunit le jeudi 21 courant.
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L’ÉMULATION.
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