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146 LA BELGIQUE.
écrivains contemporains le feuilleton et les romans à quatre
sous, à cette différence près pourtant, que les romans à qua-
tre sous ne rapportent rien à leurs auteurs, tandis que les
pièces d’or si bien peintes par Metzys lui en valaient du
moins quelques-unes d'argent, il y a tout lieu de le croire.
L'œuvre capitale de ce grand peintre est un triptyque dont
le sujet principal est une Mise au tombeau. I ne se peut
rien voir de plus beau. Admirable et saisissant de vérité!
telles sont les expressions que ce tableau m’arrache. Le front
etle côté du divin Rédempteur, tout ruisselants de sang, sont
d’un effet puissant et tragique, sans mélodrame. La compo-
sition, très-compliquée, est d’une simple et magnifique or-
donnance. Quant aux détails, ils approchent de la perfection
de Van Dyck. Grand, majestueux et fini, tel est en trois mots
Metzys.
Les volets latéraux de cette belle page représentent, celui
de droite, {a Tête de saint Jean-Baptiste sur la table d'Hé-
rode. Léonard de Vinci, qui a souvent traité ce sujet, n’a rien
fait de plus achevé.
Le volet de gauche a pour sujet : Saint Jean dans l'huile
bouillante. Gelui-là est, à notre sens, moins bon que les
deux autres. Les bourreaux qui attisent le feu sont d’une
sauvage énergie; mais l'ensemble pèche tant soit peu par
le dessin. Le saint Jean est trop grêle et a un peu trop l’air
de prendre un simple bain d’eau tiède. La résignation du
martyr ne saurait aller, au miheu des tortures, jusqu’à cette
douce sérénité.
Cet admirable triptyque fut commandé à l’auteur, en 1508,
par la corporation des menuisiers, moyennant trois cents
florins , quelque chose comme 1000 fr. A l’instante sollicita-
tion de Martin de Voss, le magistrat d'Anvers acheta cechef-
d'œuvre, en 4577, au prix de 4500 florins, et il est demeuré
depuis dans une chapelle de la cathédrale jusqu’en 1794, où
les commissaires français chargés de l’enlèvement des objets |
