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légation au ministère des affaires étran-
gères en Prusse : Quiconque est chargé par
son souverain des affaires de l’Etat et des
intérêts de la nation est un ministre public.
Le doute n’est pas possible pour les agents
envoyés ; quel que soit leur rang hiéiar-
chique, quelle que soit leur position vis-a-vis
d’autres agents institués par le même gou-
vernement et accrédités auprès du meme Etat,
qu’ils agissent en leur nom sous leur res-
ponsabilité ou en vertu d’instructions de leurs
chefs les consuls sont revêtus d’un caractère
public. Comme envoyés officiels, comme
agents accrédités de leur pays, ils sont mi-
nistres et leurs personnes comme leurs domi-
ciles doivent participer du respect du a la
nation qui les a commissionnés. v
Ces immunités qui couvrent et protègent
les consuls envoyés ne sauraient évidemment
pas s’appliquer aux agents d’occasion, aux
négociants, qui ne devraient être que de sim-
ples fondés de pouvoir, comme les agents, les
consuls du moyen-âge établis par la pré-
voyance du commerce pour défendre ses inté-
rêts en pays étrangers.
Les diplômes de nomination des consuls de
carrière devraient comme par le passé, être
signés par le souverain ou par le chef du pou-
voir exécutif, tandis que ceux des agents non
envoyés, des représentants que nous voudrions
voir désigner sous le nom d’agents commer-
ciaux, ces diplômes ne devraient être signes
que par le ministre des affaires étrangères.
Dans les pays hors de chrétienté l’assimila-
tion des consuls aux ministres publics est re-
connue par les capitulations et les traités ; ils
y jouissent de privilèges et d’immunités qui
rehaussent la dignité de la charge dont ils
sont revêtus et dont profitent largement
les consuls négociants. .
Dans ces pays hors de chrétienté, les Occi-
dentaux sont tous placés sous un régime ex-
ceptionnel qui rend leur position toute diffe-
rente de ce qu’elle est dans les pays de chré-
tienté. Ils n’y sont justiciables des tribunaux
indigènes ni pour les crimes et délits, ni pour
les contestations dans lesquelles aucun sujet
territorial ne se trouve partie intéressée.
Dans les deux cas, ils sont soumis à la loi et
aux tribunaux de leur pays. C’est aux consuls
que les traités ont attribué le pouvoir de pro-
noncer dans ces contrées tant en matière ci-
vile que de simple police et d’exercer les pour-
suites en matière criminelle.
Nous le répétons, cette situation donne aux
consuls une position prépondérante dont les
négociants, agents officiels, n’abusent que
trop souvent, surtout quand ils ne sont pas
citoyens de l’Etat qui les a commissionnés.
Pour les consuls de carrière, le régime
français au sujet des immunités devrait être
adopté par toutes les nations ; tandis que
pour les consuls non envoyés et qui seraient
donc désignés sous le nom d’agents commer-
ciaux, on ne les considérerait pas comme fai-
sant partie du corpsidiplomatique; ils seraient
soumis à la juridiction locale et dans les pays
hors de chrétienté, leur situation serait la
même que celles des autres sujets de la nation
à laquelle ils appartiennent.
Le Moniteur publie la loi approuvant la décla-
ration signée le 2 mai 1891 entre la Belgique et la
Grande-Bretagne, en vue de faciliter la procédure
pour le règlement des conflits entre pécheurs anglais
et pécheurs belges dans la mer du Nord, en dehors
des eaux territoriales, et de réduire les dommages
qu’ils peuvent éprouver par l’effet du contact de leurs
appareils de pêche ; ainsi que la loi portant répres-
sion des infractions aux dispositiôns de la convention
internationale du 6 mai 1882, sur la pèche dans la
mer du Nord, et des infractions à l’article 4 de la
déclaration signée le 2 mai 1891 entre la Belgique
et la Grande-Bretagne.
Le Socialisme en Allemagne.
Un étudiant en théologie de Berlin, M. Paul
Gohre, vient de publier une brochure où il s’occupe
du socialisme, qu’il a étudié sur place à Chemnitz,
où il avait eu le courage de s’engager comme simple
ouvrier dans une usine. Cette expérience lui a fait
connaître qu’il suffisait “ d’un revenu moyen de 800
à 900 marks (1000 à 1125)... pour qu’un ouvrier
n’ayant pas trop d’enfants pût subsister sans crainte
de manquer », etre bien vêtu le dimanche et avoir
un peu d’argent de poche.
En dehors des journaux, le parti socialiste — et
tous les ouvriers étaient socialistes — avait à Chem-
nitz deux autres moyens d’action très puissants : les
sociétés électorales et les fêtes ouvrières.
Dans les Sociétés, dont le but était de former des
orateurs, tout le monde parlait. Jeune où vieux,
chacun disait ce qu’il avait à dire, et c’était parfois
une grosse sottise, ou une absurdité ridicule. Mais
personne ne riait jamais de l’orateur : “On l’écou-
tait avec calme, attention, et un sérieux presque
enfantin. » De huit heures du soir à minuit, on dis-
cutait, tantôt sur des questions posées par les assis-
tants, tantôt sur les idées qui jaillissaient des ré-
ponses, tantôt sur un article de journal, et il arrivait
tout à coup que le débat s’élevait et s’éclairait.
C’était un forgeron, un tisserand, un tourneur, un
homme de peine qui disait en excellent langage des
choses si justes et si fortes, que M. Gohre songeait
avec un mélange d’admiration et d’humiliation au
petit nombre d’hommes cultivés dignes de lui être
comparés pour » la sûreté du raisonnement, l’élo-
quence et le maintien Ainsi l’institution atteignait
son but; elle formait des orateurs, dont quelques-
uns devenaient remarquables.
Les fêtes ouvrières, soit pour les adultes, soit pour
les enfants, avaient lieu le dimanche. Leur objet
était de faire respirer une atmosphère socialiste aux
femmes et à la jeunesse, qu’un enseignement sérieux
aurait rebutés. On se préoccupait avant tout de les
amuser par des défilés, de la musique, des danses et
des jeux variés, afin que l’idée de plaisir demeurât
associée dans leur esprit à celle de socialisme. Ve-
naient ensuite les leçons de politique, directes ou
indirectes. On guettait le moment où la police était
loin pour chanter un lied aux paroles subversives,
devoir est en vous... Je vous confie avec joie le bon-
heur de ma fille retrouvée!...
Lorsque Laure permit enfin à son mari de redes-
cendre dans le bas de la maison, ils trouvèrent tous
les deux Minou et Souriquette assis à côté l’un de
lautre, la main dans la main.
M'”e Vallauris chancela.
L’avait-elle assez désiré ce moment!...
Roselin, plus en dehors, s’écria :
— Enfin, tu t’es donc décidé, mon fillot ! Ce n’est
pas trop tôt, Dieu garde!...
Et elle, l’adorée, elle t’a accepté. Ah ! ma Souri-
qaette. sois bénie, comme tu es aimée !...
L’émotion le transfigurait et lui donnait une
dignité attendrie extraordinaire.
Il ouvrit ses bras à l’enfant que jadis son courage
avait sauvée des flammes, elle s’y précipita.
Mais elle dut s’arracher aux baisers de l’excellent
homme; à ses côtés, Laure,blanche comme une cire,
attendait son tour.
— Je ne serai pas plus ta fille que je ne l’étais
déjà, m’an Laurette, murmura Henriette à son
oreille, mais je le serai deux fois.
C’est à peine si l’on put faire comprendre à Val-
lauris, que vu le retentissement extraordinaire
qu’avait eu le procès de la marquise d’Argelles, il
valait mieux que le mariage des deux enfants se fit
sans trop de bruit ni de pompe.
Il finit par y consentir toutefois.
Il était si bon, et malgré ses cris et ses colères,
Laure lui faisait toujours si bien faire ce qu’elle vou-
lait!
Mais une chose pour laquelle il tint bon, c’est que
la noce aurait lieu à Paris.
— Cette maison-là, je l’ai gagnée à la sueur de
mon front, dit-il; j’y suis plus chez moi qu’à Ar-
gelles, et elle portera bonheur à mon fillot.
On ne voulut pas le contrarier, et il fut convenu
que tout le monde partirait pour Paris.
La maison de commerce d’ailleurs était vendue,
mais point la maison d’habitation, qu’envers et
contre tous Vallauris avait voulu conserver.
Henriette, consultée, avait simplement répondu :
— Ici, là-bas, que font le lieu et le moment,
pourvu que cela soit?
Elle ne disait peut-être pas toute sa pensée.
Jacques, en donnant son consentement sans une
observation, ne la formulait pas davantage.
En effet, l’un comme l’autre eussent voulu que la
cérémonie eût lieu dans cette petite église d’Astarac
où ils s’étaient rencontrés pour la première fois, à
que la foule écoutait avec recueillement. On décorait
enfants et grandes personnes d’insignes rouges. On
montrait au public une barraque inti tulee Cabinet de
curiosités, où l’on voyait de vieux sabres rouilles
de 1843, un tonneau rempli « de la sueur du peuple »,
le gourdin avec lequel Caïn tua son frère, et d autres
objets également suggestifs. Les gendarmes mspec-
taient pourtant avec défiance le Cabinet de eut 10-
sites, mais on leur donnait des explications si inno-
centes, qu’ils s’en allaient rassurés, au milieu des
sourires d’intelligence des spectateurs.
Ces fêtes se renouvelaient presque tous les
dimanches dans la belle saison et constituaient un
moyen de propagande des plus efficaces. _
Il ne suffisait pas à M. Gohre de s’être assure que
tous ses camarades étaient socialistes. Qu’y avait-il
sous cette étiquette ? Quelles étaient leurs idees et
que voulaient-ils ? , , .
Il faut bien convenir que M. Gohre n en sai t guère
plus long sur ces sujets qu’avant de s’être fait ma-
nœuvre dans la fabrique de machines de Chemnitz.
La seule certitude qu’il ait rapportée, c’est qu’il n est
plus question de religion dans ce monde-la. Les
jeunes gens et les individus d’un naturel grossier
'profèrent des blasphèmes. Les ouvriers intelligents
et rassis parlent de la religion comme d’une chose
finie, d’une institution qui a fait son temps et est
devenue sans objet, puisqu’on a aujourd hui des lois
pour contenir et pour punir. En revanche, tous
ceux que M. Gohre a conuus professaient beaucoup
d’estime et de respect pour Jésus, qui fut « le pre-
mier socialiste, et qui est mort pour ses idees ».
'dus ils étaient eux-mèmes d’opinions avancées.
4,643,737 ; 4,008,468 qtx froment, contre 3,733,605
en 1890 même période.
La récolte en Roumanie. — Le consul d’A.u-
triche-Hongrie à Bucharest dit, dans son dernier
rapport,que la récolte du froment est de 10 0/0 infé-
rieure à la moyenne et, comme les stocks de froment
vieux sont épuisés, il ne faut pas compter sur une
exportation supérieure à 8,500,000 hectolitres. La
récolte en colza n’est que de 50 0/0 d'un rendement
moyen et celle de l’orge de 60 0/0. Mais comme la
superficie ensemencée en orge en Roumanie a été
beaucoup plus considérable que l’année dernière,
l’exportation n’en sera pas beaucoup moindre.
En Pologne la récolte du froment est évaluée à
3.480.000 hect., contre 4,495,000 en 1890 et la récolte
du seigle à 14,210,000 hect., contre 15,950,000,
Les métaux précieux en Angleterre. —
Nous empruntons à lacireulaire d ePixleyand Aboli,
ce qui suit :
or : Il règne par continuation une demande ac-
tive ; l’Allemagne est le principal acheteur. La
Banque a reçu en tout liv. sterl. 12,000, tandis qu’on
en a retiré liv. st. 570,000, dont liv. st. 200,000 pour
l’Egypte, liv. st. 245,000 pour l’Allemagne et liv. st.
125.000 pour la Turquie. Il a été importé liv. sterl.
103.000 de l’Afrique au Sud, liv. st. 55,000 de l’Aus-
tralie et z 19,000 de Hong-Kong, tandis qu’il a été
expédié liv. st. 5000 pour Madras, liv. st. 3000 pour
Calcutta,liv. st. 37,000 pour Bombay et liv.st. 100,000
i mo ,io — —» ~r—---------------------- A pour Alexandrie. .
plus s’accroissait leur vénération pour « le grima argent : Sous l’influence des prix en baisse de
réformateur social qui s’est efforce d amener I âge New-York, nos cours ont reculé jusque 45 l/2d., A
or ». . .......
M. Gohre croit aussi pouvoiraffirmer que la ques-
tion des salaires ne venait qu’au deuxième rang
parmi les préoccupations de l’usine et qu’elle étai t
primée par le désir intense de compter dans 1 Etat,
„ de ne plus être seulement des bras, mais aussi des
têtes ». A cette maxime un peu vague se bornent ses
renseignements sur les vues et les projets de la
classe ouvrière. Ce n’était peut-être pas la peine de
suivre aussi assidûment les séances de la Société
électorale. . „ „ „ „
La brochure se termine naturellement par 1 offre
d’une panacée. M. Paul Gohre adjure l’Eglise pro-
testante de prendre la tète du mou veinent et depro-
fiter de la considération tles travailleurs pour Jésus,
père du socialisme, pour leur infuser une religion
rajeunie qui sera le salut. Il faut se garder de leur
remâcher les vieilles idées, qui n’ont plus aucune
prise sur eux ; il faut « briser les vieux moules»,
renouveler les formules et présenter au peuple “ _ un
christianisme moderne ••. Si l’on ne prend pas réso-
lument ce parti, “ C’estla fin du christianisme pour
longtemps». . . ,
Pour un candidat en. théologie, voila qui sent
légèrement le fagot. M. Paul Gohre nous laisse
entendre qu’il n’est pas seul dans l’Eglise allemande
à penser ainsi, et que« beaucoup d’esprits superieurs
sont préparés depuis longtemps déjà à cette tâche.»
Une comédie.
On se rappelle que M. Do Burlet, mis en demeure,
par M. Woeste et les pointus de la droite, de supprimer
les traitements d’attente des instituteurs mis sur le
pavé à la suite de la loi de 18S4, be donna les gams de
refuser et .joua majestueusement au ministre impartial
et modéré. Les pointus de la droite firent semblant
d'être mécontents, et. les instituteurs respirèrent.
Au fond, M. Do Burlet était parfaitement d accord
avec ladroite, et il vient, parait-il, de le prouver. Les
feuilles ministérielles, en effet, annoncent, avec une
,joie chantable qui les honore, que le nouveau ministre
’a pris une série d’arrêtés relatifs à la suppression ou a
la réduction des traitements d'attente. Une cinquan-
taine de ces arrêtés visent, nous assure-t-on, la seule
province du Hainaut.
Le double jeu apparaît dans toute sa beauté. M. De
Burlet, sommé par les droitiers intransigeants de sup-
primer les traitements d’attente, répond sur le mode
héroïque : “ .Te ne veux pas ! » Mais au lieu de suppri-
mer ces traitements en une fois. — il les supprime par
séries, et en détail. Le bureau des dénonciations, qui
fonctionne dans chaque province, signale au ministre
les victimes nécessaires, — et le ministre prend des
arrêtés contre elles. Mais fine touche pas au principe
des traitements. Avez-vous compris ? .
C’est très ingénieux et très clérical. CEtoile).
Commerce, industrie, marine, finance?
Tribunal de commerce d’Anvers. — Actes de
Société déposés au greffe du tribunal de commerce
d’Anvers, du 28 au 4 septembre 1891 :
°) 28 Août 1891. Société anonyme « El Oriente fa
brica de tabacos. »—Procuration
A. Deckers. —. Procuration.
Société coopérative » Antwerpsche
Volksbank. »' Bilan.
Société coopérative « Melluiâtie ».
— Constitution.
Société en nom collectif Yan Is-
lioven et Van Vaerenbergh. —
Constitution.
Compagnie d’assurances L’Escaut.
— Bilan et liste des actionnâmes.
Société anonyme belge Afï’ieaine.
— Bilan.
2°) 29
3°) 29
4°) 29
. 5°) 31
6°) 31 »
7°) 3 Sept.
La récolte dans le Manitoba. — M. A. J. Mc
Milban, l’agent à Liverpool du gouvernement de
Manitoba, a reçu le télégramme suivant : La récolte
à Manitoba est très grande et est maintenant à
nioitié coupée. Il y un retard d’environ deux se-
maines. Dans quelques centres la gelée a fait du tort
aux grains tardifs, mais une grande partie a été cou-
pée avant la gelée. Le terrain ensemencé cetleannée
en tous grains comprend 1,334,697 acres, contre
1,067,586 acres en 1890, soit une augmentation de
267,111 acres. De la récolte de 1891, 916,664 acres
sont cultivés en froment.
Le transit de grain. — On mande de Dantzig
qu’une note officielle reçue deSt-Pétersbourg dit que
le transit du seigle et du son à travers la Russie n’est
pas défendu.
La valeur du grain qui est arrivé à Königsberg
pendant la dernière quinzaine, composé en majeure
partie de grains mélangés, est estimee à 20,000,000
marks au moins.
Hausse des prix de la farine.—Dans plusieurs
villes du comté de Kent, la farine a haussé de3hs.
par sac. Cette hausse est attribuée à ce que la ré-
colte se fait par le temps mauvais et humide.
Les importations de grains en Allemagne.
— Du lr janvier à la fin de juillet il a été importé
4,662,163 qtx seigle, contre 5,523,399 en 1890; la
Russie y est comprise pour 4,160,798 qtx, contre
deux pas de cette petite chapelle où dormaient les
mortes.
Mais ils avaient trop de délicatesse, trop de cœur,
pour aller contre un désir si nettement formulé de
Vallauris.
Après tout, Roselin5 par sa bonté pour la petite
orpheline, avait droit a des égards. Ce n’était pas le
comte de Rhodes qui pouvait l’oublier.
Quelques mois après, en effet, dans une voiture
toute blanche, Souriquette couverte de fleurs d’oran-
ger naturelles venues dans les serres d’Astarac,
montait avec Laure et Jacques.
Maurice était dans une autre avec sou père et
Marcel Barrère venu tout exprès d’Amérique pour
la circonstance.
Michel Castarède, sa femme, quelques amis dé -
voués escortaient seuls la famille Vallauris.
Quoique la chose eût été tenue à peu près secrète,
la cour de la mairie était remplie de monde, et lors-
que Jacques passa avec sa grande taille, sa distinc-
tion suprême et le recueillement attendri de sa sym-
pathique physionomie, donnant le bras à sa peîite-
iille, tous les fronts se découvrirent avec respect
devant lui.
A l’église, ce fut un prêtre au large front, au vi-
sage d’ascète d’une douceur infinie, à la démarche
toujours lente et grave, qui vint bénir les jeunes
gens.
A l’étroite couronne de cheveux grisonnants qui
auréolait sa tète pensive, à la petite capuche de toile
blanche qui se rabattait sur ses ornements sacerdo-
taux, on pouvait voir aisément que c’était un moine.
Le Père Cirice, en effet, celui qui avait tant sou-
tenu et consolé Laure, avait voulu officier lui-mème.
Il prit’ pour thèse de la simple et touchante allo-
cution qu’il adressa aux mariés ces quelques paroles:
•• Le'bonheur n’est que dans le devoir ».
Il ne fit pas de grandes phrases, et cependant tout
le monde pleura.
Quand, après le défilé à la sacristie, Maurice heu-
reux à en mourir reconduisit sa jeune femme à leur
voiture en lui donnant le bras, ses yeux se portèrent
par hasard sur une personne vêtue de noir, la tète
cachée dans ses mains, agenouillée à l’ombre d’un
pilier.
Au mouvement des épaules, on eût dit qu’elle
sanglotait.
Il lui sembla reconnaître la silhouette qui était là,
mystérieuse et affalée, mais son cœur n’eut ni un
battement de plus, ni un soupir, ni un regret.
quelle limite on achète rondement. En clôture on est
à 45d. Reçu liv. st. 25,000 de New-York. Expédié
liv. st. 95Ó0 pour Calcutta, z 23,000 pour Bombay
et z 55,000 pour le Japon.
dollars mexicains : Bonne demande pour la
Chine. Reçu liv. st. 106,000 de New-York et liv. st.
88,000 de Veraz-Cruz ; expédié liv. st. 105,000 pour
Straits et liv. st. 7000 pour Hong-Kong.
Un transatlantique monstre. — On éeritde
Saint-Nazaire ; Les chantiers de la Compagnie
Transatlantique vont construire un paquebot de
cent soixante-quinze mètres de longueur de bout
en bout, la borrdine, destiné à la ligne du Havre
à New-York.
NOUVELLES JTRANGÈRES
RUSSIE.
Dépêches de la Correspondance russe :
St-Péiersbourg, 6 septembre.
Dans les cercles diplomatiques de St-Pétersbourg
on assure que le dernier rapport envoyé par l’am-
bassadeur d’Allemagne en Russie, .M. de Scnweinitz,
à son gouvernement, sur l’état d’esprit qui règne
dans les sphères gouvernementales de St-Pélors-
bourg était très rassurant. Ce rapport constatait
que l’accueil chaleureux fait à, la flotte française à
Cronstadt n’avait eu aucun caractère agressif et que
l’Empereur était plus que jamais désireux de suivre
une politique absolument pacifique .et enfin que le
rapprochement franco-russe n’a d’autre but que
d’assurer lé maintien de !a paix européenne.
Vienne, 6 septembre.
La présence du chancelier 4e l’empire allemand
aux manœuvres autrichiennes émeut beaucoup
l’opinion publique.On assure quedenouvelles clauses
vont être ajoutées au texte actuel du traité delà
triple alliance,Lelong entretien qu’ont eu ensemble,
à Schwartzenau, MM. de Kalnocky et deCaprivî
n’aurait eu pour motif que le besoin de s’entendre
sur les points à ajouter au traité,
Copenhague, 6 septembre.
D’après une décision prise au conseil de famille
impériale de Russie qui vient d’avoir lieu à Copen-
hague, il a été convenu que le grand duc Georges
passerait l’hiver prochain sur le territoire français.
Le grand duc accompagné du général comte Atsou-
fielret d’un médecin spécialement appelé de Saint-
l’é tersbourg, M. Alschewsky, fera un voyage sur la
Méditerranée, après lequel, selon l’état de sa santé
et la température hivernale, il séjournera à Cannes
ou à Alger.
FRANCE.
La cour de Napoléon III.
On sait que M. Pierre de Lano a entrepris dans le
Figaro de donner, sur les « dessous de la cour de
Napoléon III »,des détails qui ne laissent pas de pré-
senter les mœursimpériales sous un jour nouveau et
curieux.
M. P. de Lano a raconté ces derniers jours l’in-
fluence qu’avait acquise sur l’impératrice Eugénie
une simple servante nommée Pépa.
L’impératrice Eugénie fut le jouet, l’esclave obéis-
sante sans cesse, jamais révoltée, d’une simple fille du
peuple, d’une servante dévouée à sa manière, sans
cloute, mais égoïste, avare, cruelle, que les familiers des
Tuileries ne regardaient qu’avec une crainte mêlée de
dédain, sorte d’Eminence grise enjuponnée qui fit main
basse à la cour, sur tout l’or qui était à portée de ses
doigts, comme sur toutes les complaisances.
Son ascendant fut énorme sur l’impératrice qui la
consultait quotidiennement, qui ne parlait et qui n’agis-
sait, dansles circonstances intimes de sa vie de souve-
raine comme de sa vie de femme, qu après avoir écouté
ses avis. Bien souvent, l’empereur, dans la constatation
de l’effet déplorable que causait l’intervention de Pépa
auprès de sa compagne, fit entendre des observations
au sujet de cette singulière camériste, voulut même en
débarrasser le château; bien souvent la souveraine put
remarquer combien était désagréable à ses amies la
présence toujours en éveil de Pépa auprès d’elle, com-
bien était déplacée l’intrusion de cette femme dans l’or-
donnancement du château ; mais elle ne se décida ja-
mais à admettre une séparation entreelleet sa servante;
mais elle prit de si dures colères, lorsqu’on tenta de lui
faire comprendre . que Pépa tuait, autour d’elle, les
sympathies, qu’on finit par tolérer l’affection qu’elle
avait pour elle, comme une manie, — et que l’empereur
lui-mème renonça à lutter contre l’influence de cette
femme, — influence qui, ridiculement, sur l’esprit de la
souveraine, primait la sienne.
L’histoire ae Pépa fut et reste un roman.
Pépa, simple domestique en tablier blanc, en modeste
bonnet, surveillant le marché, mangeant à i’office,était
aux gages de la comtesse de Montijo, mère de la future
impératrice des Français, lorsque les deux femmes
s’établirent chez nous.
Elle demeura auprès d’elles et fut le témoin de leurs
bonnes, comme de leurs mauvaises fortunes, de leurs
espérances comme de leurs découragements.
Une suprème indiflérence était on lui pour tout ce
qui n’était pas sa Souriquette adorée.
Quant à celle-ci, toute au recueillement infini qui
l’emplissait, elle n’avait rien vu, rien deviné.
Dans le landau qui les reconduisait rue Henfort,
assise à côté de Maurice, ayant devant elle Jacques
et Laure, elle no put pas prononcer une parole;
néanmoins, que clairement, éloquemment, ses doux
yeux d’azur disaient :
— Soyez bénis, vous par qui je suis si heureuse !
Mais en arrivant dans cette chère maison où elle
avait grandi sous l’aile si tendre de Laure, à côté
de cette usine dont elle avait été pendant si long-
temps Pâme' et la fée, une autre émotion'lui était
réservée.
Tous les anciens ouvriers de Vallauris congédiés
pour la circonstance, par leur nouveau maître, qui
était de la noce, attendaient, en habits de fête, les
mains pleines de fleurs, celle qui avait été pour eux
la petite -patronne ; ils ne lui firent pas de grands
compliments, l’émotion les en empêcha tous, mais
quand elle entendit les mots prépares s’éteindre dans
les gorges, au milieu d’un attendrissement sans
nom, quand elle vit les yeux briller, pleins de larmes,
mais de larmes de joie, alors son cœur éclata et elle
s’écria :
— Dieu ! que c’est donc bon d’être aimée ainsi !...
C’était au plein de l’été; la journée était splendide.
Laure, qui avait toutes les délicatesses, avait ikit
dresser des tables sous les grands arbres du jardin,
et comme jadis dans les vieilles familles, où maîtres
et serviteurs mangeaient ensemble, ce fut assis à
côté de leurs anciens ouvriers que les Vallauris,
Jacques et les témoins des nouveaux mariés firent
leur repas de noces.
Le soir même, on partit pour Astarac.
Là, ce furent des arcs de triomphe, des fleurs, des
cortèges, des bravades et des coups de fusil innom-
brables.
A cette population gaie, expansive et bonne entre
toutes, chaque événement est sujet de joie.
Et quelle joie plus grande pour ces braves gens
que de voir heureuse celle qui leur avait fai tdu bien,
qui avait soigné leurs malades et aimé leurs enfants?
Laure, Jacques éprouvaient un bonheur sans nom.
Quant à Roselin, il exultait.
— Je ne veux plus qu’il y ait un seul pauvre dans
la contrée, mes amis, leur clisait-il en serrant toutes
les mains qui se tendaient vers lui.
Et de fait, jamais paradis semblable à celui qui
L’impératrice, dont elle avait été la confidente avant
son mariage, la voulut auprès d’elle lorsqu’elle passa le
seuil des Tuileries; dès lors, elle devint l’indispensable
auxiliaire de son intimité et prit Je titre de première
femme de chambre de la souveraine.
Sur la prière de l’empereur, il lui fut adjoint, pour le
service d’appartement de sa maitresse, deux jeunes
filles, les demoiselles Beyle, filles de l’ex-geôher de
Ham.
Pépa, donc, devint la première femme de cham-
bre de l’impératrice et, en cette qualité, la souve-
raine lui confia l’administration de sa dotation. Elle
disposait ainsi, à son gré, des paiements et des dé-
penses que nécessitaient les besoins ou les fantaisies
de sa maîtresse.
L’impératrice n’était pas prodigue ; Pépa était très
économe : l’entente était aisée entre elles.
Pépa était une petite femme maigre, très brune, aux
allures communes, avec des yeux noirs, en vrilles,.fort
perçants, une bouche mince et sans lèvres, sèche de-
cœur et de corps, mais à la physionomie mobile extrê-
mement intelligente.
Ne sachant point écrire, ignorant presque la lecture,
elle avait ordinairement recours à l’une des demoiselles
Beyle pour l’organisation et la tenue de ses livres de
comptes ainsi quo pour sa correspondance avec les
fournisseurs de l'impératrice.
Quelque temps après son ari’ivée aux Tuileries, par
l’une des fenêtres du palais, elle vit un jour un sous-
offieier de garde qui allait et venait, et dont elle fut
également remarquée. Un langage télégraphique ac-
compagna cette rencontre, suivi d’un autre plus ex-
plicite. et bientôt elle annonçait à l’impératrice qu’elle
désirait se marier.
L’heureux sous-offleier qui allait être ! o’mari de cette
importante personne se nommait P... Sur la demande
formelle de la souveraine, on le fit sous-lieutenant, et
si Pépa resta Pépa pour tous ceux qui la connaissaient,
elle n’en devint pas moing la femme d’un officiel'. M.
P,., avait du l'épauletteà une œillade de la camériste ;
Pépa dut à son mariage et à la dignité nouvelle de son
époux de quitter le titre de. servante et d’être, de son
coté, élevée aux fonctions de trésorière de l’impéra-
trice.
Cependant Pépa se garda d’abandonner ses attri-
butions intimes auprès de la souveraine et rassembla,
au contraire, plus d’autorité encore, s’il fût possible,
en ses mains.
Elle s'occupa plus que jamais des achats de l’iropôra-
trioe, et couturiers, modistes, bottiers, lingôres, furent
mis, par elle, en coupe réglée.
D’ordinaire, chaque fournisseur auquel elle adressait
une commande lui offrait un cadeau, à titre de oour-
tago. Elle déclara vite qu’elle n’avait que faire des
cadeaux et elle préleva un tant pour cent sur toutes
les livraisons, gagnant ainsi à ce commerce des sommes
considérables. On verra plus loin quelle fortune était
la sienne,
L'impératrice tolérait tous ses oaprioes, toutes ses
sottises, tous ses marchandages, et quand on s’avisait
de se plaindre de pareils procédés elle prenait un ton
compatissant et disait':
— Peut-on ainsi calomnier une pauvre Pépa! Je vous
en prie, si vous vouiez que nous soyons amis, ne dites
point de mal d’elle.
« Ma pauvre Pépa » — eette phrase revenait pins de
dix fois par jour dans la bouche de la souveraine qui,
dupée, annihilée par cette servante-maîtresse, demeu-
rait systématiquement aveugle sur les inconséquences
qu’elle accumulait, .
Pépa avait le soin de la garde-robe de l'impératrice
èt ne manquait pas, Adèle a ses habitudes, de tirer pro-
fit de cette occupation.
Il est, à ce sujet, un détail bien curieux et absolu-
ment ignoré. . .
Il n’est pas besoin de dire que tout co qui constituai t
cette garde-robe — à part quelques fourrures fie grand
prix et les bijoux s revenait de droit à Pépa qui, dès
lors, en avait la disposition pleine et entière.
Or il arrivait ceci : Pépa,que ces effets embarrassaient,
en faisait régulièrement., dans son appartement situé
qu dernier étage du pavillon du Fiore, une exposition,
et à cette exposition,très connue des élégantes, —demi-
mondaines et grandes dqnqes, — se rendaient les
femmes on que te de toilettes, souvent merveilleuses,
obtenues à bon compte.
Les femmes des deux aristocratiques faubourgs no
dédaignaient pas d’assister à ces ventos, aohetaqt quel-
quefois pour six cents francs une roho de quatre mille
francs, et très voilées, ayant aux lèvres des railleries
pour la cour du roi Pétaud, elles venaient aux Tuile-
ries, Je soir, et entraient par l'escalier du pavillon de
Flore, pour monter chez M'M P..,
Lorsque le mari de Pépa mourut, un soir, presque
subitement, chez sa femme, aux Tuileries, ses pa-
rents, qui étaient des paysans des enviions de
Rouen, -, voulurent s’emparer de la fortune du mé-
nage qui était, en effet, placée sous son nom.
Pépa entra alors en fureur, jeta les hauts cris et
l’Impératrice dut intervenir pour qu’elle no fut pas
dépouillée.
Elle chargea M. M..., notaire, fiis d’un fonctionnaire
particulier de l’Empereur, do régler le différend, et
comme elle se lamentait devant l’officier ministériel
sur le sort de sa trésorière, disant pour la centième
fois :
— Ma pauvre Pépa...
— Pas si pauvre que cela, madame! répliqua M. M... ;
Mme P..., l’ignorez vous? possède près de deux millions
et a, de plus, un dépôt de huit cent mille francs de bi-
joux à la Banque de France.
Ce mot — qui a la brutalité d’un mot de la fin — pa-
rait compléter la curieuse physionomie de Pépa. Il en
exprime aussi toute la psychologie.
BELGIQUE
régna à partir de ce jour au château d’Astarac ne
se vit sur terre.
A la place de la longue solitude qui avait été la
sienne, Jacques, rajeuni et heureux, vivait avec sa
Souriquette, ne la quittant jamais.
Maurice était pour lui le plus dévoué, le plus affec-
tueux des fils.
Maintenant, dans l’immense maison, si longtemps
silencieuse, il y avait Un grand remue-ménage heu-
reux, où l’amour infini des deux jeunes gens l’un
pour l’autre mettait sa note tendre et charmante,
où Roselin, avec sa pétulance méridionale, restée la
môme, apportait sa gaieté exubérante et aimable
Il habitait avec Laure et le bébé le château d’Ar-
gelles, mais les deux habitations étaient si près l’une
de l’autre, et les sentiers si courts, nue Vallauris
était aussi souvent à Astarac que chez lui.
Laure avait voulu cette séparation, comprenant
que le petit-fils de Diane ne pouvait pas vivre sous
le même toit que le comte de Rhodes.
Malgré la générosité extraordinaire dé ce dernier,
toutes choses a des limites, et Mrae Vaullauris n’eùt
pas voulu imposer à son ami un sacrifice au-dessus
de ses forces.
Celui-ci avait compris cette adorable intention,
et ail fond de lui-mème il l’en avait bénie,
Puis, toutaussitôt, il avait essayéde la lui rendre.
En effet, jamais il n’avait voulu remettre les pieds
au château d’Argelles.
Mais pouvait-il continuer cet te abstention, lorsque
maintenant le domaine si longtemps maudit, était
devenu la demeure de ces braves gens qu’il affec-
tionnait si profondément ?
Malgré tout ce que cette démarche lui rappelait,
il fut subitement décidé.
— Quand m’invitez-vous à diner avec nos en-
fants ? demanda-t-il à Laure au lendemain même'
de son installation.
Mme Vallauris comprit aussitôt sa pensée.
— Comment, lui dit-elle les larmes aux yeux,
vous viendrez a Argeiles?...
— Chez vous, appuya-t-il aussitôt. A coup sûr
oui.
Par un miracle de délicatesse et d’acliviié, Laure
aussitôt se mit à faire disparaître tout ce qui dans
la maison pouvait rappeler le souvenir maudit de
Diane ou de sa fille.
De ses mains adroites, elle transforma, arrangea,
changea si bien toutes choses, que lorsque M. de
Rhodes arriva, l’habitation ne semblait pas être la
même.
Dans l’une des poches de la veste jetée par l’in-
connu sur la berge il avait un billet non signé
disant que l’homme se suicidait parce qu’il ne pou-
vait pas plus longtemps lutter contre la misère.
Un habitant de Koekelberg M. Y..., avait fait
annoncer par la voie des journaux la mise en vente
d’un cheval et d’une voiture. Vendredi matin, un
individu, habillé comme un maquignon, se présen-
tait chez lui au nom d’un proprietaire de la rue de
la Science, dont il se disait le premier cocher. Il
demanda à voir le cheval de M. V..., ajoutant que
son maître l’avait chargé d’acheter la bête, s’il la
trouvait à sa convenance.
Quant à la voiture, il n’avait qu’en faire. Vendre
en deux lots déplaisait au propriétaire du cheval ;
mais après tout, il se dit qu’il en ferait peut-être un
bon prix et se décida à traiter avec le visiteur. On se
rendit à l’écurie où le soi-disant cocher examina le
cheval en connaisseur. L’animal lui plut beaucoup ;
il demanda à M. V... de bien vouloir le faire atteler
afin de pouvoir, dans une promerkule d’essai, juger
des qualités de la jument. M. V... y consentit. Le
maquignon sauta sur le siège, rassembla les rênes,
fit claquer son fouet et partit au petit trot.
Il trotte encore. M. V..., on l’a deviné, venait d’être
victime d’un très habile escroc. V
Un industriel du bassin de Charleroi, M. A...,
s’était rendu hier à la poste centrale. Au moment
où il sortait du Temple des Augusiins, un inconnu
le bouscula en passant et s’éloigna vivement en s’ex-
cusant, '
Quelques instants après, M. A... constatait qu’on
venait de lui enlever son portefeuille qui contenait
environ trois mille francs en billets de banque et
deux obligations de la ville de Bruxelles.
L’industriel a transmis à la police le signalement
du pick-pocket.
. 6 septembre.
La nuit dernière, vers l heure et demie, on vint
avertir M. Dubois, officier de police de Cureghom,
qu’un individu, bâti en hercule, nu comme un ver,
s amusait chaussée de Mons de faire le moulinet
avec une énorme pierre bleue ayant servi à la bor-
dure d’un trottoir. On disait l’exentriquenoctambule
très dangereux et capable d’assommer le premier
qui l’approchait. L’adjoint-commissaire prit ses
mesures et se rendit à l’endroit indiqué avec
trois de ses agents. A la vue des képis notre
hornme devint terrible. 11 brandissait son arme im-
provisée avec une grande facilité et aurait fait un
mauvais parti au policier. Si l’un de ceux-ci, le
prenant pas derrière, n’avait pu le terrasser.
Ce fou furieux est un débardeur, âgé de 24 ans, du
nom de Guillaume D., demeurant chaussée de Mons.
Il a passé la nuit au cachot sur la surveillance de
deux agents. D... sera colloqué.
Nouvelles de Bruxelles.
(Service particulier du Précurseur.)
Bruxelles, 6 septembre.
La police de la 3e division a fait cette nuit une
descente dans une maison de jeu clandestine de k
rue des Augusiins où une cinquantaine de personnes
pariaient des sommes considérables sur d’invrai-
semblables poules « à la Barraque. »
On a saisi le billard mais malgré la rapidité avec
laquelle commissaire et agents avaient fait irrup-
tion dans le tripot, on n’a pu mettre la main sur
les enjeux, rentrés comme par enchantement dans
la poche des joueurs.
M. Wilinet, le commissaire de police qui avait
conduit la descente, a dressé quarante trois procès-
verbaux.
Hier, â la nuit tombante un homme d’un certain
âge, vêtu comme un ouvrier, se promenai t depui:
quelques minutes au bord du canal de Willebroeck
dans l’Allée Verte lorsque des fontainiers de la ville
qui passaient par là le virent tout à coup retirer sa
veste, jeter sa casquette et s’élancer d’un bond dans
l’eau noire.
M. Van Hove, le constructeur d’embarcations, que
connaissent bien les canotiers anversois, attiré par
les cris des fontainiers, accourut et plongea tout
habillé. Mais il était trop tard : l’asphyxie avait fait
son œuvre, le cadavre au noyé avait disparu.
LOCALE
Accident de travail. — Hier un tiR
heures, un ouvrier nommé Gommare h'I on*«
chaudronnier de MM. Guthrie & MurdoohH?l8adô-
rant rue des Prédicateurs, 15/6 a été hW de'fle«-
$5târpléœ *fer “ tra"s‘Mrt* «fïssü
Heureux événement ! — Ce matin ’ i u
et demie, un événement intéressant a
Jardin Zoologique. C’est la naissance dte, • au
hippopotame bien portant et grassouillet i U JeuDe
La mere elle-même se porte à merveille.
Saisies de viande. — Pendant le mok a- .
dernier on a saisi a l’abattoir et en ville ,aoùt
viande fraîche (982 k. en ville), 982 k iLir0 ,kll°s
4802kilos. a. issues; total
Temps rude dans l’Atlantique -Un
et un steward noyés. — On nous têlteiLri*0110
Falmouth que le steamer anglais James r îp“e de
North Shields, allant de New-York â Mal,»?*’ ds
à Falmouth, hier, rapporte avoir reno m
temps très rude, dans lequel le second et mTe d“
ont ete enlevés par de grosses lames et se sont n»ar d
tandis que d’autres hommes d’equipage ont reç 7’
Le Bruit court que les médecins du Bureau de
Bienfaisance ont l’intention de sa mettre en grève.
La cause principale de la grève serait un nouveau
règlement proposé par le Bureau de Bienfaisance,et
d’après lequel le nombre des médecins du Bureau
aurait été réduit. Tel médecin qui, naguère, ne fai-
sait qu’une section, se serait trouvé dans le cas d’en
faire plusieurs et de perdre ainsi beaucoup trop de
temps. C’est du moins ce que nous avons cru com-
prendre.
Des explications subséquentes élucideront l’affaire,
et l’on pourra alors discuter le pour et le contre.
Académie de Lierre. — Cette semaine a eu lien,
à l’Académie royale des Beaux-Arts d’Anvers le
jugement des travaux des élèves de l’école de dessin
de Lierre, pendant l’année 1890-91.
Le jury composé des professeurs de notre Aca-
demie s’est déclaré très satisfait.
L’école de Lierre est on pleine voie de progrès.
Les représentations de société. — La Wal-
lonne donnera le 13 courant une grande représen-
tation de gala suivie de bal au Théâtre des Variétés.
C’est le drame de cape et d’épée Le Bossu qui
tient Pufflche.
La fête sera donnée avec le gracieux concours et
pour les adieux de Mrae P. V. M., la charmante ama-
teur tant de fois applaudie.
Commission médicale provinciale d’An-
vers. — Par arrêlé ministériel du 29 août 1891,
l’ouverture de la 3e session ordinaire de la commis-
sion médicale de la province d’Anvers, pour l’année
1891, est fixée au 25 septembre prochain,
La durée de cette session sera de deux jours.
Noyé. — Iliersoir à 9 li. un aide-batelier, nommé
Othon Schad, âgé de 15 ans, demeurant à Horschlitt
en Allemagne,est tombé dans le bassin du Sas et s’est
noyé, en voulant se rendre à bord de son navire. Le
cadavre a été repêché un quart d’heure après l’ac-
cident et a été transporté à l’hôpital Stuyvenberg.
Un commencement d’incendie. — Cette nuit
à 2 1/4 heures un commencement d’ineendie s’est
déclarédans la cuisine delà maison n.83 de la place de
Meir, habitée par M. Constant Janssens. Les pom-
piers ont été promptement maîtres du feu, et les
dégâts sont insignifiants.
Les pertes sont assurées par la Compagnie Assu-
rances Générales, de Bruxelles.
Les vols. — Important vol d’argenterie. —
Pendant la nuit écoulée des voleurs se sont intro-
duits à l’aide d’escalade et d’eflraction ;
1° Chez M. Jules Sohr, négociant, demeurant bou-
levard Léopold, 96, où ils ont fureté dans tous les
meubles du sous-sol et du rez-de-ehaussée. M. Sohr
étant absent, le concierge ignore quels sont les
objets enlevés.
2° Chez M. Boeking, Richard, industriel, boule-
vard Léopold, 98. ou ils ont procédé de la même
façon et fait main basse sur une louche d’une valeur
de 50 frs, 12 couverts d’une valeur de 30Q fps, 6
cuillers à café, d’une valeur de 30 frs, 2 anneaux de
serviette d’une râleur de 40 francs. Tous ces objets
sont en argent et portent le chiffre R. B.
3° Chez M. Arthur Vidal, négociant habitant la
maison adjacente, n° 100, où rien n’a pu être volé,
enfin
4° Chez M. Blom, rentier, au n° 92 de la même
avenue où, après avoir visité tout le rez-de-chaussée,
les rôdeurs nocturnes n’ont emporté qu’un parapluie
en soie noire,
blessures.
La fabrication des timbres-poste t
timbres-poste n’intéressent pas seuleinént il les
nomanes qui collectionnent ces petits œorcéL”!?*
papier plus ou moins salis par les cachek rii, de
mis et les mains des facteurs. Tout le niomk r0®1'
savoir comment l’on fabrique ces figurine» n-lfe
sont répanduesdans l’univers, qui ont leurs ni?!!^
et leurs musees. ,wr(W8
Dans un article du Journal des Débah „
lisons quelques détails précis sur les manipliÏÏ?
auxquelles ces timbres sont soumis : ruiauons
...” La Banque de France, dans sa première ann^ i
fabrication, en 1876, produisait les timbres au ? ee^e
58 centimes le 1,000. Au moment de la cession»»,? F6
tère des postes et télégraphes, les 1.000
coûtaient plus que 33 centimes. Us coûtent àTL*
19 centimes, grâce au remplacement des achats H?
nitures de gré a gré par l’adjudication, aux oeS'
hêmeftts apportés dans l’outillage et àlaproaZ
accélérée «n 1878 par l’abaissement de 25 à 15 ■£&
de la taxe des lettres sur tout le territoire frann *
» Le travail des timbres comprend deux panSk ’
distinctes: 1»la fabrication proprement dite, 2
par un chef d atelier, M. Gaumel, qui a toujours S
ce travail depuis que cette fabrication a été retirS '
Hulot, eta qui sont dues la plupart des améliora^!
apportées dans 1 outillage, c’ost-à-dire laplusteï
part dos économies réalisées; 2» le contrôle;eoiS
agent comptable, M. Duclonx, ehargé des comnte« S
mouvement de la fabrication. ‘ «hh®
» L’atelier de la rue d'Hautevilie emploie environ
ouvriers, hommes qu iommes. Il n’achète quedS
tieres premières, il fabrique ou répare lui-mS
rouleaux de machine, prépare ses gommes sesvS
fait son encre grasse avec des poudres mélWéÆ
des proportions tenues secrètes et mathématiaS
toujours les mêmes. , ™111
» Il entre, en moyenne, 250,000 fouffios à l’utelieria»
jour. Reçues en rames elles sont, par les soi2
1 agent comptable, venhôes, divisées par mrnul
1,000, poinçonnées sur le bord, puis remises au*[
d atelier, qm fait a son tour vérifier le eomtóo 7
poinçonnage. La feuille reçue passe alm's sôr¥plana
d une machine on blanc, ou elle reçoit la teinte de lbi
variant suivant la valeur du timbre fveHo mX
timbre de 5 centimes, bleue pour celui de I5œiiünj
etc.) Les plaques sont confectionnées de telle swio
lorsque la feuille sort de la machine, elle porte six »
tangles teintés, séparés les uns des autres nar déni
bandes de papier demeuré intact, coupées en leur mi.
lieu par une troisième tende verticale. Ainsi préiiirti
et séchée, elle est mise sur la plaque d'impression ihli
machine a vignettes portant six clichésroctangutiim
de50timbres chacun, obtonusavecle poinçon tvne #*
moyen d’empreintes à la gutta et de bains galvaniques
apres une série d opérations longues et délicates qu'il
serait trop long de passeren revue. »
Puis vient le gommage et le finissage.
Ces feuilles de 300 timbres sont portées à la i,„
chine à gommer, et reçoivent chacune 5 gr. kè'
gomme de Sénégal. C’est une erreur de croire p1
les timbres sont plus ou moins gammés les uns™
les autres. Un système très simple de vis de près®
permet de régler la machine de telle sorte quel
couche de gomme déposée est toujours rigoureuss*
ment, mathématiquement la même. D’ailleurs,P
fois par jour, on pèse 10 feuilles avant et après
mage pour vérifier la régularité de l’opération,
feuilles passent en moyenne, à l’heure, sous te ci
lindresde cotte 'machine; puis elles soul mi'
sécher sur des claies, réparties ensuite entreweer-
tain nombre de femmes qui Escomptent c/lesre-
mettent, épinglées, par 200 feuilles, ànnowto
qui les coupe au massicaut en deux portastijou-
reusement égales de 150 timbres chacune. Ce sont:
là les feuilles commerciales que l’Etat vend dansles
bureaux de poste elles débits de tabac. Celles^
sont ajustées enfin par paquets de cinq feuilles sup-
posées dans le châssis de la machjne à perforajp
trace le pointillage entourant chaque timbre. Après
un dernier comptage, ces feuilles sont enfin remisai
à l’agent comptable. Le timbre est terminé.
FAITS DIVERS
RHENS (eau minérale).'Dépôt central 7, Quai VanDvA]
2ÊSS
Un drame tragique s’est déroulé, vendredi soir, ü
Braine-l’Allou!, a deux minutes de la butte du Lioft
dans une forme occupée par la familie B...
Le fils,âgé de 4 ans, aimait unejeune Ülie qu’unriiï
plus heureux avait, épousée ; il avait depuis qw4
lumps le cerveau fortement ébranlé. '
Or, B... adorait sa mère, qui le choyait, et c’est pi
cisément cet amour filial qui fut la cause du drame.
Une discussion étant survenue vendredi entre le i«i
B... et sa femme, lejeune homme,prenant le parti «s
mère, entra dans une colère violente et il apostroj-
brusquement son père, lui reprochant sa brutal#
puis, avant qu’on eut eu le temps de l’en empêcher,*
gea à trois reprises un couteau dans la poitrine de
père.
Un domestique, le sieur Camusel, qui s’était prè
au-devant du meurtrier, reçut également pl
coups de couteau..
Le malheureux est mort quelques instants aprè
Un moissonneur qui s’ôtait porté à son tour au sert1,
de Camuse], fut grièvement blessé à la tétp.
complètement été aprapl^ dp gpn orbite. ‘
QUaiff au n,ère flù njéqrtricr, son état" est très g««<
mais nop déàespéré,
Le parquet a ftd t une enquête hier.
Ce drame a causé un grand émoi dans la locaiiy-
Tout le monde est d’accord pour dire que B... 8$
dans un moment de lôlié.
Trop coquette. — Mme M..., rentière, demeimi»1
boulevard Latour-Maubourg, à Paris, prenait J *3
service, il y a quinze jours, une jeune fille *](«'!•!
fort jolie, et dont, les premiers jours, ellflfûtf1'05 t’rw„
foüto, Mais uji ifla'ôn? HrK'M.Vm côns’tâB »'lisJia”?,a
dune robe en dentelles dune valeurdeï00balK-
Seule, la chambre où était morte la vieille mar-
quise d’Argelles avait été respectée.
Aussi lorsque le comte revit le portrait de sa
vieille amie, s’arrêta-t-il longtemps, très ému de-
vant lui.
— J’avais pensé que ce souyenir ne voqs serait
pas pénible, dit Laure, angoissée devant la rida
douloureuse revenue à nouveau sur le front de Jac-
ques.
Il se retourna vivement.
— Ah! Dieu! non, dit-il, elleétaitsi bonnel...
— Alors, pourquoi souffrez-vous?...
— Parce que je pense que si de l’autre monde les
morts nous voient et assistent à notre vie, celle-là
a dû endurer de bien épouvantables tortures !...
L’annéelaprès, un nouveau baptême venait d’avoir
lieu depuis quelques mois, et M. de Rhodes, ar-
ri ère-grand-père, portait- dans ses bras uq beau
bébé qui s’appelait Jacques, comme lui, que Souri-
quette nourrissait, et dont Laure, Vallauris, surtout
Maurice étaient tous fous, lorsqu’une lettre arriva
au château d’Astarac.
Elle était adressée à la jeune femme.
En reconnaissant l’écriture de Diane, celle-ci tres-
saillit jusqu’aux moelles.
— Qu’as-tu? lui demanda Jacques qui la qujttait
le moins possible,
— Rien, fit Henriette troublée.
— De qui est cette lettre ?
— Laisse-inoi la lire, après je te la donnerai.
Rn effet elle la décacheta et la parcourut rapide-
ment. ' ......*
* Vous êtes mariée, vous ôtes mère, vous êtes
heureuse, disait la marquise d’Argefles,
» Au nom de tous vos bonheurs, vous qui avez
une générosité infinie et une bonté inépuisable, je
viens vous demander grâce et pitié pour une mal-
heureuse enfant qui a été un instant votre rivale, et
meurt aujourd’hui de misère et de désespoir.
» Elle n’a plus qu’un désir : obtenir son pardon
de celui qu’elle a si mortellement offensé, vqtrp
mari, et embrasser sou ijls avant de mourir,
» Lui refuserez-vous cette suprême consolation?..,
» Oh ! je vous en supplie, soyez bonne comme
toujours...
» Cela portera bonheur à ceux que vous aimez.
» Je suis au chevet de ce lit où agonise ma fille,
et je vous livre le secret de ma liberté, puisque
condamnée, je serais aussitôt arrêtée, si la justice
soupçonnait ma présence ici. Mâis avec vous,'je suis
tranquille... 1
» Savez-vous ce que c’est que le oa
trahison?...
» Une désespérée,
» DIANE DE CANDALES'
» P. L. — Si vous vous décidez à vpjiiô
Parjs bureau restau t, y pus y trôüvéréz mon adre*’
Qu an q elle eut términé sa lecture, Henriette ew,
blanche comme un lis. J
— Mais enfin, qu’est-ce que c’est? insista le c»
de Rhodes, singulièrement bouleversé de voir,
décomposition de ses traits. . ,,
Silencieusement Souriquette lui tendit la let
la marquise d’Argelles.
— Ah! la maudite!... s’écria-t-il en reconnar
l’écriture de Diane, que veut-elle donc encore!.»
— Le pardon pour sa fille mourante. #
— De l’argent, sans doute, plutôt. C’est lie8
yplje cpméfli». ' ' ‘..... . .
— Tant pis pour elle, répondit la jeune
mais jamais, jamais, tu m’entends, papa,m t01Diÿ]
ne resterons insensibles quand on évoque cer i
sentiments. . P1rjsf]
— Alors, tu vas laisser partir Mauricei pour're-
demanda Jacques qui avait rapidement lu w .
de la marquise,
Henrjefte inclina affirmativement la tete.
— Mais tu l’accompagneras, je suppose. ..te
— Oui, dit-elle très grave, parce que su <
à cette mort, il en éprouvera sans doute une! u s
sion trèè douloureuse pour laquelle ma Ww
lui sera plus pésessairo que jqinajs.
— Bjt... l’enfant" -
— Maman Laure n’hésitera pas,
Elle le portera elle-même à Paris.
■ — Et mol non plusje n’hésite pas»
remplir le vœu de cette vipère de inaliieT’ tûj nh
t’accompagner. ‘ Pourrais-je me passeï u
seul jour ?
Elle lui tendit les deux mains. ... gS[-»
— Ne te calomnie donc pas, lui ““'LAp te dit
ue tu pourrais résister, ouând’ ta consf1 ,
sois-en
que tq pourrais résister, quâfld' ce»®1!'
d’aller eu avant ? Va, mon père bien-aï » _
veau devoir est pénible, pour toi çoinuR !.gtIfès
L’idée de voir Maurice au chevet de ce i
douloureuse. , |(.us
Mais après... comme nous serons corn •
'avoir accompli, ce sacrifice ••••
Jacques ne répondit pas. ,
Au boqt de quelques minutes Spulei >
mura ;
(A C0:
il i»uf'
nltnuerî |